L'amitié n'est pas courante chez les ennemis
Hey ! Je vous livre ici une nouvelle que j'ai écrite à l'occasion du concours de Cailloula (Concours d'écriture 2021, Édition 1 : tout peut arriver en temps de guerre) Elle se passe durant la célèbre guerre de Troie, mais ne vous inquiètez pas si vous n'êtes pas incollable sur ce sujet, il n'y a pas besoin de connaissance pour la lire.
/EDIT/ J'ai eu les résultats du concours, et je suis troisième !! Pour mon premier concours, donc j'en suis vraiment satisfaite (on était six en tout). Du coup j'ai gagné un macaron magnifique qui confirme ma troisième place que je vous mets juste là :
Bonne lecture !
J'en étais sûre. Ce Grec ne m'amènerais que des problèmes. Il fallait s'en douter aussi, quelle meilleure - ou plutôt pire - idée pour un Troyen que de se lier d'amitié avec l'ennemi ? Je n'en savais malheureusement rien. Et pourtant ! Je l'avais fait ! Moi, Xanthos, fils d'Athos, j'étais devenu ami avec un Grec. Un Grec ! En temps de guerre en plus, comme si cela ne suffisait pas. Et cela ne m'avait pas mené à grand chose, oh non ! Bien au contraire. Jamais je n'aurais dû mettre mon plan à exécution. Jamais. Ma douce sœur Xena m'avais bien dit que c'était une mauvaise idée, mais non, Xanthos est le meilleur, Xanthos va arrêter la guerre, Xanthos va amener la peste chez les Grecs.
Oui j'ai fais cela. Et sans vouloir me vanter, j'ai assez bien réussi. Je n'ai peut être pas encore arrêté la guerre, mais ce n'est maintenant plus qu'une question de jour. Mais pourtant je n'aurais pas dû.
C'était il y a une dizaine de jour. Une nuit, après avoir mûrement réfléchi à mon plan et en avoir parlé à Xena, je m'étais lancé. Mon but : amener le cadavre de mon défunt père dans le camp ennemi. Ce cadavre qui reposait sous terre, en dehors des limites de la ville afin d'endiguer la maladie. Heureusement, il avait été le seul malade de la ville. Mais plus pour très longtemps, les Grecs mourraient bientôt eux aussi de la peste, arrêtant ainsi la guerre. Cette guerre qui m'avait enlevée trop d'êtres chers. Mes deux frères, mon oncle et mon cousin étaient morts trop tôt, tout cela à cause de ces envahisseurs qui ne pouvaient pas respecter le jugement d'Aphrodite. Elle avait pourtant bien dit qu'Helène et Paris devaient se marier. Mais non, les Grecs préféraient se passer de la parole des dieux et venir récupérer ce qu'ils pensaient être dû à Ménélas. Je comptais bien leur faire payer.
Tout s'était passé comme prévu. J'avais pris toutes les précautions nécessaires pour ne pas attraper la maladie qui avait fait succomber mon père et m'étais introduit dans les lignes ennemies. J'avais dû prier une bonne dizaine de fois Apollon, le dieu guérisseur qui pouvait aussi causer la mort en envoyant d'une flèche la peste dans une population. Nous avions de la chance nous Troyens de l'avoir de notre côté.
J'avais par miracle trouvé un endroit parfait pour déposer le cadavre de mon père. Assez camouflé pour qu'il ne soit pas trouvé mais assez près des tentes pour transmettre la maladie. J'avais de nouveau prié de toutes mes forces Apollon pour que je n'attrappe pas la peste et avais emprunté le chemin du retour aussi silencieusement qu'à l'aller.
Mais arrivé au pieds des murailles que j'avais traversée pour venir - une forêt était accolé à ce côté me permettant de me déplacer sans être vu - j'avais entendu un bruit. Je n'avais pas mis mon armure pour ne pas être encombré par sa lourdeur mais son plastron et ses jambières d'étains m'avaient cruellement manqué à ce moment-là. J'avais détaché ma lance de bronze jusque là accrochée dans mon dos mais une flèche l'avait fait voler cinq mètres plus loins.
