4. L'aube de notre avenir

Hey ! Nouvelle partie de bonus pour fêter ce jour du 15 février, double fête à mes yeux : c'est mon anniversaire, certes, mais c'est surtout le saint jour du Simoria ! Oui, ils se sont mis ensemble le jour de ma naissance, sachez-le. Si je le pouvais, je le mettrais sur mon CV ! 

Donc ça me semblait une belle occasion pour un petit post surprise, surtout que je suis en retard pour compter les résultats du concours de noël donc ça sera pour ce week-end sur mon Rantbook sorry... Pour me rattraper, voici donc la partie 4 de ce bonus où je m'insère dans les blancs du texte de Perri. 

A LIRE contexte --> Cette fois, on se retrouve au chapitre 16 de la partie 4 de O&P, soit la virée en voiture dans Londres de Vic et Simon ! Que s'est-il passé avant, pendant et après du côté du Nolian ? Je vous laisse le découvrir !

Et encore merci à Perri pour le visuel juste au dessus !  

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L'aube de notre avenir

« Un avenir, cela se façonne, un avenir cela se veut ».

– Raymond Barre –

// Décembre 1997 – Oxford //

- Merlin, c'est écrit en runes anciennes, c'est pas possible...

Le marmonnement, à peine compréhensible, tira Julian de sa lecture. Il lisait le nouveau numéro de la Voix du Chaudron, s'attardant sur le trait de Noah qui illustrait plusieurs articles avec incision, et releva les yeux vers Simon de l'autre côté de la table. Ce vendredi soir avait sonné le début du week-end et il était venu chez eux pour voir Victoria, comme de plus en plus souvent. Ce n'était peut-être pas prudent mais ils avaient décidé de lâcher un peu de lest. Le Ministère et les mangemorts n'étaient pas à leur porte et ne les suspectaient pas vraiment, pas alors que l'Ordre du Phénix et Harry Potter étaient la priorité. Ce répit relatif les laissait sans doute un peu plus respirer et Julian s'en trouvait soulagé. L'humeur de Victoria était toujours plus joyeuse après les visites de Simon. Il la comprenait. Lui aussi aurait fini par se taper la tête contre le mur s'il était enfermé ici depuis des semaines. Toujours est-il que Simon était donc avec eux ce soir et profitait du fait que Victoria soit partie prendre sa douche pour s'atteler à ses révisions. Les partiels de janvier auraient lieu après les vacances, le temps passait vite. Penché au-dessus d'un rouleau de parchemin maintenu ouvert par un manuel épais, Simon avait pourtant la tête de celui qui était en train d'attraper une migraine à force d'essayer de comprendre une formule magique trop complexe. Julian connaissait bien cette tête : il avait dû l'aborder pendant toute ses études à l'IRIS.

- Un problème ? lança-t-il, pris de pitié.

Presque dans un sursaut, Simon leva les yeux vers lui et enfoui son poing dans ses cheveux, frustré.

- Ouais, mes notes ne ressemblent à rien... Ou alors c'était le cours du prof qui ressemblait à rien, je ne sais pas.

- Aouch, merci pour mon ego.

- Pas toi, répliqua Simon avec un demi-sourire. Le professeur Carter. Ils nous a fait travailler sur les sortilèges imbriquées les uns dans les autres et les sorts protecteurs. Un vrai casse-tête. (Il baissa à nouveau les yeux sur ses notes, sourcils froncés). Il nous a donné l'exemple d'un... Rituel d'Ancrage, mais j'ai du mal à comprendre comment tout est censé fonctionner ensemble.

- Ah...

Le nom même lui provoqua un frisson venu de souvenirs qui lui paraissaient vieux de plusieurs vies tant de nombreuses choses s'étaient passées depuis... Et pourtant, il revoyait encore parfaitement son lui de dix-sept ans en train de tenter de briser un Rituel qu'il n'aurait jamais dû briser.

- T'as de la chance, dit-il en se levant pour venir s'assoir à côté de Simon, mais il se trouve que je m'y connais en Rituel d'Ancrage. Si tu veux un coup de main.

- Sérieux ?

- Hum... Et c'est normal que tu ais du mal à comprendre comment tout peut fonctionner ensemble parce que ça change à chaque fois. Le propre même d'un Rituel d'Ancrage, c'est que le sorcier ou la sorcière qui le scelle y ajoute une sorte de signature. Ça peut prendre des formes de magie multiples et donc la base même de ce type de rituel est assez variable. D'où le casse-tête à retranscrire en principe écrit.

D'un geste, il désigna les notes obscures de Simon qui ne ressemblaient effectivement pas à grand-chose s'il en croyait les nombreuses ratures.

- Ok, j'ai l'idée, déclara celui-ci. Mais on peut voir ça demain ? Je crois que mon cerveau arrivera pas à enregistrer ce soir.

Julian sourit, indulgent.

- Pas de problème.

- Merci...

Simon parut soulagé et retira le manuel qui retenait son parchemin. Le papier se réenroula sur lui-même dans un mouvement rapide. Les traits tirés par la fatigue, Simon poussa un soupir de soulagement et enfouit sa tête dans ses bras par-dessus.

- L'IRIS va me tuer, dit-il d'une voix étouffée.

- Mais non, tu t'en sors très bien. Mieux que certains plus âgés. Les vacances sont dans deux semaines en plus.

- Vacances ? Vacances ? Tu parles, je vais devoir réviser huit heures par jour, oui !

Un grand sens de la mesure signé Bones, il le reconnaissait bien là.

- Sois pas dramatique, encouragea-t-il. En plus, je ne me fais pas d'illusion : tu viendras ici encore plus qu'à l'accoutumé donc je pourrais t'aider si tu bloques, comme là.

- Hum...

Peu convaincu, l'œil vert de Simon lui jeta une œillade à travers ses bras et Julian se retint de secouer la tête. Ca faisait un moment qu'il avait perdu son aura professoral avec lui de toute façon. Avec un soupir, Simon se redressa pourtant l'air plus rassuré, ce qui ne l'empêcha pas de s'agiter une seconde plus tard, presque mal à l'aise. Depuis le temps, il commençait à comprendre ce que ça signifiait : Simon était en train de tourner et retourner ses prochaines paroles dans son esprit, prudent. Il lui laissa le temps avec patience.

- Eh Julian ?

- Oui ?

- T'es sûr que ça vous dérange pas hein ? Que je vienne... ?

Il ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas vu arriver la question. Sa réponse fusa donc avec aisance :

- Tant qu'on reste tous sur nos gardes, non, absolument pas. Je te l'ai déjà dit, Simon, ce n'est même pas un choix, c'est une évidence. On fera tout pour que Victoria s'en sorte.

- Justement, protesta-t-il, je ne suis pas Vic.

De l'avis de Julian, la nuance importait peu. Protéger Victoria revenait à lutter contre l'idéologie de Voldemort, mais aussi à protéger Simon en quelque sorte. Parce qu'il ne se faisait pas d'illusion, il avait une cible sur le dos, peut-être moindre par rapport à des membres de l'Ordre plus imminents, mais bien plus grande que le commun des sorciers. Le nom des Bones résonnaient en écho à travers le temps et remontaient jusqu'à la première guerre. Julian n'était pas près de l'oublier, surtout quand il contemplait Simon de profil comme à cet instant. Un profil au long nez qui lui rappelait douloureusement celui d'un autre garçon.

