6. A coeur et à cris

Allez, c'est déjà la suite ! Dans la foulée de cette partie 5, je vous offre la 6 parce que les deux vont ensemble. A vrai dire, je les ai écrit en même temps. A la base, ça devait être une seule partie, mais ça devenait si long que j'ai coupé en deux (on appelle ça une Perri dans le jargon). Sooo j'espère que ça vous plaira. La dernière partie était plus calme - elle a eu moins de commentaire - mais c'était parce qu'elle avait pas mal de description/action. Celle-ci est assez différente dans le ton du coup, même si on reste sur le même évènement, à savoir la disparition de Victoria. 

A LIRE contexte --> On reste au même point de l'histoire niveau temporalité donc il faut avoir lu jusqu'au chapitre 19 de O&P 4, soit la disparition de Victoria. Que s'est-il passé pour Noah et Julian après avoir découvert le corps de Renata et appris que le Perroquet Noir commençait à attirer l'attention des Rafleurs ? Comment Simon a-t-il réagi en apprenant la nouvelle ? C'est à découvrir tout de suite ! Je précisé également qu'il vaut mieux avoir lu La Divine Tragédie, le bonus - incroyable - de Perripuce sur la mort des Bones. La dernière partie aura notamment des échos avec ce bonus donc n'hésitez pas à aller la relire ! 

Bonne lecture ^^ 

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A cœur et à cris

« L'amour, c'est le cri de l'aurore. L'amour c'est l'hymne de la nuit. »
- Victor Hugo -

// 17 janvier 1998 //

Une heure plus tard, tout avait disparu. Les ébauches de tracts, les slogans griffonnés sur des bouts de parchemins, même la plume enchantée qui servait spécialement pour les dessins de propagande de l'Ordre. Julian s'y était attelé avec une précision sans faille, déterminé à ne rien laisser passer. Noah n'avait pas protesté. Prostré près de la fenêtre, il n'avait même pas desserré la mâchoire pendant toute l'opération et il l'avait laissé faire, conscient qu'il en avait besoin pour reprendre pied. C'était tout son travail qui était détruit pourtant, des mois de lutte... mais surtout c'était ce qui avait coûté sa sécurité à Victoria. Julian ne voulait même pas envisager pire. Il s'y refusait. Victoria était vivante, quelque part... Son cri résonnait encore trop à ses oreilles pour qu'il la considère autrement.

Seulement, il savait ce qui était en train de se jouer dans l'esprit de Noah en ce moment. Tous les « et si » devaient se battre, voire hurler au fond de lui. Et s'il avait été plus convaincant ? Et s'il avait retenu Victoria de force ? Et s'il l'avait accompagné ? Est-ce que la finalité de cette journée aurait été différente ? L'absence de réponse les plombait tous les deux.

La poitrine comprimée par une douleur prégnante, il s'approcha de Noah doucement. Assis face à la baie-vitrée, il ne releva pas le regard vers lui, même quand ses mains vinrent se perdre dans ses boucles en un geste apaisant.

- Noah... murmura-t-il. Arrête de torturer, ça ne sert à rien.

- Hum...

- Tu ne le mérites pas non plus.

La précision lui semblait importante à ajouter et quand il vit un tic nerveux agiter sa joue, il sut qu'il avait visé juste. Son cœur se serra puis, pour toute réponse, Noah enroula un bras autour de taille et l'attira sur ses genoux. Il se laissa faire, une main toujours dans ses boucles à la base de sa nuque pour garder l'équilibre.

- C'est ça que ça fait alors ? marmonna Noah, le visage enfoui dans son cou. S'inquiéter pour quelqu'un qui a voulu jouer les têtes brûlées ?

La phrase lui arracha un rire étouffé, dépourvu de joie.

- J'aurais aimé que tu ne l'apprennes pas comme ça, mais... oui. C'est ça.

- Je suis désolé, Jules... vraiment...

- Je sais, souffla-t-il. Mais ce n'est pas de ta faute pour Vic'. Tu l'as dit, on lui a offert un refuge, pas une prison.

Le dernier mot les tendit tous les deux avec quelques secondes de retard. La prison, c'était certainement ce qui attendait Victoria, si ce n'était pire... Mais dans quelles conditions ? Azkaban ? Les Détraqueurs ? Les cellules des Aurors au Ministère ? Un endroit spécial pour les nés-moldus en fuite ? Les échos historiques d'un tel lieu lui soulevait l'estomac et Noah enfonça un peu plus son visage contre lui, la respiration hachée.

- Elle est forte, elle va s'en sortir... rassura-t-il à voix haute pour l'apaiser.

En vérité, il ne savait pas bien qui il cherchait à convaincre : Noah ou lui-même ?

- Elle a intérêt, cette gamine agaçante, lança Noah avec une fausse nonchalance. Surtout que j'ai quelque chose à lui rendre...

- Quoi ?

En réponse, Noah ouvrit son poing, posé sur son genou. A l'intérieur de sa paume se trouvait un collier à la fine chaîne d'or avec deux pendentifs : une étoile de David et une médaille de baptême. Julian inspira un souffle tremblant. Cette médaille, il l'avait déjà ramassée... Il l'avait ramassé des années plus tôt à Terre-en-Landes sous un soleil de plomb en plein mois d'août, juste avant son départ aux Etats-Unis. Il était venu voir Matthew pour lui faire ses adieux et il avait croisé le révérend Bennett dans la rue principale, une petite fille dans les bras. Le souvenir ne lui revenait étrangement que maintenant, perdu dans les brumes du temps, mais il se revoyait se pencher pour la redonner au père de Victoria.

La symbolique lui fit monter les larmes aux yeux : à cette époque, il s'apprêtait à rencontrer Noah et aujourd'hui c'était ce dernier qui tenait au creux de sa main les représentations de l'identité de Victoria. Comme si, d'une certaine façon, elle faisait partie de leur histoire. Comme si elle avait toujours été là. Et c'était vrai.

En quelques mois, Victoria s'était insinuée dans leur quotidien et dans leur vie. Il l'avait vu arriver ici, timide et anxieuse, pour la voir s'ouvrir un peu plus chaque jour. Il l'avait vu d'abord accepter tous les repas sans broncher de peur de les froisser avant de lui avouer qu'elle n'aimait pas le thé au petit déjeuner et qu'elle préférait le chocolat chaud. C'en était suivi un débat où il avait bien évidemment été outré, mais qui avait fait rire la jeune fille pour la première fois. Il l'avait aussi vu d'abord passer une heure dans la salle de bain à tout nettoyer avant de laisser des cheveux partout derrière elle. Il l'avait vu affirmer qu'elle n'aimait pas dessiner avant d'accepter de jeter de la peinture sur des toiles avec Noah et de lui montrer fièrement une tentative de dessin qu'elle avait fait un jour où elle s'ennuyait. Il n'avait pas eu le cœur à lui dire qu'elle n'était pas douée, même si elle le savait pertinemment. En fait, il avait vu Victoria grandir un peu, s'épanouir, déployer ses ailes, même entre les quatre murs de leur appartement. Et son absence brusque n'en était que plus douloureuse.

Mû par un besoin de proximité, il déposa un baiser sur la tempe de Noah.

- Tu lui rendras... affirma-t-il, la gorge enrouée en effleurant les pendentifs. Promis, tu lui rendras.

