One I've Been Missing

OS de Noel où Anne et Mark organisent les fêtes de Noël chez eux avec toute leur petite famille recomposée. Harry est déçu que Louis ne soit pas là mais peut-être qu'une surprise l'attendra une fois arrivé au chalet de ses parents...

Précision: Harry a 32 ans, Louis a 34 ans, Gemma a 35 ans, Lottie a 27 ans, Félicité a 25 ans et Daisy et Phoebe ont 21 ans

Comme vous l'aurez compris, dans cet os Louis et Harry sont considérés comme des demi-frères. Ce genre de relation peut-être tabou pour certains alors si cela vous gène, vous n'êtes pas obligé de lire 😉

L'os fait comporte environ 12 500 mots.

Bonne lecture et n'hésitez pas à me faire part de vos retours !

HARRY POV

21 décembre

Je descends du taxi et fixe le chalet que mes parents ont récemment acquis en frottant mes mains ensemble pour les réchauffer. Le chauffeur sort mes deux valises, l'une rempli de cadeaux, et je lui tends son argent avant de les récupérer.

- Bonne soirée et bonnes fêtes de fin d'année, me dit-il avec un sourire.

- Pareillement, je lui réponds en lui retournant son sourire.

Il remonte dans son véhicule et s'en va en laissant derrière lui de nouvelles traces de roues dans la neige. Je me mets doucement en route, tirant mes deux bagages, et souris en observant les décorations de Noël installées par ma mère et Mark sur la façade du chalet. Visiblement ils se sont fait plaisir cette année, bien plus que quand ils habitaient dans la banlieue de Londres.

Ils ont acheté ce chalet il y a environ 8 mois, étant enfin en retraite, préférant la tranquillité et la beauté de la montagne à la pollution et la population de la banlieue, ce qui est totalement compréhensible. Habitant désormais un lieu magique durant les fêtes avec ses décorations, sa neige et sa vue magnifique, ma mère et mon beau-père ont décidé d'organiser les fêtes chez eux, réunissant toute notre famille pour la première fois depuis une éternité. Il y aura les quatre filles de Mark, Charlotte, Félicité, Daisy et Phoebe ainsi que ma sœur Gemma et moi.

J'ai appris il y a plusieurs semaines que Louis ne serait pas là et je dois avouer que ça m'attriste. Il est celui que j'ai le moins vu ces dernières années et ça m'aurait fait plaisir de le voir, de lui parler, au moins savoir ce qu'il devient car malheureusement nous avons un peu perdu contact.

Je toque doucement à la porte et à peine quelques secondes après, elle s'ouvre sur ma mère, sourire aux lèvres et une mèche de ses cheveux bruns et grisonnant par endroit sortant de sa queue de cheval et tombant sur son visage. Elle la repousse, ses mains couvertes de farine, et vient me serrer directement dans ses bras.

- Salut maman, je lui souffle en la serrant fortement dans mes bras.

- Salut mon grand, rétorque-t-elle en frottant tendrement mon dos. Tu as fait mon voyage ?

Elle se recule pour me laisser entrer et je lui réponds en même temps.

- Oui, ça a été. J'ai pris un train puis un taxi et je n'ai eu aucun problème.

- Super alors ! Sache que tu es le dernier arrivé. Gemma est là depuis hier et les filles depuis ce matin. Les jumelles et moi avons même déjà commencé à faire les gâteaux de Noël.

- Sans toi, pouffe Daisy en passant sa tête dans l'embrasure de la porte de la cuisine.

Je lève les yeux en riant et elle rit aussi avant de se précipiter dans mes bras. Phoebe arrive de nul part en courant et se rajoute à l'étreinte.

- Ça fait si longtemps, dit Phoebe. On était si heureuse d'apprendre que tu venais !

- Et nous dont ! S'exclame ma sœur en descendant les escaliers suivis de Charlotte et Félicité, tout sourire.

Elles me prennent chacune dans leur bras et embrassent mes joues avant de me demander de mes nouvelles. Mark finit par arriver aussi, emmitouflé jusqu'au cou après avoir fait une course rapide en ville. Commence alors un joyeux brouhaha marquant nos retrouvailles. C'est dans ce genre de moment que je me rends rends compte d'à quel point je les aime et qu'ils me manquent tous.

- C'est le retour de notre frère préféré ! Glousse Daisy alors que je lui ébouriffe les cheveux.

- Je crois que j'ai mal entendu microbe, lance soudainement une voix plus que familière.

Je relève d'un coup la tête et mon regard tombe sur la personne que je voulais voir plus que tout : Louis. Il se tient là, debout, accoudé contre l'embrasure de la porte qui je crois mène au salon, un sourire ornant son visage. Il porte un simple jean et un polo large. Mais je n'ai pas le temps de dire quoique soit qu'une petite tête blonde apparaît à côté de lui.

- Tonton Zizi ! Hurle le petite garçon avant de courir et de me sauter dans les bras.

- Freddie, je rétorque encore un peu secoué.

Il me serre dans ses bras puis se recule en fronçant les sourcils.

- Bah ! Ils sont où tes cheveux !

Sa remarque déclenche les rires tendres de tout le monde, dont le mien.

- Je les ai coupé car ils devenaient justement trop long. Par contre toi tu as grandi bonhomme ! Tu es presque aussi grand que ton papa, je rajoute plus bas.

Le petit garçon glousse alors que j'entends Louis rire doucement. Le reste de la famille se dissipe peu à peu. Les filles remontent alors que Mark, ma mère et les jumelles retournent vers la cuisine pour terminer les gâteaux.

Je repose Freddie, non sans lui faire un énorme bisou sur la joue, alors que Louis s'avance lentement vers moi. Le petit galope vers le salon pour retrouver ses dessins animés et nous le regardons partir avant que nos regards se croisent. Une drôle de sensation que je ne saurais expliquer s'empare de mon coeur quand je replonge enfin après tant d'année dans le bleu de ses yeux.

- Salut, me dit-il avec un doux sourire collé au visage.

- Salut. Je...Je croyais que tu ne venais pas. Ma mère me l'a dit il y a plusieurs semaines.

- Disons que j'ai changé mes plans au dernier moment. Je devais passer les fêtes dans la famille de Bri avec Freddie mais je n'allais quand même pas rater l'occasion de les passer avec vous. Heureusement Brianna a été compréhensive et m'a même laissé le petit.

Il y a un léger silence puis sans trop savoir comment nous nous retrouvons dans les bras l'un de l'autre. J'enfouis mon visage dans son cou en respirant son odeur que j'aime tant et qui m'avait tant manquer. De son côté je le sens me serrer fermement, s'agrippant à mon pull comme pour s'assurer que je suis bien là.

- Haz, murmure-t-il.

- Lou...Tu m'as manqué. Ça faisait longtemps, trop longtemps.

- Je sais, moi aussi tu m'as manqué.

Nous nous séparons lentement alors que je lui souris timidement.

- Qui veut du chocolat chaud ! S'écrie soudain Mark. Tournée générale !

À peine deux minutes plus tard nous nous retrouvons tous les dix dans la cuisine, une tasse à la main.

- Je voulais que vous sachiez que en étant tous là cette semaine, en ayant tous répondu à notre invitation, vous faites de nous les parents et les grands-parents les plus heureux du monde, annonce ma mère légèrement émue. Je n'arrive pas à me souvenir de la dernière fois où Mark et moi nous sommes retrouvés avec tous nos enfants dans la même pièce et vous n'imaginez pas à quel point ça nous fait du bien.

Chacun y va de son petit mot doux pour la rassurer puis des conversations démarrent gaiement pendant que nous buvons les chocolats tout en grignotant les premières fournées de gâteaux encore tièdes.

- En fait Louis, Gemma et Harry, il faut que je vous parle, nous interpelle ma mère au bout d'un moment.

- Qu'est-ce qui se passe ? Je demande un peu inquiet.

- Oh c'est rien de grave mon chéri. Je voulais vous parler des chambres. Nous sommes 10 mais il n'y a que 4 chambres. Nous avons un petit lit d'appoint pour Fred' qu'on peut facilement mettre dans une des chambres mais il faudra quand même que l'un de vous prenne le canapé ou bien un matelas gonflable.

- Prem's pour être toute seule ! Lance Gemma sans attendre. Louis ronfle et Harry adore prendre toute la couverture et toute la place dans le lit alors si je dors avec l'un d'eux ça ne va pas être possible. Il y aurait un mort avant Noël !

Louis et moi levons les yeux au ciel alors que notre mère pouffe de rire.

- Ça vous va les garçons ? Comme ça on pourra installer le lit de Freddie dans votre chambre, il sera mieux.

Louis acquiesce pendant que je hoche la tête, réglant ainsi cette histoire.

- Il faut croire que ça sera comme au bon vieux temps, lance Louis. Quand tu passais plus de temps dans ma chambre que dans celle que tu partageais avec Gemma.

- Oui, comme au bon vieux temps...

Même si rien ne pourra jamais être comme avant entre nous. Quand je n'étais encore qu'un adolescent j'étais encore si naïf et inexpérimenté, aimant passer du temps avec mon grand frère que j'admirais et aimais plus que tout. Sans me rendre compte tout de suite de la véritable nature de mes sentiments pour lui...