- Certes, concéda-t-il après quelques secondes de silence, mais peu importe. Vic et toi, c'est un peu... comment Lupin a dit déjà ? Un ensemble, « un package deal » ? Oui, c'est ça je crois. Un package deal.

Les sourcils de Simon s'envolèrent sous ses épis blonds.

- Lupin a dit ça ? Quoi ? Quand ?

- Je ne sais plus, s'amusa-t-il devant son indignation. Sûrement quand il a amené quelques affaires de Victoria ici avant qu'elle emménage, il a sorti cette expression au vol et je l'ai trouvé... parlante on pourrait dire.

- Génial... marmonna Simon. Et évidemment, tu l'as retenu. Je croyais que t'aimais même pas Lupin ?

Il lança un regard surpris à Simon, pris au dépourvu à son tour.

- Quoi ? Non, qui a dit ça ?

- Je ne sais pas, peut-être toutes les fois où tu l'as fusillé du regard ou lancé une pique la dernière fois que je suis venu avec lui ?

- Je n'ai pas... n'importe quoi, je...

- Il a raison, Jules !

Evidemment. Une seconde plus tard, la porte de l'appartement claqua, signe que Noah venait de rentrer. Et pour qu'il ait entendu les dernières phrases, c'est qu'il écoutait. Avec un soupir agacé, Julian renversa la tête en arrière en faisant mine d'ignorer le rictus de Simon et se retint de donner un coup dans le pied de sa chaise pour faire bonne mesure. Noah apparu alors à l'entrée du salon.

- C'était une conversation privée, lui lança-t-il avec un regard entendu.

- Privée de quoi ? Je suis chez moi, c'est lui qui squattes !

- Noah...

C'était bien la peine de rassurer Simon sur le fait qu'il ne dérangeait pas en venant ici et, évidemment, le teint de celui-ci s'enflamma aussitôt même s'il jeta un regard mauvais à Noah par la même occasion. Parfois, Julian avait l'impression de revoir la même relation chien-chat que Noah avait eu avec Matthew et l'idée même l'amusait autant qu'elle lui serrait le cœur.

- Ne l'écoute pas, Simon, le défendit-il. Il aime juste provoquer, il pense que ça le rend intéressant.

- Penser seulement ? rétorqua Noah, goguenard. N'importe quoi, je suis intéressant à chaque minute de chaque jour. C'est pour ça tu vis avec moi.

- Bien sûr...

Son ton sarcastique arracha un sourire à Noah et il s'approcha d'eux jusqu'à venir se planter à côté de lui. Il se pencha alors pour chuchoter au creux de son oreille.

- A moins que ça ne soit pour d'autres de mes talents, souffla-t-il d'un air suggestif.

- Rah Merlin ! s'écria Simon en passant une nouvelle teinte de rouge. T'es pas discret ! Du tout ! J'entends !

Il agita les mains devant lui, indigné, et ce fut plus fort que lui : Julian éclata de rire. Contre lui, Noah en fit de même, s'affaissant presque sur son épaule avant de déposer un baiser contre sa tempe. Simon, lui, les fusilla du regard sans vergogne.

- Bon, je vous laisse, déclara soudain Noah sans cesser de sourire. Je vais prendre une douche.

- Je crois que Victoria est toujours dans la salle de bain.

- Vraiment ? Et bien elle va en sortir. (Il se détourna pour se diriger vers les escaliers). Vic ! s'écria-t-il alors à plein poumons. T'as intérêt à sortir dans la minute ou je te mets dehors !

La réponse, portée par une voix étouffée mais haut-perchée, ne se fit pas attendre.

- M'approche pas ! Ou je te mets le jet d'eau dans la figure !

- Ca va mal finir... soupira Julian, désabusé.

Noah avait disparu désormais et ils attendirent quelques secondes avant que la cacophonie ne commence. D'en haut s'élevèrent soudain des bruits de pas précipités, celui d'une porte qui claquait, des coups contre un mur et plusieurs cris indistincts. Simon écarquilla les yeux.

- Ils sont toujours comme ça ? s'exclama-t-il.

- Les trois-quarts du temps, oui. Mais tant pis pour eux, s'ils se lancent dans une bataille d'eau, ils n'auront qu'à nettoyer ensuite. Et puis, ça anime un peu les journées de Victoria j'ai l'impression.

- Hum...

Julian se tourna vers Simon devant cette réponse lapidaire. Il avait les yeux levés vers la passerelle, à moitié visible de là où ils étaient assis, et semblait songeur. Dans un sens, il comprenait. La relation entre Victoria et Noah était compliquée à appréhender de prime abord si on n'habitait pas sous le même toit qu'eux quotidiennement, ce qui n'était pas le cas de Simon. Pourtant, au fil des jours, Julian avait constaté que la colocation avait ravivé chez chacun d'eux un aspect que la guerre avait eu tendance à souffler. Pour Victoria, c'était une force de caractère et un répondant que Noah la forçait à sortir chaque jour. Pour Noah, c'était le fantôme d'un esprit enfantin qu'il n'avait pas dû s'autoriser pendant son enfance à cause de sa mère. Pour un peu, Julian avait l'impression de se revoir avec Lottie plus jeunes, même si l'énergie du duo Noah-Victoria était bien plus chaotique.

Perdu dans ses pensées, il ne se rendit compte que Simon était toujours plongé dans un silence contemplatif que quelques secondes plus tard et coula un nouveau regard en biais dans sa direction. Ils avaient peu parlés tous les deux de comment il vivait la situation, mais Julian se demanda soudain s'il n'aurait pas dû aborder le sujet plus tôt.

- Eh Simon ? l'interpella-t-il. Tout va bien ?

- Quoi ?

L'air distrait, Simon cilla avant de se tourner vers lui. Il avait toujours les traits fatigués, mais Julian prit brusquement conscience que ce n'était peut-être pas seulement à cause des cours, même si ça faisait quelques temps qu'il sentait une démotivation chez lui. La guerre pesait sur toute la population sorcière et il ne fallait pas être Dumbledore en personne pour comprendre qu'elle devait atteindre Simon plus violemment que la moyenne.

- Je disais, tout va bien ? insista-t-il. En ce moment je veux dire ? Avec... tout ce qui se passe ?

Mal à l'aise, il fit un geste vague censé englober le statut de fugitive de Victoria, la pression mise sur l'Ordre, l'évasion de Jugson, l'inquiétude pour sa famille et la montée des mangemorts au pouvoir. Le coin de la bouche de Simon s'agita dans un tic nerveux, même s'il veillait visiblement à maintenir une expression neutre.

- Ca peut aller, répondit-il finalement. Ca doit aller même, on n'a pas le choix, non ?

- Sans doute, seulement... C'est une vision philosophique mais peut-être pas très réaliste, tu ne crois pas ?

Songeur, Simon prit le temps de considérer l'argument avant d'hausser les épaules.

- C'est vrai, concéda-t-il, sauf que je ne peux rien faire pour changer la réalité. Par contre, je peux décider de ce que je fais pour lutter contre et je penses que c'est ça qui compte... pas vrai ?

La phrase, terminée sur une question, sonna presque incertaine et pourtant Julian ne douta pas un instant de la résolution de Simon derrière ses mots. Il en ressentit une certaine fierté, impressionné. C'étaient dans ces moments-là qu'il se rappelait que Simon avait sans doute grandi trop vite, que son innocence et sa crédulité lui avaient été volés un soir d'août 1981.

