Résolution


Ladybug soupira devant l'incohérence de ses pensées. Celles-ci volaient en tout sens, occupaient son esprit comme elles ne l'avait jamais fait, manquant la noyer, tant elles étaient nombreuses et pesantes.

— Alya... murmura-t-elle. Qu'est-ce que je devrais faire, à ton avis ? Avec Monarque, tout est devenu tellement compliqué ! Je n'ai plus personne pour m'aider, je n'ai que Chat Noir, et il commence à s'inquiéter, lui aussi ! Monarque nous attaque tous les jours ! Je ne m'en sors même plus avec mes sentiments ! Je n'ai jamais été aussi perdue ! Pas même devant ma défaite ! Je... n'aurais jamais pensé tomber amoureuse de Chat Noir... Mais il est tellement...gentil, attentionné, amusant... Je ne comprends plus, je n'en peux plus... Le bon choix... serait peut-être... d'abandonner. D'abandonner tout.

Elle avait chuchoté ces derniers mots, et son amie sursauta à côté d'elle.

— Ne fais pas ça ! 

Alya posa une main rassurante sur l'épaule de son amie.

— Tu es Ladybug. La plus grande héroïne de tous les temps. Nous le savons tous. Tu trouves toujours une solution. Toujours. Les peurs, les sentiments, les victoires, les échecs, tout cela fait partie du quotidien des super-héros. Nous nous devons d'y faire face. C'est ainsi.

Alya inspira avant de continuer.

— Nous sommes tous avec toi, Marinette. Tu as  le soutien de tous les Parisiens, les héros et les héroïnes. Nous savons tous que tu as de lourdes responsabilités sur les épaules. Personne ne t'en veut, pour ce qui s'est passé. Ce n'était pas de ta faute. Tu es une incroyable Ladybug. Cesse de tergiverser sur le passé, et regarde vers l'avenir !

— Tu pense que j'en suis capable ?

— Je pense sincèrement que tu es capable de tout.

Ladybug regarda au loin. Les paroles d'Alya lui semblaient à la fois réconfortantes, et pourtant creuses. 

Elle le savait. Si elle ne trouvait pas moyen de parler à Chat Noir, et à vaincre le flot de ses pensées, elle finirait par s'y noyer.

*********************

Adrien essuya une larme devant la photographie de sa mère, la plus récente qu'ils avaient fait ensemble. Comme d'habitude, sa mère souriait, et ses yeux verts pétillaient de joie et d'amour.

Comme tout était simple, avant... avant la maladie qui avait arraché l'enfant à sa mère. Le drame qui avait déchiré la maisonnée. Avant l'atroce douleur d'avoir perdu la personne dont il était le plus proche.

Plagg lança un regard peiné à son porteur avant de l'étreindre d'une manière rassurante.

La porte de la chambre s'ouvrit ; Adrien sursauta et essuya rapidement toutes ses larmes. Mais elles recommencèrent à couler aussitôt lorsqu'il aperçut Nathalie.

La jeune femme semblait épuisée, n'ayant sans doute pas dormi depuis plusieurs nuits. Elle s'appuyait sur le bureau pour tenir debout, malgré cela, ses jambes semblaient incapables de la soutenir.

Cette vision déchira le cœur d'Adrien. La jeune femme lui apparaissait comme une mère de substitution ; la perdre à son tour serait insoutenable...

— Adrien, n'oubliez pas que vous avez un shooting photo, cet après-midi, à dix-sept heures, lui rappela-t-elle.

Le jeune mannequin soupira et s'enfonça dans son siège en murmurant d'une voix à peine audible :

— J'aimerais tant ne plus être un mannequin pour la marque de mon père...

— Vous devriez lui en parler. Seul à seul, fit remarquer Nathalie en s'approchant.

— C'est impossible ! Il est devenu si froid, si distant ! J'ai l'impression... qu'il ne m'aime plus, qu'il  a quelque chose dans la tête, quelque chose qui l'empêche de penser à sa famille et à ses amis.

À côté de lui, Nathalie sursauta imperceptiblement. Intrigué, Adrien tourna la tête vers elle.

— Vous allez bien ?

— Oui... Je suis seulement... un peu fatiguée.

— Un peu beaucoup, vous voulez dire, répondit Adrien en se levant et en la forçant à s'asseoir sur son lit. Vous devriez vraiment vous reposer. Vous tenez à peine sur vos jambes...