J'avais 16 ans quand j'ai enfin réalisé que j'étais amoureux de lui, j'ai dû me rendre à l'évidence. L'attachement, la jalousie, le manque quand il n'était pas là...Quand enfin j'ai eu le courage de vouloir me confesser, car après tout Louis n'a jamais caché qu'il aimait autant les garçons que les filles, il était déjà trop tard. Louis lui avait 18 ans et il allait entrer à l'université alors ça ne servait à rien.

Je me suis tu, gardant tout au fond de moi. J'ai encaissé la distance, le manque, son ancien petit-ami, Liam. J'ai encaissé le fait qu'il rentrait peu, ramenant Liam à chaque fois qu'il le faisait. J'ai encaissé la séparation, la disparition progressive de notre lien et de notre complicité si forte. Puis Louis a définitivement déménagé à Londres alors que je suis parti étudié en Écosse. Avec le temps j'ai finit par comprendre que je devais passer à autre chose, m'ouvrir à d'autres hommes. Et c'est ce que j'ai fait. J'ai fait de merveilleuses rencontres qui m'ont apporté beaucoup, certaines plus que d'autres. J'ai réussi à comprendre que Louis aurait toujours une place importante dans mon coeur en tant que frère, ami, confident mais aussi en tant que première amour et premier homme de ma vie, celui qui m'a fait réalisé que je n'étais pas comme les autres garçons qui eux aimaient les filles.

Je lui dois aussi mon premier coeur brisé mais par dessus tout mes plus grands moments de bonheur. Il est dans chacun de mes plus beaux souvenirs et c'est pour ça que je ne pourrais jamais le détester pour cet amour impossible, cet amour secret à sens unique qui m'a causé tellement de peine durant l'adolescence.

En même temps Louis a toujours été si solaire , si beau, si drôle...Comment ne pas l'aimer ?

Nous venons de dîner et je déballe lentement ma valise. Je sors mes quelques affaires et les dépose dans la petite commode qui trône dans la chambre.

Au bout d'un moment Louis entre, portant un pyjama, et essuyant énergiquement ses cheveux humides. En me voyant, il sursaute, ne sachant pas que j'étais là. Mais immédiatement il se détend et me sourit.

- La douche est libre, m'informe-t-il.

- D'accord, je vais y aller.

Je reviens un petit quart d'heure plus tard et découvre Louis assis en tailleur sur le lit. Je me glisse à côté de lui et il se tourne vers moi.

- Tu...Ça va ? Je lui demande. Enfin je veux dire, depuis la dernière fois qu'on s'est vu, au 3 ans de Fred'.

- Ça va oui. Toi aussi, tu as l'air en forme. Ça se passe toujours bien en Écosse, dans la maison d'édition où tu travailles ?

- Oui, ça n'a pas changé...

- Pas d'écossaise dans ta vie ? Demande-t-il sur un ton taquin.

- Non. Et toi...Heu...Dean ?

Il se met à rire en rejetant sa têt en arrière.

- C'est finit depuis longtemps !

Un léger silence s'installe et il finit par le briser, avec un petit sourire au coin des lèvres.

- Et, pour que tu le saches, mon fils est un garçon intelligent et éveillé. Il sait que tu t'appelles Harry mais il préfère rester avec « tonton zizi ». Je l'ai grondé mais rien à faire !

- C'est pas grave, je réponds en gloussant. C'est mignon.

- Moi je préfère Hazzy, murmure-t-il en baissant rêveusement la tête.

- Oui, mais ça fait depuis longtemps que tu ne m'appelles plus comme ça, je rétorque sur un ton plus sec que je ne l'aurais voulu.

Il n'a pas le temps de réagir que Mark arrive dans la chambre, le lit d'appoint dans ses bras, suivi de près par Freddie. Il le pose au sol puis le déplie.

- Eh voilà bonhomme, ton lit est là !

- Merci papy !

Le petit blond enlace les hanches de Mark, tout content, avant de sauter sur son lit.

- Tu as vu papa ? C'est mon lit !

- Oui, j'ai vu mon ange. Merci papa, tu aurais dû m'appeler, j'aurais pu le chercher.

- Tu me prends pour un vieux ou quoi fiston ? Lance Mark en riant.

- Loin de moi cette idée, glousse Louis.

- Je préfère ça ! Allez bonne nuit les garçons.

Nous lui répondons tous les trois puis il s'en va après avoir caresser tendrement mon épaule. Déjà en pyjama, Freddie s'empresse de se coucher. Louis lui donne l'oreiller préparé par Anne pendant que je viens le couvrir avec la couvrir.

- Bonne nuit papa, bonne nuit tonton !

- Bonne nuit mon ange, répond tendrement Louis en venant embrasser son front.

- Bonne nuit Fred'.

J'embrasse sa joue puis je pars me coucher à mon tour pendant que Louis éteint les lumières. Je me place dos à lui quand je l'entends s'installer.

- Harry...

- Bonne nuit Louis, je le coupe malgré moi en cachant la légère émotion dans ma voix.

- Bonne nuit...Murmure-t-il en soupirant.

**

22 décembre

Je suis lentement tiré de mon sommeil par une petite main se posant sur ma joue. Je cligne doucement des yeux et distingue la petite bouille de Freddie dans la lumière du matin. Il est couché face à moi, sur ce que je crois être le torse de Louis.

- Coucou tonton Zizi, chuchote-t-il pour ne me me brusquer.

Il continue à caresser ma joue et je souris en frottant ma tête sur....Oh mon dieu ! Je me redresse brusquement en réalisant que moi aussi je reposais sur son torse.

- Je...Heu..., je bafouille.

- Ne fais pas cette tête Harry, ce n'est pas grave, pouffe Louis. Tu dormais si bien en plus.

Je hoche lentement la tête puis me lève sans attendre. Ça m'arrivait souvent de m'endormir dans les bras de Louis, mais ça c'était avant justement.

- Je descends, à toute à l'heure.

Et je quitte la chambre comme un voleur. Une fois dehors, je ferme les yeux et claque mes joues pour me ressaisir. Tu as 32 ans Harry, ça fait 16 ans que tu n'es plus cet ado qui partageait tant avec lui. 16 longues années qui ont tout changer...

Je descends jusqu'à la cuisine et salue d'un baiser sur la joue les jumelles et Gemma qui petit-déjeunent.

- Maman, Lottie et Fizzie cherchent les décorations de Noël au grenier, m'informe ma grande sœur.

- Oui, maman voulait absolument faire le sapin de Noël quand on serait tous là, précise Phoebe.

- Ok, ça me va.

Je fais couler mon café puis m'installe avec elles. Je prends une briochette que je tartine de confiture et la mange tranquillement quand ma mère et les filles reviennent les bras chargés. Je me lève pour les aider à tout poser et les embrasse.

- Bien dormi mon chéri ?

- Oui, plutôt.

Elle me sourit en caressant doucement ma joue puis me chuchote qu'elle est contente que je sois là. Je ne réponds pas, m'appuyant seulement sur sa main en lui rendant son sourire.

**

Chacun s'affaire à placer des décorations un peu partout dans la maison ainsi que sur le sapin alors que de douces mélodies de Noël résonnent en fond.

Je fredonne l'air en accrochant des boules sur le sapin en compagnie de Daisy, tout en jetant de temps à autre un coup d'oeil à la fenêtre où la neige commence à tomber en abondance.

- Tu permets que je prenne la relève ? Demande Louis à sa sœur.

- Yep, je vais aller voir si maman à besoin d'aide !

Elle s'en va et Louis reste figé plusieurs secondes.

- Maman...Répète-t-il tout bas en jouant avec une boule.

- En même temps elles ont plus connu ma mère qu'elles n'ont connu Johanna, je lui explique avec douceur.

- Je ne leur en veux pas, c'est juste que...Non, rien oublie.

Il sourit tristement puis commence à décorer lui aussi le sapin.

- Tu viens avec nous ce soir ? Demande-t-il au bout d'un moment.

- Où ça ?

- Mark a proposé d'aller faire un tour au marché de Noël pour nous le faire découvrir, mais Gemma va rester car elle a encore des cadeaux à emballer et elle veut profiter que le petit monstre ne soit pas là.

- Je ne dis jamais non à un marché de Noël, je réponds avec un sourire.

- C'est bien ce que je pensais, dit-il en souriant lui aussi.

Après plus d'une heure de décoration intensive, nous nous retrouvons tous au salon autour d'un bon thé bien chaud. Du coin de l'oeil je vois encore deux cartons non déballés derrière le fauteuil de ma mère.

- On a oublié quelque chose ? Je demande en les désignant.

- Mais mamie il y a déjà trop !

Ma mère rit doucement en reposant sa tasse.

- Ça mes chéris, ce ne sont pas des décorations !

- Qu'est-ce que c'est alors ? Questionne Félicité.

- Des cartons de souvenirs qu'on a retrouvé durant le déménagement et qu'on avait stocké au grenier avec les décorations. Charlotte les a ramené sans faire exprès mais je trouve que c'est justement l'occasion parfaite de les ouvrir, vu qu'on est tous ensemble.