Il refusait qu'il en soit autrement. Victoria avait encore trop de choses à vivre, elle n'était pas Matthew ; tout comme Noah n'était pas Charity, vaincue par les idéaux et la révolte qu'elle avait voulu véhiculer dans son article de journal.

Ils restèrent ainsi enlacés encore de longues minutes – à tel point qu'il commençait à se dire que Noah ne devait plus sentir ses jambes – quand on sonna soudain à la porte. Julian sentit son corps se glacer avant de réaliser.

- Ce n'est pas les Rafleurs... Ils n'ont aucune preuve pour débarquer...

- Alors qui... ?

- Simon.

Le prénom figea Noah. Enfermé dans sa détresse, il avait dû complètement l'occulter, mais qui disait Victoria disait forcément Simon. Merlin, ce que ça allait douloureux...

- Tu préfères que je lui dises seul ? proposa-t-il.

- Non... refusa Noah, le regard déterminé. Non, c'est bon.

Soulagé, il hocha la tête. Il l'aurait fait si Noah le lui avait demandé, mais il préférait qu'ils affrontent la détresse de Simon ensemble car honnêtement il ne savait pas à quoi s'attendre. Les coups reprirent contre la porte et il se leva donc pour se diriger vers l'entrée. Il prit une seconde pour se stabiliser, puis ouvrit le battant.

Simon se tenait sur le seuil, son sac de cours toujours à l'épaule et son bonnet orange coiffé sur ses épis blonds. Il lui adressa un sourire.

- Pas trop tôt, j'ai cru que vous aviez encore mis la musique à fond et que vous m'aviez pas entendu.

- C'est arrivé une fois. On faisait écouter Oasis à Victoria.

- Oui, merci bien. Elle a fredonné Wonderwall toute la soirée après !

D'instinct, Simon jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, comme s'il s'attendait à un tacle de Victoria pour sa pique. Rien ne vint, évidemment. Quand il tourna à nouveau le regard vers lui, il intercepta son expression et son sourire s'évanouit.

- Julian ?

Perplexe à cause de la soudaine tension, il le dévisagea.

- Simon, faut qu'on parle... annonça-t-il alors.

- Ah... De 1) cette phrase n'annonce jamais rien de bien et de 2) ... Où est Vic ?

De là où il se tenait, il vit Noah se crisper par-dessus la tête de Simon et son cœur dévala dans sa poitrine. Bon sang, il avait à nouveau un goût de cendre dans la bouche et aucune lumière ne paraissait réussir à éclaircir la situation. Simon lui renvoya un énième regard impatient, méfiant.

- Julian, où est Vicky ? répéta-t-il.

Son ton s'était fait plus dur, plus intransigeant, et il avança dans l'appartement jusqu'à se retrouver près des portes de l'atelier où Noah se tenait avec une expression sombre. Julian se glissa derrière lui.

- Justement, c'est de ça qu'il faut qu'on parle, annonça-t-il avec gravité. Victoria est... partie. Avec une de vos amies. Renata ? Elle est venue la chercher tout à l'heure.

Ce fut instantané : Simon fit volte-face vers lui et une myriade d'émotions traversa son expression en une seconde, tellement multiple qu'il n'arriva pas à les interpréter en direct, mais ce n'était pas nécessaire. Il savait ce qu'il ressentait pour avoir connu cette même panique à plusieurs reprises, celle qui glaçait de l'intérieur et vous faisait croire que vous veniez de tomber dans un cauchemar éveillé. D'un coup, la rationalité n'existait pas. Seuls comptaient les pires scénarios que l'esprit était capable de produire.

- Renata ? Renata Morton ? s'exclama-t-il d'une voix qui dérailla légèrement. Mais pourquoi ?

Renata Morton. Ainsi, c'était le nom complet de la jeune fille brisée de la gare... Plus son identité se complétait et plus Julian sentait la colère et l'abattement gonfler en lui. Il se força tout de même à répondre le plus calmement possible par égard pour Simon.

- Elle avait besoin de Victoria pour une mission de sauvetage. Apparemment, sa sœur est retenue chez Yaxley... En guise de représailles.

- Mathilda ?

La question était rhétorique, il le vit dans le regard de Simon. Il se contenta donc d'hocher la tête. Simon pâlit brusquement et ses tâches de rousseurs, à peine visibles d'ordinaire, ressortirent d'un coup.

- Mais... Vic' est partie avec elle ? Comme ça ?

- Renata s'est montrée plutôt convaincante, intervint Noah d'une voix dure. En quinze minutes, c'était plié.

- Parce que t'étais là ?

Julian carra les épaules. Il n'aimait pas le ton soudain tendu de Simon, mais Noah acquiesçait déjà d'un simple « hum » sans élaborer. Les yeux de Simon étincelèrent.

- Et tu ne l'as pas retenu ? s'indigna-t-il. Tu l'as juste laissé passer la porte comme ça ? Comme si elle partait passer une après-midi entre amies ?

- Simon...

- Je n'avais pas à le faire, coupa Noah avec hargne. On a parlé, je lui ai dit que c'était une mauvaise idée, je lui ai même demandé de rester. Elle a juste fait son choix.

- Mais évidemment qu'elle l'a fait ! C'est Victoria Bennett ! Et ça Renata le savait très bien, elle aurait été incapable de refuser parce qu'il faut toujours qu'elle soit là pour les autres. Et nous on est censés être pour elle qu'elle le veuille ou non ! Elle était censée être en sécurité ici !

- En sécurité si elle décidait de rester, ce qui n'a pas été le cas ! Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? L'assommer ?

Simon serra les dents. Tout dans sa posture criait « oui », même s'il ne le prononça pas à voix haute et Noah le comprit très bien. L'air se chargea d'électricité.

- C'était sa décision alors elle est partie, c'est vrai, tenta d'apaiser Julian en se mettant entre eux. Mais on a été la chercher quand je suis rentré... on a essayé de la rattraper...

- De la rattraper ? fit Simon. (Une once d'espoir dansa sur ses traits). Et alors ? Elles sont où ?

Une boule chauffée à blanc se glissa dans sa gorge. Il ne savait pas quels mots seraient les plus propices pour ce genre d'annonce, ni comment atténuer la douleur... Il aurait voulu la prendre tout entière pour que Simon ne la ressente pas, même si c'était impossible, et il revit Prudence ce matin lui annoncer la mort de sa sœur avec des larmes dans les yeux. Si elle avait pu le faire, il se devait de le faire aussi.

- Elles sont allées à la gare, entonna-t-il, le ventre noué. C'était trop dangereux de transplaner. Elles voulaient prendre un train pour s'éloigner d'Oxford.

A la périphérie de sa vision, il vit Noah se crisper.

- Voulaient ? tiqua Simon. Elles ne l'ont pas pris ?

- Non... Non, elles n'ont pas pu. Quand on est arrivés à la gare, il n'y avait plus personne, mais on a réussi à... recueillir le témoignage d'un employé qui a tout vu. (Il déglutit, histoire de se laisser quelques secondes avant de sauter dans le vide). Des Rafleurs leur sont tombés dessus avant qu'elles ne puissent partir... On pense qu'ils ont pris Victoria... et on a retrouvé le corps de Renata...

