Célébration


Adrien rayonnait.

Cela ne lui arrivait pas souvent, que le bonheur fasse ressortir son sourire ainsi.

Mais en ce moment, il ne pouvait que sourire. Aujourd'hui, était son anniversaire. Et pour la première fois, son père lui avait donné l'autorisation de le célébrer.

Quinze ans. Il avait quinze ans.

Quinze ans, et des étoiles dans les yeux.

Quinze ans, et des rêves dans la tête.

Quinze ans, et du bonheur dans le cœur.

*********

Quinze ans.

Son fils avait quinze ans.

Quinze ans.

Il n'était plus le petit garçon qu'il avait tenu dans ses bras.
Il était son fils, si merveilleux.

Il avait quinze ans.

Il avait quinze ans, et pour la première fois depuis longtemps, il souriait vraiment.

*********

Quinze ans.

Son petit protégé avait quinze ans.

Quinze ans, déjà.

Quinze ans. Comme le temps passait vite.

Elle, aujourd'hui, elle avait vingt-neuf ans.

Vingt-neuf ans, et une ombre dans les yeux.

Vingt-neuf ans, et des cauchemars dans la tête.

Vingt-neuf ans, et un poids immense sur le cœur.

***********

– Père, je... je ne vous remercierai jamais assez.

– Adrien, je te devais bien cela. Inutile de me remercier.

– Vous n'aviez jamais fait cela, auparavant.

Adrien désigna du regard Marinette, Nino, Alya, et tous ses amis, qui discutaient amicalement, réunis autour d'une table.

L'après-midi s'était déroulé entre les jeux à l'extérieur, et les jeux de société, à l'intérieur. Gabriel avait spécialement dégagé la salle à manger pour que les amis de son fils puissent danser. Adrien avait insisté pour qu'ils puissent le faire. Il savait que certains de ses amis aimaient danser, plus particulièrement avec l'élu de leur cœur.

Ainsi, les couples avaient défilé sur la piste. D'abord les plus téméraires, Nino et Alya, rejoints par Rose et Juleka, Nathaniel et Marc, Mylène et Ivan, Kim et Alix, Kagami et Luka, Sabrina et Max, plus amis qu'amoureux.

Chloé n'avait pas pu venir, de voyage aux États-Unis avec sa mère. Ce qui ne l'avait pas empêché d'envoyer un message vidéo à son ami pour lui souhaiter un merveilleux anniversaire.

Étaient restés, sur le bord de la piste, Marinette et lui. 

"Et puis flûte. Je l'aime. Pourquoi ne pourrais-je pas danser avec elle ?"

Après un dernier remerciement à son père, Adrien avait pris Marinette par la main, et l'avait invitée à danser d'un regard chaleureux. La bleutée avait rougi aussitôt, comme à son habitude, et s'était laissée entraîner.

Après une valse épuisante, ils s'étaient assis côte à côte sur une chaise. 

– C'était une très belle danse, avait dit Marinette, merci, Adrien.

– De rien. Cela me faisait plaisir, de danser avec toi.

Encore une fois, elle avait rougi, et un silence gênant avait remplacé leur connivence amicale.

Puis, Adrien avait pris la parole, d'une voix hésitante.

– Marinette ? Tu veux savoir pourquoi je voulais danser avec toi ?

Marinette n'avait pas répondu. Dans ses yeux dansaient une flamme mi-joyeuse, mi-anxieuse. Elle redoutait la suite des paroles d'Adrien.

– Lorsque Ladybug est apparue pour la première fois, je suis tombé amoureux d'elle. J'ai tout fait pour attirer son attention, mais elle ne me prêtait pas vraiment d'attention autre qu'amicale. Au fil du temps, j'ai abandonné tout espoir. Je ne savais rien d'elle. Notre histoire était sans espoir. J'étais triste, malheureux. Et à ce moment, je t'ai aperçue. Comme je ne t'avais jamais regardée, je l'ai fait. Ce jour-là, tu aidais une personne âgée à traverser la rue. Le lendemain, tu expliquais à des sixièmes le fonctionnement du collège. Et chaque jour, tu accomplissais une nouvelle action bienfaitrice. Et je me suis dit que je n'avais jamais vu de personne aussi gentille que toi. Je n'oublie pas que c'est en partie grâce toi que je suis ici, avec vous. Et je...enfin, là où je veux en venir... c'est que... pour moi, tu es plus qu'une simple amie. Enfin... que j'aimerais, que toi et moi, nous ne soyons pas que de simples amis. Tu comprends ?

Marinette avait très bien compris. Elle lui avait répondu par un baiser délicat sur la joue, qui avait transporté le mannequin dans un élan de joie irréversible.

