In Your Eyes /!\ Part 2
OS Larry : Suite de l'OS In Your Eyes qui se déroule 1 an et demi après
Présence de lemon 🍋
Environ 15400 mots (oui il est bien plus long que la partie 1 ahah)
Bonne lecture ! 📖
18 mois plus tard – Louis POV
L'avion atterrit enfin, c'étaient les 7 heures les plus longues de ma vie. Voyager blessé n'a pas été non plus la plus brillante de mes idées. Je masse doucement mon épaule en récupérant ma valise puis quitte l'aéroport, mes lunettes de soleil sur le nez et ma casquette sur la tête. C'est agréable de faire profil bas après tout le remue-ménage de ses dernières semaines.
Comme je le pensais, une guerre a belle et bien fini par éclater. McNelly a clairement marché sur les plates-bandes de Zayn qui a pris les armes dans la foulée. Malheureusement, ce vieux corbeau a remarqué rapidement que les armes venaient de moi. Sachant qu'une guerre frontale serait perdue d'avance, il m'a attaqué directement chez moi et je m'en suis heureusement sorti qu'avec une balle dans l'épaule. J'ai dans la foulée pris les armes avec le pakistanais et cette pourriture irlandaise n'a eu aucune chance.
Il y a eu des morts, beaucoup de morts, ce qui a inévitablement attiré l'attention des autorités. Il a donc été temps pour moi de m'éloigner un peu de Londres et du Royaume-Uni en général. Eric Dickson a donc fait son arrivée à New York, complètement incognito. Il était temps que je vienne rendre visite à mon vieil ami Niall, pour lui annoncer en personne le décès de son oncle, mais aussi à Harry...Un an et demi que je l'ai mis dans cet avion.
Selon Niall, il va bien, très bien même. Il fait sa vie à New York et s'épanouie. Il commence à remplir des salles et justement, ce soir il se produit dans une salle dans la mythique rue de Broadway. Mon ami ne m'en a pas dit beaucoup plus depuis l'arrivée du bouclé ici. De colère, Harry lui aurait interdit de me donner des nouvelles de lui mais Niall l'a quand même fait, mais en restant très général.
Mon taxi me dépose devant l'hôtel dans lequel je loue une chambre pour mon séjour. J'ai prévu de rester deux semaines. C'est un hôtel ni miteux, ni luxueux. Je ne veux pas attirer l'attention mais je ne veux pas non plus négliger mon confort.
J'arrive dans ma chambre et me débarrasse immédiatement de mon sac. Je grimace en remuant l'épaule. La douleur devient atroce. Je prends rapidement des anti-douleurs dans mon sac et les avale avec un peu d'eau de la bouteille offerte par l'hôtel.
J'enlève ensuite mon tee-shirt et regarde mon épaule dans le miroir. Le pansement a une couleur qu'il ne devrait pas avoir. Je vais alors prendre une douche puis je sors de mon sac ce que j'ai acheté avant de quitter l'aéroport et change mon pansement.
- Bordel de merde ! Je grogne en désinfectant la plaie.
Je place ensuite deux compresses et mets un grand pansement carré par-dessus.
- Ça devrait le faire...
Je m'allonge ensuite sur mon lit et lis rapidement le message que je viens de recevoir.
Niall : Je passe te chercher à 19h. Habille toi classe et le dîner sera servi là-bas. Hâte de te voir mon Tommo xx
Louis : Super, à tout à l'heure xx
Je m'autorise ensuite une sieste, exténué par le trajet et le décalage horaire.
*
*
- Mon anglais préféré ! S'écrit Niall en sortant de sa voiture.
Il se précipite vers moi et me serre contre lui. Je grimace en le serrant en retour puis il s'écarte et prend mon visage en coupe.
- Qu'est-ce que t'es beau ! Par contre tes cheveux en arrière t'allaient mieux...
- Je suis désolé de ne pas pouvoir te retourner le compliment Niall.
- Toujours aussi con à ce que je vois, ricane-t-il.
Il s'éloigne de moi mais je le retiens de ma main non douloureuse.
- Plus sérieusement, viens là que je te regarde.
Il vient alors se placer devant moi, le sourire aux lèvres, et il fait un tour sur lui-même. Il n'a rien à voir avec le garçon maladroit et naïf à la chevelure décolorée que j'ai envoyé se réfugier à New York. C'est désormais un homme, élégant et charismatique, qui semble parfaitement heureux et épanouit.
- Regarde-moi ça, le plus beau irlandais de tout New York, je lui dis en tapotant affectueusement sa joue.
Il se met à rire et bon sang que j'aime ce son ! Je l'attire à moi pour une ultime étreinte qu'il me rend sans hésiter et nous montons ensuite en voiture.
J'observe alors le soleil baissé derrière les gratte-ciels immenses, je prends ensuite une grande inspiration et me décide à parler. Autant enlever le pansement d'un coup, sans mauvais jeu de mots.
