Reconstruire
La réalité peut-elle devenir un cauchemar ?
Elle en était un aux yeux de Marinette.
Le pire des mauvais rêves, s'était déroulé sous ses yeux.
— C'est pas possible, c'est pas possible...
À seulement quinze ans, est-ce seulement normal de vivre autant de chagrin ? De douleurs ?
— Tikki, Plagg... Amalgame...
Redevenue Bug Noire, elle contempla l'antre dévastée. Le toit effondré.
Le cercueil d'Émilie Agreste. Vide.
Ces dernières heures avaient été chaotiques.
Elle avait découvert l'identité secrète de son ennemi mortel, celui-ci étant le père de son petit ami...
Elle avait vu Nathalie mourir sous ses yeux, prié pour qu'elle ne soit qu'inconsciente, l'avait suppliée pour qu'elle se réveille...
Elle avait été attaquée par un tiers de la population parisienne...
Elle avait affronté Monarque, ou Gabriel Agreste, lui avait fait payer le prix de sa folie.
Et pour finir, elle l'avait vu se sacrifier pour le bonheur d'un fils qu'il avait négligé.
Monarque était mort.
Gabriel Agreste était mort.
Et à présent, Bug Noire ne pouvait s'empêcher d'imaginer un monde où il serait encore en vie. Quelque part...
**********************
Dans les limbes blanches, le temps semblait s'arrêter. Les âmes flottaient doucement, comme portées par une brise légère. Tout était calme, enveloppé d'une brume douce et apaisante. Les étoiles brillaient silencieusement, offrant une lumière douce et réconfortante.
Les souvenirs et les peines s'estompaient, laissant place à une sérénité profonde. C'était un lieu où l'esprit pouvait enfin trouver le repos, loin du tumulte du monde. Un espace de tranquillité, où chaque pensée devenait légère et chaque rêve semblait possible.
Et, dans ce calme si profond qu'il en devenait assourdissant, deux silhouettes qui se retrouvaient.
Enfin.
Une jeune femme, une habituée des lieux.
Peau claire, immenses yeux verts et cheveux dorés comme les blés. Une rose à la main, vêtue d'une longue robe blanche dont les dentelles effleuraient le sol de brume.
Et un homme, nouveau, qui venait de tout perdre en tout donnant.
Ou de tout gagner, selon les points de vue.
Peau basanée, yeux noirs et profonds, cheveux blancs comme la neige. Chemise et pantalon du même coloris, et repentir s'exsudant à chacun de ses pas.
— É... Émilie ? C'est bien toi ?
La jeune femme acquiesça en s'avançant, si près que Gabriel put observer tous les détails du visage qui lui avait tant manqué et qui avait fait de lui un monstre.
— Qu'as-tu fait, mon amour ? murmura-t-elle avec douleur.
L'ancien styliste déglutît avec peine.
— Je voulais simplement te retrouver...
— Bravo, c'est réussi, rétorqua-t-elle.
Il s'avança vers elle, lui prit les mains, étonnement chaudes, mais toujours aussi douces, replaça une mèche blonde derrière l'oreille de sa femme.
— Je suis désolé, murmura-t-il. Vraiment désolé.
— Ah, et tu crois peut-être qu'être désolé va arranger les choses ? Gabriel ! Tu es mort, alors que tu avais encore toute la vie devant toi ! Et Adrien... Adrien...
— Il est en sécurité, promit le styliste. Quand à moi... Émilie, tu sais combien la vie sans toi n'avait plus aucun sens... Je voulais te retrouver, par tous les moyens...
— Mais tout cela en valait-il la peine, Gabriel ? Tu es devenu Papillon, Papillombre, Monarque... un homme que je ne connais plus.
Gabriel recula. Il pâlit, se mordit les lèvres.
— Émilie.
La jeune femme croisa les bras. Elle le connaissait assez pour savoir qu'il allait se lancer dans un long discours, qui finirait par la toucher plus profondément qu'elle n'aurait voulu l'avouer.
— Aujourd'hui, je me tiens devant toi, non pas en tant que Monarque, ce monstre que j'ai créé, mais en tant que Gabriel, l'homme qui t'a aimé plus que sa propre vie. Je suis ici, et je porte le poids de mes erreurs, de mes choix, de ma folie. Je suis désolé, Emilie. Désolé pour la tempête que j'ai déclenchée, pour le danger dans lequel j'ai plongé notre ville, pour la douleur que j'ai infligée à notre fils. Adrien... J'ai été aveuglé par ma douleur, par mon désir de te retrouver, et j'ai perdu de vue l'homme que j'étais... l'homme que tu aimais. J'ai cherché à te ramener à la vie, mais en faisant cela, je n'ai causé que du chaos... Je me suis acharné sur des adolescents, j'ai dénigré notre fils, j'ai mis en danger Nathalie, et j'ai transformé notre famille en un champ de bataille. Mais tu sais à quel point je regrette chaque décision que j'ai prise, chaque action que j'ai entreprise, chaque mot que j'ai prononcé. Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais. Mais je ne peux pas. Tout ce que je peux faire, c'est te demander pardon. Pardon pour la douleur que j'ai causée, pardon pour l'homme que je suis devenu.
