Enfance
La cour de récréation fourmillait d'enfants qui jouaient au ballon, à cache-cache, au loup, ou encore discutaient, profitant de leurs derniers instants de liberté avant la rentrée des classes. Dans un coin de la cour, une petite fille aux cheveux noirs tirés en une longue queue de cheval, serrait contre elle un livre, ses grands yeux bleus, parcourant craintivement la cour de récréation. Elle s'assit sur une marche d'escalier et entama sa lecture, quand elle vit quelqu'un s'arrêter devant elle. Elle leva les yeux et aperçut une petite fille aux cheveux blonds tressés en une natte à l'ancienne, et au regard vert espiègle.
- Salut ! Comment tu t'appelles ?
La petite fille hésita un instant.
- Na... Nathalie. Je m'appelle Nathalie.
- Moi, c'est Émilie. Tu es nouvelle dans ce collège ?
- Oui, j'ai déménagé pendant les vacances. Avant, je vivais en Bretagne.
- Alors, bienvenue à Paris ! Tu vas voir, je suis ici depuis le CE1, et tout le monde est très gentil !
Nathalie sourit timidement à Émilie et s'apprêta à la remercier, mais une sonnerie vint la couper. Un grand homme aux cheveux poivre et sel, sans doute le directeur s'avança et réclama le silence. Curieux, les élèves s'approchèrent.
- Avant de commencer à vous répartir dans vos classes, je tiens à...
S'ensuivit le long discours de chaque rentrée. Émilie étouffa un baillement. Nathalie lui jeta un regard amusé. Elle sentait qu'elles allaient bien s'entendre...
- À présent, je vais vous répartir dans vos classes... N'hésitez pas à me prévenir, si j'écorche vos noms. Alors, la sixième A, avec pour professeur principal, Madame Viart.
Une jeune femme aux cheveux roux flamboyant s'avança en souriant.
- Atix, Célestine..
- Beku, Kumiko...
La liste continua.
- Graham de Vanily, Émilie...
Émilie adressa un clin d'œil à Nathalie.
- C'est moi ! souffla t'elle avant de rejoindre sa nouvelle classe.
Le directeur continua à égrener les noms. Nathalie croisait les doigts pour être avec Émilie. La petite fille lui semblait être quelqu'un de formidable. Le suspense était insoutenable. Son cœur se mit à battre douloureusement quand elle entendit :
- Et enfin Tio, Lou.
Nathalie eut envie de fondre en larmes. Elle ne pouvait pas être dans la même classe qu'Émilie, puisque son nom commencait par un "S".
- Maintenant, la sixième B, avec pour professeur principal, Monsieur Le Guinnec.
Un professeur aux sourcils épais s'avança. Il ficha tout de suite la trouille à Nathalie.
- Allain, Pénélope...
- Clémeur, Maria...
La liste continua, et cette fois, Nathalie croisait les doigts pour ne pas avoir ce professeur qui lui faisait peur. Et, encore une fois, son cœur se mit à battre douloureusement lorsqu'elle entendit :
- Sancœur, Nathalie.
"Évidemment. Avec ma chance, c'était évident." pensa t'elle, avant de rejoindre sa nouvelle classe.
Monsieur Le Guinnec les fit monter en classe et commença l'appel. Puis, il leur demanda à chacunde confirmer ses spécialités et ses options.
- Bon, si je ne me trompe pas, tout le monde ici a prit l'option espagnol ?
Nathalie leva timidement la main. Elle sentit tout les regards se tourner vers elle.
- Euh, non, monsieur, moi, je fais allemand.
Le professeur fronça ses épais sourcils, et disparut dans les couloirs. Il revint quelques minutes plus tard.
- Bon, il va falloir te changer de classe. Range tes affaires.
Nathalie obéit, et suivit son professeur. Celui-ci toqua à la porte d'une salle et l'ouvrit. Nathalie se retrouva en présence d'une professeur d'un certain âge aux cheveux blancs bouclés. Ce n'était pas la classe d'Émilie.
- Voici Nathalie Sancœur. Elle doit changer de classe, car elle fait allemand, contrairement à ses camarades. Tu peux te charger d'elle ?
- Oui, je peux, bien sûr. Nathalie, assieds-toi.
Nathalie se crispa un peu. Sa nouvelle professeur principale avait l'air très sévère. Nathalie sortit ses affaires, quand Monsieur Le Guinnec se montra à nouveau.
- Excusez-moi, mais je vais encore devoir changer Nathalie de classe, car elle fait latin, et il n'y a pas de latinistes dans cette classe.
Avec un soupir, Nathalie rangea à nouveau ses affaires. Elle s'éloigna dans les couloirs. Son ancien professeur toqua à la porte d'une autre salle. La professeur qui lui ouvrit était la professeur aux cheveux flamboyants !
- Oui ? Que se passe-t'il ?
- Excusez moi de vous déranger, voici Nathalie Sancœur, qui étudiera désormais avec vous, en raison de ses options. Est-ce enviseagable ?
- Oui, oui, bien sûr ! Viens Nathalie !
- Bien. À bientôt, Madame Viart.
Il ferma la porte et s'en alla.
