Il n'est pas trop tard.

Nathalie pianotait sur le clavier de son ordinateur. Elle avait fini son travail depuis longtemps, à présent elle s'ennuyait. Elle pensa à rechercher des informations sur les Miraculous, pour aider Gabriel à décupler ses pouvoirs, mais y renonça. Elle était fatiguée, elle aurait bien voulu profiter d'une pause, mais ça, elle ne l'avouerait jamais à Gabriel. Son patron, qui travaillait un peu plus loin lui lança un regard un peu inquiet. Nathalie n'était guérie que depuis un mois, il aurait voulu ne pas trop la faire  travailler.  Mais il avait beau lui dire de se reposer, de mesurer ses efforts, elle continuait. Elle avait un caractère bien trempé. Soudain, il entendit quelqu'un frapper à la porte.

- Entrez.

La frimousse d'ange d'Adrien apparut dans l'encadrement de la porte. Il salua Nathalie et se tourna vers son père.

- Père, j'ai terminé mes devoirs, répété mon piano et révisé mes cours de chinois. Pourrais-je aller me promener quelques instants ?

Gabriel le regarda un instant. Son fils avait été un excellent mannequin ces jours-ci. Il n'avait rapporté que des bonnes notes, et son interprétation au piano était devenue magnifique. Il pouvait bien lui accorder une promenade.

- C'est d'accord.

Il se tourna vers sa secrétaire.

- Nathalie, pouvez vous l'accompagner ? Vous avez travaillé toute la journée, je pense que cela vous fera du bien de respirer un peu.

- Bien, monsieur.

Adrien et Nathalie sortirent du bureau. Resté seul, Gabriel se tourna vers le portrait de sa femme. Nathalie ouvrit la porte pour laisser sortir Adrien et sortit à sa suite.

- Où souhaitez vous aller Adrien ?

- Je pense qu'on peut... se balader dans Paris, comme ça, sans vouloir aller nulle part en particulier, ce sera amusant. Et s'il vous plaît, Nathalie pouvez-vous me tutoyer ?  Nous ne sommes plus au manoir, je n'ai pas envie d'être traité comme un mannequin, mais seulement comme un adolescent normal qui profite d'une fin de journée.

- D'accord.

Adrien retint un soupir. Nathalie avait toujours été réservée, elle ne parlait jamais beaucoup. Pourtant, Adrien le savait, elle pouvait se montrer très gentille, et même bavarde. Il fallait juste l'aider à sortir des apparences ! Ils se mirent en route.

Après être passé devant la Tour Eiffel sans qu'aucun deux ait dit un mot, Adrien lança :

- Alors... Nathalie, est-ce que ça va ?

- Oui, merci Adrien.

- Vous... vous n'avez pas trop de travail ?

- Non, ça va. De toutes façons, je le commence en avance, répondit-elle en haussant les épaules.

- Dites, Nathalie, pourquoi... pourquoi êtes vous tombée malade ?

Adrien avait peur de la renfonçer dans des souvenirs douloureux en évoquant sa maladie. Mais, il avait tellement envie de savoir !

- Je suis désolée, Adrien. Je ne peux pas vous... te le dire. Disons simplement que... je me suis surchargée de travail.

- Mmmm. J'étais inquiet, vous savez. Vous m'avez beaucoup manqué. Je suis bien content que vous alliez mieux. Père aussi. Vous lui avez...

Il fut interrompu par une voix familière :

- C'est moi André, le glacier des amoureux de Paris !

Ils étaient arrivés au Canal Saint-Martin !

- Oh, Nathalie ! Est-ce que je peux aller manger une glace chez André ?

- Tiens donc, Adrien... aurais-tu une amoureuse ? rétorqua t'elle avec un petit sourire.

Adrien rougit.

- Peut-être. Allez, s'il vous plaît...

Il fit des yeux de petit chat mignon. Nathalie soupira. Elle ne pouvait pas résister à de pareils regards.

- D'accord...

- Merci, Nathalie !

Il s'élança vers André, qui le salua.

- Tiens, bonjour Adrien ! Une bonne glace pour un client tenace !

Il fit un clin d'œil à Adrien. En effet, celui-ci venait souvent manger des glaces chez André.

- Alors... Fraise aux éclats de chocolat noir, la mûre pour sa chevelure, myrtille pour ses yeux d'azur ! Tiens, Adrien. Et pour la secrétaire de votre père...

Il hésita un instant.

- Mmmm... Alors, vanille, fraise et mûre pour ses yeux obscurs. Voilà ! fit-il en tendant à Nathalie une glace blanche, rouge et noire.

Nathalie rougit tellement que son visage prit la teinte de sa mèche de cheveux. Adrien lui lança un regard étonné. Il ne s'attendait pas à ça !

- Merci André, fit-il en s'éloignant. Nathalie, dit-il ensuite, en s'adressant à elle, cette glace blanche, rouge et noire... Vous êtes amoureuse de mon père ?

- Tu as deviné juste, Adrien, chuchota-t-elle en détournant le regard. Oui, c'est vrai. J'aime ton père. J'aurais bien voulu que cela reste caché, mais tu es vraiment perspicace.

- Mais pourquoi faut-il que vous fassiez semblant ? Je suis sûr que mon père vous aime aussi. Vous devriez aller lui parler.

- Ouh là, non, pas question ! Je n'irais pas, ce n'est même pas la peine d'y penser, Adrien.

Nathalie s'était emportée et Adrien baissa les yeux. Elle s'empressa de le rassurer.

- Excuse-moi, Adrien, je ne voulais pas me fâcher, mais mes histoires de cœur ne regardent que moi. Tu ne peux pas savoir à quel point ton père aimait ta mère.