- Oui, je suppose que t'as raison, approuva-t-il, la gorge serrée. C'est bien alors... je voulais juste m'assurer que ça allait en tout cas...

- Merci...

Gêné, Simon joua avec le bord de son rouleau de parchemin, toujours posé devant lui, mais lui jeta un regard reconnaissant par la même occasion. Il réalisa que peu de personnes avait dû lui poser la question dernièrement et il ne le faisait même pas parce que Simon était le petit frère de Matthew ; il le faisait parce que ces derniers mois il s'était sincèrement à lui en tant que personne. Plus les jours passaient et plus c'était une prise de conscience qu'il avait : le fantôme de Matthew se détachait progressivement de l'ombre de Simon, comme pour le laisser être un individu à part entière, et Julian s'en retrouvait soulagé.

- Et avec Victoria ? demanda-t-il sur une inspiration soudaine. Tout va bien aussi ?

En vérité, il voulait surtout s'assurer qu'il n'avait pas loupé un mal-être trop important chez la jeune fille alors même qu'elle vivait littéralement chez lui ; mais Simon parut interpréter la question autrement car il lui renvoya un regard étrange.

- T'es vraiment en train de m'interroger sur... notre couple ? dit-il d'un timbre qui dérailla légèrement, embarrassé.

Ce fut plus fort que lui, il se mit à rire.

- Hum, non, je ne pensais pas vraiment à quelque chose en particulier. Juste savoir si elle ne déprimait pas trop ou si elle avait besoin de quelque chose. Mais si tu veux parler de...

- Non, coupa Simon précipitamment. Tout va bien. Ouais, tout va bien, elle va bien...

Il ne le regardait plus dans les yeux maintenant et Julian sentit son sourire s'étirer malgré lui, soulagé et amusé en même temps. Il s'apprêtait à changer de sujet par égard pour Simon – ils n'en étaient peut-être pas encore au point de parler de choses trop personnelles – quand celui-ci sembla avoir une idée soudaine.

- En fait... dit-il d'une voix traînante. Il y a peut-être quelque chose...

- Je t'écoute.

- Bah... j'ai réfléchi un peu depuis la dernière fois... Tu sais, la sortie dans Oxford. Et même si ça ne me plaît pas, je dois reconnaître que Vic avait raison. Ce n'est pas réaliste de vouloir la cloîtrer ici 24h/24. Ça va la rendre folle et nous aussi par la même occasion.

D'un coup, Simon avait retrouvé son sérieux, concentré et Julian sut qu'il avait effectivement réfléchi à la question sans doute plus d'une fois ces derniers jours. Il hocha la tête pour marquer son accord.

- Ok... donc en partant de ce principe, je me suis dis que ça serait peut-être bien de lui proposer une sortie, continua Simon avec prudence, jugeant sa réaction. Je l'accompagnerai, elle ne sera pas seule évidemment. Et on pourrait aller quelque part où elle aurait le moins de chance de se faire repérer.

- C'est-à-dire ?

- J'avais pensé à Londres...

Il haussa un sourcil, surpris.

- Londres ? Comme la capitale, le lieu de résidence du Ministère et donc des mangemorts par extension ? souligna-t-il avec évidence.

- Je sais, je sais, ça n'a l'air idéal sur le papier. Mais franchement, je pense que c'est justement l'illusion ultime. Personne ne la cherchera dans une foule aussi dense que celle de Londres et on sait comment éviter les endroits sensibles. Je veux dire, il y a peu de chance que Bellatrix Lestrange se fasse une sortie culture au British Museum pile en même temps que nous, non ?

La scène que dépeignait Simon était tellement absurde qu'il la ponctua même d'un geste de la main incrédule et Julian se sentit sourire malgré lui. Rationnellement, l'argument était logique. Trouver Victoria au milieu de Londres serait comme chercher un bézoard dans l'estomac d'une chèvre, à savoir pas évident. Surtout qu'elle n'était techniquement pas recherchée pour cause de fuite hors du pays. Hésitant, il observa donc l'expression de Simon pour juger de son implication. Et comme d'habitude lorsque ça concernait Victoria Bennett, il n'y vit qu'une absolue certitude. L'éclat dans ses prunelles vertes ressortaient encore davantage sous la lumière tamisée dans laquelle ils étaient enveloppé et il soupira donc, vaincu.

- Ok, admettons que vous sortiez à Londres... Comment vous faites pour y aller ? Le magicobus est trop risqué et le transplanage aussi. Il y a bien un bus qui part de la gare d'Oxford sinon mais...

Il s'interrompit face à rictus qui étira soudain les lèvres de Simon. Ce dernier tenta de prendre un air neutre, presque angélique, et lui adressa un regard entendu. Julian comprit avec une seconde de retard.

- C'est hors de question.

- Allez, s'il te plait ! Ca sera le moyen le plus sûr !

- Pas pour les piétons autour de vous, non. Est-ce que tu sais même comment appuyer sur les pédales ?

- Eh je ne suis pas si petit que ça, même si Vicky s'entête à me traiter de minus !

- Ce n'est pas la question que j'ai posée, répliqua-t-il en tentant d'avoir l'air sévère.

Le rictus qui ne quittait pas les lèvres de Simon lui apprit qu'il échouait lamentablement.

- Non, reconnut-il, je ne sais pas conduire. Mais Vic sait, elle a appris l'été dernier. Et franchement, tu l'as vu sur un balai ? Une voiture, elle ne devrait pas avoir de problème.

Bon sang, rien n'allait dans cette phrase. Pour commencer, même s'il avait entendu dire que Victoria était effectivement très douée au Quidditch, il ne l'avait jamais vu volé de lui-même. Ça ne l'aurait pas aidé de toute façon, il aurait été incapable de juger de son niveau au vu du sien. Ensuite, le « devrait » restait un peu trop hypothétique à son goût, tout comme le fait qu'elle ait appris à conduire il y a plus d'un an et qu'elle n'ait donc pas son permis. Et oui, il était hypocrite sur le dernier point, il en avait bien conscience. Seulement, ce n'était pas pareil. Il était un adulte. Un adulte responsable qui savait très bien conduire, peu importe ce qu'en pensait les trois inspecteurs qui lui avaient fait passer l'examen. Mortifié, il pria pour que Noah ne redescende pas à cet instant pour entendre cette conversation.

- Franchement Simon, je ne sais pas si...

- Mais c'est la seule solution. Enfin, la seule solution qui n'implique pas de côtoyer trop de monde dans un bus ou dans un train.

L'assurance que Simon mettait dans sa voix montrait bien qu'il nourrissait l'idée depuis un moment. Il poussa le vice à faire une moue déterminée, presque comme pour l'attendrir, et Julian n'eut aucun mal à revoir le petit garçon qui faisait fondre tout le voisinage.

- Allez Juliaaan, fit-il en étirant les syllabes de son prénom. Pour un cadeau de noël en avance.

- Je sais, j'ai compris, ça ferait plaisir à Victoria. Peut-être qu'au moins Noah ou moi on pourrait vous accompagner. Et conduire par la même occasion.

Sa proposition fut accueillie par un regard outré. Il comprit le message sans même que Simon ait à objecter : il était hors de question pour lui de devoir supporter un chaperon pour cette sortie. Surtout si le chaperon en question devait être Noah.

- C'est bon, je retire, marmonna-t-il. Mais promets-moi que vous serez prudents. Même plus que prudents !

- Tu veux dire que... ?

- Oui, c'est d'accord. Tu peux prendre la voiture.

