Anéantie

- ... tout ça pour dire que... enfin, désolée Nino... Je t'aime Marinette !

Mon visage devait sans aucun doute parfaitement retranscrire mon étonnement face à la situation. Nous étions sortis, moi, Alya, Nino et Adrien, en double rancard. Et voilà qu'Alya me faisait une déclaration...

Mon regard fit quelques aller-retours entre Nino et Adrien. Mon meilleur ami semblait alarmé tandis que mon petit-ami me regardait avec désarroi. Nous étions tous les trois dans l'incapacité de répondre autrement que par des expressions perdues pour l'instant.

Qu'est-ce que je pouvais bien répondre à ça ? Alya était ma meilleure amie, mais je n'éprouvais absolument rien d'autre à son égard... Et puis j'avais Adrien depuis maintenant un an.

Je regardai Nino avec appréhension, je sais à quel point il aime Alya, et j'ai peur de le voir s'effondrer à cause de cette soudaine déclaration.

- ... Nino ça va ?

Adrien avait demandé ça et je sortis alors de mes pensées, voyant que mon ami d'enfance commençait déjà à avoir les larmes aux yeux.

- Enfin Alya...

Je vis ses yeux se détourner de son...hum... ex-petit-ami je suppose ?

- P-pourquoi... Je... Enfin, j'ai... Tu... T-tu as...

Il peinait à s'exprimer, maintenant complètement abattu, le visage en larmes et les yeux grands ouverts d'horreur.

À dire vrai, je ne savais moi-même pas comment je me sentais face à la nouvelle. Devais-je me sentir triste comme Nino ? Désolée comme Alya ? Ou encore inquiète comme Adrien ? Comment sommes-nous censés réagir quand notre meilleure amie se déclare amoureuse de vous ?

Il fallait sans aucun doute que je lui dise la vérité, que je n'étais pas intéressée... Mais les mots restaient coincés dans ma gorge. C'était difficile à dire...

Cette journée devait être ensoleillée et agréable, elle allait finir par deux personnes aux cœurs brisés et en larmes. Et qu'est-ce qui allait bien pouvoir advenir de notre groupe ? Est-ce que j'allais devoir choisir entre ma meilleure amie et mon meilleur ami ? Est-ce qu'ils resteront quand même amis ? Est-ce que Nino m'en voudra ?

Je m'apprêtai à répondre officiellement quand un grand bruit sourd résonna juste au-dessus de nous. J'eus à peine le temps de lever les yeux pour voir qu'une partie de l'immeuble à côté du quel on se trouvait nous tombait dessus.

Les choses se passèrent en un éclair. Je me précipitais vers Alya pour la dégager du passage, laissant le soin à Adrien de prendre Nino. Cependant, alors que j'entamais mon avancée vers ma meilleure amie, je sentis un bras m'entourer et me tirer dans le sens opposé.

Je fus projetée en arrière, les yeux grands ouverts je vis une dernière fois Alya me regarder avec détresse avant qu'elle ne disparaisse sous les décombres.

Mon esprit se brouilla pendant un court instant avant que je ne me retrouve au sol, Adrien et Nino à côté de moi.

Je me redressai en position assise pour découvrir un tas de béton, enveloppé d'un nuage de poussière et sans réfléchir je me précipitai vers lui pour tenter de retrouver ma meilleure amie.

- Alya ! Non ! Réponds-moi ! Hurlai-je de toutes mes forces.

Je tendis ensuite l'oreille, espérant l'entendre m'appeler faiblement pour pouvoir la localiser et la sortir de là. Mais seul un long silence me répondit.

Je commençai alors à pousser quelques débris, mon visage commençait à me brûler tellement je pleurais.

Pourquoi les choses devaient-elles se passer comme ça ? N'y avait-il pas moyen de faire en sorte que tout le monde soit heureux ? Pourquoi avait-elle décidé de s'arrêter sous cet immeuble pour me faire sa déclaration ? N'y avait-il pas meilleur endroit ? Je sais pas moi, un parc, un musée ou même juste par message...

- Marinette ! Attention !

J'entendis Adrien m'alerter, mais j'étais beaucoup concentrée sur mes fouilles pour y prêter attention. Je sentis de nouveau ses bras m'emmener loin des décombres. Loin de là où se trouvait peut-être le corps sans vie de ma meilleure amie.

Et je vis encore d'autres morceaux de bétons lui tomber dessus, impuissante.

