Invitations
Nathalie leva le nez de sa tablette lorsqu'elle entendit des coups toqués à la porte de sa chambre.
- Entrez, enjoignit-elle.
Plutôt que Gabriel, comme elle s'y attendait, ce fut Adrien qui passa la porte, la salua d'un sourire, avant de s'asseoir à côté d'elle. Après lui avoir demandé comment elle allait, il entra dans le vif du sujet :
- Marinette, Alya, Chloé et moi, devons travailler sur un exposé, en sciences... et nous nous demandions si nous pouvions travailler dans le manoir.
- Je ne sais pas si votre père sera d'accord... Pourquoi pas chez l'une d'elles ?
- La boulangerie des Dupain-Cheng est en travaux, Alya a trois sœurs qui nous rendraient la vie impossible, et Chloé étant Chloé, elle a refusé que Marinette et Alya viennent chez elle...
- Je vois...
- Comme je sais que vous êtes la seule à pouvoir faire changer d'avis à mon père, je suis venue vous voir...
- Je verrais ce que je peux faire... soupira-t-elle. Mais je ne vous promets rien.
- Merci, Nathalie ! Vous êtes la meilleure !
Et, dans sa joie, Adrien serra Nathalie dans ses bras, avant de retourner dans sa chambre, laissant la jeune femme confuse devant tant de joie, mais souriante, et légèrement rougissante.
*********
Le lendemain...
- Nous pourrons travailler ici, nous ne dérangerons personne.
Adrien désigna d'un geste de la main, la salle à manger, où son père le rejoignait parfois.
- Wouaaah ! Qu'est-ce que t'es grand chez soi, Madrien ! Oups, pardon ! Qu'est-ce qu'est grand, chez toi, Adrien !
- Marinette, Marinette... soupira une jeune fille aux cheveux bruns-roux, à côté d'elle.
- Quand vous aurez fini de discuter inutilement, vous pourrez peut-être vous mettre au travail, Césaire et Dupain-Cheng !
- Pendant que toi, tu nous regarderas, comme d'habitude... marmonna Alya.
- Oh, oh, personne ne regardera personne, car tout le monde va y mettre du sien ! Tout le monde, même toi, Chloé ! poursuivit Adrien en adressant un regard lourd de sens à la fille du maire, qui prenait selfie sur selfie.
- Oui, oui, Adrichou, répondit Chloé, légèrement agacée, en rangeant son téléphone.
Tous s'assirent, Alya à côté de Marinette, et Chloé à côté d'Adrien, de telle manière que les alter-égos de Ladybug et Chat Noir étaient en face l'un de l'autre.
- Rappelez-moi le thème de notre exposé ? demanda Marinette, qui n'avait pas bien entendu la première fois, trop occupée qu'elle était à contenir le cri de joie qui lui était monté aux lèvres lorsqu'elle avait appris qu'elle était avec Adrien.
- "Les symptômes de l'amour", lut Adrien à haute voix.
En entendant cela, Marinette devint rouge tomate.
- Ah oui, ça change tout... murmura-t-elle.
- Qu'est-ce que tu as dit, Marinette ?
- Rien, rien du tout, Adrien, ne m'en fais pas ! Ne t'en fais pas, pardon ! J'ai dit : Ah, oui, c'est ce que j'avais compris, du tout au tout !
- D'aaa... ccord... répondit le jeune mannequin, déstabilisé. Bon, au travail !
*********
Une heure plus tard...
Lorsque Nathalie entra dans la salle à manger, tenant un plateau avec des verres de lait et des biscuits, constituant le goûter des enfants, elle fut surprise d'y trouver les adolescents abattus, contemplant une feuille blanche.
- Que vous arrive-t-il ? demanda-t-elle en s'asseyant à côté d'eux.
- On n'est pas d'accord... expliqua Adrien. Notre thème est "Les symptômes de l'amour", et chacun d'entre nous a une vision différente de ces symptômes...
- J'ai toujours envie de retrouver Nino, apprit Alya.
- Mon cœur accélère, je deviens rouge, et je bégaie... énonça Marinette.
