Reflet
La lumière du jour perçait à travers les rideaux. Un rayon de soleil vint éclairer le visage de Nathalie. Elle ouvrit les yeux, moyennement contente de ce réveil forçé, s'étira et se leva. Sa tenue de travail était posée au bout de son lit. Elle s'en empara, et commença à s'habiller. Au moment de relever ses cheveux en chignon serré comme elle le faisait toujours, elle se regarda dans le miroir. Elle avait l'air en meilleure forme que plusieurs semaines auparavant. Sa peau avait retrouvé sa couleur habituelle, les immenses cernes sous ses yeux avaient disparues. Seule restait les séquelles intérieures.
Elle commençait à croire qu'elle n'en guérirait jamais. Ses quintes de toux et ses malaises s'étaient fait plus rares, mais elle les sentait toujours vibrer en elle. Gabriel l'avait autorisée à reprendre le travail, mais continuait à garder un œil sur elle, terriblement inquiet à son sujet. Elle avait beau lui assurer que tout allait bien, il ne pouvait s'empêcher de lui demander plusieurs fois si elle ne préfèrait pas retourner se reposer. Elle secoua la tête, regarda son réveil et se rendit compte qu'elle allait être en retard. Elle prit des épingles et les piqua dans son chignon, avant de rejoindre Gabriel dans son bureau.
***
23 heures.
Nathalie rejoignit sa chambre, épuisée. Elle avait eu une longue journée de travail, et bien que Gabriel lui ai demandé d'aller se reposer plus tôt, elle était restée. Jamais, au grand jamais, elle ne laisserait sa faiblesse la dominer.
Après s'être mise en pyjama, elle défit son chignon, et se tourna vers le miroir. Elle poussa un soupir. Gabriel avait refusé de lui rendre le Miraculous du Paon. Elle avait beau lui assurer qu'elle était prête, qu'elle voulait absolument l'aider, et qu'elle n'avait pas peur, il refusait. C'était compréhensible. La broche brisée lui avait causé tant de mal...
Nathalie en était triste. Son alter-égo lui manquait. Le sentiment de liberté qu'elle éprouvait en courant sur les toits de Paris, en combattant les super-héros, avait été si court... Maintenant, comme avant, elle devait se cacher du regard de Gabriel, d'Adrien... Lorsqu'elle était Mayura, tout était si simple ! Courir, sauter, presque voler ! Combattre, voir Gabriel sourire se ses réussites... et le réconforter lors de ses échecs...
Duusu lui manquait encore plus. Au moins, avec elle, Nathalie n'avait pas à se cacher. La petite Kwami avait depuis longtemps deviné l'affection qu'elle portait à Gabriel. Elle ne s'était d'ailleurs pas gênée pour lui faire remarquer que c'était très romantique. Duusu avait toujours été d'un soutien précieux. Elle lui donnait parfois des conseils, et s'inquiétait quand elle utilisait le Miraculous du Paon... Un lien très fort s'était créé entre les deux, et Nathalie désespérait de ne plus la revoir. Elle se retourna, quand elle entendit :
"Nathalie !"
Surprise, elle fit volte-façe. Qui l'avait appelée ?
"Nathalie !"
Elle regarda dans le miroir, et faillit avoir une attaque.
Une peau bleue, les yeux violets, cerclés d'un maquillage noir, une voilette en forme de plume de paon sur l'œil droit... Les cheveux indigo coupés courts, avec une mèche sous l'œil droit... Une longue robe bleue au dessin hexagonal, largement ouverte sur le côté, au col et aux manches en fourrure... de hautes chaussures noires... un éventail de plumes bleues... Son reflet dans le miroir n'était autre que Mayura.
- Surprise de me voir ?
Nathalie recula, en proie une panique intense.
- Tu... tu n'es qu'une illusion ! Tu n'existes plus !
- Ce n'est pas parce que je te manque que je n'existe plus. Je te manque, pas vrai ?
- Laisse-moi !
