×|Nuit d'orage|×

[Hamburr]
•Relation non établie•
~Très soft~

[Cette histoire se déroule dans un monde où Alexander ne serait pas marié à Eliza et où Burr ne serait pas amoureux de Theodosia.]

La nuit était rapidement tombée sur New-York City.

Les réverbères avaient été allumés et projetaient leur douce lumière sur les façades des bâtiments.

La nuit arrivait toujours trop tôt, au goût d'Alexander.

Chaque jour, il travaillait d'arrache-pied, faisant chauffer sa plume sur le papier.

Et chaque jour, il lui semblait que le temps se jouait de lui, teintant le ciel d'étoiles, assombrissant les rues, amenant avec lui la fatigue et la lassitude.

Bien sûr, ce n'est pas ce qui arrêtait le jeune homme.

Il continuait à écrire sans relâche, noircissant des feuilles d'encre.

Les nuits blanches ne lui étaient pas inconnues.

Il rentrait rarement chez lui, passant littéralement sa vie à son bureau.

Et, dans les différents autres bureaux du bâtiment, se trouvait celui d'Aaron Burr.

Contrairement à Alexander, il rentrait chaque soir chez lui.

En même temps … Sa maison était toute proche de son lieu de travail, ce qui facilitait les choses.

Ce soir là ne dérogeait pas à la règle.

Hamilton continuait à écrire, des tonnes de paperasse jonchant son bureau.

Cela faisait trois jours qu'il n'avait pas dormi. Des cernes noires s'étendaient sous ses yeux, qui menaçaient de se fermer à tout instant.

Ses mouvements étaient plus lents, il faisait des ratures, en marmonnant vaguement de mécontentement.

Juste un instant, il s'arrêta d'écrire et bailla. Un instant de trop, sûrement.

Sans prévenir, ses paupières se fermèrent et il lâcha la plume qu'il tenait.

D'une manière peu élégante, il s'affaissa sur la table, son front heurtant la surface en bois dans un bruit sourd.

Alexander réagit à peine, n’étant déjà plus vraiment connecté à la réalité, à mi-chemin entre le sommeil et l'éveil.

C'est alors qu'à ce moment, Burr passa devant l'entrée de la pièce.

Comme chaque soir, il jeta un coup d'œil dans le bureau de son ‘collègue’, s'attendant à le voir rédiger au papier ses interminables phrases.

Il soupira en remarquant qu’Hamilton dormait sur son bureau.

Cet homme se fichait complètement de sa santé ! La preuve, son corps avait lâché l'affaire.

Aaron resta quelques instants à la porte, hésitant entre ‘rentrer chez lui et dormir tranquillement’ et ‘faire quelque chose pour Alexander’.

Se maudissant lui-même, Burr choisit la deuxième option et entra dans la pièce, s'approchant de l'endormi.

«- Alexander ? lui lança-t-il en lui tapotant l'épaule. Alexander, réveillez-vous.»

L'intéressé grogna vaguement, laissant entendre un “Allez voir ailleurs, Burr, je travaille”, ou quelque chose qui y ressemblait.

Aaron l'aurait presque écouté. Mais non, bizarrement.

À la place, il se pencha, passant son bras droit derrière le dos d'Hamilton et mettant le bras gauche de ce dernier sur ses épaules.

Dans un concert de grognements et d'invectives de la part du semi-endormi, Burr réussit finalement à le faire se lever.

Faisant fi de l'ennui profond qui commençait déjà à s'immiscer dans son esprit éreinté par une longue journée, Aaron aida Alexander à traverser la pièce, puis les couloirs vides de monde du bâtiment, jusqu'à déboucher sur l'extérieur.

Oof- Hamilton s'appuyait de tout son poids sur lui ou quoi ??

Et maintenant … Que pouvait-il bien faire de cet homme complètement épuisé et en manque flagrant de sommeil ?

Oh, bien sûr, il n'y avait pas trente-six solutions.