- Quand à moi, je ne pense qu'à elle, et, chaque jour, je trépigne en attendant de la revoir, même si je sais bien qu'elle ne m'aime pas.. compléta Adrien, qui se tut en voyant le regard bleu de Nathalie posé sur lui. Euh... pourriez-vous ne rien dire à mon père, s'il vous plaît ? Je ne sais pas si il approuverait.
- Je serais muette comme une tombe, promit-elle avec un sourire rassurant. Qui qu'elle soit, elle a beaucoup de chance...
- Oui, elle n'imagine pas... murmura Marinette.
Puis, se rendant compte que tous les regards étaient posés sur elle, elle rougit et se reprit :
- Enfin bon, notre problème, c'est que nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord... Chacun d'entre nous a ses idées, et personne n'a les mêmes...
- Mais...être amoureux, c'est tout cela à la fois ! s'exclama Nathalie, C'est penser sans arrêt à une personne, vouloir être avec elle, avoir peur de ses propres sentiments, rougir, bégayer, sentir son cœur accélérer d'un coup... C'est savoir que l'on est capable de se sacrifier pour lui ou elle. Tout faire pour le voir heureux et souriant...
- Vous connaissez bien le sujet... nota Adrien.
- Trop bien, même... soupira Nathalie.
- Je sais combien mon père peut être aveugle... lui murmura Adrien. N'abandonnez pas, je sais qu'il vous aime beaucoup plus qu'il ne voudrait vous le faire croire...
Nathalie se sentit rougir.
- Merci... chuchota-t-elle.
- De rien. C'est sincère. Je vous remercie, Nathalie, ajouta-t-il, un ton plus fort. Nous avons appris beaucoup grâce à vous !
Chloé, qui n'avait rien dit jusque là, laissa échapper une larme.
- Que se passe-t-il, Chloé ? Pourquoi pleures-tu ? lui demanda Marinette.
- Je pleure pas, Dupain-Cheng !
- Bien sûr que si. On s'inquiète, Chloé, dis-nous ce qui ne va pas !
- C'est juste que...
Chloé renifla très peu élégamment.
- C'est juste que je sais que moi, je ne saurais jamais que c'est l'amour. Je ne sais pas être agréable, je me conduis toujours comme une petite peste, je le sais bien. Personne ne m'aime véritablement, même ma mère me méprise et ne se montre jamais aimante avec moi... Je me demande... pourquoi je ne peux pas être aimée, au moins par ma propre mère ?
Le regard de Nathalie se chargea de compassion. Elle se leva et invita Chloé à la suivre.
- Mademoiselle Bourgeois, venez avec moi.
Intriguée, Chloé suivit la jeune femme jusque dans sa chambre. Nathalie s'assit sur son lit, et Chloé l'y rejoignit. Aussitôt, Nathalie entra dans le vif du sujet.
- Chloé Bourgeois, moi aussi, à votre âge, j'ai souffert d'avoir une mère peu aimante. Comme vous, j'étais méprisée, chaque jour un peu plus. Pourtant, un jour, j'ai compris que le regard de ma mère m'importait peu. Qu'il m'empêchait de m'épanouir. Vous êtes comme moi, mademoiselle Bourgeois. Ne laissez pas votre mère vous conduire à penser que vous ne valez rien. Parce que c'est faux. Les gens qui vous connaissent vraiment, vous aiment pour ce que vous êtes au plus profond de vous. Une jeune fille, perdue, qui a juste peur de se lier aux gens. Pas la princesse égocentrique et méprisante que vos ennemis préfèrent voir. Je suis persuadée que Zoé Lee, votre sœur, vous aime sincèrement. Mademoiselle Dupain-Cheng aussi. Alya Césaire, également. Et Adrien.
- Comment pourraient-ils ? demanda Chloé à travers ses larmes. À part Adrien, que j'ai monopolisé, toute ma vie, je n'ai fait que me moquer d'eux, en me fondant sur leurs habits, les métiers de leurs parents, leur classe sociale... par jalousie, qui plus est...