- Bon, où vas-tu t'asseoir ?
- Ici, madame ! Il y a une place à côté de moi ! piailla une voix surecxitée.
Émilie ! Nathalie en aurait pleuré de soulagement.
- D'accord. Nathalie, va t'asseoir à côté d'Émilie, s'il te plaît.
- Oui, madame.
Nathalie s'assit donc à côté d'Émilie, et lui sourit. Qu'elle est été changée de classe deux fois, pour finalement atterrir dans celle d'Émilie était un signe. Pour la première fois de sa vie, elle avait l'impression d'avoir une amie. Une vraie amie.
***
- C'était génial ! Quand je serais grande, je serais actrice, je le sais ! Cette séance de théâtre m'a ouvert les yeux. Je sais ce que je ferais plus tard !
Nathalie pouffa. Son amie était dotée d'un enthousiasme sans limite. Elle voyait toujours la vie en rose et souriait tout le temps. Contrairement à Nathalie, qui avait souvent du mal à imiter l'optimisme d'Émilie.
- Et toi, Nathalie, tu sais ce que tu feras plus tard ?
- Non, pas vraiment. Mais, je suis organisée, peut-être que je pourrais être ta secrétaire quand tu seras actrice, ajouta t'elle, malicieuse.
- Quoi que tu fasses, tu seras parfaite ! Tu ne te laisses jamais faire, Nathalie. Ta mèche en est la preuve, dit-elle en pointant du menton la mèche écarlate de son amie.
Il n'y avait pas plus d'un an, les deux amies avaient été victimes de harcèlement et de racket. Nathalie avait été la première à réagir, à avoir été parlé à un professeur. Les deux brutes qui les terrorisaient avaient été sévèrement punies. Le lendemain, Nathalie s'était rendue chez le coiffeur, et avait teint une de ses mèches de cheveux en rouge vif. Plus jamais, plus jamais, elle ne laisserait quelqu'un s'en prendre à son amie.
***
- Nathalie, tu ne te rends pas compte ! Il... il m'a dit qu'il m'aimait ! Qu'est-ce que je dois lui répondre ? Je suis tellement stressée !
- Calme-toi, Émilie ! Dis-lui simplement que tu l'aimes, toi aussi, et tout ira pour le mieux, dans le meilleur des mondes !
- Tu en es sûre ? C'est mon premier rendez-vous avec un garçon, je ne veux pas tout gâcher...
- Ne t'en fais pas... Gabriel est vraiment quelqu'un de bien. Je sais que vous vous entendrez à merveille.
- Quand même... je n'aurais jamais cru qu'il me considèrerait autrement que comme une amie...
Nathalie replaça ses lunettes sur son nez. Et soupira devant la panique compréhensible et à la fois adorable de son amie. Elles avaient rencontré Gabriel à l'université, où il étudiait la mode, Émilie le théâtre, et Nathalie, la gestion et l'organisation. Ils avaient formés un trio extrêmement soudé. Et aujourd'hui, Gabriel venait d'avouer à Émilie qu'elle était pour lui beaucoup plus qu'une amie.
- Allez, calme-toi. Tiens, le voilà qui arrive.
En effet, Gabriel approchait d'elles, hésitant. Nathalie recula de quelques pas, afin de les laisser seuls. Elle n'entendit pas leur conversation, mais sourit en voyant Émilie replacer une mèche blonde derrière son oreille. Et puis, sous ses yeux attendris, Gabriel prit les mains de son amie dans les siennes et l'embrassa tendrement. Nathalie applaudit intérieurement. Émilie aimait Gabriel depuis qu'elle l'avait rencontré. Et elle avait désespéré de voir ses sentiments sans retour. Jusqu'à ce jour. Pendant des semaines, elle avait décrit à Nathalie les sentiments qui l'habitaient. Le rougissement, les bégaiements, le cœur qui battait la chamade... autant de sensations que Nathalie pensait ne jamais ressentir...
***
- Allez Nathalie, viens danser !
- Je ne danse pas, Émilie, très peu pour moi.
Émilie soupira.
- Allez, Nathalie, s'il te plaît... C'est quand même grâce à toi, tout ça. C'est toi qui m'a convaincue d'aller lui parler. C'est grâce à toi, que, aujourd'hui, je vis le plus beau jour de toute ma vie.
- N'exagérons rien...
Émilie désigna les danseurs qui tournoyaient au mileu de la salle de danse. Elle était vêtue d'une longue roble blanche, brodée de motifs délicats, aux manches en dentelles. Une fleur dans les cheveux, elle souriait. Aujourd'hui, elle célébrait son mariage avec Gabriel Agreste, ce garçon qu'elle avait rencontré l'université. Elle avait l'air tellement heureuse que Nathalie en eut un pincement au cœur. Pourquoi ne parvenait elle pas à imiter l'enthousiasme de son amie ?
- Bon, d'accord. Mais pas longtemps...
Émilie, tout sourire, la prit par la main et l'entraîna dans la foule des danseurs.
***
- Émilie, je t'en supplie ! Ne t'en va pas...
- Je n'ai pas le choix, Nathalie. Si je pouvais rester, crois-moi, je le ferai...
