2. Dans l'ombre de l'Histoire
Hey ! Pile un mois après la publication de la première partie de ce bonus, je vous propose la deuxième. Je la dédie aux filles qui viendront au Salon du livre dimanche, comme ça on pourra en parler, c'est mon cadeau pour vous ! *keur*
A LIRE --> Contexte : Alors cette partie se situe entre le chapitre 10 et 11 du tome 4 de O&P donc si vous n'avez pas lu jusqu'ai 10 inclus, demi-tour, je ne veux plus vous voir haha ! Pour les autres, ce bonus évoque donc la brillante idée de Simon à la fin du chapitre lorsqu'il a une idée d'un refuge pour Victoria... Je pense que vous avez donc deviné de quoi ça va parler haha ! Donc pour résumé, on se trouve quelques mois après la première partie du bonus, voilà voilà . Sans plus attendre, je vous souhaite une bonne lecture !
Et un énorme merci à Perri pour l'illustration encore une fois de cette partie qui est juste sublime !
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Dans l'ombre de l'Histoire
« Il y a des bravoures opiniâtres et ignorées qui se défendent pied à pied dans l'ombre contre l'envahissement fatal des nécessités et des turpitudes. »
- Victor Hugo -
// 10 septembre 1997 //
- Jules ?
Le souffle qui effleura sa joue arracha à Julian un frisson et, à moitié conscient, il enfonça son visage dans son oreiller. Peut-être que s'il s'accrochait assez fort au sommeil, il arriverait à le retenir. Des formes et des couleurs dansaient encore derrière ses paupières closes, derniers vestiges des rêves dont il n'arriverait plus à se rappeler dès qu'il se lèverait et son esprit n'était pas près à faire face à la lumière du jour.
- Hum... grommela-t-il.
- Allez, c'est l'heure.
- On est dimanche...
L'information avait eu du mal à franchir ses lèvres, mais la brume autour de sa conscience commençait à se dissiper. Il remonta un peu la couverture vers lui dans l'espoir d'en garder la chaleur et une main se glissa dans la sienne pour suspendre son geste. Une seconde plus tard, le souffle était de retour contre son oreille et il sentit un poids au-dessus de lui, l'empêchant de se dérober.
- Oui, mais je cite ce que tu m'as dit hier soir : « Noah, ô toi l'homme le plus merveilleux de ma vie, réveille-moi demain avant neuf heures, je dois préparer les évaluations de rentrée des premières années ». Et il est neuf heures, désolé.
- Merlin...
- Ah ça y est, ça commence à prononcer d'autres noms de mecs au lit avec moi, très bien.
La répartie, absurde au possible, lui arracha un rire et il finit par ouvrit les yeux, vaincu. Il n'arriverait de toute façon plus à se rendormir, pas alors que Noah pesait pratiquement sur lui au-dessus de la couverture, torse nu et ses boucles noires encore humides de la douche qu'il devait venir de prendre.
- Je crois que t'as un peu déformé ce que j'ai dit hier soir, marmonna-t-il, amusé. J'avais seulement parlé des évaluations et des neuf heures.
- Non, c'est toi qui perd la mémoire à force de retenir plein de théories compliquées en sortilèges. Heureusement, je suis là pour te rappeler les choses importantes.
- Des choses comme « Noah est l'homme le plus merveilleux de ma vie » ? devina-t-il en riant.
Noah tenta de garder son expression sérieuse, mais le coin de sa bouche se releva à son tour.
- Ravi de te voir l'avouer, Jules.
- Je n'ai pas avoué, j'ai juste répété ce que tu...
- On s'en fiche.
Visiblement arrivé au bout de sa patience, Noah se redressa sur un coude et bascula à côté de lui dans le lit, toujours aussi proche.
- A quoi ça va servir de toute façon tes évaluations de rentrée ? On a qu'à rester là tous les deux toute la journée. Toute la semaine même.
- La semaine ? C'est bien, t'es jamais dans l'excès.
- « Mesuré » est mon deuxième prénom, approuva Noah. C'est Hilda qui l'a choisi, elle le pressentait chez moi je pense.
- Bien sûr...
Encore plus amusé, il étira ses bras dans un mouvement lent pour dénouer son corps encore ensommeillé. Le soleil de septembre, encore entre une lueur estivale crue et un éclat plus chaud automnal, filtrait à travers les rideaux à moitié tirés. La chambre autour d'eux avait l'atmosphère des dimanches matin et il laissa retomber son bras gauche autour de Noah. Ses doigts se mirent à courir sur sa peau fraîche, avides de contact.
- Il faut vraiment que je me lève, marmonna-t-il, la voix rauque. Pousse-moi hors du lit.
Noah éclata de rire à son tour. Il remonta sa main pour jouer avec ses boucles et en enroula une autour de son doigt avant de la détendre dans un geste répétitif. Noah décala sa tête en arrière, accentuant sûrement la pression, mais se laissa faire.
- Ca serait contre-productif, je veux t'y garder justement, dit-il d'un air suggestif. Avec moi de préférence.
- Cette après-midi alors. Quand les évals seront faites.
- T'es pas drôle, Jules...
- C'est parce que je suis pédagogue. C'est pour t'apprendre ta leçon du jour.
- Et c'est quoi ? La patience ? en déduisit Noah.
Il roula des yeux et fit mine de faire la tête en se détournant sur le dos, mais Julian finit par se redresser. La couverture glissa de son corps et il frissonna alors que l'air frais le frappait, puis se pencha pour planter un baiser vif mais ferme sur les lèvres entre-ouvertes de Noah.
- Non, la frustration, corrigea-t-il en se reculant tout aussi rapidement.
Le sous-entendu mit quelques secondes à monter au cerveau de Noah, mais il vit le moment où il l'intégra lorsque ses yeux bleus s'agrandirent et que ses sourcils se haussèrent. Encore plus amusé, il balança ses jambes hors du lit et se leva cette fois franchement.
