7. Hello, Goodbye (1/2)
Hello tout le monde ! Surprise, surprise !
Et oui, j'ai décidé de poster un petit cadeau d'été parce que ça faisait longtemps. LHDI est après tout mis en pause le temps des grandes vacances, comme d'habitude, mais un petit craquage de bonus n'a jamais fait de mal à personne. Surtout, j'ai enfin réussi à écrire cette partie du bonus donc aucune raison de la garder au chaud : je vous la donne aussitôt.
Et contrairement à ce que j'avais dit... ce n'est pas la dernière partie haha ! Il en restera encore une, celle de la fête de départ de Victoria. D'où le titre de cette partie, "Hello, Goodbye" : le Hello se trouve dans cette partie, le Goodbye dans la prochaine ^^ (et puis une petite référence aux Beatles n'a jamais fait de mal *sifflote innocemment* )
CONTEXTE A LIRE ---> Cette partie se glisse donc cette fois-ci dans le chapitre 31 tant aimé de la partie 4 de O&P, à savoir "L'espace d'un divin après-midi". Je me doute que ça doit un peu remonter pour vous mais du coup c'était le chapitre où Victoria retrouve pour la première fois Emily, Octavia, Julian et Noah après sa sortie des geôles du Ministère. Elle se trouve avec Miles, Simon et Eugenia dans la maison que Simon a hérité des Croupton. Alors let's go !
Et merciii encore à Perri pour le visuel ! ^^
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Hello, Goodbye – Partie 1
« You say, "Yes", I say, "No"
You say, "Stop" and I say, "Go, go, go"
Oh, no!
You say, "Goodbye" and I say, "Hello, hello, hello" »
- The Beatles -
// Avril 1998 //
Noah voyait la vie en jaune.
Du moins, c'est avec ce filtre coloré que ses lunettes de soleil lui laissaient voir le monde autour de lui depuis qu'il avait réussi à les récupérer des mains de Victoria. Parfois, il lui trouvait des airs de pie voleuse : elle aimait lui piquer ses lunettes de soleil, ses plumes les plus chatoyantes, ses crayons colorés, et même ses mugs pour boire du chocolat chaud enroulée dans un plaid sur le canapé. Il l'y avait retrouvé en tout cas plusieurs fois cet hiver quand elle habitait chez eux. La vision avait presque quelque chose d'incongrue aujourd'hui alors que le soleil printanier baignait littéralement le joli jardin aux herbes hautes où ils se trouvaient tous et que Victoria était partie, avait traversé l'Enfer, et en était revenue. Comme si, d'une certaine façon, les rayons du soleil arrivait à les aveugler sur les mauvais souvenirs ; comme si cette réunion entre amis n'était pas complètement improbable. Après tout, il ne connaissait pas la moitié des personnes présentes il y a encore quelques heures.
Par-dessus ses lunettes, il observa la tablée rassemblée en train de savourer les dernières parts de gâteau alors que les coups de seize heures approchaient. L'après-midi était passée lentement, paresseusement à l'ombre du grand arbre proche de la vieille maison qui appartenait à Simon. Ce dernier était assis en bout de table, sa guitare sur les genoux, et grattait les cordes d'une main encore un peu raide mais la mélodie s'accordait parfaitement à l'ambiance. Les filles l'écoutaient distraitement, plongées dans une conversation au sujet du mariage d'Octavia, même si les yeux de Victoria revenaient vers Simon plus fréquemment que ceux de ses amies. Il se retint de lancer une remarque sarcastique. A croire que la légende disait vrai, les guitares marchaient vraiment sur les filles. Il supposait qu'il n'avait rien à dire : les talents de musiciens ne lui avaient jamais fait beaucoup d'effet, ceux en dessin en revanche...
Instinctivement, son regard glissa vers Julian, assis entre Miles et Eugenia. Il souriait à ce que la jeune fille lui racontait – une anecdote sur un animal, une valise, et des clés perdus pendant une semaine s'il comprenait bien – et avait l'air plus détendu qu'il ne l'avait été ces derniers mois. A cette vision, son cœur se serra dans sa poitrine. La guerre avait pesé sur Julian, mais elle avait aussi pesé sur eux. Il l'avait senti dans chaque dispute, chaque regard un peu trop inquiet, chaque moment de tension... Son implication dans l'Ordre avait réveillé des vieilles peurs enfouies et il les avait vu valser dans les yeux de Julian toute l'année, incapable de les apaiser. Pourtant, il comprenait, vraiment. Cette deuxième guerre en Angleterre – provoquée par les mêmes personnes qu'il y a vingt ans – c'était le cauchemar de Julian fait réalité. C'était revivre le souvenir de l'exil, de la « mort » de sa mère, de celle de Matthew... La disparition et l'annonce du décès de Charity n'avaient rien arrangé.
Songer à Charity le fit crisper sa main autour de son verre de limonade qu'Emily avait préparé en tant qu'« aide cuisinière » autoproclamée de Miles tout à l'heure. Il essayait d'éviter d'y penser au maximum, mais parfois la pensée venait le percuter avec la violence d'un uppercut en pleine poitrine : jamais plus il ne reverrait rire Charity Burbage, jamais plus il ne s'époumoneraient sur des chansons des Rolling Stones avec elle, jamais plus il ne pourrait lui faire des confidences autour d'un verre à la terrasse d'un bar. C'était encore étrange à se dire, comme si son cerveau n'arrivait pas à assimiler cette absence si absolue et définitive. Depuis son arrivée en Angleterre à l'hiver 1981, il avait l'impression que Charity avait été en filigrane de sa vie. C'était elle qui l'avait aidé à confronter Julian à son deuil de Matthew, c'était elle qui lui avait ouvert sa porte et prêté son canapé les longues soirées où il venait se plaindre que son couple rencontrait des difficultés au milieu des années 80, c'était elle qui l'avait traîné dans des bars pour lui changer les idées et qui l'avait fait retourner dans les bras de Julian pour enfin régler leurs problèmes, et c'était elle aussi qui l'avait encouragé à prendre le poste de responsable de rédaction quand Liam et Aileen le lui avaient offert. Parce que malgré la mélancolie qui ne l'avait jamais quitté, Charity n'avait jamais cessé d'être un astre solaire comme l'avait surnommé Matthew Bones un jour, le genre de personne qui éclairait l'existence de ceux qu'elle touchait.
Exactement comme Victoria.
Le souffle coincé dans sa poitrine se relâcha en une pression douloureuse. Il n'aurait pas dû repenser à Charity maintenant, pas alors que tout l'après-midi était si parfait, mais le parallèle était dur à ignorer. Pendant des semaines, il s'était persuadé que Victoria était en vie. Il n'avait pas voulu envisager une autre possibilité sinon il en aurait perdu l'esprit. Il y avait une limite à ce qu'un homme pouvait perdre en un court laps de temps et après son activité de Perroquet Noire, réduite à néant du jour au lendemain, la perte de Victoria n'était pas envisageable. Pourtant, une petite voix au fond de lui n'avait pas cessé de lui susurrer que ça ne servait à rien, qu'il se berçait d'illusion... Victoria ne reviendrait pas, pas plus que Charity. Après tout, il y avait raison à ce que la Marque des Ténèbres arrive à masquer le soleil lorsqu'elle était portée haut dans le ciel : les ténèbres recouvraient tout en Angleterre en ce moment. Il suffisait de voir le Chemin de Traverse et l'éclat éteint des sorciers qu'il y avait croisé, traînant les pieds la mort dans l'âme. Et pourtant...