Je m'étais résolu à me battre avec mes poings et m'étais mis en garde en direction du buisson qui m'avait tiré dessus, mais un violent coup de pied m'avait percuté les côtes par derrière. Le temps que je me retourne mon assaillant avait déjà disparu. Je m'étais à peine remis en garde qu'un autre choc se fit ressentir dans mon dos. Cette fois-ci, j'avas fait voler mon pied tout en tournant et je rencontrais enfin mon assaillent qui était tombé à terre. Rapidement, j'avais posé mon pied sur sa gorge pour qu'il ne se relève pas.
- Qui es-tu ?
J'avais aboyé plus que parlé, mais son uniforme grec m'avait indiqué à quel camp il appartenait, et ce n'était pas un ami.
- Iolaos, fils de Polyeucte. Je viens d'Ithaque pour aider mon roi Ulysse a récupérer la femme de Ménélas.
J'avais rigolé. La stupidité des Grecs m'étonnais, comment pouvaient-ils croire qu'ils gagneraient la guerre ? J'avais même entendu parler d'un certain conflit entre Agamemnon et Achille, sans Achille, leur chance était réduite à néant. Mais ils y croient, pour je ne sais qu'elle raison obscure, même des dieux.
J'avais raffermi la position de mon pied sur sa gorge et avait continué à l'interroger. Difficilement à cause du manque de souffle, il m'avait répondu : il faisait une ronde pour surveiller les remparts, non il n'était au courant d'aucune future attaque et non il ne me révélerait rien sur les problèmes du camp grec, plutôt mourir disait-il.
Après quelques hésitations, je l'avais laissé se dégager mais je l'avais dépouillé de ses armes et le menaçait maintenant avec ces dernières. Elle avait beau être grecques, des armes en bronze comme celles-ci ne se refusaient pas, on aurait dit qu'elles avaient été forgées par Héphaïstos lui même.
Après qu'il se soit relevé, il s'était retourné vers moi et avait levé sa garde avant de me lancer dans ton sec :
- Et toi ? Qui es-tu et que fais-tu là ?
- Tu crois vraiment que je vais te répondre Grec ? Je crois que tu n'as pas remarqué qui avait l'avantage entre nous deux. Tu vois ces choses dans mes mains, ce sont des armes, tes armes, et toi tu n'as que tes poings et tes pieds. Tu vas donc me faire le plaisir de décamper avant que je ne change d'avis.
- Non. Non je ne décamperais pas. Je veux savoir pourquoi tu revenais de notre camp. Qu'as-tu fait là-bas ? Et tu as peut-être mes armes, mais j'ai juste à me jeter sur le côté pour récupérer ta lance que tu as mollement laissé choir tout à l'heure. Alors réponds moi. Que faisais tu dans notre camp.
Il avait prononcé sa dernière phrase en détachant les mots les uns des autres et m'avait ensuite regardé d'un air féroce. Bien. Je lui avait bien sûr menti. Ce n'étais pas bien compliqué. S'il savait ce que j'avais fait, les Grecs allaient trouver mon père et mon plan échouerai. Et moi je mourrais très certainement avec. Et si Troie l'apprenai, il ne me laisserai jamais rentrer de peur que j'apporte la peste.
- Je prenais l'air. Être assiégé est une position ni confortable, ni profitable aux balades en forêt. Et je ne reviens pas de ton camp, je reviens juste de ma sortie. Tu te doutes bien qu'un Troyens en balade ne raterai pas l'occasion d'observer le camp grec.
- En balade. Tu espères que je te crois. Bien, nous sommes tout deux trop fiers pour dire quoi que ce soit à l'autre. Je te conseilles donc de retourner chez toi et de ne parler à personne de moi, j'en ferai autant de toi.
J'avais hoché la tête. Évidemment que j'étais d'accord, cela nous évitait toute sorte d'ennuis. Mais je n'aurais pas dû. J'aurais dû le tuer. Mais je ne l'ai pas fait. Je me suis retourné, je suis partis et je lui ai même répondu quand il m'a rappelé pour me demander le nom de son ennemi, il aime savoir qui il affronte a-t-il dit.
Le lendemain, tellement stressé à l'idée que mon plan n'ai pas marché ou que - pire encore - j'avais attrapé la peste, je sorti une nouvelle fois de la ville pour marcher dans les bois où j'avais rencontré Iolaos.
- Xanthos, toujours à te balader ? Tu ne passe pas faire un tour dans mon camp cette fois-ci ?