- Jules !
Il ignora la plainte, mais se retourna une dernière fois avant d'entrer dans la salle de bain. La vision faillit le faire craquer : allongé en travers des draps blancs, Noah s'était redressé sur ses coudes et offrait en spectacle son torse, ses boucles ébouriffées et le début de ses hanches à peine cachées par la serviette enroulée à la va vite. Sur sa peau se détachait nettement l'encre noir de son tatouage, le perroquet noir si symbolique pour eux. Julian l'avait tellement tracé du bout des doigts – du bout des lèvres aussi – qu'il en connaissait chaque trait par cœur. Son regard s'y attarda encore quelques secondes, puis il entra enfin dans la salle de bain. Ce n'était pas le moment de se faire lui-même distraire.
L'eau chaude eut le mérite de le réveiller entièrement. Il ne resta pas longtemps sous la douche et ne prit même pas la peine de se raser un dimanche, mais quand il ressortit, Noah n'était plus là. Le lit était fait et il entendit de la musique résonner depuis le rez-de-chaussée. Il devait déjà être dans l'atelier. Julian enfila un simple pantalon en toile et un pull frappé du logo d'Oxford – il en avait au moins trois identiques à force de s'en faire offrir par l'IRIS pour « se fondre dans le paysage » – avant de descendre à son tour.
La musique était plus forte dans le salon et il reconnut la voix d'Elton John alors que sa main battait la mesure le long de sa jambe par automatisme. Parfois, ils se disaient que si les voisins pouvaient entendre la musique qu'ils passaient à longueur de journée, ils devaient vraiment les prendre pour un cliché de couple gay. Quoique, la petite grand-mère de l'autre côté de la rue lui demandait toujours « comment allait son colocataire » à chaque fois qu'elle le croisait, alors peut-être que ce n'était pas évident pour tout le monde. Il n'arrivait pas à lui en vouloir pourtant ; elle était juste d'une autre génération et leur offrait toujours ses confitures maison pour les fêtes. Même Noah avait ravalé son indignation en goûtant celle à la mûre sur sa tartine du petit-déjeuner : « ok, arrête de m'embrasser, je suis ton coloc' à partir de maintenant si ça veut dire qu'elle cuisine pour nous comme ça tout le temps ». Le souvenir de son air émerveillé fit gonfler un rire dans sa poitrine et il secoua la tête. Autant dire que la résolution de Noah n'avait pas tenu longtemps, même face à la meilleure des confitures.
Maintenant qu'il pensait à ça, peut-être qu'ils leur restaient encore un pot... Il se dirigea vers la cuisine, mais s'aperçut que Noah lui avait déjà laissé tout ce dont il avait besoin, à savoir une tasse de thé, des toast, le journal du jour et même du parchemin et une plume. Il sourit instinctivement.
- Allez... au boulot, murmura-t-il pour lui-même.
Il se donnait trois heures pour faire cette évaluation et profiter du reste de la journée. Ça devait être possible s'il reprenait le même modèle que l'année dernière en changeant quelques procédés. Il ne voulait pas que les deuxièmes années puissent donner la correction aux premières années, même si ses étudiants étaient généralement assez matures pour ne pas s'abaisser à ça. Après une gorgée de thé, il allait s'y mettre tout de suite quand la une de la Gazette posée près de lui attira son œil.
Pour cause, ce n'était pas une ordinaire. Il n'y avait ni titre ni photographie accrocheuse, pas même une publicité comme la Gazette pouvait se le permettre parfois même en première page. A la place, un bandeau en haut de la page indiquait « message ministériel à diffusion obligatoire » en lettres capitales. Le reste de l'espace était pris par un texte gravé en lettres d'or sur fond rose :
LES SANG-DE-BOURBE ET LES DANGERS QU'ILS REPRÉSENTENT POUR UNE SOCIÉTÉ DE SANG-PUR DÉSIREUX DE VIVRE EN PAIX
Sous le message, Julian découvrit l'image d'une rose rouge avec, au milieu de ses pétales, un visage minaudant, étranglé par une liane verte aux dents pointues à l'air sinistre. Pas besoin d'être artiste pour comprendre le sous-texte : la rose était une sorcière, belle et innocente, qui se faisait attaquer par les nés-moldus dont les griffes se refermaient sur elle sans pitié. Une véritable mauvaise herbe qui envahissait les jardins de la bonne société sorcière et qu'il fallait traiter à la racine pour l'éliminer. C'était grossier, sans aucune finesse artistique, et le message était surtout abjecte. Une vague de colère enfla dans son ventre. Le rose poudré du fond de la brochure était trompeur et voulait donner un air doux aux paroles si violentes, mais l'effet était complètement galvaudé par la haine qui filtrait dans chaque idée et chaque coup de crayon. Ainsi, même le Ministère se mettait à faire des brochures de propagande... C'était étonnant qu'il ne l'ait pas fait avant, mais ça signifiait que celles que l'Ordre faisait circuler depuis des mois avaient un impact. Et cet impact commençait à leur faire assez peur pour qu'ils veulent y répondre.
Tiraillé entre colère et fierté, il se tourna à demi pour avoir la porte de l'atelier dans son champ de vision. Il ne distinguait que le profil de Noah, penché sur son établi, et il n'eut aucun mal à imaginer le phénix en train de naître sous sa plume. Un symbole d'espoir, un symbole qui criait qu'il fallait se battre... Parce que la lumière du feu du phénix pouvait toujours faire rougeoyer les cendres et les transformer en étincelles qui raviveraient les flammes de la résistance.
Instinctivement, il se mit à faire bouger sa propre plume et esquissa le fameux oiseau en une silhouette épurée dans un coin de son parchemin. Il ne pouvait pas dire qu'il ne lui inspirait plus de nervosité – voire une véritable terreur qui l'empêchait parfois de trouver le sommeil – mais il avait fait du chemin depuis que Noah lui avait avoué pour ses activités du Perroquet Noir. Quand il voyait la brochure du Ministère, il se rappelait à quel point il faisait quelque chose d'essentiel et la fierté prenait le dessus sur la peur. Peut-être qu'elle était là, la clé de leur équilibre fragile : il était fier de Noah envers et contre tous, il l'était depuis leur dix-sept ans et il était temps que le monde voit aussi son talent à sa juste valeur.