Les dernières phrases, avouées dans un souffle, résonnèrent pourtant comme un coup de tonnerre. Tout le corps de Simon se tendit et ses yeux devinrent vitreux l'espace d'une seconde, comme s'il n'arrivait pas à vraiment assimiler l'information. Ils attendirent tous dans un silence pesant et Julian aurait tout donné pour savoir ce qui se passait à l'intérieur de son esprit, même si toute la détresse qu'il ressentait s'échappait de lui par vagues presque palpable. Puis, brusquement, la colère revint s'y mêler aussi rapidement qu'une marée montante et Simon se retourna à nouveau vers Noah, furibond.

- Il y avait des Rafleurs en ville et tu l'as laissé partir ! se récria-t-il. Mais qu'est-ce qui va pas chez toi ?

Noah eut un mouvement de recul, défensif, avant que la colère ne s'embrase aussi chez lui.

- Parce que j'étais censé savoir pour les Rafleurs ? Je suis quoi ? Devin ?

- Non, seulement censé être au courant des risques ! C'est une guerre, le Ministère est partout, et toi tu l'as laissé sortir alors qu'elle est recherchée ? Que Renata faisait partie de l'Ordre et avait aussi une cible sur le dos ?

- Son choix, Simon ! C'était son choix ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas là-dedans ?

Mais Simon secoua la tête, implacable.

- Arrête, comme si t'avais pas été le premier à la pousser à sortir !

- Quoi ? Il y a deux mois ? Tu déconnes, tu l'as emmené à Londres je te rappelle ! Elle était en train de devenir folle ici !

- Tu crois que je ne le sais pas ? Tu crois que la connaître mieux que moi ?

Le ton était en train de monter, de plus en plus haut et de plus en plus fort. Julian voulut faire un pas vers Simon, l'enjoindre à se calmer, mais il le contourna dans un mouvement souple pour s'approcher de Noah.

- Moi au moins j'ai assuré sa sécurité ! asséna-t-il. Londres était moins risqué qu'Oxford, j'avais amené Emily pour avoir une baguette en plus pour la protéger et personne ne pouvait nous voir en voiture sur le trajet !

- Félicitations, railla Noah. Ça n'empêche pas qu'il ne s'est toujours rien passé avec moi dans Oxford non plus. Faut changer de disque. Elle en avait juste besoin à force de dépérir ici et j'ai été là pour lui remonter le moral, fin de l'histoire.

Julian se retint de fermer les yeux, las. Sans le réaliser – ou en le réalisant un peu trop bien – Noah venait de remettre de l'huile sur le feu avec une pique dont lui seul avait le secret. Sous-entendre que Simon n'avait pas été là pour Victoria à ce moment-là, contrairement à lui, était un coup bas mais un coup qui atteignit parfaitement sa cible au vu de son état de détresse émotionnelle.

- C'est facile pour toi, hum ? invectiva-t-il, cinglant. Tu restes caché ici à dessiner, à faire deux trois caricatures en prétendant lutter, mais à côté tu laisses Victoria partir se battre en restant bien en retrait au lieu de la suivre et de l'aider.

- Simon !

- Alors ça c'est riche venant de toi, rétorqua Noah vertement. Désolé, j'ai dû louper toutes les fois où tu es parti te battre avec l'Ordre ces derniers mois, c'est ça ? Je croyais que tu restais planqué en arrière à analyser deux-trois sortilèges pour te donner l'illusion d'être utile ?

Cette fois, Julian écarquilla les yeux et se tourna vers lui, indigné. Noah était en train de se laisser provoquer par un gamin de dix-neuf ans et il vit précisément le moment où Simon tressaillit, les traits déformés par une colère et une frustration intense. Seulement, avant qu'il n'ait pu hausser la voix pour les faire taire tous les deux, il perçut un mouvement du coin de l'œil. Trop vif et sec pour qu'il puisse l'arrêter, il ne put que contempler Simon, sa baguette brandie et pointée droit vers Noah alors qu'il lançait d'une voix froide mais maîtrisée :

- Tu veux voir ce que ça donne les deux-trois sortilèges ? Avec quoi tu vas te défendre, hum ? Un crayon ?

- Simon, ça suffit, baisse ça.

Sans réfléchir, il s'interposa cette fois plus franchement entre eux et se mit dans la ligne de mire exprès. Noah, lui, ne rétorqua rien de prime abord, conscient qu'il perdrait sur ce terrain-là face à un prodige en magie comme Simon. Heureusement pour eux, c'était son terrain aussi et il refusait de se laisser impressionner par un gamin qu'il avait tenu dans ses bras alors qu'il ne savait même pas encore parler.

- Simon, je ne le répéterai pas. Baisse ça, exigea-t-il.

Pas besoin d'employer son « ton de professeur », sa colère de voir Noah menacé suffisait amplement. C'était la même qui l'avait saisi quand Simon avait affirmé que s'il arrivait quelque chose à Victoria, c'était à lui que Noah devrait en répondre et l'avertissement prenait tout son sens aujourd'hui.

Finalement, il y eu un moment de flottement – long – puis Simon s'exécuta à contre cœur.

- Il aurait dû l'accompagner au minimum, maintint-il, buté. Ça aurait peut-être pu les sauver !

- Avec des « si » et des « peut-être », on peut refaire toute une guerre. Calme-moi, s'il te plait.

- Oui, calme-toi, renchérit Noah avec sarcasme. C'est pas sur nous que tu dois passer ta frustration alors que c'est à toi que tu en veux. T'étais bien content de nous laisser la charge de la sécurité de Victoria un moment, ça t'a déchargé. C'est contre toi que t'es en colère, c'est tout. T'avais qu'à être là !

Oh bon sang... Noah Douzebranches n'apprendrait jamais à se taire.

Parce qu'entre pique et vérité, il n'y avait qu'un pas et celle-ci faisait particulièrement mal sur les deux tableaux. En réponse, toute la rigidité de Simon revint d'un coup en force et il ne s'embarrassa pas de sa baguette cette fois-ci. Julian se retrouva écarté sur le côté alors qu'il faisait une embardée vers Noah, près à lui envoyer son poing dans la figure ou à le saisir par le revers de sa veste, il n'était pas certain.

- T'es vraiment qu'un con ! balança-t-il, hors de lui. Mais viens, arrête de te planquer derrière tes dessins !

Retranché derrière son établi dans un mouvement souple, Noah recula encore d'un pas alors que Simon tentait de le contourner pour l'atteindre. La scène avait quelque chose de surréaliste.

- Quoi ? La vérité fait mal ? C'est dur de ne plus vivre dans une illusion ? lui rétorqua Noah par ce qu'il savait être un pur esprit de provocation. Il faut que je te le dises en quelle langue ? C'était le choix de Vic', elle le voulait ! Ne me blâme pas parce que tu n'étais pas là, c'est ton erreur. Si ça avait été Jules, j'aurais pas fait l'erreur de le lâcher.

- Mais va te faire voir ! Y'a pas que Julian dans la vie ! T'étais là, toi ! T'étais là et tu devais la protéger ! Ca suffit pas de faire des batailles de peinture ou de se lancer dans des joutes verbales avec elle ; il faut être là aussi pour les choses importantes ! C'est ce qu'elle méritait !

- J'ai essayé !

- Essayer, ça suffit pas pour Victoria ! C'est facile de lancer des vannes pour la distraire, mais dès qu'il faut montrer un peu de maturité, t'es plus là et c'est ça le problème !

