Parce qu'on appartient tous à une famille
Bonjour à tous ! Et surtout bonne année !
Je commence 2021 par un cadeau, comme promis. Voici un petit texte un peu particulier. Il date d'il y a au moins trois ou quatre ans mais je ne l'avais jamais publié ici. Sa forme est un peu différente de d'habitude, il s'agit d'un OS en trois parties distinctes : une sur les Maraudeurs, une sur Harry, une sur la Next Generation. Le thème commun, comme l'indique le titre, est la famille qu'on a ou qu'on se construit.
Pour la partie sur la Next Generation, je l'avais écris en lien avec ma première fanfic non publiée ici. Vous n'avez absolument pas besoin de connaître pour comprendre, je précise juste que le personnage d'Alyne était la copine de James. Voilà ^^
A part ça, je voulais dédier ce bonus à ChapiteauRouge ! Je n'ai pas eu le temps d'y répondre, mais ton long message sur L'Héritage d'Ilvermorny il y a quelques jours m'a touché au-delà des mots et je voulais te remercier infiniment. C'est dérisoire par rapport à tout ce que tu as pris le temps de m'écrire, mais vraiment un énorme merci !
A vous tous, je vous souhaite une bonne lecture et une belle année !
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29 Juin 1978
- S'il vous plaît ! S'il vous plaît, un peu de silence, nous allons commencer. Que tout le monde regagne sa place.
Le représentant du Ministère, un petit homme rond au visage rubicond, s'épongea le front, l'air anxieux. Il tapota le micro posé sur le pupitre et toussota pour attirer l'attention de la foule qui mit quelques secondes à enfin le remarquer. Les invités retournèrent à leur siège, toujours en parlant et il fallut que Dumbledore lui-même réclame le silence pour obtenir le calme.
La Grande Salle avait été vidée de ses longues tables et remplie de nombreuses rangées de chaises afin d'accueillir toutes les personnes. Le soleil de juillet tapait contre les vitres, et même si les antiques murs de pierre gardaient la fraîcheur ça n'empêchait pas Lily de mourir de chaud. Ça n'avait cependant pas l'air de perturbé ses parents qui regardaient la pièce autour d'eux avec fascination. C'était d'ailleurs assez facile de reconnaître les parents moldus car ils avaient tous la même expression émerveillée tandis que les familles sorcières paraissaient juste vouloir que la cérémonie commence.
Soudain, une grande femme brune et filiforme monta sur l'estrade. Elle portait un badge avec le logo du Ministère épinglé sur le devant de sa robe et Lily crut reconnaître la secrétaire chargée de l'éducation que James lui avait montré tout à l'heure dans le hall.
- Bonjour à tous, s'exclama-t-elle. Je suis ravie que tant de monde ait pu venir à cette cérémonie de remise des examens des ASPIC qui clôture la septième année d'études des étudiants présents aujourd'hui. Cette promotion 1977-1978 a été particulièrement brillante puisque presque la totalité a réussi à obtenir leur diplôme et parmi eux treize élèves ont obtenu toutes leur ASPIC dans chaque matière. La Ministère se félicite de ce succès et remercie l'école de sorcellerie Poudlard ainsi que le corps enseignant pour leur travail tout au long de l'année.
Il y eut des applaudissements en direction des professeurs, regroupés derrière la secrétaire d'éducation et Lily était sûre d'avoir vu McGonagall sourire pleinement, chose ô combien rarissime.
- Je vais maintenant appeler nos jeunes diplômés un par un par ordre alphabétique. Ashton Bethany.
Une jeune fille que Lily connaissait vaguement des cours de runes monta sur scène, rouge et adressa un petit signe de la main quand on lui remit son diplôme. La secrétaire d'éducation se pencha à nouveau sur sa liste puis appela un prénom cette fois bien connu.
- Black Sirius !
Lily plissa les yeux. Au pied de la scène, elle repéra une touffe de cheveux en bataille qui n'appartenait certainement pas à Sirius. James avait posé un pied sur la première marche de l'estrade quand soudain McGonagall arriva derrière lui et le tira par le col de sa robe de sorcier. Les yeux de Lily croisèrent ceux de Remus, quelques rangs devant elle, et il parut aussi désespéré qu'elle.
