Chutes
Papillon s'arrêta net au milieu du souterrain.
Mayura et lui étaient partis une semaine auparavant au Brésil, à la recherche de nouveaux pouvoirs qui leur permettraient de battre Ladybug et Chat Noir. Nathalie avait découvert un vieux temple au fin fond de la forêt tropicale, et à présent, ils en exploraient tous les deux les souterrains.
Et comme tout ne pouvait pas être parfait, ils devaient absolument se dépêcher. Par une incroyable coïncidence, et pour leur plus grand malheur, Ladybug et Chat Noir se trouvaient aussi au Brésil, les avaient surpris dans les ruines, et les poursuivaient. Heureusement, à deux, ils étaient plus forts. Mayura l'avait plusieurs fois sauvé des pièges qui parsemaient les souterrains, qui lui auraient coûté la vie, si elle n'était pas intervenue. Oui, il était décidément bien heureux qu'elle soit avec lui.
Sans elle, il ne savait pas s'il aurait pu trouver le temple. Sa présence était tellement réconfortante... Ils couraient tous deux, à présent, s'efforçant d'échapper à leurs ennemis.
Et il venait de s'arrêter, le cœur battant la chamade. Il y avait un piège à quelques mètres de lui, il en était certain.
Mayura le dépassa, et déclara :
- Je vais passer en éclaireur, Papillon.
Papillon ne réagit que quelques secondes plus tard et cria :
- Mayura, attention !
Elle se retourna, surprise, et voulut lui demander pourquoi, lorsque, soudain, le sol se déroba sous ses pieds.En poussant un cri terrifié, la jeune porteuse chuta dans la trappe abyssale qui s'était ouverte dans le sol.
- Mayura !
Papillon se précipita au bord du précipice. Ses doigts effleurèrent ceux de Mayura, mais il ne parvint pas à les saisir. Sous ses yeux horrifiés, son amie disparut dans le gouffre. Il poussa un cri désespéré.
- Mayura ! Non ! Non, non ! Non...
Il se mit à pleurer. Les sanglots l'étouffaient, il ne parvenait pas à croire à ce qu'il venait de se passer.
Des pas résonnèrent derrière lui. Évidemment. Il n'avait plus aucune chance d'échapper à Ladybug et Chat Noir. Mais il s'en fichait. Mayura était tombée, elle était sûrement gravement blessée, voir pire. La fuite ne servait plus à rien.
Quand les deux super-héros arrivèrent, ils furent surpris de trouver leur ennemi en larmes, agenouillé devant un trou béant.
- Papillon, que se passe-t-il ? Où est Mayura ?
Leur ennemi pointa le gouffre du doigt et articula pénibement :
- Elle... elle est tombée là-dedans...
- Mon Dieu ! s'exclama Ladybug. Comment-est-ce arrivé ?
- Elle marchait devant moi... Je lui ai crié de s'arrêter, mais il était trop tard. Le sol s'est dérobé sous ses pieds, et elle est tombée.
Papillon tourna vers l'héroïne un visage ravagée par les larmes.
- Je n'arrive pas à y croire... Elle et mon fils sont tout ce que j'ai de plus précieux...
- C'est votre femme ? demanda Chat Noir.
- Non, mon assistante. Ma femme est morte il y a un an et demi et c'est pour la ranimer que je voulais vos Miraculous. Mayura s'est sacrifiée pour que je réussisse et au fil du temps, j'ai acquis beaucoup d'affection pour elle. Mais je me suis voilé les yeux et je me suis focalisé sur ma femme décédée alors que mon cœur me hurlait que j'aimais Mayura. Et maintenant, elle est partie...
- Il faut absolument la sortir de là ! s'exclama Ladybug. Son Miraculous a dû la protéger des blessures physiques ! Nous allons t'aider à la sortir de cette abysse !
- Pourquoi feriez-vous ça ?
- Pardon ? s'étrangla Ladybug.
- Oui, pourquoi m'aideriez-vous ? Je suis votre ennemi, après tout.