- Ce n'est pas juste ! Tu as fait ça par amour ! Pourquoi la vie devrait t'elle t'emporter ?
- Ce n'est pas la vie qui m'emporte, Nathalie, ce sont des pouvoirs avec lesquels je n'aurait pas dû jouer. Que veux-tu ? Je n'avais pas le choix. Cela me rendait tellement triste de voir Amélie ne pas avoir d'enfant. Je sais que Félix lui apportera beaucoup de bonheur. Plus que ce bijou ne m'en a apporté. Ne t'en fais pas. Tu y survivras. Et Gabriel aussi.
- Non ! Il t'aime trop ! Et moi aussi. Comment pourrais-je survivre sans ma meilleure amie à mes côtés, pour me soutenir, pour m'écouter, pour me consoler ? Sans ma meilleure amie qui a toujours été là ?
- Tu y arriveras. Oh. Avant que j'oublie. Prends bien soin d'Adrien et de Gabriel. Merci pour tout, Nathalie.
- Émilie...
Mais il était trop tard. Émilie ne lui répondrait pas. Elle ne lui parlerait plus jamais. Nathalie sentit les larmes lui embuer les yeux et ruisseler sur ses joues brûlantes. Elle se leva, et se força à les essuyer, à prendre un regard impassible. Maintenant.. il lui fallait annoncer à Gabriel et Adrien la triste nouvelle.
***
- N'ayez crainte, monsieur. Nous la ramènerons. Ensemble. Je vous soutiendrais dans votre projet.
- Vous n'avez donc pas peur de ce dans quoi vous vous lancez ?
- Pourquoi devrais-je avoir peur ? Elle était ma meilleure amie. La femme la plus extraordinaire que j'aie jamais rencontrée. Il est normal que je vous aide.
-Bien. Je vous remercie. Surtout, n'utilisez jamais le Miraculous du Paon. Je ne veux pas vous mettre en danger comme je l'ai mise en danger.
- Bien, monsieur.
Nathalie retint un sourire. Gabriel venait de lui demander de l'aider à rescussiter Émilie. Et elle avait accepté. Elle se sentait toujours coupable de ne pas avoir réussi à raisonner son amie.
" C'est pour Adrien que nous le faisons. Il est tellement triste sans sa mère."
Nathalie avait vu Adrien grandir, et elle s'était prise d'affection pour lui. Et, son père, Gabriel, avait beau être un homme strict, elle savait qu'il cachait une part de bonté en lui. Qu'il soit prêt à tout pour ramener sa femme, c'était... touchant.
***
"Comment pourrais-je lui dire ? Cela fait plus de deux ans que je l'aide à ramener Émilie... Me croirais t'il ? J'en ai assez de cacher mes sentiments ainsi... Après tout, je n'ai fait que cela. Me cacher. Tout le temps. Je dois absolument le lui dire. Cacher mes sentiments me tue, encore plus que porter le Miraculous du Paon"
Nathalie fut sortie de ses pensées par Gabriel qui entrait dans sa chambre, l'air bouleversé. Il s'assit à côté de Nathalie, le regard dans le vague.
- Que se passe t'il, monsieur ?
- Je... je ne sais pas... je suis complètement perdu...
- C'est-à-dire ?
- Eh bien... je viens, encore une fois, d'échouer à récupérer les Miraculous de Ladybug et Chat Noir. Je suis allée voir Émilie...et, je ne sais pas trop ce qui s'est passé, j'ai eu une sorte de flash. Une vision qui me montrait toutes les fois où vous m'aviez aidé au péril de votre vie... Et je me suis rendu compte de quelque chose d'éberluant...
- Quoi donc ?
Le styliste baissa les yeux.
- Ce n'est plus Émilie que j'aime. C'est vous. Je sais que je vous ai fait trop de mal pour espérer un retour à mes sentiments, mais je voulais que vous le sachiez.
Il s'apprêta à se lever, mais Nathalie posa une main douce sur son épaule et le retint.
- Vous aviez toutes les raisons d'espérer. Peu m'importe le mal que vous avez pu faire, à moi, comme aux autres Parisiens, car je suis prête à tout les sacrifices pour vous. Je vous aime Gabriel.
Il en eut le souffle coupé.
- Vous...vous m'aimez ?
- Plus que tout au monde.
Gabriel se pencha et déposa un baiser papillon sur les lèvres de Nathalie. Un de ces baisers papillon qui se pose et s'envole juste après. Nathalie le retint, l'empêchant de s'envoler, et se laissa emporter, le transformant en un baiser brûlant.
Un baiser aveu.
Un baiser promesse.
2212 mots. Je l'ai commencé après la publication de "Ressucito", mais je l'avais en tête depuis deux semaines. En plus, je l'avais presque terminé, que j'ai fait une fausse manoeuvre, et que je l'ai supprimé. J'ai beugé, à ce moment. Franchement, c'est pas mal, je trouve, même si j'aime pas trop la fin. Alors OUI, j'ai clairement raconté ma rentrée en quatrième, qui s'est passée exactement comme ça, au détail près. A part le nom des profs.
Bref, qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars
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