OS de Mai - Voyage en Europe - par _mllexmalik_

Harry Styles.

Je me réveille à contre coeur ce matin. Je n'ai aucune envie d'y aller. Je sais d'avance ce qu'il va se passer. Ma mère m'a obligée à y aller. Je n'ai pas eu le choix. Elle dit que c'est mieux pour moi, que grâce à ça je me ferai de nouveaux amis. Si seulement elle savait...

Je m'habille le plus doucement possible, en espérant prendre du retard et qu'au final elle ne me conduise pas là bas. J'ai 17 ans et je me comporte comme un gosse de huit ans.

-Harry ! Descends prendre ton petit déjeuner on va être en retard !

Ma mère crie en bas de l'escalier. Je soupire et descend les marches ma valise à la main, j'ai la boule au ventre. Je m'installe en face de ma sœur qui trempe sa cuillère dans son bol de céréales.

-Tu vas me manquer petit frère. Tu vas t'éclater tu vas voir. Tu vas découvrir tout plein de choses. La Tour Eiffel, l'arc de triomphe, les Champs Élysée, le musée du Louvre. Emmène moi s'il te plaît, dit Gemma avec une moue triste. Je rêve tellement d'aller à Paris...

-Vas-y à ma place. Je te la laisse sans problème.

Gemma regarde maman avec une lueur d'espoir dans les yeux.

-Gemma tu es à la fac. C'est un voyage pour Harry pas pour toi. 

Elle grogne et boude en avalant le reste de son petit déjeuner. Quant à moi, je n'ai absolument rien manger. Ma mère le remarque, elle soupire mais ne fait aucun commentaire, pour mon plus grand bonheur. 

-Je t'attend dans la voiture.

Je me lève finalement et dépose mon bol dans l'évier en avant d'aller mettre mes chaussures. Je capitule. De toute façon je sais que ma mère ne me laissera jamais le choix. Elle serait capable de me porter jusque dans l'avion.

Une fois prêt, j'embrasse ma sœur puis sors de la maison. Je m'installe sur le siège passager et ma mère démarre. Je pose ma tête contre la vitre, me laissant bercer par la musique qui passe à la radio. Je vois les rues défiler sous mes yeux. On habite à 10 minutes de l'aéroport malheureusement. Je reviens à la réalité quand ma mère tire le frein à main et se tourne vers moi.

-Harry chéri, ne fais pas cette tête la, il ne va rien se passer de grave tu sais. C'est juste un voyage. Tu vas t'amuser.

Je ne répond pas. Je me contente juste d'ouvrier la portière et d'aller chercher ma valise dans le coffre. J'aurai peut être été plus heureux de partir si Niall avait été la, mais il a choisi le voyage en Irlande. J'aurai bien voulu aller avec lui mais ma mère a refuser qu'un anglais aille dans un pays anglais. Pour elle je dois approfondir mon français pour avoir une bonne note à mon examens de fin d'année.

Je ne veux pas les affronter. Je veux jute rentrer chez moi et m'enfermer dans ma chambre pour toujours. Je sais d'avance comment ça va se passer. Les insultes, les moqueries, les coups. Ce n'est pas parce qu'on change de pays qu'ils arrêteront de s'en prendre à moi.

Je dis au revoir à ma mère sur le parking et retrouve ma classe qui est déjà regroupée devant les portes de l'aéroport. Je m'installe à l'écart en attendant qu'on nous conduise jusqu'à l'avion.

-Eh regardez qui voilà ! La pédale est parmi nous, crie Jake. 

-Tenez-vous loin de lui les gars, faudrait pas qu'elle nous saute dessus cette folle, renchérit Louis.

Jake Wesley et Louis Tomlinson. Les deux personnes qui me pourrissent depuis le début du lycée car je suis gay. Je baisse la tête et fait mine de ne pas entendre les rires autour de moi. Ce voyage s'annonce bien.

