Mensonges

Tirakan se baissa pour éviter un coup de pied de Chat Noir, qui l'aurait projetée à plusieurs mètres, si elle n'avait pas eu le réflexe d'esquiver.

Depuis que Papillon avait volé tout les Miraculous à Ladybug, il s'en servait pour tester leurs pouvoirs. Et, aujourd'hui, puisqu'elle lui avait assuré être guérie, il avait confié le Miraculous du Dragon à Nathalie.

Bien évidemment, c'était un mensonge. Nathalie était loin d'être guérie, mais, rien que pour voir le sourire de l'homme qu'elle aimait éclairer son visage, elle avait menti.

Dans sa longue robe rouge et or, ouverte sur le côté, à la manière de Mayura, ses cheveux noirs montés en  deux chignons à la mode de la Chine et du Japon, son regard bleu semblant embrasé par la volonté de réussir, Tirakan incita les héros à venir l'affronter.

Chat Noir eut un cri de fureur et lui jeta son bâton, qu'elle esquiva sans peine. Ladybug voulut la saisir avec son yo-yo, mais Tirakan, devenue soupir, lui échappa.

Elle jeta aux adolescents un regard narquois. Qui s'estompa très vite.

Nathalie n'avait jamais expliqué à Gabriel les blessures du Miraculous du Paon à leur plus haut point. Gabriel lui avait un jour expliqué que les blessures du Miraculous devenaient les siennes. Sur le moment, elle n'avait pensé qu'aux toux et aux malaises qui la secouaient. Elle n'avait pas prit l'avertissement au sens littéral du terme.

Mais, à présent qu'elle avait réutilisé les bijoux magiques, elle les sentait, ces nombreuses estafilades qui barraient son corps, la brûlaient terriblement. Elle ne l'avait encore avoué à personne, mais les brisures du Miraculous du Paon étaient bel et bien devenues les siennes.

Tirakan se sentit défaillir. En face d'elle, l'héroïne contemplait avec stupeur son Lucky Charm, un paquet de mouchoirs. Chat Noir, dont le regard reflétait le mépris, changea d'expression en voyant Tirakan tituber et s'effondrer au sol.

Dans l'esprit de l'alliée du Papillon, les pensées se déchaînaient, volaient en tout sens, se bousculaient et obscurcissaient ses sens. Et, par-dessus le brouillard d'émotions qui la submergeaient, une voix, la voix de Papillon, terrifiée : 

"Tirakan, tout va bien ?" 

Tirakan se concentra, utilisa toutes les forces de la moindre parcelle d'énergie qui lui restait pour envoyer un message à Papillon.

"À l'aide !"

La réponse ne se fit pas attendre.

"Nathalie ! Ne bouge pas, j'arrive !"

Ladybug et Chat Noir échangèrent un regard en la voyant haleter.

- Tout va bien ? demanda Ladybug ?

Pour toute réponse, elle eut une quinte de toux si forte que Longg fut éjecté du Miraculous, la détransformant sur-le-champ, sous les yeux horrifiés de Ladybug et Chat Noir.

- Na...Nathalie, balbutia Chat Noir sous le choc.

- Tu la connais, chaton ? demanda Ladybug.

- Vaguement, disons... 

- Qu'est-ce qu'il vous arrive ? demanda l'héroïne à son ennemie, d'une voix empreinte de douceur et de peur.

- C'est à cause du Miraculous... murmura Nathalie d'une voix presque inaudible. Le Miraculous du Paon... il était endommagé, et l'utiliser m'a conduit ici...

Ladyug écarquilla les yeux, en voyant des estafilades écarlates sur les poignets de Nathalie.

- C'est ce bijou qui vous a fait ça ? demanda-t-elle, horrifiée.

Nathalie répondit d'un hochement de tête, à présent incapable de parler, tant sa frayeur était grande.

- N'ayez pas peur. Nous allons vous aider. Premièrement, je crois que j'ai compris à quoi servait le paquet de mouchoirs...