- Niall...
- Il est mort, c'est ça ? réplique-t-il dans la foulée, le regard fixé sur la route.
- Je suis désolé...
- T'excuses pas, cet enfoiré le méritait.
- C'était le dernier membre de ta famille, alors je peux comprendre que...
- C'était un monstre et ce n'était que le demi-frère de mon père. Et puis la famille, ce n'est pas que les liens du sang.
Il me jette ensuite rapidement un regard et tape ma cuisse en me souriant doucement.
- J'ai un frère que je suis hyper content de revoir, glisse-t-il tout bas.
Touché, je tourne la tête vers la vitre pour ne pas lui montrer mon sourire attendrit et il explose de rire.
- Je vois le reflet de ta tête de niait dans la vitre !
- Ta gueule, je lui rétorque, amusé.
*
*
Nous arrivons dans la rue particulièrement animée de Broadway. Niall donne les clés de sa voiture à un voiturier et nous entrons dans un bâtiment luxueux et immense.
- Harry se produit ici souvent ? Je demande à mon ami en observant le lieu.
- C'est la deuxième fois. J'avais réussi à le faire engager pour un soir et il a impressionné le proprio donc il l'a réengagé.
Une employée nous conduit à notre table, une petite table ronde au milieu de nombreuses autres situées face à une scène.
- Ça fait vraiment américain, on n'a pas de lieux comme ça en Angleterre, je lui dis en riant.
- Bienvenue au pays de la démesure, glousse l'irlandais en s'asseyant.
Nous sommes juste tous les deux à la table alors que la salle se remplit. On nous apporte des verres de champagne et je trinque avec mon ami.
- Je te préviens Lou, je ne couche pas le premier soir.
- Eh bien dommage pour toi, tu ne sais pas ce que tu rates, je rétorque avec un clin d'œil.
Il essaye de se retenir de rire tout en buvant du champagne. On vient ensuite nous servir une entrée puis nos plats et je ne peux m'empêcher de jeter des regards à la scène vide, du moins pour l'instant. Des souvenirs remontent à la surface, de Harry chantant dans le restaurant de Zayn. Ce dernier n'a d'ailleurs pas été ravi de savoir que son ancien protégé vivait sur un autre continent.
Quand le dessert arrive, mon cœur bat anormalement vite. Je stresse à l'idée de le revoir, c'est indéniable. Notre moment ensemble a été court, mais il a été puissant. J'y pense souvent, trop souvent à mon goût. J'ai eu d'autres partenaire après lui, évidemment, hommes et femmes, mais je n'ai rien vécu de comparable à cette fameuse nuit avec le bouclé. J'ai peur de ce que ça pourrait signifier mais je préfère éviter d'y penser. Ma vie est en Angleterre, sa vie est à New York.
La luminosité baisse soudainement et mon souffle se coupe plusieurs secondes, le temps de le voir apparaître sur scène. L'effet qu'il a sur moi n'a pas changé après plus d'un an, je n'en reviens pas.
Ses cheveux sont plus courts, son corps semble plus musclé et robuste et ses tenues sont toujours aussi flamboyantes et brillantes. Il porte une chemise large blanche recouverte de paillettes ainsi qu'un pantalon beige large à bretelles et des chaussures noirs vernis. Splendide.
Notre table n'est pas près de la scène et la manque de luminosité nous dissimule efficacement. Il ne me voit donc pas quand il balaie la salle du regard avec son sourire angélique.
Niall essaye de me dire quelque chose mais je ne l'écoute pas et le fait taire. Il n'a pas le droit de ruiner ce moment.
- Bonsoir à tous, je suis Harry Styles et je vais vous interpréter quelques-unes de mes compositions ce soir. Merci d'être là.
Les personnes présentes applaudissent dans la foulée et je les imite un peu tardivement. Il commence alors à chanter accompagné simplement d'une femme au piano.
- I'm in my bed, and you're not here, and there's no one to blame but the drink in my wandering hands. Forget what I said. It's not what I meant. And I can't take it back, I can't unpack the baggage you left...
Sa voix puissante domine le piano, on croirait presque qu'il chante a capella et c'est prodigieux. Je n'arrive pas le quitter des yeux un instant. Je ne sens même pas que le temps passe et quand il chante la dernière note, je suis surpris que ce soit déjà la fin.
J'applaudis, encore abasourdi.
- Merci à tous. C'était Falling. On va maintenant passer à une chanson plus joyeuse. Voici Treat People With Kindness.
Des choristes se mettent en place ainsi que d'autres musiciens et un sourire se dessine peu à peu sur mon visage quand la chanson commence. C'est positif et joyeux, loin de ce qu'il a pu chanter en Angleterre. De plus son sourire est radieux.
