Jugement
Juleka repoussa sa mèche violette, qui lui tombait dans les yeux, et commença à accorder la basse que son père lui avait offert pour son anniversaire. Mi, la, ré, sol... sol, ré, la, mi... . Elle jeta un regard à la photo de Rose, sa meilleure amie, sur sa table de chevet. En fait, pour elle, Rose était plus qu'une amie. Elle l'aimait, d'un amour sans limite. Mais comment le lui avouer ? Rose était une jeune fille assez délicate et douce. Comment réagirait-t'elle en apprenant que celle qu'elle pensait être sa meilleure amie était en réalité amoureuse d'elle ? Juleka était complètement perdue dans le tourbillon de ses sentiments. Et elle ne savait pas à qui en parler.
***
Le lendemain, au collège.
Marinette ferma son cahier de français et se dirigea vers la porte de la classe. Elle fronça les sourcils en voyant Juleka s'éloigner en direction de la chaufferie, sans même jeter un regard à Rose, qui l'attendait pourtant sur le pas de la porte. Rose haussa les sourcils, se demandant si elle avait pu faire quelque chose qui aurait fâcher son amie. Marinette lui lança un regard que Rose décoda très vite.
"Ne t'inquiètes pas. Je vais lui parler."
Rose eut un mouvement perceptible de soulagement. Marinette avait réussi à la soulager. La jeune fille aux cheveux noirs prit donc la direction de la chaufferie, comme Juleka l'avait fait une minute plus tôt.
Elle poussa la porte, qui grinça. Elle tendit l'oreille. Des sanglots étouffés. Marinette descendit les escaliers. Assise contre le mur, Juleka pleurait. Marinette vint s'agenouiller à ses côtés.
- Qu'est-ce qui ne va pas, Juleka ?
Juleka marmonna une phrase, qui voulait très clairement dire : "Laisse moi tranquille".
- Je peux t'aider, Juleka. Pourquoi pleures-tu ?
- Tu ne peux pas comprendre, chuchota Juleka.
- Peut-être que si. Vas-y. Dis-moi, l'encouragea Marinette.
- Il s'agit de quelqu'un, que j'aime. Mais je pense que cette personne ne me voit que comme une amie. Et c'est compréhensible. J'ai peur du jugement des autres. S'ils savaient...
- Ooooh.
Marinette se détendit. Elle voyait très bien de qui parlait Juleka. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer l'amour qu'elle portait à Rose.
- Allons, calme-toi. Je sais de qui tu parles. Tu parles de Rose.
- Co...comment le sais-tu ?
- Facile à remarquer. Tu sais, je pense que tout le monde est au courant. Et, franchement, personne ne te jugera jamais, Juleka. Tu as tout à fait le droit d'aimer Rose. Je pense qu'elle t'aime aussi. Vraiment. L'amitié qui vous unit ne peut pas se briser parce que tu es amoureuse d'elle. Je suis sûre et certaine qu'elle t'aime également. Va lui parler. Tu verras.
- Mmmm. D'accord. Peut-être... plus tard, en tout cas.
- Prends ton temps, Juleka. Je sais mieux que quiconque comme ça peut être dur d'avouer ses sentiments à quelqu'un.
- Merci, ça me rassure.
- Mais je suis sûre que tu t'en sortiras mieux que moi ! Tu es courageuse, Juleka.
Sur ces mots, Marinette quitta la chaufferie, laissant Juleka un peu rassénérée par les propos de Marinette.
***
Juleka gratta les cordes de sa basse. Elle avait passé la nuit à écrire une petite chanson à Rose, afin de lui avouer ses sentiments à travers la musique.
Elle commenca à chanter les paroles, quand elle entendit une voix l'interrompre.
- Peut-on savoir à qui est dédiée cette magnifique chanson ?
Surprise, Juleka releva la tête. Luka l'observait, un sourire fier sur les lèvres.
- Tu ne te moques pas, hein ?
- Juleka, est-ce que je me suis déjà moqué de toi, au moins une fois dans ma vie ?
Elle secoua la tête. Non, Luka ne s'était jamais moqué d'elle.