Le visage de Simon s'éclaira.

***

Quelques jours plus tard, Julian eut à peine le temps de voir une Victoria emmitouflée dans un manteau, une écharpe et un bonnet traverser le salon d'un pas bondissant avant qu'elle ne claque la porte dans une euphorie mal contenue. Le tintement des clés de voiture qu'il venait de lui céder résonnait encore et il observa le battant sans pouvoir chasser la pointe d'inquiétude qui venait de naître en lui. Il n'arrivait pas à chasser l'idée funeste de son esprit : et si c'était la dernière fois qu'il la voyait ? En fait, il n'arrivait même pas à vraiment envisager la possibilité tant sa présence était devenue partie intégrante de son quotidien, comme pouvait en attester l'appartement entier. Les guirlandes qu'elle avait enroulées partout accrochait l'œil et il ne pouvait pas poser le regard quelque part sans tomber sur une décoration de noël. C'en était presque étrange de voir tout ça assorti avec le silence qui régnait désormais. Un silence auquel il n'était plus habitué et il se retrouva quelque peu démuni face à ce constat.

Assis sur le canapé, Noah contempla lui aussi le calme apparent.

- Ok, ça fait bizarre, commenta-t-il platement. Est-ce que c'est ça que les parents ressentent quand les enfants s'en vont ?

Julian émit un rire étouffé. La comparaison n'était peut-être pas si loin de la réalité, même s'il ne voulait pas l'avouer. Las, il rejoint Noah sur le canapé et se laissa tomber contre lui. Aussitôt, il vint enrouler son bras autour de lui. Ils restèrent ainsi plusieurs secondes, comme s'ils avaient besoin de se réhabituer à être à deux, jusqu'à ce que Noah ne brise le silence.

- Va falloir qu'on enlève tout ça, fit-il en désignant d'un geste dédaigneux les décorations. On dirait que des elfes sont entrés par effraction pour nous envahir de l'esprit de Noël.

- C'est un peu chargé, reconnut Julian. Mais j'aime bien. Et ça fait plaisir à Victoria.

- Justement, elle était bien trop heureuse de m'agresser avec ses guirlandes. Ça lui apprendra. Tu sais, ça s'appelle leur apprendre le respect et être pédagogue.

- Elle a des parents pour ça tu sais. Des parents qui ne sont pas nous.

Son ton sarcastique n'empêcha pas Noah de lever les yeux au ciel, comme s'il ne s'agissait que d'un détail. D'une main, il vint prendre la sienne et entremêla leurs doigts ensemble et Julian se cala un peu plus contre son torse.

- C'est toi qui parles, répliqua alors Noah, amusé. Qui est-ce qui était sur son dos il y a une minute comme une dragonne en train de couver ?

- Quoi ? Je ne...

- Oh que si, Jules ! « Va te couvrir, il fait froid et mets bien ton écharpe, tu vas attraper la mort ». Un peu plus et tu lui ajustais son bonnet sur la tête !

Il lui donna un coup de coude pour toute réponse.

- Ton accent anglais est toujours catastrophique, l'informa-t-il, faussement vexé. Et tu m'imites très mal.

- Pas grave, mon charme américain compense, rétorqua Noah sans même hésiter. (Il glissa son visage dans son cou, toujours plus proche). En plus, c'est ton accent à toi qui importe. Je t'ai déjà dit que je le trouvais sexy ?

- Une bonne dizaine de fois au moins, oui.

Amusé, il tenta de garder un visage neutre, même si le coin de sa bouche devait sûrement tressaillir à cause du sourire qu'il avait du mal à réprimer. Et même si Noah ne pouvait pas le voir, toujours enfoui dans le creux de son cou, il l'entendit filtrer dans sa voix.

- Eh... souffla-t-il. Maintenant qu'ils sont partis toute la journée, ça veut dire qu'on a enfin l'appartement pour nous ?

- Pour faire le ménage tu veux dire ?

- Jules !

Le ton plaintif lui arracha cette fois le rire qu'il tentait de contenir. Il le ravala bien vite quand Noah déposa enfin ses lèvres sur sa peau, juste en dessous de son oreille. Depuis l'arrivée de Victoria, ils avaient peut-être réduit les marques de tendresse entre eux, même s'ils ne les avaient pas arrêtés pour autant. Noah aurait de toute façon refusé, fille de pasteur ou non. Mais ils les avaient souvent gardés à l'abris des regards, le soir dans leur chambre. Se retrouver tous les deux en pleine journée – au cœur du salon – redonnait un sentiment de normalité à leur étreinte. Contre sa peau, la bouche de Noah accentua la pression, demandeuse. Il étira donc la nuque vers l'arrière pour lui laisser plus d'espace et tous ses sens s'éveillèrent. Il sentait chaque courbe du corps de Noah derrière lui, la façon dont son torse se soulevait plus rapidement, sa main qui enserrait la sienne avec plus de force. Et pourtant, malgré la chaleur qui se répandait en lui, il n'arrivait pas à faire taire la petite voix inquiète au fond de son esprit. C'était comme s'il vivait deux réalités en même temps : celle où il appartenait totalement à Noah et celle qui ne pouvait s'empêcher d'envisager les pires scénarios pour Simon et Victoria. Les routes de campagnes pouvaient gelées à cette période de l'année et il était fréquent que du verglas se forme sur le macadam. Et si la voiture faisait une sortie de route ? Si Victoria ne savait pas aussi bien conduire que Simon l'avait cru ? Et si un mangemort les reconnaissait au milieu de la foule londonienne ? Un mangemort comme Robert Jugson ?

Assailli par ses doutes, il mit une seconde à se rendre compte que Noah avait soudain arrêté de l'embrasser et il rouvrit les yeux.

- Ok, t'es pas avec moi là, Jules... Qu'est-ce que t'as ?

- Désolé...

Il n'y avait aucune accusation dans la voix de Noah, plus de la sollicitude, mais il s'en voulu malgré tout immédiatement. Noah resserra sa prise autour de lui.

- Non, c'est bon. Mais je sens que ça va pas, alors crache le morceau. Ou tu veux qu'on aille dans l'atelier ?

Il secoua la tête. C'était parfois une de leur façon de communiquer, souvent lorsque l'un d'eux n'arrivait pas à extérioriser ou exprimer ses sentiments, mais il sentait que ni la peinture ni le dessin n'arriverait à être la solution aujourd'hui.

- Ca va... c'est juste que je m'inquiète pour Victoria et Simon.

- Jules...

- Je sais ce que tu vas dire. On ne peut pas la garder dans une cage de verre, ils sont capables de se débrouiller... Ce n'est pas en eux que j'ai pas confiance, c'est tout le reste dehors. Londres, ça reste vaste, mais c'est aussi le cœur de la guerre.

Noah ne protesta pas. Il ne soupira même pas, signe qu'il était en partie d'accord. Julian ne savait pas si ce fait le réconfortait ou l'angoissait un peu plus.

- Ils savent qu'ils doivent être discrets, le rassura-t-il finalement. Ils vont éviter tous les lieux sorciers, Simon te l'a promis. Et si quelqu'un s'inquiète plus pour Victoria que toi, c'est ce gamin. Donc il ne lui arrivera rien.

- Simon est doué, mais il ne peut pas lutter à lui tout seul contre toute une armée.

- Jules, qui a parlé d'une armée ? T'as vu Vic ? Si j'étais Tu-Sais-Qui, j'enverrai un mangemort stagiaire pour la capturer et encore. Elle ne fait pas très menaçante.

