Réalisation
Tour Eiffel, 1h30 du matin. Quelques semaines après le combat contre Safari.
– Ma Lady ? Pourquoi m'avoir appelé à cette heure ? Je ne veux paraître impoli, mais les chats ont besoin d'environ quinze heures de sommeil !
Ladybug se tourna vers Chat Noir, préoccupée, sans relever la petite blague de son ami.
– Désolée, chaton, mais c'est important. Depuis notre combat contre Safari, il y a quelque chose qui me préoccupe...
– Quoi donc ?
– J'avais l'impression de l'avoir déjà vue. Surtout en regardant ses yeux. Je suis sûre que nous l'avons déjà combattue.
– C'est impossible, voyons ! Nous n'avons jamais combattu Safari auparavant, nous ne l'avions même jamais combattue sous une autre forme !
– Si, chaton. Tu te souviens de ses yeux ?
– Oui, je crois... ils étaient violets, non ? Et des iris roses...
– Il y a une autre de nos ennemies qui avait des yeux de cette couleur.
– Qui ça ? Ladybug, cesse de faire tant de mystères, je ne te suis pas ! Qui d'autre avait des yeux comme ça ?
– Mayura.
Chat Noir recula, comme frappé par la foudre. Oui, Mayura avait bien ces yeux-là, violets et roses, animés d'une lueur de défi... Ladybug était-elle en train de suggérer que Nathalie, sa mère de substitution, était Mayura ? C'était impossible !
– Ladybug, tu ne peux pas juger quelqu'un sur une preuve aussi instable !
– Il n'y a pas que ça, Chat Noir. Ses yeux, la couleur de sa peau, sa manière de se mouvoir, sa voix, tout en elle me rappelle Mayura.
– Ce ne sont pas des preuves suffisantes ! Tu as vu l'état de faiblesse de cette femme lorsque nous l'avons délivrée ? Comment pourrait-elle une seconde être l'alliée de Monarque, fragile comme elle est ?
– Chat Noir, rappelle-toi que Mayura a soudainement disparu, après la bataille des Miraculous. J'ai parlé à Adrien Agreste. Il m'a dit que l'assistante de son père avait dû rester alitée pendant une longue période, juste après ce jour-là.
Chat Noir frissonna en se remémorant la conversation qu'il avait eu avec Ladybug, quelques jours auparavant. Ils avaient d'abord discuté de banalités, puis, la discussion avait dévié sans le vouloir, sur la famille d'Adrien. Le jeune mannequin avait expliqué à la super-héroïne ce qui se passait chez lui, sans penser un instant qu'elle ferait de la maladie de Nathalie un chef d'accusation !
– Ladybug, je ne peux pas y croire. Cette femme avait l'air tout à fait innocente ! Tes accusations sont infondées. Pourquoi Monarque irait akumatiser son alliée ?
– Je ne sais pas ! Monarque n'en est pas non plus à son premier coup... Mes accusations sont infondées, dis-tu ? Il y a autre chose qui me trouble.
– Vas-y, je t'écoute, rétorqua Chat Noir avec une pointe d'agacement.
– Tu te souviens, quand j'ai demandé à Safari ce qu'elle voulait ? Elle m'a répondu qu'elle voulait nos Miraculous ! Pour exaucer son vœu !
– Et ?
– Et, d'une part, il faut être spécialiste, pour savoir quel est le pouvoir que donne nos deux bijoux réunis. Et d'autre part, elle voulait doubler Monarque ! Or, lorsque cela vient à arriver, Monarque retire ses pouvoirs à sa victime ! Et là, il ne l'a pas fait ! Pourquoi ? Elle lui a dit, je l'ai clairement entendue : "Dois-je leur dire la vérité ?". Un temps de silence est passé. Et elle a ajouté : "C'est ce que je pensais". Elle l'a menacé de nous révéler son identité secrète !
– Comment peux-tu en être sûre ?
