Ressucito

Gabriel se réveilla en sursaut, mû par un sombre pressentiment. Il venait à peine d'échouer dans une nouvelle tentative pour récupérer les Miraculous de Ladybug et Chat Noir. Épuisé, il s'était accordé une petite demi-heure de repos. Et là, il venait de se réveiller avec l'impression qu'une part de lui-même était en train de mourir. Il jeta un regard à sa table de nuit. La broche du Paon avait disparu. Fou d'inquiétude, il se leva et se dirigea vers la chambre de Nathalie. Sa secrétaire n'était plus là. Ses béquilles, elles aussi, avaient disparu.

"Elle n'a quand même pas fait ça ?"

"Elle est complètement folle ! Elle est encore trop faible pour réutiliser ce Miraculous !"

Gabriel se rua dans son atelier et pressa les boutons qui menaient à son repaire. L'ascenseur semblait tourner au ralenti, chaque seconde qui passait était pour lui une éternité. Après ce qui lui avait semblé durer un siècle, il pénétra dans son antre et aperçut la silhouette de Nathalie recroquevillée sur elle-même, parcourue de tremblements. Duusu lévitait en essayant de la ranimer.

- Nathalie !

Malade de stress, il vint s'agenouiller auprès de son assistante. Il fut soulagé de l'entendre respirer. Il la prit dans ses bras et la porta jusqu'à sa chambre. Il l'installa dans son lit et remonta la couverture, avant de s'asseoir au bord du lit. La respiration déjà sifflante de Nathalie était devenue inaudible. Pâle, les yeux cernés, elle faisait peine à voir.

- Nathalie... Pourquoi avez-vous fait cela ? Je vous avait pourtant dit que vous étiez encore trop faible pour utiliser à nouveau le Miraculous du Paon !

- Je suis désolée, monsieur... J'avais une idée en tête...

- Pourquoi ne m'avez vous rien dit ? J'aurais pu vous aider !

- Je voulais, que, si mon plan réussissait, pouvoir vous faire la surprise des deux Miraculous... Je voulais tellement vous voir heureux ! Vous désirez les Miraculous, Gabriel. Et moi, je veux être celle qui vous les offrira.

Une quinte de toux la plia en deux. Elle gémit sous la violence de son mal de tête.

- Nathalie, vous vous êtes encore mise en danger pour rien ! Je...je vous en prie, arrêtez de vous sacrifier pour moi... Je n'en vaux pas la peine...

Nathalie se redressa  un peu.

- Gabriel... j'ai quelque chose à vous dire.

- Chut... ne parlez pas, n'épuisez pas vos forces pour rien.

- SI je ne vous parle pas maintenant, vous n'êtes pas prêt de m'entendre à nouveau !

Curieux, il approcha. Et entendit la jeune femme murmurer :

- Je vous aime monsieur. De tout mon cœur, de toute mon âme, je vous aime.

Il hocha légèrement la tête et répondit :

- Moi aussi, Nathalie... Moi aussi.

Il se pencha et vint déposer un léger baiser sur les lèvres de son "amie".

Nathalie eut un sourire qui illumina son visage, et elle ferma doucement les yeux.

- Nathalie ! Nathalie !

Le styliste l'appela désespérément pendant quelques minutes. Le temps que s'impose l'évidence.

Nathalie était morte.

Il le redoutait depuis le début, depuis qu'elle était devenue Mayura, avait trouvé mille raisons d'espérer. Mille raisons qui venaient de partir en fumée.

Nathalie était morte.

Il chancela devant le vide qui s'était soudain ouvert en lui. Hébété, déchiré, meurtri, cœur et âme déchiquetés.

Nathalie était morte.

Il fut soudain submergé par l'irrépréssible envie de pleurer, de s'effondrer auprès du corps sans vie de son amie et de laisser ses larmes couler. Et c'est ce qu'il fit.

                                                                                       ***

Adrien prit un mouchoir et sanglota. Le jeune garçon s'était effondré en apprenant la mort de Nathalie, et il en était à son quatrième paquet de mouchoirs. Lorsque son père le lui avait appris, il ne l'avait pas cru. C'était impossible ! Après sa mère, Nathalie venait de succomber à la même mystérieuse maladie. Il ne savait plus quoi faire. Parallèlement, le même jour, un Sentimonstre indépendant avait fait son apparition à Paris. Et, soudain, il avait disparu. Adrien refusait de croire que ça puisse être lié à la maladie de Nathalie. Mais pourtant...

