Let it gooooo !

— Voir tomber de la neige un jour de canicule : voici bien la preuve que le monde est foutu !

— Il est foutu car tu as cessé d'y croire ! Et puis, moi je ne vois rien.

— Tu ne vois rien, tu ne vois rien !  Tu n'as jamais rien vu. Penche-toi donc vers la fenêtre, au lieu de t'éterniser sur cette machine ! Quand est-ce que les hommes vont enfin regarder du bon côté ?

Albert abandonna son travail à contre-cœur. Il s'évertuait à réparer l'automate de service qui laissait flotter un air de musique pas très juste. « Let it… Let… Let it gooooo. » Il passa la ruelle enneigée en revue avec des yeux qui grossissaient à mesure que l'ampleur du phénomène se dévoilait à lui.

— Ça alors ?! s'écria t-il. Je pensais que tu plaisantais !

— Ah ?! Et depuis quand plaisant-on avec le climat ?

— Je ne sais plus, on l'a toujours fait, non ?

Son ami se renfrogna dans sa barbe rousse, certainement vexé qu'on pût l'associer à cette irresponsabilité. La voix mécanique de l'automate reprit de plus belle : « Let iiiiit goo ».

— Qu'est-ce qu'il a celui-là ?!

— Ce robot se met à chanter tout seul, annonça Albert en se dirigeant vers la table, et refuse de s'arrêter quand je lui demande.

— Tu n'as qu'à le jeter ! proposa Flynn d'un ton railleur. Il sera à sa place auprès de ses anciens… C'est-à-dire dans la poubelle.

Albert lui jeta un regard noir. Il était absolument contre le fait de jeter quelque chose de récupérable.

— Pourquoi tu n'irais pas dormir ?

— Pff… Dormir, dormir ; rêver peut-être.

Ce texte à gagné le concours : Début, milieu, fin (semaine 22) : Catégorie continuité.
(Le  22 septembre 2022)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top