Elle retint un soupir. Elle, elle le savait. C'était l'amour de Gabriel pour Émilie qui lui avait coûté la santé, et avait manqué lui coûter la vie. Enfin, pour être honnête, elle s'était lancée dans l'aventure de son plein gré.

Adrien la regarda, un peu perplexe. Parfois, il ne comprenait pas le comportement de Nathalie. La mention de sa mère lui fit monter les larmes aux yeux. Il se retint tout juste de  pleurer. Nathalie et lui s'assirent sur un banc et commencèrent à déguster leurs glaces.

                                                                                             ***

Pendant ce temps, Gabriel avait cessé de travailler. Il avait l'esprit ailleurs. Nathalie était encore faible, mais elle continuait à travailler. Gabriel le sentait, même si Nathalie ne l'avouerait jamais. Il se leva et sortit du manoir. C'était un évènement rare, il ne sortait quasiment jamis de sa maison. Mais là, il avait vraiment besoin de respirer un peu. Il se dirigea vers le Canal Saint-Martin. Le son de l'eau l'apaisait toujours. Il se dirigeait vers le pont quand il entendit André chanter :

- C'est moi André, le glacier des amoureux de Paris !

Gabriel haussa les épaules. Pourquoi pas ? Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas mangé de glace. La dernière fois... sa gorge se serra. La dernière fois qu'il en avait mangé une, c'était avec Émilie.

- Bonjour André.

- Gabriel Agreste ! Cela faisait longtemps !

" Tiens, songea Gabriel, pour une fois, il n'a pas parlé en rimes"

- Alors... Ouh là là, quelle difficulté, votre glace sera enchantée ! Mmmm, Fraise, mûre pour la chevelure et myrtille pour les yeux d'azur ! Exactement comme votre fils !

Gabriel considéra la glace noire, rouge et bleue.

- Vous devez faire erreur, André. Ce ne sont pas les couleurs de celle que j'aime.

- André ne se trompe jamais. Êtes-vous sûr de vos sentiments, mon ami ?

Gabriel ne répondit pas. Non, il n'était pas sûr. Il n'était pas sûr du tout. Il avait toujours aimé Émilie... mais aujourd'hui, devant le glacier des amoureux qui lui affirmait qu'il ne l'aimait plus... Il lâcha un soupir.

- Non, André. Vous avez raison. Mais elle, elle ne peut pas m'aimer. C'est impossible. Je lui ait fait trop de mal...

- Croyez-moi, Gabriel, rien n'est jamais perdu. Vous devriez aller lui parler.

- Non. Je n'irais pas. C'est impossible. Merci André, et bonne journée.

Il descendit les escaliers... et se retrouva face à face avec Nathalie et Adrien qui mangeaient une glace, eux aussi.

- Père ! Que faites-vous ici ?

Gabriel ne répondit pas. Ses yeux restaient fixés sur la glace blanche, rouge et noire que tenait Nathalie. Laquelle rougit à nouveau comme une plaque chauffante en apercevant la glace rouge, noire et bleue dans les mains de Gabriel.

                                                                                             ***

Quelques jours plus tard...

Nathalie tapotait distraitement son ordinateur. Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis leur rencontre au Canal Saint-Martin. Et depuis, ils n'avaient pas échangé trois mots d'affilée. Nathalie était profondément gênée. Son patron l'avait surprise avec une glace le représentant. Et encore plus surprenant, lui, tenait une glace qui la représentait, elle !

Un raclement de gorge vint la sortir de ses pensées.

- Nathalie... souhaitez-vous... que nous en parlions ?

- Que nous parlions de quoi, monsieur ?

- De ce qui s'est passé, il y a cinq jours. De notre rencontre au Canal Saint-Martin.

- Si vous voulez, monsieur.

- Je... je ne sais pas par où commencer. C'est vrai, la glace que je tenais, vous représentait, vous. Parce que j'ai compris que je n'aimais plus Émilie, mais vous, Nathalie. André m'avait dit de vous parler, mais je n'ai pas voulu l'écouter. Pour moi, il était impossible que vous puissiez m'aimer. Je vous ai trop fait souffert, je n'avais plus d'espoir. Et puis, je vous ai vue, avec cette glace dans votre main. Je vous aime Nathalie.  

- Moi aussi, Gabriel. Je vous aime. Je vous aime plus que tout au monde. C'est Adrien qui m'a dit d'aller vous parler, mais comme vous, je n'ai pas voulu l'écouter. J'espère juste qu'il n'est pas trop tard... 

- Non, souffla Gabriel. Il n'est pas trop tard.

Il se pencha vers elle et la prit dans ses bras. Nathalie aurait voulu se trouver à des centaines de kilomètres, et en même temps, elle ne voulait pas quitter l'étreinte rassurante de Gabriel. 

- Je vous aime, murmura t'elle.

Après une brève hésitation, Gabriel se pencha et déposa ses lèvres sur les siennes. Nathalie répondit avec joie à ce baiser qu'elle espérait depuis plus de deux ans. Les deux silhouettes de Gabriel Agreste et de Nathalie Sancœur se fondirent en une seule, faite de bonheur et de joie.


1625 mots. Oui, je suis pas restée longtemps sur le + de 2000 mots. Il est bien cet OS. Non ? Oui, j'ai inclus André dans un OS. C'est pas un personnage que j'apprécie grandement mais bon.

Qu'est-ce que vous en avez pensé ? 

Renars.

P-S : Octo Lady, si tu lis cet OS, ne me tue pas. Merci. 

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