- Potter ! Siffla leur professeur. Je prends peut-être de l'âge mais je sais encore reconnaître mes élèves. Où est Black ?
- Oh allez, ça aurait été drôle !
- Black. Maintenant.
La secrétaire d'éducation attendait toujours sur scène, perplexe du temps d'attente. Brusquement Sirius se matérialisa aux côtés de James, tout sourire.
- Je suis là !
- Montez tout de suite sur cette estrade avant que je ne décide de vous retirer votre diplôme !
- Vous ne le feriez pas, sinon ça voudrait dire que je reviendrai l'année prochaine pour refaire ma septième année...
McGonagall pinça les lèvres.
- Ne me tentez pas, Black.
Finalement, Sirius monta sur scène tandis que James retournait vers les rangées de chaises, visiblement déçu. Lily vit sa mère le forcer à s'assoir en le réprimant à voix basse. Bien sûr, aucun membre de la famille de Sirius n'était dans la salle, Lily l'aurait parié. Quand Sirius reçu son diplôme pourtant, Euphemia Potter arrêta de réprimander son fils pour applaudir à tout rompre. Vers la gauche, Alexia se leva carrément pour crier des félicitations.
Sirius secoua la tête tandis qu'il redescendait de l'estrade mais Lily était sûre d'avoir aperçu un sourire sur son visage. Il n'échappa pas à l'étreinte de Mrs Potter quand il vint les rejoindre, ni à la tape dans le dos de la part de Remus, Peter et James.
La suite de la cérémonie passa sans que Lily n'écoute vraiment, à part pour ses amis. Durant le pot organisé juste après, elle perdu ses parents dans la foule.
- Eh Evans !
- Sirius, tu sais que tu peux m'appeler Lily pas vrai ?
- Non, je préfère t'embêter, répliqua-t-il. T'es toute seule ?
- Je ne trouve plus mes parents.
Sirius pointa le fond de la salle.
- Je crois que ton père parle avec James.
- Avec James ? S'étrangla-t-elle. Oh non !
- T'inquiète pas, quand je suis parti ils étaient en train d'aborder les souvenirs de toi à quatre ans. Fascinant !
Lily grommela, mortifiée. Pourquoi est-ce que son père et son petit ami devaient s'entendre ? Ils ne pouvaient pas se détester, comme dans toute relation normale ?
- Dis Sirius, tu avais vraiment l'intention de laisser James prendre ta place ?
Il haussa les épaules.
- Ma famille n'est pas là, je ne voyais pas pourquoi je devais monter sur scène. Ça ne servait pas à grand-chose...
- Les Potter sont là, glissa-t-elle innocemment. Les Maraudeurs aussi, Alex, moi...
- Hum...
- Tu sais, ma sœur n'est pas venue non plus. Elle a dit qu'elle ne voulait pas mettre les pieds dans mon « école de monstre ».
Lily avait essayé de ne pas laisser transparaître son amertume mais l'expression de Sirius lui appris qu'elle avait lamentablement échoué.
- Si on se lance sur ce terrain-là, mon frère n'est pas là non plus mais au fond je m'en fiche, j'en ai trois autres qui sont présents.
Lily sourit. Elle savait que non, Sirius ne s'en fichait pas comme il aimait à le prétendre et en même temps elle avait toujours trouvé incroyable la capacité des Maraudeurs à tous se considérer comme des frères.
- Au moins je sais que mes amis sont toujours là pour moi, continua-t-il d'un ton égal. Souvent en retard certes mais toujours là !
- C'est faux, Remus est à l'heure.
- C'est vrai, acquiesça-t-il. Enfin bref, ce que je voulais te dire Evans c'est que...
- Lily, corrigea-t-elle.
Il leva les yeux au ciel.
- Evans.... c'est que ce n'est pas grave si ta sœur n'est pas là, tu as Alex, Marlène, Dorcas...Enfin si elle n'est pas occupée à embrasser Lucinda quelque part.
Lily éclata de rire.