En attendant, et avec un soupir dégoûté, Julian écarta la Gazette loin de lui. Il ne voulait même pas l'ouvrir et en découvrir plus, il savait déjà ce qu'il allait y lire. Les manifestants pacifiques du mois dernier qui avaient défilé sur le Chemin de Traverse devaient passer en procès cette semaine et il connaissait déjà le verdict. La Justice était devenue une parodie d'équité dont les hauts-placés du Ministère affiliés à Vous-Savez-Qui tiraient les ficelles. Il eut une pensée pour les Bones, si attaché à ce Département...
L'estomac lourd – alors qu'il n'avait rien avalé à part du thé – il s'apprêtait à se remettre au travail quand des coups sourds résonnèrent soudain à la porte. Il se redressa avec brusquerie.
- Noah... T'attendais quelqu'un ?
- Non ! lui répondit ce dernier en criant depuis l'atelier.
Julian se leva. Les coups ne cessaient pas, voire redoublaient, et il sentit l'appréhension poindre en lui avec force. Il s'avança vers l'entrée. Au même moment, Noah sortit à son tour, le regard alerte. Il sut qu'ils pensaient à la même chose à cet instant. Le Perroquet Noir devait être une piste impossible à remonter, mais... C'était ce « mais » qui l'avait hanté depuis mai dernier et il déglutit.
- Il n'y a rien en évidence ? demanda-t-il, la voix grave.
Noah secoua la tête immédiatement, les épaules tendus. Ils avaient depuis longtemps pris leur précaution si le Ministère débarquait chez eux : leurs établis étaient enchantés pour faire disparaitre la moindre preuve en une seconde et il se saisit de sa baguette d'une main ferme.
Il fit un signe d'assentiment à Noah avant de se placer à côté de lui, puis ouvrit la porte. Le énième coup contre le battant se perdit dans le vide. Sur le seuil de leur appartement, il découvrit d'abord un homme dont les yeux ambrés et le visage barré d'une cicatrice lui disait quelque chose, mais aussi de...
- Simon ? s'exclama-t-il.
- Lupin ? fit Noah au même moment.
Il tourna la tête vers lui, surpris, avant de se reconcentrer sur l'homme. Le nom le frappa avec force, presque autant que son apparence. Merlin, bien sûr... La familiarité des traits remontaient à ses années à Poudlard – il y a presque vingt ans – mais c'était incontestablement Remus Lupin qui se tenait devant lui, même s'il semblait avoir vieilli de beaucoup plus. A l'époque, il lui avait paru si impressionnant du haut de leur quatre ans de différence et entouré de l'aura des Maraudeurs... Ce temps-là était révolu. Aujourd'hui, Lupin arborait déjà des cheveux gris et était vêtu d'une cape à la matière éliminée. Aujourd'hui, il faisait partie d'un groupe de résistance et avait recruté Noah pour faire leurs tracts et brochures clandestinement, allant jusqu'à lui donner des rendez-vous secrets dans un hôtel, ce qui avait conduit à leur dernière grosse dispute. Le voir débarquer chez lui provoqua un sentiment partagé au creux de son ventre : perplexité, colère, et aussi peur. Si Lupin venait chez eux, ça ne manquerait pas d'attirer encore plus l'attention sur Noah et il n'aurait pas manqué de le faire remarquer sur le champ si Simon ne se tenait pas à ses côtés.
Il se tenait légèrement en retrait, nerveux, les mains plongées dans les poches. Ses épis blonds partaient dans tous les sens, comme s'il était venu ici assez précipitamment et l'angoisse de Julian se renforça. Il garda pourtant la tête assez froide pour lever sa baguette vers eux. En ce moment, on ne pouvait pas être trop prudent...
- La blague que les Maraudeurs avaient fait à la Tour de Serdaigle ? demanda-t-il vers Lupin, à peine conscient que son cerveau avait été chercher un souvenir marquant de sa scolarité.
Celui-ci cilla, l'air perdu le temps que sa mémoire s'enclenche, puis une lueur de reconnaissance – et peut-être de mélancolie – s'alluma dans ses prunelles. A sa décharge, les Maraudeurs n'avaient ciblé qu'une seule fois leur salle commune, mais de façon mémorable.
- On avait lâché tous les hiboux de la volière dedans en ouvrant les fenêtres par magie et en plaçant du miam-hibou sur les rebords.... Ceci dit, Flitwick n'a jamais réussi à prouver que c'était nous.
- Vous avez fait quoi ? s'exclama Simon, choqué.
Mais Julian n'avait pas terminé. Le cœur battant, il tourna sa baguette vers lui.
- Le nom de la fille qui sortait avec Matthew et dont je t'ai parlé au dîné avec Leonidas l'année dernière ?
Une boule chauffée à blanc se glissa dans sa gorge alors que son visage dansait dans son esprit et le visage de Simon se contracta une seconde avant qu'il ne réponde d'une voix sourde :
- Charity Burbage. C'est bon maintenant ? On n'est pas des mangemorts !
- Fallait bien vérifier, défendit Noah. Entrez.
Il s'effaça pour les laisser passer et Julian se décala avec un temps de retard pendant que Simon et Lupin s'engouffraient dans l'appartement. Il referma la porte, toujours aussi perplexe. Maintenant que la première surprise était passée, il ne voyait pas ce qu'ils faisaient chez lui et l'appréhension ne le quitta pas alors que tout le monde passait au salon.
Roulé en boule sur le canapé, Lennon – leur nouveau chat par la force des choses – releva une tête boudeuse d'être ainsi dérangé. Même au bout d'une semaine, Julian n'arrivait pas encore à totalement s'habituer à sa présence. Simon haussa un sourcil en le voyant.