- Nous prends-tu pour des monstres ? s'indigna Chat Noir. Nous aidons tout ceux qui ont besoin de nous, même si ce sont nos ennemis !
- Alors, merci. Merci à vous deux.
Ladybug saisit son yo-yo et le déroula dans le gouffre. Lorsqu'elle le ressortit, au bout de dix minuts, des gouttes d'eau tombèrent au sol.
- Ce gouffre est vraiment profonde de plusieurs dizaines de mètres. Et... où qu'elle soit tombée, il y a de l'eau. Beaucoup d'eau...
***
Mayura reprit conscience d'une manière assez désagréable. Elle se noyait ! Elle toussa, avala sans le vouloir une gorgée d'eau glaçée et, d'un coup de pied remonta à la surfaçe de la rivière souterraine qui l'emportait. Elle inspira une bouffée d'oxygène, et retomba sous la surfaçe. Dans sa panique, elle eut un geste désespéré : elle arracha une plume de son éventail, la changea en amok et façonna un Sentimonstre qui l'aida à s'extirper des eaux glaçées et à remonter sur une berge. Épuisée par ses efforts, elle fit disparaître le Sentimonstre et s'endormit, vaincue par le froid et la fatigue.
***
- C'est peut-être une bonne chose, avança Chat Noir. Au moins, elle a de quoi boire...
- Et si c'était une rivière souterraine ? s'effraya Papillon. Elle risque la noyade !
- Son pouvoir est de créer des êtres vivants, lui rappela Ladybug. Elle a pu en créer un pour sortir de l'eau !
- Et si ce n'était pas le cas ? paniqua Papillon.
- Mayura est forte, répliqua Chat Noir. Et son Miraculous est extrêmement puissant. Si il lui est arrivé quelque chose, elle aura su quoi faire.
- Mais elle était affaiblie ! J'ai été assez idiot pour lui remettre à nouveau le Miraculous du Paon alors qu'il lui avait déjà causé un nombre de souffrances inimaginables ! Si il lui est arrivé quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais !
- Je comprends que tu sois inquiet, Papillon, chuchota doucement Chat Noir. Mais tu dois lui faire confiance. Nous allons la retrouver.
- Mais pour cela, tu dois aussi nous faire confiance , déclara Ladybug. Nous fais-tu confiance ?
Papillon hésita un instant avant de répondre un mot, un seul :
- Oui.
***
Mayura se redressa, étourdie par sa longue chute et son combat contre les eaux glaçées. Elle grimaça. Son corps la faisait souffrir, elle se souvenait d'avoir heurté rocher sur rocher.
Un froid terrible la glaçait jusqu'aux os. Elle leva la tête. Un miniscule point de lumière se situait quelques dizaines de mètres plus haut. Elle frissona. Qu'elle soit encore vie tenait du miracle.
- Papillon ! appela-t-elle d'une voix ténue.
Peine perdue. Sa voix ne portait pas assez. Elle était frigorifiée, épuisée, elle n'avait plus de forces, elle voulait juste s'endormir et découvrir au réveil que tout n'était qu'un cauchemar, un simple cauchemar.
Elle tenta une nouvelle fois d'appeler son ami, en vain. Elle était bloquée, et elle ne voyait pas du tout comment elle allait s'en sortir.
Elle sursauta soudain.
"Oh non ! Duusu !"
- Détransformation ! lança-t-elle aussitôt.
Le Kwami du Paon atterrit dans ses mains.
- Est-ce que ça va, Duusu ? demanda-t-elle.
Le petit Kwami éternua en guise de réponse. Duusu était bel et bien malade.
Ce qui signifiait qu'elle ne pouvait pas se retransformer.
- Je n'ai rien pour te réchauffer ! paniqua-t-elle. Attends une seconde ! Si, j'ai ma veste.
Elle ôta son vêtement et enveloppa son Kwami.
- Maîtresse, ne vous occupez pas de moi ! Transformez-vous, vite ! s'indigna Duusu.
- Il est hors de question que je me transforme alors que tu es malade ! s'écria Nathalie.