— J'ai beaucoup de travail. Je n'ai ni le temps, ni le besoin de prendre du repos.

Adrien sentit la colère monter. Il en avait assez, assez d'être le fils parfait, qui devait écouter et se taire, obéir sans réplique, qui devait cacher ses émotions. Il avait déjà vécu cette scène, avec sa propre mère ! Comptait-on vraiment l'empêcher de dire ce qu'il pensait jusqu'à la fin de sa vie ?

— Ma mère disait exactement la même chose ! explosa-t-il. Elle disait la même chose, qu'elle n'avait pas besoin de repos, qu'elle avait trop de travail ! Elle disait la même chose, et elle est morte ! Vous pensez sincèrement que vous tuer au travail sera bénéfique pour la maison Agreste ? Si c'est le cas, alors, je me suis trompé sur vous !

La voix du jeune mannequin se brisa, et il se jeta dans les bras de la jeune femme qui avait tenu le rôle de sa mère pendant si longtemps.

— Je... je ne veux pas vous perdre, Nathalie...

Nathalie sentit les larmes lui monter aux yeux. Bien sûr, elle aimait Adrien comme son propre fils, cependant, elle n'aurait jamais imaginé qu'il tienne autant à elle...

Elle referma les bras sur le jeune garçon, murmurant :

- Vous ne me perdrez jamais Adrien. Je vous le promets.

****************

Un coup de crayon rapide finalisa la nouvelle création de Gabriel Agreste. Il n'en était pas peu fier : la robe, sur le thème de l'hiver, était d'une rare splendeur, une des plus belles qu'il aie jamais créé.

Il ressentit soudain comme un coup au niveau du cœur. Puis plusieurs coups, qui se répétaient, lents, profonds, et terriblement douloureux.

Avec effroi, Gabriel comprit que le Miraculous du Papillon sentait une émotion négative, très proche de lui. Qui semblaient se rapprocher.

Trois coups résonnèrent à la lourde porte de l'atelier. Curieux, et anxieux à la fois, le styliste enjoignit à la personne d'entrer. Il s'agissait d'Adrien.

— Que puis-je faire pour toi, Adrien ?

—  Bonjour, père...hésita le jeune mannequin. Je voulais vous parler d'un sujet très important...

—  De quoi s'agit-il ? demanda Gabriel, inquiet, et nerveux, à l'idée de devoir parler d'Émilie, car c'était souvent ce que son fils voulait parler lorsqu'il commençait une discussion comme ceci.

Pourtant, la réponse d'Adrien fut tout autre :

— Je... je ne veux plus être un mannequin. J'aimerais pouvoir vivre am vie, sans être sur toutes les couvertures de magazine de mode. J'aimerais me faire des amis, qui me connaissent vraiment, pas juste des fans qui n'attendent qu'un autographe. J'aimerais être... normal.

Le cœur de Gabriel se serra. Bien sûr, il savait que cette conversation arriverait un jour. Mais il ne pensait que cela arriverait si tôt. Il n'était pas prêt à laisser son fils s'envoler de ses propres ailes. Pas après ce qu'il avait vécu, lui, à son âge.

— Je suis désolé, Adrien. C'est l'une des seules choses que je ne peux pas t'accorder.

— Pourquoi ? demanda Adrien, d'une voix désespérée, incrédule et triste.

— Je... je ne peux pas t'expliquer.

— Vous ne voulez pas que je puisse m'épanouir ?

Gabriel sursauta. Le ton d'Adrien était devenu légèrement agressif, comme une flèche, dont les plumes étaient sa colère, la hampe, son incompréhension, la pointe, son désespoir.

— Ce n'est pas ça ! Tout ce que je fais, je le fais pour toi, Adrien, tu le sais !

— Ce n'est pas ce dont j'ai l'impression. J'ai plutôt l'impression... que c'est pour vous que vous agissez ainsi.

— Adrien...

Mais le jeune mannequin ne l'écoutait plus. Il était parti, les yeux mouillés, rejoindre Nathalie, qui l'attendait dans sa chambre.

**********

— Alors ?

— Il a refusé...

Adrien essuya ses larmes d'un revers de manche. Nathalie lui posa une main sur l'épaule.

— Votre père a ses raisons d'agir ainsi. Ne sous-estimez pas la force de l'amour qu'il vous porte, Adrien. Il préfère vous voir en sécurité, avec une carrière déjà toute tracée, plutôt que de vous voir subir ce qu'il a vécu à votre âge.