- Vous avez un chat ? lâcha-t-il, surpris. Je l'avais jamais vu.
- C'est notre nouvel habitant, expliqua Noah. Il appartient... enfin il était à Charity. C'est sa sœur, Prudence, qui nous a demandé de le reprendre parce que son mari est allergique et qu'elle ne pouvait pas le prendre chez elle.
Julian déglutit. Dans les yeux de Lupin et Simon, il vit qu'ils comprirent ce que Noah passait sous silence. S'ils avaient récupéré le chat, c'était parce que Charity était partie de chez elle depuis le mois de juillet sans plus donner de nouvelles et que personne ne savait où elle se trouvait. Lors de leur dernière conversation, il avait bien senti que Prudence perdait espoir de la retrouver, surtout maintenant que la rentrée était passée et que Charity ne s'était pas présentée. On ne pouvait pas lui en vouloir si cette absence s'avérait être volontaire : en ces temps troublés, une professeure d'Etudes des moldus n'était pas la bienvenue. Pourtant, toute la nuance était là... La disparition de Charity ne paraissait pas volontaire, surtout qu'elle avait tout laissé derrière elle, y compris son chat adoré. Noah et lui avaient donc accepté, défaits, d'offrir l'asile au pauvre félin. Julian espérait seulement qu'il pourrait un jour retrouver sa vraie propriétaire, même si son côté rationnel l'empêchait de trop y croire. L'autre partie de lui, celle qui le poussait à avancer pour ne pas craquer, préférait occulter l'idée d'un malheur jusqu'à ce qu'elle soit prouvée.
Le cœur lourd, il fit bouger Lennon pour libérer le canapé et le chat émit un feulement de mécontentement vers Lupin à peine à terre avant de décamper au plus vite. Simon le suivit des yeux, une expression indéchiffrable sur le visage. D'un geste, Julian les invita à s'assoir avant qu'ils se retrouvent tous les quatre à se regarder dans un silence pesant. Noah décida de le rompre, impatient.
- Au risque de manquer aux règles d'hospitalité... on peut savoir ce que vous faites là ? Tous les deux ?
C'était peut-être la deuxième question qui avait son importance et enveloppait la scène d'une aura étrange. Même s'il savait que les deux avaient des liens plus ou moins étroits avec l'Ordre, il ne les avait jamais associés ensemble. Lupin et Simon échangèrent un regard, puis ce fut le premier qui se râcla la gorge, penché en avant dans une attitude apaisante.
- Oui, je me doute que ce n'est pas évident de prime abord. Déjà, nous sommes désolés de débarquer comme ça à l'improviste, mais le temps pressait. (Il se passa une main sur le visage, comme pour se laisser le temps de rassembler ses mots avant de poursuivre). Bien, je pense que nous pouvons tous parlés librement ici, tout le monde est au courant... de ce qui se passe.
L'hésitation de Lupin s'accompagna d'un regard dans sa direction et Julian haussa un sourcil, presque condescendant. Ainsi, Lupin savait qu'il n'avait pas toujours été au courant des activités de Noah – peut-être l'avait-il même encouragé dans la clandestinité – et il ressentiment une nouvelle vague d'agacement contre lui. Malgré tout, il prit sur lui en sentant le regard de Noah dans sa direction et acquiesça :
- Tout à fait...
- Parfait. Comme vous le savez donc, je connais Simon à travers l'Ordre évidemment, mais aussi pour avoir été son professeur de Défense contre les forces du mal pendant un an. Il me semblait plus sûr de l'accompagner pour vous parler aujourd'hui.
Julian réussit à maîtriser son expression, mais la surprise le cueillit au ventre. Il n'avait pas du tout suivi le va-et-vient du corps professoral de Poudlard et n'était pas au courant que Lupin y avait enseigné. Ni même qu'il avait eu Simon comme élève. Son regard dériva sur lui, assis avec un regard sérieux et déterminé près de l'homme plus âgé. C'était encore plus étrange de se découvrir soudain ce point commun avec Lupin et il n'arriva pas à identifier ce qu'il ressentait par rapport à ça, même s'il n'était pas sûr d'apprécier sans bien savoir pourquoi.
- Pour nous parler de quoi au juste ? lança Noah, circonspect.
Il regardait principalement Lupin en parlant, sûrement pour s'accrocher à un visage plus familier même s'il avait déjà croisé Simon à quelques reprises l'année dernière pendant des groupes de travail ici et pourtant ce fut ce dernier qui répondit :
- Ils sont venus chez moi, révéla-t-il. A Terre-en-Landes. Ils ont pratiquement défoncé la porte pour entrer.
- Ils ont quoi ?
Sa voix étranglée fit tourner tous les regards vers lui. Une pierre glacée lui tomba sur l'estomac. Son esprit conjura l'image de la maison des Bones sur les hauteurs du village, entourée de silhouettes encapuchonnées... exactement comme elle avait dû l'être un fameux soir d'août 1981. La vision même manqua de faire trembler ses mains et il fit jouer ses doigts contre son genoux pour les stabiliser. Noah lui coula un regard insistant, mais il se refusa à tourner la tête.
- Ils ont débarqué comme ça, raconta Simon, le visage grave. Ils criaient beaucoup et ont retourné la maison sans rien chercher de particulier... On a compris que plus tard pourquoi. Du moins, on pense avoir compris, c'est la seule hypothèse tenable même si on ne peut pas vraiment la tester pour des raisons évidentes.
- Raisons qui sont ? fit Noah, perplexe.
- Ca serait trop risqué et contre-productif. Parce qu'on pense que c'est un « Tabou ».
Simon fixa son attention sur lui en révélant l'information et il comprit instantanément. Ils en avaient parlé en cours au dernier semestre l'année dernière, juste une évocation, mais ce n'était pas étonnant que Simon ait compris. Il avait une très bonne mémoire pour ce genre de sujet qui l'intéressait particulièrement. A côté de lui, Noah s'agaça.