- Je peux t'aider, Nathalie. Tu ne t'es jamais demandé ce qui se passerait si tu osais agir de ton propre chef ?
- Va t'en !
Mayura opina de la tête.
- Je m'en vais. Mais je reviendrais. Cette conversation est loin d'être terminée, crois-moi.
Sur ces mots, elle disparut. Le reflet du miroir redevint Nathalie. Celle-ci tituba, effrayée. C'était une hallucination. Forcément. Un délire causé par la fatigue. Elle allait écouter Gabriel, et se coucher plus tôt, tant pis pour la dignité. Elle se coucha, et entra dans un sommeil agité par les cauchemars.
***
- Monsieur, j'ai décidé de vous écouter. Je vais arrêter le travail un peu plus tôt, du moins jusqu'à ce que j'aille mieux.
- Je suis ravi de vous voir entendre raison, Nathalie. Vers dix-neuf heures trente, cela vous convient-il ?
- Dix-neuf heures trente ? N'est ce pas un peu... tôt ?
- Disons vingt heures, dernier délai.
- Mais...
- Cela suffit, Nathalie. Je refuse de vous voir vous tuer à la tâche.
- D'accord... et je suppose que vous ne voulez toujours pas que je réutilise le Miraculous du Paon ?
- Nous en avons déjà discuté, Nathalie. C'est de ma faute si vous êtes tombée malade, je ne m'en remettrais pas si il vous arrivait quelque chose.
- Mais je suis guérie ! Et prête à réutiliser le Miraculous, je vous l'assure !
- Je verrais plus tard... D'ailleurs, puis-je vous demander ce qui vous a poussé à changer d'avis au sujet de vos heures de travail ?
Nathalie hésita avant de répondre. Elle opta pour une demi-vérité.
- Hier, en allant me coucher, j'ai cru avoir une hallucination, et je me suis sentie mal... alors j'ai décidé de vous écouter.
- Vous auriez dû m'appeler ! Imaginez que vous faisiez un malaise !
- Ce n'était pas un malaise, monsieur, seulement une hallucination dûe à la fatigue.
- La prochaine fois, ne prenez pas de risque, appelez -moi. Bon, mettons-nous au travail.
***
20h00
Nathalie se regarda dans le miroir. Rien. Elle avait donc eu raison, ce n'était qu'un mirage. Soulagée, elle se détourna.
- "Nathalie !"
Elle se figea, glacée d'effroi, et se retourna. Devant elle se tenait Mayura.
- Allons, n'aie pas peur. Je suis une partie de toi, Nathalie. As-tu peur de toi ?
- Peut-être...
- Je peux t'aider. Je te l'ai déjà dit. Si tu osais dire à Gabriel ce que tu ressentais pour lui, peut-être qu'il comprendrait que son projet est vain.
- C'est impossible ! Tu es moi, tu sais comme il aime sa femme !
- Peut-on vraiment aimer le fantôme de quelqu'un qui met l'existence d'une autre personne en danger ?
- Je...
- Ne réponds pas tout de suite. Réfléchis. Je reviendrais. N'oublie pas, Nathalie. Je pense que Gabriel a plus besoin de toi que du fantôme de sa femme. Il faut juste qu'il le réalise. Et je suis là pour t'aider à le lui faire remarquer.
Elle disparut.
***
Deux mois plus tard
- Je te l'assure, il suffit que tu le lui dises !
Nathalie poussa un soupir. Ses conversations avec son reflet étaient devenues de plus en plus fréquentes. Au fur et à mesure, elle gagnait en confiance. Mais elle était encore loin d'arriver à déclarer ses sentiments à Gabriel.
- Tu sais, au fond, je pense qu'il le sait déjà...
- Et comment peux-tu en être sûre ?
- Eh bien...
- Tu n'as qu'à le regarder ! À chaque fois que tu as une migraine, il se précipite à tes côtés ! Il s'inquiète pour toi, Nathalie, je le sais, tu le sais aussi. Il souhaite ta guérison et ton bonheur ! Il est prêt à te donner ce que ton cœur désire le plus !
