Sous les étoiles
Alerte, alerte !
Je crois pouvoir affirmer que cet OS est le plus triste que j'aie jamais écrit...
Donc, si en ce moment, votre moral n'est pas au top... alors, vraiment, évitez celui-ci. Ne vous faites pas de mal en lisant quelque chose qui vous blessera. S'il vous plaît.
L'avertissement ayant été placé, je souhaite à ceux qui resteront une bonne lecture.
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Le soleil pointait entre les nuages malgré l'heure matinale, lorsque Nathalie entra dans la chambre d'Adrien.
Ou plutôt, voulut entrer.
Elle ne parvenait pas à ouvrir la porte, fermée à clé. Et quand elle voulut utiliser sa clé pour entrer, celle-ci ne rentrait même pas dans la serrure.
"Qu'est-ce que..."
Après un infime moment de stupeur, elle s'aperçut que la serrure avait été changée. Comment était-ce possible ? Cela n'aurait jamais dû arriver, Gabriel lui en aurait forcément parlé, elle aurait pris en charge elle-même les travaux...
Elle sursauta en entendant la voix de Gabriel derrière elle.
- Qu'est-ce que vous faites ici, Nathalie ?
Elle se retourna, et frissonna : un mauvais pressentiment venait de s'insinuer en elle, pareil à un serpent.
- Monsieur... peina-t-elle à articuler, tant le regard gelé de Gabriel l'effrayait, je... je venais apporter à Adrien son emploi du temps... c'est... c'est mon travail...
- Votre travail ? Nathalie, ne vous souvenez-vous pas que je vous ai remplacée ?
Nathalie sursauta violemment. Elle peinait à comprendre ce qu'elle venait d'entendre, comme si tout son esprit avait brusquement décidé d'arrêter de fonctionner.
- Vous m'avez remplacée ? répéta-t-elle, à la fois stupéfaite et paniquée.
- Mademoiselle Choiseux a déjà pris ses dispositions et ses habitudes. Elle m'est très utile. Elle ne me désobéit pas, contrairement à vous. Et, ajouta-t-il en voyant Nathalie se plier lors d'une quinte de toux plus violente que toutes les précédentes, elle est en parfaite santé, elle.
Nathalie sentit son sang battre à ses tempes. N'avait-il donc aucun souvenir ? Ne se rappelait-il donc pas que c'était pour lui qu'elle avait sacrifié sa santé ? Ne se rappelait-il donc pas la douleur qu'il avait éprouvé en la voyant se briser petit à petit ? Ne se rappelait-il pas, ses angoisses, ses moments de tendresse et d'inquiétude envers elle ? Ne se rappelait-il donc pas, leurs peurs, leurs échecs et leurs victoires, tous et toutes partagés ?
Elle lui posa tout de même une autre question, d'une voix que la crainte rendait hésitante :
- Et... pour notre mission ? Nous...
- Les Miraculous ? la coupa Gabriel. Plus besoin. Émilie s'est réveillée toute seule. Je n'ai plus besoin d'eux. Comme je n'ai plus besoin de vous.
- Je croyais que vous aviez un peu d'affection pour moi... murmura la jeune femme.
- Vous ne comprenez rien ! cracha Gabriel. Depuis le début, je n'ai fait que me servir de vous, de vos sentiments, et vous avez été assez idiote pour penser que je pouvais ressentir de l'amitié pour vous !
- Non... gémit Nathalie. Non, c'est impossible... ça ne peut pas être vrai...
- Je n'ai plus besoin de vous, Nathalie. Vous m'êtes inutile. Partez. Vous n'êtes rien pour moi, vous n'avez jamais été rien, et vous ne serez jamais rien !
- Arrêtez ! s'écria Nathalie en se couvrant les oreilles de ses mains. Arrêtez, s'il vous plaît !
Sourd à ses supplications, Gabriel continua à répéter éternellement la même phrase, sans même se soucier des larmes brûlantes qui montaient aux yeux de son ancienne secrétaire.
- Je n'ai plus besoin de vous, je n'ai plus besoin de vous...