- Ils savent bien que la vie n'est pas toujours rose pour vous, poursuivit gentiment Nathalie. Nous savons tous que derrière votre apparence froide, se cache un grand cœur.
- C'est la même chose pour vous, n'est-ce pas ? demanda Chloé en chassant une larme d'un battement de paupières.
- Effectivement... soupira la jeune femme.
Elle se leva, et tendit un petit mouchoir de soie à Chloé, qui le saisit craintivement.
- Mademoiselle Bourgeois, si jamais, un jour, vous avez besoin de parler, mais que vous ne vous voyez pas à qui, venez me voir. Ma porte vous sera toujours ouverte, et vous trouverez en moi une précieuse amie.
- Merci, madame, répondit Chloé en s'essuyant les yeux.
- Mais de rien. Je sais ce qu'est se sentir rejeté, il est logique que j'aide ceux qui ont les mêmes problèmes, à commencer par vous et Adrien. Vous avez le droit de vous sentir aimée, ne l'oubliez pas.
Chloé inspira profondément, et hocha la tête. Les deux nouvelles amies descendirent, et rejoignirent les autres adolescents dans la salle à manger.
- Ça va mieux, Chloé ? s'enquit Marinette.
- Oui, merci beaucoup, Marinette.
Elle s'assit et prit un stylo.
- Que puis-je faire pour aider ?
Sous le choc, Alya manqua s'étouffer avec son verre de lait.
- Chlo... Chloé ? T'es.. t'es sûre que c'est toi ? Tu n'as pas été remplacée par un clone, au moins ?
- Non, c'est bien moi, la rassura Chloé. Je... je voulais vous dire... je suis désolée. Je sais que je n'ai jamais été très aimable avec vous, mais je vous promets que, dès aujourd'hui, de tout faire pour devenir une meilleure personne.
- Tu es déjà une bonne personne, Chloé, dit gentiment Adrien. Il te fallait juste de l'aide pour le réaliser...
- Il m'a suffit.. de rencontrer la bonne personne ! s'exclama Chloé en adressant un clin d'œil complice à Nathalie.
***********
Lorsque Nathalie se fut éclipsée, les quatre amis reprirent leur exposé.
- Alors, "Les symptômes de l'amour". Qu'avons nous ? Alya ?
- J'ai tout le temps de voir Nino. Je trouve des petits stratagèmes pour que nous passions plus de temps ensemble. J'arrive facilement à lui parler et il sait m'écouter.
- Chloé ?
- Tu sais, pour moi, c'est un peu nouveau... Je connais plus l'amitié, l'impression d'avoir toujours quelqu'un sur qui compter...
- Marinette ?
- Quand je le vois... je... je ne suis plus moi. Je deviens rouge, parle tout bas, et je bégaie des morceaux de phrases incompréhensibles...
Adrien la dévisagea, sans l'interrompre pour autant, mais perplexe et légèrement confus.
- Quant à moi, compléta-t-il, même si je sais qu'elle ne m'aime pas, car elle a un autre garçon dans son cœur, je continue à espérer. Je suis son meilleur ami. Je la vois tous les jours, et tous les jours, je lui montre mes sentiments. Tous les jours, également, je suis éconduit par cette fille, douce comme une colombe, courageuse comme la panthère, porte-bonheur comme la coccinelle...
Marinette regarda Adrien.
Adrien regarda Marinette.
**********
- Au revoir, Adrien, à demain !
- À demain, les filles !
Alya et Chloé s'éloignèrent. Marinette allait les rejoindre, lorsqu' Adrien la retint par le poignet.
- Attends, Marinette ! Il faut que je te parle !
- Qu'est-ce qu'il y a, A...Adrien ?
- Tu... tu as bien dit... Que tu rougissais ? Que tu bégayais des phrases incompréhensibles ?
- O...Oui... et toi... tu as dit... que tu étais éconduit par une fille aussi chanceuse qu'une coccinelle ?
Les deux adolescents échangèrent un "oui".
Et la question de Marinette ne fut qu'un souffle.
- Comment s'appelle-t-elle ?