– Je ne peux pas. Mais rappelle-toi que nous avons déjà eu des soupçons sur Gabriel Agreste... et sur Félix, qui est son neveu ! Ces trois-là nous cachent quelque chose, j'en suis sûre...
– Tu as déjà eu des soupçons sur Gabriel Agreste ! explosa Chat Noir. Lequel a quand même été akumatisé trois fois ! Trois fois, Ladybug ! Pourquoi tiens-tu autant à ce qu'il soit Monarque ? Et à ce qu'elle soit Mayura ? Tu risques de briser une famille entière, par tes simples accusations ! Désolé, mais je ne peux pas te laisser dire des choses pareilles. Peut-être as-tu eu des hallucinations, je me souviens que tu étais vraiment bizarre, le jour de notre combat contre Safari ! Peut-être que tu as envie que cette histoire se termine, quitte à accuser des innocents !
Ladybug pâlit aussitôt.
– C'est vraiment ce que tu penses, chaton ?
Le héros ne répondit pas tout de suite. Des larmes coulaient sur ses joues.
– Je crois qu'il ne vaut mieux pas se précipiter. Ce sont des accusations graves. Tu as pensé à Adrien Agreste ? Il a déjà beaucoup perdu, comment réagirait-il en apprenant que les seules personnes qui lui reste sont soupçonnées d'être les ennemis publics numéros un et deux ? Ce sera très dur pour lui.
– Chat Noir...
– Ma Lady, je suis désolé. Mais ce coup-ci, si tu veux enquêter, fais-le seule.
Sur ces mots, le héros saisit son bâton, et s'éloigna dans la nuit, laissant Ladybug seule au sommet de la Tour Eiffel, complètement désemparée.
Chat Noir se dépêcha d'arriver chez lui, et de se coucher.
Les paroles de Ladybug avaient ouvert une grande brèche dans son cœur.
Pire, elles avaient installé le doute.
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– Nathalie ? Est-ce que je peux vous parler ?
– Bien sûr, Adrien, répondit la jeune femme en l'invitant à s'asseoir près d'elle.
– Merci... C'est un sujet un peu délicat, je ne sais pas comment l'aborder...
– C'est à propos de Marinette ?
– Non, non... C'est...enfin...comment dire...
– Adrien, n'aie pas peur. Tu peux tout me dire, tu le sais bien.
Le jeune mannequin prit une grande inspiration avant de se lancer.
– J'ai...parlé avec Ladybug, il y a quelques jours... Elle m'a demandé si tout allait bien, et quand je lui ai avoué que vous étiez malade, elle m'a demandé des détails...et... elle a froncé les sourcils, quand je lui ai dit que tout avait commencé pendant le Jour des Héros, elle a marmonné des trucs pour elle-même... Elle m'a dit que votre akumatisation la troublait. Elle dit qu'elle vous avait déjà vue quelque part... Nathalie, je crois qu'elle vous soupçonne d'avoir été Mayura.
Nathalie se raidit, ostensiblement.
– Tu la crois ?
– Non, bien sûr que non ! s'exclama Adrien, horrifié. Comment auriez-vous pu une seconde être Mayura ? Comment auriez-vous pu cautionner de tels actes que ceux de Monarque ?
Nathalie fuyait le regard d'Adrien, de plus en plus, au fur et à mesure que celui-ci la défendait. Adrien finit par s'en apercevoir, et posa la question qui lui nouait la gorge depuis la veille au soir.
– Nathalie ? Ce...ce n'est pas vrai, n'est-ce pas ?
Pas une réponse ne vint emplir la salle.
– N'est-ce pas ? insista Adrien, la voix tremblante.
Le silence pesant qu'elle laissa flotter, fut une meilleure réponse encore qu'un "si".
– Nathalie...
– Je suis désolée, Adrien. Tellement désolée... murmura la jeune femme.
Une grande brèche s'ouvrit alors, dans l'esprit de l'ancien mannequin. Des combats, des cris, des blessures. De la colère, de la haine. Tout cela contre une seule et même personne. À qui il avait fait confiance aveuglément.