Elle les tire près d'elle puis les ouvre à l'aide d'un ciseau. Elle sort d'abord des peluches, que Daisy et Phoebe s'empressent de prendre et de serrer contre elles sous les protestations de Freddie.

- Mais vous êtes trop grandes ! Moi aussi je veux les peluches ! C'est pas juste...

Puis il fait la moue en croisant ses petits bras contre son torse sous les rires tendres de tout le monde.

Ma mère sort en suite plusieurs jouets dont quelques poupées qui semblent interpeller Charlotte et Félicité qui s'en emparent avec une expression surprise. Il reste une poupée Barbie aux cheveux bleus, au visage décoloré et à moitié nu dont personne ne semble vouloir.

- Gemma, lance Mark avec un petit sourire.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, rétorque-t-elle en détournant hautainement la tête. Cette chose n'est pas à moi...C'était plus de mon âge en plus les poupées.

- Mais bien sûr, lui dit ma mère en riant. Je me souviens très bien de cette Barbie. Tu l'appelais Trina et tu la prenais partout avec toi en disant que c'était ta meilleure a...

- Donne-moi ça, marmonne-t-elle en prenant d'un coup la poupée. C'est même pas vrai en plus...

Elle caresse discrètement les cheveux de son jouet alors que ma mère prend un autre objet. C'est un ballon de foot, un peu sale et dégonflé mais je n'ai aucun mal à reconnaître que c'est celui avec lequel Louis jouait des heures dans le jardin quand il était plus jeune.

- Wow, tu l'avais gardé ! S'exclame-t-il en le récupérant tout émerveillé. Si je me trompe pas, il doit encore y avoir la dédicace de Harry dessus !

- Quoi ? Je m'exclame.

- Bah c'était toi qui me l'avait offert pour mon anniversaire, dit-il les yeux pétillants. Tu m'avais dit que tu avais pris tout ce qu'il y avait dans ta tirelire pour l'acheter et à un moment je t'avais demandé de m'écrire un message dessus !

- Je t'aime Lou, bon anniversaire. Signé, ton Harry, je murmure, me souvenant soudainement de ce moment, en même temps qu'il lit à haute voix l'écriture sur le ballon.

- C'était si adorable, commente ma mère.

Ma mère sort encore quelques objets mais je n'y prête pas attention, trop perturbé par l'afflux d'émotions que ce souvenir a fait remonter en moi.

- Regarde ça Harry, me dit Mark en me sortant de mes pensées, ce sont des photos de Louis et toi. Je n'arrive même plus à me souvenir de l'âge que vous aviez !

Je fixe les images alors que cette fois-ci ma gorge se serre douloureusement. Tellement de souvenirs, tellement d'émotions qui reviennent d'un coup, comme si finalement il n'y avait pas tant de choses qui avaient changé en 16 ans.

- Je crois...Je fais faire à manger, je lance soudainement.

Je me lève d'un coup en me dirigeant vers la cuisine.

- Mais Harry on a le temps, reste donc ! M'interpelle ma mère.

- Non, c'est bon.

Je commence à fouiller les placards de façon un peu trop précipitée et en sors des pâtes. Je cherche ensuite dans le frigo et je prends du jambon, de la crème et du gruyère. Ça sera gratin de pâtes ce midi. Je fais chauffer l'eau dans une casserole et en fixant l'eau qui commence doucement à bouillir, j'ai l'impression qu'il se passe la même chose à l'intérieur de moi.

Il faut que j'arrête et que j'évacue toutes ces pensées. Je ne suis plus cet adolescent fou amoureux de son grand frère ! Cette période est révolue, je suis passé à autre chose. Ce sont juste des souvenirs, de simples souvenirs.

Je soupire en me calmant peu à peu puis commence à tout mélanger dans un grand plat. Je mets les pâtes, le jambon, la crème qui j'ai assaisonné avant de recouvrir de gruyère râpé. J'enfourne le tout puis je vais mettre la table au salon.

Rapidement, tout le monde vient m'aider et nous attendons à table que le gratin soit cuit. Louis, s'étant dévoué pour rapporter le gratin, le dépose au centre de la table. Au même moment, la vibration d'un téléphone se fait entendre, semblant provenir de la poche avant du sweat de Louis. Il roule les yeux puis sors le téléphone en question.

Je fronce les sourcils en reconnaissant le mien.

- Il fait que sonner depuis tout à l'heure, se plaint-il. Freddie l'a trouvé dans la chambre et il me l'a ramené en croyant que c'était le mien. Tu as au moins 5 appels manqués d'un certain Sebastian !

Mes yeux s'écarquillent alors que je récupère rapidement mon téléphone.

- C'est qui ? Ton patron ? Demande-t-il en s'asseyant.

- Mais non, c'est Seb, le mec de Harry, explique Charlotte comme si c'était évident.

Sauf que non, ça ne l'est pas, pas pour Louis en tout cas...

- Comment ça ? Lance-t-il en riant nerveusement.

- Bah son copain quoi, rajoute Daisy. Harry nous l'avait présenté pendant l'été, tu l'as jamais vu ?

Louis se fige en posant son regard sur moi. Je baisse honteusement la tête pour le fuir.

- Qu'est-ce que...Harry, c'est vrai ? Demande-t-il la voix enrouée.

- Attends Harry, Louis n'était pas au courant pour ton coming out ? Renchérit Mark un peu perdu.

- Je pensais qu'il était le premier à savoir, murmure ma mère.

- Il faut croire que non, crache-t-il. C'est quoi ce cirque ? Pourquoi tu me m'as rien dit !

Je déglutis difficilement sans arriver à répondre.

- Tu t'en es rendu compte quand ? Reprend-il plus doucement.

Voyant que je réponds rien, Félicité répond non sans demander mon accord implicite.

- Il... Il l'a annoncé à tout le monde un peu après ses 18 ans. On pensait donc que tu le savais aussi depuis le temps...

Louis se lève d'un bond, les yeux humides, le regard choqué et déçu, puis il part sans un mot. Un énorme blanc s'installe dans toute la pièce et je me lève à mon tour.

- On n'est plus ensemble, au passage. J'ai rompu avec lui plusieurs jours avant de venir, c'est certainement pour ça qu'il me harcèle, j'annonce avant de partir.

Je monte les escaliers et rejoins la chambre que je partage avec Louis. J'entre et referme la porte derrière moi. Quand je me retourne, Louis se tient debout à côté du lit, les bras croisés et le visage contrarié.

- Je ne comprends pas ! Lâche-t-il soudainement. Pourquoi ! Ça fait 14 putain d'années que tu es gay et je l'apprends seulement maintenant ? On se disait tout avant et je découvre que je suis le dernier au courant !

La colère monte en moi et j'inspire un grand coup avant de relâcher la rancœur que j'ai malgré moi accumulé au fil du temps.

- Tu oses sincèrement demander pourquoi ? Je hurle presque.

- Oui !

- Eh bien réfléchis deux secondes et commence d'abord par te demander ce que toi tu faisais quand j'avais 18 ans ! Enfin je dirais même 16 ans, car je le sais depuis ce moment mais je n'ai rien dit avant.

- Je...Commence-t-il soudainement moins sûr de lui.

- Ouais, c'est bien ce que je me disais. Tu n'es qu'un hypocrite Louis ! Je t'ai simplement rien dit parce que c'était à l'époque où tu en avais déjà plus rien à foutre de moi ! L'époque où tu as découvert les joies de la fac, où tu t'es fait de nouveaux amis, où tu as fait la rencontre de Liam et donc tu n'en avais plus rien à faire du petit Harry ! Tu revenais pratiquement jamais et à chaque fois que tu le faisais, Liam était toujours avec toi. Tu passais ton temps avec lui ou bien avec toute la famille. Tu peux me dire à quand remonte la dernière fois où toi et moi on s'est retrouvé seul pour discuter, à part hier ?

Nouveau silence de sa part alors que mon sang bouillonnant de colère se calme peu à peu.

- Alors ton indignation et tes « tu m'as manqué Hazzy », tu peux te les garer là où je pense ! Ça t'intéressait plus à l'époque alors ne me fais pas croire que ça t'intéresse maintenant. On n'est plus des enfants, Louis. Ce lien qu'on avait, il n'existe plus et c'est toi qui l'a voulu.

Un énorme silence s'installe alors qu'il me fixe les yeux légèrement écarquillement et les yeux brillants de larmes. J'ai mal au coeur de le voir comme ça mais je ne peux pas céder. Je tiens tellement à lui, cependant il n'a pas le droit de m'en vouloir pour quelque chose qu'il a causé, dans tous les sens possibles.

Je me racle faiblement la gorge puis je fais volte-face et sors de la chambre. Je descends les escaliers et tous les membres de ma famille retournent d'un coup à leurs occupations comme si ils n'avaient pas tendu l'oreille tout du long.