— Comment cela ? Que s'est-il passé ?

Nathalie ouvrit la bouche pour répondre, puis se ravisa.

— C'est à votre père de vous le dire, pas à moi.

— Mais...

— Je suis désolée, Adrien. Mais certaines choses doivent parfois attendre avant d'être révélées.

**************

Un poing titanesque s'abattit sur l'Arc de Triomphe, le réduisant en miettes instantanément. Chat Noir atterrit à côté du monument, la tête emplie du feu du combat

À côté de lui, Ladybug avaient les yeux dans le vague. Depuis quelques semaines, elle avait l'air... différente. Absente. Comme si elle avait eu une révélation qui la traumatisait.

Au moment où le poing de Gorizilla s'abattait sur l'héroïne, elle ne le remarqua même pas. Chat Noir dut effectuer un bond de plusieurs mètres pour la pousser sur le côté.

Il l'aida à se relever, choqué. Elle avait les yeux brillants, mais toujours aussi étourdis.

— Tout va bien ?

— Oui. Me...merci...

—Ladybug, qu'est-ce qui...

Mais l'héroïne avait lancé son Lucky Charm, déterminée à en découdre, ayant manifestement retrouvé toute sa combativité.

Ce fut de courte durée.

Deux minutes plus tard, elle n'avait toujours pas trouvé comment l'utiliser. Elle avait l'air perdue. Complètement perdue.

C'en fut trop pour Chat Noir.

— Ladybug, pour l'amour du Ciel, concentre-toi ! je ne sais pas ce qui t'arrives, je ne sais rien de toi, mais je vois que tu n'es pas toi-même ! Si tu veux qu'on en discute, on le fera, mais après avoir libéré cet akumatisé ! Tu as changé, Ladybug. Et je crois que je préférais l'ancienne à la nouvelle Ladybug. Celle qui se concentrait, celle qui cherchait à protéger tout le monde, celle qui était si déterminée, si combative. Celle que j'aimais.

Contre toute attente, Ladybug... éclata en sanglots. Elle pleurait à chaudes larmes, désarmée devant la plus grande des forces au monde, celle des sentiments, qui l'entraînaient et la noyaient, qui lui faisaient oublier son devoir. Qui la brisaient, l'enchaînaient au mur de la réalité.

Chat Noir se sentit affreusement coupable. Il maudissait tout le monde. Monarque et ses attaques répétées. Lui, son comportement brutal. Tout et n'importe quoi. Il s'en voulait, bien sûr, mais il ne comprenait pas ce qui arrivait à sa meilleure amie.

— Excuse-moi, ma Lady. Je ne sais rien de ce qui se passe dans ta vie, mais celle que je connais ne se laisserait pas abattre ainsi. Je le sais.

Il désigna Gorizilla du doigt.

— Cet homme a besoin de nous. On ne peut pas le laisser ainsi. Toute la ville a besoin de nous. Compte sur nous, est avec nous. On doit la protéger, c'est notre devoir. Alors, tu me raconteras ce qu'il se passe si tu le souhaites, mais après la bataille. Je te promets de t'écouter avec attention.

Ladybug approuva, et chassa ses larmes d'un battement de cils.

Sa sérénité et sa concentration retrouvées, Ladybug put très vite libérer le pauvre garde du corps.

Son "Miraculous Ladybug" lancé, Chat Noir l'attira à l'écart, et plongea ses yeux verts dans ceux d'azur de l'héroïne.

— Voilà. Raconte-moi tout.

***************

Trois semaines plus tard...

Adrien raccrocha la conversation téléphonique qu'il avait depuis des heures avec Marinette.

Depuis, que, trois semaines plus tôt, Ladybug lui avait tout avoué, ses angoisses, sa peur quotidienne, et surtout, surtout, les sentiments inattendus et rejetés qu'elle avait pour lui, ils filaient le parfait amour.

Aussi simplement que ça. 

Ce que Chat Noir attendait depuis deux ans plus tôt, depuis le jour de leur rencontre, cela s'était déroulé aussi simplement que ça.

Ils avaient discuté et discuté, longuement, jusqu'à ce que Ladybug craque, et lui avoue, presque en larmes, qu'elle était tombée amoureuse de lui, qu'elle ne pouvait pas l'assumer, parce qu'elle l'avait rejeté pendant deux ans.

