Solitude
Assis sur le toit d'une maison, Chat Noir regardait le soleil se coucher. L'astre d'or se découpait sur le ciel et le faisait paraître rose, presque violet. Il retint un soupir. Il avait apporté une rose rouge à Ladybug. Et celle-ci, comme d'habitude, l'avait refusée. Chat Noir se sentait terriblement seul, ces jours-ci. Son père, Gabriel Agreste, était devenu froid, et distant, encore plus que d'habitude. Cela faisait deux ans qu'Émilie Agreste, sa mère, avait disparu. Nathalie Sancœur, l'assistante de son père, la seule présence féminine de la maison, était tombée malade, et passait toutes ses journées alitée. Cela faisait presque six mois qu'Adrien ne l'avait pas vue. Et, aujourd'hui encore, sa Lady venait de le repousser, affirmant qu'elle aimait déjà un autre garçon.
Chat Noir aurait bien aimé savoir qui était ce garçon. Qui était-il pour avoir capturé un cœur aussi fabuleux que celui de Ladybug ? Qui était ce chanceux inconnu ? Il fut tiré de ses pensées par sa bague qui clignotait. Le temps était écoulé. Il y eut une vive lueur, et, soudain, ce ne fut plus Chat Noir qui fixait le ciel, mais Adrien Agreste.
Adrien soupira, et prit Plagg dans ses mains.
-Plagg... je ne sais vraiment plus quoi faire. Ladybug me repousse, et fait appel à d'autres super-héros. Père s'éloigne de moi de jour en jour. Cela fait deux ans que maman est partie, et Nathalie me manque. Que dois-je faire ?
Plagg n'avait jamais vu son porteur aussi triste. En effet, les larmes coulaient à flots sur le visage du jeune mannequin.
- Adrien, écoute-moi. Je sais que je ne suis pas très doué pour aider les gens à exprimer leurs sentiments, et qu'il m'arrive d'être blessant, car je fais parfois des remarques acerbes. Mais je suis ton Kwami, Adrien. Je serais toujours là, si tu as besoin de parler, de crier, de pleurer, même. Je serais toujours là pour t'écouter. Je peux même te donner un conseil : va parler à tes amis. Eux aussi, peuvent t'aider. Arrête de penser que tu dois t'enfermer dans ta solitude. C'est injuste. Personne ne doit porter un tel poids tout seul.
- Tu as sans doute raison, Plagg. Merci. Je vais essayer de parler à Nathalie. Elle pourra sûrement m'aider à renouer avec père. Maintenant, transforme-moi !
Le Kwami de la Destruction s'empressa d'obéir, et ce fut à nouveau Chat Noir qui se tenait debout sur le toit. Il s'empara de son bâton et prit la direction du Manoir Agreste.
***
Toc, toc, toc. Les trois coups avaient résonné dans la chambre de Nathalie.
- Entrez, monsieur.
Elle fut surprise en voyant Adrien passer la porte.
- Adrien ? Excusez-moi, je croyais que c'était votre père. Que se passe-t'il ?
Adrien s'avança dans la grande pièce. Le sol était jonché de boules de papiers, des piles de livres anciens s'amassaient par terre, et sur le lit de la jeune femme. La pauvre avait beaucoup trop de travail...
- Nathalie... j'ai un conseil à vous demander.
- Allez-y.
- Père s'éloigne un peu plus chaque jour de moi. Et, il y a une fille, que j'aime, et qui ne cesse de me repousser. Que feriez-vous à ma place ?
- Pourquoi me demander cela à moi ?
- Parce que je ne me vois pas dire cela à mon père. Et me confier à vous me soulage d'un poids, parce que je réalise à présent que je n'ai jamais osé vous parler de mes histoires, ni vous demander un conseil. C'est stupide, car je sais que vous savez écouter.
- D'accord... Adrien, écoutez-moi bien. Je ne peux pas vraiment vous aider pour la fille qui vous repousse. Même moi, je ne sais pas exprimer mes sentiments. Mais par contre, je peux vous aider à renouer avec votre père.
- Vraiment ? Vous pouvez ?
- Oui. Figurez-vous que j'étais un peu dans le même cas que vous quand j'étais enfant.
- Vous voulez bien me raconter ?
- Mmmm.
Nathalie hésita. Elle n'avait jamais parlé de son enfance à quiconque. Mais d'un autre côté, si elle ne pouvait pas faire confiance à Adrien, à qui pouvait-elle faire confiance ?
- D'accord. Asseyez-vous.
Adrien obtempéra. Il prit une chaise et s'assit en façe d'elle.
- Vous êtes sûre que ça vous dérange pas ? Mon père m'a dit de ne pas vous fatiguer...
- Non, non, ça va. Je ne suis pas fatiguée.