Je m'installe sans un mot devant la télé et l'allume. Je tombe sur les dessins animés de Freddie mais je ne change pas, sachant qu'il voudra certainement les voir. Au bout d'un moment, je sens un petit corps se coller contre moi et je tourne la tête pour voir Phoebe qui me sourit timidement. J'ouvre mon bras pour l'entourer et la serrer contre moi. Elle se blottit en silence en commençant elle aussi à regarder la télé. Peu de temps après Charlotte vient faire pareil de l'autre côté, m'entourant de son bras, pendant que Daisy s'allonge contre sa jumelle. Félicité elle s'assoit près de nous sur le tapis en s'adossant sur le canapé.

- Moi aussi je veux être contre tonton zizi ! S'exclame d'un coup Freddie.

Il monte sans aucune gène sur les jambes de Félicité pour pouvoir mieux se hisser et grimpe carrément sur mes genoux, poussant sans ménagement la main de Charlotte. Il blottit son flan contre mon torse puis reprend la main de sa tante mais pour la poser sur lui.

- Tu sais, je t'aime quand même tonton zizi. Même si tu as grondé papa.

Je caresse tendrement ses cheveux en souriant un peu tristement.

- Je suis heureux alors. Mais tu devrais aller aussi voir ton papa. Je crois qu'il est triste car je l'ai grondé.

- En même temps c'est normal, il t'aime tout fort et ça rend triste quand on se fait gronder par quelqu'un qu'on aime tout fort...

Puis il me fait un bisou sur la joue et redescend de mes genoux pour galoper jusqu'aux escaliers.

- J'arrive te faire des bisous papou ! Hurle-t-il avant de s'élancer pour monter les marches.

En tournant la tête pour le regarder partir, je croise le regard de ma mère dans la cuisine qui termine d'essuyer la vaisselle. Elle me sourit et me fait clin d'oeil pour me faire comprendre que je ne dois pas m'inquiéter et que tout va rentrer dans l'ordre.

Je me reconcentre sur la télévision en soupirant discrètement. J'espère qu'elle a raison, je ne veux pas être fâché avec Louis durant tout notre séjour et encore moins pour son anniversaire et Noël.

**

La nuit est tombée et nous sommes tous entrain de nous habiller pour partir au marché de Noël à l'exception de ma mère et de Gemma. Au moment où nous nous apprêtons à sortir, Louis et Freddie n'étant toujours descendus, ils arrivent d'un coup en dévalant les escaliers en quatrième vitesse.

- Attendez-nous ! S'écrie Freddie.

Le petit blond et son père enfilent rapidement leurs bottes de neige, leur manteau, leur bonnet et leur écharpe avant de nous rejoindre sur le palier du chalet.

- Désolé du retard, s'excuse Louis alors qu'on se met en route.

- C'est pas grave fiston !

Je marche tranquillement un peu en avant avec Félicité et les jumelles alors qu'on continue notre descente vers le centre du village. Je profite du paysage magnifique, de l'air frais qui caresse mon visage et de la sensation de mes bottes qui s'enfoncent dans la neige épaisse et craquante.

Nous arrivons rapidement au marché de Noël et je souris en voyant tous les petits chalets et en sentant déjà l'odeur des épices et du vin chaud.

- Oh il y a une galerie des glaces ! S'exclament d'un coup les jumelles en fixant l'affiche.

- Perso, je préfère la grande roue, dit Charlotte en la pointant dans les airs.

- Oh oui j'adore les grandes roues ! Soutient Félicité.

Mark soupire en levant les yeux au ciel.

- Je suppose qu'on va se disperser alors. J'ai déjà vu la galerie et je ne monterais pas sur la grande roue !

- Je te suis papa. Freddie est trop jeune pour la grande roue et je préfère l'emmener voir le Père Noël au stand.

- Oh le Père Noël ! Le Père Noël ! S'écrie le garçon.

Au feu vert de Mark, les jumelles partent en direction de la galerie des glaces pendant que Félicité et Charlotte se dirigent vers la grande roue et que le père, le grand-père et le petit fils commencent leur chemin en suivant l'énorme flèche indiquant le stand du Père Noël.

- Tu veux venir Harry ? Me demande Charlotte en se retournant.

- Non, c'est bon. Je vais aller faire un tour de mon côté.

Je lui souris doucement puis me mets en marche à mon tour. J'enfonce mes mains dans mes poches en frissonnant légèrement à cause du froid mais je souris quand même. Je me balade tranquillement entre les chalets, observant chaque stand. Je m'arrête pour goûter un petit morceau de pain d'épices puis en voyant un exposant qui propose de jolies jouets en bois, je réalise soudainement quelque chose. Je n'ai rien pour Freddie à mettre sous le sapin ! Ne sachant pas que Louis et lui seraient là, je n'ai pas pris de cadeaux pour eux.

J'observe les objets avec émerveillement et me décide pour un grand circuit de voiture avec pleins de petites voitures en bois de toutes les couleurs. Je sais que Freddie adore ça. Ce n'est certes pas donner mais ce n'est pas important, le but c'est que ça lui plaise. Pour des raisons de praticité, l'artisan accepte de me le livrer demain à la première heure, avant de commencer le marché.

Je le paye, le remercie avant de poursuivre mon chemin. Je commence au bout d'un moment à entendre de la musique de Noël, je me laisse guider par la mélodie jusqu'à ce que je débouche sur une grande patinoire. Il y a soudainement plus de monde, plus de vie. Je crois qu'il s'agit du coeur du marché de Noël, là où se situe également le plus de stands de nourriture et de boissons.

J'observe un peu ce qui m'entoure jusqu'à ce que mon regard tombe sur une silhouette familière. J'écarquille les yeux et me dirige lentement vers Louis accoudé au bord de la patinoire. J'essaye d'apercevoir Mark ou Freddie mais je finis par me rendre compte qu'il est seul.

- Mon père et Freddie sont finalement allés à la galerie. Le petit à insister et comme tout bon papy, Mark a cédé, m'explique-t-il doucement.

- D'accord.

Un léger silence s'installe entre nous alors qu'il fixe d'un sourire triste les personnes patinant sur la glace.

- Je me suis toujours demandé comment tu arrivais à patiner aussi bien. J'ai toujours été si maladroit avec des patins aux pieds alors que toi tu filais à toute vitesse avec tellement d'habilité et de grâce. Ça me rappelle la fois où...

- Non Louis s'il-te-plaît, ne fais pas ça, je le coupe en soupirant. Ressasser le passé ne résoudrais rien.

- Sauf que je te dois des explications.

- Et je ne suis pas sûr de vouloir les entendre, je rétorque la gorge nouée.

- Ok très bien. Je ne voulais pas en arriver là mais je crois que je n'ai pas le choix, marmonne-t-il.

Les sourcils froncés, il se met soudainement en route, se dirigeant je-ne-sais-où d'un pas déterminé. Quand je le vois s'approcher du guichet de la patinoire, j'écarquille les yeux en croyant comprendre ce qu'il compte faire. Le vendeur lui tend une paire de patins et je n'attends pas pour me précipiter vers lui.

- Louis, c'est dangereux, arrête ça, je lui lance durement alors qu'il enfile ses patins.

Il se redresse avec difficulté et avance maladroitement vers la glace.

- Je n'ai pas le choix, tu ne veux pas m'écouter !

- Tu me fais sérieusement du chantage là ? Tu vas te faire mal !

- Je suis près à courir le risque, déclare-t-il avant d'entrer sur la patinoire.

Il se mets à avancer lentement en restant accrocher au bord et en le voyant manquer de tomber, je en réfléchis plus. Je peste en me dépêchant de sortir ma carte de crédit et de la tendre au vendeur.

- Une paire en 44 s'il-vous-plaît.

- Très bien.

Il cherche la bonne pointure puis me donne ma paire. Je le remercie et tape rapidement mon code. Je récupère la carte et enfile le plus rapidement les patins. Je m'élance sans attendre et me dirige vers un Louis se déplaçant à deux à l'heure, les jambes tremblantes et les bras écarter pour garder son équilibre. Il pousse des petits cris et lance des gros mots à chaque fois qu'il manque de tomber et je secoue la tête de droite à gauche avec désespoir mais je ne peux empêcher mon léger sourire. Je me cale par surprise derrière lui et attrape sa taille pour le diriger vers le bord le plus proche.

- Harry ? Demande-t-il un peu paniqué.

- Non, c'est le Père Noël, je réponds en pouffant.

- Ah ah ah, je suis plié, grommelle-t-il en se jetant presque sur la barrière quand on s'en approche.

Il se tourne face à moi et s'appuie sur la barrière pour prendre appuie et s'y asseoir. Il soupire de soulagement quand ses pieds ne touche plus la glace. Je me place bien devant lui en mettant mes pieds en V pour me stabiliser et pose mes mains sur la barrière de chaque côté de son corps. Il se racle la gorge en voyant mon regard attentif.

- Ça a marché, dit-il en souriant.

- Je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience alors je n'ai pas trop eu le choix, je lui réponds avec un sourire en coin.

Il pouffe de rire en baissant la tête puis prend une grande inspiration.

- Je t'ai toujours admiré tu sais ? Commence-t-il en encrant son regard au mien.

- Enfin Louis, ne dis pas n'importe qu...