Et pourtant, Victoria Bennett avait déjoué tous les pronostics. Il aurait dû s'en douter. Ce petit bout de gamine agaçante était bien trop coriace pour finir dans les griffes du Ministère. Elle avait touché bien trop de vies pour que son entourage ne lui rende pas la pareille et c'était à ça qu'elle devait sa survie. Il y a une heure, elle lui avait affirmé dans la cuisine que, malgré les sévices subis, elle allait désormais mieux après une conversation sans doute un peu trop larmoyante pour eux mais nécessaire, et il espérait vraiment que ça finirait par s'avérer vrai. Ça demanderait simplement sûrement encore du temps.
Perdu dans ses pensées, il avait lâché le groupe du regard et ne se rendit compte que Julian s'était levé pour se glisser dans son dos qu'en le sentant poser les mains sur lui.
- Eh... ça va ? lui souffla-t-il à l'oreille, penché par-dessus son épaule.
Bon sang, comment est-ce qu'il faisait pour toujours capter toutes les émotions autour de lui ? A croire qu'il partageait le don d'Aileen parfois.
- Ouais, tout va bien, affirma-t-il en feignant une nonchalance qu'il était loin de ressentir. Je médite. Un grand penseur, moi, tu me connais.
- Tu médites, hum ? Que Merlin ait pitié de nous alors !
- Très drôle, Jules. Mes idées sont toujours fantastiques, tu le sais très bien.
- Malheureusement, oui. Alors vas-y, dis-moi, quelle brillante idée t'es venue ? se moqua Julian en se calant un peu plus contre lui.
Il sourit et tenta de trouver une réponse spirituelle, même si son cerveau ressemblait plus à une page blanche à l'instant. Ses pensées avaient été un peu trop déprimantes pour les partager et il ne voulait pas contrarier la bonne humeur de Julian, pas alors que ses mains venaient d'atteindre ses boucles à la base de sa nuque pour jouer avec. Un tic dont il ne s'était pas débarrassé depuis l'adolescence, mais il n'allait pas s'en plaindre, surtout aujourd'hui. Julian devait vraiment être détendu pour se laisser aller à tant de proximité avec des personnes qu'il connaissait à peine juste à côté. En bout de table, Octavia leur jeta d'ailleurs une œillade du coin de l'œil avant de se détourner, les joues empourprées. C'était évident qu'elle n'était pas totalement à l'aise, mais à vrai dire il s'en fichait complètement. Si Victoria – fille de pasteur – avait pu s'habituer à eux, alors il estimait qu'il n'avait pas à faire d'efforts avec ses amis : il avait fait assez d'effort pour toute une vie.
- J'en ai marre des quatre accords de Simon, décréta-t-il soudain. On peut mettre de la musique ? Doit bien y avoir un tourne-disque dans cette baraque, non ?
L'idée venait de fuser, instinctive, et il se dit avec une seconde de retard que c'était peut-être le souvenir de Charity qui l'habitait encore un peu trop. Contre lui, Julian considéra la proposition.
- Sûrement, oui. Il faut leur demander. Mais évite d'insulter la musique de Simon au passage, c'est bien plus que quatre accords en plus.
- Quoi ? T'as peur qu'il ressorte sa baguette contre moi ?
- Honnêtement ? Je pense qu'il ne lui faudrait pas grand-chose et que ça le démange depuis un moment. Alors sois sympa, ok ?
C'était sûrement un bon conseil. Même si Simon s'était apaisé depuis qu'ils avaient appris que Victoria était saine et sauve, il ne lui avait pas tout à fait pardonner de ne pas l'avoir empêché de partir avec Renata le jour de sa rafle, ça se ressentait dans chaque pique acerbe qu'il pouvait lui jeter mine de rien. Pour la forme, il soupira malgré tout.
- Je suis toujours sympa. Sympa est mon deuxième prénom, même.
- Non, t'as pas de deuxième prénom.
L'affirmation, soutenue avec certitude, le fit grimacer.
- Touché, concéda-t-il avant de renverser la tête en arrière pour avoir un Julian teinté de jaune dans son champ de vision. Mais d'accord, je serai sympa. Si tu m'embrasses en échange.
Julian éclata de rire.
- C'est du chantage ?
- Non, un besoin d'encouragement, corrigea-t-il.
- Bien sûr.
Amusé, il battit des cils, l'air aguicheur, et Julian se remit à rire. Son regard se releva une seconde vers la tablée, mais personne ne faisait attention à eux. Même avec la tête penchée en arrière, il pouvait apercevoir Miles et Eugenia désormais en grande conversation, plus proches que tout à l'heure, alors qu'Emily se joignait à eux et qu'Octavia était en train de demander des précisions à Simon sur sa guitare en effleurant le manche avec curiosité. Les cordes vibrèrent de notes dissonantes quand Julian se reconcentra sur lui. Il vit dans ses yeux la seconde où il prit sa décision et se pencha doucement pour venir l'embrasser, ses lèvres légères mais entrouvertes contre les siennes en une sensation agréable.
Le baiser ne dura pas plus de quelques battement de cœur, mais ce fut suffisant pour le faire sourire. Quand Julian se redressa, il ne s'écarta d'ailleurs pas totalement et s'appuya un peu plus contre lui, souriant aussi.
- Oh Merlin, s'exclama soudain Victoria en bout de table, j'avais oublié à quel point tu pouvais être mordu !
Elle les pointait du doigt pour faire bonne mesure, lui et son sourire sûrement idiot, et il lui jeta un regard entendu par-dessus ses lunettes de soleil.
- Pardon Vic' ? Vas-y, répètes moi ça après avoir bavé sur Simon et sa guitare pendant une demi-heure ?
- Quoi ? N'importe quoi !
Sa protestation étranglée s'accompagna d'une jolie flambée sur ses pommettes et Simon tourna la tête vers elle, une satisfaction moqueuse au fond de ses prunelles. Il ouvrit la bouche, mais Victoria le coupa avant qu'il n'ait pu faire la moindre remarque.
- N'essaye même pas, minus.
- Minus toi-même, rétorqua Simon d'un ton qui trahissait une habitude bien rodée.
- Et c'est reparti... grommela Emily, un fin sourire aux lèvres.
Elle roula des yeux pour faire bonne mesure pendant qu'Octavia et Miles échangeaient un regard entendu. Amusé, Noah décida qu'il était temps de mettre un peu d'ambiance. Sans attendre, il se remit sur ses pieds et les bras de Julian le quittèrent alors qu'il contournait la table pour se diriger vers la maison.
- Ramène-toi, Vic' ! lança-t-il par-dessus son épaule. Faut qu'on trouve un tourne-disque ou un lecteur cassette !
Il n'attendit pas pour voir si Victoria le suivait bien et rentra à l'intérieur d'un pas énergique. Le changement de luminosité fit danser des points noirs devant ses yeux un instant, mais il cilla puis enleva ses lunettes de soleil et sa vision se stabilisa. Il se dirigea vers la cuisine. Avant de trouver de la musique, il fallait qu'il retrouve ses cigarettes. Il était à peu sûr de les avoir laissé là-bas en faisant la vaisselle tout à l'heure.
Effectivement, il remit la main sur son paquet, laissé sur le rebord du lavabo lorsque Victoria arriva à son tour.
- C'était un coup bas, me dénoncer pour la guitare, l'accusa-t-elle immédiatement.
