Hier, on rigolais, on s'amusait, on faisait les 400 coups ensemble. Tu me regardais, avec cette petite pointe d'admiration que je n'ais pas vue depuis longtemps. Tu m'as toujours cru parfaite, et je ne le sais pas pourquoi. On s'est quittée, rentrant chacune chez nous avec en mémoire notre dernier délire de la journée.

Hier soir, tu as vu la vérité. Tu as enfin remarqué que je n'étais pas parfaite, que je ne l'ais jamais été. Tu as enfin ouvert les yeux, tu as vu ma souffrance que j'essaye tant de cacher, en vain. Tu as pu toucher une petite partie de mon douloureux passé que je n'arrive pas à avouer à voix haute. Jamais je ne réussis à le dire... Sauf dans ces moments. Ces crises, où je pète les plombs. Où j'exprime mon fardeau au grand jour, sans jamais vraiment le révéler. Tu en connais maintenant une infime partie. Mais pendant cette crise, oui, j'ai dit des mots blessants. Oui, mais ce n'est pas mon état normal. Même si je n'ai jamais été normale. Je ne me contrôlais pas, et tu ne t'en rends pas compte. Ces mots n'étaient pas  dirigés vers toi, mais vers moi, ainsi que d'autres personnes qui ne les entendrons jamais.

Aujourd'hui, j'ai voulu m'excuser de ces paroles. Mais ça avait changé, entre nous deux. Cette fois, tu ne m'as même pas regardé, et tu m'as évité, ignoré. Et, tu ne le sais pas, et tu ne le sauras sûrement jamais, mais tu as fait ressortir en moi quelque chose. Quelque chose que je pensais ne plus avoir à combattre, ne plus jamais connaître. Je pensais ce problème réglé, mais apparemment non, puisque ça ressort avec toi.

Que tu l'ais voulu ou non, tu as fait ressortir au grand jour ma plus grande peur, et je ne sais pas si je vais m'en remettre cette fois-ci. Je ne sais pas si j'en ai la force, et je ne pense pas du tout l'avoir. Tu as choisi de mon sort, et tu as choisi de me condamner, alors ne regrette pas ton choix maintenant.