- Tu sais, reprit-il, parfois je me dis que sans eux je ne m'en serais peut-être pas sorti à Poudlard. Remus est celui qui essaye de mettre un peu d'ordre, un peu de sérieux et sans lui ma vie aurait été encore plus bordélique qu'elle ne l'est déjà. Et puis Peter, je sais que pas mal de personne n'arrive pas à voir sa valeur mais... mais c'est lui qui a eu l'idée pour les animagi. Quand on a appris pour le... « problème de fourrure » de Remus, il a passé des jours à la bibliothèque pour se renseigner sur la lycanthropie.
- Et James ? Demanda-t-elle en voyant qu'il n'abordait pas la question de son meilleur ami.
Sirius eu un sourire en coin, ses cheveux noirs lui retombant sur le front.
- Est-ce que j'ai même besoin de le dire ?
Non, il avait raison, réalisa Lily. Ce que James apportait à Sirius allait au-delà des mots.
- Puisqu'on est dans notre phase de confidence alors, dit-elle, je pense que...je pense que finalement tu es un peu comme mon frère, Sirius.
- Oh...murmura-t-il, touché avant d'ajouter pour cacher son trouble. N'espère pas m'amadouer pour que je t'appelle Lily, Evans !
- Eh Sirius, Lily !
James débarqua près d'eux, l'air ravi.
- Je crois que je viens de me faire inviter par ton père pour le dîner ! S'exclama-t-il. Il est vraiment trop sympa.
- Parfois je me demande si tu sors avec moi ou avec mon père, marmonna Lily.
- Toi bien sûr, je veux dire t'es quand même plus agréable à embrasser !
- James !
- Ah oui pardon, on est diplômé maintenant, ça veut dire qu'on doit être mature c'est ça ?
Sirius parut sceptique.
- Personnellement, je laisse la partie « mature » à Remus.
Lily leva les yeux au ciel puis s'éloigna. Sa minute avec Sirius était terminée et elle le laissait retrouver James pour l'instant. Son regard parcourut la foule pour tenter de repérer ses amies qu'elle n'avait pas encore félicité et tourna les talons quand le professeur Slughorn approcha, sachant qu'il allait encore lui faire une conférence sur sa fierté pour son Optimal en potion.
Alors qu'elle tournait sur elle-même, elle se figea une seconde. A moitié caché dans l'ombre près de l'embrasure de la porte de la Grande Salle se tenait Regulus Black, adossé au mur de pierre. Il paraissait mal à l'aise, comme s'il ne savait pas trop ce qu'il faisait là lui-même et son regard passait de Sirius, toujours en train de rire avec James, à Marlène un peu plus loin qui parlait avec ses frères aînés.
Lily n'eut pas le temps d'amorcer un pas vers lui qu'il tournait les talons et s'extirpait de la foule heureuse et joyeuse. Elle hésita à le rattraper mais au fond elle ne connaissait pas le jeune homme...
Avec tristesse, elle regarda Sirius une seconde. Elle lui dirait sûrement un jour ou l'autre qu'il était moins seul qu'il le croyait, que tout n'était pas perdu avec son frère, mais pour l'instant elle voulait profiter de cette fête, comme une dernière journée dans son monde d'enfant à Poudlard avant de retourner à la réalité de la guerre qui commençait.
***
10 Mai 1998
- Tu es sûre de vouloir faire ça ? Souffla Ginny depuis son perchoir.
Harry leva les yeux vers elle malgré le soleil aveuglant. Ils étaient tous les deux dans le jardin du Terrier, au fond du terrain pour avoir un peu de tranquillité après les derniers jours pour le moins éprouvant.
Un vent léger soufflait et faisait voler les cheveux roux de Ginny dans son dos tandis qu'elle balançait ses jambes dans le vide, simplement assise sur la branche la plus basse du gros chêne contre lequel Harry était adossé.
- Il faut bien que quelqu'un leur annonce, Gin.
- Tu sais que Kingsley a proposé d'envoyer des Aurors, ou même de s'en occuper lui-même...Ils auraient une garde rapprochée quelque temps pour être sûr qu'ils ne courent aucun risque.
- Voldemort est mort, répliqua-t-il.
- Ce qui ne veut pas dire que tous ses partisans le sont.
La douceur dans la voix de Ginny le surpris. A vrai dire sa patience envers lui depuis la fin de la bataille de Poudlard était au-delà de ses espérances. Les journalistes, notamment Rita Skeeter, leur tournaient autour sans interruption et il avait fallu une bonne partie de l'Ordre afin de renforcer les sortilèges de protection du Terrier.