A Londres, pouvoir chanter lui procurait une joie immense, mais maintenant il semble heureux sans avoir besoin de chanter et ses prestations ne font que le rendre encore plus heureux qu'il ne l'est. Il est vivant, solaire, il saute et danse, taquine son public. C'est tout ce que je voulais pour lui.
- Alors, tu regrettes ta décision ? Me souffle Niall.
- Absolument pas. Il a enfin tout ce qu'il a toujours mérité.
- Des gens influant viennent à ce genre d'évènements. J'en ai vu quelques-uns ce soir.
- Sa carrière pourrait décoller pour de bon.
- Il a le talent pour en tout cas, tu n'avais pas menti.
Après cette chanson, il en chante deux autres. Son énergie ne diminue pas, il donne tout ce qu'il a et c'est magnifique à voir. Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas réaliser le talent qu'il a et qu'il est fait pour être sur scène.
Un ultime verre de champagne est offert aux clients qui prennent peu à peu la sortie. Niall me laisse pour aller s'occuper des personnes voulant rencontrer Harry. Après tout, il est son agent, c'est son rôle.
Je patiente tranquillement, observant les quelques personnes entrer et sortir de la loge du chanteur. Alors que la salle est entièrement vide et que le ménage commence à être fait, la dernière personne s'en va et Niall me fait signe.
Je glisse mes mains dans mes poches pour les empêcher de trembler. Je ne sais pas du tout l'accueil que je vais recevoir mais l'envie de le voir est trop forte. Je suis près à me faire gifler s'il le faut. Je ne me rappelle que trop bien les choses qu'il m'a dite quand je l'ai enlevé à Zayn ou bien à quel point il était en colère à son arrivée ici au point d'interdire Niall de me parler de lui.
- Haz ? Une dernière personne voudrait te voir si tu veux bien, lui annonce Niall alors qu'il est en train de se changer derrière un paravent.
- Quoi ? Mais Niall, je suis en train de me changer !
- Je suis sûr qu'il ne t'en tiendra pas rigueur.
- Tu es sûr ? C'est qui ? Demande-t-il d'une voix légèrement boudeuse.
Il ne se doute pas que je suis déjà là, appuyé contre l'encadrement de la porte, et que j'entends tout.
- Un de tes plus grands fans, je dirais même, un de tes fans de la première heure, lui dit-il en me regardant, légèrement amusé.
Je lève les yeux au ciel fasse au zèle de l'irlandais mais je ne dis rien.
- Oh, dis-lui que j'arrive alors. Je ne voudrais pas le décevoir !
Il ne pourra jamais me décevoir, j'espère qu'il le sait. Il sort finalement de derrière le paravent en tirant sur son sweat. Je souris à cause du contraste entre sa tenue flamboyante et le sweat et short de sport qu'il porte actuellement. Il est pourtant toujours aussi beau.
- Salut, je lance d'un ton moins assuré que je l'aurais voulu.
Il relève alors d'un coup la tête, surpris que son invité soit déjà là. Et sa surprise ne fait qu'augmenter quand il me reconnait enfin. Il cligne des yeux, la bouche ouverte.
- Louis ?
- En chair et en os, je réponds maladroitement.
Il semble aussi gêné que moi et s'avance doucement en frottant ses mains contre son sweat. Sur les derniers mètres, il accélère le pas et je ferme les yeux, près à recevoir une gifle. Mais à la place, je sens un corps se presser contre le mien et des bras me serrer.
- Louis, répète-t-il avec plus d'assurance.
Je suis choqué par cette étreinte et reste figé quelques instants. Je finis cependant par poser prudemment mes mains sur son dos et ferme les yeux en sentant sa chaleur et son odeur.
- Harry, je réponds.
- Je pensais ne plus jamais te revoir.
J'ouvre à nouveau les yeux et fronce les sourcils alors qu'il s'éloigne de moi.
- Pourquoi ça ?
- Après tout ce que j'ai pu te dire ce jour là avant d'entrer dans le jet, je peux comprendre que tu ne veuilles plus avoir affaire à moi. Tu as fait tout ça pour moi, pour que je puisse avoir la vie que j'ai aujourd'hui et moi, je t'ai...insulté, rabaissé. J'ai tellement honte, m'avoue-t-il, sincèrement embarrassé.
- Non, c'est...Je ne t'en veux pas Harry. Tu étais sous le choc et...Je comprends, je t'assure.
Il hoche doucement la tête en m'offrant un sourire gêné. Son regard s'accroche alors au mien et je n'arrive pas regarder ailleurs que dans ses yeux verts hypnotisant.
- Ça vous dit qu'on continue cette conversation autour d'un verre ? Nous interrompt Niall après un long échange de regards.
Je n'ai vu aucune haine dans ses yeux. La tristesse et la haine qui habitaient son regard il y a un an et demi sont parties...