- D'accord.
- Quand j'étais enfant, j'avais une famille... assez peu compréhensive, commença Nathalie. Mon père... était mort quand j'avais sept ans et ma mère s'enfermait dans son bureau du matin au soir pour travailler. Elle était diplomate, et mon père, journaliste. Je ne la voyais qu'une fois par jour. Lors du dîner. Elle ne parlait jamais, ne souriait jamais. Tout ce qu'elle faisait, c'était se plaindre que tout n'allait pas assez vite. Un peu comme vous, Adrien.
Adrien écoutait attentivement. C'était vrai. Nathalie et lui se ressemblaient beaucoup plus qu'il ne le croyait.
Elle continua :
- Un jour, j'en ai eu assez. Je suis allée la voir dans son bureau, où elle s'enfermait pour ne pas être dérangée. Je lui ai dit tout ce que j'avais sur le cœur. Elle m'avait toujours appris à garder mes sentiments pour moi. Autant dire, que d'un coup, j'ai oublié tout ce qu'elle m'avais appris ! Maintenant, ce n'est plus le cas.. fit-elle, pensive. En tout cas, lorsque j'eut fini de lâcher ma colère, elle s'est approchée de moi et m'a demandé pardon pour toutes les fois ou elles avaient pu paraître froide et distante. Puis, elle m'a serrée dans ses bras. Le lendemain, elle a pris une journée de congé. Nous l'avons passé ensemble, à jouer, à faire tout ce que nous n'avions pas eu le temps de faire depuis cinq ans, à la mort de mon père. J'avais douze ans, à ce moment. Vous devriez parler à votre père, Adrien. Il peut paraître froid, mais, croyez moi, il vous aime.
- Vous avez sans doute raison Nathalie. Je vous remer... Nathalie ? Nathalie, tout va bien ?
La jeune femme était devenue pâle comme un linge. Elle se mit à tousser, d'abord doucement, puis de plus en plus fort. Elle s'effondra dans son lit, inconsciente.
- Nathalie !
Adrien se précipita à son chevet et lui prit la main. Elle était glacée.
- Père ! Père !
Adrien sortit en trombe de la chambre et se rua dans l'atelier de son père.
- Père ! Nathalie ne va pas bien du tout !
Gabriel lâcha son crayon et suivit son fils dans la chambre de son amie. Il lui prit la main.
- Que s'est-il passé ? exigea-t'il.
- Je... je ne sais pas. Elle me parlait, et puis tout d'un coup, elle s'est évanouie !
- Tu l'as trop fatiguée ! Je t'avais dit de faire attention ! Nathalie est malade, Adrien, tu m'entends ? Elle avait besoin de repos ! De quoi te parlait-elle ?
- Elle... elle me donnait des conseils sur la façon... sur la façon de... de renouer avec vous, père. Ces derniers temps, vous vous éloignez de moi. J'avais besoin de son avis...
- Tu aurais dû venir me voir directement, Adrien, pas venir épuiser cette pauvre Nathalie ! Regarde un peu ce que tu as fait !
Adrien vit rouge.
- Comment pouvez-vous me dire une chose pareille, père ? Nathalie avait déjà trop de travail ! Je ne sais pas sur quoi elle travaille, mais je suis sûr que cela l'épuise bien plus que mes rares bavardages !
Rageur, il ramassa une boule de papier et la déplia. Sa mâchoire manqua se décrocher, et il ouvrit des yeux ronds de stupeur. Sur la feuille était imprimée une copie traduite du Grimoire qu'il avait un jour empruté à son père et perdu ! Cette copie expliquait comment réparer le Miraculous du Paon... Il en ramassa une autre. Sur celle-ci, était noté un plan visant à... récupérer les Miraculous de Ladybug et Chat Noir !
Adrien tituba. Il leva un regard effrayé vers son père. Celui-ci avait pris la main de Nathalie et lui chuchotait des mots d'encouragement à l'oreille. Il se leva et passa dans la salle de bain, et y prit une aspirine, ainsi qu'un verre d'eau. Il retourna au chevet de Nathalie et posa les médicaments sur sa table de nuit. Puis, il se pencha, et déposa un baiser sur le front de sa secrétaire.
Adrien eut un flash. Il venait enfin de comprendre. Il coula un regard à son père, qui embrassait Nathalie sur le front. Durant un instant, il ne vit plus Gabriel Agreste et Nathalie Sancœur, mais Papillon et Mayura, ses ennemis jurés ! Il se tourna vers son père et dit d'une voix empreinte de chagrin :
- Père... dites-moi que ce n'est pas vrai. Vous êtes vraiment le Papillombre ? Et... et Nathalie était vraiment Mayura ?