- Pourtant c'est vrai. J'ai toujours admiré ta douceur, ta gentillesse, ton intelligence, la façon dont tu arrivais à me comprendre sans que je n'ai à te parler, la façon dont tes câlins m'apaisaient, la façon dont ta présence me faisait du bien...Je t'admirais toi tout simplement.

Je déglutis en avalant difficilement ma valise. Pourquoi me dit-il ça ? Pourquoi maintenant ?

- J'étais si heureux d'avoir un frère, de m'entendre si bien avec lui et de l'aimer tellement. Mais en grandissant, quand je suis entré dans l'adolescence je me suis vite rendu compte que quelque chose n'allait pas...

- Avec moi ? Je dis tristement.

- Non ! S'empresse-t-il de me rassurer en caressant furtivement ma joue. Avec moi. Le problème venait de moi et malheureusement tu as dû en subir les conséquences. J'ai été si égoïste !

- Il s'est passé quoi ? Je l'encourage avec douceur.

Il semble hésiter et chercher ses mots et je lui laisse le temps dont il a besoin.

- J'ai toujours aimé ma famille, plus que tout, et quand je suis parti à l'université tous mes doutes se sont confirmés. Vous me manquiez tellement, tous, mais toi c'était différent. Ne plus te voir tous les jours, te parler, ça m'a mis au plus mal...C'était si affreux. C'est pour ça que je voulais rentrer tous les week-ends mais je me suis vite rendu compte que c'était encore pire. Te voir un ou deux jours puis te quitter à nouveau, c'était la pire sensation que j'ai jamais ressenti. Alors pour mon propre bien j'ai décidé de ne plus rentrer. Je sortais beaucoup pour me vider la tête, j'ai fait beaucoup de rencontres, je me suis fait beaucoup d'amis et j'ai commencé à faire ma petite vie, sans toi, et au fond j'étais soulagé.

Mais yeux s'humidifient alors que je digère ce qu'il vient de me dire. Je commence à me reculer mais il me retient en accrochant ma veste.

- Non Harry, j'ai pas finit mon explication. Quoique que tu risques certainement de me rejeter encore plus à la fin, rajoute-t-il avec un petit rire amère.

- Tu étais soulagé de faire ta vie sans moi, je ne vois pas comment le prendre autrement...

- Non, ne le prends pas comme ça.

Il prend délicatement mon visage en coupe et essuie mes yeux humides avec ses pouces.

- J'étais soulagé car en me détachant de toi je me sentais moins...moins bizarre...moins dégoûtant. Je me plongeais dans l'illusion que loin de toi j'étais heureux.

- Je comprends pas...Pourquoi tu te sentais bizarre et dégoûtant ?

- Parce que pour beaucoup, ce que je ressentais pour toi est ce qu'on pouvait appeler...de l'inceste.

Mon visage se décompose alors qu'il s'accroche à nouveau à mon manteau pour ne pas que je fuis.

- Ne m'en veux pas. Je ne pouvais pas le contrôler, c'était plus fort que moi ! En grandissant j'ai réalisé que je t'aimais plus que comme un frère et je ne pouvais le dire à personne. J'avais peur de briser notre famille et notre lien alors je n'ai rien dit. Je pensais que prendre mes distances en allant à la fac allait m'aider à t'oublier mais comme je te l'ai dit, ça a été tout le contraire. Tu me manquais comme un fou alors j'ai pris une décision encore plus radicale car ce n'était pas normal, mes sentiments devaient partir. On était sensé former une famille, les jumelles commençaient à appeler Anne « maman », parfois mon père t'appelait « fiston » sans faire attention et les filles te considéraient déjà comme leur frère. Alors je n'avais pas le choix de faire taire mes sentiments. Je suis conscient que je n'ai pensé qu'à moi, que je n'ai pas pris en compte le fait que ça te ferais du mal que je m'éloigne d'un coup de toi. Je me disais que c'était un mal pour un bien. Mais je me rends compte maintenant que c'était plus ton mal pour mon bien...

A ses mots, sa voix craque et il commence à pleurer sans pouvoir le contrôler. Sans réfléchir, je viens le prendre dans mes bras et je le serre fort contre moi.

- Je suis désolé Harry, lâche-t-il en me serrant en retour. Je suis désolé de t'avoir abandonné et de ne pas avoir été là pour toi.

- Shhh, ne t'excuse pas pour ça Louis.

Mes larmes coulent aussi et je m'en veux car je viens de réaliser seulement maintenant le mal-être de Louis. Il m'aimait, autant que moi je l'aimais, sauf que lui a mesuré les conséquences de ses sentiments alors que moi, naïf et égocentrique, je me disais juste que Louis ne pouvait pas m'aimer et qu'il m'avait briser le coeur en m'abandonnant. Mais il y avait bien plus en jeu...

- Je...Pardonne-moi Louis. Pardonne-moi de t'avoir jugé et de t'avoir crier dessus tout à l'heure.

- Non, non, tu n'as pas à te faire pardonner de quoi que ce soit.

- Dans ce cas toi non plus, je rétorque en riant légèrement.

- J'aurais pu te parler, t'expliquer...

- Ça aurait été pire si tu étais venu me parler.

Il se recule lentement en essuyant ses larmes puis fronce les sourcils.

- Pourquoi ça aurait été pire ?

- Parce que je ne t'aurais pas laissé partir. Si tu m'avais dit que tu m'aimais et qu'en suite tu serais parti, tu m'aurais briser le coeur complètement.

Je lui souris tristement alors que ses yeux s'écarquillent.

- Tu...Tu...Non !

- Eh si...Donc dans un sens et sans le savoir tu as pris la bonne décision. Qu'est-ce qu'on aurait fait Louis ? Tu allais partir à l'université et le peu où on aurait pu se voir, on aurait fait quoi ? Se lancer dans une relation secrète au milieu de nos frères et sœurs et de nos parents ?

- Non, définitivement pas. Savoir qu'on s'aimait sans pouvoir être ensemble aurait été la pire des tortures, bien pire que ce qu'on a vécu en s'éloignant l'un de l'autre en pensant notre amour à sens unique...

Un silence s'installe pendant lequel nous semblons tous les deux assimiler ce que nous venons de nous dire. Il finit par descendre de la barrière et repose ses pieds sur la glace non sans manquer de tomber. Je le rattrape rapidement par la taille et il souffle de soulagement.

- Merci...

Un léger sourire aux lèvres, je me glisse derrière lui en posant mes mains sur ses hanches.

- Prêt à patiner un peu ? Je lui souffle.

- D'accord, répond-il d'un ton pas très sûr.

Il s'accroche à mes avants bras et je commence doucement à avancer.

- Ne crispe pas tes jambes et cale toi sur mon rythme sinon tu vas tomber et moi avec toi.

- Ça serait dommage, glousse-t-il.

Il se laisse aller petit à petit et nous patinons tranquillement. Nous parlons de tout et de rien, nous rions, nous chantons les chants de Noël qui résonnent dans les hauts parleurs jusqu'à ce qu'on nous interpelle du bord de la patinoire.

- Papa ! Tonton Zizi ! Hurle Freddie en agitant ses mains.

Je lâche Louis d'une main pour lui faire coucou en retour mais je la repose bien vite quand il manque de tomber. Je nous avance vers la barrière pour rejoindre toute notre famille.

- Vous avez tous vu ce que vous aviez à voir ? Leur demande Louis.

- Oui, on vous cherchait pour rentrer en fait, explique Charlotte.

- Laissez nous juste rejoindre la sortie et on arrive, je leur dis.

Je m'écarte et attrape cette fois-ci la main de Louis pour le tirer à ma suite. Nous retirons ensuite nos patins, remettons nos chaussures et retrouvons notre famille.

- Ça a l'air d'aller mieux entre vous ? Remarque Félicité.

- No comment, lui rétorque Louis avec un sourire mystérieux.

Je souris moi aussi et nous nous mettons en route doucement vers le chalet de nos parents. Une fois arrivée, Freddie tombe de fatigue.

- Je veux aller au lit papa...

- On va prendre la douche et après on ira se coucher, d'accord ?

Il hoche la tête en se frottant les yeux puis ils montent tous les deux. Je vais prendre ma douche dans la salle de bain du bas, souhaite une bonne nuit à tout le monde et monte rejoindre Louis et Freddie. Quand j'entre de la chambre, Freddie dort déjà à poings fermés et Louis est allongé sur le lit. Il se redresse légèrement en m'apercevant et me souris. Je le rejoins et m'allonge sur mon flan, face à lui.

- Écoute Lou...

- Shhh, fait-il en posant ses doigts sur mes lèvres.

Je récupère doucement sa main et l'enlève de mes lèvres sans la lâcher pour pouvoir quand même parler.

- Je voulais juste te dire que j'étais désolé de ce que tu as traversé, tu devais te sentir si seul.

Il hausse les épaules en soupirant.

- Je ne te cache pas que ce n'est pas la meilleure sensation de se prendre pour un pervers incestueux et donc de ne pouvoir se confier à personne. Mais bon, j'ai fait avec et s'il-te-plaît ne t'excuse pas pour ça...Mais toi tu l'as pris comment ?

Je pouffe légèrement.