- Mais maîtresse... comment allez-vous faire pour vous éclairer sans créer de Sentimonstre ? Ça va mal finir, cette histoire ! Oh là là là là, ce que j'ai faim !
Nathalie sortit quelques amandes de sa poche et les donna à son Kwami qui la remercia et les avala aussitôt.
- Papillon va venir, déclara-t-elle. Il va m'aider, j'ai confiance en lui.
***
- Papillon, accroche-toi bien, dit Ladybug. J'ignore jusqu'où descend ce gouffre, et il derait idiot que tu y tombes toi aussi.
Papillon opina et s'accrocha au yo-yo que Ladybug déroulait.
- Faites attention et ramenez-nous Mayura, demanda Chat Noir.
- Tirez deux fois sur la corde quand vous l'aurez trouvée et appelez-nous en cas de souci, recommanda Ladybug.
- Bien sûr.
Ladybug déroula le yo-yo et Papillon commenca sa descente.
Il faisait terriblement sombre au milieu du gouffre, mais, et heureusement pour lui, Papillon avait, au fil des mois, acquis la capacité des papillons de nuit de voir dans le noir. Ainisi, il pouvait voir les rochers horriblements pointus qui semblaient se précipiter vers lui. Il redoutait par-dessus tout de retrouver le corps brisé de Mayura sur l'un de ces rochers... Cette image le hantait, lui faisait battre le cœur plus vite, lui donnait des nuées d'angoisse.
Combien de temps poursuivit-il sa descente ? Il n'aurait su le dire. Deux heures, peut-être trois, il avait arrêté de compter.
Son cœur se mit à battre douloureusement lorsqu'il entendit les remous d'une rivière.
Il appela aussitôt Ladybug.
- Ladybug ! Il y a bien une rivière souterraine, ici. Que dois-je faire ?
- Regarde sur la berge, si tu ne vois pas quelque chose, suggéra l'héroïne.
Papillon raccrocha et regarda sous lui. Il discernait parfaitement les pointes rocheuses, les cavités et la rivière qui grondait sous ses pieds.
Il prit appui sur un rocher glissant et sauta sur la berge. Il parcourut une courte distance, ses yeux s'habituant peu à peu à l'obscurité.
Son cœur rata un battement, lorsque, après dix minutes de recherches, il distingua une forme étendue à quelques mètres de lui. Il s'approcha. C'était Nathalie, oui, c'était bien elle, cette forme immobile sur le sol. Il se précipita à ses côtés, en proie à une inquiétude sans nom et la prit dans ses bras. Elle s'était débarrassée de sa veste et frissonnait tant elle avait froid.
À côté d'elle, Duusu, enveloppé justement dans sa veste, éternua. Papillo, appela immédiatement Ladybug.
- Je l'ai trouvée ! Elle est glacée, Ladybug, elle tremble de froid, et son Kwami est malade !
- Chat noir va t'aider à la remonter, répondît l'héroïne. Je te l'envoie.
Elle raccrocha. Nathalie, au son de la voix de Papillon, leva la tête.
- Monsieur... murmura-t-elle.
D'un regard tendre, il lui fit signe de se taire, de ne pas s'épuiser pour rien.
- Tout va bien, Nathalie. Nous rentrons à la maison.
***
Une semaine plus tard, manoir Agreste.
Gabriel entra dans la chambre de Nathalie. La jeune femme était encore très pâle suite à sa récente aventure, et quelques bleus et égratignures parsemaient ses bras et son visage, mais en dehors de ça, elle n'avait rien. Elle était une véritable miraculée.
Gabriel s'assit sur son lit et lui demanda comment elle allait. Avec un sourire timide, elle répondît qu'elle se sentait bien, qu'elle n'avait que des blessure sans gravité, et que sa seule présence à ses côtés suffisait à la guérir.
Elle lui demanda ensuite comment allaient Ladybug et Chat Noir. Il lui répondît qu'ils allaient bien, très bien même, puisque, rapprochés plus encore par leur aventure, ils s'étaient trouvés et filaient le parfait amour.