- Lâche-moi ! Je criai sur Adrien en me dégageant de son emprise. Je me relevai ensuite en vitesse, trébuchant un peu et repris les recherches.

Mon regard était attentif au moindre détail, cherchant un signe de vie.

Un souffle.

Un mouvement.

Un appel.

N'importe quoi qui pourrait me dire que ma meilleure amie était encore en vie...

Je commençai doucement à perdre patience, à ne plus faire attention aux différents qui dépassaient des débris que j'entreprenais de soulever. Si bien que mes mains étaient en sang, mais que je ne sentais rien.

Bientôt, Adrien revint à la charge, accompagné de Nino qui malgré la situation, continuait de pleurer.

- Lâchez-moi !!

Ils ne pouvaient pas se mêler de leurs affaires ?

- Tu vas te faire mal, Marinette ! Répondit Nino en sanglotant.

Mais rien ne pouvait me défaire de mon objectif. Je n'avais qu'une seule chose qui comptait pour moi pour l'instant, c'était retrouver Alya.

- Je m'en fiche ! Aidez-moi plutôt à la retrouver ! Leur criai-je.

Adrien me regarda, l'air déboussolé et hésitant et accepta finalement de me lâcher. Lui et Nino vinrent m'aider à soulever les plus lourds débris et à chercher le moindre signe de vie.

Je ne pensai même pas à mon devoir d'héroïne qui m'appelait de l'autre côté de la ville. Je n'entendais pas les gens hurler de terreur, les autres immeubles qui tombaient, il fallait juste que je retrouve Alya.

Alya.

Elle était mon seul objectif.

- Alya ! Criait Nino, la gorge serrée par l'angoisse.

Où es-tu ? Alya...

Alya...

Alya...

- Je l'ai trouvée !

Je me redressai dès l'instant ou Adrien prononça ces quelques mots et m'avançai rapidement vers l'endroit où il se trouvait, accompagnée de Nino.

On s'activa à trois à la dégager du mieux qu'on pouvait, n'osant pas la sortir directement, par peur de la blesser d'avantage.

Elle était là, les deux jambes écrasées et un bras immobilisé, mais elle respirait.

Elle était vivante.

- Alya ! Je l'appelai.

Mais je n'eus aucune réponse, seuls ses yeux bougèrent, se tournant vers moi.

- Alya ?

Ses yeux semblaient remplis de regret, et j'eus un pincement au cœur en la voyant dans cet état. Nino détourna les yeux, s'éloignant un peu pour aller vomir. Je vis Adrien vaciller un peu pour finalement s'asseoir sur l'un des gros bout de béton qui traînait.

Moi je m'accroupis pour être à son niveau.

- J-je vais chercher les secours ! S'exclama soudain Nino en courant plus loin.

Mon petit-ami se leva à son tour, nous échangeâmes un regard entendu avant qu'il ne parte lui aussi.

Nous devions aller faire notre devoir, avant qu'il n'y ai d'autres blesser. Les secours allaient arriver et s'occuper d'Alya, je pouvais partir combattre l'esprit tranquille.

Je posai ma main sur sa joue avant de lui souffler :

- Je reviens, c'est promis !

Et je partis à mon tour remplir mon devoir. Je savais que nous allions devoir reparler de toute cette histoire de déclaration mais... Nous avions le temps.

Alors je combattais, l'esprit un peu plus apaisé que quelques minutes plus tôt. J'enchaînai les coups, accompagné de mon coéquipier qui peinait à rester concentré de son côté.

L'akumatisé eut vite fait d'être vaincu et je lançais mon miraculous Ladybug le sourire aux lèvres, me disant que les blessures d'Alya allaient être guéries. Je n'oubliais bien évidemment pas de lancer le meilleur de tous les « bien joué » à mon partenaire et me dé-transformais à ses côtés avant de me diriger de nouveau vers le lieu de l'accident.

J'échangeais rapidement quelques mots avec Adrien, lui faisant part de la réponse que j'allais donner à Alya. Je vis dans son regard comme une pointe de soulagement avant que cela ne se transforme en air désolé.

Nous arrivâmes après quelques minutes de marche à notre destination.

Les immeubles avaient été réparés, mais l'endroit était étrangement calme.

Jusqu'à ce qu'on entende un hurlement qui me donna des frissons dans tout le corps.

Ce cri de détresse résonna dans toute la ruelle et nous regardâmes en même temps d'où il venait. C'est alors qu'on remarqua un rassemblement au fond de la rue, les gens semblaient agités, on en voyait même certains s'écarter, l'horreur clairement installée sur leur visage, le regard vide et le teint pâle.