- Adrien... oui, c'est vrai. Je comprends que tu sois en colère. Je suis terriblement désolé. Mais, si je l'ai fait, c'était pour toi. Pour ta mère. Pour qu'elle revienne.
- Au prix où cela se paye ? Comment avez-vous pu ? Mettre en danger tout Paris, pour des motifs égoïstes ? Alors que, pendant ce temps, une autre femme se sacrifait pour vous ?
Adrien suffoquait, furieux. Pendant ce temps, Nathalie émergeait lentement.
- Je n'ai pas le temps d'écouter ta colère, Adrien. Pour deux raisons. Voici la première :
"Nooroo, je renonce à toi"
- Et voici la deuxième :
"Duusu, je renonce à toi"
Adrien et Nathalie poussèrent le même cri de surprise.
- Je n'ai plus besoin des Miraculous. Parce que... je refuse de mettre en danger une nouvelle fois la femme que j'aime, ajouta t'il en se tournant vers Nathalie.
Nouveau cri de surprise de la part de Nathalie, qui comprenait peu à peu les paroles de Gabriel.
- Dès que je le pourrais, j'avertirais Ladybug et Chat Noir que j'ai renoncé. Reste juste à trouver un moyen... peut-être qu'en laissant Nooroo et Duusu retourner à la Miracle Box...
- Ce ne sera pas nécessaire, père. Je sais exactement comment contacter Ladybug.
"Plagg, transforme-moi !"
Un nouveau cri de surprise jaillit de la bouche de Nathalie et Gabriel.
- Bon... je crois que je vais vous laisser. Vous avez sans doute des choses à vous dire...
Il se dirigea vers la fenêtre, serrant fermement les Miraculous du Papillon et du Paon contre lui.
- Chat Noir... enfin... Adrien... enfin... Chat Noir, attendez !
C'était Nathalie qui avait crié.
- Je n'ose pas imaginer à quel point vous devez être triste et en colère. Nous ne pourrons jamais nous faire pardonner les actes que nous avons commis. Mais, néanmoins, je dois vous demander pardon. C'est la moindre des choses, et je suis sûr que Monsieur Agreste sera d'accord avec moi.
- Merci, Nathalie. Je dois vous dire que vous vous êtes trompée. Je vous ai pardonné, à vous, comme à mon père. Je ne peux pas lui reprocher d'avoir voulu ramener maman. Et je ne peux pas vous reprocher d'avoir voulu l'aider.
Aussitôt ces mots prononcés, il s'enfuit.
Quand il fut parti, Gabriel se tourna vers Nathalie.
- Nathalie ? Peut-être pourrions-nous...nous tutoyer ?
- Avec une immense joie, Gabriel.
Il la prit dans ses bras et la serra tendrement, sa joie et sa sérénité retrouvée.
***
- Alors... c'est fini ?
- Oui, ma Lady.
Chat Noir avait appelé Ladybug, et les deux s'étaient donné rendez-vous au sommet de la Tour Eiffel.
- Je n'ose pas y croire...
- Et pourtant si. Papillombre s'est rendu, et m'a donné ses Miraculous. Il s'est même excusé, lui et celle qui a été Mayura.
- Mais comment est-ce possible ? Tu les connaissais, ou...
- Oui. Il s'agissait...
Il déglutit péniblement, et parvint à retrouver confiance.
- Il s'agissait de mon père et de sa secrétaire.
- Oh, je suis terriblement désolée, chaton. Cela a dû être très dur pour toi. Mais, tu sais, si tout est fini... alors nous pouvons peut-être nous révéler nos identités secrètes ?
- Tu... tu es sérieuse, ma Lady ?
- Oui. Papillombre s'est rendu. Paris ne court plus aucun risque.
- D'accord... Alors à trois, en même temps ?
- D'accord. Un... deux... trois.
"Détransformation" lancèrent-ils en chœur.
Le silence se fit en haut de la Tour Eiffel.
Regard saphir plongé dans regard émeraude, les deux adolescents se dévisageaient, soufflés.
- Ma... Marinette Dupain-Cheng ?
- A... Adrien Agreste ?
Marinette se jeta dans les bras d'Adrien.
- Non... c'est impossible...Tout ce temps où j'ai essayé de t'avouer mes sentiments, tu étais là, à côté de moi, et je te repoussais. Je t'aime Adrien !
- Moi aussi, je t'aime ma Lady.
Toute trace de solitude effaçée, les deux super-héros s'embrassèrent sous les étoiles, qui souriaient de les voir enfin réunis.
2091 mots. Il m'a pris pas mal de temps. Alors, oui, j'ai pas résisté, j'ai mis du Papyura, alors que c'était du Ladynoir à la base. Bon... mais en même temps, ce ship me trotte tellement dans la tête, que l'oublier, c'est TRES difficile !
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars.
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