La blonde baissa les yeux.
Gabriel et son éloquence.
Malgré toutes ses erreurs, il restait l'homme qu'elle aimait par-dessus tout, celui à qui elle avait donné un fils, un rayon de soleil... Elle l'aimait. Encore et contre vents et marées...
Mais en dépit de son discours, un point la chiffonnait toujours.
— Et Nathalie ? Oserais-tu prétendre que tu ne l'as pas tuée ?
Le cœur de Gabriel tomba comme une pierre dans sa poitrine. Il ne pouvait pas fermer les yeux sans voir son amie le supplier de son regard bleu. Il ne pouvait pas fermer les yeux sans voir sa terreur lorsqu'il avait frappé son arme. Il ne pouvait pas fermer les yeux sans se voir l'abandonner aux prises avec sa maladie, sans un regard en arrière...
— Comment as-tu pu, gémît la jeune femme. Après tout ce qu'elle avait fait pour nous ?
Gabriel voulut répondre, mais elle le stoppa.
— Très honnêtement, Gabriel, je m'étonnerai toujours de toi. Tu sais que je ne vous ai jamais lâchés du regard, tous les trois, Adrien, Nathalie et toi. Comment ça se fait que tu n'ai pas refait ta vie avec elle ?
— Je te demande pardon ? s'étouffa le styliste.
— Tu l'aimais. Inutile de le nier. Tu l'aimais autant qu'elle t'aimait, mais tu t'es voilé la face, si bien qu'elle s'est sacrifiée en vain.
— Tu sais que je t'aimais, toi, Émilie !
— Et ? Il n'est pas rare d'aimer plus d'une fois dans sa vie !
Le silence se fit. Les deux se fixaient d'un regard brûlant, comme si chacun savait que la jeune femme avait raison.
— Elle ne va pas tarder à nous rejoindre, devina Émilie. Elle est juste perdue. Quand je suis arrivée, c'était la même chose... et nous sommes mortes pour la même raison, alors...
La gorge de Gabriel se serra.
Quelques minutes, ou quelques secondes plus tard, ils ne le surent jamais car le temps semblait subjectif, ils virent en effet une silhouette familière se dessiner à travers la brume blanche qui les entouraient.
— Nathalie !
La blonde se précipita dans les bras de son amie, qui vacilla sous le coup de l'étreinte. Les deux anciennes porteuses restèrent ainsi longtemps, savourant ce qu'un an de silence avait effacé.
Puis, elles se séparèrent, et Gabriel s'approcha. Aussitôt, Nathalie recula, avec un regard de braise. Visiblement, elle n'avait pas oublié ce qui avait conduit à son décès prématuré.
— Nathalie... murmura Gabriel. Je suis désolé, tu n'imagines même pas à quel point...
Les yeux bleus cernés de son amie soutinrent son regard avec la même assurance que d'habitude.
— Je ne vous blâme pas, répondit-elle doucement. Je vous ai aidé trop longtemps pour que ma colère soit légitime. Je devais partir plus tôt que prévu, tel était mon destin. Vous ne l'avez accéléré que de quelques heures...
— Nathalie, je t'en supplie, ne rejette pas la faute sur toi, et tutoies-moi, comme nous le faisions autrefois, avant que cette maudite distance ne brise notre amitié... Tu n'es pas morte à cause de tes propres actes, mais parce que ma folie t'a poussée à commettre un sacrifice irraisonné.. Jamais je ne cesserai de m'en vouloir pour ça, tu le sais... J'ai profité de toi, de... de ta douceur et de ton amour pour moi...
— Je me suis engagée seule.
— Parce que tu ne voulais pas me décevoir.
— Je t'aimais, répondit-elle simplement.
— Et... et je t'aimais aussi.
Les yeux couleur ciel azuré de Nathalie s'écarquillèrent. Son cœur semblait battre à mille à l'heure. Ce n'était pas possible, elle avait forcément mal entendu...
— Gabriel, je...
Avant qu'elle ait le temps de finir sa phrase, un halo luminescent la recouvrit toute entière. La panique la saisît soudain, surtout lorsqu'elle commença à s'effacer.
— Que se passe-t-il ?
— Tu ne devines pas ?
Gabriel avait un mince sourire aux lèvres.
— N... non...
— Nathalie, Adrien a besoin de toi. Tu seras pour lui une bien meilleure mère que je n'ai été un père pour lui. Tu sauras lui apprendre à grandir, à aimer et protéger son prochain. Tu sauras compenser tout ce que j'ai laissé.
— Vous voulez dire...
— Une vie pour une vie, c'est ce que tu m'as fait remarquer, il y a à peine quelques heures. Pour qu'un mort revienne à la vie, il faut qu'un vivant se sacrifie.
Les paroles de Gabriel prirent sens peu à peu dans la tête de Nathalie. L'univers était en reconstruction depuis le vœu de son ami. À l'heure qu'il était, le monde se recréait selon sa volonté. Une volonté selon laquelle lui n'était plus là pour veiller sur son fils, mais elle, si.
