| I n s o m n i a |
Impossible pour moi de dormir...
Impossible pour moi de dormir, me fait comprendre mon corps. Mes paupières refusent de se fermer, mes pupilles observent dans tous les sens, mon cerveau s'agite. Tous mes sens en éveil, le moindre bruit, le moindre mouvement, est excuse pour ne pas dormir. Un petit coup de vent, une fenêtre qui s'ouvre, et je me relève. Un craquement de parquet, une chouette qui hulule, et je me fige sous mes draps. Une voiture gronde, les phares allumés et m'aveugle en passant. La chaleur m'étouffe, et mon front recouvert d'eau et de sueur me rafraîchit à peine. Tous mes sens à l'affût constatent que tous les éléments sont réunis. La nuit va être longue pour moi.
Noire, la nuit est noire dehors...
Noire, la nuit est noire dehors, et règnent en maîtres les ténèbres. Ils ont envahi le monde, recouvert le ciel de leur voile de noirceur. Leurs doigts, crochus et biscornus, se baladent de maison en maison, de rue en rue, de lit en lit. Ils éteignent les lampadaires, posant leur châle noir sur la ville. Ils visitent les maisons, condamnant certains endormis à une nuit d'horreur. Ils dorment à leurs côtés, dans leur lit et contrôlent leur nuit. Ils ne se réveilleront qu'au petit matin, laissant les ténèbres faire joue-joue avec eux. Ils vont les faire pleurer, crier, supplier, ces personnes prises à hasard. Tout cela pour leur petit plaisir, ils vont faire de leur nuit une torture. Ils ont essayé d'entrer chez moi, de déverrouiller la porte, de se glisser sous mon lit pour attaquer pendant ma marche vers Morphée et ses bras de mousse. Mais, tant que la lumière est allumée, tant que mes yeux sont ouverts, ils ne peuvent m'atteindre. Ils ne m'atteindront pas, ils ne m'atteindront plus.
Seule dans le silence éternel...
Seule dans le silence éternel, avec uniquement ma respiration pour le briser. C'est comme si il avait réduit le monde au silence, ou arrêté le temps. Les voitures se taisent, les chiens sont dans leur niche, et les fêtards sont absents. Il n'y a plus que moi et mes souffles qui peuvent le détruire. Ce fragile mais éternel silence. Calme apaisant, ou mutisme pesant. Rien ne peut vraiment le tuer. Les motos ne roulent plus, les chats ronronnent tranquillement, et les bébés font leur nuit. Il est invincible, le silence, il est si puissant. Il apaise et calme le monde d'un simple chut dans le vent. Il arrête les pendules, arrête les ronflements , arrête les animaux. Il pourrait tout réduire à un mutisme sans fin, mais, malheureusement un seul son peut l'on empêcher. Il ruine la tranquillité de la nuit, et réanime les bruits du jour. Le réveil sonne, strident et agaçant, comme toujours, et le silence s'en va. Il est battu, abattu, comme chaque matin.
Où mes pensées s'emmêlent...
Où mes pensées s'emmêlent, se bousculent, mon sommeil me dit adieu. Elles volent dans mon cerveau, et créent un véritable vacarme à l'intérieur. Certaines rampent, d'autres font des bonds, mais beaucoup courent dans tous les sens. Des accidents se font, et elles s'éparpillent en un million de petits avions de papiers. Elles laissent de la place pour les nouvelles qui, plus timides, se tassent dans un coin. Avant d'être emportées dans la fête de mes souvenirs, elles crient à l'aide d'une âme charitable voulant bien faire taire mon esprit fou, le condamner dans une cellule à tout jamais. Elles font des loopings dans ma tête, croient être dans un parc d'attraction. Avec des manèges à sensations, des friandises et des maisons hantées. Que le grand huit de mes pensées s'arrête, c'est mon plus grand souhait. Que la grande roue qui est mon esprit s'écroule, pour laisser place à la un terrain vague, nu, inhabité. Un lieu paisible, que personne encore ne connaît, dans lequel je pourrais dormir sans être assaillie par ma conscience. Un endroit vide, qui ne demande que moi. Rien que moi, pas cette folie qui habite mon esprit.