Les profs nous emmènent jusqu'à la douane qu'on passe sans problèmes. Ils nous donnent les billets au hasard, ce qui me déplaît car je n'ai aucune envie de me retrouver à côté d'une personne de ma classe. Encore moins Jake. Je préférerais voyager en soute et crever que d'être à côté d'eux.

Je branche mes écouteurs et me dirige comme un automate jusqu'à mon siège. C’est ce que je suis devenu. Un automate. Je pose ma valise dans le coffre au dessus de nos têtes et m'assois contre le hublot. J'augmente le son de ma musique. Je ferme les yeux en attendant le décollage. 

Je sais que quelqu'un vient de s'assoir à côté de moi mais je ne prend même pas la peine d'ouvrir les yeux. J'arrive à un point où je m'en fou de tout. Je sais que plusieurs regards sur moi. Des regards moqueurs. 

En fait je ne sais même pas s'ils me regardent, mais j'ai tellement l'habitude de sentir toutes ces paires d'yeux, j'ai tellement l'habitude que leurs voix résonnent dans ma tête sans arrêt. 

Sale PD.

Suceur de bite.

Gros con.

Tu mérites de crever.

T'as pas ta place sur cette terre.

Quand t'es dans les vestiaires tu mattes combien de culs ?

Grosse pute.

Si je te paye tu me suces ?

Pédale.

Tiens toi loin de moi je veux pas me faire violer.

Garde tes mains baladeuses dans tes poches connard.

Arrête de tordre du cul tapette.

Toutes ces insultes je m'y suis habitué. Et c'est horrible de se dire « je m'y suis habitué ». À mon âge on ne doit pas subir de telles choses. À n'importe quel âge en fait. Le harcèlement ne cessera jamais d'exister je le sais, et c'est tellement égoïste de ma part de penser « pourquoi moi ? ». Parce que je ne souhaite à personne de vivre ce genre de choses. Mais je ne peux pas m'empêcher. Et je m'en veux tellement.

Une hôtesse me sort de ma rêverie en m'indiquant qu'il faut éteindre mon téléphone pour le décollage. Je ne réagis pas tout de suite que Tomlinson se trouve à côté de moi. C'est seulement quand je croise son regard qu'une larme coule sur ma joue. Je l'essuie rapidement et met ma capuche. Je ne sais pas comment je fais pour n'avoir laisser couler qu'une seule larme alors que je veux éclater en sanglots. Ce mec me fait peur. La plupart des coups que je reçois viennent de lui. Je n'ai jamais compris ce que je lui avait fait.

Je n'ai jamais pris l'avion. Alors oui j'ai une trouille énorme. Je sens qu'on avance. Et plus on avance plus j'ai peur. Je m'accroche fort à mon fauteuil lorsqu'on prend de la vitesse. Tellement fort que mes phalanges deviennent blanches. Je suis au bord de la crise d'angoisse. Je ferme les yeux quand une main vient sur la mienne me caresser doucement. J'ouvre les yeux et vois Louis qui me regarde. Ce n'est pas le même regard que d'habitude. Il a l'air doux et rassurant.

-Tout va bien Harry, est la seule phrase qu'il me dit.

Je ne sais pas si c'est l'angoisse ou l'avion qui me fait ça mais au lieu de m'écarter, je la serre encore plus fort. L'avion décolle, je regarde par le hublot et vois cette ville que je déteste tant s'éloigner loin de moi. Cette ville qui me rappelle beaucoup trop de mauvais souvenirs. 

Après quelques minutes dans les airs je me détend et retrouve le contrôle de mon corps. Aussitôt je me détache de Louis et m'écarte le plus possible en m'enfonçant plus loin dans ma capuche. Je rallume mon téléphone et redémarre ma musique.

-De rien, me dit Louis avant de retourner de son côté lui aussi.

Je ne prend pas la peine de répondre et m'endort, bercé par cette mélodie qui est ma musique.

***

Nous sommes tous ensemble dans le hall de l'aéroport en attendant que nos familles d'accueil viennent nous chercher. On devait se mettre par deux, mais j'ai décidé d'être seul. La prof m'a dit qu'il y avait une chance que je tombe avec quelqu'un mais je n'y crois pas car on est un nombre impair.