La maison d'Alexander était trop éloignée et Burr n'allait pas le laisser dans un coin de rue.

Alors, à contrecœur, il admit qu'il faudrait l'emmener dans sa propre maison, qui était à une distance raisonnable de là à pied.

Rassemblant le peu d'énergie qui lui restait, Aaron entama donc son chemin, avec un Hamilton pas vraiment là à traîner jusqu'à chez lui.

·•~≈~•·

L'instant où Burr pût enfin se délester du poids d'Alexander fût un vrai soulagement.

Il laissa mollement tomber le dormeur sur le lit d'une chambre inoccupée.

Aaron grimaça en se massant l'épaule qui avait supporté la quasi-totalité du poids d'Hamilton pendant cette torture appelée “rentrer chez soi en portant à moitié un homme endormi”.

Burr bailla à s'en décrocher la mâchoire, fixant l'endormi dans la pénombre. Alexander sommeillait d'une manière peu conventionnelle sur le lit, mais c'était sûrement déjà mieux qu'un bureau.

Alors, d'un pas lent, Aaron se rendit jusqu'à sa propre chambre, se glissant dans son lit une fois son veston prune retiré.

Un orage éclata violemment à l'extérieur. Ce fut la dernière chose qu'il entendit avant de sombrer dans les douces limbes du sommeil.

·•~≈~•·

Alexander était assis dans une maison. C'était la sienne.

Il avait fait chaud toute la journée. Comme d’habitude en soi.

Le temps était, par contre, étrangement calme, presque oppressant.

Il n'était pas tard, donc Hamilton en profitait pour lire.

Pourtant … Un mauvais pressentiment serrait ses entrailles, mais il n'aurait su dire quoi.

Soudain, une fenêtre restée ouverte claqua violemment.

Il sursauta, son livre lui ayant échappé des mains s'écrasant sur le sol.

Immédiatement, Alexander se redressa, sur le qui-vive.

Son cœur tapait contre sa cage thoracique, tandis qu'un bruit inhabituel provenait de dehors.

En quelques pas, il se rendit à la fenêtre, empli d'appréhension.

Son regard se fixa sur un ouragan, un gigantesque ouragan, qui tourbillonnait sauvagement, détruisant impitoyablement toutes les maisons alentours.

Des planches, du mobilier et pleins d'autres choses se trouvaient projetées un peu partout.

D- … Des gens criaient désespérément, implorant de l'aide qui ne viendrait sûrement jamais.

Alexander, en spectateur de la scène depuis sa fenêtre, se figea en voyant l'horrible ouragan tempétueux s'approcher de sa maison, écartant les arbres comme si il c'eût agi de simple brindilles.
Sa respiration devint incontrôlable. Il avait l'impression qu'un étau de fer brûlant lui enserrait l'abdomen.
Une main crispée sur son cœur, il recula, s'étalant par terre à cause d'une chaise placée sur son chemin.
Alexander ferma les yeux, des larmes dévalant son visage effrayé au possible.
“J'ai imaginé la mort tellement de fois que je la ressens plus comme un souvenir …”
Un craquement sinistre de bois retentit, le vent violent dans ses cheveux, des objets le heurtant et …

«- AAAAAAAAAAAAH !!»

Hamilton s'était brusquement réveillé, s'asseyant sur le lit, tremblant de tous ses membres.

Ce cri lui avait totalement échappé.

Ce cauchemar/souvenir lui avait semblé réel, si réel ...

Il ramena ses jambes contre son torse, se recroquevillant dos à la tête de lit, des larmes coulant inlassablement sur ses joues rougies.

Un orage grondait dehors, des éclairs tranchaient le ciel.

Le vent soufflait plutôt fort, agitant les branches des arbres, faisant claquer des objets.

Et Alexander, les yeux écarquillés et scintillants de larmes, fixait la pénombre d'un regard apeuré, en évitant soigneusement la fenêtre.