L'image d'un stagiaire au visage couvert d'acné en train de mener à bien une mission lui arracha un sourire par-delà l'inquiétude. Comme d'habitude, Noah était le seul à y parvenir.

- Tu sais que tu racontes n'importe quoi, pas vrai ? dit-il, amusé.

- Et alors ? Ça fonctionne ?

- Un peu...

L'aveu, prononcé entre résignation et légèreté, parut suffire à Noah. Il déposa un nouveau baiser contre sa mâchoire, faute d'avoir accès à ses lèvres, et la sensation le détendit un peu plus.

- Sérieusement, Jules, tout va bien se passer, murmura-t-il. Ils seront rentrés avant qu'on s'en aperçoive et je vais pouvoir embusquer Victoria pour qu'une guirlande l'étouffe dès qu'elle passera le pas de la porte.

- Si tu fais ça, je te laisse te débrouiller ensuite avec Simon.

Noah éclata de rire.

- Comme si j'avais peur de ce gringalet.

- Crois-moi, ce gringalet sait se servir de sa baguette. C'est toi qui vient de dire qu'il était censé protéger Victoria en plus donc ça serait plutôt utile, non ?

- Ah mais il y a plusieurs façons de protéger quelqu'un. Si ça se trouve, sa « virée à Londres » n'est pas du tout une balade au musée... Peut-être qu'il a pris une chambre d'hôtel et alors là bon courage aux mangemorts pour les trouver.

- Noah ! s'indigna-t-il.

Il se retourna à demi, sûrement l'air à moitié traumatisé car Noah partit dans un fou rire, tête rejetée en arrière. Son rire emplit tout le silence qui avait paru si lourd quelques minutes auparavant et Julian secoua la tête, dépité.

- Quoi ? Fais pas celui qui n'a jamais...

- C'était toi, coupa-t-il aussitôt, c'était ton idée !

- T'avais pas protesté avec beaucoup de force ! Si Leonidas n'était pas arrivé...

- Tais-toi, arrête de parler.

Pour le forcer, il se retourna cette fois complétement et plaqua sa main contre la bouche de Noah. Un éclat d'hilarité brillait bien trop dans ses prunelles bleues. Bon sang, il le détestait. Imaginer Victoria et surtout Simon dans ce genre de situation était la dernière chose dont il avait envie.

- Morgane, t'es vraiment une maman dragonne, Jules, se moqua Noah. Mais tu sais quoi ? Je comprends. Je pensais pas aimer les enfants, mais finalement maintenant qu'on vit avec Vic, je commence à voir ce que les gens y trouvent. C'est sympa.

- Victoria est majeure, on est loin d'une enfant, répliqua-t-il. Prends plutôt Pablo en exemple.

- On voit jamais Pablo plus de deux jours d'affilés.

C'était vrai. Généralement, ils retrouvaient Raphaël et sa famille pour les grandes occasions, comme les fêtes de fin d'année ou les anniversaires, mais ils n'avaient jamais passé de grandes vacances avec eux contrairement à sa propre famille. Noah n'avait de toute façon jamais été très proche de son frère, même s'ils s'entendaient bien, et Julian soupçonnait que la tension venait sans doute plus de sa femme, Maria. Il la connaissait depuis des années maintenant – depuis Ilvermorny même – et même si elle ne s'était jamais permis aucune réflexion, elle restait issue d'une famille assez religieuse. Il se doutait que leur « mode de vie » devait la mettre mal à l'aise, voire avait dû susciter des commentaires du côté de sa famille. Personne n'avait donc jamais voulu prendre le risque d'allumer une mèche qui ferait tout exploser.

Seulement, comme d'habitude, Julian n'arriva pas à restreindre son esprit. Au-delà de la question de Pablo, il ne put ainsi s'empêcher de s'attarder sur la remarque de Noah. Je commence à voir ce que les gens y trouvent. Une boule se glissa dans sa gorge. C'était un sujet duquel il n'avait vraiment discuté ensemble, faute de possibilités. Le mariage – impossible légalement – était déjà un point assez douloureux et ils n'avaient donc jamais évoqué d'autres horizon. Pourtant, l'arrivée de Victoria avait fait germé l'idée, toute proportion gardée bien évidemment. Comme il venait de l'affirmer, Victoria avait dix-neuf ans. On était loin d'une enfant de laquelle il fallait s'occuper et pourtant Julian se surprenait de plus en plus à observer les interactions de Noah avec elle. Il y avait quelque chose de fascinant et de touchant à le voir dans le rôle de celui responsable pour une fois. Ça lui allait bien, surtout à en croire le lien qu'il avait réussi à tisser avec Victoria.

Occupé à construire doucement sa relation avec Simon, il avait conscience de ne pas être celui des deux qui étaient le plus présent pour elle, mais il ne le regrettait pas : ça avait permis à Noah de se révéler dans un potentiel inexploité jusque-là. Et même si leur relation se manifestait souvent par des piques sarcastiques et des attaques surprises, il voyait bien que Victoria avait trouvé chez Noah un soutien inespéré entre les quatre murs de leur appartement étranger.

- Oh non, ça y est, tu repars, commenta Noah, désormais face à lui alors qu'il se tenait entre ses genoux, à moitié assis sur ses jambes étendues le long du canapé. La terre appelle Jules, oh oh !

- Pardon...

- C'est bon. A quoi tu penses, hum ?

Distraitement, sa main traçait des motifs alambiquées sur sa paume et Julian frissonna, hésitant à répondre. Il n'arrivait pas à anticiper ce que serait sa réaction, mais les mots se battaient contre ses doutes au creux de sa gorge.

- T'y as déjà réfléchi... ? souffla-t-il alors sans le regarder en face. Depuis que Victoria est là ou même avant ?

- A quoi ?

- Aux enfants...

La question parut prendre Noah complètement au dépourvu. Etonné, il cilla, pour une fois réduit au silence. Le cœur battant, Julian se résolu à baisser les yeux vers lui. Il n'arriva en revanche pas à interpréter les diverses émotions qui jouaient sur ses traits, ni même le silence qui se prolongeait.

- T'essayes de m'annoncer quelque chose là ? lâcha-t-il finalement.

- Noah...

La pression se relâcha dans sa poitrine en un rire étouffé. Au moins, il reconnaissait la technique : cacher le fait qu'il était déstabilisé par de l'humour. Noah sourit, l'air fier de lui, avant de reprendre son sérieux.

- Désolé, c'était trop tentant, dit-il, la tête penchée sur le côté comme en pleine réflexion. Et je ne sais pas... ouais, peut-être. Pas sérieusement en tout cas, mais j'ai pu y penser.

- Vraiment ?

- Hum... Mais à quoi ça servirait de trop y penser ? Ce n'est pas possible. C'est comme le mariage.

Julian plissa les yeux.

- Ca, c'est en parti de ton fait. Qui a refusé mes deux dernières demandes ?

La réaction ne loupa pas. Comme à chaque fois qu'ils abordaient le sujet, Noah grogna, désabusé, et ferma les yeux une seconde. Au fond de lui, Julian savait que c'était seulement son ego qui parlait. Ils en avaient déjà discuté, mais la finalité restait la même. A deux reprises, il avait voulu demander la main de Noah, poussé par la spontanéité du moment et de son amour pour lui. A deux reprises, il s'était vu recevoir la même réponse. Non. Et même s'il comprenait pourquoi, l'impression que son estomac se tordait encore rien que d'y penser n'avait rien d'imaginaire.