J'attends qu'on m'appelle pour pouvoir m'enfuir le plus loin possible et aller me coucher. Les deux premiers groupes s'en vont avec leur familles, puis on appelle les suivants.

-Harry Styles, je reste tête baissée en partant rejoindre la femme qui m'accueille, et Louis Tomlinson, je relève la tête d'un seul coup. Je crois que j'ai mal entendu. Vous êtes chez monsieur et madame Geslin.

-Quoi ? Mais non je devais être seul...

-Oui mais comme tu as pu le voir, Calvin n'est pas là. Tu te retrouves donc avec Louis. Passez une bonne soirée les garçons.

J'entends les rires et les insultes derrière moi.

-Eh Louis ! Fais gaffe à pas te faire enculer cette nuit !

-Vous inquiétez pas j'ai pas prévu de dormir avec ce truc, répond ce dernier en ricanant. Où est passé le Louis de l'avion ?

***

Je pose ma valise au sol puis me jette sur le grand lit. Je relâche la pression et je me met à pleurer. Je ne veux pas passer ce voyage avec Tomlinson dans la même maison que moi. Mes larmes ne veulent pas s'arrêter de couler, alors je me renferme sur moi même.

J'entends la porte s'ouvrir et tombe sur un Louis qui semble perdu.

-Tu pleures ?

-Nan il pleut à l'intérieur c'est tout, je répond aussi sec.Tu veux quoi ? Tu es venu pour me dire que tu ne veux pas que je m'approche de toi durant tout le séjour ? Ne t'inquiète pas je ne comptais pas le faire. Mon visage et ton poing se sont trop rapprochés, je ne veux plus qu'ils se voient maintenant. Alors s'il te plaît sors de cette putain de chambre. Il ne bronche pas.En fait si, colle moi en une si tu veux, tu te sentiras peut être mieux et tu t'en ira plus vite. Fais comme d'habitude Louis, tape moi et dis moi que je suis une petite pute suceuse de queues. Je ne suis plus à une blessure près de toute façon.

Je regarde Louis dans les yeux, et cette fois ci c'est sur son visage que je vois une larme tomber. 

-Je m'en veux tellement Harry... il baisse la tête avant de tourner les talons et s'en aller.

Il se fou de ma gueule ? Il lâche ca comme ça et s'en va ? Je ne reconnais pas le Louis violent et méchant du lycée. Il y avait autre chose dans ses yeux. De la peur, de la tristesse ? Je ne sais pas. Je suis complètement perdu. Je décide d'aller prendre une douche et d'aller me coucher. Je sais qu'on va venir me chercher pour aller manger mais je n'ai aucun appétit. Alors j'envoie un message à ma mère pour lui dire que je suis bien arrivée puis je m'endors des questions plein la tête.

***

Ça fait 5 jours qu'on est arrivé en France et Louis a complètement changé de comportement. Quand on est en groupe et que les autres me bousculent il ne fait rien. Quand Jake vient pour me taper il le retient et lui dit d'aller voir une vitrine ou prendre une photo. Quand on est à la maison il vérifie toujours si je mange bien. Des qu'il voit que je ne touche pas à mon assiette -ce qui est la cas tous les soirs- il vient dans ma chambre -alors qu'il croit que je dors- me déposer une barre de céréales avec un mot écrit en français, prétendant que c'est de la part de Madame Geslin. Il vérifie toujours que je prenne bien mes médicaments. Il a changé de tête quand il a lu "antidépresseurs" sur la boîte et est parti dans sa chambre.

Je ne comprend pas son comportement. Où est passé le Louis qui me fait saigner ? Où est passé le Louis qui me rabaisse devant ses amis ? Où est passé Louis ? Ce n'est plus lui.

J'ai la migraine à force de me prendre la tête. Aujourd'hui on visite le musée du Louvre. C'est la seule visite qui m'intéresse réellement depuis le début du séjour parce que je veux aller en école d'art pour mes études. Je me met à l'écart du groupe, ignorant les regards. La visite commence plutôt bien, je me sens vraiment dans mon élément.