Une scène lui revint en tête, lorsque son père était accouru au chevet de Nathalie, juste après son akumatisation. Lorsque Misterbug avait traité Monarque de monstre. Son père... son père était-il ce monstre ?
– Nathalie ? Est-ce que...mon père...
– Oui.
– Et vous vous êtes fait akumatiser volontairement ?
– Oui.
– Et je vous ai défendue. Je vous ai fait confiance...
– Adrien...je suis désolée... je n'avais pas le choix...
– Pourquoi cela ? l'interrogea le jeune garçon. Mon père vous a menacée ?
– D'une certaine manière, oui.
– Comment ça ?
– Adrien, ce que je vais te dire ne va pas te faire plaisir. Loin de là.
– Au point où j'en suis...
– Ton père, lors d'une altercation avec Chat Noir, a reçu un Cataclysme. Sur le bras. Peu à peu, la blessure s'étend sur le reste de son corps. Quant à moi, ma maladie ne me permettra pas...de vivre très longtemps. En me le rappelant, Gabriel m'a aussi rappelé que si nous devions tous deux partir, faute d'un vœu, nous te laisserions seul au monde...
– Non... ça ne peut pas être possible, n'est-ce pas ? Vous ne pouvez pas... vous et mon père, vous ne pouvez pas...
– Nous n'avons qu'une chance infime de guérir, compléta Gabriel en entrant dans la chambre.
– Pè...papa ? Depuis quand écoutez-vous... écoutes-tu ?
– Depuis le début, ou presque. En tout cas, merci Nathalie. On peut vous faire confiance pour garder un secret !
– Votre secret, je l'ai gardé pendant deux ans ! riposta Nathalie, furieuse et peinée. Je me le fais rappeler chaque jour par une quinte de toux plus violente encore que celle de la veille ! Je ne veux pas mourir à cause de ce secret, et je ne veux pas partir en laissant Adrien dans l'ignorance ! Il m'a posé la question, il avait le droit de savoir !
– Je suis son père !
– Le pouvoir que vous avez sur lui ne vous autorise pas à aller aussi loin, ni à lui mentir !
– Et celui que je vous ai donné ne vous autorise pas à prendre le rôle de sa mère !
– Je n'ai jamais voulu cela ! se récria Nathalie.
– Quel pouvoir ? intervint Adrien.
Gabriel et Nathalie échangèrent un regard furieux, qui dura le temps d'une minuscule bataille verbale entre les deux. Apparemment, la jeune femme l'emporta. Gabriel détourna le regard, et Nathalie reprit la parole.
– Le pouvoir du Paon permet à son porteur de créer un être vivant. Lorsque Émilie a trouvé le Miraculous, elle l'a d'abord utilisé pour faire le bien à Paris. Mais elle voyait Amélie, sa sœur adorée incapable d'avoir un enfant, de même que leur amie Tomoe, et elle-même.
– Et donc...?
– Émilie, Colt et Katsura ont tous les trois utilisé le Miraculous du Paon. Chacun pour créer un être humain. Unique. Magique. Parfait. Félix et Kagami. Et toi, Adrien.
– M...moi, Félix et Kagami ? Vous voulez dire... que nous sommes des Sentimonstres ? C'est impossible ! Nous nous en serions doutés...
– Félix le sait, lui. Et depuis longtemps. Son intelligence et sa perspicacité lui ont toujours donné la clairvoyance. Kagami, quant à elle, est perdue entre son désir d'obéir, et d'être une enfant normale.
– Mais... où sont nos amoks, si nous sommes des Sentimonstres ?
– Les vôtres, à Félix et toi, se trouvent dans les bagues jumelles des Graham de Vanily. Celui de Kagami se trouve dans sa bague japonaise, ce qui signifie qu'elle a son propre contrôle. Mais depuis peu de temps, seulement. Avant, c'était toujours sa mère qui portait la bague, et la contrôlait. C'est pourquoi Kagami est une enfant si obéissante : comme toi, elle n'a pas eu de liberté, conclut Nathalie en fusillant Gabriel du regard.