- Tu peux tout me dire, Juleka. Je suis ton frère.
- D'accord. Elle est pour Rose.
- Elle est magnifique. Je suis sûr qu'elle lui plaira.
- Tu... n'es pas surpris ?
- Pourquoi le serais-je ? Je sais depuis longtempsque tu aimes Rose. Et tu as raison de lui déclarer tes sentiments. Rose est extraordinaire. Toi aussi. Vous êtes faites l'une pour l'autre. Vas-y. Fonçe, petite sœur !
Luka quitta la pièce. Et Juleka recommença à chanter, le sourire aux lèvres.
***
- Je ne comprends pas ce que j'ai fait ! Pourquoi Juleka me fait-elle la tête ? Est-ce que je l'ai blessée involontairement ?
- Calme-toi, Rose. Je sais que Juleka ne t'en veut pas pour une quelconque raison.
- Mais comment le sais-tu, Marinette ? Tu as vu, tout à l'heure ? Elle ne m'a pas jeté un regard, presque comme si elle m'en voulait !
- Ne t'en fais pas, Rose. Je lui ai parlé. Juleka ne t'en veut pas. Elle a simplement du mal à exprimer... ses sentiments. Mais tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Juleka t'aime beaucoup. Elle le montrera tôt ou tard.
- Tu crois qu'elle pourrait m'aimer... comme moi, je l'aime ? D'amour, et non seulement d'amitié ?
- J'en suis persuadée ! Mais c'est à elle de te le dire. Pas à moi. Sois patiente, Rose. Tu vas voir.
***
Une semaine plus tard.
- Rose... attends. J'ai quelque chose à te montrer.
Juleka saisit son amie par la main et l'entraîna aux Jardins du Trocadéro.
- Qu'est ce que... commença Rose.
Elle s'interrompit en voyant la petite couverture de pique-nique posée sur l'herbe, et les macarons posés dessus. Juleka saisit sa basse.
- Je... j'ai... écrit ça, pour toi.
" Depuis que je t'ai rencontrée..."
"Je n'ai vu chez toi que des qualités..."
"Tu étais ma meilleure amie..."
"Sympathique, joyeuse et réfléchie..."
"Mais maintenant, c'est trop compliqué..."
"De te cacher la vérité..."
" Pour moi, tu es bien plus que cela..."
"Mais comment te dire ces trois petits mots-là..."
Juleka s'interrompit. Elle se leva et fixa les prunelles bleues de son amie.
- Rose... je t'aime. Depuis que je t'ai rencontrée. En fait... je pensais que tu étais juste la meilleure amie dont je puisse rêver. Et puis... je me suis vite aperçue que tu étais beaucoup plus pour moi. Je voulais juste que tu le saches...
Rose écarquilla les yeux. Marinette le lui avait pourtant dit, mais elle avait eu du mal à y croire. Voilà qui expliquait l'attitude distante de son amie depuis quelque temps.
Juleka s'éloignait déjà.
- Attends, Juleka. Je... moi aussi je t'aime. D'amour, et non d'amitié,comme tu le craignais. Je t'aime, Juleka, de tout mon cœur. Et, comme j'avais peur que tu me juges sur mes sentiments, je n'ai pas osé te le dire.
Elle se dressa sur la pointe des pieds pour embrasser Juleka sur le coin des lèvres. Juleka eut un sourire qui illumina son visage. Elle prit une barrette dans sa poche, et accrocha la mèche qui lui cachait les yeux. D'ordinaire, elle ne l'aurait jamais fait. Sa mèche la cachait du regard et du jugement des autres. Mais maintenant, elle n'avait plus rien à cacher. Parce qu'il n'y avait plus rien à juger.
1152 mots. J'ai eu beaucoup de mal à écrire cet OS. Faut dire, qu'en même temps, c'est la première fois que j'écris du Roseka, et c'est pas le ship avec lequel je suis le plus à l'aise. Mais bon, je suis contente. Les paroles de la chanson m'ont donné du fil à retordre aussi. Je serais pas chanteuse, plus tard. Bref. Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars.
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