Une deuxième voix s'était jointe à celle de Gabriel. En levant la tête, Nathalie découvrit avec horreur qu'il s'agissait d'Adrien.
- Je n'ai plus besoin de vous, je n'ai plus besoin de vous, répétait inlassablement le jeune mannequin, un étrange éclat illuminant ses yeux émeraudes.
- Laissez-moi ! cria Nathalie, laissez-moi !
Les voix se firent lointaines. La lumière du jour déchira le voile d'horreur qui assombrissait le regard de Nathalie, et la jeune femme s'éveilla.
**********
Nathalie se réveilla en sursaut, tremblante de frayeur. Les paroles de Gabriel et Adrien résonnaient encore à ses oreilles, telles un écho lointain.
- Calme-toi, murmurait-elle en boucle, calme-toi, ce n'était qu'un rêve...
Mais pourtant, elle ne se calmait pas. Se calmer n'effacerait pas les dures paroles de celui qu'elle aimait, le mépris qu'il avait montré à son égard.
Des larmes perlaient à ses yeux au seul souvenir de son cauchemar. Elle sentait encore son cœur battre à grands coups effrayés.
"Et si...et si c'était vrai ? Et si il n'avait plus besoin de moi ? Et si...si il n'avait fait que se servir de mes sentiments pour lui début ?"
Elle secoua la tête, incrédule.
"Non, c'est impossible... Quand je suis devenue Mayura, il était tellement inquiet..."
Pourtant, son rêve avait paru si réaliste... elle avait pu sentir le mépris de Gabriel qui battait, elle avait pu sentir sa propre angoisse qui montait au fur à et à mesure que son cœur se brisait.
D'un geste de la main, elle chassa ses larmes et inspira profondément. Gabriel ne lui ferait jamais une chose pareille, elle en était convaincue. Elle savait qu'il se souciait d'elle, de son état de santé, de tous ses efforts...
Elle se leva, s'habilla et attacha son exosquelette avant de descendre, donner à Adrien son nouvel emploi du temps. Le jeune mannequin la remercia, avant de déclarer :
- Est-ce que ça va, Nathalie ? Vous n'avez pas l'air dans votre meilleur état...
Nathalie réfléchit un instant avant de répondre :
- Je suis fatiguée, Adrien. J'ai passé une mauvaise nuit.
Adrien la considéra du regard, puis lui avoua :
- Vous savez, avec père, nous avons réfléchi à l'idée de vous laisser vous reposer, au moins pour une semaine...
- Et qui ferait mon travail à ma place ? lui demanda gentiment Nathalie.
- Nous pourrions trouver quelqu'un qui assumerait vos tâches pendant cette semaine. Et puis, je pourrais faire mon emploi du temps moi-même, cela vous donnerait... un peu moins...de travail...
- C'est gentil de vous en inquiéter, Adrien, mais c'est mon travail, et cela me fait plaisir.
Les yeux du jeune mannequin brillèrent d'un étrange éclat, mais il ne dit rien de plus. Déconcertée, Nathalie alla retrouver Gabriel dans son bureau.
***********
Sept heures plus tard...
Terminant sa pause, Nathalie sortit de la cuisine des Agreste, un café à a main. Elle s'arrêta net les escaliers la cachant, quand elle entendit Gabriel et Adrien en pleine discussion. Elle ne les aurait jamais écoutés, un autre jour, mais elle n'en pouvait plus, du comportement étrange des deux Agreste. Elle n'en pouvait plus, de cette impression, que, quoi qu'elle fasse, son mauvais rêve la rattraperait et lui ferait perdre tout ce qu'elle avait de plus précieux.
-... si vous pensez que c'est mieux pour vous et pour elle... disait Adrien.
- Je ne veux plus lui mentir, soupira Gabriel. Mais, pour son bien, il faut qu'elle parte, quelques temps...
- C'est sans doute mieux ainsi. Nathalie a vraiment l'air épuisée. Il y a des choses que je pourrais faire tout seul...