Les deux criaient à présent par-dessus l'établi dans une joute sans fin et cathartique, comme pour décharger leur colère et leur culpabilité. Julian resta en retrait, presque abasourdi, incapable de trouver comment les arrêter avant que Noah ne reprenne :

- Ecoute, je suis désolé. C'est ça que tu veux entendre ? Voilà, je te le dis. Si je pouvais, je ramènerai Victoria ici de force, mais je ne pouvais pas savoir que les Rafleurs seraient dehors à la recherche du Perroquet Noir, ni qu'ils s'en prendraient à elle et à votre amie.

- A la recherche de... ?

Pris par surprise, Simon marqua un temps d'arrêt avant de blêmir un peu plus en comprenant ce que ça signifiait. Noah grimaça, l'air de déjà regretter d'avoir laissé filer l'information et il se retrancha un peu plus derrière l'établi.

- Merlin, c'est à cause de toi ! C'est à cause de toi et de tes caricatures !

- Des caricatures qui servent l'Ordre et la résistance, se défendit Noah immédiatement. Caricatures auxquelles Victoria participait, si j'ai besoin de le rappeler.

- C'est ça ! Continues à ne pas assumer, ça changera pas de d'habitude. Peut-être que tu réaliseras enfin le jour où les Rafleurs viendront et que c'est Julian qu'ils prendront ! Et là tu pourras peut-être enfin reconnaître que c'est à cause de toi !

Ca y est, Simon avait trouvé la brèche lui aussi. La flèche, décochée avec précision d'une voix cinglante, eut raison de l'attitude bravade de Noah qu'il tentait de maintenir depuis tout à l'heure. Et son expression lui donna littéralement un coup à l'estomac, si violent qu'il intervint enfin, incapable de les laisser aller plus loin.

- Simon ! claqua-t-il en s'avançant jusqu'à lui. C'est bon, stop maintenant.

- Mais...

- Mais Victoria, je sais. Crois-moi, je sais. Mais vous dépassez les bornes là, tous les deux, ajouta-t-il en fusillant aussi Noah du regard. Je pense qu'on a tous besoin de se calmer quelques minutes avant de réfléchir à la suite.

Immédiatement, Simon secoua la tête.

- On n'a pas le temps, protesta-t-il. Il faut que j'ailles la chercher !

- Où ? Hum, Simon ? Où ça ?

- Je ne sais pas ! Peu importe, partout !

Son ton s'était fait déchirant et Julian s'adoucit. C'était un jeune homme qui avait déjà tout perdu un soir d'août 1981 qui se tenait devant lui et qui était juste terrifié que ça se reproduise. Sans geste brusque, il l'attrapa donc par les épaules alors que Simon tentait de se dégager – pour fuir ou réussir à enfin atteindre Noah, il ne savait pas trop – et le força à avancer vers les escaliers.

- Monte un peu pour te calmer, commanda-t-il. Je viens te voir dans quelques minutes et on décidera de ce qu'on fait, ok ?

- Non...

Mais même ce refus avait perdu de sa verve et Simon posa malgré tout le pied sur la première marche, poussé par l'élan dans son dos. Julian retint un soupir. Est-ce qu'il avait été aussi difficile à l'adolescence ? Comment Leonidas faisait pour toujours savoir quoi dire ?

- Si, allez. Ca n'aidera pas Victoria si on n'a pas tous les idées claires. S'il te plait.

Il ne sut pas ce qui fit céder Simon au final. Son ton posé ? Le s'il te plait ? La légère pression contre son épaule ? En tout cas, sa résolution parut capitulée et il monta à l'étage, le visage fermé, même si le bruit de ses pieds contre les marches était sans doute un peu trop fort pour donner l'illusion qu'il était calme. Quelques secondes plus tard, ils entendirent la porte de la chambre – celle de Victoria – claquer dans tout l'appartement et Julian tressaillit.

Le silence qui suivit fut d'une lourdeur insupportable. Epuisé, il se retourna pour faire face à Noah, désormais sorti de son repli stratégique derrière son établi et il ravala les reproches qui lui obstruaient la gorge en avisant son expression. Perdue et dévastée furent les mots qui lui vinrent directement pour la qualifier. Ils firent parfaitement écho à ce que tout le monde au sein de cet appartement ressentait en somme.

**

*

Les jours qui suivirent furent éprouvants. La recherche de Victoria devait se faire en équilibre entre discrétion et omniscience. Noah et lui retournèrent chaque coin d'Oxford, sans grande conviction, mais s'il y avait une chance que Victoria y soit encore alors ils se devaient de passer chaque ruelle au peigne fin. Simon, lui, visait plus large : l'Angleterre entière.

Il se rendit chez tous leurs amis et Julian entendit les noms défiler avant de les rayer de sa liste mentale à chaque fois que Simon revenait, morose et à cran. Victoria n'était ni chez sa meilleure amie Emily, ni chez sa partenaire d'écriture Octavia, ni chez Remus et Tonks qu'elle connaissait bien, ni dans son ancienne maison aujourd'hui brûlée, ni dans une maison hantée de Terre-en-Landes où elle s'était déjà rendue avec Simon...

Elle n'était nulle part et l'évidence se précisait : les griffes du Ministère s'étaient refermées sur elle.

L'idée le rendait malade, mais plus que ça c'était de ne pouvoir rien faire. Il avait eu des craintes au moment d'accueillir Victoria chez eux et voilà qu'il aurait tout donné pour la faire revenir. Tout, sauf peut-être Noah dont l'abattement était proportionnel au sien, surtout maintenant qu'il n'avait plus ni l'édition clandestine de La Voix du Chaudron ni sa propagande pour l'Ordre pour canaliser le feu révolutionnaire qui brûlait en lui. Même son anniversaire, peu après la disparition de Victoria, n'arriva pas à rallumer un semblant de joie en eux. Ils n'avaient juste pas le temps ni le cœur de le fêter.

Au milieu du chaos, la vie continuait pourtant. Il dut retourner à l'IRIS et faire cours comme si de rien était, mais son esprit avait du mal à s'accrocher aux questions de ses étudiants. Dans chaque visage des jeunes filles en face de lui, il voyait un peu de Victoria... Il se demandait si elle était vivante et cette incertitude le hantait au-delà de la douleur. De Simon dans sa classe, aucune trace par ailleurs. L'incertitude était justement ce qui le rongeait et il était trop occupé à chercher partout pour venir avec assiduité en cours. Il assistait à certains pourtant, il le savait grâce aux autres professeurs, mais il ne venait jamais aux siens. Pour cause, il était le seul qui couvrait ses absences en ne les déclarant pas systématiquement afin de lui éviter des ennuis avec l'administration, mais ce jeu ne tiendrait pas longtemps.

C'est pour cela qu'il se rendit à Terre-en-Landes un mois après la disparition de Victoria, un nœud dans la gorge, mais déterminé à parler à Simon. Il se refusait à le voir s'effondrer sans rien faire, tout comme il avait été incapable d'abandonner Noah à ses pires moments ou Charity à la mort de Matthew ou même de lâcher sa sœur à la « mort » de leur mère. C'était un trait de sa personnalité contre lequel il ne pouvait pas lutter. Les mains dans les poches, il remonta donc la rue principale du fameux village du Gloucester dans lequel il n'avait mis les pieds depuis des années mais où il avait passé des vacances à arpenter la campagne à vélo. Simplement aujourd'hui, il venait voir un autre Bones.