- Ce n'était que la vérité, nuance. Pas de ma faute si l'amour t'a rendu assez aveugle pour te faire passer de Miles à un gringalet comme Simon juste à cause d'une jolie sérénade. T'en veux une pour me faire pardonner ?
Vif, il lui présenta son paquet de cigarette, la sienne déjà coincée entre ses dents. Victoria parut hésiter entre lui balancer au visage et accepter, mais elle tendit finalement la main et en piocha une, signe qu'elle n'était pas vraiment en colère contre lui, comme d'habitude.
- Merci, fit-elle en la portant à sa bouche.
- De rien, c'est ma grande mansuétude naturelle, ça. Laisse, je vais te l'allumer.
D'une main, il attrapa sa baguette et la tendit vers elle. Ce qu'il n'avait pas prévu en revanche fut le véritable bond que fit Victoria, parcourue d'un spasme, alors qu'elle alla presque se heurter contre la table de la cuisine derrière elle. La flamme eut juste le temps d'embraser son teint blême et ses yeux écarquillés avant qu'un cri ne quitte ses lèvres. La cigarette qui s'y trouvait encore une seconde auparavant tomba à terre, rougeoyante, et il resta figé, sa baguette suspendue.
Un long silence s'étira entre eux, rompu par la respiration lourde de Victoria. Il n'osa pas faire un autre geste pendant plusieurs secondes et elle resta elle-même paralysée avant de porter lentement sa main vers son visage, comme pour s'assurer que la flamme ne l'avait pas touché. Son estomac se retourna en constatant qu'elle avait soudain les larmes aux yeux.
- Vic'... souffla-t-il d'une voix rauque.
- Désolée, je ne voulais pas... Tu m'as surprise, je m'attendais pas... c'est bête, excuse-moi...
Elle secoua la tête, faisant voler ses boucles brunes plus courtes qu'il ne lui avait jamais vu, et se baissa pour ramasser la cigarette entre leurs pieds. Il arrêta son geste.
- Victoria, qu'est-ce que... ?
Il s'interrompit lui-même. Accroupi à sa hauteur, il remarqua soudain que les larmes avaient fini par déborder et que sa respiration ne s'était pas apaisée. Sa maigre poitrine – bon sang, elle avait vraiment maigri – se soulevait trop vite pour donner l'illusion du contraire. Elle plaqua une main sur son visage pour se cacher derrière.
- Désolée, répéta-t-elle. Ça allait mieux, ça allait mieux...
A la façon dont elle le dit, il comprit qu'elle se fustigeait elle-même, mais ça ne l'empêcha pas de se demander une chose essentielle : qu'est-ce qui allait mieux au juste ? Et pourquoi ? Il n'était pas assez naïf pour croire que ça n'avait pas de rapport avec son enfermement pendant des semaines dans les geôles du Ministère et soudain la colère l'enflamma aussi sûrement que la pointe de sa baguette l'avait fait il y a une minute. S'il écoutait cette colère, il aurait été capable d'aller défoncer la porte du Ministre en personne, de rechercher chaque personne qui avait mis la main sur Victoria ou qui avait été de près ou de loin responsable de ce qui lui était arrivé... A commencer par lui-même, sans doute.
Alors qu'une vague de nausée le prenait, il tenta de refouler sa colère. Ce n'était pas de ça dont Victoria avait besoin à l'instant, non. Il connaissait assez bien cette situation pour le savoir et ses réflexes revinrent d'un coup en la voyant tenter de se remettre sur ses pieds, tremblante.
- Non, l'arrêta-t-il sans la toucher. Reste assise encore un peu.
- Noah...
- On écoute son trésor national, Vic', allez. Voilà, comme ça.
Un vague sourire à travers les quelques larmes qui lui avait échappé, Victoria se laissa faire et s'assied à même le sol, le dos appuyé contre le pied de table. Sa main remonta contre sa poitrine, comme pour évaluer les battements sourds de son cœur dont le pouls s'emballait visiblement toujours un peu trop, puis ses doigts remontèrent jusqu'à son sternum pour s'emmêler autour de ses breloques. L'étoile de David, la médaille de baptême et le nouveau colibri ciselé s'entrechoquèrent en un joli tintement.
- Très bien, encouragea-t-il, maintenant tu vas faire un jeu pour moi, ok ? Tu peux me dire quatre choses que tu vois ?
- Quoi... ?
- Quatre choses que tu vois, Vic, vas-y. Tu te concentres là-dessus.
Il mit autant de fermeté dans sa voix que possible pour l'ancrer au moment présent, même s'il voyait déjà dans ses prunelles qu'elle reprenait contenance à mesure que les secondes s'écoulaient. Il préférait juste être sûr. Il avait vu les crises d'angoisse de Julian s'apaiser pour repartir en flèche sans qu'il ne comprenne bien comment et la réaction de Victoria avait été trop vive pour qu'il prenne ce risque.
Lentement, elle se mit à regarder autour d'elle, la main toujours fermement accrochée à son collier. Il ressentit une certain fierté d'être à l'origine d'un de ses pendentif.
- Je vois la vaisselle en train de sécher... entonna-t-elle dans un souffle. Hum, ton paquet de cigarette... un bout du pot de fleur sur le rebord de la fenêtre et... le livre de cuisine végétarienne de Miles...
- Parfait. Maintenant trois choses que tu peux toucher ou ressentir ?
La réponse fut d'un plus fluide.
- Mon collier, fit-elle avec évidence. La table derrière moi. Et... le sol ?
- Ouais, pas mal. On n'a jamais conscience qu'on est assis sur quelque chose avant d'y penser en vrai.
- Je suppose, oui...
Une esquisse de sourire effleura ses lèvres et il sentit son inquiétude refluer en écho. Elle avait cessé de pleurer au moins et même ses joues reprenaient des couleurs.
- Allez, miss Colibri, tu t'en sors super bien, approuva-t-il. Une dernière : deux choses que t'entends ?
- Ta voix agaçante, ça compte ?
La répartie était sortie avec naturelle, instinctive. Il sut qu'elle était redevenue elle-même.
- Je te ferai dire que tout le monde adore mon accent américain, espèce d'ingrate. Estime toi heureuse, c'était soit cette méthode, soit te mettre de force sous une douche. Mais pour ça, j'aurais appelé Simon.
Ce fut trop facile : Victoria s'empourpra immédiatement, sans comprendre le véritable sens derrière l'anecdote et elle remit debout en le repoussant.
- Noah ! s'insurgea-t-elle. Arrête avec tes remarques suggestives.
- Quoi ? C'est toi qui entend Simon et douche dans la même phrase et qui pense à ça. Ce n'est pas de ma faute si t'as l'esprit mal placé.
Amusé, il se laissa fusiller du regard, puis Victoria fit volte-face en grommelant.
- Viens, on va chercher ton tourne-disque, se déroba-t-elle sans subtilité.
Il hésita une seconde. Il aurait voulu la confronter un peu plus, lui demander des explications sur ce qui venait de se passer, mais sa résolution s'effrita presque aussitôt. Il était évident qu'aujourd'hui, ce dont Victoria avait besoin, ce n'était pas d'un rappel de ce qu'elle enduré : c'était d'une parenthèse entre amis, détachée de la guerre. Il pouvait bien lui offrir ça. Les explications attendraient.