Le pire pour Harry c'est que pour l'instant il ne pouvait rien faire. Strictement rien. Les réparations de Poudlard pour lesquelles ils avaient tous promis d'aider ne commenceraient pas avant quelques jours, le temps que toutes les victimes aient été enterrées. Hermione était partie chercher ses parents pour lever le sortilège d'amnésie et Ron avait décidé de l'accompagner. Andromeda gardait le petit Teddy, même si Harry avait proposé de s'en occuper aussi. Il soupçonnait la vieille femme de se raccrocher à son petit-fils dans le but d'éviter de perdre pied et de faire son deuil, ce qu'il ne pouvait pas lui reprocher. Tout le monde tentait à sa façon de faire face aux derniers événements, à la liste des corps retrouvés qui s'allongeait un peu plus chaque jour. La communauté magique vivait une crise sans précédent et la Ministère, qui n'avait plus personne à sa tête jusqu'à l'élection d'urgence prévue pour dimanche, tentait du mieux qu'il pouvait de maintenir les choses à flot bien que le monde paraissait tourner au ralenti.
Parfois, Harry s'étonnait encore que tout soit terminé. Plus de fuite, plus de combat... Quand il se réveillait le matin, son premier réflexe était d'essayer de se souvenir de potentiels cauchemars avant de réaliser qu'il avait dormit d'une traite et que sa cicatrice ne le faisait plus souffrir.
- Harry ?
- Hein ?
- Tu ne m'écoutes pas, reprocha Ginny avec un sourire.
- Désolé...je...je pensais à autre chose.
Ginny soupira. D'un mouvement souple, elle sauta à terre puis vint s'assoir à côté de lui et prit sa main dans la sienne.
- Ecoute... Je sais que c'est sûrement la dernière chose que tu as envie de faire, les revoir je veux dire... Mais tu ne peux pas repousser ça indéfiniment. Quelqu'un d'autre peut le faire à ta place, je peux même t'accompagner si tu veux...
- Non, ça doit être moi.
- J'aurais dû compter le nombre de fois où tu as prononcé cette maudite phrase, marmonna Ginny
Harry lui donna un coup d'épaule.
- Tu sais ce que je veux dire. Imagine si un sorcier débarque chez eux après un an sans nouvelle pour leur annoncer que la guerre est finie et que je suis un héros. Non, ils ne vont pas s'en remettre.
- J'imagine, se moqua la rousse. Tu dois être une telle déception pour eux.
- Ou alors, reprit Harry lentement, on pourrait peut-être juste leur envoyer une beuglante non ? Comme ça personne n'est obligé de subir leur regard furieux et les commentaires des voisins.
- Ton oncle aurait une crise cardiaque ! Ne crois pas pouvoir recevoir ton héritage comme ça.
- Quelle héritage ? Si je reçois ne serait-ce que le porte-manteau de l'entrée ça serait déjà incroyable. Dudley aura probablement le reste, ce qui est idiot quand on y pense parce qu'il sait à peine changer une ampoule. Il vendrait la maison quand les piles de la télécommande ne fonctionneront plus et qu'il ne pourra plus allumer la télé !
Pour le coup, Ginny cligna des yeux, perplexe. Elle n'avait aucune idée de ce pouvait être des piles, une ampoule ou encore une télé, bien qu'Hermione en parle parfois. Mais elle ne dit rien, trop heureuse que le fait de se moquer de son cousin semble améliorer l'humeur d'Harry.
Ils restèrent ainsi, juste assis l'un contre l'autre sous le grand arbre, jusqu'à ce que le soleil commence à décliner puis Mrs Weasley les appela pour le dîner. Chacun gérait la perte d'être cher à sa manière, et pour Mrs Weasley cela voulait dire cuisiner le plus possible. Tous les soirs, il restait des montagnes de plats sur la table mais elle ne semblait pas en prendre conscience.
En tout cas, le lendemain matin dès les premières lueurs de l'aube, Harry se décida enfin. Ginny avait raison, comme toujours. Il ne pouvait plus repousser l'échéance et les Dursley méritaient de savoir.