- Je sais. Il faut qu'elle comprenne... J'ai besoin d'elle pour tout, pourtant, je n'ai besoin d'elle pour rien... C'est étrange...
- Pas tant que ça, père...
Adrien resta silencieux un instant, et poursuivit, si bas, que Nathalie n'entendit que la moitié :
- ...pour vous. Reste à voir comment elle le prendra...
Nathalie se figea. Son cauchemar lui revenait à l'esprit avec insistance.
"Je n'ai plus besoin de vous..."
Les larmes perlant à ses yeux, elle s'avança. Adrien coupa aussitôt la conversation, et partit dans la cuisine, croisant Nathalie sans oser la regarder.
Nathalie rejoignit Gabriel, les yeux baissés, n'osant pas croiser son regard.
- Tout va bien, Nathalie ?
- Oui.
"Non, non, tout va mal ! Je n'ose pas imaginer ma réaction si vous deviez me remplacer !"
- Bien.
Les yeux de Gabriel s'étaient recouverts d'un voile, comme si il essayait de masquer ses propres émotions, sans y parvenir.
- Rejoignez-moi dans mon bureau dans deux heures. J'aurais quelque chose d'important à vous dire. En attendant, préparez vos valises.
- Mes... valises ? murmura-t-elle, atterrée.
- Oui, vos valises. Je vous expliquerais pourquoi tout à l'heure.
- Bien, monsieur. J'y vais tout de suite.
Nathalie s'inclina légèrement, et fila dans sa chambre, son cœur battant à grands coups effrayés, si rapides et si forts, qu'elle pouvait l'entendre.
"Il ne peut pas vouloir me remplacer, n'est-ce-pas ?" songea-t-elle avec tout le désespoir du monde.
Pourtant, le doute s'insinuait en elle, pareil à un serpent, lui rappelant son cauchemar et ses angoisses les plus enfouies.
"N'est-ce-pas ?"
Les larmes aux yeux, elle respirait avec peine, s'efforçant désespérément d'imaginer une vie où elle ne serait plus la secrétaire dévouée et fidèle de Gabriel Agreste.
Et soudain, elle se redressa. Une idée venait de lui traverser l'esprit, chassant les noirs nuages et ramenant le soleil.
Une idée... folle. Risquée. Dangereuse. Sans doute mortelle. Pourtant, elle n'éprouvait aucun crainte. Seulement le sentiment qu'a une personne en faisant la dernière chose qui lui semblait juste.
"Je lui montrerais qu'il a besoin de moi. Qu'aucune ne pourrait me remplacer. Il semble l'avoir oublié, je le lui rappellerais en lui apportant la victoire."
Se levant de son lit, elle se dirigea vers sa bibliothèque. Elle y chercha le livre intitulé "Secrets et Pouvoirs antiques", et le tira vers elle. Un déclic se fit entendre, et le panneau de bois coulissa, révélant une myriade d'escaliers, descendant toujours plus bas. Avec hésitation, elle descendit les marches. La descente dura cinq minutes, au bout desquelles, elle se retrouva directement dans l'antre du Papillon. Ce passage secret lui avait toujours été utile, et il venait encore une fois de prouver son efficacité.
Ses pensées volèrent en tout sens lorsqu'elle s'empara des Miraculous posés sur une petite table, et un frisson la parcourut lorsqu'elle accrocha tour à tour, colliers, bracelets, barrettes et bagues. Tous les Kwamis apparurent. Surprise de voir une nouvelle porteuse, Ziggy s'écria :
- Ne faites pas cela ! Vous en sortiriez brisée !
- À condition que vous en sortiez, fit remarquer Barkk.
- Je sais ce que je risque, répondit calmement Nathalie. Et je m'en fiche complètement. Je sais que cette action sera la dernière de toute ma vie. Et alors ? Je ne peux pas imaginer plus belle fin que de mourir pour Gabriel. Ziggy, je suis déjà brisée. Physiquement et mentalement. Je ne fais que souffrir, en attendant de m'éteindre pour de bon. Ne crois-tu pas qu'il vaut mieux que j'en finisse pour de bon, dans un acte qui le rendrait heureux ?