Vingt minutes plus tard, ils ressortirent donc enfin dans le jardin avec un carton de vinyle et le fameux tourne-disque sous le bras. Ils avaient dû fouiller dans plusieurs armoires poussiéreuses pour remettre la main dessus : il était évident que même si la maison était en train d'être remise en état, il restait beaucoup à faire, comme du rangement par exemple. Il avait encore la gorge qui le piquait à cause de la poussière inhalée et les oreilles qui résonnaient des protestations indignés des portraits dans une pièce. Les grands-parents maternels de Simon, lui avait glissé Victoria en refermant la porte sur un « ces affaires sont fragiles, jeunes intrus ! ». Un vrai sens de l'hospitalité ces anglais.
A l'horizon, le soleil commençait à amorcer sa descente et paraît le ciel et ses quelques traînées de nuages d'une couleur entre l'orangé et le rosé. Ça en aurait presque fait une belle peinture. Assis près de Simon, Julian fut le premier à les voir et haussa un sourcil.
- Bon sang, qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ?
- Rien, c'est juste que trouver quelque chose dans cette maison relève d'une exploration. Mais on a fini par trouver, c'est bon.
Il déposa le carton de vinyles sur une table basse dans la véranda ouverte qui donnait sur le jardin et vit du coin de l'œil le regard reconnaissant que lui jeta Victoria alors qu'elle installait le tourne-disque. Pas besoin d'étaler devant les autres ce qui s'était passé dans la cuisine.
- Oh ! Mais comment on n'a pas trouvé tout ça plus tôt ? s'extasia Eugenia en les rejoignant d'un pas bondissant.
Sa tresse blonde lui battit l'épaule alors qu'elle tirait le carton de vinyles vers elle et y plongea le nez avec enthousiasme.
- Tes grands-parents écoutaient de la musique moldue ? s'étonna-t-elle en brandissant une pochette avec la tête de Michael Jackson dessus.
- Ca avait pas l'air d'être leur style, renchérit Miles, étonné.
Presque prudemment, Simon se leva à son tour pour venir voir, les autres dans son sillage. Il fit défiler quelques vinyles pour en voir les titres et fronça les sourcils.
- Non, je ne pense pas que ça soit à eux, évalua-t-il. La plupart date même d'après leur mort. Lysandra a dû stocker des choses ici au fil du temps, c'est plus probable.
- Et on la remercie, s'exclama Emily avec entrain. Sinon, on aurait été obligé d'écouter du Celestina Moldubec toute la soirée.
- L'enfer... confirma Eugenia. Bon alors, qu'est-ce qu'on met ?
- Pas les Beatles !
Le cri venait de Victoria, qui avait visiblement terminé d'installer le tourne-disque et n'attendait plus que de lancer la musique, et tous les regards se portèrent vers elle. Julian eut une expression indignée alors que Simon tentait de dissimuler un rire en quinte de toux.
Très vite, ce fut le chaos. Chacun avait un avis musical différent : Octavia paraissait dépassée et demanda qui était David Bowie à un Simon outré ; chaque proposition d'Eugenia était rejetée par Emily tandis que Miles tentait de trouver un compromis ; et Julian était partie pour analyser la pile de disques en entier, concentré. Un débat s'engagea alors entre tout le monde pour être le premier à choisir un album et il se rapprocha de Victoria, un peu à l'écart, amusé.
- T'as eu ta dose de Beatles, c'est ça ? se moqua-t-il à voix basse pour ne pas que Julian l'entende.
- Pour toute une vie, confirma-t-elle. Et pourtant, je suis prête à reconnaître que les chansons sont géniales, mais là c'est une obsession. On peut être anglais et aimer autre chose.
Il laissa échapper un rire.
- Parce que tu crois qu'il aime parce qu'il est anglais ? Il aime grâce à moi, oui, détrompa-t-il.
- Toi ?
- Ouep. Tu lui demanderas un jour pourquoi Hey Jude est sa chanson préférée.
Perplexe, Victoria lui jeta un regard perdu et il sourit un peu plus, mystérieux. Elle roula des yeux. Puis, venue de nulle part, une certaine nostalgie l'étreint et il se sentit obligé de préciser :
- Enfin... c'est grâce à moi en partie seulement, nuança-t-il sans la regarder directement. En vrai, il a vraiment aimé un peu plus tard... avec Matthew et Charity. C'était elle, la fan absolue. Elle pouvait convertir n'importe qui. Je crois qu'à sa façon, c'est un peu pour leur rendre hommage...
- Oh...
Victoria ne trouva rien à répondre, mais il vit qu'elle avait compris la symbolique derrière la passion étrange de Julian, comme s'il pouvait retrouver deux de ses meilleurs amis à travers une musique révolue elle aussi, mais dont le souvenir transcendait les décennies. Une sorte de caractère intemporel qui allait bien avec le fantôme de Matthew et Charity... Compatissante, elle appuya son épaule contre la sienne en soutien silencieux, et il secoua la tête. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Cette après-midi devait être une parenthèse.
- Bon allez ! lança-t-il au groupe qui continuait de se disputer autour du carton. C'est Vic' qui choisit. C'est elle qui va nous faire un karaoké de toute façon pour se ridiculiser.
- Pardon ? s'étrangla l'intéressée.
Simon eut un sourire amusé.
- Le Roi Lion, toussa-t-il, un éclat malicieux dans ses prunelles vertes.
- La ferme, Bones, menaça Victoria avant de s'avancer vers le carton. Très bien, c'est moi qui choisit. Mais on aura au moins du ABBA à un moment dans la soirée par contre. Pour mon plaisir personnel.
Il lui fit un geste grossier pour toute réponse et elle éclata de rire. Son choix se porta ensuite sur un album de Kate Bush. Alors que la musique emplissait le jardin en fond sonore, ils retournèrent s'assoir autour de la table et les conversations reprirent de plus belle à mesure que le soleil entamait toujours un peu plus sa descente. Ils se lancèrent dans un grand débat sur la musique moldue contre la musique sorcière où Octavia se mit à parler historicité et sociologie à un tel niveau que Miles et Emily la firent taire en lui envoyant des grains de raisin qu'Eugenia avait ramené dans une jolie coupelle. Elle poussa un cri indigné sous le rire de Simon, avant que ce dernier ne se remette à parler avec Julian pour lui demander des nouvelles de ses anciens camarades de promotion de l'IRIS. Il s'engagea lui-même à un moment dans une conversation avec Emily pour tenter de lui soutirer des anecdotes embarrassantes sur Victoria, mais elle s'avéra être une meilleure amie en béton : pas un mot ne filtra. Déçu, il dévia sur ce qu'elle faisait dans la vie et elle lui expliqua sommairement son poste à Ste-Mangouste. Vu sa grimace, il devina ce qu'elle ne disait pas, combien l'atmosphère devait être pesante, les choses difficiles. Elle lui avoua au bout de plusieurs minutes que tous les employés avaient été convoqués la semaine passée à cause de tracts qui circulaient et qui commençaient à inquiéter la direction.
- Ils nous l'ont montré... je ne l'avais pas vu avant, j'essaye de me tenir le plus loin de tout ça au cas où, surtout que je savais qu'on aurait pu me surveiller après... ce qui est arrivé à Vic', articula-t-elle avec difficulté. C'était un arc de triomphe avec des noms à l'intérieur. Une collègue à moi a dit que c'était important ce genre de message en ce moment... Elle n'est pas revenue le lendemain. Je ne sais pas si elle a été virée ou...