- Et pour ceux qui n'ont pas fait des études poussées en magie, ça veut dire... ?
- Ca signifie que Tu-Savez-Qui aurait réussi à ensorceler son nom pour repérer quiconque ose le prononcer, expliqua Lupin avec patience. Et comme ceux qui le font sont souvent des opposants aux mangemorts, c'est un bon moyen de les recenser et de les effrayer. On pense que c'est ce qui s'est passé chez les Bones.
Ça tenait la route, certes. Julian déglutit et osa poser la question qui lui nouait l'estomac en un nœud douloureux.
- Et ils ne vous ont rien fait ? Rose et George... enfin je veux dire tes parents ? Et toi ?
- On s'en est sorti, se contenta de répondre Simon, regard baissé. Ils ne sont pas repartis sans faire quelques dégâts, mais on va bien. Ouais, on va bien...
Il l'affirma avec autant de conviction possible, mais Julian ne parvint pas à être rassuré. Sûrement sans aucune subtilité, il chercha sur le visage de Simon une trace de blessure, mais à part des traits fatigués et une égratignure au coin de la bouche, il n'avait rien d'apparent. Il dût trop s'attarder car Noah lui donna un léger coup de genoux.
- Jules, il a dit que ça allait...
Sa voix, rassurante, lui fit enfin détourner les yeux et il hocha la tête en guise d'excuse. Simon ne releva pas, tout comme Lupin qui poussa la compassion à lui offrir un petit sourire rassurant. Il ne réussit pas à lui rendre.
- Bien, voilà ce qui a déclenché la situation, reprit Lupin malgré tout. Le problème, c'est que ce ne sont pas les Bones qui ont déclenché le Tabou. Ils avaient... une invité.
La légère hésitation sur le terme fit tiquer Julian et un pressentiment germa en lui en voyant Simon se trémousser, mal à l'aise. Il repensa soudain aux lettres échangés avec Leonidas et sa famille maternelle pour savoir si l'arrivée de la famille Bennett s'était bien déroulée. Un nom avait été étrangement manquant et il ne réalisa que maintenant ce que cela signifiait. Bon sang, évidemment.
- Victoria... souffla-t-il. Elle n'est pas partie, n'est-ce pas ?
C'était forcément ça et les expressions entendues de Lupin et Simon le confirmèrent.
- Elle-même, approuva Simon, encore plus tendu. Tu sais que sa famille est partie aux Etats-Unis évidemment...
- Oui, je sais. Archer m'a dit que la cohabitation avec le frère de Victoria était « étonnante ». Je n'ai pas su comment interpréter.
Un demi-sourire étira les lèvres de Simon.
- J'ai une petite idée, admit-il.
- Oui, enfin... tout ça pour dire que Victoria a voulu rester alors que sa famille a quitté l'Angleterre et a dû prendre la fuite pour ne pas être retrouvée par les mangemorts, embraya Lupin, visiblement soucieux d'en arriver au fait. Elle s'est réfugiée chez... ma femme.
Il hésita presque sur le terme et Julian haussa un sourcil. Il ne savait pas que Lupin était marié, mais encore une fois il n'avait pas su qu'il avait été professeur non plus. D'un geste machinal, ce dernier fit d'ailleurs tourner son alliance – une simple bande doré – autour de son doigt et Julian se retrouva à lui envier l'espace d'une seconde. C'était une chose qu'ils n'avaient pas en commun cette fois.
- Et c'est évident que nous aurions aimé pouvoir l'aider, poursuivit Lupin, mais l'appartement n'est pas adapté et... disons que ça va être compliqué dans les prochains mois également pour une autre raison. Ce qui nous amène à notre dilemme : où peut-elle aller pour ne pas être retrouvée par le Ministère ou les mangemorts ?
- Sachant que les deux ont tendance à ne former qu'un ces derniers temps, commenta Noah avec sarcasme.
Lupin lui accorda le point d'un hochement de tête défait et Noah s'adossa un peu plus contre le dossier du canapé.
- Donc laissez-moi voir si j'ai bien compris. Si vous êtes là à nous raconter tous les malheurs de Valentine...
- Victoria, corrigea Simon, agacé.
- Peu importe. Si vous êtes venus jusqu'à nous, c'est parce que vous voulez qu'on la cache, c'est ça ? Ici ?
L'évidence ainsi énoncée à voix haute ne faisait aucun doute, mais Julian dévisagea leurs deux invités, le cœur battant. Il l'avait vu venir aussi depuis plusieurs minutes, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir du mal à appréhender l'idée même. L'idée paraissait tellement énorme et dangereuse qu'il avait besoin d'une confirmation. Confirmation qui vint de Simon dont les yeux verts se vrillèrent sur lui, une émotion indicible inscrite sur le visage.
- Julian, s'il te plaît... C'est Victoria...
Il n'arriva pas à articuler plus, à court de mots, mais ceux-là disaient déjà tout. « C'est Victoria ». Ils avaient la même sonorité que lorsqu'il prononçait le nom de Noah dans ses moments les plus vulnérables... Lorsque quiconque prononçait le nom d'une des personnes les plus importantes à leurs yeux. Et ceux de Simon reflétait à la fois son désespoir, sa peur, sa détermination, son absolu conviction qu'il devait tout donner pour sauver Victoria Bennett. Ce regard, Julian en était venu à le craindre. C'était celui des Bones épris de justice et de conviction, celui qui avait conduit Matthew tête la première dans un escaliers... Mais il y avait aussi quelque chose de différent dans les prunelles vertes de Simon. La flamme qui l'habitait ne brûlait pas que pour lui ou la cause de l'Ordre, elle brûlait pour un sentiment tellement plus profond...