C'est alors avec le sourire aux lèvres que je suis Harry et Niall hors de la salle jusqu'à la voiture de mon ami, rapportée par le voiturier
*
*
Assis sur la plage arrière de la voiture, j'écoute vaguement ce dont parlent le bouclé et l'irlandais à l'avant. La fatigue et la douleur m'embrouillent un peu les idées. Je prends discrètement un antidouleur dans ma poche et l'avale comme je peux sans eau.
On finit par s'arrêter devant un bar qui me semble assez chic et branché. Il y a la queue mais nous entrons immédiatement sans aucune négociation avec le videur que Niall et Harry semblent très bien connaître.
- On est où ? Je demande.
- Dans mon pub, ricane Niall.
- Ton pub ?
- Oui, j'en suis le proprio.
- Je savais que tu possédais un pub, mais je ne l'imaginais pas comme ça, je lance en observant la déco raffinée et élégante.
- Disons que c'est la version chic d'un pub, il attire une autre clientèle.
- Je vois ça !
Nous prenons place autour d'une table carrée en bois massif. Les fauteuils sont en velours bruns très élégant.
- Tu fais une drôle de tête, remarque rapidement Niall. Tu transpires un peu, tu veux que je demande qu'on baisse le chauffage ?
- Non, t'inquiète ça va super, je réponds en souriant un peu faussement.
L'anti-douleur fait doucement effet, j'ai donc toujours mal mais je tiens le coup.
- Alors comme ça les choses marchent plutôt bien pour toi, Harry ?
- Oui, je commence à être plutôt connu, je suis vraiment content. Niall m'avait averti que ça ne serait pas facile de percer, surtout dans une ville comme New York, mais il a fait du super travail.
- C'est ici qu'il a commencé à se produire, m'explique mon ami. Tous les mardis et vendredis soir. Il s'est ensuite fait repérer par les bonnes personnes. Je veux dire, je ne suis pas agent, enfin ce n'est pas mon métier, mais ouais, je pense avoir fait un bon travail.
- En même temps, je n'ai confiance en personne d'autre pour m'aider avec ma carrière. Je sais que tu ne chercheras pas à m'arnaquer ou à me manipuler.
- Qu'est-ce que tu en sais ? Le taquine Niall.
- Tu es proche de Louis. Je ne pense pas qu'il m'aurait confié à n'importe qui. D'ailleurs, je suis plutôt étonné que tu n'en saches pas plus Louis. Tu m'envoies ici mais tu ne cherches pas à savoir si les choses se passent bien pour moi ?
Il dit ça sur le ton de la rigolade, mais au fond, je crois que ça le touche quand même.
- Niall ne me dit pas grand-chose. Apparemment c'est même toi qui lui aurais interdit de le faire, je lui réponds en riant doucement.
- Quoi ? Mais Niall ça fait longtemps ça ! Je venais d'arriver, j'étais perdu et en colère, mais ce n'est plus le cas maintenant et tu le sais !
- Oui, je sais. Mais je trouve que c'est plutôt une bonne chose, explique-t-il calmement avec un sourire aux lèvres avant de boire une gorgée de bière. Vous vivez sur des continents différents. Et Louis voulait que tu commences une nouvelle vie loin de la mafia, donc loin de lui. Et toi Lou, tu avais d'autres chats à fouetter.
Harry tourne immédiatement la tête vers moi et fronce doucement les sourcils.
- Quels chats à fouetter ?
Je n'ai cependant pas le temps de lui répondre car un homme arrive derrière lui et vient enrouler ses bras autour de lui avant d'embrasser sa joue.
- Salut toi...
Harry sursaute d'abord au contact mais sourit en reconnaissant la personne.
- Salut Cole, qu'est-ce que tu fais là ? Lui demande Harry en gardant une des mains du dénommé Cole dans la sienne.
- Je n'ai pas pu venir te voir ce soir mais Niall m'a dit que vous étiez ici alors je suis venu.
J'ignore la sensation légèrement désagréable que je ressens et regarde d'un air neutre l'homme s'installer sur le fauteuil restant. Il pose finalement son regard sur moi et me tend la main avec un sourire.
- Cole, enchanté.
- Je suis Louis, ravie de te rencontrer.
A l'entente de mon prénom, il écarquille les yeux et se tourne vers Harry.
- Est-ce que...
- Oui, c'est Louis, confirme le bouclé.
Je ne suis pas sûr de comprendre ce qui se passe...
- Je suis vraiment content de te rencontrer Louis, j'ai beaucoup entendu parler de toi !
- Ah oui ? Je demande, surpris.
Je jette un coup d'œil à Niall qui rigole derrière sa bière alors que Harry est un peu gêné.
- Oui ! Je ne savais pas que vous veniez à New York. Harry doit être content.
- Oui enfin Cole, laisse-le un peu tranquille. Il est arrivé ce matin et il est probablement exténué.