Quand il arriva devant la grande maison ancienne en haut de la colline, il eut un coup au cœur bien sûr... Cette maison avait longtemps hanté ses cauchemars, tous improbables mais si douloureux. Il se l'était imaginé en train de s'effondrer sur Matthew ; il l'avait même dessiné en mausolée, un dimanche pluvieux à l'IRIS dans sa chambre d'étudiant alors que des larmes avaient empli ses yeux. Un tombeau ouvert avec une porte et des fenêtres aux faux airs de foyer chaleureux. Pour lui, elle était glacée.

Sur les marches du perron, Simon était assis, les coudes sur les genoux à contempler le vide. Il releva les yeux en l'entendant arriver.

- Eh Julian... marmonna-t-il.

- Salut. Je peux m'assoir avec toi ?

Il pointa l'espace vide près de lui et Simon hocha la tête en haussant les épaules.

- Je me doutais que tu finirais par venir. Noah est pas venu avec toi ? s'enquit-il, une pointe acide derrière le ton poli.

- Non, je pense que c'est pour le mieux. Si tu veux passer ta colère sur quelqu'un, ça sera moi aujourd'hui, d'accord ?

Simon étouffa un grognement sceptique.

- T'es moins exaspérant, c'est moins marrant...

- A ce qui parait. Même si Noah dit que je peux être très exaspérant quand je m'y mets.

- C'est Ste-Mangouste qui se fout de la charité, jugea Simon. Même si quelque chose me dit que je vais en faire les frais aujourd'hui, non ?

Julian sourit, percé à jour. Il prit le temps d'observer les champs face à eux un moment, dépourvu de toute culture en ce début février, avant d'asséner :

- Il faut que tu retournes à l'IRIS, Simon.

Il veilla à garder un ton neutre pour ne pas le braquer, mais il vit tout de même ses épaules se tendre du coin de l'œil avant qu'il ne relâche un soupir résigné.

- Ouais... Je me doutais que tu viendrais pour ça...

- Est-ce que tu peux me le reprocher ? Je suis ton tuteur de projet, je te rappelle. Et ce dernier ne va pas avancer si tu ne viens pas en cours. Le Doyen va aussi finir par me poser des questions et je ne pourrais pas te couvrir éternellement.

- Je sais, admit Simon platement. Mais...

Merlin, évidemment qu'il devait y avoir un « mais ». Il attendit tout de même patiemment, puis Simon se tourna vers lui, un genou replié contre lui pour le regarder droit dans les yeux sans se dérober.

- T'es mon tuteur, c'est vrai... mais t'es pas que ça, non ?

- Simon...

Il le contempla attentivement. C'était une évidence que d'énoncer cette vérité et il ne voyait pas pourquoi il en jouait, mais il hocha la tête malgré tout. Evidemment qu'il n'était pas que son professeur : il s'était tenu dans cette même maison il y a des années à tenir un Simon de trois ans en train de manger une banane sur le plan de travail alors que Matthew râlait contre la baby-sitter incompétente. Le souvenir semblait appartenir à une autre vie, mais il était gravé dans sa mémoire. Ça avait été la dernière fois qu'il avait vu Matthew. Une conversation banale, pas d'adieux déchirants, tellement de choses encore à dire qui avaient été enterrées avec lui. Mais au milieu de tout ça restait Simon. L'unique survivant, la note d'espoir dans une nuit de folie... Pas Simon Bones, son élève ; mais le mini-botruc de Matt, le petit garçon dans un placard.

La gorge nouée, il fit pianoter ses doigts contre sa jambe et tenta de faire fonctionner sa voix :

- Non, convint-il, je ne suis pas que ça.

- Alors tu devrais comprendre pourquoi je ne peux pas y retourner. Me le demande pas, Julian. J'y pense depuis un moment de toute façon, je pense que tu l'avais senti. J'adore l'IRIS et je te remercierai jamais assez de tout ce que tu m'y as appris mais... j'arrive plus à trouver du sens.

- A cause de Victoria ?

- A cause de la guerre, détrompa Simon, inflexible. A quoi ça rime, hein ? De connaître les strates d'un sortilège, d'étudier les Rituels d'Ancrage ? A quoi ça sert dans un monde où les gens comme Dolores Ombrage arrive au pouvoir ? Où ils peuvent prendre Vicky sans qu'on ne puisse rien faire ?

Merlin, il avait l'impression d'entendre Matthew. Ç'en était presque étrange maintenant, son ombre s'était détachée de Simon désormais, mais il ne pouvait pas entendre dans ces paroles l'écho de celles de son frère : « Ju', j'arrête pas d'y penser... vraiment je ne me vois pas juste trouver un boulot et rentrer chez moi tous les soirs alors que les mangemorts continuent. A quoi bon si on ne se bat pas ? Je ne veux pas d'un monde pareil pour Spencer et Simon... je veux pouvoir les regarder dans les yeux et leur dire que je n'ai pas laissé faire. Sinon, ça n'a pas de sens ».

Non, rien n'avait pas de sens. Certainement pas la mort de son meilleur ami, ni l'emprisonnement de Victoria par le Ministère, mais c'était la réalité. Sa réalité. Autant l'accepter et accepter la décision de Simon. Noah le lui avait dit. Il ne pouvait pas prendre les décisions pour les autres, même si ça lui arrachait le cœur.

- Je comprends, Simon, dit-il avec indulgence mais il se sentit obligé d'essayer un peu plus et poursuivit : Seulement, la guerre ne durera pas toute ta vie. En tout cas, je ne l'espère pas... je veux y croire. Et il te faudra bien la vivre. L'IRIS pourrait t'ouvrir beaucoup de portes.

- Je sais, reconnut Simon. Mais je ne suis pas sûr que ces portes m'ont un jour intéressé. Ce que j'aime, c'est la magie... C'est une des rares choses où je suis doué, plus doué que les autres. C'est valorisant, mais je n'ai jamais eu d'ambitions à y rattacher. Je laisse ça à des gens comme Miles Bletchey.

Julian ignorait qui était Miles Bletchey. Il ne chercha pas à demander, sûrement un Serpentard si Simon l'associait à l'ambition et il contempla ses arguments mûrement préparés. Ils n'étaient ni bancals, ni irréfléchies. De la part de Simon, il aurait dû s'y attendre.

Vaincu, il baissa la tête. Il ne pouvait pas dire qu'il ne l'avait pas vu venir de toute façon.

- Ok... très bien. Juste, au cas où si tu changes d'avis, ne te désinscris pas d'accord ? Tu louperas juste ton année, mais s'il faut plaider pour que tu la refasses, je le ferai sans hésiter.

- Ca me parait un bon compromis, accepta Simon avec un léger sourire.

Le premier depuis un mois sans doute et la vision lui réchauffa le cœur.

- En plus, redoubler te donnera un point commun avec Noah, ajouta-t-il d'un ton moqueur. Lui aussi a refait sa deuxième année. Pas en étude supérieur, juste Ilvermorny, mais...

Il laissa sa phrase en suspens et manqua d'éclater de rire en voyant que Simon pinçait les lèvres comme s'il venait de mordre dans un citron, l'air peu ravi de cette comparaison. Il émit un souffle de mépris, bras croisés, et se pencha en arrière pour s'adosser à la rampe d'escalier derrière lui.

- Magnifique, tout ce qu'il me manquait... grommela-t-il.

- Je me doutais que ça te ferait plaisir. (Il reprit soudain son sérieux avant d'ajouter). Et Simon ?

- Hum ?