- Moi je l'ai pris d'un point de vue bien plus...disons romantique et dramatique ! Je me suis dit dès le départ que mon amour était impossible et à sens unique. Je n'ai pas cherché à changer les choses, j'ai subi totalement comme une héroïne tragique. J'étais triste comme pas possible mais je me suis dit que c'était comme ça. Au bout d'un moment j'ai même voulu me confesser mais...

- C'était trop tard ?

- Oui, tu allais partir pour la fac.

- Heureusement que tu n'as pas joué aux héroïnes tragiques jusqu'au bout quand même.

Je fronce les sourcils sans comprendre ce qu'il veut dire.

- Bah elles meurent toutes à la fin !

- Oh ! Oui, ne t'inquiète pas là-dessus ! Je suis peut-être un peu trop dramatique mais j'irais jamais jusque là !

Il pouffe doucement pour ne pas réveiller son fils et je viens poser délicatement ma tête sur son torse. Il commence à caresser mes cheveux comme il le faisait quand on était plus jeune et je ferme lentement mes yeux. Au bout d'un moment je sens ses lèvres se poser sur mon front et je sombre définitivement dans les bras de Morphée.

**

23 décembre

Je suis réveillé par une sensation désagréable au niveau de mes jambes. Je papillonne des yeux et fixe le bas du lit pour voir Freddie attraper mes pieds et essayer de me tirer du lit. Je dis bien essayer.

- Tu es trop lourd ! Geint-il, tout rouge à cause de l'effort.

- Qu'est-ce que tu fais Fred' ? Marmonne Louis, réveillé lui aussi.

- Tu as dit qu'aujourd'hui on irait jouer dans la neige et qu'on irait manger des crêpes au village ! Mais tonton Harry il t'empêche de te lever !

Oula ! Il m'a appelé Harry, il doit être vraiment fâché contre moi ! Je cherche alors à me reculer de Louis mais il me retient en serrant sa prise autour de ma taille.

- Non toi tu restes encore un peu, chuchote-t-il. Ça fait trop du bien d'avoir à nouveau ce genre de réveil...

- Mais papa !

- Je me lèverais après avoir fait un câlin à Harry, donc soit tu nous rejoins soit tu attends là et tu regardes, dit-il malicieusement.

Évidemment, le petit blond n'attend pas une seconde pour grimper sur le lit et se jeter sur nous. Le filou fait exprès de se faufiler entre nous et se blottit contre nous deux en même temps en battant exagérément des cils.

- C'est pas ton fils pour rien ! Je lance en riant sans pouvoir m'en empêcher.

Louis fait une mine faussement outrée.

- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles ! S'exclame-t-il en faisant la moue.

- Tu veux que je te rappelles comment j'en suis venu à quitter la chambre que je partageais avec ma sœur pour emménager dans la tienne même pas deux ans après qu'on ai emménagé tous ensemble ?

- Tu exagères ! Je faisais rien de mal !

- À part t'immiscer entre Gemma et moi quand on était trop proche pour marquer ton territoire ?

- Tout de suite les grands mots, soupire-t-il en roulant des yeux.

Je ris face à sa mauvaise foi et Freddie aussi.

- Tu étais jaloux de tata Gemma ?

- Je n'étais pas « jaloux », ok ! Lance-t-il en se levant d'un coup.

- Si il était jaloux, je chuchote à l'oreille du petit blond.

Nous gloussons discrètement et Louis râle dans son coin en enfilant un sweat. Il part sans nous attendre et nous le rejoignons peu de temps après dans la cuisine pour prendre notre petit-déjeuner. Ma mère et Mark arrivent peu de temps après et nous saluent.

- Vous êtes levés aux aurores, remarque ma mère.

- J'ai promis à Freddie de l'emmener jouer dehors et déjeuner dans une crêperie du village donc dés qu'il a vu qu'il faisait jour dehors, il nous a réveillé en décrétant que c'était l'heure.

- Le coquin ! Glousse Mark en ébouriffant les cheveux de son petit fils. Harry va avec vous ?

- Non, j'ai juste été réveillé en même temps que Louis c'est tout.

- Si tu veux tu peux venir avec nous ? Propose timidement Louis. Tu es justement déjà levé alors tant qu'à faire...

- Oh oui ! Viens avec nous tonton Zizi !

Je leur souris en hochant la tête et Louis me répond par un clin d'oeil. Une demi-heure plus tard, habillés des pieds à la tête, nous nous élançons gaiement sur un chemin menant à la forêt un peu plus haut derrière le chalet de nos parents.

Freddie court devant nous aussi vite qu'il le peut avec presque vingt centimètres de neige au sol pendant que Louis et moi marchons tranquillement.

- Il te ressemble beaucoup, je glisse à Louis.

- Il ressemble aussi énormément au père de Brianna, c'est assez dingue !

- C'est un parfait mélange alors.

- Oui, voilà !

Nous explosons de rire quand, soudainement, Freddie s'approche un peu trop du bord du sentier et disparaît d'un coup en tombant dans la neige. Il se redresse, l'air hébété, et cligne des yeux le bonnet couvert de neige. Il se secoue entièrement le corps puis cherche à nous rejoindre mais il peine à sortir du trou de neige qu'il a creusé en tombant.

- Papa, tu viens m'aider ?

Quand on s'approche pour le faire sortir, nous remarquons qu'effectivement, il y a deux fois plus de neige sur les côtés. C'est une sorte de fossé mais rempli de neige de sorte à ce qu'il soit au même niveau que le chemin.

- Je crois que je vais rester vers le milieu, décrète-t-il en jetant un mauvais regard à l'énorme trou qu'il a causé.

- Oui, c'est une bonne idée, rajoute Louis en riant.

Une fois arrivé au niveau de la forêt, je fais exprès de ralentir un peu et une fois que Freddie et Louis sont devant moi, je fabrique discrètement deux grosses boules de neige. Je jette la première à Louis puis enchaîne directement sur son fils.

Ils se stoppent net en poussant un petit cri puis se retournent vers moi le regard assassin.

- Tu vas mourir tonton Zizi !

- Ouais, prépare toi à avaler de la neige Styles.

Une bataille de boules de neige éclate alors d'un coup. Je pars me cacher derrière un arbre alors qu'eux établissent leur base derrière un gros rocher puis s'en suis de nombreux tirs de chaque camp.

J'essaye de faire une feinte en courant pour rejoindre un arbre plus gros un peu plus loin mais malheureusement, Louis me rattrape et je m'écroule dans la neige en même temps que lui. On a à peine le temps de se tourner sur le dos que Freddie nous bombarde tous les deux en poussant un rire diabolique.

- C'est moi le meilleur ! S'écrie-t-il en posant ses poings sur ses hanches.

Louis et moi échangeons un regard complice et en moins de deux, Freddie s'écroule dans la neige en recevant deux boules de neige, une dans la tête et une dans le ventre.

- C'est pas juste ! Geint-il en se relevant.

- Dis plutôt que tu t'es fait avoir, le taquine son père. Je propose maintenant qu'on se mette doucement en route vers le village et qu'on fasse notre bonhomme de neige sur le chemin.

J'acquiesce en même que Freddie et nous faisons demi-tour.

**

Freddie dit tristement au revoir au bonhomme de neige que nous abandonnons à la fin du sentier qui descend au village.

- Au revoir Doug, j'ai été content d'être ton ami...

- Au revoir Doug, disons Louis et moi en même temps.

Il faut dire que Doug est drôlement énorme. Quand on crée une boule dans une descente, elle devient rapidement massive et tout entier, Doug est presque aussi grand que moi !

Commençant à avoir un peu froid, nous nous dépêchons de rejoindre la petite crêperie où Louis a réservé pour midi.

- Bonjour, j'ai réservé au nom de Tomlinson.

- Très bien, suivez-moi.

La serveuse nous place à une petite table ronde près d'une grosse cheminée et nous nous asseyons en savourant la chaleur.

- Ah ça fait du bien ! Je m'exclame en frottant mes mains ensemble.

- Je suis totalement d'accord !

Nous regardons la carte en cherchant quoi prendre.

- Il y a un menu enfant pour toi Freddie, je lui explique. Une crêpe au jambon et au fromage et en dessert une crêpe au chocolat ou à la confiture. Ça te va ?

- Oui, ça a l'air trop bon !

Je me décide pour une crêpe au saumon et Louis pour une crêpe fermière. Nous commandons rapidement et la serveuse nous explique qu'il y a une petite salle de jeux pour les enfants dans la pièce du fond. La petite furie blonde n'attend même pas la réponse de son père et galope pour s'y rendre.

Louis et moi rions tendrement avant qu'une doux silence s'installe.

- Je suis content que tu sois là, murmure-t-il en souriant.

- Et je suis content d'être là aussi, je lui réponds en me penchant vers lui.

- Quand je t'ai dit que tu m'avais manqué, c'était vrai. Et ce genre de moments ensemble me manquaient aussi, m'avoue-t-il.

- J'en suis conscient maintenant, et d'ailleurs moi aussi tout ça m'a manqué...

On se sourit et doucement, peut-être par le fruit du hasard ou non, ses doigts finissent entremêlés aux miens sur la table. Mais notre bulle est éclatée par la serveuse et Freddie arrivant ensemble. Elle dépose les plats et donc nous n'avons pas le choix de séparer nos mains.