La réponse d'Adrien fut semblable à la question de Marinette : un souffle.
- Ladybug.
Marinette rougit, jusqu'à devenir semblable à une tomate.
Adrien la regarda. Et son cœur se décrocha lorsqu'il vit dans les yeux bleus de son amie les réponses à toutes ses questions.
- Ladybug ?
- Chat Noir ?
"Oui", répondirent-ils en chœur.
Adrien prit la main de Marinette, et posa la dernière question qui lui restait, qui lui brûlait les lèvres, même si il était sûr de la réponse.
- Le garçon que tu aimes, celui pour qui tu m'as toujours repoussé... c'est moi, n'est-ce-pas ?
- Oui...oui, Chat Noir... bégaya Marinette, troublée.
- Et pendant tout ce temps, tu as réussi à le cacher... murmura-t-il, admiratif.
- À moitié... grommela Marinette. Toute l'école est au courant. J'ai essayé de te le dire, mais...
- Je sais, la coupa-t-il. Je suis aveugle. Je tiens ça de mon père, sans doute...
- C'est fort probable ! s'esclaffa Marinette.
Son regard se chargea soudain d'inquiétude.
- Et pour nos identités ? Nous ne pouvons plus les préserver... Et si Papillon m'akumatisait, ou bien toi...
- Aucun d'entre nous ne pourra être akumatisé, pas tant qu'il aura l'amour de l'autre pour le soutenir, lui assura-t-il.
L'espace d'un instant, l'image dévastatrice de Chat Blanc revint dans l'esprit de la jeune fille. Elle cilla et secoua la tête pour la chasser, avant de lever ses yeux azur vers le regard vert confiant de celui qu'elle aimait.
- Tu as raison.
Sa voix s'était posée, calmement.
- Tu as raison. Aucun de nous ne pourra être akumatisé, car nous avons l'amour de notre côté, et même Papillon ne peut rien y faire. Nous le trouverons, et il n'aura pas d'autre choix que de se rendre ! Ou alors, nous le vaincrons ! Il nous rendra ce qu'il nous a volé, il cessera de terroriser la ville ! Il s'excusera, nous le pardonnerons... peut-être. Et tout cela, nous le ferons ensemble !
Marinette serra la main d'Adrien et lui sourit.
Et ils s'exclamèrent en chœur :
- Parce qu'à deux, on est plus forts !
**********
- Père ? M'accorderiez-vous cinq minutes ? Il faudrait que je vous parle de quelque chose...
- Sois rapide, alors. Il faut que j'aie terminé cette robe d'ici ce soir, et je suis déjà en retard.
Adrien considéra le tissu découpé en les débuts d'une splendide robe devant lui
- C'est pour une nouvelle collection ?
Son père fit "non" de la tête.
- Pour quelqu'un ?
Gabriel eut un signe d'acquiescement.
- Pour... Nathalie ?
- Oui... murmura son père.
Les yeux d'Adrien s'agrandirent de stupéfaction.
- Vraiment ? Mais c'est formidable, père ! Elle va être tellement surprise ! Et ravie ! Mais... c'est en quel honneur ?
Gabriel ne répondit pas. Adrien leva un sourcil et répéta sa question, car, même si il avait compris, il voulait entendre son père le dire lui-même.
- Parce que je l'aime... murmura le styliste. Parce que je l'aime et que je suis un idiot, je l'ai brisée, je n'ai pas su la reconstruire, comme je n'ai pas su réparer mes erreurs, parce que j'espère que cette robe, ce cadeau minime par rapport à la grandeur de son âme, lui apparaîtra comme un signe de mon entier dévouement et de mon éternel amour.
Adrien se mit à trépigner de joie.
- C'est génial ! Je suis tellement, tellement, tellement heureux pour vous deux, père !
- Ne t'enflamme pas, Adrien. Je ne pense pas qu'elle puisse encore m'aimer après tout ce que je lui ai fait subir...
- Je suis sûr que si. Nathalie a une âme noble. Elle pardonne sans hésiter, et n'a pas peur de se sacrifier pour ceux qu'elle aime. Sans se soucier des conséquences.