Face à lui, Noah se redressa soudain sur un coude pour être à sa hauteur. Dans cette position, ils étaient si proches qu'il lui aurait suffi de se pencher d'un souffle pour l'embrasser et son cœur s'affola un peu plus fort. Il espérait presque que Noah rompe la distance entre eux pour échapper à la conversation qu'il avait pourtant lui-même amené, mais évidemment il n'en fit rien.

- Jules, tu sais pourquoi j'ai refusé...

- Oui, je sais... murmura-t-il.

Seulement, savoir ne rendait pas la réalité moins douloureuse. Il n'y avait de toute façon plus penser depuis longtemps, mais la conversation présente avait simplement fait ressurgir le souvenir de rejet irrationnel qu'il avait ressenti les deux fois. Le visage de Noah s'adoucit soudain, signe qu'il devait mal cacher ses sentiments.

- Ok, si t'as encore besoin de l'entendre, je vais le redire, affirma-t-il avec aplomb. Jules, je t'aime et rien ne pourra rien y changer, tu le sais. Seulement, je refuse de te faire une promesse qui n'a aucune valeur. Ça reviendrait à dire que la vie qu'on a construit ensemble est une illusion et qu'ils avaient raison depuis le début... Qu'on vaut moins qu'eux. Et ça, je refuse.

- Je sais...

- Alors ne fais pas cette tête de botruc battu. Le jour où on se dira oui, ça ne sera pas symbolique, ça sera réel. On aura enfin gagné. Tu comprends ? (Il porta la main vers son visage pour venir en tracer le contour, les yeux ancrés dans les siens). Mais je te jure, Julian Shelton, qu'à la seconde où cette foutue loi changera... Bon sang, je te promettrai l'éternité.

Merlin... Autant prendre un coup en pleine poitrine. La sensation était la même. Ravagé par une émotion indicible, Julian se retrouva à court de mot. Il aurait voulu rendre sa promesse à Noah, mais s'en retrouva incapable et se contenta de soutenir son regard. Un regard d'une intensité qu'il connaissait par cœur et qui faisait battre le sien, gonflé à l'adrénaline. Noah eut un demi-sourire.

- Rassuré, c'est bon ?

- J'en avais pas besoin... articula-t-il, clairement de mauvaise foi.

- Arrête, tu sais pas mentir, Jules. T'as jamais su.

- C'est faux. J'ai réussi à faire croire à Victoria qu'elle ne dessinait pas trop mal la dernière fois qu'elle a voulu essayer. Elle était même contente de mes encouragements.

Noah éclata de rire.

- D'accord, j'avoue que ça c'est impressionnant. Même Pablo pourrait faire mieux.

Ce qui en disait long puisque leur neveu avait tout juste dix ans. La mention de Pablo raviva cependant le souvenir de leur conversation d'il y a quelques minutes et il sentit Noah se tendre légèrement contre lui.

- Même si on le voulait, ils nous laisseraient pas adopter, on le sait, exposa-t-il finalement d'une voix ferme. Alors pourquoi se faire des nœuds au cerveau en y pensant, hum ?

- Je ne sais pas... Y'a pas que l'adoption, tu sais, fit valoir Julian.

Il ne s'était pas renseigné, mais il savait pour en avoir entendu parler que des méthodes existaient dans d'autres pays. La Voix du Chaudron y avait même consacré un article l'année dernière, ce qui avait valu une sorte de polémique à Joséphine qui s'était contentée d'envoyer balader « toute la bonne bourgeoisie arriérée » selon ses propres termes. Noah avait évidemment adoré. L'article avait en effet raconté le parcours de deux couples sorciers – un irlandais et un espagnol – qui avaient mener un combat sans relâche pour fonder une famille. Le second, composé de deux hommes, avait ainsi eu un enfant né d'une femme qui avait bien voulu les aider. Seul l'un d'eux était le parent biologique du bébé et était donc son parent légal, tandis que la mère porteuse avait renoncé à ses droits. Un mélange entre le réel et l'illusion dont parlait Noah ; les deux faces d'une même pièce.

- Peut-être, oui, il y a d'autres moyens, concéda-t-il d'ailleurs. Mais dans ce cas là... je ne pourrais pas... je ne veux pas que ça soit moi...

- Que ça soit toi ?

Il n'était pas sûr de comprendre.

- Celui responsable légalement, impliqué biologiquement, peu importe comment tu veux le dire... explicita Noah, mal à l'aise. Si jamais un jour on prend cette décision, je ne... enfin, pas moi... tu vois ce que je veux dire ?

- Oh...

Perplexe, Julian fronça les sourcils. Il ne s'était pas attendu à dériver sur cette question – il aurait déjà voulu savoir ce que Noah ressentait vis-à-vis de l'idée même – mais quelque chose dans son ton l'interpella. La voix étranglée sans doute, à moins que ça ne soit le regard fuyant ou l'incapacité à former une phrase. Plus que tout, il avait l'air campé sur sa décision, comme s'il lui livrait une certitude ancrée en lui.

- Pourquoi... ? souffla-t-il. Pourquoi pas toi ?

- Parce que t'es le plus beau de nous deux voyons, Jules. Autant donner toutes ses chances à ce potentiel gamin, non ?

- Noah.

Il n'allait pas le laisser s'en sortir avec une dérobade. Toujours fuyant, ce dernier haussa pourtant les épaules, mutique, et il comprit qu'il fallait qu'il attende un peu. Patiemment, il se contenta donc de garder le silence sans jamais le quitter des yeux en tentant d'entraver son impatience. Il détestait ne pas comprendre, surtout lorsque le problème était là, si évident et criant.

- Je vois même pas pourquoi on en parle, en fait... tenta-t-il soudain d'esquiver. Tu ne veux pas qu'on...

Déséquilibré, il stoppa le geste de Noah alors qu'il essayait de se relever en faisant peser plus franchement son poids sur lui.

- Non, refusa-t-il, buté. Juste dis-moi... Qu'est-ce qu'il y a ?

- Jules... sérieux, c'est pas important, ça sert même à rien de parler ça maintenant.

- Mais peut-être qu'un jour faudra en parler. Alors autant que je sache, non ?

Noah soupira, l'ai acculé. Il faillit lâcher prise, conscient de possiblement pousser trop loin, mais une sorte de résignation tomba soudain sur ses traits. Il attendit donc alors que Noah prenait un souffle tremblant.

- Parce qu'honnêtement, je pense qu'il vaut mieux que mes gènes se transmettent pas. Ils ont fait assez de dégâts dans ma famille depuis quelques générations, ma mère compris... peut-être même moi, il doit y avoir encore débat là-dessus je suppose... (Il déglutit). Donc ouais, autant que ça ne soit pas moi...

La main instable, Noah repoussa ses boucles, comme pour se donner constance, et Julian resta un instant sans savoir quoi dire. Il ne s'était pas attendu à ça. Ni en abordant cette discussion, ni en poussant Noah à parler. Et pourtant, ça lui apparaissait soudain si évident. Ça avait même peut-être été la première chose qu'il avait appris sur lui : Noah avait peur de son propre esprit, de sa propre histoire, de ce que les Douzebranches portaient en eux depuis Dorcus et le fiasco du secret magique. Une sorte de malédiction selon les mauvaises langues ; mais une malédiction qui avait fini par peser sur la famille comme un mauvais sort impossible à conjurer. Les exemples ne manquaient pas. Folie, suicide, crise de paranoïa... Chaque génération avait son lot et Noah avait été particulièrement marqué par l'instabilité de sa mère. Or, si son passé l'effrayait, ce n'était pas étonnant que cette crainte projette sa lumière sur son futur, aussi hypothétique soit-il. Des aïeuls aux enfants, le lien s'étendait comme le fil des Parques. Passé, présent, futur ; chacun incarnait sa place.