Le « ou... » laissa suspendu entre eux des possibilités plus sombres et il déglutit. Dans un flash, il n'eut aucun mal à visualiser le fameux arc de triomphe : il se souvenait encore quand il avait jailli de sa plume, Victoria penchée sur son établi à ses côtés à lui prodiguer des conseils. Un de tes meilleurs de dessin de propagande, lui avait avoué Lupin avec une expression illisible lorsqu'il le lui avait remis, les yeux fixés sur les noms de James et Lily Potter en haut de l'arc. Il avait été d'accord. Et dans sa poitrine se disputaient la sensation d'avoir fait quelque chose de primordiale et la culpabilité que son engagement ait encore coûté un peu plus à quelqu'un. Emily dû percevoir son trouble et il s'empressa de le rassurer. Il fut impressionné de sa vivacité d'esprit : elle n'avait appris qu'il était le Perroquet Noir que depuis cette après-midi.
Il balaya le sujet de la main. A croire que la lourdeur de la guerre ne voulait pas arrêter de s'infiltrer en lui aujourd'hui, mais il était décidé à passer un bon moment. En tout cas, il était décidé à ce que ça soit le cas pour Victoria au moins. Assise tout près de Simon, il la vit parcourir la tablée du regard, l'air de soudain peiner à réaliser qu'ils étaient tous réunis et la vision lui fit chaud au cœur. Il ne fut pas le seul à s'en apercevoir. Simon posa sur elle un long regard attendri, puis agita négligemment sa baguette vers le tourne-disque.
Une seconde plus tard, des notes familières s'élevèrent dans l'air. Victoria bondit presque ses pieds.
- Oh mon dieu ! Oui !
Il sourit à son tour.
- Vic', c'est l'heure du karaoké ! lui lança-t-il en se levant.
Il lui tendit la main pour la remettre debout et elle ne se fit pas prier alors que Octavia, Miles, et Emily leur jetaient des regards perplexes. Eugenia plissa les yeux.
- Je crois que je connais... fit-elle, la tête penchée pour mieux écouter.
- Mais il faut connaître ! affirma Victoria.
Et alors ils furent partis tous les deux, inarrêtables. Face à face, ils se mirent à hurler à plein poumon comme s'ils étaient sur une scène imaginaire :
Mama, just killed a man
Put a gun against his head, pulled my trigger, now he's dead
Mama, life had just begun
But now I've gone and thrown it all away
Il était à peu près sûr de chanter faux sur la moitié des notes, mais la voix de Victoria rattrapait le tout. Sur la deuxième partie de la chanson, plus rythmée et entraînante, ils se mirent à sauter sur place et il la fit tournoyer sous son bras tendu alors qu'elle continuait à hurler la chanson en riant. Les autres les encouragèrent en frappant dans leurs mains. Quand ils se mirent à chanter en canon sur les derniers couplets – avec un « Galileo » particulièrement aigu – il était à bout de souffle et les boucles de Victoria complètement décoiffés à force d'avoir dansé.
Ils n'eurent pas le temps de savourer les applaudissements de leur prestation que la chanson suivante résonnait déjà : le God Save The Queen version instrumental. Il connaissait assez l'album pour savoir que c'était la dernière piste et ils se remirent à chanter spontanément. Victoria tira Emily sur ses pieds alors que cette dernière protestait, mais bientôt les deux meilleures amies étaient bras dessus bras dessous à hurler l'hymne anglais en cœur. Toujours assis à leur place, les autres suivirent et ce furent bientôt un concert de huit voix qui montèrent vers le ciel à la gloire de la reine.
- Oh Merlin, s'exclama Victoria dans un éclat de rire quand l'album se termina. Une autre, allez !
Personne ne put lui refuser, pas ce soir. Le soleil était presque couché désormais et avait laissé place à un bleu crépusculaire accompagné d'une douce brise printanière. Simon et Eugenia sortirent leur baguette pour créer des boules de feu qu'ils suspendirent au-dessus de la table, baignant leur bout de jardin d'une lumière dorée, et il enleva le disque de Queen pour en mettre un nouveau. Les yeux de Victoria se mirent à briller d'amusement et elle fut prise d'un fou rire.
- Je te le donne ce soir en cadeau, miss Colibri, prévint-il. C'est la dernière fois !
- Et je le chérirai jusqu'à la fin de ma vie.
Les mains au niveau de la poitrine, elle se remit alors chanter avec lui Dancing Queen, massacrant la chanson à force de rire. Ce n'était pas grave : il connaissait assez les paroles pour deux. Il poussa même le vice à danser un peu, juste pour la faire rire un peu plus, et l'effet ne loupa : elle s'écroula presque contre Emily, hilare. Les autres riaient aussi et Eugenia se mit à tournoyer sur elle-même en se déhanchant au rythme de la chanson après que Miles eut refusé de se lever pour danser avec elle. Simon le regardait quant à lui avec consternation, un grand sourire aux lèvres, et il sut qu'il lui donnait des cartouches pour ses futures piques pour le restant de ses jours. Et alors qu'il chantait le refrain toujours plus fort, il pivota pour avoir Julian dans son champ de vision. Son poing contre sa bouche pour cacher son rire, il l'observait avec attention, ignorant Eugenia, Victoria et Emily qui s'étaient mises à faire une chorégraphie toutes les trois.
La musique changea. La nuit était totalement tombée désormais et les nimbait d'un voile sombre auréolé de la lueur de sort des boules de feu en suspension. L'ambiance était lancée maintenant : les filles faisaient signes à Octavia de les rejoindre, Victoria avait pris les mains de Simon dans les siennes juste pour esquisser quelques mouvements de danse et il se rapprocha de Julian en calant ses pas sur la cadence d'ABBA, les bras tendus devant lui.
Gimme, gimme, gimme a man after midnight
Won't somebody help me chase the shadows away?
Gimme, gimme, gimme a man after midnight
Take me through the darkness to the break of the day
Julian secoua la tête en riant.
- Hors de question, fit-il.
- Allez, Jules ! supplia-t-il d'une voix plaintive. Gimme gimme gimme a man !
Les paroles le firent sourire un peu plus. Arrivé devant lui, il emprisonna ses mains entre les siennes et contrairement à Victoria, il ne laissa aucun choix : il tira Julian vers lui et ce dernier se laissa faire sans résistance. Fier de lui, il enroula ses bras autour de ses épaules. Les années lui avaient appris plusieurs choses sur Julian Shelton : il n'était pas mauvais danseur, il fallait juste le pousser un peu et l'alcool aidait pour cela, mais n'était pas non plus nécessaire. Ce soir en était la preuve. L'atmosphère légère et heureuse avait de toute façon achevé de contaminer tout le monde, même Simon et Miles, et ils dansaient maintenant tous autour de la table en chantant plus ou moins les bonnes paroles.
La plupart des vinyles y passèrent : Octavia et Eugenia firent une reprise très personnelle d'une vieille chanson sorcière anglaise qu'il connaissait mal, Victoria et lui se firent un plaisir de refaire un duo sur You give love a bad name de Bon Jovi en pointant du doigt Simon et Julian respectivement sur la première phrase « shot through the heart and you're to blame ; darlin', you give love a bad name », et Emily leur fit une imitation absolument fantastique de Celestina Moldubec dans sa période années 70.
Leur énergie finit par retomber vers 22h. Ils n'avaient toujours pas mangé, mais personne n'avait plus la force de se relever. Il était lui-même affalé dans un transat, les yeux fixés sur le ciel en train de fumer alors que le murmure des conversations le berçait à côté. Il n'entendait pas exactement ce que les autres disaient, mais ce n'était pas grave : il avait besoin de souffler un peu.