Ma tête est lourde sur l'oreiller...
Ma tête est lourde sur l'oreiller, mais jamais elle ne cédera au sommeil. Jamais. Elle bourdonne d'énergie, mais n'a pas la force de bouger. Elle est calée, les cheveux éparpillés tout autour, et me projette au mur ma journée, mes souvenirs. J'y revois plein de détails sans importance, des passages tristes, et des instants de pur bonheur. Elle écrit chaque soir et chaque jour l'histoire de ma vie. Jamais comme elle l'était hier, mais jamais comme elle le sera demain. C'est plutôt l'histoire du moment, l'histoire du présent. La projection du jour, la projection du soir. Un film toujours différent, que je m'adonne à admirer chaque nuit, les paupières ouvertes ou fermées, consciente ou non. Un film dont je ne connais rien, et dont la fin me surprend et me prend au coeur toutes les fois.
Nuit interminable, arrête de me fatiguer...
Nuit interminable, arrête de me fatiguer, et soyons alliés. Pourquoi suis-je le seul qui ne dort pas ? M'as-tu choisi pour une quelconque mission, ou est-ce uniquement de la simple haine ? Peut-être que je dois sauver ce royaume endormi d'un sommeil, ou simplement l'admirer depuis ma fenêtre. Ce que je fais chaque nuit, je regarde la vie s'arrêter dans la ville. Je regarde les oiseaux arrêter de voler, les chiens arrêter d'aboyer, et les chats revenir dans leurs gouttières. Je regarde les voitures arrêter de klaxonner, les motos arrêter de rouler, et les moteurs font dormir eux aussi. Je regarde la nuit défiler, mais surtout les étoiles se lever, et la lune me sourire. Peuvent-elles demeurer au ciel à tout jamais ? C'est mon plus grand souhait.
Indénombrable quantité de paroles qui m'assaillent...
Indénombrable quantité de paroles qui m'assaillent, veuillez arrêter. Vous vibrez dans ma tête, hurlez dans mon corps, mais vous taisez à l'extérieur. Pourquoi suis-je la seule à vous entendre ? Vous suppliez le jour de revenir, blâmez la nuit, mais haïssez par-dessus tout Morphée. Pourquoi ne vous taisez-vous pas ? Au contraire, vous faites de plus en plus de bruit. Contre la nuit, pour le jour. Vous faîtes éclater des verres, chantez comme des casseroles et criez à la mort à mes oreilles. C'est un vacarme insupportable. Si je deviens sourde, vous entendrais-je encore ? Peut-être que le calme et la paix reigneront dans mon esprit, l'ordre et la tranquillité dans mon corps, votre cacophonie et votre agitation pour quelqu'un d'autre. Je n'en veux plus, je n'en peux plus. Allez-vous en. Vous êtes ici par effraction, pour me voler mon sommeil, en m'apportant la fatigue. Je veux que le silence revienne en moi, qu'il vous réduise à ce que vous êtes en réalité : poussières. Poussières d'étoiles, retournez d'où vous venez et laissez- moi admirer le silence.
Alors que la lune laisse sa place au soleil...
Alors que la lune laisse sa place au soleil, les étoiles s'éloignent de moi. Je les vois disparaître, depuis ma fenêtre. Le soleil les repousse, de sa chaleur étouffante et de son aveuglante lumière. Pourquoi ne me les laisse-t-il pas ? Elles sont si belles, ces étoiles, si belles. Mais elles sont si loin maintenant, si loin. Elles sont mes amies, mes amies de nuit. Je leur conte mes rêves, et leur hurle mes cauchemars. Elles sont mes repères dans les ténèbres de la nuit, mais surtout mes compagnes nocturnes. Elles veillent sur moi pendant mes cauchemars, et guident mes pas pendant mes rêves. Elles sont si belles, si lumineuses. Contrairement au soleil, qui lui a beau exploser de lumière en extérieur, est sombre et froid à l'intérieur. Et c'est comme ça que, loin de mes alliées étoilées, mais sous l'oeil attentif de cette boule de feu, je sombre et rejoins mon ami Morphée.
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