Harry ne fut pas étonné en constatant que leur nouvelle résidence ressemblait fortement à Privet Drive, à savoir que toutes les maisons étaient identiques et qu'elles abordaient toutes également les mêmes pelouses impeccables bordées de bégonias ou de géraniums. Plusieurs secondes, il resta planté sur le porche, hésitant à frapper, avant que son côté Gryffondor ne prenne le dessus.
- Qui ose nous déranger à une pareille le dimanche ? Aboya la voix de l'oncle Vernon de l'autre côté de la porte. Si c'est encore ce stupide démarcheur pour ses aspirateurs à la noix je jure que...
Le battant s'ouvrit à la volée. Sans réel surprise, l'oncle Vernon n'avait pas changé, à part peut-être qu'il avait encore un peu grossit si possible et que sa moustache de morse virait au gris désormais. Ses petits yeux porcins se plissèrent quand il reconnut Harry sur le pas de sa porte tandis que la fameuse veine à sa tempe frémit sous le coup combiné de la surprise et de la colère.
- Toi ? Dit-il, incrédule.
- Bonjour à toi aussi, répondit Harry. Heureux de te revoir.
- Qu'est-ce que tu fais là ?!
Harry passa machinalement une main sur sa cicatrice.
- Je...est-ce que je peux entrer ? Ce n'est pas vraiment un récit court.
- Vernon ? Qui-est-ce ? Vernon ?
L'oncle Vernon rumina une seconde et s'effaça pour le laisser entrer.
- Dépêche-toi, grogna-t-il. Avant que la voisine ne te voie.
Sans demander son reste, Harry s'exécuta. L'intérieur de la maison n'était pas si différent de celle qui l'avait connu pendant son enfance, mêmes meubles vieillot et mêmes photos accrochées au mur. Seul le papier peint avait changé et aussi le fait que le placard sous l'escalier avait disparu, bien qu'aucun des deux ne constitue une grande perte.
En entrant dans la cuisine, Harry s'aperçut qu'il interrompait le petit déjeuner et déclencha diverses réactions. La tante Pétunia manqua de s'étouffer avec son petit pain trempé de thé alors que Dudley tomba presque de sa chaise, ce qui n'était pas bien dur puisque ses fesses débordaient sur les deux bords. Si Harry ne s'abusait pas, lui aussi avait pris du poids, tout comme son père.
- Mon dieu, murmura sa tante. Je pensais...
- Ne jamais me revoir ? Compléta Harry. C'était réciproque.
- Comment oses-tu ? Rugit l'oncle Vernon. Nous avons déménagé à cause de toi, nous avons pris de soin de toi pendant des années ! Et tout ça pour quoi ? Aucune gratitude et tu débarques en plus chez nous sans prévenir en te permettant d'être impolie ! Mon garçon, tu es...
- Moi je suis content qu'il soit là.
L'intervention de Dudley coupa l'oncle Vernon dans sa diatribe. Il se tourna vers son fils, incrédule, et en resta sans voix. Tout comme lors de son départ de Privet Drive il y a un an, Harry fixa son cousin, estomaqué. Décidément, se faire à l'idée d'un nouveau et gentil Dudley allait lui prendre du temps. La tante Pétunia, qui était quant à elle émue aux larmes devant le comportement de son précieux fils, laissa échapper un petit sanglot.
Leur comportement était si familier qu'Harry eut l'impression pendant une infime seconde de n'être jamais partit et il décida d'annoncer la raison de sa venue avant de tomber dans le sentimentalisme.
- Je ne vais pas rester longtemps... J'étais juste venu pour vous donner des nouvelles...
- Des nouvelles ?
- De la guerre, de Voldemort...
Une boule se forma dans sa gorge mais l'oncle Vernon ne parut pas s'en émouvoir.
- Eh bien vas-y, pressa-t-il. Nous n'avons pas toute la journée ! Est-ce que ces maudits gens de ton espèce ont enfin résolu leur problème ? Peut-on retourner chez nous ?
- Oui... C'est terminé.
Il y eut un bref silence, le temps que les Dursley assimile l'information
- Tu es sûr ? Il...Il est parti pour de bon... ?
Harry se tourna vers sa tante. Elle avait l'air pâle et était penché en avant sur sa chaise, la main serrée autour de sa tasse de thé.