- Noah est vraiment inquiet pour Victoria aussi, d'accord ? Ne lui en veut pas trop, il se fustige assez lui-même. Il n'y a pas un jour sans que je l'entende dire « j'aurais jamais dû la laisser partir ». Je ne sais même plus quoi lui répondre...

L'aveu se suspendit entre eux et il crut un instant que Simon n'avait même pas voulu l'écouter, mais un tic nerveux agita sa mâchoire avant qu'il ne lâche :

- T'as qu'à lui répondre qu'il a raison.

- Oh bon sang, vous êtes vraiment infernaux tous les deux, s'exaspéra-t-il. Une once de nuance, ça vous tuerait ?

- Eh, j'ai été d'une patience incroyable avec lui ! C'est même étonnant qu'on ne se soit pas pris la tête plus tôt. Vraiment, je comprends pas comment t'as pu tomber amoureux de lui !

Julian éclata de rire. S'il avait un galion à chaque fois qu'une personne lui avait dit ça. Charity, Matthew, Prudence, Théa, Liam, Hanna, Adrian... Tous s'était heurté au mystère qu'était Noah Douzebranches, mais il s'en fichait. Il y a des sentiments qui dépassaient la raison.

- Je l'aime parce que malgré tout ce qu'il peut dire, il se rend malade de ce qui arrive à Victoria, souffla-t-il finalement après quelques secondes. Je l'aime parce que Noah a une vision du monde que personne d'autre ne possède, une rage de vivre et de vaincre qui me pousse chaque jour. Je l'aime parce qu'il a été le premier à me voir, c'est tout. C'est aussi simple et compliqué que ça, Simon. (Il sourit, habité par le profond sentiment d'exprimer une vérité demeurée cachée au fond de lui, puis poursuivit). J'aime Noah comme tu aimes Victoria, aussi improbable ça pouvait paraître aux yeux des autres. Parce que parfois il faut se jouer du destin, de la moral et des lois. Parfois, il faut se battre.

Dans le silence qui retomba autour d'eux, il entendit Simon inspirer un souffle haché et il sut qu'il avait compris le double discours derrière ses mots. Car s'il s'était battu contre tout ce qu'il venait de décrire – le destin, la morale et les lois – Simon aussi. Le destin avait manqué de l'emporter à trois ans, mais il avait survécu. La morale aurait voulu qu'il continu à se battre avec cette gamine agaçante qui lui servait de voisine, mais il en était tombé amoureux. La loi érigée par le gouvernement de Voldemort la lui avait arrachée, mais il ne perdait pas espoir. Non, il allait se battre. Et Julian se promettait de se battre avec lui.

Simon laissa soudain échapper un bruit étranglé et il se tourna vers lui, inquiet. Son cœur dévala dans sa poitrine pour la énième fois ce mois-ci en le découvrant les larmes aux yeux, le teint pâle et les traits tirés. Il ne prit conscience qu'à cet instant de la fatigue qui irradiait de lui.

- Désolé, marmonna Simon en se passant une main sur le visage, gêné. C'est juste...

Il expira lentement, les yeux levés vers le ciel.

- J'ai l'impression de débloquer, Julian, avoua-t-il sans le regarder. Ça me rend dingue de l'imaginer au Ministère, de ne même pas savoir si elle est vivante...

Devant le ton si abattu de Simon, une pierre lui tomba dans l'estomac. 

- Simon, non, bien sûr qu'elle est vivante ! protesta-t-il. 

- Comment on peut en être sûr, hum ? Qu'est-ce qui nous dit qu'elle... ? (Il n'arriva pas à achever sa phrase). Et si je me battais pour rien ?

Julian tressaillit. La fragilité qui émanait de Simon fit craquer quelque en lui et, d'instinct, il abolit la distance encore dressée entre eux. Il posa ses mains sur ses épaules en un geste de réconfort, puis planta ses yeux dans les siens.

- Ecoute-moi, d'accord ? Ils n'ont aucun intérêt à la tuer. On va la sortir de là, je te le jure. Si ce n'est pas nous, ça sera quelqu'un d'autre parce que Victoria Bennett a touché trop de personnes dans sa vie pour que ça finisse comme ça. Et tu la reverras, Simon. Tu la reverras mais il faut y croire. Je te le promets.

- Tu ne peux pas promettre... objecta-t-il, toujours aussi rationnel.

Il avait raison, bien sûr. Seulement, parfois, la conviction devait suffire et il se refusait à voir le petit garçon qu'il avait connu pleurer à nouveau. 

- Si, je te le promets. Sur la tombe de Matthew Bones, Simon, je te le promets.

Nouveau souffle haché. La solennité de la promesse tissa un lien entre eux tant elle était lourde et l'espoir reprit la ferveur d'une étincelle dans les yeux de Simon. Une étincelle lui suffisait. C'est ce dont il avait besoin.

- Merci... murmura-t-il. J'ai l'impression de te l'avoir dit mille fois, mais merci.

Il lui adressa un sourire pour toute réponse et relâcha ses épaules avant de retourner son attention sur les champs en face pour le laisser reprendre contenance. Simon n'avait pas besoin de son regard posé sur lui le temps qu'il se calme. Il observa plutôt les nuages, toujours aussi épais au-dessus de la campagne anglaise, même si au moins le vent était tombé. Il se perdit ensuite dans la contemplation du paysage familier, lié à des vagues souvenirs de jeunesse... Bon sang, c'était avec ce genre de pensées qu'il réalisait qu'il vieillissait.

Fort de cette constatation, il laissa le silence l'envelopper et son esprit divaguer, même si son inquiétude pour Victoria n'était jamais loin. Il comprenait Simon : l'incertitude était un poison qui rongeait tout. Il l'avait ressenti pour Charity pendant des moins et Prudence le lui avait confirmé il y a quelques semaines : elle n'avait tenu face à cette angoisse dévorante que grâce à sa famille. Il n'y avait eu aucun moyen d'avoir des nouvelles tant l'opacité autour de sa disparition avait été grande, tout comme elle l'était actuellement autour de celle de Victoria. Si seulement ils pouvaient s'accrocher à quelque chose pour savoir si elle était en vie... Pour savoir que sa voix ne s'était pas éteinte comme tant d'autres et que quelque part sa magie demeurait pour prouver à tous ceux qui en doutaient qu'elle était une sorcière, envers et contre tout.

Et c'est alors que ça le frappa. Cet éclair de réalisation – un éclair de génie comme il en avait rarement eu – et il se redressa avec brusquerie, saisi par l'évidence.

- Mais évidemment ! s'écria-t-il face aux champs en friche. Bon sang, comment j'ai fait pour ne pas y penser !

- Oh bon sang, mais tu m'as filé une crise cardiaque ! jura Simon à ses côtés.

Il avait sursauté avec force à son coup d'éclat soudain et, une main sur la poitrine, le fusilla du regard.

- Quoi ? A quoi t'avais pas pensé ?

Julian se tourna vers lui, agité.

- Simon, qu'est-ce que je t'ai dit à ton premier cours ? demanda-t-il avec empressement. Ma première leçon ?

- Ta première... ? C'est une technique pour me ramener à l'IRIS ? Je croyais que t'avais compris, j'ai dit que...

- Je sais, je sais. Rien à voir. Réfléchis juste.

Simon eut l'air circonspect, les yeux plissés comme s'il s'attendait à un piège, mais il vit sa mémoire s'activer derrière ses prunelles vertes.