                                                                                     ***

Nathalie gisait dans un cercueil en verre semblable à celui qui gardait Émilie. Ses longs cheveux aile de corbeau casacadaient sur ses épaules. Ses yeux fermés étaient maquillés de son fard à paupières bleu pâle préféré, et un léger sourire éclairait son visage, souvenir de ce jour où Gabriel lui avait avoué son amour, et où elle avait fini par s'éteindre. Elle était vêtue de sa tenue de travail habituelle, un pantalon noir, un chandail rouge et une veste noire. N'eut étée la pâleur mortelle de son visage, qui contrastait avec sa mèche écarlate, on aurait pu croire qu'elle dormait. À côté d'elle, le Miraculous du Paon renvoyait au verre du cercueil des éclairs bleus. Gabriel avait décidé de le laisser à côté de Nathalie, ne pouvant se résoudre à l'utiliser après ce qu'il avait fait aux deux femmes qu'il avait aimé.

Agenouillé auprès du cercueil, Gabriel pleurait toutes les larmes de son corps. Si il n'avait pas été aussi aveugle, Nathalie ne se serait pas retrouvée dans cet état. Si il avait su reconsidérer ses sentiments, elle ne serait pas morte. C'en était trop pour lui. Sans Nathalie, il n'était plus rien. Plus rien du tout.

Nooroo lévitait au dessus de son maître. La détresse de Gabriel faisait peine à voir, et le petit Kwami la sentait vibrer dans tout son corps. Il avait une solution, lui. Mais cette solution portait un prix terrible. La broche du Papillon permettait au porteur d'offrir à l'élu toutes sortes de pouvoirs. Toutes, sauf une. Le pouvoir de la Résurrection. Ce pouvoir, seul Nooroo pouvait l'offrir. Mais un Kwami utilisant son pouvoir sans porteur... cela n'engendrait que des catastrophes.

"Je ne peux pas faire ça ! C'est trop dangereux !"

" Mais je ne peux plus supporter le peine de Gabriel !"

"Tant pis. Il faut que je le fasse. Sa détresse est trop grande. Il pourrait en perdre la raison. Et je ne le supporterais pas."

Nooroo leva les bras vers le ciel. Un masque violet apparut sur son visage. Il pirouetta sur lui-même et pointa Gabriel du doigt. Celui-ci releva la tête.

- Nooroo ? Qu'est-ce que tu fais ?

Il comprit alors ce que préparait le Kwami.

- Nooroo ! Non ! Ne fais pas ça ! Un Kwami utilisant son pouvoir sans porteur provoque toujours des catastrophes !

- Je ne peux plus supporter de vous voir malheureux, maître, répondit calmement le Kwami de la Transmission.

Il toucha Gabriel du bout du doigt. Le masque que celui-ci utilisait si souvent sur ses victimes apparut. 

- Ressucito, je te donne le pouvoir de ramener à la vie celle que tu aimes. Utilise ce pouvoir avec sagesse.

- Nooroo, s'il te plaît...

Gabriel cessa de lutter. Une masse sombre s'empara de lui. Quand elle disparut, Gabriel était entièrement vêtu de blanc. Sa peau était elle aussi devenue d'un blanc laiteux. Il ouvrit le cercueil conservant le corps de Nathalie et posa la main sur son visage. Une volute blanche et or s'enroula autour de Nathalie... et les couleurs revinrent peu à peu sur son visage. Elle se releva lentement, l'air très étonné, le regard hagard. Tout était flou autour d'elle. Pourtant, elle portait ses lunettes... Épuisée, elle s'effondra dans le cercueil et s'endormit profondément.

Ressucito s'écroula et se retransforma en Gabriel. Il se releva péniblement. Son corps lui faisait mal, et un terrible mal de tête le tourmentait.

Nooroo, redevenu lui-même, se précipita à ses côtés.

- Maître... tout va bien ?

- Nooroo, que s'est il passé ?

