Another Love
Hey !
J'étais en train d'écouter tranquillement de la musique, quand celle de Tom Odell, Another Love, s'est lancée dans ma playlist. Je trouve cette musique magnifique et triste. Et soudain, j'ai eu envie d'écrire. Je ne savais pas quoi, juste quelque chose d'aussi triste et bouleversant que cette chanson. C'est en fixant une tâche sur mon plafond que j'ai trouvé l'idée. Je ne sais pas si mon one shot est aussi bouleversant que la chanson, mais j'ai essayé. Alors je vous conseille donc de lire en écoutant Another Love de Tom Odell (il y a d'ailleurs dans le texte des phrases prisent dans les paroles de la chanson (traduite en français bien sûr))
Bonne lecture !
Another Love
Une tâche au plafond. Je la fixe depuis un bout de temps maintenant, allongé dans mon lit juste en dessous. Je me remémore ma dernière discussion avec Agnès. Ma dernière dispute pour être plus précis. Encore une. Pourtant je l'aime. Mais pas assez semble-t-il.
Elle est partie en criant et en pleurant. Moi je n'en suis pas capable. Je n'en suis plus capable. J'ai bien trop souffert. Elle m'a fait souffrir. Même si elle ne le voulait pas. Le destin m'a-t-on dit, mais je n'y crois pas. Le destin ne peut être si cruel. Le destin ne brise pas des vies comme ça. Seul le diable est aussi brutal et féroce.
Une tâche au plafond. À chaque fois que je la fixe comme maintenant, je repense à elle. Elle était magnifique. À chaque fois que je m'allonge je revois son doux visage encadré de ses douces boucles rousses, son sourire blancs et ses dents de travers. Elle m'a toujours dit qu'elle les aimait, ses dents, surtout les incisives de devant. Malgré l'angle aigu qu'elles formaient étant donné que chacune partait de son côté. Moi aussi je les aimais, ses dents. J'aimais tout chez elle. J'aimais son visage rose et ses mains potelées.
Agnès ne supporte pas de me voir allongé quand ce n'est pas pour dormir. Elle sait que chaque fois que je vois cette tâche je pense à elle. Elle m'en veut de ne pas tourner la page, elle s'en veut de ne pas réussir à me faire tourner la page. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas l'oublier. Je ne le veux pas.
Agnès ne supporte pas non plus nos disputes. Elles sont inévitables. Elle s'en veut de ne pas réussir à me faire pleurer quand elle menace de s'en aller. Elle s'en veut de ne pas réussir à me faire crier en retour lorsque nous nous disputons. Elle pense que je ne l'aime pas. Mais si, bien sûr. Mais elle ne comprend pas. Toutes mes larmes ont déjà été pleurées. Pour un autre amour. Je suis vide depuis ce terrible jour.
Une tâche au plafond. Je la fixe et me rappelle. Elle détestait les moustiques. Elle venait de s'en plaindre pendant au moins dix minutes car ils lui avaient ravagé les jambes la nuit passée quand elle en vit un posé juste là. Alors sans hésiter, elle avait attrapé mon chausson, avait grimpé sur le lit sans se soucier de moi qui y était allongé, comme aujourd'hui, et l'avait écrasé. Malheureusement son sang avait tâché le blanc immaculé du plafond, formant cette tâche.
Agnès voulait repeindre le plafond, elle disait que le blanc avait vieilli, qu'il était bon à refaire, mais c'était une excuse. Elle ne supporte pas de me voir allongé. Elle veut effacer la tâche. Mais elle ne comprend. C'est la dernière chose de cet appartement qui me la rappelle. Je n'ai plus rien d'autre à elle. C'est la seule chose qui a survécu à l'incendie. Les murs ont brûlé, nos affaires aussi, elle a brûlé, mais les flammes n'ont pas atteint le plafond. Il est resté blanc. Et tâché.
Elle n'aurait pas dû mourir. Nous allions nous marier. C'était le soir de mon enterrement de vie de garçon. Elle était avec ses amies à l'appartement pour son enterrement de vie de jeune fille. Elles ne surveillaient pas les bougies qu'elles avaient allumées. L'une à trop fondu. Un papier posé à côté a lancé l'incendie. Il n'y a eu qu'un mort. Elle. Elle s'est retrouvée bloquée par les flammes et les pompiers sont arrivés trop tard.
J'ai refait ma vie, en mal ou en bien je ne le sais pas, mais je l'ai refaite. Mais je ne peux pas l'oublier. Je l'ai tant aimé.
J'aimerais pouvoir aimer Agnès comme je l'ai aimé elle, mais je n'y arrive pas. Je m'en veux d'être si distant quand je pense à elle. J'aimerais pouvoir montrer à Agnès combien je tiens à elle, mais je ne peux pas. J'aimerais l'emmener dans un endroit où elle se sentirai bien, aimée, mais je ne sais pas où se trouve ce lieu. J'aimerais pouvoir lui montrer mon amour en l'embrassant, mais je suis si fatigué de partager ma vie. J'aimerais qu'elle comprenne que bien que je ne le montre pas, je l'aime. Mais je ne sais pas comment le lui dire. Je ne sais pas comment expliquer à Agnès que mon amour pour elle est immense, bien que mon amour pour elle soit toujours grand.
Une tâche au plafond. Je m'endors pendant que je la fixe. Au matin, Agnès n'est toujours pas là. Elle n'est pas rentrée. Habituellement après une dispute comme celle d'hier, elle me menace de s'en aller mais revient toujours. Et si elle en avait eu marre ? Et si elle ne revenait pas ? Ça me serait insupportable. Je ne veux pas la perdre. Pas après l'avoir perdue elle. Je ne veux pas souffrir comme j'ai déjà souffert.
Agnès ne répond pas. Je l'ai appelé une bonne dizaine de fois. Elle ne répond pas. Les bips incessants du répondeur sont la seule chose qui résonne dans mon oreille. Elle ne peut pas être partie pour de bon.
Une journée passe, elle ne rentre pas. Une journée passe et d'autres appels auxquels elle n'a pas répondu. Je pensais que toutes mes larmes avaient séchés, mais l'une d'elle se fraye un chemin sur ma joue, suivie d'autres encore. Je n'ai pas pleuré depuis l'enterrement. Mais un autre de mes amours vient d'être détruit. Et je pleure. Parce qu'Agnès ne reviendra pas. Je le sais, comme je l'ai su quand elle est morte. Les larmes ne s'arrêtent plus sur mes joues.
J'aimerais pouvoir remonter le temps, rattraper Agnès hier soir, lui crier mon amour, les mots trouvent toujours un chemin, mais je ne sais pas comment les utiliser. Je ne suis plus qu'une coquille vide, vidée une première fois par un autre amour, remplie de moitié par Agnès, mais vidée une nouvelle fois par ma faute.
Je les ai perdues toutes les deux. Je l'ai perdue dans un incendie, dans cet appartement. Ma Juliette. Et j'ai perdu ma Agnès dans un autre type d'incendie, dans ce même appartement. Et je ne sais pas si je m'en remettrai. Si je me relèverai. C'est bien trop douloureux.
Voilà. Alors ? Comment vous avez trouvé ça ? C'est la première fois que je fais une fin triste, je m'en veut, j'ai limite envie de la changer xD
À une autre fois,
Camomille 🖤
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