Mes amis et mes parents le savent, je n'ai jamais été du genre à exposer clairement mes pensées face à quelqu'un. J'ai toujours appris à ne pas parler, à rester calme et surtout, à agir de sorte à ce que personne ne me remarque de manière négative.

Je me souviens de ce jour où j'avais rencontré Marinette par le plus grand des hasards. Elle sortait du collège tandis que moi j'y entrais, avec mes parents, en direction du bureau du directeur. Nous venions d'arriver à Paris, et je devais m'inscrire dans cet établissement.

À ce moment-là, elle descendait les escaliers avec ses amis dont les noms étaient, si j'avais bien compris, Alya et Nino. Ils semblaient être en pleine discussion à propos d'un de leurs amis. Puis mon regard avait croisé celui de la jeune franco-chinoise.

Je ne saurais décrire exactement ce que j'avais ressenti à ce moment-là. Il brûlait dans ses yeux comme une flamme de détermination et de conviction que je n'aurais jamais réussis à avoir, et j'en fus immédiatement admirative.

Je m'étais arrêtée pour la fixer et elle avait fait de même.

- Marinette ? L'avait appelé Nino alors qu'elle me sondait du regard.

- Pardon ! Oui alors, à propos d'Adrien...

Et ils étaient repartis.

Après mon inscription, j'avais demandé à mes parents de me laisser rentrer seule pour pouvoir être capable de revenir le lendemain sans GPS. Ils avaient accepté bien sûr et étaient repartis en voiture en me demandant de les appeler si j'avais un problème.

Paris était une grande ville, évidemment, c'était la capitale si incroyablement célèbre de la France. Mais personnellement, je la trouvais trop bruyante. Il y avait des gens partout, certains criaient, d'autres marchaient les yeux collés sur leur téléphone, je voyais parfois des sans-abri assis contre les murs froids des grands bâtiments... Je me sentais beaucoup trop loin de ma petite campagne normande.

Je ne sais pas combien de fois j'avais répété à mes parents que je ne voulais pas déménager dans la capitale, mais au final, je n'avais pas vraiment le choix et mon père devait s'y trouver pour un travail...

Arrivée chez moi, j'avais soufflé de consternation en voyant le mini appartement que mes parents avaient trouvé, encore une fois bien loin de notre ancienne maison, perdue au milieu des champs.

J'étais entrée, ne prêtant pas attention au couple qui se disputait dans le hall et j'étais monté directement vers mon nouveau chez moi. En sortant les clés de la poche de mon manteau, j'avais fait tomber mon téléphone.

- Génial... Je suis bonne pour m'en racheter un... Avais-je dit en constatant les dégâts.

J'avais ensuite râlé sur cet endroit, comme je ne cessais de le faire depuis qu'on était arrivés ici, lorsqu'une jeune fille était sorti de l'appartement voisin.

On avait échangé un regard, je m'étais rapidement levé, mon portable en main avant qu'elle ne me demande :

- Nouvelle voisine ?

J'avais hoché la tête. Puis je m'étais présenté et elle avait fait de même avant de redescendre vers le grand hall, et moi j'étais entré dans mon appart.

Aujourd'hui, c'était mon premier jour. Et je pus constater que celle qui s'était présentée hier comme s'appelant « Lize » prenait le même chemin que moi.

Nous marchions en silence pendant tout le trajet, chacun avec nos écouteurs, je n'avais pas plus envie que ça de lui parler. Je n'étais pas vraiment en forme le matin, je me disais que je n'aurais qu'à aller la voir tout à l'heure pendant les récrés.

Je découvris ma nouvelle classe quand le directeur m'invita à entrer dans cette dernière, et après une rapide analyse, je constatais que Marinette était là, comme Alya et Nino. Il y avait aussi un blond au premier rang que je supposais être Adrien.

Malheureusement, je constatais que Lize n'étais pas là... Moi qui voulais faire connaissance, il allait d'abord falloir que je la retrouve... Je m'installai au fond à côté d'un garçon aux cheveux rouges et suivit le cours que j'avais interrompu.

Au moment de la pause, Alya était venue me voir avec Marinette pour me souhaiter la bienvenue, et très vite elle m'avait présentée Lila. Je me suis dit qu'elle ne pouvait être qu'une personne sympa, vu comment Alya me parlait d'elle.