Un amour qui causait bien des changements, que Gabriel contemplaient en silence chez son fils, Adrien, qui avait trouvé le bonheur auprès de Marinette Dupain-Cheng, en même temps que Ladybug avait trouvé le sien auprès de Chat Noir. Tous les quatre étaient parfaitement heureux à présent.
Ladybug et Chat Noir revenaient souvent demander des nouvelles de Nathalie. Il leur répondît qu'elle était encore très faible. Il leur disait qu'il aurait voulu lui avouer tout ce qu'il ressentait pour elle, mais qu'il n'osait pas, qu'il avait peur qu'elle ne le rejette après tout ce qu'il avait fait.
Chat Noir avait secoué la tête, décrétant qu'il connaissait bien Nathalie, et que, jamais, elle ne refuserait de l'aimer.
Gabriel avait suivi ses conseils, et avait renoncé à ses Miraculous avant de se détransformer sous leurs yeux. L'expression atterrée de Chat Noir n'avait pas échappé à Gabriel, et elle lui revenait sans cesse dans la tête. Le héros semblait bien le connaître... Parallèlement, Adrien, dès le lendemain, avait eu du mal à lui parler.
Adrien était-il Chat Noir ? Sans doute. Il lui faudrait lui parler, lui parler avec son cœur, s'excuser pour tout.
La voix douce de Nathalie vint le sortir de se pensées.
- Monsieur ? Vous allez bien ?
- Oui, merci, mais Nathalie, combien de fois devrais-je te le répéter ? Tu peux arrêter de me vouvoyer, de m'appeler "monsieur"...
- Si je le faisais, je ne vous considèrerais plus comme mon supérieur, fit remarquer Nathalie. Je ne peux pas vous tutoyer, car cela me donnerait trop d'espoir, et je n'aime pas espèrer pour être déçue juste après.
- Qu'espèrerais-tu si nous nous tutoyions ?
Nathalie baissa les yeux et rougît.
- Que... que vous puissiez m'aimer... comme moi, je vous aime.
Gabriel lui prit les mains, et la regarda droit dans les yeux.
- Alors je crois que tu vas pouvoir me tutoyer, car je t'aime, je t'aime, et depuis longtemps, tu sais, mais l'amour est un sentiment si compliqué, qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour me débarasser du voile qui me couvrait les yeux et m'aveuglait.
À la fin de sa déclaration, il croisa le regard de Nathalie, et fut surpris d'y croiser l'incrédulité.
Alors, dans un sourire réconfortant, il lui assura que c'était vrai, qu'il l'aimait comme il n'avait jamais aimé personne, qu'il serait toujours à ses côtés, quoi qu'il arrive, et qu'elle n'avait plus besoin de vivre dans la peur des chutes.
D'un regard timide, il lui demanda si il pouvait l'embrasser. Elle répondît d'un hochement de tête, une éteincelle lumineuse dans les yeux. Lorsque Gabriel déposa ses lèvres sur les siennes, Nathalie sentit un torrent d'émotions l'envahir, bien différentes de celles qu'elle éprouvait autrefois. Cette fois, c'étaient des émotions qu'elle avait envie de partager avec le monde entier. Elle était là, blottie contre Gabriel, elle était heureuse.
Un rayon de Lune vint envelopper la scène d'une brume argentée.
Et c'était si joli...
2220 mots. Je suis vraiment à fond, ces temps-ci. En même temps, avec la diffusion de Réplique qui arrive, il faut se presser.
Deuxième des trois OS que je prépare depuis longtemps. Le troisième arrive bientôt, promis.
L'inspi m'est venue comme ça, pouf dans les escaliers. Et pour la fin, c'est de l'impro de l'impro totale. C'est bien, non ?
Conscience : Moui, t'as juste commencé à écrire comme Marguerite Duras, à part ça tout va bien.
Moi : Chère conscience, voudrais-tu avoir l'obligeance DE TE TAIRE ?
Bref. Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top