Sans qu'elle ait à lui demander, Harry se lança donc dans le récit de l'année écoulée, sans entrer non plus dans les détails. Ils n'avaient pas besoin d'apprendre qu'il avait cambriolé une banque à dos de dragon ni qu'il avait frôlé la mort à plusieurs reprises.
Quand il eut achevé l'histoire, personne ne parla pendant un moment. L'oncle Vernon grommelait qu'avec un bon crochet du droit aurait réglé cette affaire depuis longtemps tandis que le visage de Dudley reflétait un conflit interne, comme s'il trouvait Harry courageux mais qu'en même temps il ne comprenait pas bien tous les enjeux. Sa réflexion avait des limites.
- Donc celui qui a ...celui qui est responsable de la mort de Lily... murmura la tante Pétunia d'une voix tremblante. Tu l'as tué ? Définitivement ?
- Elle est vengé, oui, dit Harry sur le même ton.
Pétunia ferma les yeux brièvement et déglutit. Elle se souvenait encore de l'enfant qu'elle avait trouvé sur le pas de sa porte dans la nuit du 31 octobre il y a toutes ces années et de son coup au cœur quand elle avait vu ses prunelles vert émeraude, celles de Lily.
Quand elle releva la tête vers lui, Harry frissonna. Il ne se rappelait pas avoir jamais vu le visage de sa tante reflété un jour autant d'émotions.
- Merci, articula-t-elle avec difficulté. Merci pour ma sœur.
***
25 Décembre 2020
Il neigeait ce matin-là au Terrier et Albus enfila immédiatement sa paire de chaussette en laine en sortant du lit, gelé. En bas, il entendait déjà des voix et des bruits de casseroles, signe que certains de ses cousins devaient déjà être debout et que mamie Weasley préparait activement le petit déjeuner. Sa petite chambre mansardée était encore à moitié plongée dans la pénombre et la lucarne au-dessus de son lit n'était pas assez grande pour laisser passer complètement les faibles rayons de soleil de l'aube.
Dans le lit à côté du sien, Rose dormait, roulée en boule et seul ses cheveux roux dépassaient de la couette. A ses pieds, Scorpius avait quant à lui hérité d'un simple matelas gonflable à cause du manque de place. Le Terrier avait beau être grand, accueillir toute la famille et certains des amis pour noël était un peu compliqué. Les trois enfants avaient finalement écopé du grenier reconvertit en chambre et même si ce n'était pas la pièce la plus spacieuse, au moins ils étaient ensemble.
A la base, pourtant, ça n'avait pas été gagné d'avance. Même si Scorpius était ami avec eux depuis trois ans, il n'était jamais revenu passer un séjour avec la famille Wesley, pas après le catastrophique déjeuner lors de leur première année. Cette fois-ci cependant, Albus était décidé à ce que son meilleur ami le rejoigne pour les vacances et avait passé des heures à supplier ses parents. Mais les persuader eux n'était pas la partie difficile. Non, le véritable défi s'était personnifié en la personne de Draco Malefoy.
« - Donc résumons, dit Draco après un court silence. Tu es venu jusqu'ici avec ton fils pour me convaincre de laisser Scorpius venir passer noël chez vous ?
- C'est ça, confirma Ginny. Après tout, Al est déjà venu au Manoir plusieurs fois mais à chaque fois tu n'autorises pas Scorpius à faire la même chose. Je comprends que vous soyez occupé ou que tu veuilles passer du temps avec lui mais je sais que ça ferait très plaisir aux garçons...
Albus admira comment sa mère parlait d'une voix calme, sans brusquer le père de Scorpius. Ils étaient tous assis dans le petit salon du Manoir Malefoy, installé dans des fauteuils confortables autour de tasses de thé.
- Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée...
- Oh allez papa, s'il te plaît. Ça serait juste pour quelques jours, on pourra communiquer par miroir à double-sens tous les soirs.
- On fête noël en famille d'habitude, ta mère aurait voulu que tu sois là.
- On pourra faire une fête un peu plus tard quand je reviendrais, dit Scorpius. C'est juste pour cette année, promis !
- Il pourrait t'arriver quelque chose.