- Pardon, je suis désolé. C'est vrai. Vous devez être mort de fatigue. J'ai l'habitude de voyager pour mon travail et donc je sais ce que c'est.
- Pas de soucis, je lui réponds avec un sourire.
Cole nous parle ensuite de son travail dans le marketing et de sa réunion qui a duré tard avec des clients australiens. Il arrête seulement quand Harry se lève pour aller aux toilettes. Il le regarde partir puis se tourne vers moi avec un sourire.
- Je ne pensais pas vous rencontrer un jour, je suis vraiment content.
- Tutoie-moi, j'ai du mal avec le « vous ».
- Très bien. Donc comme je le disais, je suis vraiment content de faire ta connaissance. Tu es important pour Harry et donc dans un sens tu es important pour moi aussi. C'est grâce à toi qu'il est à New York et qu'il vit son rêve. Si tu ne lui avais pas payé des billets d'avion, il ne serait pas dans ma vie aujourd'hui alors...merci Louis. Sincèrement.
- Tu n'as pas à me remercier. La vie qu'il a aujourd'hui, il la doit à son talent.
Quand le bouclé revient, la conversation dérive vers un autre sujet. Harry ne semble pas à l'aise à l'idée qu'on parle de moi alors on parle d'autre chose...
*
*
Je sors de la douche et profite du soleil qui baigne ma chambre. C'est très agréable. J'essuie mes cheveux puis enroule ma serviette autour de mes hanches. J'attrape ma tasse de café mais la repose rapidement quand quelqu'un toque à ma porte. Je fronce les sourcils alors que les battements de mon cœur accélèrent légèrement. La réception aurait dû me prévenir d'une arrivée et le service d'étage est déjà passé.
Je m'approche doucement la porte sans faire de bruit et soupire de soulagement en découvrant le visage de Harry dans l'œil de bœuf. J'ouvre alors la porte et l'accueil avec un sourire et ma mine fatiguée.
- Salut, murmure-t-il.
Il s'apprête à parler à nouveau mais se tait tout en balayant mon corps du regard. Je comprends que je suis à moitié nu.
- Désolé, je n'attendais personne. Je vais enfiler quelque chose.
- Tu t'es fait tirer dessus, dit-il.
Je me fige dans mon élan pour aller m'habiller, dos à lui.
- Heu ouais, je...oui. Mais ça va.
- Merde Louis, montre-moi ça.
- Ça va, je te dis.
Sauf qu'il en décide autrement. Il attrape mon bras et me force à m'asseoir sur le lit pour qu'il puisse regarder.
- C'est récent, ça n'a même pas commencé à cicatriser.
- Je sais, je réponds calmement.
- Louis...
J'attrape son poignet pour empêcher sa main de s'approcher à nouveau ma blessure. Il n'était pas sensé découvrir que je suis blessé. Toutes ces histoires de mafia sont derrière lui et ne le concernent plus. Je ne veux pas lui rappeler de mauvais souvenirs.
- Je vais mettre un pansement et m'habiller. Attends-moi au restaurant de l'hôtel, tu veux bien.
Il me fixe en hésitant mais il finit par hocher la tête et s'en va. Je le rejoins un quart d'heure plus tard au restaurant de l'hôtel, au rez-de-chaussée.
- Tu as déjà pris ton petit-déjeuner ?
- J'ai mangé quelque chose vite fait ce matin.
- On peut bruncher si tu veux.
Nous regardons silencieusement la carte puis un serveur vient prendre notre commande.
- Est-ce que tu comptes me dire ce qu'il s'est passé ? Me demande-t-il d'un ton contrarié.
- Harry...
- Je demande à voir Louis Tomlinson à la réception mais on me dit que personne de ce nom séjourne à l'hôtel. Niall me donne ton numéro de chambre et je découvre que tu as une blessure par balle.
- Je ne veux pas t'embêter avec tout ça.
- Sauf que je veux savoir.
- Je fais simplement profil bas car les choses se sont un peu emballées à Londres.
- Emballées ? Est-ce que c'est à cause de ces anciennes histoires avec McNelly ?
- Oui, un conflit à éclater car il empiétait un peu trop sur le territoire de Zayn.
- Si le problème était entre McNelly et Zayn, pourquoi toi tu as fini avec une balle dans l'épaule ? Rétorque-t-il en fronçant les sourcils.
Merde. Il est bien perspicace. Je ne peux pas lui dire que j'ai été impliqué car j'ai accepté de vendre des armes à Zayn pour pouvoir lui rendre sa liberté. Heureusement, le serveur tombe à pic.
- Je prendrais un bagel au saumon fumé et je vais aussi goûter votre cheesecake, je m'empresse de dire pour couper court à la conversation.
- Très bon choix monsieur. Et pour vous ?
- Pour moi ça sera l'omelette du chef.
- Excellent choix, vous ne le regretterais pas.