Marinette lui avait alors expliqué toutes les émotions par lesquelles elle était passée depuis son arrivée au collège. Passion, peur, tristesse, déni, jalousie... Cœur en feu, cœur brisé, cœur doux...

Ciel rempli d'étoiles. Descendues sur terre pour leur en remplir le cœur. Les deux adolescents s'étaient embrassés aussi doucement que si les étoiles étaient aussi fragiles que leur amour ne l'avait été.

– Adrien ? Tu es toujours d'accord ? Pour ce soir ?

Adrien hocha la tête, brusquement arraché à ses pensées.

– Bien sûr. Je n'aurais changé d'avis pour rien au monde.

*************

Quinze ans. Il avait quinze ans, aujourd'hui.

Elle, elle aurait vingt-neuf ans, ce soir.

On le lui avait fêté, à lui, son anniversaire ?

Qu'on le lui fête à elle, ce n'était que justice, non ?

Pour tout ce qu'elle avait fait, elle méritait même dix fois plus.

*************

Vingt-neuf ans. 

Ce soir, elle aurait vingt-neuf ans.

Sa Nathalie, son amie d'université, sa confidente, son alliée. Sa meilleure amie.

Celle qu'il aimait.

Celle qu'il aimait.

Celle qu'il l'aimait et qu'il avait tant fait souffrir.

Celle qui ne lui pardonnerait peut-être jamais.

Celle qui l'avait aimé.

Celle qu'il aimait.

*************

– Monsieur... Sincèrement, je ne pense pas que ce soit une très bonne idée.

– Ce ne sera pas long, Nathalie. Juste un petit tour de jardin. J'aurais besoin de vous parler un peu.  S'il vous plaît.

– Ne parlez pas des Miraculous, Gabriel. S'il vous plaît. Je ne peux plus en parler. Je ne peux plus vous suivre là-dedans.

– Je comprends, Nathalie.  Je n'en parlerais pas, si c'est ce que tu désires.

Nathalie ne releva pas le tutoiement soudain. Gabriel l'aida à se relever, et ils sortirent de la chambre.

Caché derrière l'escalier, Adrien et Marinette attendaient le moment où ils sortiraient du Manoir. Lorsque ce fut chose faite, ils montèrent à toute vitesse, les bras chargés, et se faufilèrent à l'intérieur de la chambre de Nathalie.

Marinette resta bouche bée devant la richesse de la décoration de la pièce. Jamais, au grand jamais, elle n'avait vu autant de livres, de tapis et de tableaux. Il n'allait plus rester de place pour leurs décorations à eux !

Adrien jeta un coup d'œil au jardin. Son père et Nathalie marchaient côte à côte, visiblement très proches, le visage illuminé par les doux rayons de la Lune. Il songea qu'il ne serait pas très difficile pour son père d'avouer ses sentiments à la jeune femme.

– Vite, souffla-t-il à Marinette. Il faut qu'on installe tout, et que tu puisses partir à temps... Je suis désolé, mais je ne pense pas que mon père soit d'accord pour que tu restes.

– Il n'y a aucun souci, sourit Marinette. C'est déjà un grand plaisir de t'aider à organiser la fête surprise de Nathalie !

– On peut toujours compter sur toi, Marinette, répondit-il en déposant un baiser sur le nez de l'adolescente.

Marinette rougit un bref instant, et tout deux commencèrent à installer leurs décorations.

*************

Gabriel et Nathalie entrèrent dans le Manoir. Leurs pas résonnant dans le couloir n'échappèrent pas à Adrien et Marinette, qui s'entre-regardèrent, paniqués, leurs décorations encore à la main. La bleutée entrouvrit la porte et se  faufila derrière la balustrade de la chambre d'Adrien. Nathalie, accrochant sa veste noire au porte-manteau, ne la vit même pas.

Gabriel aida Nathalie à monter jusqu'en haut. Marinette en profita pour sortir du Manoir. Elle envoya un texto à Adrien pour le rassurer, et courut jusqu'à chez elle, où ses parents l'attendaient avec impatience.

*************

Nathalie ouvrit la porte de sa chambre, épuisée.

La conversation qu'elle avait eu avec Gabriel l'avait chamboulée au plus profond d'elle-même. Il lui avait saisi les mains, l'avait supplié de le pardonner pour ses erreurs passées. Ses erreurs présentes. L'utilisation déraisonnée du Miraculous du Paon en faisait partie.

Nathalie avait eu le cœur brisé par ses excuses. Mais grâce à cela, il s'était soulagé d'un poids si lourd, qu'elle pouvait parfois à peine respirer.