Ginny haussa un sourcil.
- Il sera au Terrier avec toute la famille, Draco. Je t'assure qu'il n'y a aucun danger.
- Tu m'excuseras si j'ai des doutes. Potter n'est pas réputé pour éviter les ennuis je te rappelle.
- Oh arrête, quand tu as pris Albus l'été dernier je n'ai pas crié que tu allais l'emmener à une convention d'ex-mangemort, dit-elle sarcastiquement. Fais-nous confiance. Jusqu'ici, aucun de nos enfants n'a encore perdu de membre ou n'a été blessé mortellement, Harry et moi en sommes très fiers d'ailleurs.
- Hilarant, marmonna Draco qui n'avait pas l'air du tout rassurer. Je pense juste que ce n'est pas approprié pour lui qu'il rejoigne vos vacances en famille.
- Il fait pratiquement partie de la famille depuis trois ans. C'est le meilleur ami de Rose et d'Albus, il a tout à fait sa place à la maison pour noël, tout comme la petite amie de James ou une amie de Lily.
- S'il te plaît papa ! Intervint Scorpius, suppliant.
Les yeux de Drago dévièrent vers lui et ses traits s'adoucirent aussitôt. Albus s'était déjà fait la remarque que le visage de Drago Malefoy se transformait quand son fils entrait dans son champ de vision, il montrait alors une autre facette de lui, moins froide et moins rigide.
- Scorpius...
- Je serai sage et poli, j'aiderai quand on me le demandera !
- Il sera avec moi, Drago, assura Ginny d'une voix douce. Je te jure que je veillerais à ce qu'il aille bien.
- Oui, parce que tu es un modèle de calme et sang-froid.
- Je ne vois pas ce que tu veux dire...
- Tu veux que je te rappelle quand tu t'es battue avec Rita Skeeter en plein milieu de la salle de rédaction de la Gazette ?
- Comment... comment est-ce que tu es au courant ?
- C'est vrai maman ? T'as frappé Skeeter ?
Albus vit sa mère rougir alors que Drago souriait, goguenard.
- J'ai des relations auprès de journalistes haut placé, se contenta-t-il de dire de façon énigmatique.
- Elle avait osé écrire des choses désobligeantes sur mon fils, dit Ginny. On ne touche pas à mes enfants. Je pense que c'est quelque chose que tu peux comprendre, n'est-ce pas ?
Encore une fois, Drago observa Scorpius attentivement puis dévisagea la jeune femme. Un accord tacite parut passer entre eux car il hocha finalement la tête lentement, presque à contrecœur.
- Très bien, approuva-t-il, résigné. Mais j'exige d'avoir des nouvelles tous les jours, d'être prévenu au moindre problème et qu'il ne passe que quatre jours chez vous pour que l'on puisse célébrer les fêtes en famille entre nous.
- Marché conclu ! Et tu sais, si tu veux venir aussi...
- Je préfèrerais encore vendre le Manoir à un elfe de maison plutôt que de passer noël en compagnie des Weasley, n'importe lequel d'entre eux, coupa Drago immédiatement.
- Je m'en doutais...
Ginny retenait visiblement à grand peine un petit rire ironique mais gardait son expression de « mère responsable ». Elle fit un clin d'œil à Albus qui se tourna vers son ami, ravi. Ils allaient passer leur première vacance ensemble ! »
- Eh, Al, t'as pas vu mon pull ? Je gèle !
Albus sortit de ses pensées brusquement et se tourna vers Scorpius. Ce dernier s'était visiblement réveillé et grelottait à présent sur son matelas gonflable à la recherche d'un vêtement plus chaud que son t-shirt de pyjama.
- C'est pas celui-là ?
- Non c'est à Rose.
- Bah tu peux lui emprunter tu sais, elle ne sera pas levée avant un moment. Généralement en vacances elle dort jusqu'à onze heure.
Scorpius haussa un sourcil.
- C'est tôt pour des vacances ! Et non je ne porterai pas le pull de Rose, y'a des boursouflets jaunes dessinés dessus. En plus il est trop petit.
- Ne critique pas ce pull, c'est moi qui lui ait offert !
- Quand ? Pour ses huit ans ? De toute façon, tes cadeaux sont toujours de mauvaises idées, regarde le chat que tu as offert à ma cousine. Une vraie plaie !