Le serveur s'en va et je le suis du regard en secouant légèrement la tête.
- En même temps il ne va pas nous dire « très mauvais choix, c'est ultra dégueulasse ».
- Il ne fait que son travail Louis.
- Je ne suis pas fan des serveurs qui font du zèle pour un avoir un bon pourboire.
- C'est monnaie courante ici, ça fait leur salaire.
Un silence gênant s'installe alors. Je passe le temps en jouant le coin de ma serviette alors que je sens le regard perçant du bouclé sur moi.
- J'attends toujours la réponse à ma question.
- Tu étais là pourtant, quand Zayn m'a parlé de McNelly et de ce qu'il comptait faire.
- Quoi qu'il ait pu dire, je n'écoutais pas et je ne me souviens de rien. Quand Zayn parlait affaire, je faisais la sourde oreille pour ne pas entendre des choses que je ne voulais pas entendre.
Fais chier...
- Eh bien tu aurais dû écouter dans ce cas. Je suis là pour me changer les idées et faire profil bas, pas pour parler de tout ça.
- Je ne te lâcherai pas tant que je ne saurais pas pourquoi tu as été mêlé à cette histoire.
- Dommage pour toi, je ne reste pas à l'hôtel aujourd'hui. Niall a demandé à un de ses amis de me faire visiter un peu la ville.
- Il se trouve qu'après un an et demi, je connais bien la ville moi aussi.
- Oui, et ?
- Dis à Niall de décommander son ami, je serai ton guide, lance-t-il avec un sourire faussement angélique.
*
*
Du haut de l'Empire State Building, je regarde la vue qui s'offre à moi et je n'ai pas les mots. Les gratte-ciels s'étendent à perte de vue. Londres a l'air minuscule à côté. C'est vraiment époustouflant.
- J'ai eu la même réaction la première fois, me dit doucement Harry. Enfin, je me suis même mis à pleurer pour être honnête.
- Tu as pleuré ?
- Oui, parce que...C'est dur à expliquer mais quand j'ai vu cette immensité face à moi...c'est à ce moment que j'ai compris que j'étais vraiment libre et quelque chose en moi c'est juste...brisé, et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J'ai réalisé que je n'avais plus de limites désormais et j'étais autant heureux que terrorisé.
- Je suis désolé, je...
- Non, ne t'excuse surtout pas !
- C'est juste que quand je t'ai envoyé ici, je n'ai pas pensé au fait que tu serais seul dans une ville si immense alors que tu as toujours vécu prisonnier.
- Niall était là, il m'a serré contre lui jusqu'à ce que je me calme. C'est une fois calmé que j'ai vraiment compris ce que tu m'avais offert alors j'ai séché mes larmes et j'ai demandé à Niall de m'aider à trouver un endroit pour chanter.
- Il faut croire que ce gratte-ciel est magique.
- Ce n'est pas ce lieu qui est magique, dit-il tout bas avant de faire demi-tour.
Je le regarde s'éloigner en fronçant les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il veut dire par là. Je finis par le suivre et nous reprenons l'ascenseur pour descendre.
Nous passons notre après-midi à Central Park. Nous parlons de tout et de rien, l'ambiance est bien meilleure que ce matin entre nous. Le temps de cette balade, j'ai même l'impression d'être un homme normal. J'oublie la blessure par balle pourtant douloureuse ainsi que la raison de ma présence ici.
- Ma sœur aurait adoré cet endroit, je lâche sans réfléchir. Hyde Park était son endroit préféré à Londres. Elle serait complètement émerveillée ici...
- Tu as une sœur ?
Je réalise que je viens de parler de ma vie personnelle, de ma vie...d'avant et je me referme d'un coup.
- Rien, oublie.
J'avance, mais il me retient par le bras.
- Cette nuit-là...Je t'ai tout dit sur moi, je me suis livré à toi, je t'ai même donné mon corps. Mais toi tu t'obstines à ne rien vouloir me dire sur toi. Et ça fait mal, je ne vais pas te mentir et c'est frustrant aussi parce que...même si on a passé qu'une seule nuit ensemble, j'ai cette impression de te connaître, que notre histoire va bien au-delà qu'une seule nuit. Tous ces regards échangés lors de mes représentations, j'ai l'impression que tu arrivais lire en moi, que tu me comprenais mais toi Louis, tu n'es pas vraiment un livre ouvert tu sais ? Tu n'es pas comme les autres que j'ai pu rencontrer mais malheureusement je ne peux pas expliquer pourquoi parce que je ne sais rien de toi...
Je suis bouche bée. Je ne pensais pas que je pouvais avoir cette importance aux yeux d'Harry, mais je réalise que si. Il a quand même parlé de moi à son compagnon qui était très content de me rencontrer. Moi aussi je ressens ça, ce n'était pas juste une nuit, il y a plus, comme si nos yeux avaient parler à notre place. Enfin, pas trop les miens visiblement...