- On ne veut pas vous forcer la main, promit Lupin, mais comme je vous le disais le temps presse et vous êtes la solution la plus évidente et la plus tangible. Aucune connexion trop évidente à Victoria, un statut de sang plutôt sûr, un appartement assez grand... Techniquement, vous ne faites pas partie de façon officielle de l'Ordre non plus et n'êtes donc pas sous surveillance.
- Non, notre implication a été plutôt bien dissimulée, approuva Julian avec une pointe d'acidité sans pouvoir s'en empêcher.
Un ange passa et Lupin eut un mouvement de recul surpris avant qu'un air contrit ne tombe sur son visage. Visiblement, il venait de comprendre le grief à peine voilé qu'il entretenait contre lui. A sa droite, Noah lui donna un nouveau coup de genou un peu plus prononcé cette fois-ci.
- Jules...
- Désolé. Je ne voulais pas... Bref, revenons à Victoria. Il faut qu'on en parle avant, ce n'est pas évident. Comment ça fonctionnerait au juste ?
- On a déjà ressemblé la plupart de ses affaires et on peut faire venir le reste au fur et à mesure, expliqua Simon, l'air désireux de s'accrocher à la branche qu'il lui tendait. Elle viendrait ici ensuite tout en restant cachée jusqu'à... bon on ne sait pas vraiment, jusqu'à ce que les choses se tassent ou évoluent je suppose.
- Ce qui peut prendre du temps.
- Oui, mais j'ai hérité d'une maison pas loin. Elle n'est pas habitable pour le moment, mais elle finira par l'être. Ça serait seulement temporaire du coup. Et je peux vous dédommager pour tous les frais... Pas besoin de le dire à Vic tout de suite ça peut-être, son argent a dû être gelé à Gringotts, ça va lui prendre la tête si...
Julian leva la main.
- Simon, l'argent n'est vraiment pas un problème.
Il ne mentait pas. Il avait au moins dix préoccupations plus importantes sur sa liste mentale à cet instant et toutes impliquaient davantage des questions de sécurité diverses. Il aurait d'ailleurs aimé en parler avec Noah, seul à seul, plutôt que sous l'œil plein d'espoir de Simon ; mais quand il se tourna vers lui, il le découvrit bras croisés à toiser justement ce dernier, l'air suspicieux.
- Disons qu'elle vienne chercher l'asile ici, dit-il d'un ton singulier. Très bien, ça serait l'endroit idéal au-delà de tout soupçons pour le moment. Mais est-ce qu'elle le voudrait même ?
Lupin fronça les sourcils.
- Comment ça... ?
- Elle n'est pas homophobe ta copine ?
Le pique, lancée vers Simon, les figèrent tous. Las, Julian retint une grimace, surtout en sentant le regard de Simon se vriller à nouveau sur lui, accusateur. Il était possible que Noah ait cette information de lui après qu'il lui ait raconté la réaction qu'il avait perçu chez Victoria la fois où il lui avait avoué que le tableau dans son bureau à l'IRIS avait été un « cadeau de son compagnon ». Ce jour-là, Simon n'avait pas refermé la porte assez vite pour lui cacher l'air choqué et le cri étouffé de Victoria.
- Elle est fille de pasteur, crut-il bon de nuancer pour se rattraper.
- Ah... donc elle est homophobe, maintint Noah. Ça peut être drôle à voir si elle vient ici en vrai.
Provocateur, il poussa le vice à étendre son bras sur le haut du canapé pour venir déposer sa main à la base sa nuque. Le geste, intime sans trop l'être non plus, suffit pourtant à gêner Lupin qui se râcla la gorge, mal à l'aise. Julian devina que c'était plus à cause du ton défieur de Noah qu'autre chose et de toute façon il ne chercha pas à se soustraite au toucher. Ça faisait longtemps qu'il n'avait plus honte d'aimer Noah Douzebranches.
Sur le fauteuil d'en face, Simon, lui, contracta les mâchoires.
- Elle n'est pas homophobe, défendit-il. Elle vient juste d'une famille religieuse en plein milieu de la campagne et n'a jamais vraiment réfléchi à la question. Elle ne dira rien et ça ne posera pas de problème, c'est promis. Certains pourraient même vous dire qu'il n'y pas un gramme de méchanceté en Victoria Bennett, à part si je suis dans son champ de vision.
- Et encore, ce n'est même pas prouvé, lança Lupin spontanément.
Les joues rouge, Simon lui jeta un regard interdit et Lupin leva les mains sans commenter davantage.
- Peu importe, reprit-il, je vous jure que ça ne sera un problème pour Vic.
- Encore heureux parce que je suis problématique pour beaucoup de choses, mais pas pour ça, répliqua Noah, toujours avec une pointe de mordant. Mais allez-y, on va lui faire changer d'avis à Valentine.
Julian leva les yeux au ciel.
- Victoria, corrigea-t-il d'une même voix avec Simon. Et arrête, ce n'est pas l'important pour le moment. On verra ça plus tard. Pour le moment...
Il hésita, incertain, puis observa tour à tour Simon et Lupin.
- Est-ce que ça vous dérange si on prend quelques minutes pour en parler ? En privé, je veux dire ?
- Pas du tout, s'empressa d'accepter Lupin. C'est parfaitement compréhensible.
Reconnaissant, il lui adressa son premier sourire – léger – depuis son arrivée et se leva en tirant la main de Noah pour qu'il en fasse de même. Il ne chercha pas à protester et, tous les deux, ils se dirigèrent vers l'atelier sans même se concerter. Julian prit soin de lancer un sort d'insonorisation par acquis de conscience.
- Bon... autant pour notre dimanche au lit... commenta Noah en allant s'assoir sur son tabouret.
- Hum...
Nerveux, il soupira et attrapa un crayon pour s'occuper les mains. Il avait l'impression d'avoir des idées en vrac qui cognaient contre son crâne.
- Allez, on ne va pas tourner autour du chaudron. Balance. Qu'est-ce que tu penses de l'idée ?