- Bon appétit messieurs !

- Merci !

Nous commençons à déguster tranquillement.

- En fait cette dame était assez bizarre, lance Freddie la bouche pleine. Quand elle est venue me chercher dans la salle, elle a dit que moi et mes papas allaient être servi.

Louis et moi nous figeons et je manque de m'étouffer avec ma bouchée.

- Elle a vraiment dit ça ? Demande Louis un peu gêné.

- Oui, mais t'inquiète pas, je lui ai dit que c'était pas vrai. ! J'ai dit que vous étiez des frères, pas des amoureux.

- Oui, évidemment, je marmonne en continuant à manger.

Le reste du repas se passe dans un silence un peu étrange, seul Freddie semble détendu et passer un moment agréable.

Sur le chemin du retour, l'atmosphère se détend légèrement. Louis me bouscule gentiment puis nous échangeons un regard complice qui détend immédiatement l'ambiance.

Une fois rentrer, Freddie file à la sieste et nous rejoignons le reste de notre famille qui joue à un jeu de société dans le salon. Nous jouons une bonne partie de l'après-midi dans la joie, la bonne humeur...et la mauvaise foi !

Le dîner et la soirée se passent tranquillement, comme les autres jours, et nous montons nous coucher après avoir visionné un film de Noël, agglutinés tous les dix devant la télé.

- Je suis fatigué Hazzy, se plaint Louis en venant se blottir contre moi dans le lit.

- Eh bien dors alors Lou, je réponds en caressant son dos.

Il vient déposer plusieurs baisers sur ma joue puis s'allonge à nouveau contre moi.

- Merci pour cette journée...Souffle-t-il à moitié endormi.

- Merci à toi, Boo.

Il sourit en entendant ce surnom alors que ses yeux sont totalement fermés, puis au bout d'un moment il ne bouge plus et sa respiration est régulière, signe qu'il s'est endormi.

Je soupire en continuant de caresser doucement son dos. Je repense à cette journée si douce, si parfaite et je me dis que je suis foutu. Je ne voulais pas retomber, je ne voulais pas, mes sentiments devaient rester dans le passé...

Mais c'est Louis et je crois qu'avec lui ça ne sert à rien de résister. Je le serre tendrement pendant plusieurs secondes puis le relâche et tente à mon tour de rejoindre le doux pays des rêves.

**

24 décembre

- BON ANNIVERSAIRE ! Nous nous exclamons tous en même temps.

Mark dépose sur la table l'énorme gâteau préparé par ma mère ce matin et Louis souffle ses bougies. Nous applaudissons et c'est quand tout le monde dépose un cadeau devant lui que je palis d'un coup en réalisant que je n'ai strictement rien pour lui, ni pour son anniversaire, ni pour Noël. Je devais en acheter au marché de Noël mais j'ai juste eu le temps de le faire pour Freddie avant de tomber sur Louis à la patinoire. Je suis stupide ! Vraiment stupide ! Pile au moment où nous retrouvons une bonne relation, je gâche tout en ayant aucun cadeau pour lui !

Il déballe un à un les cadeaux en remerciant chaleureusement chaque personne. Ni lui ni personne ne fait de remarques concernant le fait que je ne lui ai rien offert. Nous attaquons le gâteau puis nous débarrassons. Nous nous accordons tous sur le fait de faire une petite sieste pour être en forme pour le réveillon et chacun rejoint sa chambre sans trop attendre.

Alors que je suis entrain de coucher Freddie à sa demande, Louis arrive et se poste à l'embrasure de la porte avec un petit sourire en coin. Je remonte sa couverture alors qu'il est déjà à moitié endormi et je me tourne vers le mécheux. Je le rejoins sans faire de bruit et me poste devant lui.

- Aurais-tu oublié mon cadeau ? Me taquine-t-il.

- Je...Je suis désolé. Je n'avais rien prévu car je ne savais pas que vous seriez là et ensuite j'ai...

- Je rigole Harry, détends-toi ! Je sais très bien que tu ne savais même pas qu'on serait là. Je m'en fiche que tu n'ai rien pour moi, même si en soit j'ai déjà un cadeau...

- Ah oui ?

- Il est juste devant moi, murmure-t-il en venant entourer ma taille. Le plus beau que je pouvais avoir.

Je caresse sa joue, totalement ému par ses mots, et il me sourit tendrement.

- Mais si tu tiens absolument à m'offrir quelque chose, j'ai déjà ma petite idée.

- Je t'écoute, tout ce que tu veux.

Il cherche quelque chose dans la poche arrière de son jean puis en sors une fine branche toute tordue en rougissant fortement.

- C'est du gui si tu n'avais pas compris, souffle-t-il les joues toujours roses de gêne.

Il lève timidement son bras au dessus de nos têtes pour suspendre le gui et je déglutis fortement, le corps battant.

- Tu connais la tradition n'est-ce pas ?

- Évidement...

- Tu as donc compris la chose que j'aimerais plus que tout, dit-il timidement.

Je hoche la tête, incapable de créer un son pour le moment, alors qu'il vient déposer la branche de gui sur la commode à côté de nous.

Nous nous retrouvons face à face et lentement nos visages se rapprochent. Il pose ses mains sur ma taille pendant que j'attrape son visage en coupe.

- Tu es sûr ? Je lui murmure.

- Oui. Et toi, tu en as envie au moins ? Ne te sens pas obligé..

- Je crois que je n'ai jamais cesser d'en avoir envie en 16 ans.

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres avant qu'elles ne rejoignent les miennes pour un doux baiser. C'est léger, tendre, juste nos lèvres se pressant les unes contre les autres alors que mon corps lui tremble presque de ce contact.

Nous nous reculons en ouvrant les yeux et après quelques secondes à nous fixer, nous replongeons sur les lèvres de l'autre mais avec plus d'empressement. Louis agrippe mon pull et me tire le plus possible contre lui alors que l'une de mes mains glisse sur sa nuque pour renforcer notre étreinte. Nos langues se taquinent timidement alors que nous savourons ce baiser avec lenteur et langueur.

Il dure plusieurs secondes ou bien peut-être même plusieurs minutes, je n'en sais rien. Je sais juste que ce moment était parfait, et la sensation de milliers de petits papillons s'envolant dans mon estomac ne trompe pas.

Alors que je me recule légèrement, Louis a toujours les yeux fermés et les lèvres un peu avancées, comme s'il savourait toujours ce moment et essayait de l'enregistrer dans sa mémoire. Ses lèvres s'étirent dans un sourire et il papillonne doucement des yeux avant de les rouvrir complètement.

- J'ai rêvé de ce moment tellement de fois en 16 ans, souffle-t-il.

- Moi aussi, je lui réponds en collant mon front au sien. Mais je n'aurais jamais pensé que ça arriverait un jour.

- Et moi dont, pouffe-t-il.

- Il faut croire qu'en 16 ans, il n'y a pas tant de choses qui ont changé finalement, je dis avec un sourire en coin.

- Peut-être bien oui.

Puis doucement je recule, attrapant la main de Louis pour qu'il me suive. Je soulève la couette et m'allonge sur le lit. Il s'y glisse à son tour mais au lieu de s'allonger à mes côtés, il se faufile entre mes cuisses et s'y allonge. Appuyé sur ses avants bras, il me sourit avant de se pencher vers moi et de m'embrasser à nouveau. Je resserre mes bras autour de lui et nous continuons à nous embrasser pendant de longues de minutes, jusqu'à ce qu'il se recule de lui-même pour finalement s'allonger totalement sur moi en posant sa tête sur ma poitrine. Je caresse son dos sous son pull et il soupire de bien-être.

- J'aimerais que ce moment dure pour toujours, je souffle.

- Toi, moi, nous embrassant dans les bras l'un de l'autre, enfermé dans une chambre. Mmh moi aussi je voudrais que ça dure...

Nous pouffons bêtement avant d'enfin nous calmer pour avoir une chance de dormir.

**

Nous trinquons dans la joie et les rires puis nous buvons une gorgée de vin blanc avant de commencer à déguster l'entrée qui n'est autre qu'une assiette de saumon fumé.

- En fait, je peux vous poser une question ? Demande Freddie un peu pensif.

- Bien sûr mon ange, lui dit ma mère en prenant une bouchée.

- Est-ce que quand on est frères et sœurs on peut se faire des bisous ?

Tout le monde se regarde un peu étonné de sa question.

- Évidement Fred', lui répond Félicité. Tu peux faire des bisous à tes frères et sœurs.

- Même sur la bouche ?

- Ça par contre non ! Lance Daisy en riant. Pourquoi tu demandes ça ?

- Bah parce que papa et tonton Zizi ils le font, je les ai vu tout à l'heure dans la chambre, ils en ont fait vraiment beaucoup ! Alors eux ils ont le droit ou pas ?

Je manque de m'étouffer avec ma nourriture alors que Louis devient blanc comme un linge. Le pire reste la réaction de notre famille, des couverts tombent dans un fracas avant qu'un silence mortuaire s'installe.

- De...De quoi il parle ? Demande Mark.