- Et sinon, reprit Gabriel, prenant la phrase conclusive de son fils comme excuse pour changer de sujet, que venais-tu m'annoncer ?
- Je... je... et bien...
Adrien sourit pitoyablement. À son tour d'être gêné...
- Je voulais vous dire que... depuis une semaine... je suis avec Marinette Dupain-Cheng. Nous sommes amoureux... Et j'aurais voulu avoir votre accord...
- Mon accord ?
Gabriel posa la main sur l'épaule de son fils.
- Adrien, tu n'as pas besoin de mon accord ! Je respectes tes sentiments, et je sais que Marinette Dupain-Cheng te rendra heureux. C'est une jeune fille formidable et pleine de talents, qui t'aime sincèrement, même un aveugle pourrait s'en rendre compte... Et puis, de toute façon... même si je n'avais pas été d'accord, tu ne m'aurais pas écouté. Vrai ?
- Vrai, approuva Adrien, même si la remarque de son père sur sa cécité l'avait vexé.
- Allez, file. Et n'oublie pas, Adrien : je suis très fier de toi.
- Merci, père.
Adrien salua son père d'un signe de tête et courut retrouver sa petite amie.
**********
- Alors ? Qu'a-t-il dit ?
- Que je n'avais pas besoin de son accord. Que tu étais une fille extraordinaire, qui saurait me rendre heureux.
- Ton père a dit ça ???
Adrien hocha la tête, le sourire aux lèvres.
- Alors...je crois qu'il n'y a plus aucun obstacle entre nous, chaton.
- C'est ce que je pense aussi, ma Lady.
Avec un sourire, le jeune mannequin se pencha pour déposer un baiser timide sur la joue de la bleutée.
Sous le regard attendri de Nathalie qui les observaient depuis la fenêtre de sa chambre.
**********
Nathalie esquissa un sourire en voyant Adrien et Marinette s'embrasser.
Puis, aussi vit qu'il était apparu, il disparut lorsqu'elle se rappela, qu'elle, ne connaîtrait jamais le doux sentiment de l'amour partagé, l'agréable sensation d'avoir quelqu'un qui veillait sur elle et tenait à elle.
**********
Le soir venu...
Nathalie fronça les sourcils en entendant trois coups toqués à la porte de sa chambre.
Ce ne pouvait pas être Adrien : il lui avait déjà apporté son chariot-repas, et lui déjà témoigné de toutes les nouvelles de la journée...
Non, ce ne pouvait être que... Gabriel ? Mais... pourquoi venir à une heure aussi tardive, si ce n'était pour élaborer un nouveau plan ? Nathalie frémit en imaginant la folie s'emparer de Gabriel petit à petit, le détruisant intérieurement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de l'homme qu'elle aimait...
Elle lui enjoignit tout de même d'entrer, et lorsqu'il passa la porte, elle lut sur son visage une expression qu'elle avait pensé ne plus jamais voir après la disparition d'Émilie : la sérénité.
Il cachait quelque chose derrière son dos, et Nathalie eut beau essayer, elle ne parvint pas à découvrir de quoi il s'agissait.
Gabriel la salua d'un sourire timide, ce qui l'étonna, avant de s'asseoir à côté d'elle.
- Avez-vous passé une bonne journée ? lui demanda-t-elle.
- Très bonne. J'ai passé beaucoup de temps sur une nouvelle création... que... je souhaitais vous offrir...
- À moi ? s'étonna-t-elle en prenant le paquet qu'il lui tendait. Mais en quel honneur ?
En regardant la boîte, elle fut prise d'un étrange sentiment, tant la jolie boîte blanche aux éclats dorés semblait annoncer une œuvre d'une magnificence sans pareil.
Nathalie défit les rubans, et étouffa un cri en soulevant le couvercle. La robe était sublime.
D'une composition plutôt simple, Gabriel avait réussi à faire une œuvre d'art.