- Je sais plus... Que l'étude de la magie était importante pas seulement en théorie ou sur un plan académique, non ? tenta-t-il, incertain. Elle était importante parce qu'elle était le témoin de ce qu'était un sorcier, une trace de son vécu ?

- Précisément, oui. Dans tous les enchantements jetés par un sorcier, tu peux retrouver une trace de lui. Parfois si faible que personne ne pourra l'identifier quand il s'agit de sort générique, comme ceux ménagers ou ceux du quotidien, mais si l'enchantement est lié à une émotion, la signature sera plus vive.

Les mots tombaient de ses lèvres, se bousculant avec rapidité. Simon cilla, peu impressionné et le toisa toujours avec perplexité.

- Très intéressant, d'accord, consentit-il. Et alors ?

- Alors, si tu es assez doué pour le percevoir, un enchantement peut te dire si le sorcier qui l'a jeté est encore en vie. Parce que sa magie y est rattachée. Un sorcier... ou une sorcière.

Il tenta de ne pas mettre trop d'espoir dans ce dernier terme, mais il vit précisément le moment où Simon comprit enfin ce qu'il était en train de lui expliquer. Comme un rayon de soleil traversant un nuage noir, une émotion indescriptible valsa sur son visage et il se redressa lui aussi à moitié, soudain habité par une énergie nerveuse.

- Tu veux dire... ?

- Je veux dire qu'il me faut un objet ensorcelé par Victoria. Quelque chose de personnel si possible et qu'on arrivera au moins à savoir qu'elle est vivante.

Il se refusa à dire « si elle est vivante », persuadé qu'elle était. Simon émit un rire incrédule.

- Bon sang... c'est brillant ! s'exclama-t-il.

- Merci, j'essaye de l'être de temps en temps. Ça garde Noah intéressé par ma personne. (Il sourit face au rictus de Simon, puis embraya sans attendre). Bon maintenant, dis-moi qu'il y a un objet qu'on peut utiliser. Sa machine à écrire ?

Simon secoua la tête, presque fiévreux.

- Non, c'était mon cadeau, c'est moi qui l'ai ensorcelé. Attends laisse-moi réfléchir.

Les yeux clos, il se plongea dans ses réflexions, le corps tendu par l'intensité et la tête prise en étau entre ses deux mains. Julian le laissa faire en tentant de refouler son impatience. Le vent se relevait à nouveau et faisait bruisser les branches d'arbre nues autour d'eux, mais il avait l'impression de ne pas les entendre tant le sang lui battait les tempes. Il s'apprêtait à relancer Simon, à fleur de peau, quand la porte d'entrée s'ouvrit derrière eux.

- Simon ? Tu devrais rentrer maintenant, fit une voix grave. Tu vas finir par attraper froid et ta mère s'inqu... Oh !

Julian se retourna pour découvrir l'imposante silhouette de George Bones, figé sur son perron en les découvrant tous les deux. Il ne l'avait pas revu depuis 1982 et le jour où il avait remis le bonnet orange à Simon sur le Chemin de Traverse, mais il le reconnut sans peine. George avait tout des Bones, mis à part sa corpulence massive : yeux verts, nez long et droit, un crâne chauve autrefois fourni et une barbe rousse qui commençait tout juste à se filer de gris. Il parut surpris de découvrir quelqu'un avec son fils, juste devant sa maison, et sa main se plongea automatiquement dans la poche de sa robe de sorcier, là où devait se trouver sa baguette.

- Bonjour ? fit-il, suspicieux.

La marque de politesse sonna presque comme une question et Simon et lui se remirent sur leurs pieds en vitesse.

- Bonjour, Mr Bones, salua-t-il avec un temps de retard. Désolé de venir sans prévenir, je devais parler à Simon.

Cela lui fit gagner un nouveau regard méfiant. Quant au « Mr Bones », il résonna étrangement en lui... Edgar avait été « Mr Bones » et même si George ressemblait à son frère, il ne l'était pas, peu importe tous les mensonges accumulés.

- Pourquoi ? interrogea celui-ci. Qu'est-ce qui vous amène ?

- Papa, intervint Simon, gêné. C'est Julian. Tu sais, Julian Shelton.

Il n'ajouta rien pour préciser, sans doute car il ne savait pas quoi ajouter. « Mon professeur » ? « Le meilleur ami de Matthew » ? « Celui qui hébergeait Victoria » ? Tout ça à la fois ? Heureusement, George n'eut pas besoin de titre précis : une lueur de reconnaissance s'alluma dans ses yeux et son attitude défiante s'évapora d'un coup alors qu'il posait un nouveau regard sur lui. Julian se demanda s'il était en train de superposer l'homme en face de lui avec le gamin à peine diplômé qui avait tenu tête face à sa femme cette journée d'hiver sur le Chemin de Traverse pour que le souvenir de Matthew ne soit pas oublié.

- Julian, bien sûr, reconnut-il alors. (Il lui tendit sa large main, affable). Pardonnez-moi, j'ai entendu parler de vous, mais je ne vous avais pas reconnu.

- Pas de soucis...

Il serra la poigne de George Bones en essayant de ne pas grimacer, même si le regard railleur de Simon lui apprit qu'il échoua en partie, et recula d'un pas sur les marches du perron.

- Je suis désolé de vous interrompre, reprit George, mais ça allait faire un moment que Simon était dehors. Si vous voulez entrer... ?

- On était très bien là, coupa Simon, l'air agacé.

- Je n'en doute pas. Mais tu avoueras qu'il y a plus agréable en février, comme un canapé et une tasse de thé à l'intérieur. Je suis sûr que monsieur Shelton...

- Julian. Appelez-moi Julian.

Il ne voulait pas être si vieux, merci bien. George hocha la tête.

- ... que Julian apprécierait dans ce cas, termina-t-il.

- Julian ne sait pas dire non à une tasse de thé, ça ne veut rien dire, rétorqua Simon, buté. En plus, on doit réfléchir pour trouver quelque chose, c'est urgent.

Il n'en aurait pas juré, mais il sentit une certaine tension chez Simon, signe sans doute qu'il commençait à étouffer chez lui, enfermé à ruminer. George ne sembla d'ailleurs pas surpris et haussa un sourcil intéressé.

- Oh vraiment ? Et de quoi s'agit-il au juste ?

- Un objet enchanté par Victoria, expliqua Simon, parcouru d'une énergie nerveuse. Julian peut déterminer si elle est toujours en vie grâce à ça ! Alors s'il te plait, je dois réfléchir !

Les mains agitées, il commença à faire les cent pas sur la terrasse et George le regarda, l'air pris de court par la nouvelle. Après quelques secondes, il reporta son attention sur lui.

- Vous pouvez vraiment faire ça ? s'assura-t-il lentement. Dire si elle est en vie ?

- C'est compliqué, reconnut-il. Rien n'est certain entièrement, mais oui, je pense pouvoir le faire. Mais il faut le bon type d'enchantement. Ça ne peut juste pas fonctionner avec tout.

- Je vois...

Pensif, il se passa une main dans sa barbe rousse pendant que Simon marmonnait, énumérant visiblement des objets sur ses doigts avant de secouer la tête avec frustration. Ils le regardèrent s'agiter un moment, presque mal à l'aise en présence du silence de l'autre, quand soudain George intervint à nouveau.

- Pardonnez ma question, ce n'est pas du tout mon domaine d'expertise, mais... est-ce que l'enchantement doit nécessairement être rattaché à un objet ?