Le Kwami de la Chèvre baissa les yeux. Daizzi, et Pollen éclatèrent en sanglots :
- Comme c'est romantique...
Sass s'approcha de Nathalie.
- Êtes-vous ssssûre que ce ssssoit la bonne ssssolution ?
- C'est la seule solution.
- Extrêmement risquée, répondirent Wayzz et Trixx.
- Et Adrien ? demandèrent Stompp et Kaalki.
- Vous comptez l'abandonner, lui qui a tant besoin de vous ? s'indignèrent Orikko et Xuppu.
- Je ne l'abandonne pas. Il l'a dit lui-même : il n'a plus besoin de moi. Son père, ses amis, sauront le soutenir. Il est fort ; il y arrivera.
- À la mort de sa seconde mère ? rétorqua Mullo. J'en doute !
- Je ne suis que l'assistante de son père, et son ancienne tutrice. Je sais bien que son cœur ne me considérera jamais autrement...
Les Kwamis baissèrent les yeux. Ils n'avaient plus d'arguments qui convaincraient la jeune femme de ne pas commettre l'irréparable. Pourtant, dans leurs petits cœurs de Kwamis, ils savaient que ce que disait Nathalie était faux. Que Gabriel l'aimait, et qu'il ne l'admettrait jamais. Qu'elle était une mère pour Adrien.
Prudemment, Longg s'approcha de Nathalie, bientôt rejoint par tout les Kwamis, et ensemble, il lui offrirent un câlin plein d'affection pour la jeune femme qui s'étaient si longtemps occupés d'eux.
Nathalie les étreignit tous, et recula, une larme au coin de l'œil.
- Merci. Vous êtes de véritables amis. Je voudrais que vous sachiez que... j'ai toujours été désolée de la manière dont Gabriel vous traitait. Je vous promets que moi, je n'oublierais jamais votre bonté, votre sagesse et votre attention.
Elle prit une grande inspiration, consciente qu'elle disait cette phrase pour la dernière fois.
- Transformez-moi.
***************
Sur les toits de Paris, à la tombée de la nuit.
- Chat Noir ?
- Oui ?
- Je...je crois... je crois que j'ai peur.
- Et moi qui croyais à une déclaration d'amour, la taquina le super-héros.
Voyant que Ladybug le fixait de ses grands yeux bleus pleins de larmes, il toussota, gêné, et reprit :
- Peur de quoi, ma Lady ?
- Je... je ne sais pas... Monarque est de plus en plus puissant, de plus en plus dangereux... je ne sais plus quoi faire, tout ça me dépasse... Il menace tous ceux que j'aime, qui compte pour moi... je suis distraite par mes sentiments, ils me rendent de plus en plus faible, alors que lui, cherche le meilleur moment pour me frapper, et me détruire. Je ne sais plus quoi faire, répéta-t-elle, il y a tant de personnes qui comptent sur moi, qui comptent sur nous... j'aimerais pouvoir les rassurer, mais je sais que c'est impossible, que c'est une bataille perdue d'avance. Monarque est trop fort, je n'arriverais pas à tenir ma promesse, la promesse que je leur ai fait à tous, celle de tout faire pour les protéger. Mon instinct me souffle qu'un jour ou l'autre, j'échouerais, et que Monarque gagnera. Et ce sera la fin.
Chat Noir ne sut quoi répondre. Il partageait les sentiments de peur de son amie, renforcés par la sensation de solitude qu'il éprouvait. Son père voulait leur faire prendre à tous une semaine de vacances, à lui, Adrien, et Nathalie. Gabriel avait beau prétendre que c'était pour apprendre à mieux le connaître, Adrien savait très bien que c'était surtout pour passer du temps avec Nathalie, bien que Gabriel ne l'ai pas avoué. Adrien avait beau être très heureux pour Nathalie et son père, il y avait cette petite ombre de jalousie en lui, qui lui rappelait que son père préférait passer du temps avec sa secrétaire qu'avec son propre fils.