- Noah...

- Non, s'il te plaît, pas maintenant. Je n'ai pas envie... je sais ce que tu vas dire et je crois que je ne suis pas prêt à l'entendre. Surtout que... on l'a dit, la question ne se pose même pas tout de suite, pas vrai ?

Il y avait une touche de plaidoirie dans sa voix et Julian se sentit presque flancher. Presque.

- Oui mais... protesta-t-il.

- Jules, non, coupa Noah. Vraiment, ça va, je te promets. On en reparlera quand Simon et Victoria ne risqueront pas de nous interrompre, d'accord ? Ça peut attendre...

Cette fois, il comprit le message. A mots couverts, Noah répondait finalement à sa question initiale. Il avait déjà peut-être réfléchi à la question des enfants, mais elle ne deviendrait pas une préoccupation dans l'immédiat. Face à ce constat, un mélange paradoxal de déception et soulagement se lova dans sa poitrine. D'un côté, il avait l'impression de l'avoir su dès le début : Noah avait peut-être évolué, mais il n'était pas prêt à fonder une famille. Son rôle auprès de Victoria était celui d'un grand frère et c'était déjà largement suffisant. Précipiter les choses ne feraient que les faire exploser. Quant à lui, peu importe. Il avait déjà bien plus qu'il ne l'aurait cru possible.

- Ouais, ça peut attendre, répondit-il d'une voix posée, à peine plus haute qu'un murmure. C'est juste toi et moi...

Immédiatement, un éclat de reconnaissance s'alluma dans les yeux de Noah. Ils n'avaient plus prononcé ces mots depuis des années, mais il savait qu'aucun d'eux ne les avait oubliés, pas alors qu'une certaine nuit étoilée sur le toit d'Ilvermorny jouait encore dans leurs esprits.

L'atmosphère s'allégea alors soudain et, sans cérémonie, Noah se redressa un peu plus pour lui voler un baiser.

- Du coup, ça veut dire qu'on peut enlever ses maudites décos de noël maintenant ? demanda-t-il, plein d'espoir.

- T'aimes les décos de noël, tu dis ça juste pour faire enrager Victoria.

- Tu n'auras aucun aveu de ma part, je nierai jusqu'au tribunal, Jules. Mais sinon, j'ai une autre idée...

Il sentit venir une nouvelle idiotie. Il ne put s'empêcher de sourire et de jouer le jeu, sans remords.

- Merlin, laquelle ?

- Faute des décos de noël, est-ce que je peux au moins t'enlever tes fringues ?

- Noah !

Son ton faussement indigné fut seulement accueilli par un éclat de rire. Il savait qu'il ne devait même pas être crédible.

- Ce n'est pas un « non », ça, parfait !

Et alors que Noah le tirait sur ses pieds pour le pousser ensuite vers leur chambre, il ne regratta soudain plus d'avoir confié ses clés de voiture à Simon et Victoria. A vrai dire, ils pouvaient même faire un long détour pour revenir, il n'allait pas s'en plaindre.

***

Finalement – et heureusement – Victoria et Simon ne revinrent qu'en toute fin d'après-midi ; au moment où la nuit avait déjà bien commencé à parer le ciel d'une teinte plus sombre. Il était dans la cuisine en train de préparer le repas du soir quand il entendit la porte claquer et, par réflexe, il se retourna juste à temps pour attraper Noah par le bras alors que celui-ci tentait de s'échapper, un rictus aux lèvres.

- Non, dit-il avec conviction. Déjà que tu n'es d'aucune aide depuis tout à l'heure, c'est hors de question. Tu laisses Vic tranquille.

- D'aucune aide ? s'indigna Noah. Comment ça d'aucune aide ? Je te passe les ingrédients et j'ai allumé le four !

Pour preuve, il désigna l'appareil d'un air entendu et Julian se retint de lever les yeux au plafond, amusé. Noah avait peut-être allumé le four, mais le reste du temps il s'était surtout attelé à le déconcentrer en l'embrassant ou en faisant courir ses mains sur son corps. Cette méthode de « cuisine » s'était révélée aussi infernale qu'intéressante s'il osait dire, d'où le léger retard sur le dîner.

- Magnifique, s'exclama-t-il au lieu de démentir, tu peux poser ta dem' à Joséphine et ouvrir un restaurant alors !

- Très drôle, Jules.

Avec maturité, Noah tenta malgré tout de l'esquiver, mais il se positionna stratégiquement dans l'embrasure de la porte. Les guirlandes avaient réussi à rester en place toute la journée, il ne voulait pas qu'elles finissent maintenant autour du cou de Victoria.

Une seconde plus tard, ce fut d'ailleurs cette dernière qui arriva la première, Simon sur ses talons. Julian se retourna pour la découvrir en train d'enlever son écharpe, un énorme sourire en travers du visage... un sourire qu'il ne lui avait pas vu depuis un moment. L'air extatique, ses pommettes et le bout de son nez étaient rougis par le froid et ses boucles sombres s'étaient emmêlées légèrement, sûrement à cause du vent, mais elle rayonnait sans pareil.

- Merlin, c'était génial ! s'exclama-t-elle avant que l'un d'eux n'ait pu lui demander comment avait été la journée. Vous êtes sûrs que vous ne voulez pas déménager à Londres ?

- Mais c'est qu'elle a des exigences maintenant, lança Noah. (Il tenait désormais un torchon dans sa main et Julian le lorgna avec suspicion : à tout moment, il pouvait le jeter sur Victoria faute d'une guirlande). Et non, jamais. Londres, c'est trop grand, trop... citadin.

- J'accorde, convint Victoria.

Elle finit d'enlever son manteau, les bras chargés, mais sans jamais perde son sourire. Julian le lui rendit en retour. Il n'avait pas réalisé à quel point la bonne humeur pouvait transformer son visage et il ne chercha même pas à rentrer sur le débat sur Londres. Pour lui, la capitale resterait toujours sa ville de cœur, celle où il avait grandi. Il en avait aimé l'animation et le bourdonnement permanent, mais il comprenait que Noah et Victoria – qui avaient tous les deux grandis à la campagne – ne s'y retrouvent pas.

- Alors ? fit-il en se remettant à surveiller la cuisson des légumes. Qu'est-ce que vous avez fait ?

- La question c'est : un « musée » ou une chambre d'hôtel ?

- Noah !

Le cri étranglé vint de leurs trois voix entremêlées. Si la sienne était plus las qu'autre chose – il aurait dû le voir venir – celle de Victoria s'était faite mortifiée et celle de Simon indignée. Une plaque rouge était apparue sur l'ensemble de son visage alors qu'il le fusillait du regard et Noah éclata de rire, l'air fier de lui.

- On a visité le British Museum et on s'est baladés dans Londres, répondit finalement Victoria d'une voix ferme. (Elle jeta un regard de défi vers Noah). Et toi ?

- Moi ? J'ai profité de ma tranquillité retrouvée pour dessiner, lui rétorqua-t-il du tac au tac. Tu sais, un grand artiste a besoin de calme.

