Celle que j'étais avant

Si tu vois celle que j'étais avant, dis lui que j'aimerais la trouver. Elle se cache, derrière un miroir brisé. Mon sang coule à travers les fissures, et mes larmes recouvrent les bouts à terre. Sous tous ses angles, une âme errante. Une âme perdue. Une âme vide de sens et de sentiments.

Ne reste plus qu'une coquille de papier, depuis son départ. Bravant la tempête de mes journées, elle est usée. Tâchée, trouée, bousillée. Mes pensées la noircissent, et mes larmes effacent l'encre. Elle paraît vierge, neuve aux premiers abords, mais bientôt il n'en sera plus rien d'elle. Le feu la consume trop vite, ses dernières ressources s'épuisent. Bientôt, il n'en restera que des cendres, qui s'en iront avec le vent. Ils s'éparpilleront, se disperseront, jusqu'à ce que plus rien ne reste d'elle. Rien qu'un triste et lointain souvenir.

Elle a tout brisé, cassé, détruit sur son passage, quand elle est partie. Elle a envoyé son monde son monde en Enfer, déchiré son coeur glacé, ne laissant plus que des blessures derrière elle. Elle a tout abandonné. Espoir, amour et joie, ils l'ont tous quittée. Tristesse, colère et désespoir, eux, ont persisté à ses côtés. Ils la font valser d'une goutte à l'autre, et l'accompagnent quand elle ferme les yeux. Quand elle ferme les yeux, elle revit les douleurs, les pleurs et les peurs. Ce qui lui reste de coeur s'affole sous sa poitrine dénudée de peau, ses poings blancs comme la neige se serrent, jusqu'à en avoir mal. Sa respiration s'entre-coupe, et un torrent de souffrance s'abat sur sa frêle personne.

Elle n'est plus qu'un souvenir, un vieux sourire sur les photos. Elle est partie de la réalité, fait maintenant partie de sa réalité. Le temps s'écoule et, déconnectée du monde, elle s'efface peu à peu. Elle meurt à petit feu, se détache du réel. Elle s'approche du passé, alors que le futur l'attend depuis le début. Plus les journées passent, plus elle disparaît, et plus sa douleur s'intensifie. Elle est seule dans son néant, où plus personne n'ose venir. Elle est seule face à l'orage de ses larmes, qu'aucun soleil n'arrive à arrêter. Elle est seule, dans sa nouvelle réalité morbide.

Si tu vois celle que j'étais avant, tend la main. Tend-lui la main, et conserve son coeur au chaud. Il est précieux, et même s'il est trop tard pour moi, réchauffe son coeur. Embrase le de baisers, recouvre-le de bras réconfortants. Ramène-la à la réalité, et rejoint-là dans le néant de ses jours. Occupe tout son esprit, et redonne-lui la vie.

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