Du moins, il l'aurait bien voulu. C'était sans compter l'ombre qui tomba sur lui et il releva la tête pour découvrir Simon planté devant lui, les mains dans les poches.
- Tu sais que ça fait ridicule de les porter en pleine nuit, pas vrai ? lui fit-il remarquer en pointant ses lunettes de soleil qu'il avait remis à un moment sans bien savoir pourquoi.
La pique le crispa immédiatement. Comme souvent ces temps-ci avec Simon, il ne savait pas interpréter avec précision son sarcasme, mais il sentait bien la pointe de colère qui demeurait.
- Je m'en doutais, oui. Et ?
- Et rien, apaisa Simon d'un haussement d'épaule. Je me demandais juste pourquoi tu les mettais dans ce cas.
Sur la défensive, il se redressa en position assise et souffla la fumée de sa cigarette vers les étoiles avant de regarder Simon par-dessus ses lunettes.
- Pour la même raison que tu te trimballes avec un bonnet orange troué tout l'hiver, énonça-t-il d'une voix plate. Ça te suffit comme raison ?
- Quoi ?
Simon avait perdu son rictus. Il en ressentit une pointe mesquine de satisfaction et releva ses lunettes dans ses cheveux. Le monde retrouva ses couleurs originelles, sans filtre jaune.
- Elle appartenait à ma mère, expliqua-t-il laconiquement. C'est tout. Je les ai depuis plus de dix ans...
- Oh...
- Ouais. C'est l'histoire compliquée et tragique d'Heather Douzebranches que je te raconterai une autre fois, ok ? Tu voulais quelque chose ?
Simon ne répondit pas tout de suite. Il avait sorti ses mains de ses poches et pianotait du bout des doigts contre le haut de sa jambe d'un geste nerveux. Il avait assez vu Julian faire la même chose pour le reconnaître, même si celui de Simon semblait suivre un autre cadence. Une mélodie peut-être ? En tout cas, il était sacrément en rythme avec la chanson sorcière qui passait en fond à bas volume.
- Oui, en fait, finit-il par avouer en se râclant la gorge. Je... Vicky m'a dit. Pour tout à l'heure, ce qui s'est passé dans la cuisine. Enfin, elle a juste dit à Eugenia qu'elle avait un peu paniqué à cause d'une flamme et que tu l'as aidé. Elle l'aide depuis qu'on est arrivé ici et j'étais à côté, j'ai entendu.
- Ah.
Ce fut à son tour de ne pas savoir quoi dire. Il était évident que Victoria faisait confiance à Simon : elle n'aurait pas raconté cet épisode à Eugenia avec Simon à portée de voix si elle ne l'avait pas voulu. Elle n'était pas stupide. Ça ne lui disait en revanche pas pourquoi Simon venait le voir lui pour en parler.
Devant son mutisme, Simon soupira, l'air gêné.
- Ecoute, entonna-t-il, ça m'écorche la bouche de le dire mais... merci. De l'avoir aidé. C'est tout.
- Quoi ? Simon Bones vient de me remercier ? Où sont les feux d'artifice et l'orchestre ?
- Et voilà, je le regrette déjà.
Il ne put s'empêcher de relâcher un rire moqueur avec la fumée de sa cigarette. Au fond de lui, une pointe de reconnaissance le traversa tout de même et il fit un geste fugace vers Simon, mine de rien.
- Pas de quoi, je suppose. Je n'allais pas la laisser faire une crise de panique toute seule dans la cuisine. En plus... disons que j'ai l'habitude de les gérer depuis un moment.
- De les gérer depuis... ? Celles de Vicky ?
Les yeux de Simon s'écarquillèrent, alerte, et il comprit soudain que ses mots avaient été mal interprétés.
- Quoi ? Non, non. Elle n'en faisait pas, pas chez nous. Je parlais de... (Il se coupa lui-même, soudain peu désireux de s'étendre sur sa mère, Julian et Charity qui étaient tous passés par-là à un moment). Laisse tomber. T'inquiète pas, elle va bien.
- Oh... souffla Simon, rassuré.
Il resta pourtant toujours planté devant lui, l'air de ne pas savoir s'il devait ajouter ou non quelque chose. Ce n'était pas grave : il avait encore des choses à dire, lui, et peut-être qu'il était temps de le faire. Les non-dits entre eux s'accumulaient depuis trop longtemps.
- Tu sais pourquoi j'ai été dur avec toi à partir du moment où on s'est rencontré, Bones ? entonna-t-il, mine de rien.
Simon cilla. Il s'attendait visiblement pas au changement de discussion, mais son esprit vif se remit sur les rails très vite et il croisa les bras, défensif, avant de secouer la tête.
- Ah, y'avait une raison ? J'ai toujours cru qu'être un con était une seconde nature chez toi.
- Hilarant. Non, pas une seconde nature, ça m'est juste venu après avoir été un peu trop jugé pour ce que je suis, mais passons...
- Je ne t'ai jamais jugé, coupa Simon avec fermeté. Qu'on se le dise, j'ai même été le premier à dire à Victoria que... qu'il n'y avait rien de mal à ce qu'un homme en aime un autre.
Dans l'éclat de ses iris vertes, rendues sombres par la nuit, il vit clairement que ce point lui importait et il le lui concéda d'un hochement de tête. La réticence première de Victoria l'avait plus atteint qu'il ne l'avait laissé paraître et même si elle était complètement derrière elle aujourd'hui, l'ouverture d'esprit de Simon était louable. Elle n'aurait pas dû l'être, mais elle l'était...
Malgré tout, il ne put s'empêcher de se fendre d'une réplique sarcastique, juste pour le plaisir.
- Et on te remercie pour ton soutien à notre cause de l'amour universel, railla-t-il avec désinvolture. Mais non, ça n'avait rien à voir avec ce sujet-là.
- Non ? Alors qu'est-ce que je t'avais fait ? rétorqua Simon en ignorant sa pique, comme pour lui prouver qu'il était au-dessus.
- A moi, rien. A Julian par contre...
Il laissa sa phrase en suspens le temps de tirer une bouffée de sa cigarette, réduite de moitié désormais, et l'indignation fit décroiser ses bras à Simon.
- A Julian ? répéta-t-il en les écartant de part et d'autre de lui, surpris. Je n'avais rien fait à Julian, arrête.
- Non ? T'es sûr ? Tu ne l'a pas blâmé de t'avoir caché la vérité sur son lien avec Matthew quand t'as appris la vérité ?
- Quand j'ai... quoi ? Pendant le rendez-vous avec Vicky et Octavia ? C'est de ça dont il s'agit ? Bon sang, Noah, j'étais énervé ! On venait pour un projet de livre historique, un simple entretien, et là j'apprends quoi ? Que mon tuteur avec qui je travaille depuis des mois était en fait le meilleur ami de mon frère décédé ? Oui, évidemment que j'étais énervé !
- Et tu lui as bien comprendre.
Les yeux écarquillés, Simon jura.
- Merlin, c'est faux ! J'ai dû lancer une ou deux piques ce jour-là, c'est tout.
- Et les jours d'après ? La distance, les conversations monosyllabiques ?
- Quoi les jours d'après ? Oui, j'ai pu lui refaire sentir que je me sentais trahi, mais j'en avais le droit ! Et tout s'est arrangé un peu après, surtout quand Vicky est venue chez vous. Tu l'as vu !
