•| Deux dans une pièce |•

[Jamilton]
•Relation non établie•
~Rien de très explicite~

[J'ai écrit cet OS pour un challenge sur Amino ! [Amino Hamilton/Heathers FR]]

La nuit venait de tomber, long voile noir moucheté d'étoiles, sur le ciel de New York.

Une bougie éclairait faiblement le bureau où, comme à son habitude, Alexander travaillait jusqu'à des heures tardives.

Et ce soir là ne dérogeait pas à la règle.

Son poignet était endolori. En même temps, il écrivait non-stop depuis une bonne dizaine d'heures à présent.

Des feuilles jonchaient la table de bois, noircies d'encre et de lettres manuscrites.

Seul le crépitement du feu et le frottement de la plume sur le papier rompaient le silence ambiant dans lequel Hamilton était plongé.

Des pas résonnèrent alors dans le couloir adjacent.

Une ombre se profila dans l'encadrement de la porte ouverte.

Doucement, la personne avança vers le halo de lumière de la bougie, révélant finalement son identité.

Quelque peu agacé d'être gratifié d'une compagnie non voulue, Alexander releva la tête, un air infiniment glacial -et fatigué- sur le visage.

«- Hamilton, lâcha tranquillement le nouvel arrivant.
- Jefferson. Que me vaut le déplaisir de votre entrée impromptue dans MON bureau ?»

Le grand bouclé, d'une manière complètement provocatrice, s'assit sur un coin du bureau d'Alex, tout en le fixant d'un air narquois.

«- Une simple envie de vous voir travailler, rétorqua-t-il en gratifiant le fédéraliste d'un grand sourire dont il avait le secret même si, étrangement, il n'avait pas la même intensité.
- Serait-il possible qu'il vous vienne assez rapidement l'envie de sortir de cette pièce ? lança sarcastiquement Hamilton.»

Thomas n'eût pas le temps de répondre quoi que ce soit que la porte claqua.

Le surprenant bruit d'une clef tournée dans la serrure tendit l'atmosphère en moins d'une seconde.

Thomas Jefferson et Alexander Hamilton étaient à présent enfermés dans la même pièce.
Ensemble.
De nuit.

Immédiatement, le plus petit des deux partit au quart de tour, se relevant, tout en claquant les paumes de ses mains sur son bureau.

«- VOUS L'AVEZ FAIT EXPRÈS ! QU'EST-CE QUE VOUS M'VOULEZ ?! s'exclama Alex, le regard flamboyant.
- Je ne- ce n'est pas moi !! se défendit tant bien que mal le républicain-démocrate, surpris par l'actuelle situation.
- Mais oui, BIEN SÛR, je vais vous croire ! FAITES OUVRIR CETTE PORTE, IMMÉDIATEMENT.
- MAIS PUISQUE JE VOUS DIT QUE CE N'EST PAS MOI ! Vous n'avez pas de clef ?!
- NON. JE N'AI PAS LA CLEF !»

Hamilton se laissa retomber sur sa chaise, les bras croisés, la mine sombre.

Jefferson soupira, fixant la porte comme si cette dernière pouvait se rouvrir par son bon vouloir.

Tout deux savaient que le bureau était trop haut pour qu'ils puissent sortir par la fenêtre sans risquer de se casser quelque chose.

Et la porte était d'un bois trop solide pour espérer la défoncer à coups de chaise.

Non … La seule chose qu'il y avait à faire était d'attendre le lendemain.

Le bouclé tourna à nouveau son regard vers le brun, s'apprêtant à dire quelque chose, mais ce dernier le coupa brusquement.

«- Laissez moi travailler et épargnez-moi vos jérémiades. J'ai des documents à rédiger.»

Comme pour appuyer ses dires, Alexander reprit sa plume, réorganisa machinalement ses feuilles et se remit à l'écriture, silencieux.

Thomas le regarda quelques instants, les lueurs de la bougie dansant sur son visage, toute trace de sourire l'ayant déserté.