Il secoua la tête, chassant la pointe de jalousie qui s'insinuait en lui. Il en avait parlé quelques heures plus tôt avec son père, argumentant sur le fait que Nathalie avait vraiment besoin de repos, que des vacances lui ferait le plus grand bien. Gabriel avait aussitôt approuvé, affirmant ne plus vouloir mentir à la jeune femme. Il ne voulait plus qu'elle s'épuise à la tâche lorsqu'il y avait des choses qu'il pouvait faire seul.
Près de lui, Ladybug attendait une réponse. Chat Noir inspira et déposa un baiser sur le front de sa partenaire, qui rougit, troublée.
- Monarque s'est engagé sur un bien sombre sentier lorsqu'il a décidé d'utiliser ses pouvoirs pour le mal. Le destin ne peut laisser passer une chose pareille. Les super-héros non plus. Notre devoir est de protéger Paris. Et nous y arriverons ensemble. Nos peurs doivent passer après. C'est ainsi. Moi aussi, j'ai peur, tu sais. Peur de ne pas être à ta hauteur. Tu es une incroyable Ladybug, et tout le monde le sait. Ce n'est pas ta faute si Monarque est aussi fourbe qu'un chat errant...
Ladybug essuya ses yeux.
- Tu ne penses pas qu'une vraie super-héroïne aurait pu le ramener à la raison ?
- Tu as essayé, souviens-toi. Et tu n'as pas réussi, car cet homme est poussé par une force encore plus puissante que la raison.
- Par quoi ?
- Tu ne l'as pas deviné ? Par la même qui a poussé Mayura à l'aider. Par la même qui me pousse à t'épauler chaque jour.
- Oh. Je vois. Tu penses qu'il reste un semblant de cœur à Monarque ?
- J'en suis même persuadé. Personne n'est foncièrement mauvais, même pas la pire des menteuses. Il y a toujours du bon en une personne, mais elle fait son maximum pour le cacher, de peur d'être brisée.
Une étoile filante scintilla dans le ciel. La plus belle nuit de l'année avait commencé.
- Merci, Chat Noir. Tu es le meilleur coéquipier dont on puisse rêver. Je ne te le dis pas assez, il est temps de réparer mes erreurs. Et il y en a une entre toutes que je dois réparer.
Elle se pencha vers Chat Noir et déposa un tendre baiser sur ses lèvres.
- Voilà, c'est fait. Je t'aime.
Chat Noir resta si longtemps bouche bée que Ladybug éclata de son rire léger.
- Idiot de chat ! N'en doute pas, ne sois pas surpris ! Je ne pouvais plus me cacher longtemps derrière la barrière que j'ai formé en te disant que j'en aimais un autre ! Une autre de mes peurs, était de t'avouer les véritables sentiments qui battaient en moi, au rythme de mes pensées. Une erreur de réparée. Je t'aime, Chat Noir.
Chat Noir resta bouche bée, si longtemps, que Ladybug s'en étonna.
- Chat Noir ? Qu'est-ce qu'il y a ? Est-ce que...je t'ai blessé ?
- Ma Lady...
Chat Noir pointa son doigt devant lui.
- Qu'est-ce que... qu'est-ce c'est que ça ?
En suivant du regard la direction indiquée par Chat Noir, Ladybug aperçut un éclair blanc qui sautait de toit en toit. Non, qui ne sautait même pas. Qui volait.
- Je...je ne sais pas !
Lorsque l'éclair blanc s'arrêta à leur hauteur et se posa devant eux, Ladybug hoqueta de terreur.
C'était une jeune femme, à la peau très pâle, et aux cheveux noirs, colorés de bleu aux pointes. Elle était vêtue d'une robe immaculée, lui descendant jusqu'aux chevilles, légèrement fendue sur le côté, découpe semblable à celle d'une robe que Ladybug ne connaissait que trop bien. La seule décoration de la robe consistait en de petites volutes dorées sur les longues manches. Un masque d'or et d'argent couvrait son regard. Une grande paire d'ailes blanches, elle aussi, lui permettait de se déplacer.