C'était vrai, il pouvait aussi lui reconnaître ça. Au fil des semaines, s'il avait développé une sorte de relation entre amitié et grand frère-petite sœur avec Victoria, il avait vu la même chose se jouer entre Simon et Julian. Leur relation avait d'abord été teintée de cette distance étrange du professeur et de son élève, puis de la transition non pas moins étrange de réussir à se défaire des souvenirs du passé pour laisser vivre le présent. Petit à petit, Julian n'avait plus vu Simon comme le gamin de trois ans toujours dans les jambes de Matthew, tout comme Simon n'avait plus vu en Julian le meilleur ami de son frère décédé. Il avait surtout vu le poids quitter leurs épaules et il en avait été soulagé parce qu'il n'y avait rien dans sa vie qui le faisait plus sourire que de voir Julian Shelton heureux. Mais ça ne compensait pas tout.
Ça ne compensait pas la culpabilité de Julian le soir où il était rentré à la maison après le rendez-vous, inquiet que Simon lui en veuille. Il s'en était voulu de ne pas avoir pris de nouvelles ces quinze dernières années, de ne pas avoir plus insisté auprès des Bones alors même que Noah savait que ça aurait été un suicide psychologique que de le faire. Son deuil de Matthew avait été bien assez difficile sans y rajouter le traumatisme à gérer de Simon.
- Ok, très bien j'entends ce que tu dis, concéda-t-il à ce dernier d'une voix froide. Mais t'oublies quelque chose avec ta colère si légitime et ton sentiment de trahison : tout le monde lui avait dit de ne rien te dire. Dès que tu as mis un pied à l'IRIS, ça a été les ordres de Dumbledore et de Rose Bones. Soi-disant que tu n'étais pas prêt pour la réalité.
- C'était vrai avant mais...
- Mais ça, Jules ne pouvait pas le savoir. Et crois-moi, ça ne lui plaisait pas. Ça ne lui a jamais plu. C'est pour ça qu'il t'avait donné le foutu bonnet orange, ce jour-là sur le Chemin de Traverse. Tu le savais ?
A nouveau, Simon sembla pris de cours. Il eut l'air de chercher le piège dans ses paroles, puis finit par lâcher d'un timbre rauque :
- Comment ça ? Il a dit qu'il me l'avait donné parce que... parce que j'avais froid et que comme ça, je pourrais me rappeler Matthew. Parce que j'étais trop petit...
- C'est vrai. En partie seulement.
La colère qui l'avait saisi ce jour-là face à l'expression défaite de Julian lui revint une seconde et il inspira avant d'expliciter sous le regard perdu de Simon.
- Rose ne voulait pas qu'il te le donne, révéla-t-il, les épaules tendues. Elle avait peur que ça te provoque une crise, elle lui demandait de façon assez... véhémente de ne pas dire un mot sur Matthew. Julian était presque en train de s'engueuler avec elle sur le côté de la route, les gens nous regardaient... Finalement, il l'a juste ignoré et il t'a donné le bonnet en voyant que tu le fixait. Peu importe ce que disait Rose, ça lui était insupportable que tu ne saches pas que ton grand frère t'aimait.
Il regretta presque sa dernière phrase, incertain. Il s'était laissé emporter par le récit, mais il n'était pas assez cruel pour vouloir vraiment du mal à Simon et leva un regard prudent vers lui. Figé tel une statue de sel, il pianotait du bout des doigts contre sa jambe plus follement que jamais et sa mâchoire était si serrée qu'il devait en avoir mal aux dents. Il le laissa encaisser sans rien ajouter et se demanda s'il lui restait quelques souvenirs de cette scène. Probablement pas, il était trop petit.
Plus vite qu'il ne l'aurait cru, Simon se décrispa pourtant et déglutit dans un souffle tremblant.
- C'est aussi pour ça que tu m'en veux alors ? Que ça ait fait mal à Julian que j'ai... réprimé tout ça ? Le souvenir de mes frères ? Parce que c'est vraiment injuste si c'est ça ! cingla-t-il et sa main plongea d'elle-même dans sa poche, sûrement là où se trouvait sa baguette. Ce n'était pas... ce n'était pas une décision, ni même conscient ! Je m'en suis assez voulu tout seul, bon sang !
- Je sais. Crois-moi, je le sais, ça. Mais la colère n'est pas rationnelle, pas plus qu'un traumatisme ok ?
- Mais moi j'étais un gamin !
Et toi, un adulte, espèce d'immature, semblait-il vouloir ajouter même si Noah l'entendit parfaitement dans le regard à la fois implicite et explicite que Simon lui décocha avec rage. Ce regard, il l'avait tant reçu dans sa vie qu'il ne tressaillit même pas et reprit juste une bouffée de tabac pour se calmer.
- Peut-être, oui. Et je n'aurais pas dû faire peser ça sur toi, on est tous d'accord, tu pourras l'ajouter à la liste de mes mauvaises décisions. Fais gaffe, c'est un long parchemin. Recto-verso au moins, maintenant, fit-il avec autodérision. Mais c'est comme ça. Tu faisais souffrir Jules. Et je n'aime pas ce qui fait souffrir Jules. C'est une formule arithmétique presque à ce stade. En plus, tu ruinais tous les efforts que j'avais pu lui faire faire par rapport à Matthew... C'était infernal.
Là encore, il eut la sensation d'avoir parlé trop vite. De toutes les personnes possibles, il n'avait pas eu l'intention de livrer à Simon Bones son impuissance et sa lassitude vis-à-vis du régressèrent de Julian sur la mort de son meilleur ami. Les choses s'étaient tellement stabilisées depuis la moitié des années 80 et voilà que la guerre et l'arrivée dans leur vie de mini-Bones avaient tout fait voler en éclat. A croire que c'était l'ultime façon de Matthew de se moquer de lui, même depuis les cieux.
Mal à l'aise, il espéra que Simon ne s'attardait pas sur la révélation – il ne voulait pas courir le risque qu'il le répète à Julian d'une manière ou d'une autre car l'accabler était la dernière chose qu'il voulait – mais Simon avait les yeux perdus dans le vague, l'air distant. Il allait lui demander si tout allait bien, conscient de sans doute y avoir été un peu fort, lorsque celui-ci reprit.
- Tu sais quoi ? articula-t-il avec difficulté, soudain pris à la gorge par une émotion audible. Je crois que si j'ai projeté ma colère sur Julian, si je l'ai rejeté au début, c'est parce que... je sais pas... Avant lui, je voyais surtout Matthew comme un fantôme. Je commençais à accepter qu'il était mon frère, mais c'était plus... une idée un peu abstraite. Enfin je l'avais toujours su, mais j'avais tellement essayé de l'oublier que j'en venais à m'en convaincre certaines jours et j'avais peu de souvenirs auxquels me raccrocher. (Il marqua une pause, le souffle court, et ferma les yeux une seconde avant de les rouvrir, soudain brillants). Alors rencontrer Julian... poursuivit-il lentement. Je sais pas... Ça m'a permis de voir que Matthew était plus que ça. Il avait vécu, il avait eu des amis, il avait été...
Frustré, Simon chercha son mot les poings crispés, et il tenta de l'aider, soudain plus compréhensif de son vécu.
- Réel ? proposa-t-il.
- Oui, oui, je suppose que c'est ça. J'ai juste réalisé que Matthew avait été une vraie personne, qu'il avait connu des gens et que ces gens pensaient encore à lui. C'est bête, je sais. Mais c'était une nouvelle vague en pleine figure. Ou un boomerang, je crois que c'est ce que j'avais dit à Vicky. A chaque fois que je pensais en avoir terminé, ça ressurgissait encore et encore. Julian a été un nouveau coup de boomerang...