En réalité, il n'avait rien à dire.

Enfin, rien de sarcastique, d'ironique ou de blessant.

Si il était venu dans le bureau de son ennemi -et collègue- politique, ce n'était pas pour l'embêter, contrairement à la première impression qu'il avait laissé.

Pas cette fois.

Jefferson voulait lui parler, lui dire ce qui pesait sur son cœur, ce qui perturbait étrangement son esprit depuis plusieurs jours déjà.

Cette sensation perfide et inimaginable qui tordait inlassablement tout son être.

Ce petit ‘truc’ qu'il avait encore beaucoup de mal à accepter lui-même.

Mais son courage avait vacillé, au même moment que la flamme rougeoyante de la bougie quand la porte s'était brutalement refermée.

Alors, il gardait le silence, le regard dérivant dans les ombres nocturnes de la pièce.

Les minutes s'écoulèrent.

Cinq, quinze, trente, quarante-cinq ... une heure.

Le grand bouclé à l'esprit embrumé était resté immobile, muet, assis là, sur le bord du bureau, tandis que le brun avait continué à écouler son encre sur le papier.

Alexander fut d'ailleurs surprit de voir que Jefferson pouvait être aussi … Invisible quand il ne faisait rien.

C'en était presque dérangeant, finalement.

On était bien loin de l'homme moqueur et sarcastique des réunions du cabinet.

Cela intriguait beaucoup le fédéraliste.
Le grand Virginien au costume rose/violet flamboyant intriguait beaucoup le fédéraliste.

Alors, mû par une pulsion indéfinie, Hamilton reposa sa plume et étendit le bras, jusqu'à ce que son index vienne finalement heurter le milieu du dos de Thomas.

Ce dernier sursauta et se retourna vivement, les sourcils légèrement froncés.

«- Je ne vous crois pas quand vous dites que vous êtes venu uniquement parce que vous aviez ‘envie de me voir’, lâcha Alex sur un ton perplexe»

Jefferson sembla hésiter un instant, se mordillant discrètement la lèvre inférieure.

«- Je- … Ne vois pourquoi vous ne me croyez pas. À quoi vous attendiez-vous ? Une déclaration enflammé ? Un pacte d'amitié ? Je suis encore libre de mes allers et venues, à ce que je sache, et il n'y a pas forcément de raison.»

Hamilton, qui s'était imperceptiblement détendu, se renfrogna.

Et mince.

Thomas se maudit intérieurement.

«- Évidemment. Venant de vous je ne pouvais m'attendre qu'à des ennuis, répondit Alex, tranchant. C'est dans votre nat- ...»

Le brun fut coupé par un bâillement, qui en disait long sur son état de fatigue.

Jefferson réprima un ricanement, qui aurait semblé vide de réel amusement après tout.

Hamilton était un idiot. Il ne prenait pas soin de sa santé et préférait veiller sans relâche plutôt que de rejoindre sa famille et dormir comme tout le monde.

Après réflexion, Alex n'était pas ‘tout le monde’.

«- Vous devriez dormir, Hamilton.
-Pas à côté de vous. Dieu seul sait ce que vous seriez capable de faire pendant ce temps.»

L'immigrant jeta un regard appuyé aux feuilles éparpillées sur la table de bois.

Thomas leva les yeux au ciel.

Il lui arrivait d'être un con***d, mais pas à ce point.

«- Et si je vous promet de ne rien faire ? tenta Jefferson.
- Non.
- Je promets sur la France ?
- Non.
- Sur ma vie ?
- Non.
- Sur mon parti politique ?
- Non.
- Sur mon métier ?
- Non.
- Sur … Cet espèce de sentiment étrange qui torture avec chaleur mon esprit à chaque fois que je pose mes yeux sur vous ?
- N- … Attendez, QUOI ?»

Alexander fronça les sourcils, incertain de ce qu'il supposait avoir entendu.