Jusqu'à ce qu'on ai une discussion sur le racisme pendant l'inter-court.

Elle m'avait raconté tout un tas d'horreurs, mais je n'avais rien dit, rien défendu, comme d'habitude. Et pourtant ce n'était pas l'envie qui me manquait.

Mais je n'avais pas envie de perdre mon amitié toute naissante avec Alya, alors je prenais les réflexions de Lila comme elle, au second degrés.

Même si au fond je savais.

Quand les cloches sonnèrent l'heure du midi, je me dépêchai de sortir pour essayer de retrouver Lize, nous nous étions séparé ce matin en entrant dans le collège et nous n'avions pas eu l'occasion de faire connaissance.

Je la retrouvai dans un coin de la cours, penchée sur un carnet de notes, accompagnée d'une autre fille aux cheveux longs et noirs.

Je m'approchai timidement, ne voulant pas les déranger.

- Salut Lize !

- Ah salut !

- C'est qui ? Demanda l'autre fille.

- Notre nouvelle voisine... Euh ? Mallaury c'est ça ?

- Oui !

Et c'est ainsi que notre amitié démarra.

Sincèrement, je n'étais pas spécialement du genre à faire le premier pas au niveau social, mais sur ce coup-là, j'avais simplement lassé couler.

Les semaines étaient passé et j'avais vite appris que je ne m'étais pas faite une nouvelle amie, mais un nouvel ami. Lize ne s'appelait pas Lize, enfin c'est ce qui était marqué sur sa carte d'identité, mais il préférait qu'on l'appelle Léandre.

J'avais découvert, avec un peu de mal tout d'abord, l'existence de la communauté transgenre. Enfin, j'avais un oncle qui avait suivi une transition lui aussi, mais je n'avais jamais compris ce qu'il en était.

Maintenant je savais, et j'avais beaucoup parlé avec Léandre pour en savoir un maximum et ne pas faire d'erreurs.

J'avais aussi tout fait pour me lier d'amitié avec Marinette et son groupe. Et très vite je m'étais rendu compte qu'elle ne se mettait aucun filtre quand il s'agissait de parler sur Lila.

J'admirais son courage et sa volonté de défendre son avis au prix de l'amitié d'Alya...

En effet, l'Italienne avait, semblait-il, balancé une réflexion assez limite devant Nino en rapport avec sa couleur de peau, et ce dernier l'avait mal pris. J'étais moi-même complètement en désaccord avec ce qu'elle avait raconté, et je savais très bien que c'était mal ce qu'elle avait fait.

Nino était une personne gentille, un bon gars, drôle et fidèle en amitié comme en amour. Je m'étais d'ailleurs plusieurs fois dit que je serais bien sortie avec lui, s'il n'avait pas déjà été en couple avec Alya.

Dans tous les cas, il n'avait rien à voir avec les clichés que le monde avait sur les personnes à la peau noire, et que Lila avait elle-même proliférer.

Mais au final, on avait juste dit quelque chose du genre :

- Arrête Lila, c'est pas cool.

Avec un léger sourire qui aurait pu passer pour de la complicité alors que ce n'était que de la gêne.

La seule à avoir défendu Nino, c'était Marinette. Et je ne peux même pas dire combien j'aurais aimé pouvoir le défendre de la même manière.

Mais je ne voulais pas que Lila s'énerve contre moi, ou qu'Alya me dise que j'exagérais comme elle le faisait à l'instant avec Marinette.

Je n'ai jamais su défendre mes idées, parce que je ne voulais avoir de problème avec personne.

Puis est arrivé un moment ou la vie m'a confronté directement à un choix critique : garder mon amitié avec Alya ou conserver une amitié sincère à laquelle je tenais.

Lila s'en était prise à Léandre, accompagnée de Chloé Bourgeois. On était au self à ce moment-là, on était à table et je l'avais invité à manger avec nous.

Il y avait à notre table Lila, Chloé, Sabrina, Adrien, Alya, Nino, Marinette, moi et Léandre. Pauline ne mangeait pas au self aujourd'hui et je ne pouvais pas laisser Léandre tout seul.

Au début, les deux insupportables filles n'avaient lancés que des petites réflexions, faisant exprès de genrer Léandre au féminin. Je le voyais à côté de moi se tendre, serrer les poings et manger en silence.