Chat Noir l'avait réconfortée, lui assurant qu'il n'y avait rien de grave, puisqu'il l'avait toujours aimé, et que ça ne changerait jamais.

Et tout s'était ensuite déroulé très vite. 

Ils s'étaient détransformés.

L'effet de surprise passé, les sentiments qui battaient en eux depuis si longtemps avaient pris le relais, et ils avaient échangé un doux baiser, doux comme une plume, un ciel d'aurore, un rayon de Lune...

Adrien sursauta. On toquait.

— Entrez, enjoignit-il d'une voix calme.

La porte s'ouvrit, et Adrien en fut bouche bée. Il s'agissait de son père.

— Bonjour, père. Que puis-je faire pour vous ?

— J'aimerais te parler. Au sujet de notre conversation, il y a quelques semaines.

Adrien fronça les sourcils. Il n'avait pas reparlé à son père, après leur dispute, au sujet de sa carrière de mannequin. Il était toujours en colère... mais les yeux gris acier de son père semblaient implorer son attention.

Il soupira.

— Venez vous asseoir. Je vous écoute.

Comme un enfant, Gabriel obéit.

Et quand il prit la parole, d'une voix tremblante :

— Je n'avais que sept ans, lorsque mon père nous a abandonné, ma mère et moi. Il nous avait laissé un mot, nous disant...nous disant qu'il avait amassé des dettes. Une somme monstrueuse de dettes de jeu. Il disait qu'il était désolé, mais qu'il ne pouvait pas rester. Nous vivions alors dans une simple maison, petite, mais très confortable. Ma mère était professeure. Son salaire ne lui permettait pas de payer le loyer à elle toute seule, surtout avec moi à nourrir, et les dettes de mon père. Nous avons dû déménager dans un HLM. Mais ce n'était pas le pire... Ma mère a pris des heures supplémentaires. Elle revenait souvent très tard la maison. Elle a finit par craquer, et elle a passé un séjour à l'hôpital, pour burn-out. 

La voix de Gabriel se brisa :

— Il nous restait une montagne de dettes à rembourser. Nous avons fini par recevoir des menaces d'expulsion de notre minuscule appartement. Alors, j'ai commencé à travailler. Je devais avoir huit ans, et je travaillais plus dur qu'un adulte, pour aider ma mère à rembourser la dette de mon père. Une dizaine d'heures par jour, six jours par semaine. J'enchaînais les petits travaux. Je faisais plus grand, dans les douze ans. On ne se posait pas de questions. On m'engageait, et me mettait au travail. C'était ainsi, et pas autrement. Je n'avais pas le choix. Ma mère et moi vivions dans une extrême pauvreté. Tout ça à cause d'un homme trop lâche pour assumer ses erreurs. J'ai travaillé ainsi pendant quatre ans. Ma mère a fini par être hospitalisée, et je ne pouvais même pas payer les frais.

» Les rares heures de libres que j'avais, je les passais à dessiner. Des robes, des collections. Et c'est ainsi que l'on m'a repéré. Un femme, passant, m'a dit que mes croquis étaient magnifiques. Nous avons parlé, et elle a décidé de m'aider. Ainsi, elle les a présentés à une grande maison, qui m'a payé pour mes idées. Grâce à l'argent que mes croquis me procuraient, j'ai pu payer les frais d'hospitalisation de ma mère. Petit à petit, j'ai pu rembourser la dette de mon père, aidé de ma mère, qui avait pu reprendre le travail. Nous avons pu reprendre notre maison. La maison de vêtements avait eu beaucoup de succès par mes croquis, elle nous aidait financièrement. Elle paya mes études dans l'université, où j'ai rencontré ta mère et Nathalie. »

Gabriel posa la main sur l'épaule de son fils, qui le regardait, l'air coupable.

— Adrien... si j'ai fait de toi un mannequin, c'est parce que je ne veux pas que tu aies à vivre la même chose que moi. Fatigue, peur, angoisse, désespoir, terreur, tristesse, tout les jours... Je préfères te savoir mannequin, avec un brillant avenir devant toi, plutôt que de te voir travailler jusqu'à épuisement, comme moi à ton âge. Tu comprends ce que je veux dire ? Si jamais je devais... partir... tu aurais certes, Nathalie, mais, surtout, tu aurais un parcours pour l'avenir. Une certitude.

Adrien resta pensif, un instant, avant de répondre.