En entrant dans la salle des statues grecques, je vois que Louis et Jake sont à deux doigts de se taper dessus. Les yeux de Louis sont rempli de colère. Le bleu clair de ses yeux s'est transformé en bleu tempête. Jake lui, a son éternel sourire moqueur sur les lèvres. Ils ne m'ont pas remarqué alors je fais comme si de rien était et tend l'oreille vers leur discussion.

-Arrête toi merde ! Tu t'entends quand tu parles ?

-Louis tu joues à quoi exactement. Ça y est t'as passé quelques jours avec l'autre pute d'Harry et tu prend sa défense ?

-On a pas le droit de faire ça. Tu m'as toujours forcé à le descendre parce que tu menaçais de t'en prendre à ma sœur putain. 

-Mais on s'en fou c'est Harry. C'est un connard.

-Et pour quelle raison ? C'est fini putain j'arrête tout. Essaye de te faire Charlotte si tu veux, tu n'y arriveras jamais. Elle ne voudra jamais de toi et ton comportement de connard. A cause de toi Harry se fait rejeter par tout le monde. Alors bordel pour l'amour du ciel laisse le tranquille. J'en ai marre de le voir souffrir. Je veux qu'il s'épanouisse, qu'il aille mieux. Pas qu'on le torture à longueur de journée. Il est adorable il ne mérite pas ça.

-Tu es gay Louis ?

-Ça te poserai un problème ?

-Répond à ma question Tomlinson. Tu es gay ?

-J'me casse.

Louis tourne les talons et il croise mes yeux écarquillés. Je ne réagi même pas. Je me contente juste de faire demi tour et retourner avec le reste du groupe.

Louis revient lui aussi, Jake à côté de lui. Ce dernier retourne avec sa bande tandis que Louis reste à l'écart jusqu'à la fin de la visite.

***

Je suis assis sur mon lit en train de dessiner les statues que j’ai prise en photo dans la journée. Je ne le vois pas tout de suite entrer, et quand au bout de cinq minutes je relève les yeux, je tombe sur Lui.

Il a les yeux rouges, on peut distinguer des traces de larmes sur ses joues. Il me fait de la peine. Je devrai lui en vouloir et le frapper jusqu’à ce qu’il ait mal, mais je ne peux m’empêcher de me lever et d’ouvrir mes bras. Il se réfugie à l’intérieur et craque une nouvelle fois. Cela doit durer une bonne dizaines de minutes.

Louis relève la tête vers moi, il sèche ses larmes d’un revers de la main mais recommence à pleurer quand il commence à parler. Il ne cesse de répéter qu’il est désolé qu’il ne voulait pas pendant que moi je ne dis rien. Je le laisse vider son sac. Le silence reprend sa place des qu’il a fini.

-Je te pardonne. Je ne sais pas si je fais le bon choix. Si ça se trouve demain tout recommencera. Tes coups tes insultes, mais je te pardonne. Parce qu’on mérite tous une deuxième chance.

-Je t’aime Harry. Vraiment. Je suis un putain de refoulé qui n’assume pas d’être tomber amoureux d’Harry Styles. Je voulais te le dire plus tôt mais j’avais juste peur pour-

-Ta sœur.

-C’est ça.

-Promet moi que tu es sincère. Promet moi que demain quand je me réveillerai tu sera le même Louis et pas l’autre connard.

-Promis Harry.

Il relève la tête vers moi et se jette sur mes lèvres. Je me laisse faire et fini par répondre à son baiser. Il me murmure encore et encore qu’il est désolé entre chaque baiser. Mon cœur s’emballe sans que je sache vraiment pourquoi, mais je l’écoute au lieu d’écouter ma raison.

Tout est flou dans ma tête. Ça n’a aucun sens. Toute cette histoire n’a aucun sens. C’est insensé et complètement con. C’est irrationnel. Mais je crois que finalement j’arriverai à être heureux avec Lui.

FIN.