Louis et moi nous regardons totalement perdus. Soit on nie en faisant passer Freddie pour un menteur soit on avoue et on laisse la bombe éclater.

- Heu...Je...Commence Louis.

Doucement je viens attraper sa main sous la table et la serre avec réconfort pour lui faire comprendre que peu importe sa décision, je le suivrais.

Il réfléchit plusieurs secondes avant d'embrasser nos mains liées et de les exposer clairement à la vue de tout le monde sur la table.

- Freddie dit la vérité, avoue-t-il. Harry et moi on s'est embrassé tout à l'heure et j'espère que ça ne sera pas la dernière fois.

- Mais ! S'offusque ma mère. Ça n'a aucun sens ! Vous êtes frères, voyons ! Et entre frères ce genre de choses ne se fait pas !

- Qu'est-ce qui vous ai passé par la tête ? S'exclame Mark.

- C'est trop bizarre...Souffle Phoebe en nous fixant étrangement.

- Vous êtes sérieux ? Demande Félicité totalement étonnée.

- Oui, c'est une blague n'est-ce pas ? Renchérit Daisy.

Une montée de colère monte en moi et je fusille mes proches du regard. Louis baisse honteusement la tête alors que la chose qu'il redoutait le plus il y a 16 ans arrive maintenant: le rejet de notre famille, le jugement et visiblement le début de problèmes.

- Je peux savoir ce qu'on fait de mal ? Je rétorque durement.

- Oui, légalement on est pas frère et génétiquement non plus, intervient Louis en se reprenant un peu.

- Vous avez grandi ensemble, sous le même toit ! On s'est toujours considéré comme une famille tous ensemble.

- Oui, c'est vrai. J'ai toujours considéré les filles comme mes sœurs et Mark comme un père, mais Louis a toujours été différent à mes yeux.

- C'est le coeur qui décide du lien qu'on a avec une personne, et nos coeurs ont décidé qu'on était plus l'un pour l'autre que ce que VOUS avez décidé pour nous. J'ai souffert tout seul pendant des années en pensant être un monstre et c'est pas maintenant que j'assume enfin ce que je ressens pour Harry que votre jugement va y changer quoique ce soit. On a pas besoin de votre permission pour s'aimer.

- Exactement. Et puis nous n'avons ni le même nom de famille ni les même parents. Tout ce qu'on a en commun c'est un beau-père car c'est ce que Mark est pour Louis après tout.

Nos remarques jettent un blanc sur toute la tablée. Entre ceux semblant contrariés, d'autres perdus ou bien choqués, nous avons droit à une ribambelle de réactions pas vraiment positives. Louis finit par se lever sous le silence pesant qui règne et va à l'étage. Freddie le regarde partir les larmes aux yeux.

- Viens Fred', on va le rejoindre, je lui dis.

Je le prends dans mes bras en le portant et il renifle en se blottissant contre moi.

- J'ai dis des bêtises ? Demande-t-il d'une petite voix alors que je monte les escaliers.

- Non mon ange, pas du tout. Tu as dis la vérité et ça ne leur plaît pas, c'est tout.

- Tu sais je m'en fiche moi si papa et toi vous êtes des amoureux et pas des frères. Ce serait trop cool que tu deviennes mon papa Zizi.

Je souris tendrement et tristement à la fois puis embrasse son front. Nous arrivons dans la chambre où Louis est allongé mollement sur le lit. Je m'assois sur le bord du lit avec Freddie toujours dans mes bras et le mécheux se redresse pour venir se blottir contre nous.

- Je savais que ça se passerait comme ça, murmure-t-il en reniflant.

- C'est pas grave Louis, ils s'en remettrons.

Il reste contre moi sans rien et je commence soudainement à angoisser.

- Tu ne veux pas...qu'on arrête si ? Certes ce qu'on a n'existe que depuis quelques heures mais c'est déjà important pour moi...

- J'ai pas envie non plus.

Il me serre plus fort et m'incite à m'allonger avec lui. Freddie passe de mon torse à celui de son père et s'installe de tout son long sur son torse, me laissant une petite place sur son épaule. Il embrasse le front de son fils puis le mien.

- Les deux hommes de ma vie...Souffle-t-il.

**

25 décembre

Quand nous descendons tous les trois le lendemain matin, nous sommes surpris de ne trouver personne. Nous voyons ni chaussures ni manteaux dans l'entrée alors nous comprenons qu'ils sont tous parti se promener.

- Je vais pas m'en plaindre, marmonne Louis.

Après le petit déjeuner, nous nous installons sur le canapé alors que Freddie joue un peu plus loin avec le cadeau de Noël de son père et le mien qu'il a ouvert tout à l'heure.

Voyant Louis amorphe contre moi, je souris en coin en commençant à chatouiller sa hanche. Il sursaute en poussant un cri et je rigole.

- Arrête ça tout de suite Styles !

- Je vois pas de quoi tu parles...Je dis d'un ton faussement innocent.

Puis d'un coup je reprends mes chatouilles de plus belle, il se tortille en se débattant et en riant jusqu'à finir allonger sur le canapé avec moi assis à califourchon sur ses cuisses. Il attrape mes mains pour que j'arrête mes assauts et l'ambiance devient soudainement plus douce. Il lie ses doigts délicatement aux miens et nous nous sourions tendrement. Il se redresse et je me penche vers lui pour embrasser tendrement ses lèvres. J'y dépose plusieurs baisers et il sourit comme un enfant contre ma bouche.

Peu de temps après nous sommes sortis de notre bulle par la porte d'entrée qui s'ouvre. Notre famille rentre un à un en retirant leurs affaires puis ils s'avancent timidement vers nous au salon. Je m'enlève de Louis et il se redresse immédiatement en se raclant la gorge.

- Vous avez bien dormi ? Demande ma mère toute gênée.

- Je suppose que ce n'est pas de ça que tu veux vraiment parler, je lui réponds avec calme.

- Non effectivement...Charlotte et Gemma nous ont beaucoup parlé hier soir et ce matin.

- Je dirais même engueulé, marmonne Gemma.

Nous les regardons un peu étonné et elles se mettent à rire.

- Ça fait des années qu'on avait compris nous, pouffe Charlotte.

- Vu la façon dont me traitait Louis c'était plutôt évident, renchérit ma sœur.

- Oui et donc on voudrait s'excuser, intervient Mark.

- On a réagi comme des nuls, rajoute Phoebe. Vous faites ce que vous voulez en vrai.

- Et puis en réfléchissant, c'est assez évident que vous êtes fait pour être ensemble, dit Félicité en riant. Je ne verrais personne d'autre que Harry pour aller avec mon frère.

- Je suppose que ça nous a juste fait un choc sur le coup, poursuit ma mère. On a tellement essayé de faire en sorte que tout fonctionne depuis que notre famille s'est recomposée qu'on est passé à côté de beaucoup de choses.

Je souris en m'avançant vers elle et elle me serre dans ses bras. Louis fait de même avec son père et ça se termine sur une sorte d'énorme câlin collectif un peu bancal. Quand on se sépare tous je cherche Louis pour l'embrasser et on se fait charrier gentiment par nos proches.

Dans un ambiance bien plus douce et festive, nous ouvrons enfin nos cadeaux. Le papier vole un peu partout sous les rires et les exclamations de chacun. J'ai reçu un vinyle, un parfum, un pull, une carte cadeaux et du vernis. Louis lui m'a offert un collier serti de billes blanches que je m'empresse de porter. Je n'ai toujours pas de cadeaux pour lui et ça m'énerve toujours un peu, c'est plus fort que moi.

- C'est pas grave, tu te feras pardonner ce soir, me souffle-t-il malicieusement avant d'embrasser ma joue.

Je rougis et ça empire quand sa main glisse doucement dans mon dos avant de se caler sur ma hanche. Quand notre famille le remarque, je me fais à nouveau charrier de tous les côtés et je rougis donc encore plus, si c'est possible. Je cache mon visage dans le cou de Louis et tout le monde rigole.

Et c'est ainsi, dans la joie et la bonne humeur, que se termine ce Noël en famille. Il est de loin le plus mouvementé mais aussi de loin le plus beau et merveilleux des Noël que j'ai pu vivre. Il n'y a rien de mieux que d'être entouré des gens qu'on aime, peu importe la façon dont on les aime, et qui nous aime en retour.

C'est aussi le premier Noël d'une longue série passé en compagnie de Louis et de Freddie. Je les ai rejoins à Londres quelques mois après les fêtes et depuis je ne les ai jamais quitté.

Je suis effectivement passé du statut de tonton Zizi à papa Zizi et ça a été officiel quand je suis devenu Harry Tomlinson plusieurs années plus tard. Le maire avait eu du mal à comprendre notre situation familiale mais au final tout c'était déroulé à merveille et Louis et moi avons pu nous marier dans les meilleurs conditions. Ce fut de loin le plus beau jour de ma vie...

Voila voilà ! J'espère que ce petit os de Noël vous aura plu ! 😊

N'hésitez pas à me donner vos avis dessus, ça me fait toujours plaisir 😉

Bonne après-midi à tous et à la prochaine pour un nouvel os 💙💚

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