—  Je comprends. Je crois que je comprends. Je suis sincèrement désolé. Je n'imaginais pas que vous aviez vécu... tout ça... Si me voir mannequin est la meilleure solution pour vous d'être rassuré quand à mon avenir, alors je le resterais avec plaisir. Mais, s'il vous plaît, laissez-moi un peu plus de liberté. Mes amis sont très importants pour moi. Laissez-moi les inviter, de temps en temps. C'est tout ce que je vous demande.

—  C'est accordé.

Adrien étreignit son père.

—  Merci, père. Je vous demande pardon, pour ce que je vous ai dit, pendant notre discussion de l'autre jour. Je ne le pensais pas. Je sais que tout ce que vous faites, vous le faites pour notre famille. Simplement, je ne comprenais pas... père, que se passe-t-il ?

Gabriel s'était mis à pleurer. Des larmes roulaient sur ses joues, laissant Adrien sous le choc. Son père ne pleurait pas, il ne pleurait jamais. La seule fois qu'il l'avait fait, c'était à la mort de sa mère.

 — Adrien... tu dis que tout ce que je fais, je le fais pour notre famille. Si tu savais, Adrien, si tu savais à quel point c'est faux...

— Je... que voulez-vous dire ?

—  Tout à l'heure, j'évoquais mon père, incapable de faire face à ses actes. Trop lâche pour assumer ses erreurs. Maintenant que je t'ai avoué tout cela, il faut que je t'avoue, et que j'assume la plus grande erreur de ma vie.

 — Comment ça ? 

 — Adrien... je suis Monarque. Comme j'ai été Papillon et Papillombre. J'ai utilisé le Miraculous du Papillon pour mener mes projets à bien, j'ai détruit la ville, et particulièrement Ladybug, Chat Noir, et cette pauvre Nathalie, qui a tenté de m'arrêter, avant de se sacrifier. Je me suis conduit en monstre, et je l'aie presque tuée...   Au début, je voulais ramener ta mère à la vie... Et je me suis laissé emporter. Je n'ai pas su m'arrêter. Je voulais toujours toujours plus de pouvoir. J'ai tout brisé et brûlé autour de moi. L'amour, la confiance, l'amitié...

—  Père, arrêtez ! 

Gabriel se tut et regarda son fils. Même si il était évident que celui-ci était sur le point de pleurer, il déclara :

—  Vous êtes un créateur. Vous créez, vous ne détruisez pas. Vous n'avez détruit ni l'amitié, ni la confiance, et encore moins l'amour. Vous êtes mon père, et je vous aimerais toujours. Même si vos erreurs sont grandes, ce sont des erreurs. Les erreurs se réparent toujours, avec un peu de volonté. 

— Je ne sais pas si j'en suis capable...murmura Gabriel.

— Bien sûr que si. Et si nécessaire, je serais là pour vous aider.

— Merci... mais, malheureusement, je crains que tu aies tort sur un point. J'ai détruit l'amour que Nathalie avait pour moi. Et il comptait pour moi plus que tu ne pouvais l'imaginer.

— Je pense que si, nota Adrien avec un petit sourire, parce que, si vous êtes Papillon, j'imagine, que Mayura c'est elle, et quand le Papillon en personne se jette devant Mayura pour empêcher Chat Noir de la frapper, avant de le jeter du haut de l'Arc de Triomphe, c'est qu'il tient à elle !

 — Tu étais là ?

—  Aux premières loges, lui assura Adrien, refusant d'en révéler plus, jugeant que son père avait eu assez d'émotions pour la journée.

— Quoi qu'il en soit, j'ai bien peur de l'avoir perdue... et pour de bon. 

— Vous devriez aller lui parler. Elle vous écoutera, si elle vous pense sincère, et bel et bien repenti.

— Tu le penses ?

— Mieux que ça. Je le sais.

************* 

Face aux yeux bleus à la fois si sévères et si pétillants de Nathalie, Gabriel avait l'impression de se retrouver face à Émilie. 

Comment avait-il fait pour ne pas s'en apercevoir ? Les yeux de Nathalie ressemblaient à deux lacs d'eau claire, dans lesquels il aurait facilement pu se noyer.

— Que puis-je faire pour vous, monsieur ? demanda-t-elle.

— Je viens de discuter avec Adrien. Je lui ai expliqué... pour ce qui s'est passé, lorsque j'étais plus jeune...

— Je suis heureuse de voir que vous en avez eu le courage... répondit-elle avec un mince sourire.

