Rédemption

Le manoir Agreste était silencieux, presque oppressant. Depuis la mort de Gabriel, tout semblait s’être figé dans une tristesse glaciale. Les couloirs, jadis témoins d’une activité frénétique, étaient devenus des tombeaux de souvenirs. Même Adrien, d’habitude si rayonnant malgré les épreuves, n’était plus que l’ombre de lui-même. Et Marinette, impuissante, tentait de l’épauler, bien qu’elle se sente elle-même brisée.

Mais ce soir, ce n’était pas Adrien qu’elle venait voir.

Marinette poussa la porte du bureau de Gabriel, celui qui était désormais devenu celui de Nathalie. Elle s’était habituée à y retrouver l’ancienne assistante, penchée sur des piles de dossiers ou des croquis inachevés. Ce soir, cependant, Nathalie était assise dans le fauteuil près de la fenêtre, le regard perdu dans l’obscurité de la nuit parisienne. Devant elle, une tasse de thé refroidie et un carnet qu’elle semblait serrer comme un talisman.

Marinette hésita sur le seuil. Elle savait qu’elle n’était pas la bienvenue dans cette pièce, qu’elle appartenait à un passé chargé de douleur et de secrets. Mais elle savait aussi qu’elle ne pouvait pas continuer à porter seule ce qu’elle ressentait. Nathalie, plus que quiconque, comprendrait.

— Puis-je entrer ? demanda Marinette timidement.

Nathalie tourna la tête vers elle, un léger sourire, à peine visible, effleurant ses lèvres.

— Vous n’avez pas besoin de demander, Marinette. Entrez.

La jeune femme avança prudemment, ses pas étouffés par le tapis. Elle s’assit sur le fauteuil en face de Nathalie, s’apercevant seulement maintenant à quel point cette dernière paraissait fatiguée. Les cernes sous ses yeux, la pâleur de sa peau, le tremblement subtil dans ses mains – tout témoignait du poids qu’elle portait.

— Vous devriez dormir, dit Marinette doucement, brisant le silence.

— Vous le dites souvent, répliqua Nathalie avec une pointe d’amusement. Mais je pourrais vous retourner le conseil.

Marinette esquissa un sourire triste. Elle savait que Nathalie avait raison. Ces derniers temps, elle ne dormait plus beaucoup non plus. Les cauchemars la hantaient, des visions de Gabriel, de son sacrifice, et de l’expression brisée d’Adrien lorsqu’il avait appris la vérité.

— Je ne pouvais pas dormir, répondit-elle finalement. Alors… je suis venue vous voir.

Nathalie acquiesça lentement, posant son regard sur le carnet qu’elle tenait. Marinette reconnut immédiatement le carnet de Gabriel, rempli de croquis, d’idées et de concepts qu’il n’avait jamais eu le temps de réaliser. Elle avait vu Adrien le feuilleter plusieurs fois, mais chez Nathalie, ce carnet semblait être un objet presque sacré.

— Vous pensez à lui, n’est-ce pas ? demanda Marinette, bien qu’elle connaisse déjà la réponse.

Nathalie resta silencieuse un moment, ses doigts caressant la couverture usée du carnet.

— Je pense toujours à lui, murmura-t-elle enfin. Chaque jour. Chaque nuit.

Marinette sentit son cœur se serrer. Elle savait que Nathalie avait aimé Gabriel. Cela se voyait dans chaque regard, chaque geste qu’elle avait pour lui. Mais elle n’avait jamais osé en parler directement. Ce soir, pourtant, elle avait besoin de réponses. Besoin de comprendre.

— Vous l’aimiez ? demanda-t-elle, la voix tremblante.

Nathalie releva les yeux vers elle, surprise par la question. Mais elle ne détourna pas le regard. Elle hocha simplement la tête, son expression empreinte de mélancolie.

— Oui.

Marinette sentit une larme rouler sur sa joue. Elle comprenait cette douleur, ce conflit entre l’amour et la raison. Elle l’avait vécu elle-même en aimant Adrien, tout en portant le poids des erreurs de son père.

— Comment faites-vous ? souffla Marinette. Comment arrivez-vous à… continuer ? À vivre avec tout ça ?

Nathalie ferma les yeux un instant, comme pour rassembler ses pensées. Quand elle les rouvrit, son regard était étrangement doux, presque maternel.

— On ne fait pas vraiment. On avance, c’est tout. Certains jours, on a l’impression de suffoquer, et d’autres, on trouve une raison de continuer. Moi, ma raison, c’est Adrien. Il mérite d’avoir quelqu’un qui veille sur lui, quelqu’un qui croit encore en lui, même après tout ce qu’il a perdu.

Marinette baissa les yeux. Elle comprenait ce sentiment. Elle avait promis à Adrien qu’elle serait là pour lui, mais parfois, elle se sentait tellement dépassée.

— Mais ça fait tellement mal… dit-elle dans un murmure.

— Oui, répondit Nathalie avec un léger soupir. Et cette douleur ne disparaîtra jamais complètement. Mais on apprend à vivre avec. Gabriel… Gabriel n’était pas un homme parfait. Mais je sais qu’au fond de lui, tout ce qu’il faisait, c’était par amour pour Adrien. Et c’est cette part de lui que je choisis de retenir. Peut-être que vous devriez faire pareil.

Marinette releva les yeux, croisant le regard de Nathalie. Pour la première fois depuis des semaines, elle sentit une lueur d’espoir, un chemin à suivre.

— Merci, murmura-t-elle.

Nathalie posa une main sur celle de Marinette, un geste rare mais sincère.

— Vous êtes plus forte que vous ne le pensez, Marinette. Ne l’oubliez pas. Et Adrien… il a besoin de vous. Tout comme vous avez besoin de lui.

Marinette hocha la tête, une détermination nouvelle naissant en elle. Elle n’avait pas toutes les réponses, mais au moins, elle savait qu’elle n’était pas seule dans cette douleur. Avec Nathalie à ses côtés, et Adrien dans son cœur, elle trouverait la force d’avancer.

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Oui, c'est un bébé OS ^^' Je ne savais pas trop comment le développer, d'autant que j'ai testé une nouvelle approche d'écriture... Je ne sais pas trop si ça s'est vu, si c'est bien ou pas...

Bref. Un bébé OS, mais pour qui ? Bah pour jeannefostergoriot, dont c'est l'anniversaire ! Bon anniversaire Jeanne ! *Sors les confettis* Merci encore d'être venue à mon calo, merci de m'avoir incitée, même sans le savoir, à me lancer ici 😘

Renars

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