C'est alors que la porte de la chambre s'ouvrit à la volée, laissant passer un Aaron Burr à moitié éveillé, qui avait été réveillé en sursaut par le cri déchirant d'Hamilton.

Il tenait une bougie, pour éclairer un minimum la pièce.

«- Alexander, que se passe-t-il …  ?? demanda le nouvel arrivant d'une voix endormie où pointait une touche d'inquiétude.»

Face au mutisme étonnant de son interlocuteur, Burr s'approcha du lit, se frottant les yeux de sa main libre pour mieux voir ce qu'il se passait.

Il posa la bougie sur une table de chevet, se concentrant vraiment sur la situation, malgré sa puissante envie d'aller retourner se coucher.

Et quelle situation !

Jamais, ô grand jamais, Aaron n'avait vu Hamilton dans cet état.

Le pauvre bougre semblait complètement désespéré, traumatisé, anéanti.

On pouvait voir les traces rougeoyantes de larmes salées sur ses joues et l'éclat de celles qui coulaient toujours.

Le cœur de Burr se serra face à cette vision totalement déstabilisante et attristante, même si la personne en compte dans l'histoire pouvait parfois être insupportable au possible.

«- E-excusez-moi, Burr … commença Hamilton d'une voix étranglée tandis qu'il évitait le regard d'Aaron. Je- … Je suis pitoyable. Ma réaction est complètement immat- »

Une rafale de vent extérieure l'empêcha de poursuivre, étant donné qu'il s'était renfermé sur lui-même, le front contre les genoux.

Burr, complètement dépassé par l'actuelle situation et le comportement plus que déroutant d'Alexander, jugea intérieurement qu'il ferait bien d'essayer d'apaiser son vis-à-vis.

Alors, certes maladroitement, il posa sa main sur le bras d'Hamilton, dans une tentative de réconfort.

Un éclair illumina la pièce par la fenêtre.

Et Alexander se blottit contre Aaron, à la façon d'un petit enfant effrayé.

Bon. Sang.

Comment CECI avait-il pu arriver ?! Alexander Hamilton, un homme arrogant, bavard, fier, qui réagissait de cette façon face à un simple orage venteux ?!

Burr se figea, raide comme un piquet, tandis qu'Alexander avait posé sa tête sur son épaule, ses bras passés autour de son torse, l'agrippant désespérément à la manière dont on agripperait une planche flottant au ras de l'eau.

Aaron pouvait entendre la respiration saccadée, entrecoupée de sanglots, d’Hamilton tout près d'une de ses oreilles.

Okay. Il allait bien devoir faire quelque chose.

Rassemblant toute sa bonne volonté pour se montrer au moins un peu rassurant, il se détendit, frottant gentiment le dos d'Alexander.

Ce dernier ne s'en étonna pas et se contenta de serrer Burr à peine plus fort.

«- … Votre maison est-elle solide … ? demanda  alors Hamilton d'une petite voix.
- Euhm … Oui … Oui, bien sûr, répondit Aaron, étonné par la question.
- ... C'est bien, se contenta d'ajouter Alexander, qui semblait satisfait de la réponse obtenue.»

Et il redevint silencieux.

Le temps s'écoula alors, secondes par secondes, minutes par minutes.

Et la tempête qui faisait rage à l'extérieur s'apaisa doucement, ses violentes rafales se transformant en légère brise.

Burr était toujours éveillé, fixant la fenêtre.

Et lui qui voulait dormir …

Tournant son regard vers Alexander, qui était toujours blotti contre lui, Aaron se rendit compte que ce dernier s'était assoupi.

Il respirait calmement, le visage enfoui dans le cou de Burr.

Urgh- …  gênant. Mais jamais il n'admettrait que ce n'était pas forcément déplaisant.

Bon … Il pouvait aller se coucher maintenant, non ? La tempête était terminée, Hamilton s'était endormi … Il avait fait ce qu'il pouvait, après tout !