Thomas remercia Dieu de la pénombre de la pièce, qui camouflait la subite rougeur de ses joues.

«- R-rien.
- C'est faux. Et vous bégayez, c'est inhabituel.
- Qu'en savez vous ?
- D'ordinaire, vous êtes toujours sûr de vous.
- …
- Je ne sais pas ce qu'il vous arrive ce soir, mais c'est déplaisant.
- … Quoi ?
- On dirait que vous vous êtes ramolli. Que vous avez perdu ce petit truc qui rendait nos débats un minimum intéressant.
- Comm-
- Qu'est-ce qui change ? Allez-y, descendez moi en flammes, qu’attendez-vous ?!!»

Une étincelle sembla embraser le regard du brun, qui fixait le bouclé avec insistance.

Le Virginien cligna des yeux, prit au dépourvu.

L'espace d'un instant, il se sentit complètement perdu face au comportement enflammé de son vis-à-vis.

Q-que voulait-il ?

Il voulait le faire réagir.
Oui … C'est ça.
Il voulait que Thomas se défende, adopte cet air condescendant et narquois qui le définissait si bien.
Il le provoquait.

Une étincelle presque égale à celle d'Alexander naquit alors dans les yeux foncés de Jefferson tandis que son air se faisait plus assuré.

Ce dernier ‘descendit’ du bureau, pour pouvoir se tourner face à Hamilton.

La table les séparait toujours.

Il flottait une étrange sensation dans l'air de la pièce close.

Un sourire barra le visage du républicain-démocrate tandis que le fédéraliste s'était aussi relevé, pour lui faire face.

«- Vous devenez comme Burr … continua Alex.»

Thomas se pencha un peu plus vers l'autre, une main posée à plat sur la table et la seconde allant agripper le col d'Hamilton.

«- Pour une fois dans ta vie, ferme ta grande bouche … ~ murmura Jefferson, le regard plongé dans celui du brun.
-Qu-»

Alexander fut à nouveau coupé mais, cette fois-ci, la cause n'était point un bâillement.

Le Virginien l'avait tiré jusqu'à lui, réduisant le dernier espace qui séparaient leurs deux visages, pour l'embrasser avec passion.

Hamilton ne s'y était sincèrement pas attendu.

Mais il prit aussi pleinement part au baiser, renforçant encore plus la pression de ses lèvres fines contre celles pulpeuses du républicain-démocrate.

Ils finirent tout de même par s'écarter, les joues écarlates, la respiration irrégulière et le pouls rapide.

«- Vous avez votre réponse, Hamilton, finit par déclarer Thomas. J'étais venu pour ça.»

·×°*—•≈~ ★ ~≈•—*°×·


Les rayons du soleil tapèrent la fenêtre, passant outre le verre pour aller se glisser avec chaleur dans le bureau.

Ils ne se heurtèrent pas à une, mais à deux personnes, qui dormaient enlacées, adossées à un des murs de la pièce.

Leurs vêtements froissés, mal mit, et leurs cheveux ébouriffés ne laissaient que peu de doutes sur leurs ‘activités’ de la veille.

Le cliquetis d'une clef tournée dans une serrure ne les tira même pas de leur sommeil.

La porte s'ouvrit légèrement.

Une tête passa dans l'entrebâillement, puis une deuxième.

«- Ils dorment, constata la première en chuchotant.
- Et ils ne semblent pas s'être battu …
- … Urgh- … Non, ils ne se sont pas battus … Je ne veux même pas savoir ce qu'ils ont fait.
- Washington n'y croira jamais si on lui dit ... C'est pour ça que l'on ne dira rien.
- … Je crois que je vais faire des cauchemars maintenant. »

Pour seule réponse, la deuxième personne étouffa une toux dans son mouchoir, qui aurait sûrement réveillé les deux endormis.

Alors, Burr referma la porte et, Madison derrière lui, il s'engagea dans le couloir en silence.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top