- Taisez-vous toutes les deux, arrêtez un peu de dire des conneries... Avait soufflé Marinette à un moment.

- Oui Chloé, calme-toi... Avait ajouté Adrien.

- Quoi ? On ne sait même pas ce qu'elle est !

À ce moment, Léandre se leva d'un mouvement brusque, prit son plateau et nous salua avant de partir. Il naquit en moi comme frustration, une boule dans mon estomac avant que Lila ne rajoute :

- Elle n'est même pas capable de faire la différence entre « il » et « elle » alors bon débarras !

Et c'est à ce moment-là que mon esprit vrilla. Une colère sourde s'empara de moi et il fallait absolument qu'elle sorte.

- Vous êtes sérieuses là ?

Ils tournèrent tous la tête vers moi, surpris.

- Vous êtes ridicules ! J'espère que vous vous rendez compte d'à quel point vous êtes répugnantes ?!

- C-calme-toi Mallau-

- Non Adrien, stop ça suffit là ! Ça fait trois mois qu'on se connaît et trois mois que je les vois se comporter comme des pétasses ! Il faut bien que quelqu'un leur explique que leur comportement est naze !

Chloé se leva à cet instant et s'approcha de moi pour me regarder d'un air hautain.

- Hey ! Calme-toi ! Tu es ridicule, totalement ridi-

Je ne la laissai pas finir et la poussai violemment de mes deux mains. Elle tomba à la renverse et tous les yeux se tournèrent vers nous.

- Vous savez quoi ? Je me barre ! Désolée Adrien ! Désolée Alya ! Mais vos deux potes là, ce sont de vraies connasses ! Et il n'est pas question que je supporte leur présence une minute de plus !

Puis j'étais parti rejoindre Léandre pour m'excuser de mon inaction. Marinette et Nino avaient vite fait de venir eux aussi, après avoir exprimé leur propre avis, et j'en fus plus que satisfaite.

La pression retomba un peu pour les autres, mais pas pour moi. L'entièreté de mon corps tremblait et je ne pus réprimander quelques larmes de frustrations.

C'est alors que je réalisais l'ampleur de ce que je venais de faire. Socialement en parlant cela me terrifiait de savoir que je venais de hurler dans un self sur des gens que je connaissais à peine.

- Qu'est-ce que je viens de faire ? Alya et Adrien ne voudront sans doute jamais plus me parler, pourquoi j'ai fait ça ? Je suis idiote ou quoi ? Pensais-je, la boule au ventre.

Mais au fond de moi, une petite voix résonnait, elle me rassurait.

Elle me disait que ce n'était pas si grave et que cet instant de malaise social qui me prenait n'était pas grand-chose face à ce que j'avais fait.

J'avais parlé. J'avais défendu quelqu'un en suivant mes propres idéaux. Et même si cela me mettait mal, c'était une bonne chose ! J'avais dit ce que j'avais a dire.

Mais surtout, le plus important, j'avais conservé une amitié précieuse à mes yeux, et rien que pour ça, je pouvais me féliciter.

« Tu as parlé Mallaury, pour la première fois, tu as exposé clairement ton avis sur un sujet polémique. Tu as défendu tes idéaux et surtout ton ami. Alors ne pleure pas et soit plutôt fière de ce que tu viens de faire ! »

C'est ce que cette petite voix au fond de moi me disait.

J'ai parlé.

Ou plutôt... J'ai hurlé.

Et je ne regrette pas de l'avoir fait.

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Hum... Bonjour ?

Cet Os est un peu spécial car il découle d'un évènement qui s'est produit hier soir et qui m'a fait beaucoup réfléchir.

J'espère que les sentiments que j'ai essayé de transmettre se captent bien XD

La morale à retenir de tout ça c'est que vous devez toujours mettre la priorité sur vos amis les plus chers ! Quelque soit la situation ne laissez personne vous intimider et n'ayez pas peur de parler et de dire ce que vous pensez quitte à vous faire des ennemis...

Bon sinon, pour ce qui est de la suite, sachez que Adrien et Alya ne m'en ont pas du tout voulu et qu'ils ont compris la situation et se sont excusés !

Bref !

Bisou <3

Aletheia2112