Alors, il empoigna doucement le dormeur par les épaules, le décalant de lui pour le coucher sur le lit.

Malheureusement, Aaron n'était pas au bout de ses peines.

Même endormi, Hamilton lui agrippa les bras, le tirant à lui avec une force insoupçonnée pour quelqu'un d'à moitié somnambule.

Burr se retrouva donc couché sur le lit, avec un Alexander le prenant comme peluche blotti contre lui.

Si la pièce n'avait pas été aussi sombre, la soudaine rougeur vive des joues au teint plutôt foncé d'Aaron se serait vue à des kilomètres à la ronde.

Son premier réflexe fut de vouloir s'écarter.

Mais Hamilton le tenait fermement.

Et sincèrement, Burr ne voudrait tout de même pas prendre le risque de le réveiller alors qu'il n'avait pas dormi depuis trois jours.

Prenant donc -encore- son mal en patience, Aaron fixa le plafond.

Deux minutes.

Dix minutes.

À vingt minutes, il s'était endormi, bercé par la respiration calme d'Alexander et sa douce chaleur contre lui.

·•~≈~•·

Un rayon de soleil matinal traversa la fenêtre, allant directement se poser sur le visage endormi d'Hamilton.

Ce dernier grommela, fronçant les sourcils.

Avant d'ouvrir les yeux, Alexander ‘analysa la situation’.

Premièrement, il avait dormi. Au moins cinq heures sans interruption.

Et en prime, il n'avait pas fait de cauchemars durant ce lapse de temps !! Un vrai exploit.

Deuxièmement, il était sur un lit plutôt confortable. D'après ses vagues souvenirs de sa soirée précédente, il était chez Burr.

Et il y avait eu un orage violent.

Il s'était sûrement réveillé à un moment, mais tout était flou.

Ce qui amenait le ‘troisièmement’:

Comment diable pouvait-il être sur un lit sans sentir de draps alors que quelque chose lui tenait chaud ?? Quelque chose ou quelqu'un, d'ailleurs.

Et dans cette maison là, il n'y avait qu'un seul quelqu'un qui y vivait.

Hum.

Prudemment, Hamilton ouvrit un œil, puis l'autre.

Sans grande surprise -plutôt remplacée par une gêne sans nom- Alexander remarqua qu'il était blotti contre Burr.

Encore pire: il étaient enlacés.

Et comme si cela ne suffisait pas, il fallut qu'Aaron décide d'émerger du sommeil à son tour à ce moment.

Son regard se tourna directement vers Hamilton, qui l’observait avec un air frustré.

D'un même mouvement, les deux hommes se séparèrent, s'écartant au maximum, chacun à un bout du lit.

«- Vous rougissez, Alexander, déclara alors Burr, brisant volontairement le silence gêné de la pièce.
- De même pour vous, Burr, rétorqua Alexander en replaçant nonchalamment une mèche de ses cheveux à sa place.»

Un ange passa.

«- Sommes-nous bien d'accord sur le fait que ce qui s'est passé hier soir est … Assez gênant pour nous deux et qu'il vaudrait mieux ne pas en reparler ? demanda Aaron en fixant un meuble avec intensité.»

Hamilton voulut répondre, mais Burr l'en empêcha en déclarant autre chose:

«- Et … Je ne vous poserai aucune question, Alexander. Vos réactions et le pourquoi de ces dernières vous regardent. Pas moi.»

Il croisa le regard de son vis-à-vis, dans lequel se reflétait un ‘merci’ muet.

Peut-être qu'avec le temps, Aaron finirait par savoir pourquoi Hamilton avait une phobie pareille des tempêtes.

Quoi qu'il en soit, malgré sa raison, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'aurait décemment pas pu laisser Alexander dans sa panique.

Et, en finalité, les deux hommes se disaient en silence qu'ils n'avaient pas si mal dormi, cette nuit-là.

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