- Oui, j'ai une sœur. Enfin j'en ai même quatre.
Il écarquille les yeux en me lâchant et je me mets en route, anormalement nerveux. Il recommence à avoir cet effet sur moi...
- Est-ce que...est-ce qu'elle...enfin tu parles d'elle au passé, me dit-il après m'avoir rattrapé.
- J'ai parlé d'elle au passé car elle ne fait plus parti de ma vie maintenant. Je ne sais pas ce qu'elle devient, ni même si elle se souvient de mon existence.
- Je ne comprends pas...
Des souvenirs font irruption dans ma tête. Ses cheveux blonds, son sourire identique à celui de ma mère. Le visage angélique de Félicité et des jumelles...Je vais m'asseoir sur le premier banc que je vois, complètement troublé. Je n'avais plus pensé à elles depuis une éternité alors que se sont les seules personnes que j'ai réellement aimé sur cette terre.
- Pardon Louis, c'était totalement stupide de ma part de t'avoir demandé de me parler de choses aussi personnelles, oublie.
- J'ai grandi à Doncaster avec ma mère, juste elle et moi, j'explique, les yeux dans le vide. Mon père n'a jamais fait partie du tableau. Je savais juste que ce n'était pas quelqu'un de bien. Elle a ensuite rencontré Mark et j'ai découvert la joie d'avoir un père et des sœurs. On ne roulait toujours pas sur l'or mais c'était le moment de ma vie où j'étais le plus heureux, d'aussi loin que je me souvienne.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Mon vrai père a fait irruption dans ma vie quand j'avais 17 ans. Il m'a dit qu'il avait besoin de moi, qu'il lui fallait une relève. A l'époque je ne comprenais pas de quoi il parlait, ni ce qu'il voulait, mais il y a une chose sur laquelle il a été très clair : si je ne le suivais pas, il tuerait mes sœurs. Je suis partie à Londres avec lui et la mafia est devenue mon monde, ma nouvelle famille.
- Mon dieu Louis...
C'est dingue, j'avais complètement oublié ma vie...d'avant. Je suis tellement plongé dans la mafia et dans les affaires que j'ai oublié d'où je venais. J'ai grandi sans rien mais dès que j'ai goûté à l'argent, même sale, je n'ai plus été capable de m'en passer. Pourtant oui, j'en suis sûre, j'étais plus heureux...avant.
Je reviens à la réalité en sentant la main de Harry sur la mienne.
- Je suis désolé, j'espère que tu ne t'es pas senti obligé de....
Je secoue la tête de gauche à droite et me relève.
- Tu devrais savoir que je ne suis pas le genre de personnes qu'on force à faire quoique ce soit, du moins maintenant.
- Je sais Louis, dans ce cas, merci de m'avoir dit tout ça.
Il prend ma main dans la sienne avec hésitation et l'apporte à son cœur.
- J'aurais vraiment aimé que ton père reste loin de toi pour toujours.
- J'aurais aimé la même chose pour toi.
- Moi j'ai choisi de partir, de les laisser. Je n'ai jamais eu une famille aimante et parfaite. Toi, tu...
- Je n'aurais jamais pu te rencontrer sans tout ça, je lui dis en tentant d'alléger le ton de la conversation.
- Je préfèrerais être toujours le jouet de Zayn à Londres et ne jamais t'avoir connu, si ça voulait dire que tu vis une belle vie entourée de ta famille, me dit-il avec conviction, les yeux humides.
- Et moi, je préfèrerais ne pas penser à ce à quoi pourrait ressembler ma vie. Je veux penser au moment présent, à toi, à la nouvelle vie que tu vis ici, heureux, libre, épanoui. Car c'est ça qui rend ma vie belle, là, tout de suite.
J'essuie une larme qui roule sur sa joue de ma main libre puis il hoche doucement la tête. Il s'apprête à lâcher ma main mais je garde nos doigts liés et l'incite à me suivre quand je me remets en marche.
- Allez, je n'ai pas encore vu le zoo dont tu n'arrêtes pas de me parler ! je lance, ce qui déclenche un sourire sur ses lèvres.
*
*
Visiter Central Park a pris plus de temps que je ne le pensais. Je ne le voyais pas si grand...Le soleil a tapé un peu fort aussi et j'ai transpiré. Je sens d'ailleurs mon pansement se décoller et mon épaule me tire à chaque mouvement.
- Je crois qu'il est temps que je rentre à l'hôtel, je lui dis une fois sortis du parc.
- Quoi ?
- Il faut que je m'occupe de....
Je penche ma tête vers mon épaule et il comprend tout de suite.
- Tu m'appelles un taxi ? Je lui demande.
- On est plutôt loin de ton hôtel tu sais ? Et moi j'habite à même pas 10 minutes d'ici, me dit-il timidement. Le temps que je trouve un taxi et que tu rentres...J'ai de quoi te soigner chez moi.