— Mais la conversation a ensuite dévié... Je lui ai révélé ce que j'avais fait. Ce dans quoi je vous avais entraîné, de la manière la plus égoïste du monde.

— Ce n'était pas d'une manière égoïste, Gabriel. Je t'aurais suivi jusqu'au bout du monde, et tu le sais.

— Mais si tu savais comme je m'en veux ! Je me suis servi de toi, et quand je n'ai plus eu besoin de ton aide, je t'ai... je t'ai... Il n'y a pas de mots pour décrire ce que je j'ai fait au monde. Ce que je t'ai fait à toi, Nathalie. Et je me rends compte, maintenant qu'il est trop tard pour imaginer quelque chose de meilleur, pour la fin de cette histoire, je me rends compte... que... que je t'aime. Que tu es une personne incroyable. Que moi, je ne suis qu'un idiot, aveugle, et jusqu'au bout. Depuis des semaines, mon cœur entier prend feu lorsque je t'aperçois, et je n'ai pas su... pas su le remarquer...

»Je sais qu'il est trop tard, et que ce menu cadeau ne changera rien, mais...je n'ai pas pu m'empêcher de... te dédier ma prochaine collection.»

Gabriel sortit alors une boîte de son dos. Frissonnante d'émotion, Nathalie en enleva le couvercle. Elle poussa alors une exclamation.
La boîte contenait quatre robes, plus magnifiques les unes que les autres, représentant les saisons.

La première, l'hiver, était une longue robe blanche, brodée d'étoiles argentées, et de flocons blancs en dentelles. Le col et les manches étaient bordées de fausse fourrure blanche comme la neige. Une ceinture argentée et pailletée venait la compléter.

Ensuite, venait le printemps. Cette robe était faite d'un tissu léger, elle consistait en un haut bleu marine, décorée de fleurs de la même teinte, parsemée de paillettes,  qui les faisaient ressortir, ainsi que de fines volutes vertes. Elle possédait des manches en dentelles blanches. La jupe était longue, évasée vers le bas, et de la couleur verte des volutes du haut. À l'inverse de-celui-ci, les fleurs étaient vertes, également poudrée de paillettes, et de fines volutes bleues. Enfin, une cape fine dans les mêmes tons bleus-verts la complétait.

Venait ensuite l'été. Cette robe était mi-longue, d'une splendide teinte écarlate. Les manches en étaient orangées, représentant les chaleurs de la saison. Manches, haut et jupe étaient ornées de paillettes dorées, et de feuillage en velours. Il y avait également un petit collier de pierres rouges.

Et la dernière représentait l'automne. Elle était également mi-longue ouverte sur les épaules, d'une ravissante couleur mordoré. Le centre de la robe était orange, décorée de fleurs, surmontée d'une dentelle jaune orangée, que continuaient les côtés droite et gauche de la robe, décorés de feuilles et de volutes plus foncées. Une petite broche en forme de papillon venait la compléter la création.

Nathalie n'osait plus parler, le souffle coupé par la magnificence des robes.

— Oh, Gabriel, tu n'aurais pas dû, murmura-t-elle, en prenant le visage du styliste en coupe. Je t'aime toujours, je t'aurais aimé, même si tu n'avais pas fait cela. Même si tu avais tué, volé, je t'aurais toujours aimé.

— Vraiment ?

— Vraiment. À mes yeux, il n'y a que toi. Tes actions passées n'y changent rien. Même si elles m'ont autrefois blessées, elles sont pardonnées, et bien sincèrement.

Le visage de Gabriel s'éclaira d'un sourire.

— Merci... fut tout ce qu'il put dire avant que Nathalie ne l'embrasse.

Un baiser, à la fois douceur et ouragan. Geste qui témoignait des années de souffrance que tout deux avaient enduré, avant de se retrouver pour surmonter les difficultés ensemble.

*************

3815 mots.

Cet OS est dans ma pochette depuis très très longtemps. Je l'avais abandonné, et puis je l'ai repris, bref, c'est tout un bazar, si vous voulez mon avis.

Vous avez vu ? J'ai enfin réussi à faire de tirets cadratins ! Ça fait du bien, depuis le temps que je cherchais !

Conscience : Tu as copié-collé.

Moi : Chuuuuut ! 

Aaah, vivement la diffusion française des épisodes en français, parce que j'en peux plus, d'attendre !

Bref.

Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Renars

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