Julian fronça les sourcils.

- C'est ce qui est le plus courant, répondit-il. Mais non, il peut être rattaché à d'autres formes matérielles ou organiques. Pourquoi ?

- Parce que j'ai vu Victoria enchanter quelque chose ici même. Si ça peut vous servir... ?

- Quoi ?

L'exclamation venait de Simon, soudain immobile, et ils pivotèrent vers lui. Il fixait son oncle – enfin son père – avec étonnement, interdit.

- Ici ? répéta-t-il. Qu'est-ce qu'elle a enchanté à part mes jouets pour les transformer en grenouille ?

Julian retint un rire, amusé face au tableau, et Simon parut réaliser ce qu'il venait d'avouer car son teint se para d'une couleur rouge qui détonnait avec les couleurs grises et marrons du paysage. George, lui, garda son sérieux et les dépassa pour descendre les quelques marches du perron.

- Ceci, indiqua-t-il en tendant la main. Ce bosquet, juste-là. Il est en sommeil pour l'hiver, mais il n'existait pas il y a quelques années. Il y a dix-sept ans pour être précis.

- Dix-sept ans... ? En 1981 ?

La date, si symbolique, paraissait si lointaine aussi et Simon perdit ses couleurs en l'entendant. George eut alors une hésitation, mais Julian le relança, impatient et implacable :

- Mr Bones !

- Hum ? Oh pardon... Oui, elle la fait fleurir, à vrai dire. Littéralement sortir de terre. Elle avait à peine trois ans, mais la magie a paru jaillir, instinctive... Son père n'a rien vu, heureusement. C'était un peu après l'enterrement d'Edgar. (Il déglutit). Nous étions dehors et le révérend est passé pour présenter ses condoléances... Simon jouait dans l'herbe quand Victoria l'a aperçu. Je crois que même une enfant si jeune a compris... enfin elle a perçu qu'il n'était pas bien.

L'euphémisme parut si gros qu'aucun d'eux ne le releva. Simon fixait le bosquet uniquement constitué de branchages morts en cette saison, le teint gris cendre, et Julian tenta de maîtriser la sensation d'étouffement qui venait de le prendre à la gorge. George, lui, se força à poursuivre :

- Elle a juste agité la main et d'un coup les fleurs ont surgi de partout pour entourer Simon. Ça l'a fait sourire pour la première fois depuis... depuis ce soir-là. (Il déglutit, l'air étrangement ému de raconter cette vieille histoire). Depuis, le bosquet fleurit chaque année. Sans faute.

Il termina dans un souffle, presque émerveillé par cette magie si simple et si extraordinaire à la fois, née de la volonté d'une petite fille au cœur plein de compassion. Julian se surprit à sourire. Oui, ça ressemblait bien à Victoria. Tout comme elle avait été incapable d'assister à la détresse de son amie Renata sans la suivre pour aider, elle avait été incapable de contempler la peine d'un petit Simon dont le monde venait de se briser sous ses pieds. Il fallait toujours que Victoria égaye la vie des gens... Elle avait égayé la sienne et celle de Noah en tout cas.

- Tu me l'avais jamais dit... fit soudain Simon en direction de son père, la voix cassée.

- J'avoue, je n'y pensais plus vraiment. Mais si, c'était bien elle. Comme quoi, j'avais raison à l'époque : une fille qui t'offre des fleurs, c'est une amoureuse.

Amusé, il posa un œil pétillant sur son fils et Julian éclata cette fois de rire devant la mine mortifiée de Simon dont les joues rouges offraient un spectacle divertissement. Ce dernier le repoussa vers le bosquet.

- Oui, bon, c'est bon, grommela-t-il. Tu veux étudier l'enchantement alors ?

Le rappel, urgent, de la vie de Victoria dans la balance le fit retrouver son sérieux. Il s'approcha des branches décharnées sous le regard intéressé de George.

- Le sortilège est ancien... mais je peux essayer, oui. Reculez un peu, il ne faut pas d'interférence magique.

Les deux Bones obéirent alors qu'il sortait sa baguette, concentré. Puis, avec un geste précis, il entreprit d'écouter l'enchantement. Chaque acte magique avait ses propriétés : sa densité, ses strates magiques, son bruit même parfois. Le temps altérait le tout, la puissance qui maintenait l'enchantement en place également. Certains pouvaient tenir des siècles et d'autres quelques heures. Mais il y avait des types de sorts, peut-être ceux les plus nébuleux du monde magique, qui étaient durs à expliquer, même pour les chercheurs comme lui. Des sortilèges rendus puissants par la force émotionnelle avec laquelle ils étaient liés et bon sang ce bosquet... Ce bosquet portait en lui une trace magique indéniable : celle d'une petite fille qui avait voulu échanger un sourire contre des fleurs.

Et là, au centre de la toile formée par l'enchantement endormi, Julian le ressentit vibrer au creux de sa baguette... Un battement. Sourd, vif, mais bien présent. Un battement de cœur qui existait toujours.

Il pivota sur ses talons vers Simon, un immense sourire aux lèvres. Il n'eut pas besoin d'expliquer. Simon comprit. Le soulagement qui déferla sur son visage fut stupéfiant d'intensité. Ce fut comme s'il respirait pour la première fois depuis un mois et il renversa la tête en arrière vers le ciel, l'air de remercier tous les mages alors qu'un cri victorieux quittait ses lèvres.

Un cri victorieux, oui, c'était le mot. Parce que Victoria Bennett devait triompher, elle n'était pas encore de cendres... elle appartenait à la lumière et Julian était bien décidé à la lui faire revoir. Le colibri n'avait pas encore les ailes brisées. 

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Verdict ? ^^ 

Vraiment, j'ai adoré écrire cette partie. Déjà, la confrontation entre Noah et Simon... Tellement une évidence à mes yeux, ça faisait du bien de tout faire exploser enfin. Parce que Simon et Noah, c'est un peu l'écho de Matthew et Noah même si la relation est différente : ils sont trop différents pour que leurs personnalités ne se rentrent pas dedans à à un moment. Simon a un lien avec Julian, Victoria a appris à connaitre les deux, mais Noah et Simon ? Non, ils ont finalement peu de choses en commun à part leur tempérament sarcastique et surtout leur amour pour Vic' chacun à leur façon. Un cocktail voué à exploser à ce moment précis. 

J'ai aussi adoré écrire Simon et Julian. Perri s'était concentrée sur Vic et Noah de façon magistrale, vraiment mon duo préféré d'O&P presque, mais j'avais envie de mettre en lumière l'évolution de la relation entre les deux autres. Parce que si on regarde bien, les liens entre Simon et Julian sont anciens, emmêlés à des souvenirs, à la présence-absence de Matthew... C'était complexe et ça demandait du temps. Julian connaissait un Simon de trois ans, il se retrouve avec un jeune homme et un élève. Simon ne se souvenait plus de grand chose. Tout était à reconstruire sur des cendres tout en dépassant le spectre des souvenirs et je pense que cette partie est un peu l'aboutissement de cette idée. Oui, Matthew est toujours présent entre eux, mais pas de façon malsaine. Au contraire, il est le trait d'union, mais Julian et Simon ont désormais leur propre histoire à eux. 

Voilà voilà ! La dernière partie du bonus n'est pas encore écrite, je vous la donne dès que ça sera fait haha ! 

A plus dans le bus ! (Je suis en roue libre, faites pas attention). 

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