- Personne ne peut me donner ce que mon cœur désire le plus.
- Si, lui ! Et pour cela, il suffit que tu lui avoue tes sentiments ! Ce n'est pas compliqué !
- Tais-toi ! Comment pourrais tu le savoir ? Tu n'es qu'un reflet, une part de moi que j'essaie d'oublier ! Va t'en ! Je ne veux plus te voir !
Mayura poussa un soupir et disparut dans un éclair. Au même moment, Gabriel entra dans la chambre. En voyant Nathalie pâle comme un linge, les yeux fixés sur le miroir, titubant, il fut pris de panique et se précipita à ses côtés.
- Nathalie ? Nathalie, tout va bien ?
- Je... oui, monsieur. Tout va bien. Je...
Elle ferma les yeux, prise d'assaut par une affreuse migraine. Elle s'efforça de juguler la panique qui montait en elle, n'y parvint pas. Elle tituba un instant, et perdit connaissance.
***
-"Nathalie ! S'il te plaît, réponds-moi ! Nathalie..."
La jeune femme ouvrit les yeux. Elle était allongée sur son lit, un verre d'eau posé sur sa table de nuit. Elle sentit quelqu'un lui serrer la main. Àssis à côté d'elle, Gabriel la fixait, ses yeux noirs agrandis par l'angoisse, pleins de larmes. C'était lui qui lui serrait la main, doucement, presque tendrement.
- Monsieur ?
Elle avait parlé d'une voix faible, ce qui inquiéta Gabriel. Quand elle tenta de se relever, il posa une main sur son épaule, et la força à s'asseoir.
- Nathalie.. tu m'as fait une de ces peurs ! Cela fait deux heures que tu as perdu connaissance. J'ai appelé le médecin, mais tout ce qu'elle a pu dire, c'est que tu avais besoin de repos. J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais... J'ai passé les pires moments de ma vie. Ne me refais plus jamais ça, s'il te plaît. Je ne pourrais pas supporter de te perdre. Tu as tellement fait pour moi... pour nous... Si je suis là, c'est grâce à toi, à ton sacrifice.
Nathalie fronça les sourcils. Gabriel avait l'air sincèrement inquiet à son sujet, comme le lui avait assuré son reflet. Et il s'était mis à la tutoyer, chose qu'il n'avait jamais fait auparavant... La voyant sans réaction, Gabriel reprit :
- Je crois que j'ai compris quelque chose. Cela fait plusieurs semaines que j'y pense.
Il s'assit à côté d'elle, et lui prit la main.
- Nathalie... tu as toujours été là pour moi... soutenant mes peines, et mes colères. Toujours. Je... je sais ce que tu ressens pour moi...
Nathalie se sentît rougir à ces paroles.
- ... Et... je crois que c'est réciproque.
À ces mots, il sortit la bague d'Émilie, que Félix lui avait rendue à sa dernière visite, après avoir été menacé par son oncle, qui ne supportait pas d'avoir été trompé par son neveu. Il la tint un moment devant lui, et la passa tout doucement au doigt de Nathalie.
- Je t'aime, Nathalie.
Le visage de Nathalie s'illumina tandis qu'elle regardait Gabriel lui passer l'anneau des Graham de Vanily, ce bijou promesse d'amour éternel. Ses yeux brillèrent d'une étincelle nouvelle lorsque Gabriel la prit dans ses bras et unît leurs lèvres dans un baiser passionné. Elle jeta un coup d'œil au miroir. Mayura lui jeta un regard ironique, l'air de dire :
"Je te l'avais bien dit !"
1779 mots. Ben, écoutez, je l'aime vraiment beaucoup cet OS. L'idée de la bague, je l'ai depuis que le spoiler de Gloob est sorti. Par contre, comment en arriver là... L'idée m'est venue pendant la nuit, et pour le coup, j'étais moyennement contente de l'inspi qui m'avait réveillée à trois heures du matin. Mais bon, ça en valait la peine, non ? Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars.
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