Je me précipitai alors vers l'endroit en question, pour comprendre. Mais plus je me rapprochais, plus je me sentais mal, j'avais un mauvais pressentiment. Adrien me suivait de près et je me doutais bien qu'il ressentait pareil.

Car le cri qu'on avait entendu, on savait parfaitement qui l'avait poussé. Et ça n'augurait rien de bon.

Nous arrivâmes enfin et je m'avançai lentement dans la foule, écartant les curieux pour découvrir que mes craintes n'étaient rien par rapport au réel de la situation. Adrien derrière moi s'arrêta net lui aussi.

Il y avait une ambulance, les deux grandes portes ouvertes.

Alya à l'intérieur qui semblait tout, sauf rétablie.

Mais surtout, juste devant se trouvait Nino, en pleurs, le regard vidé de toute expression, couvert de sang.

Immobile.

- Qu'est-ce qu'il s'est...

- Il s'est suicidé... Répondit tristement un homme en blouse blanche.

Je tournais alors la tête vers lui, les yeux grands ouverts, tout comme Adrien.

- P-pourquoi ? Osa-t-il demander à ma place.

Le brancardier se mordit la lèvre inférieure.

- Vous les connaissez, tous les deux ? Demanda-t-il.

Nous fîmes un mouvement de tête pour répondre, pétrifiés.

- Hum... La jeune fille dans l'ambulance est... décédée. Ce jeune homme...

Et à partir de là, plus aucun bruit ne parvint à mes oreilles.

Suivant un stupide protocole, l'homme nous éloigna de la scène, prit nos noms, nos adresses et nos numéros de téléphone. Adrien avait dû s'occuper des miens, car je ne parvenais pas à parler.

Et quelques semaines plus tard nous nous retrouvions à l'enterrement de nos deux meilleurs amis.

C'était comme si je reprenais connaissance après tous les évènements. Je n'avais ni parlé, ni mangé, ni dormis depuis leur mort. Je ne savais même pas si j'avais pensé.

Et là, j'étais dehors, devant deux tombes, entourée de monde, épaulée par Adrien, et je réalisais enfin l'irréalisable.

Alya était morte.

Nino était mort.

Et mon corps commença à trembler, mes lèvres aussi, mes yeux laissaient enfin apparaître des larmes et je hurlais de détresse, surprenant tous les gens autours.

Je tombais à genou sur le sol, mes mains agrippant férocement mes cheveux, et je hurlai.

- Marinette !

Adrien se baissa à mon niveau, m'enveloppant de ses bras.

- Marinette, arrête.

Mais je ne pouvais pas.

C'était comme si un tourbillon d'émotions emmagasinées ressortaient toutes d'un seul coup.

J'avais des flashs qui m'apparaissaient.

Le corps d'Alya, son regard qui était terrifié quand elle a réalisé qu'elle allait être ensevelie.

Le corps de Nino, son regard désespéré quand Alya m'avait fait sa déclaration.

Et j'entendais des bruits en résonance dans ma tête.

L'immeuble qui tombe.

Le hurlement de Nino.

- Au secours ! À l'aide ! Aidez-moi ! A-aidez-moi !

Mon cœur battait plus que nécessaire, et les flashs continuaient.

- Faites-les s'arrêter ! Je ne veux plus rien voir !!!!

Alya !

Nino !

Alya !

Nino !

- ALYA ! NINO ! ALYA ! NINO !

Je n'ai rien pu te dire Alya, j'aurais voulu qu'on parle, qu'on s'arrange, j'aurais voulu te dire à quel point j'étais désolée. Je t'avais promis de revenir et je ne suis jamais revenue.

Pardon.

- Pardon...

Désolée.

- Désolée...

Je suis...

Anéantie.

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Bon... bah c'était la suite de mon Os "ensevelie"

...

...

...

:)

Sachez qu'il existe une version Happy End Alyanette de cet Os que vous n'aurez jamais et qui aurait dû faire place à celle-ci...

Mais comme on m'a contrariée et que je n'avais plus envie de faire une Happy End... Nous y voilà !

Il y aura sûrement un PDV Nino et un PDV Adrien sur cette histoire parce que les ressentis et différentes situations ne sont pas les même...

Bref ! Voilà voilà :) Et si vous voulez tout savoir... Le PDV D'Adrien sera le pire parce que....

:)

Bisou <3

Aletheia2112

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