- Honnêtement... Aucune idée. On passerait clairement un autre stade que le Perroquet Noir et si le Ministère nous tombe dessus... (il laissa sa phrase en suspens, la jugeant assez explicite, et leva les yeux vers Noah). Et toi ?
Ce dernier n'eut pas besoin de plus d'un battement de cœur pour répondre :
- Je pense qu'on devrait le faire.
Son absolu certitude résonna entre eux et Julian inspira un souffle haché. Evidemment. La main tremblante, il resserra sa prise autour de son crayon.
- T'as conscience de ce que ça veut dire, pas vrai ? Ca revient clairement à défier le Ministère et a hébergé techniquement une fugitive ?
- Merci pour l'évidence, Jules. Oui, je le sais, c'est même tout le but non ? Elle ne devrait pas avoir à vivre ça et si on peut l'aider en la cachant des griffes de ce mage noir à la con, alors j'en suis. C'est ce que j'appelle être dans l'ombre de l'Histoire, être ceux qui feront changé les choses par des actes comme ça. (Il sourit, presque railleur). Et qu'est-ce que tu veux ? J'ai un faible pour les réfugiés anglais, faut croire.
Le rappel – subtil – le fit tressaillir. Noah avait raison. A une époque, il avait été le refugié en train de fuir l'oppression des mangemorts. C'est juste que sa fuite c'était faite de l'autre côté de l'océan. Malheureusement, ce parallèle ne suffit pas à apaiser ses doutes, ni ses peurs. Avec le Perroquet Noir, Noah s'était déjà mis une cible sur le dos et voilà qu'il voulait s'en mettre une plus frontale. C'était à la fois sa qualité et son défaut après tout : vouloir tout donner, tout vivre, quitte à se brûler ou à basculer dans le précipice. Et Julian avait depuis longtemps appris à freiner pour tous les deux.
- Eh Jules...
D'un pas lent, Noah s'était rapproché de lui et, à nouveau, sa main alla trouver la base de sa nuque dans un geste apaisant. Il se laissa aller contre le toucher alors qu'une chaleur réconfortante se diffusait dans sa poitrine en écho.
- Dis-moi ce qui va pas... souffla-t-il. Pourquoi t'hésites ?
Pour les mêmes raisons que la dernière fois mais multiplié par dix, aurait-il voulu répondre mais il se ravisa. Lui-même n'arrivait pas à s'y accrocher cette fois-ci, pas alors que la vie d'une gamine innocente et brillante était en ligne de mire. En plus, peut-être qu'accueillir Victoria permettrait à Noah de calmer ses ardeurs auprès de l'Ordre et de la résistance en général.
- Je ne sais pas, avoua-t-il. Non, t'as raison, on doit le faire. Pour Victoria, pour Simon...
Il déglutit, le cœur battant.
- Pour Matthew...
Immédiatement, le regard de Noah s'adoucit et sa prise se renforça, comme pour l'ancrer physiquement.
- Ouais, je me doutais qu'il reviendrait dans l'histoire. J'avais seulement peur que ça soit plutôt du côté des « non ».
- Il l'est en partie, reconnut-il. Mais... je ne veux pas que cette guerre arrache quelqu'un en plus à Simon. Pas après tout ce qu'il a déjà perdu. Pas comme on nous a déjà arraché Matt.
L'absolu conviction d'avoir raison le traversa et apaisa légèrement la peur dans son ventre. Face à lui, Noah hocha la tête, mais ne chercha pas à parler pour lui laisser quelques secondes. Il se contenta de déposer un baiser dans ses cheveux.
- C'est bien, Jules, finit-il par murmurer. C'est la bonne chose à faire.
- Je sais...
Il leva sa main à son tour et vint la poser contre la mâchoire de Noah, son pouce effleurant le haut de sa joue dans un geste familier.
- Mais promets-moi que tu feras attention. Je t'en supplie...
- Je te le jure. Sur la tête de Théa.
Julian émit un rire étouffé.
- Alors je n'y crois pas une seconde.
- Non, mais ça t'a fait sourire et c'est ce que je voulais, répliqua Noah d'un air fier avant de reprendre son sérieux. Mais c'est promis, Jules. Tout ira bien.
- On verra... mais oui, ça va le faire...
Il fut surpris de constater qu'il y croyait en partie malgré ses réticences. A croire que ses convictions étaient plus fortes.
- Parfait alors, approuva Noah. Et oublies pas, je serai toujours là avec toi. (Un éclat ironique s'alluma dans ses yeux et Julian pressentit l'idiotie qu'il allait sortir une seconde avant qu'il n'ajoute :). Enfin, je serai toujours avec toi, mais ça peut être sur toi ou en dessous toi, peu importe. Mais pas quand Valentine sera là évidemment.
Le sourire suggestif le fit rire et rouler des yeux en même temps. D'une main, il repoussa Noah.
- Victoria. C'est Victoria, comme la reine !
- Tant qu'elle sera contre mon amour pour toi, ça sera Valentine. Affaire à suivre.
Et sur cette affirmation, il se pencha pour l'embrasser, capturant ses lèvres des siennes dans un baiser avide. Julian se laissa faire, la nuque légèrement inclinée à cause de leur différence de taille. La sensation d'être aimé avec autant d'intensité ne manquait jamais de le faire vaciller – aussi bien physiquement que mentalement – et il passa un bras autour de Noah pour le sentir aussi proche de lui que possible avant de s'écarter. Pendant plusieurs secondes, ils se regardèrent, forts de leur décision, puis se redirigèrent vers le salon.
Lupin et Simon attendaient toujours à la même place, l'air stressé. Ce dernier se leva d'un bond en les entendant arriver et Julian sentit son cœur se serrer en voyant l'espoir sur son visage. Il n'aurait pas pu refuser à cet instant, même s'il l'avait voulu.
- Alors ? fit-il avec réticence, comme s'il se préparait à encaisser une déception.
Noah sourit avec nonchalance.