La mémoire lui revint en un éclair. Son akumatisation, ses protestations, la résurrection de Nathalie...

- Nathalie !

Gabriel se précipita près du cercueil. Nathalie y dormait à poings fermés.

- Nooroo... que lui arrive-t'il ?

- Elle est épuisée, maître. Elle a eu beaucoup d'émotions fortes en une seule journée. Ce n'est pas tous les jours qu'on meurt et qu'on revient à la vie.

- Nooroo, tu as utilisé tes pouvoirs sans porteur... Je n'ose même pas imaginer ce qui se passe dehors...

                                                                                          ***

- Non, mais c'est une blague ! pesta Chat Noir. J'aimerais bien savoir comment Papillon a réussi à accomplir ça !

Il évita un coup de Princesse Fragrance et roula sur le côté, juste à temps pour éviter le pied de Gigantitan qui l'aurait écrasé comme une galette.

- Je ne sais pas ! haleta Ladybug. Tout ce que je sais, c'est qu'on va avoir besoin d'aide ! Il n'y a jamais eu autant d'akumatisés !

                                                                                         ***

- Mon pouvoir vous a permis de ramener à la vie Mlle Nathalie. Mais, le prix à payer... c'était que tout vos anciens champions soient retransformés...

                                                                                         ***

Ladybug évita l'épée de Riposte et... se baissa, manquant de justesse d'être mise en pause par Lady Wifi.

- Oh non ! Comment va t'on faire sans Rena Rouge ? Sans Pigella ? Et sans Ryuko ?

Du coin de l'œil, elle aperçut Le Bulleur, le Dislocœur, Antibug, Reflekta, le Gamer, Chronogirl, Horrificator, Pirkell, Silence...

- Chat Noir ! Ils sont tous akumatisés ! On va devoir se passer de leur aide !

- C'est de la folie ! On ne pourra pas gagner cette bataille ! Il y a plus de cent akumatisés !

                                                                                        ***

- La seule façon d'éviter un carnage, c'est que vous renonciez à moi...pour toujours. Et ils disparaîtront.

                                                                                        ***

C'était fini. Ils n'avaient plus aucune chance. Chat Noir prit Ladybug dans ses bras pour la protéger et lui murmura à l'oreille :

- Je t'aime ma Lady.

Et elle lui répondit :

- Tu es le meilleur coéquipier que j'aie jamais eu. Je suis heureuse de t'avoir rencontré, Chat Noir.

Elle se serra contre lui. Il leur restaient quelques secondes avant la fin. Le temps d'échanger un ultime regard.

Puis, les akumatisés se concertèrent. Fondirent sur eux.

                                                                                               ***

- Adieu, maître.

                                                                                              ***

Avant de disparaître.

Les yeux fermés, Ladybug était dans l'attente de l'atroce douleur. Il ne passa rien. Elle ouvrit les yeux. Hébétée, elle vit une foule se frotter la tête. Aucun signe d'akumatisé.

- Chat Noir ! Regarde !

Son coéquipier ouvrit prudemment les yeux. Et resta bouche bée devant l'étonnant spectacle qui s'offrait à lui.

- Ben chat alors ! Qu'est-ce qui se passe ici ?

- Je... je ne sais pas ! On dirait que Papillon a renoncé à son plan !

Une voiture grise s'arrêta à leur hauteur. Chat Noir, surpris, reconnut la voiture familiale. Gabriel Agreste en sortit et s'approcha des deux super-héros.

- Bonjour Ladybug. Bonjour Chat Noir. Je crois que ceci vous appartient.

Il leur tendit les broches du Paon et du Papillon. La mâchoire de Chat Noir se décrocha.

- C'était vous... murmura t'il.

- Oui, c'était moi. Mais j'ai renoncé. Je vous demande pardon. À tous.

- Moi aussi. Je vous demande pardon, dit Chat Noir

- À moi ? Pourquoi cela ?

- Pour tout ce que j'ai pu penser de vous. Et aussi pour ça. Plagg, détransformation.

Gabriel vit alors apparaître la dernière personne qu'il avait espéré trouver derrière le masque de Chat Noir.

Ladybug vit alors apparaître la dernière personne qu'elle avait pensé trouver derrière le masque de Chat Noir.