– C'est donc vous, Nathalie, qui me contrôle, en ce moment ?
– Je porte la bague, mais jamais je ne m'en servirais pour te contrôler ! Je ne suis pas ton père !
– Nathalie ! gronda Gabriel, énervé.
– Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il se passe entre vous deux ? demanda Adrien, perplexe.
– Tu as toute la nuit ? demanda Nathalie, légèrement moqueuse.
– J'imagine, oui...
– Alors accroches-toi. Et vous, monsieur, venez vous asseoir, vous n'allez pas rester debout !
Adrien sourit de voir son père obéir sans discuter à la jeune femme, et s'asseoir à côté d'elle. Quoi qu'il aie fait, il devait avoir beaucoup à se faire pardonner...
**********************
En effet.
Beaucoup, beaucoup à se faire pardonner.
Énormément.
Tant d'égoïsme, était-ce possible ?
Il fallait croire que oui, puisque son père en avait fait preuve...
Pas étonnant que Nathalie lui en veuille...
Et lui, Adrien, devait-il en vouloir à son père ? Il ne savait pas trop, exactement. Il ne pensait pas. Derrière le masque de Monarque, se cachait un être humain, un membre de sa famille, un proche. Il ne pouvait pas lui en vouloir.
Voilà pourquoi il lui avait pardonné, dans la chambre de Nathalie, sous les yeux de la jeune femme attendrie, lorsqu'ils s'étaient serrés dans les bras en se promettant d'oublier les batailles, la haine d'autrefois, les blessures du passé.
Toutes les blessures.
Devant cette promesse, la noirceur avait disparue du cœur de Gabriel, remplacée par la lumière de l'acceptation. Et l'acceptation avait fait renaître le bonheur. Le bonheur chasse le malheur, le mal, la douleur. Les plaies liées au malheur.
Même les blessures magiques.
Même les coups portés involontairement par un porteur du Miraculous du Chat Noir.
En acceptant de combattre le passé, Gabriel avait accepté de combattre la blessure qui l'endolorissait. Le Cataclysme perdait du terrain.
Ils l'avaient constaté en même temps, que la peau de Gabriel recouvrait sa couleur d'origine.
Toute sorte de mal avait donc disparu du corps de Gabriel. Mentale et physique.
À part un seul.
Il leur faudrait du temps, beaucoup de temps, pour Nathalie et Gabriel, avant de se reconstruire, et de s'aimer comme avant, et même plus encore qu'avant.
Mais ce jour viendrait.
Adrien l'avait vu dans les yeux de Gabriel, ce jour proche, tandis que son père contemplait Nathalie avec toute l'admiration et toute la passion du monde.
Oui, ils s'aimaient, ces deux-là, Adrien le voyait bien. Ils s'aimaient, mais le chemin serait encore long.
Adrien s'étira.
"Bon... Il faut que j'aille m'excuser auprès de Ladybug, moi... Elle avait raison... Elle va faire une de ces têtes.... et une de ces scènes, j'aurais intérêt à la ménager un peu..."
– Plagg, transforme-moi !
Et tandis que le Kwami lui obéissait, Chat Noir courut vers la fenêtre, l'ouvrit, et sauta dans l'aurore naissante, vers la promesse d'un nouveau départ.
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2247 mots.
C'est moi où j'écris de moins en moins ces temps-ci ? Aaaaaah, c'est grave, là !
Mais sérieux, qu'est-ce qu'il m'a pris, sur la 2ème partie ? C'est quoi ce plan ou Gabriel et Nathalie s'engueulent comme des gamins ? Et Adrien qui encaisse tout sans broncher ? Je crois que j'ai eu la flemme, voilà, c'est dit, parce que ça fait depuis que "Passion" est sorti, que j'ai idée de cet OS...
Passion... ne me demandez pas mon avis dessus. Vous êtes partis pour trois heures où je vous dis combien Nathalie est la meilleure...
Bref,
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars
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