- Mayura ?
L'inconnue ouvrit les yeux, et Chat Noir sursauta. L'ennemie avait des yeux d'un bleu profond, unique au monde, mais Chat Noir avait beau se démener pour retrouver les souvenirs qui lui manquaient, il ne parvint pas à retrouver la personne qui possédait de tels yeux.
- Je ne suis pas Mayura.
L'inconnue avait une belle voix, la voix à la fois forte et désespérée de celle qui a tout donné, en vain.
- Alors qui es-tu ? interrogea Chat Noir.
La femme rit légèrement.
- Ton pire cauchemar, chat de gouttière. Je m'appelle Virakti. Mais il est vrai, qu'autrefois, j'étais Mayura.
- Que faites-vous ici ?
- Je suis venue réparer une injustice !
Virakti se jeta sur Chat Noir lui portant un violent coup à l'épaule. Le jeune super-héros se redressa aussitôt, prêt au combat.
Ladybug tenta de le calmer en lui posant une main sur l'épaule.
- Quelle injustice ? s'enquit-elle d'une voix douce. Vous n'êtes pas une akumatisée, si ?
- Non. Mais il y a une injustice que je dois réparer, et je le ferais dans votre défaite !
Virakti chargea la Fougue, l'envoyant tout droit sur Ladybug. La jeune héroïne cria de douleur lorsque l'impact eut lieu, et s'effondra au sol.
- Ladybug !
La Coccinelle redressa la tête, la respiration sifflante.
- Ça va, Chat Noir, ne t'inquiètes pas...
Mais ses paroles ne réussirent pas à calmer le jeune garçon. Furieux, il se leva et hurla à Virakti, dont le pâle visage était illuminé par la pluie d'étoiles filantes :
- Vous êtes un monstre ! Pourquoi vous acharner sur des enfants sans défense ? Retournez donc chez Papillon, qui se ressemble s'assemble ! Vous ne valez pas l'un plus que l'autre ! Je vous déteste, vous qui nous faites tant souffrir !
- Crois-tu que je n'ai pas souffert, moi ? rétorqua Virakti, secouée par un frisson. On m'a trahie tant de fois ! J'ai tout sacrifié pour un homme qui ne m'aimait pas ! Vous n'êtes pas les seuls souffrir ! J'en ai assez de vous voir vous apitoyer sur votre sort ! J'ai mes raisons, Papillon a les siennes ! Si vous voulez que tout s'arrête, il y a une solution très simple : rendez-vous !
Ladybug vint se placer aux côtés de Chat Noir.
- Jamais ! hurla-t-elle, le visage déformé par la fureur.
- Alors tant pis pour vous.
Virakti s'élança vers les deux héros. Et s'effondra à mi-chemin, prise d'une quinte de toux. Tomba à terre. Ne bougea plus.
- C'est donc ça, les méchants d'aujourd'hui ? commenta Chat Noir. Je m'attendais à mieux...
Ladybug leva la main.
- Attends, Chat Noir. Je crois qu'elle ne se sent pas bien.
- Tu parles, renifla Chat Noir. Elle fait semblant !
- Non. Tu te souviens comme Mayura était affaiblie par son utilisation du Miraculous du Paon ? Et là, elle les porte tous...
- Elle est inconsciente !
- Ou profondément amoureuse.
- Je dirais les deux, rétorqua une nouvelle voix, emplie d'une panique sans nom.
Ladybug et Chat Noir se retournèrent d'une traite...
L'héroïne hoqueta. Chat Noir fit tournoyer son bâton...
Car devant eux, se tenait Papillon.
Leur ennemi semblait fragile, comme si il n'avait même plus la force de penser à les combattre. Il s'approcha d'eux, et au fur et à mesure qu'il approchait, Ladybug lut sur son visage la plus grande expression de détresse qu'elle aie jamais vue.
- Laissez-moi avec elle, supplia-t-il.
- Qu'est-ce qu'elle a ? demanda Chat Noir.