J'avais souris. Je ne m'étais pas fais attaqué ce jour-là, peut-être était-ce la raison pour laquelle j'avais répondu sur le ton de la taquinerie :
- Iolaos, toujours à faire une ronde ? Tu n'essaye pas de me tuer cette fois-ci ?
Il avait rigoler et je l'avais suivis. Mon cerveau m'avait hurlé d'arrêter, que ce n'était pas bien, que j'étais en train de sympathiser avec un Grec mais je ne l'écoutais pas. J'avais envie de décompresser et mon compagnon de mésaventure aussi semblait-il. On avait rigolé, parlé puis on s'était quitté. Le sujet de la guerre n'ayant pas franchi une seule fois nos lèvres après les premières taquineries que nous avions échangés.
Et cela avait continué. Et oui, le lendemain, puis le surlendemain et les jour d'après encore pendant toute une semaine nous nous étions retrouvés dans les bois pour discuter et rigoler de tout et de rien, on parlait des femmes, du travail - celui que nous faisions avant d'être soldats -, de la famille. Mais jamais de la guerre.
Jamais je n'aurais dû faire ça. C'était ce qui m'avait fait me retrouver dans cette situation. J'allais mourir, et tout ça à cause d'un sale Grec que j'avais rencontré par hasard et avec qui il m'avais paru bon de devenir ami.
Ce matin, j'étais encore une fois sorti discrètement de Troie pour "me balader" comme je le disais à ma soeur. Ma sœur. Ma pauvre sœur qui ne saura jamais ce qu'il s'est passé. Désolé sœurette, tu ne reverras pas ton Xanthos adoré, tu n'auras plus de frère. Tu va me manquer Xena lorsque je serai aux Enfers. Si je ne finis pas aux champs d'Asphodèle où je ne me souviendrais plus de rien.
Après être sorti, j'avais attendue Iolaos quand soudain un bruit sourd avait transpercé le calme des bois. Iolaos était bien plus discret que cela. Puis une flèche avait sifflé à mon oreille. Ce n'était définitivement pas Iolaos. Je m'étais retourné et je l'avais vu, accompagné de quelqu'un. J'avais juré, dit un nombre incalculable de "par tous dieux". Je n'en avait pas cru mes yeux. Iolaos semblait aussi effrayé que moi.
- Un troyen ! Iolaos, va vite le mettre hors d'état de nuire !
Mon ami s'était avancé et j'avais levé les bras après avoir laisser tomber mon poignard par terre. Alors qu'il m'attachait les poings, il m'avait chuchoté ces quelques mots :
- Désolé. Essayé de l'attirer ailleurs. Pas réussi. Désolé.
L'autre soldat m'avait questionné, mais je n'avais rien dit bien sûr. Et il avait demandé à Iolaos de me tuer. Et maintenant j'allais très certainement mourir. Je me retrouvait désormais face aux deux Grecs dont l'un voulait me tuer. Pas une situation d'être enviable. Et tout ça à cause de mon foutue ego qui m'avait permis de penser que devenir ami avec un Grec n'était pas en dangereux. J'allais mourir.
- Qu'attends-tu Iolaos ? Tue le donc.
Il avait approché sa lame de mon buste, répété plusieurs fois le mot "désolé" tellement bas que je l'entendais à peine. Puis il avait appuyé.
Dieu que ça faisait mal. Mes genoux s'étaient affaissé, ma respiration s'était faite chuintante, puis je l'avais vu. Hermès. Sa silhouette était encore flou mais elle devenait de plus en plus nette à force que la vie était en train de quitter mon corps.
- Viens Xanthos, il est temps pour toi de rejoindre le royaume d'Hadès.
Voilà !!! Qu'est-ce ce que vous en avez pensé ? Moi j'aime beaucoup, j'ai trouvé ça amusant d'écrire sur une période qui me passionne beaucoup, et j'adore la mythologie donc c'était vraiment plaisant.
Juste une petite précision, pour ceux qui ne s'y connaissent pas du tout en mythologie grecque, Hermès est le dieu voyageur, messager des dieux et chargé de guider les âmes dans leur dernier voyage jusqu'aux Enfers. Les champs d'Asphodèle sont une des trois parties des Enfers, celle où ceux qui n'ont rien fait de particulier de leur vivant vont (quasi tout le monde) et les âmes oublient leurs vie d'avant là-bas.
Bref, je vous dis à plus pour une autre histoire,
Camomille
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