- ADRIEN ?????

Gabriel tenta de prendre son fils dans ses bras. Mais Adrien eut un mouvement de recul.

- Je ne peux pas vous parler pour l'instant, père. Peut-être plus tard.

- Bon... ben à mon tour, alors, lança Ladybug. Tikki, détransformation.

-MARINETTE ????

Cette fois, c'était Adrien qui avait crié.

- Eh oui, chaton ! Nous en parlerons plus tard, si tu veux. Là, maintenant, tout de suite, je pense que vous avez des choses à vous dire, ton père et toi.

Elle fit demi-tour et s'enfuit en courant.

Restés seul, Gabriel regarda son fils.

- Adrien, viens. On rentre. Je vais tout t'expliquer. Mais à la maison. Il ya quelqu'un qui souhaite te voir.

                                                                                                   ***

- NATHALIE  ???

C'était bien elle. Et elle paraissait en pleine forme. Assise sur son lit, elle adressa un sourire à Adrien. Des larmes de joies inondèrent les yeux du jeune mannequin.

- Mais comment est-ce possible ?

- Je vais t'expliquer, Adrien. Tout a commencé peu après ta naissance. Avec Nathalie, ta mère et moi sommes allés au Tibet. Là-bas, nous avons trouvé les deux Miraculous, ainsi que le Grimoire. Ta mère a commencé à utiliser le Miraculous du Paon. Mais celui-ci était endommagé. Et elle est tombée malade. À sa mort, j'ai juré de tout faire pour la ramener. Je suis devenu le Papillon. Nathalie s'est engagée dans le combat à mes côtés. Quand est arrivé le Jour des Héros, elle s'est laissée akumatiser, et a multiplié mes pouvoirs. Quand elle m'a vu acculé, elle s'est servie du Miraculous du Paon. Elle est devenue Mayura.  Mais le Miraculous, toujours endommagé, l'a fait tomber malade, comme ta mère. Il y a quelques jours, elle a décidé de le réutiliser. Cet essai lui a été fatal. Et moi, je venais tout juste de réaliser à quel point je l'aimais. J'étais tellement désespéré que Nooroo a utilisé son pouvoir sur moi. J'ai ranimé Nathalie. Mais le prix à payer était cet gigantesque attaque à laquelle vous avez eu droit. Pour l'annuler, j'ai renoncé à Nooroo.

"Tu as parfaitement le droit de me haïr. Mais tu n'as pas le droit de haïr Nathalie. Elle a fait ça par amour pour moi. Elle s'est sacrifiée pour permettre le retour de ta mère."

- Je vous ai pardonné, père.  À vous, comme à Nathalie. Je suis sincèrement heureux de vous voir réunis.

Sur ces mots, il quitta la pièce.

Gabriel se tourna vers Nathalie.

- Nathalie... je suis tellement soulagé que tout se termine bien. Vous êtes vivante, vous êtes là, à mes côtés ! J'ai eu tellement peur ! Je vous aime Nathalie ! Tellement, que, lorsque vous êtes morte, je me suis senti mourir à mon tour. Une partie de moi-même était détruite, et lorsque vous êtes revenue, je n'ai pas osé y croire.

Gabriel la prit dans ses bras. Nathalie, profondément heureuse, lui rendit son étreinte. Elle déposa un baiser papillon sur les lèvres de Gabriel. Celui-ci accentua légèrement la pression et elle se laissa emporter.

Lorsqu'ils se séparèrent pour reprendre leur souffle, Nathalie eut l'impression d'avoir enfin comblé le vide qui s'ouvrait en elle depuis qu'elle était enfant. Depuis deux ans, elle avait besoin de l'amour de Gabriel. Et, aujourd'hui, enfin, cet amour lui avait été accordé.


2422 mots. Ça commencait très mal. Et finalement, j'ai décidé de faire une Happy End. J'aime bien les Happy End. Honnêtement, je suis plutôt contente de moi, j'avais à peine terminé "Confessions" que j'ai commencé à écrire celui-là. Et pour l'instant, c'est un de mes préférés, même si j'ai toujours autant de mal à écrire les baisers. Bref.

Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Renars.

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