Papillon ne répondit pas. Il le contourna pour bercer le corps frêle de son amie dans ses bras. Les étoiles filantes illuminaient la scène d'une lumière bleutée.
Et puis, il y eut un mouvement dans les bras de Papillon.
- Elle respire... murmura l'ennemi de Paris.
Ladybug et Chat Noir s'approchèrent à leur tour, et s'agenouillèrent à ses côtés.
- Elle a l'air terriblement faible... chuchota Ladybug. Elle respire à peine, et son cœur...
"Est sur le point de s'arrêter" songea-t-elle, les larmes aux yeux...
- Peut-on faire quelque chose ? les supplia Papillon. Je ne peux pas la perdre...
Ladybug hoqueta. Elle aurait voulu réconforter son ennemi, lui dire qu'il y avait encore de l'espoir pour Virakti, que Su-Han pourrait la soigner...
Mais elle ne pouvait plus mentir. Les battements de cœur de l'alliée de Papillon étaient devenus trop rares pour qu'un traitement puisse la sauver.
- Je suis désolée... souffla-t-elle. Il n'y a rien à faire.
À côté d'elle, Chat Noir sursauta violemment. Papillon laissa échapper un douloureux gémissement, comme si c'était lui qui était aux portes de la Mort.
- Non, non...murmurait-il en boucle. Je vous en prie, laissez-moi avec elle, le temps de l'accompagner...je lui avais promis que je veillerais sur elle...
Chat Noir et Ladybug obtempérèrent. Papillon caressa du bout des doigts la peau pâle de son amie. Et le miracle se produisit : elle ouvrit faiblement les yeux. Devant cela, Papillon tressaillit.
- Nathalie !
- Gabriel..
La voix de la jeune femme n'était plus qu'un murmure inaudible. Papillon éclata en sanglots et la serra dans ses bras.
- Nathalie, je t'en prie, ne me quitte pas...
- C'est trop tard. Je...je vois Annie. Elle est venue me chercher...
- Ne dis pas ça ! Je vais te soigner, tu reviendras vivre au Manoir avec moi, avec nous !
- Gabriel... tu n'as jamais compris, n'est-ce pas ? Je porte en moi les blessures de l'amour. Elles ne peuvent pas guérir.
- Alors, laisse-moi tenter de les apaiser.
Papillon se pencha vers Virakti, et unît leurs lèvres dans un doux baiser, qui écrivait leurs espoirs, effaçait leurs regrets.
La dernière étoile scintilla, et fila dans le ciel, emportant avec elle l'esprit de la jeune porteuse.
Chat Noir et Ladybug s'approchèrent, et chacun posa une main empreinte de sympathie et de douleur sur l'épaule de Papillon.
Leur ancien ennemi contemplait toujours, les yeux embués par le chagrin, la femme qui l'avait aimé plus que sa famille, plus que ses espoirs, plus que la vie elle-même.
*********
3798 mots.
Ça fait un mois que je suis dessus. Mais sinon, tout va bien...
C'est officiellement l'OS le plus triste que j'aie jamais écrit. Il dépasse même "La rose", je pense...
Je ne me souviens plus de comment je me sentais quand j'en ai eu l'idée, mais en tout cas, j'étais pas de très bonne humeur, c'est sûr... Je suis vraiment désolée, si il vous a fait de la peine...
Mais il faut croire que je suis folle, parce que cet OS fait partie de mes préférés. J'ai tué mon personnage préféré, et il fait partie de mon top 5. Allez-y, dites-le que je suis folle ! En fait, je crois que j'aime bien mes phrases, surtout les formulations de la fin. Je les trouve jolies. Voilà.
Nathalie est morte parce qu'elle a surpris une conversation dont elle n'a entendu que la moitié. Faut croire que l'inspi me faisait vraiment la tête...
J'ai vu "Évolution", et Multiplication", au fait... C'est pas la joie...
Ah, et au fait, "Virakti", ça veut dire "Désespoir" en tamoul...
Bref,
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars
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