La robe était longue, lui arrivant sans doute aux chevilles, plissée sur la jupe, mais lisse sur le corset. D'origine noire, des centaines de taches de couleurs vives la parsemaient toute entière. Ces couleurs auraient pourtant dû jurer, toutes ensembles, mais Gabriel avait trouvé le moyen de les faire resplendir. Et en contemplant les taches bleu nuit, roses, oranges, rouges, bleu ciel, blanches, vert pâle, jaunes et pourpres, elle comprit qu'il avait voulu recréer les moments magiques où elle était devenue tour à tour Mayura, Pan-Ri, Vikcan, Tirakan, Muyal, Bakarre, Kachhua, Mifeng et Sheranee, tout cela pour aider Gabriel à atteindre son but. Les manches étaient à la mode des princesses de contes de fées : souples et légères, parsemées des mêmes taches de couleurs. Une ceinture blanche voltée d'or complétait la tenue.
Nathalie sentit son cœur s'emballer follement lorsqu'elle contempla la robe, et lorsqu'elle prit la parole, ce fut d'une voix nuancée par l'émotion :
- Monsieur... cette robe est splendide, je.. je... ne peux pas accepter... c'est... c'est trop...
- Prends-la, tu peux, je t'assure. C'est un cadeau modeste, et je veux que tu l'acceptes.
- Mais pourquoi ?
- Parce que tu le mérites. Parce que tu es gentille, attentionnée, prévenante, dévouée et fidèle ; je te devais bien ça... Parce que je t'aime, et que j'ai voulu créer une robe à ton image : parfaite.
Nathalie sentit son cœur partir en une course folle, encore une fois, sentit l'ombre qui alourdissait ses sentiments disparaître, le voile qui assombrissait ses pensées s'envoler, remplacé par la clarté, la luminosité.
En posant son regard clair sur Gabriel, elle lui posa une question muette.
"Vraiment ?"
La réponse de Gabriel fut semblable à la question de Nathalie : muette et pourtant audible.
"Oui."
Gabriel se rapprocha de Nathalie pour lui prendre la main, et la jeune femme la serra doucement, laissant la magie du temps réparer leur esprits abîmés, la magie de l'amour sincère réparer leurs cœurs brisés.
************
3191 mots !
Ouf, enfin terminé !!!
Cet OS part d'un fait réel. Récemment, j'ai eu ce sujet d'exposé à préparer. Je me suis dit : "Les symptômes de l'amour ??? Mais qu'est-ce que je vais faire de ça, moi ???" Et puis, là, y a l'inspi qui s'est pointée et qui a dit : "Un OS !" Et hop'là boum, j'ai écrit un OS là-dessus. Je suis désespérée au point de trouver l'inspi dans les sujets de SVT... C'est grave, docteur ?
Les couleurs de la robe... alors, que je dise pas de bêtises... bleu nuit, c'est Mayura (logique)...rose, c'est Pan-Ri ("Cochon" en tamoul)... orange, c'est Vikcan ("Renarde" en tamoul)... rouge, c'est Tirakan ("Dragon" en tamoul)... bleu ciel, c'est Muyal ("Lapin" en tamoul)...blanche, c'est Bakaree ( "Chèvre" en hindi)...vert pâle, c'est Kachhua.. ("Tortue" en hindi), jaune, c'est Mifeng ("Abeille" en chinois), et pourpre, c'est Sheranee ("Tigresse" en hindi)...
Vous l'aurez remarqué, il n'y a pas un seul baiser. Oui. Pas un seul. Il y a trois situations à baiser, et pas un seul baiser... Bon... Quand ça veut pas, ça veut pas, hein...
Si vous voulez, vous pouvez jeter un coup d'œil à "La louve de Franche-Dame", c'est mon histoire pour un concours d'histoires médiévales. (Le concours de Patata2laMorkitu)Je n'ai pas fait d'annonce sur cette histoire, mais voilà, quoi, si vous voulez...
Autre petite annonce, je serais pas chez moi, les 4-5-6 Juin. Donc, pas d'OS prochainement, je ne pourrais pas commenter non plus les OS ni répondre aux messages... Voilà, voilà...
Bref.
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars
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