- T'arrêtes jamais de te plaindre ?
- On m'a appelé Scorpius à ma naissance, rétorqua-t-il, j'ai le droit de me plaindre autant que je veux il me semble.
C'était le grand débat entre eux depuis le début des vacances, savoir lequel des deux avait le prénom le plus dur à porter.
- J'ai le prénom d'une personne morte, souligna Albus pour la dixième fois.
- Et moi d'un insecte venimeux !
- Bon vous la fermez maintenant ? Je dors !
Albus sursauta. Sa cousine s'était à moitié redressée, ses longs cheveux roux lui cachant une partie du visage tandis qu'elle leur jetait une œillade assassine qui perdait un peu de son effet à cause de la trace de coussin qu'elle avait sur la joue.
Les deux garçons se levèrent en vitesse et se dirigèrent vers la porte.
- En même temps, marmonna Scorpius une fois dans le couloir, elle ne peut pas comprendre nos préoccupations, elle porte le nom d'une fleur...
- T'as raison...
Ils descendirent l'escalier sans faire de bruit pour ne réveiller personne d'autre. Dans le salon, il n'y avait que James, Alyne et Lucy. Les premiers étaient blottis l'un contre l'autre sur le canapé et riaient sous cape sous le regard de Lucy, visiblement blasée. Elle fut la seule à se tourner vers eux quand ils entrèrent dans la pièce.
- Ah merci Merlin vous êtes debout. Je crois qu'une fois de retour à Poudlard je pourrais jeter ces deux-là dans le Lac Noir s'ils continuent à se bécoter.
- Laisse-les tranquille, Lucy, intervint la voix chaleureuse de mamie Molly.
Albus se retourna pour voir sa grand-mère, une poêle pleine de bacon dans une main et une assiette de toast dans l'autre. Son ventre gargouilla et il tendit le bras.
- Non Al, tu attends le petit déjeuner avec les autres.
- Mais mamie !
- Chut, pas de bruit.
- Ca fait une heure qu'on attend, protesta James en faisant la moue.
Leur grand-mère parut céder une seconde puis soupira :
- Attendez-là je reviens.
Elle se précipita vers la salle-à-manger alors qu'ils se regardèrent tous, intrigués. Quelques secondes plus tard, mamie Molly revint en portant cinq paquets soigneusement emballés dans ses bras.
- Je suppose que comme vous êtes les premiers réveillés, vous avez le droit d'ouvrir un de vos cadeaux, dit-elle en souriant.
- Sérieusement ? S'exclama James. Génial !
Il se précipita sur son paquet avec plus d'enthousiasme que quand il avait cinq ans, vite suivit par Lucy qui lui donna un coup de coude pour qu'il se pousse. Plus mesurés, Albus, Alyne et Scorpius s'approchèrent lentement.
Chacun d'eux avait reçu un pull made-in Weasley avec leur initial sur le devant. Albus rit en constatant que le sien n'était pas à la bonne taille.
- Eh Alyne ? On échange ?
La jeune fille releva la tête vers lui et éclata de rire. Leurs deux pulls avaient la lettre A au niveau de la poitrine mais on pouvait voir que mamie Molly avait dû se tromper en les leur donnant.
Dès qu'Albus eut récupéré le bon pull, il se retourna vers Scorpius qui tenait le sien, d'une belle couleur verte émeraude avec un grand S en laine argentée, l'air de ne pas y croire.
- Il te plaît ? Demanda mamie Molly. Je ne connaissais pas ta taille, je me suis basée sur Albus, mais si tu ne l'aimes pas ou qu'il y a un problème je peux...
- Vous... vous m'avez offert un pull ? A moi ?
La vieille femme parut amusée.
- Evidemment, dit-elle. Tu fais partie de la famille, non ? Ce sont Albus et Rose qui m'ont soufflé l'idée.
Scorpius sentit une vague de chaleur lui serrer la poitrine. Ce n'était peut-être pas le cadeau le plus cher ou le plus impressionnant qu'il ait jamais reçu, mais c'était sans aucun doute celui qui le touchait le plus.
- Joyeux noël, lui souffla Albus, tout sourire.
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