- Alors j'espère que la chambre du haut lui conviendra, tu peux amener les cartons de déménagement quand tu veux.
Figé, Simon mit quelques secondes à comprendre la réponse. Mais, dès qu'il le fit, ses épaules se détendirent et il soupira de soulagement, la tête rejetée vers l'arrière. Derrière lui, Lupin frappa dans ses mains, l'air rassuré et satisfait à la fois.
- Merveilleux ! s'exclama-t-il. Merci beaucoup à vous deux.
- Avec plaisir, assura Julian. Mais il faut que le moins de personne possible dans l'Ordre soit au courant. Ça vaut mieux et c'est ma condition même. On prendre toutes les précautions possibles.
- Evidemment. Ne vous en faites pas.
Avec entrain, il remit sa cape et se dirigea vers eux.
- On ne va pas perdre plus de temps, on va aller organiser le transfert pour demain. Simon vous enverra une liste d'informations à avoir et quelques affaires de Victoria par colis avec son hibou dès ce soir et on verra le reste après. De toute façon, elle n'aura pas besoin de grand-chose enfermée ici, non ?
Simon haussa les épaules.
- Non, je ne pense pas. Des livres pour s'occuper, sa machine à écrire si possible... Ses affaires de Quidditch ne lui serviront pas et la plupart de ses vêtements sont encore chez moi. (Il marqua une pause, puis rougit avant de poursuivre malgré tout). Enfin, il lui faudra peut-être... des trucs basiques, genre de filles ou...
Il fit un geste vague des mains sûrement censé vouloir dire quelque chose et Julian cilla avant de comprendre brusquement. Il vit le moment où Lupin et Noah eurent l'illumination eux aussi.
- Ah... lâcha Noah. Au cas où si t'as échappé, on n'a effectivement pas vraiment ça ici pour des raisons évidentes.
- Je m'en occupe, assura Simon en vitesse. Laissez-tomber.
Il piétina sur place, l'air de se maudire d'avoir même évoqué le sujet, et Julian dû avouer qu'entre les quatre homme qu'ils étaient aujourd'hui pour décider de son sort, Victoria était mal tombée. Heureusement, Lupin enchaîna, passant à autre chose.
- Bien donc tout est réglé. Il faudra juste renforcer les sortilèges de protection autour de l'appartement, mais je suppose que ça ne sera pas un problème.
Il posa ses yeux ambrés sur lui spécifiquement, un peu sur la retenue, mais Julian ne pouvait pas lui en vouloir après qu'il lui ai lancé plusieurs piques depuis son arrivée. Il hocha donc la tête sobrement.
- Ca sera fait, confirma-t-il.
- Alors je crois que c'est tout... Merci encore et nous allons y aller. Tonks va finir par s'inquiéter. Simon ?
- Oui, on y va.
D'un même mouvement, ils se dirigèrent tous vers la porte d'entrée. D'une certaine façon, Julian avait presque l'impression d'avoir la tête qui tournait, comme si tout s'enchaînait trop vite, mais le temps était la pièce maîtrise dans le cas présent. Il ouvrit donc la porte et Lupin sortit immédiatement, pressé. Alors que sa silhouette disparaissait dans la cage d'escalier, Simon s'attarda quelques secondes, déjà sur le palier. Il se retourna à demi.
- Julian ? appela-t-il.
- Oui ?
Il rouvrit complètement le battant qu'il avait commencé à refermer et fixa Simon. Son profil typiquement Bones se découpait dans la lumière artificielle de l'ampoule murale.
- Merci... vraiment, je ne sais pas comment je peux...
- Non, je te l'ai dit c'est avec plaisir. Victoria sera chez elle ici aussi longtemps qu'elle en aura besoin, d'accord ?
Il mit toute sa conviction dans sa voix – quitte à se donner un ton un peu professoral qu'il adoucit avec un sourire – et l'émotion se remit à jouer sur les traits de Simon. Ce fut cette émotion qui le poussa à ajouter :
- Et Simon... Juste pour te dire, Matt aurait été fier de toi.
Il ne chercha pas à prolonger l'instant ni à voir la réaction de Simon, jugeant qu'elle lui appartenait, et referma la porte derrière lui. La phrase résonna en lui avec la force de la vérité. Il aurait tout donné ou presque pour que Matthew voit le jeune homme que Simon était devenu, ce bébé-botruc avec sa peluche hippogriffe qui aujourd'hui se battait par amour et par conviction.
La main toujours figée sur la poignée, il sentit Noah approcher derrière lui avant qu'il ne passa un bras autour de sa taille pour l'attirer contre lui. Dos contre son torse, il ferma les yeux une seconde et Noah glissa son visage dans le creux de son épaule.
- C'est moi qui suis fier de toi, souffla-t-il.
- Merci...
Il entremêla ses mains aux siennes au niveau de son ventre, jamais assez proche, et Noah resserra sa prise.
- Et maintenant, on peut remonter rester au lit toute la journée ? fit-il. Vu que c'est notre dernière à deux ?
Julian rit à nouveau, soudain plus léger. L'idée lui parut soudain la seule évidente pour passer les heures à suivre et, sans un mot, il acquiesça en tirant Noah dans son sillage. Il avait raison : ils allaient entrer dans l'ombre de l'Histoire, mais avant ça ils pouvaient profiter de la lumière du soleil encore un peu.
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Verdict ? ^^
J'avoue j'adore écrire le Nolian adulte et en couple installé, ça change de leurs "eux adolescents" en crise haha !
Et ça me permet de vraiment montrer leur évolution, notamment du côté de Noah. Il garde certains de ses traits, on ne va pas se mentir, mais y'a eu de la progression et il y en aura encore, mais ça sera pour biiien plus tard ça (aka ma future fanfic sur la Next Gen, c'est un autre sujet haha).
Voilà ! Je ne sais pas quand arrivera la partie 3, je verrai bien ^^ En attendant, passez de belles fêtes de fin d'année !
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