Elle en sortit un, et l'appliqua sur les poignets de la jeune femme. Elle l'aida ensuite à s'allonger plus confortablement.

- Me... merci,  balbutia Nathalie.

Papillon arriva à cet instant. En voyant Nathalie, à moitié inanimée dans les bras de Ladybug et Chat Noir, son sang se glaça. Il se précipita aux côtés de Nathalie et la prit dans ses bras.

- Que s'est-il passé ? Que lui avez-vous fait ? exigea-t-il. 

- On n'a rien fait ! se défendit Chat Noir. Au contraire, on l'a aidée ! 

Papillon avisa alors le paquet de mouchoirs accroché à la taille de Ladybug. Il se détendit.

- Merci infiniment, à tous les deux.

- Je vais chercher les pages traduites du Grimoire, annonça Ladybug. Restez là. Chaton, tu viens avec moi ?

Chat Noir écarquilla les yeux.

- Mais... et nos identités ?

- C'est bien le cadet de mes soucis, rétorqua la super-héroïne. Bon, tu me suis, ou pas ?

- Jusqu'au bout du monde, ma Lady, tu le sais très bien ! Attends-moi ! 

- Restez là, nous revenons tout de suite, avec des remèdes, recommanda Ladybug à Papillon avant de s'élancer sur les toits de Paris.

Resté seul, Papillon berça le corps frêle de Nathalie dans ses bras.

- Oh, Nathalie... tu m'as menti, n'est-ce pas ? Tu n'étais pas du tout guérie ! Pourquoi as-tu fait ça ?

Elle ouvrit les yeux.

- Parce que je voulais vous voir sourire à nouveau.

- Sourire ? Comment pourrais-je sourire si tu n'es plus là, à mes côtés, à me soutenir dans mes joies et mes peines ? Comment pourrais-je sourire sans te voir chaque jour ?

Elle redressa la tête, abasourdie.

- Pourquoi dites-vous cela ? Vous n'avez pas besoin de moi pour être heureux ! Vous avez besoin d'elle, et c'est en sachant que vous pourriez la ramener, que vous avez continué à vivre ! Je ne suis rien, moi ! Vous ne pouvez pas me comparer à elle...

Il chassa la mèche folle qui barrait le front de son amie.

- Mais non, Nathalie, tu n'es pas rien. Sans toi, je ne serais plus rien, juste un homme vide, hanté par ses actions passées, ses crimes et sa folie. Je sais, qu'il est tard, beaucoup trop tard, pour te le dire, mais voilà : je t'aime. Tu es la personne qui compte le plus pour moi, et même si je sais que je ne mérite pas ne serait-ce qu'une seule de tes pensées, je voulais que tu le saches.

Nathalie croisa le regard du Papillon, et ne lut dedans que la sincérité de ses propos. Elle poussa alors un soupir, de soulagement, de joie, et s'endormit, terrassée par la fatigue et l'émotion.

Papillon, paniqué appela Ladybug et Chat Noir, les priant de se dépêcher. Quand, après ce qui lui parut durer une éternité, les deux héros apparurent au sommet de l'Arc de Triomphe, il en soupira de soulagement.

Ladybug portait avec elle une minuscule fiole contenant un liquide bleuté. Redressant Nathalie, elle lui fit boire la potion, et avec l'aide de Chat Noir et Papillon, appliqua des mouchoirs sur la peau pâle de Nathalie pendant près d'une demi-heure. 

Papillon remarqua le regard tendre dont Ladybug couvait Chat Noir. Regard d'ailleurs réciproque. Ces deux-là s'étaient sans doute révélés leurs identités. Étaient-ils amoureux l'un de l'autre ? Papillon l'espérait, en tout cas. Quelqu'un méritait-il plus le bonheur que les deux héros ?