— Merci, murmura-t-elle.
— Tu sauras mieux faire que moi. Tu as toujours su.
— Nous te faisons confiance, ajouta Émilie en la prenant dans ses bras.
Refoulant ses larmes, la brune serra sa meilleure amie, sachant pertinemment qu'elle ne la reverrait pas avant sa fin véritable.
Lorsqu'elles se détachèrent, Nathalie était devenue littéralement transparente. Bientôt, elle ne serait plus dans les limbes, mais bien dans le monde des vivants...
Alors, Gabriel se tourna vers elle, la prit dans ses bras. Un éclat étrange illumina ses yeux lorsqu'il se pencha vers elle.
D'instinct, Nathalie eut un mouvement de recul. Mais Gabriel ne la lâcha pas. Au lieu de cela, il resserra doucement son étreinte, comme pour la rassurer. Ses yeux, toujours brillants de cet éclat étrange, ne quittaient pas les siens.
Et puis, sans prévenir, Gabriel se pencha et posa ses lèvres sur les siennes. Ce n'était pas un baiser passionné, ni même particulièrement romantique. C'était un baiser doux, presque timide, comme s'il avait peur de la briser.
Transportée en un instant dans un autre monde, Nathalie entendit tout de même Émilie marmonner :
— C'est pas trop tôt !
Et puis, ils se séparèrent, aussi rapidement qu'ils s'étaient trouvés.
Nathalie ne put qu'adresser un dernier regard à ses compagnons d'aventure avant de disparaître.
*******************
Dans un monde nouveau...
Nathalie se réveilla en sursaut.
Le cœur tapant, elle se redressa.
Elle était sur son lit, exactement au même endroit où Gabriel l'avait laissée. Rien dans ce qui l'entourait, ne semblait avoir changé...
Et pourtant, elle sentait, au plus profond d'elle-même... une nouvelle énergie, vibrante, qui entonnait une douce mélodie.
Nathalie mit quelques instants à réaliser qu'elle n'avait aucune envie de tousser. Et, quand elle se leva, ses jambes soutinrent son poids sans la présence de son habituelle attelle mécanique. Lorsqu'elle se regarda dans le miroir, ses cheveux avaient retrouvé tout leur éclat, et sa mèche écarlate brillait de toute sa flamme grenat.
Le chant de la vie pulsait dans ses veines, envahissait chacune des parties de son corps. L'inondait sous des paroles effrénées.
« Je suis guérie. »
Cette pensée s'inséra dans son esprit, devint certitude.
Mais avant que cette bonne nouvelle n'occupe toute son attention, elle se figea.
« BugNoire »
Perdue dans les limbes, elle avait tout suivi. Ladybug se battant contre les Miraculizés, sa transformation en BugNoire, son combat avec Monarque, leur discussion, le vœu.
Et si elle ne se trompait pas, une adolescente éplorée gisait dans le sous-sol du Manoir...
******************
Les larmes de BugNoire restaient en surface.
Elle ne pleurerait pas. Pas maintenant.
Elle devait... elle devait quoi ? Elle n'en avait pas la moindre idée.
Trop, trop, trop d'émotions, qui envahissaient son esprit, la firent tituber.
Elle s'effondra, à genoux, mais les larmes, refusèrent toujours de couler, même dans cette posture qui l'offrait, fragile fleur, aux terreurs du monde.
— Marinette ?
La jeune héroïne leva la tête, et Nathalie s'agenouilla à sa hauteur.
Deux paires d'yeux couleur ciel, un échange muet et fulgurant. Dans lequel tout fut dit.
Le barrage des paupières de BugNoire céda, l'inondant sous des torrents de larmes. Nathalie ne put que serrer la petite amie de son protégé contre elle, laissa la jeune fille se vider de l'année de terreur qu'elle avait enduré, son propre regard embué par les larmes d'un chagrin pur.
— Et maintenant ? murmura BugNoire en se redressant, la voix enrouée.
Nathalie se leva, entraînant l'adolescente dans son ascension. Toutes eux posèrent un regard papillonnant sur la crypte dévastée, le trou béant dans le plafond. Tout ce qui témoignait encore de la fissure Agreste.
Alors, la jeune femme prit la main de Marinette, et la serra. Fort.
— Maintenant, nous allons reconstruire.
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2109 mots.
Est-ce que je cesserai un jour de me blâmer de ne rien écrire côté OS ? NON.
Sans Papyura pour me motiver... c'est trop dur, surtout que quasi tous les autres ships sont officiels, maintenant. Il me reste à écrire sur l'après-guerre ? Mais ça me rend triste, alors que honnêtement, c'est pas ma période la plus stable, aloooors. Je me concentre sur d'autres trucs...
Et heu d'ailleurs, fun fact, maintenant, je suis en prépa de lettres... Et dans ma nouvelle école... ILS BLOQUENT WATTPAD !!! Aaaaaaaaah ! Du coup, j'avance pendant les parties ennuyeuses de mon cours d'anglais... (le dites pas à ma prof SVP 😂)
Bref,
Qu'en avez-vous pensé ?
Renars
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