Dans quelques minutes, elle aurait vingt-neuf ans. Mais personne ne le saurait. Encore une fois, elle le fêterait seule, dans son cœur. C'était déjà ça...

– Oh !

Le cri lui avait échappé.

Il aurait échappé à n'importe qui, devant ces guirlandes multicolores accrochées partout dans sa chambre, ces ballons or, blancs, bleu ciel et rouges, cette petite table recouverte d'un joli gâteau, préféré de Nathalie depuis son enfance, ces jeux de société empilés les uns sur les autres, et ce paquet, posé sur son bureau....

Assis sur son lit, Adrien souriait de toutes ses dents. Pétrifiée par la surprise, Nathalie n'osait pas avancer. Gabriel la poussa gentiment en avant.

– Tu peux y aller. Nous savons que c'est ton anniversaire aujourd'hui, comme c'est celui d'Adrien. Il a eu sa petite fête, à ton tour d'avoir la tienne. Nous avons fait ça pour toi, Nathalie. Rien que pour toi.

Nathalie sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle se détourna pour les cacher lorsqu' Adrien lui prit la main pour l'entraîner vers une partie d'échecs, qui se conclut par la victoire de la jeune femme, imbattable dans ce jeu.

Gabriel lui remit entre les mains le paquet qu'elle avait vu en entrant dans la chambre. En l'ouvrant, un nouveau cri lui échappa.

La création de Gabriel dépassait de loin toutes les précédentes qu'il avait pu dessiner. Et il la lui remettait à elle. Nathalie Sancœur.

La robe était d'une couleur argentée, très longue. Le haut était ouvert sur les épaules, bordé de dentelle blanche. Les manches étaient ornées de croissants de lunes, alors que le bustier gardait un argenté simple, malgré le fait qu'il soit légèrement bordé de lin plus foncé. Enfin, la jupe, était argentée aussi, sur tout le centre, en largeur, et, comme sur le haut, les côtés étaient ornés de croissants de lunes. Le bord de la jupe était également orné d'une fine dentelle blanche.

C'était une robe magnifique, tout simplement. Faite sur mesure, sans qu'elle le sache. Jamais, au grand jamais, elle n'avait porté tenue aussi ravissante.

Gabriel  lui demanda de la mettre pour continuer la soirée. Elle obéit avec joie.

Elle se détacha les cheveux, les lissa et enfila la robe. L'effet laissa Adrien et Gabriel bouche bée. Nathalie n'avait jamais été aussi ravissante, à croire qu'elle cachait sa beauté, auparavant.

Ce qui était le cas, songea Gabriel...

**************

La soirée se poursuivit dans l'émerveillement. Nathalie et Gabriel riaient, comme des enfants, rattrapant ainsi les enfances joyeuses qu'ils n'avaient jamais eu et auraient dû connaître.

Les jeux de société se succédaient, le temps s'écoulait, sans que personne ne le remarque. Toute timidité oubliée le temps d'une nuit, Nathalie sourit à Gabriel.

Adrien finit par s'endormir dans les bras de Nathalie. Attendrie, elle le ramena dans sa chambre, accompagnée par Gabriel, qui l'attendit au pas de la porte.

– Merci... murmura-t-elle sans oser les yeux. Merci pour cette merveilleuse soirée.

– Merci à toi d'être telle que tu es, Nathalie. Aimable, sérieuse, joyeuse, intelligente, loyale et dévouée. Merveilleuse, tout simplement.

Nathalie rougit. Elle voulut répondre, ne trouva rien à ajouter.

Parce que les mots avaient fait leur travail.

Ils en laissaient une petite part aux gestes.

Gabriel se pencha doucement, tout doucement, pour déposer ses lèvres sur celles de Nathalie.

Vague de bonheur indéfectible, amour à l'état pur.

L'horloge sonna.

Vingt-neuf ans, elle avait vingt-neuf ans.

Vingt-neuf ans, et des étoiles dans les yeux.

Vingt-neuf ans, et des images dans la tête.

Vingt-neuf ans, et du bonheur plein le cœur.

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1832 mots !

Ouf enfin terminé !!!!!

Trois histoires en deux soirées, à l'arrache ! Bon sang de bonsoir, que je suis crevée ! Et dire que je devais faire un musical, à la base ! Non, non, c'est bon, là, j'en peux plus 

Et pis, à propos, merci à @jeannefostergoriot pour le titre !

Joyeux Wattyversaire à tous ceux qui se sont inscrits un 27 septembre comme moi !

Klouk que je suis, j'aurais quand même pu m'apercevoir plus tôt qu'on approchait du mien de Wattyversaire ! J'aurais pu avoir le temps de développer un peu, parce que là...

Bref,

Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Renars

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