Quand, enfin, Nathalie commença à reprendre des couleurs et ouvrit les yeux, Papillon ne put réfréner le cri de joie qui lui montait aux lèvres. Ladybug et Chat Noir s'éloignèrent, main dans la main, pour les laisser seuls.

Nathalie paraissait en pleine forme, si on ne prêtait pas d'attention aux estafilades, qui n'étaient pas disparues. Mais Papillon les remarqua, et, ne pouvant pas supporter la vue de sa chère Nathalie ainsi blessée, il éclata en sanglots, profonds et douloureux. Il n'était qu'un monstre, il avait fait tant de mal, et  à cause de lui, Nathalie était blessée, peut-être gravement, et même si son état intérieur semblait se stabiliser, ses blessures extérieures restaient, peut-être à vie.

Ses larmes tombèrent sur les blessures, et ô, miracle, celles-ci commencèrent à se refermer. Papillon cessa de faire couler ses larmes en voyant toutes les estafilades se résorber.

- C'est impossible, murmura-t-il. C'est... miraculeux !

Nathalie regarda, stupéfaite, les blessures qui l'avaient tant fait souffrir se refermer d'elles-même.

- Mais... comment est-ce possible ? Je  ne pensais plus qu'elles disparaîtraient un jour...

Papillon eut le plus grand mal à ne pas se remettre à pleurer lorsqu'il s'écria :

- Je suis désolé, Nathalie ! Tellement désolé ! Je n'ai jamais voulu ça, je te le promets !  Je m'en veux, je m'en veux tellement...

- Ce n'est pas grave, monsieur, l'interrompit Nathalie. Je vais bien, vous le voyez...

- Comment cela, ce n'est pas grave ? Tu aurais pu... tu aurais pu...

- Mais ce n'est pas arrivé, et c'est grâce à vous. Vous m'avez sauvé la vie, monsieur...

- Et je vous ai mise en danger inutilement ! Si vous saviez comme je m'en veux...

- Vous n'avez pas à vous en vouloir. Même si vous me l'aviez interdit, je l'aurais fait. Je n'aurais pas pu m'en empêcher. Même la raison sait qu'elle doit parfois s'incliner et laisser la place au cœur...

- Je suis un monstre. Je ne vous mérite pas.

- Bien sûr que si, murmura-t-elle en se redressant, ne dites pas d'idioties pareilles.

- Vous le pensez vraiment ?

- Oui. Les blessures importent peu. Vous n'êtes pas un monstre. C'est au fond du cœur que l'on trouve qui l'on est vraiment, et je crois que vous l'avez découvert.

Papillon resta pensif un instant et déclara.

- Tu as raison, comme toujours. J'étais autrefois un homme meurtri par le chagrin. Mais l'amour que tu as su me porter m'a fait changer et a fait s'ouvrir mon cœur. Il m'a fait ouvrir les yeux et réaliser qu'il y avait plus important que la quête du pouvoir. Si tu veux encore de moi, alors, j'aimerais rester à tes côtés, pour toujours.

Nathalie hocha la tête, un sourire timide aux lèvres. Elle se redressa, pendant que Papillon se penchait pour l'embrasser, d'un baiser doux, qui refermaient les plaies de leurs âmes et soignaient leurs cœurs.


1561 mots.

Ça fait six mois que cet OS est resté au fond de ma pochette ! Je viens à peine de le retrouver ! À la base, c'était avec Mayura, mais bon, avec le final qui est sorti, il m'a fallu faire quelques modifications...

@jeannefostergoriot, je sais qu'il ressemble pas mal à "Sauvetage in extremis", j'espère que ça ne te dérange pas... Mais si c'est le cas, je peux annuler la publication, si tu veux. 

Ne me demandez pas d'où me vient l'idée des "vraies" blessures, j'en sais rien. C'est peut-être... un peu violent, disons. Et puis l'idée des larmes de Papillon qui les guérissent... bah, disons que ça fait un peu conte de fées.

Bref.

Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Renars

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