- De calme, hum ? Alors pourquoi Julian a une marque dans le cou de la taille de ton ego ?

- Vicky ! s'étrangla Simon.

Pris au dépourvu, Julian se figea en même temps qu'une vague d'embarras monta en lui et il resta sans voix avant de se tourner vers Victoria. Elle paraissait elle-même surprise de sa propre répartie et le rouge lui était remonté au visage, même si ça ne devait plus rien à voir avec le froid hivernal. Quant à Simon, c'était bien simple, il avait l'air de vouloir disparaître.

Noah, lui, en resta tellement bouge-bée qu'il mit un temps anormalement long à réagir.

- Cours vite, Vic, conseilla-t-il soudain. Où je te fais avaler une de tes déco de noël !

- Tu veux dire que tu ne les as pas encore enlev... AH ! Non, Noah !

Mais Noah s'était déjà jeté sur elle, le contournant au passage. Julian ne put rien à faire que de les voir détaler tous les deux et il aurait presque été impressionné par les réflexes de Victoria – pour quelqu'un de si petit, elle avait une bonne détente à la course – si ça ne signifiait pas qu'il était désormais seul avec Simon. Celui-ci, plaqué contre le mur pour éviter la collision avec les deux énergumènes en fuite, ne le regarda pas tout de suite dans les yeux quand il se tourna finalement vers lui. Julian se râcla la gorge.

- Les clés, dit-il automatiquement. Je vais aller... vérifier la voiture.

Et attendre que le chaos passe accessoirement. Il n'avait jamais prétendu avoir le courage d'un Gryffondor.

- Oh ouais... Hum, promis elle n'a rien ! jura Simon.

Il chercha dans ses poches jusqu'à trouver les clés sous une paire de gants et les lui lança avec aplomb. Julian examina son expression. Il avait l'air sincère. Sans un mot, il quitta donc la cuisine et Simon se posta près des légumes en train de mijoter sans même qu'il ait à lui demander. Lorsqu'il passa devant l'atelier, il entendit les rires de Victoria et Noah, sûrement en train de se jeter des pinceaux dessus les connaissant, et il poursuivit sa route comme s'il n'avait entendu.

Dès qu'il alluma la lumière du garage, il constata avec soulagement que la voiture était bien là. C'était déjà une première étape. Frigorifié, il se fustigea de ne pas avoir pris un manteau pour descendre, mais il n'en avait pas pour longtemps. D'un œil inquisiteur, il fit le tour du véhicule. La peinture grise était en parfaite état, tout comme la carrosserie. Peut-être que Victoria savait effectivement bien conduire. Il poussa quand même le vice à ouvrir une des portières pour vérifier l'intérieur et se glissa sur le siège conducteur. Tout avait l'air en ordre, même ses rétroviseurs que Victoria avait reréglé avec attention. Soulagé, il se laissa aller contre le dossier et leva les yeux vers le toit de la voiture. La vision familière des traits tracés au feutre noir lui arracha un sourire.

Il se souvenait encore de sa première voiture, celle qu'il avait acquis un peu par hasard en arrivant à Oxford après la guerre. Il en avait eu besoin d'abord d'un point de vue très utilitaire pour faire les allers-retours et assister aux procès des mangemorts qui n'en finissaient plus entre 1981 et 1982. Tout le monde lui avait dit de transplaner ou de prendre le magicobus, étonnés, mais il avait toujours refusé. Cette période avait été assez dure comme ça et rouler pendant près de deux heures lui permettait de se vider la tête. Surtout, ça lui permettait de faire des pauses sur le trajet lorsque l'émotion devenait trop forte, comme après le premier passage en jugement de Jugson. Il avait dû s'arrêter sur le bas-côté, le souffle court, et c'est comme ça que les dessins avaient commencé. Il avait attrapé un feutre qui traînait là, la main tremblante, avant de d'expier ses émotions à travers ce qu'il savait faire de mieux. Très vite, le toit de sa voiture avait commencé à ressembler à une toile. Les choses ne s'étaient pas arrangées lorsque Noah avait commencé à faire les trajets avec lui et s'était mis lui aussi à dessiner. Chaque esquisse était alors devenue un souvenir.

Et c'est pour ça qu'il en avait eu le cœur douloureux quand la dite voiture – une vieille Hillman des années 60 qui ne valait pas une mornille – avait fini dans un lac près de Woodburn Park. Ils s'y étaient arrêtés pour souffler un peu avant d'arriver à Londres et... bon, il était possible qu'il ait oublié d'enclencher le frein à main. Noah n'avait jamais autant ri de toute sa vie, même s'il avait été aussi indigné que Julian ne se préoccupe que des dessins perdus à l'intérieur.

Six ans plus tard, au moment d'acheter cette Alpha Romeo bien plus moderne quand ils s'étaient dit qu'il leur fallait à nouveau une voiture, c'était pourtant bien Noah qui lui avait fait une surprise de taille. De mémoire, il avait reproduit presque à l'identique toutes les esquisses et les mots qu'ils avaient tracé sur la première voiture et Julian considérait encore aujourd'hui cela comme un de ses meilleurs cadeaux.

Rien que d'y repenser, il se sentit sourire, seul dans son garage. Et alors qu'il allait ressortir, un détail attira son attention. Dans un coin, juste à côté de la portière passager, il remarqua un mot qui n'était définitivement pas là avant. Pour cause, ce n'était ni son écriture ni celle de Noah... mais elle ressemblait fort à celle de Simon qu'il commençait à bien connaître à force de corriger ses copies. Les yeux plissés, il se pencha pour mieux voir et découvrit alors l'acte de vandalisme : « merci pour la voiture, Jules ! Vic' et Simon », accompagné de la date du jour et d'un petit cœur.

- Merlin... Espèce de gamins insupportables, marmonna-t-il.

Il ne savait pas s'il devait être touché ou indigné, même si la balance penchait sans doute vers le premier. Seulement, ça, ils ne le sauraient pas. Car c'était décidé : il laissait Victoria à la merci de Noah. Quant à Simon, il avait hâte de voir sa tête quand il mettrait une question « surprise » sur les Rituels d'Ancrage au prochain partiel ! 

************************************

Verdict ? ^^ 

C'est peut-être la partie du bonus la plus "faible" jusqu'à maintenant, mais elle me tenait à coeur quand même et il y avait des choses à en tirer, notamment sur le lien de Simon et Julian qui se renforce et puis sur l'évolution du couple Julian/Noah. Ils ont fait du chemin, ils ont construit une vie, une stabilité... Mais ça ne veut pas dire qu'ils sont arrivés au bout de l'évolution que je voulais leur donner. Noah, notamment, a beaucoup d'étapes dans mon esprit. On a le Noah ado en colère, puis jeune adulte qui commence à comprendre ses torts et a relevé la tête fort de ses convictions, puis encore celui adulte dans O&P pleinement lancé dans la vie active et en couple avec Julian. La partie apaisé où il pourra se révéler dans la paternité viendra plus tard encore et ce n'est pas un spoil pour ceux qui auront lu LFDO/Lucy. Donc voilà ! 

Vous avez aussi eu un petit aperçu avec l'histoire de la voiture de ce qui se passera un peu dans le tome 3 de LHDI, teasing ^^ 

A la prochaine, la partie 5 n'est pas encore écrite mais je sais déjà ce que ça sera... Une idée ? ^^ 

Bisous !! 

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