Doucement, les yeux de Simon se réancrèrent à la réalité et, gêné, il se frotta l'arrête du nez, sûrement conscient de s'être un peu trop confié lui aussi. Il fit exprès de renverser la tête en arrière en faisant mine de contempler le ciel étoilé pour le laisser reprendre contenance.
- Enfin bref, conclut-il en se râclant la gorge. J'ai juste compris que j'avais pas le monopole de la douleur non plus et voilà...
Presque apaisant, le silence retomba sur eux. Tout avait été dit. Noah retint un soupir. Il comprenait soudain beaucoup mieux le comportement de Simon pendant cette période et même s'il ne regrettait pas totalement le sien – Jules passait en premier, ça avait toujours été sa seule règle – il s'en voulut de ne pas avoir amené cette discussion plus tôt. De toute façon, une petite voix lui fit remarquer que ça n'aurait servi à rien : si Simon pouvait parler aussi librement aujourd'hui, c'était qu'il avait parcouru un long chemin. Un chemin sur lequel il n'avait pas autant engagé l'hiver dernier.
Entre ses doigts, sa cigarette s'était consumée presque entièrement et il sentit la chaleur lui effleurer la peau au niveau du filtre. Il décida de faciliter les choses à Simon, visiblement mal à l'aise de ne pas savoir sur quoi enchaîner, tout en l'éteignant contre le rebord du transat.
- Bon, autant qu'on se le dise, Bones : on ne s'appréciera jamais complètement toi et moi. C'est un fait, trancha-t-il avec évidence. T'en fais pas, je peux très bien vivre avec, j'ai supporté Matthew et il était encore plus agaçant que toi si je dois juger. Mais tu sais quoi ? ajouta-t-il après une seconde de réflexion. On avait presque fini par s'entendre, lui et moi. Parce qu'on s'était rendu compte que malgré tout on avait une chose en commun et cette chose c'était qu'on tenait à Jules. Alors il n'y a pas de raison pour que ça soit différent pour Victoria.
La comparaison avec Matthew parut tendre Simon, mais il ne protesta pas et Noah poursuivit :
- Crois-moi, si je m'écoutais, j'irai foutre mon poing dans la figure à ceux qui ont retenu Vic', exactement comme toi. Mais on ne le fait parce que sa sécurité est plus importante et on peut au moins être d'accord là-dessus.
- Nestor Selwyn, lâcha brusquement Simon, mâchoire serrée. Oui, on peut être d'accord là-dessus, mais au cas où si l'occasion se présente, retiens-le nom. C'est lui le responsable et peu importe qui lui tombe en premier dessus, ça m'ira parfaitement.
Pas besoin de lui répéter. Le nom se grava dans sa mémoire avec en lettres de feu et il hocha la tête.
- Noté, assura-t-il.
- Parfait. Alors ça me va. Je trouve toujours que t'es un con quand tu t'y mets et que Julian est la meilleure chose chez toi, mais... on arrivera sans doute à trouver un terrain d'entente.
La conclusion était semi-encourageante, mais il l'avait mérité. A bien des égards, il avait sans doute fait lui-même ce qu'il avait reproché à Julian de faire : projeter Matthew sur son petit frère. Et force était de constater qu'ils avaient un caractère assez différent, même si leur impertinence et leur humour se rejoignaient sur quelques points. Les points qui l'agaçaient au passage. Il devait être un peu hypocrite sur les bords s'il était honnête avec lui-même, mais qu'importe. Si Julian avait enfin réussi à se débarrasser du fantôme Matthew, il supposait qu'il pouvait le faire aussi pour mini-Bones. Avec ses talents en magie en prime, il en avait même tout intérêt.
Face à lui, Simon avait retrouvé un vague sourire et ils se jaugèrent du regard encore quelques secondes avant qu'il ne se relève, fataliste.
- Allez, c'est bon, assez de cœur ouvert pour aujourd'hui. Oh et pour information...
- Ouais ?
- Je trouve aussi que Jules est la meilleure chose chez moi. Ajoute ça à notre terrain d'entente.
La remarque lui valut simplement un léger rire et, ensemble, ils se redirigèrent vers le groupe toujours attablé. Les conversations avaient l'air moins animé – Octavia luttait clairement pour ne pas s'endormir face à Eugenia qui lui parlait de créatures magiques – et il ralentit le pas une seconde pour se pencher vers Simon.
- Eh, une dernière chose. Tu peux me faire une faveur pour avoir aidé Vic' tout à l'heure et mettre une dernière chanson ?
- Laquelle ? se méfia-t-il, suspicieux.
Un rictus vint étirer le coin de sa bouche et il remit ses lunettes de soleil en place d'un geste fluide.
- Hey Jude, dit-il simplement.
- Oh par tous les mages, ça y est... Je peux déjà plus t'encadrer.
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Verdict ? ^^
J'avoue, je n'ai écrit cette partie que pour avoir Vic et Noah en train d'hurler sur du Queen devant tout le monde. Voilà, tout est parti de là haha ! C'est même la première chose que j'ai dit à Perri quand j'ai fini son chapitre : "une ambiance pareille, ça mérite une scène dans ce style... Tu veux pas l'écrire ?". Malheureusement, elle n'avait pas le temps dans O&P donc j'ai pris les choses en main et voilà ce que ça donne haha ! 9000 mots autour de tout ça pour rajouter un peu de matière tout de même et on se retrouve avec un bonus.
Bon clairement, je me suis fait plaisir. J'ai casé plein de chansons que j'adore, c'était très fun à écrire haha !
Concernant la conv entre Noah et Simon, elle est arrivée tardivement. J'avais presque entièrement écrit le bonus sans (juste la partie au sujet de Vic), mais je trouvais que ça manquait de corps... Et là j'ai eu l'illumination en pleine relecture d'O&P et en relisant les moments où Simon rencontre Julian et comprend la vérité de son lien avec Matthew. Je me suis placé du point de vue de Julian en me disant que ça avait dû être dur à vivre malgré tout et que Noah était au première loge pour voir les blessures se rouvrirent. Or, on sait bien que Noah est un vrai chien de garde quand il s'y met : peu importe que Simon ait toutes les raisons de vivre les choses difficilement, on touche pas à Jules. Voilà, point. Et mine de rien, la colère de Simon qui se barre en plein milieu du repas chez Leonidas et Lysandra quand il apprend pour Charity et Matt - la goutte d'eau qui fait déborder le vase on peut dire - ça a dû vraiment mettre Julian mal. Alors imaginons comment Noah l'a vécu, surtout que lui et Simon ne vont cesser par la suite de s'accrocher dans leur personnalité forte (exactement comme Noah et Matthew l'avaient fait des années plus tôt au demeurant). Toutes ces réflexions ont donné cette partie du bonus, voilà !
Quant à la partie entre Noah et Vic, je me suis dis que c'était intéressant de mettre les capacités de Noah à gérer les crises d'angoisses au service de la peur de Vic du feu. Et puis leur relation est tellement incroyable que ça m'a fait plaisir de l'écrire.
Voilààà ! Pour la dernière partie, je ne sais pas quand je l'écrirai mais dès que c'est fait, je vous la poste ^^ J'espère que ça vous parait pas trop bizarre maintenant que O&P est terminé... ?
Bel fin d'été à tous.tes, on se retrouve à la rentrée ! *keur sur vous*
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