- Oh...
Il mord nerveusement sa lèvre en attendant ma réponse.
- Donc M. Styles vit dans l'Upper East Side, je dis finalement en prenant un air impressionné.
Il explose de rire et secoue la tête.
- C'est Niall qui m'a trouvé cet appartement car il vit dans le quartier depuis quelques temps déjà. On est presque voisin.
- Je crois que je dois vraiment voir à quoi ressemble un appartement dans l'Upper East Side.
- On y va alors.
Je lui suis dans les rues animés de ce quartier bien connu de Manhattan. Il m'amène dans une bâtisse tout de même assez ancienne et modeste et je découvre un petit appartement au style un peu...vintage.
- Voilà donc mon appartement de l'Upper East Side, glousse-t-il. Si tu t'attendais à un loft sublime avec vu sur Central Park, va plutôt chez Niall et ses amis riches. Il a acheté l'appartement pour moi et je lui paye un loyer en fonction de ce que je gagne. Il voulait me rénover l'appartement mais je n'ai pas voulu. Je ne veux pas qu'il dépense plus pour moi.
- Niall a toujours eu le don pour les affaires. Il me disait bien vivre mais je ne m'attendais pas à ce point.
- Il est intelligent et il a du bagou, ce n'est pas étonnant qu'il ait réussi à se faire une place ici.
- A qui le dis-tu, je rétorque en riant.
Il retire ses chaussures et se débarrasse de son sac.
- Assis-toi, je vais chercher de quoi te faire un nouveau pansement.
Je m'exécute en regardant un peu partout. Il y a un petit coin cuisine avec des vieux meubles et du carrelage vert, une table en bois avec deux chaises assorties. Le canapé est recouvert d'une espèce de velours vert qui rappelle le carrelage. Le seul élément moderne est la petite télévision. C'est petit mais plutôt agréable. Une personne seule n'a pas forcément de plus. Dire cela peut paraître gonflé considérant la taille de ma maison et de ma piscine creusée...
- C'est bon, j'ai tout, m'annonce-t-il en revenant de sa salle de bain.
Je tends la main pour récupérer ce qu'il apporte mais il l'évite et garde tout puis il s'assoit à côté de moi.
- Qu'est-ce que tu fais ? Je demande.
- Ce n'est pas évident ? Je vais désinfecter la plaie et te faire un nouveau pansement.
- Tu n'es pas obligé de...
- Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un à qui on oblige quoi que ce soit ? Me taquine-t-il en reprenant ce que j'ai dit précédemment.
- Honnêtement non, plus maintenant, je lui dis en souriant.
- Tu vois, on est tous les deux des hommes libres et indépendants maintenant, dit-il en riant doucement.
Ce qu'il vient de dire résonne étrangement en moi. Oui, je suis à la tête d'un groupe mafieux et oui, personne ne me donne d'ordres, mais suis-je vraiment...libre et indépendant ? Beaucoup de monde dépend de moi et j'ai des obligations, de très grosses responsabilités même. Alors qu'une certaine angoisse commence à me retourner l'estomac, Harry interrompt mon fil de pensées négatives.
- Est-ce que tu peux...enlever ton tee-shirt s'il-te-plaît ?
- Oui, évidement.
Je me débrouille de mon bras valide pour relever mon tee-shirt mais je n'arrive pas le faire passer au-dessus de ma tête alors il vient m'aider, ce qui, je ne vais pas mentir, me perturbe un peu.
Nous nous mettons face à face pour que ce soit plus facile pour lui d'accéder au pansement qu'il vient doucement retirer.
- Il ne collait presque plus, il est bien temps de le changer.
Mais alors qu'il s'approche pour regarder l'état de la plaie, je réalise quelque chose. Ce bouclé a vraiment le don de me faire perdre mon bon sens.
- Je suis vraiment bête, il faudrait que je prenne une douche avant de refaire le pansement. Venir ici n'était peut-être pas une bonne idée. Tu ne vas pas me faire un pansement que je devrais enlever à peine dans ma chambre pour prendre ma douche. Je devrais rentrer et me faire un pansement une fois propre.
- Ou bien tu peux te rappeler que je suis un humain civilisé qui possède une douche et qui peut te prêter des vêtements ?
Je réfléchis quelques secondes. La capacité qu'a Harry de me déstabiliser est revenue au galop, surtout quand nous sommes dans un endroit clos.
- D'accord...
- Tu n'as pas l'air ravi.
- Si, si, pardon. Merci de ta proposition.
- Je vais te chercher une serviette et des affaires propres et aussi des antidouleurs pour quand tu sortiras de la douche.
Il s'exécute et je le suis jusqu'à la petite salle de bain composé d'une baignoire, d'un rideau de douche et d'un petit coin évier.
- L'eau chaude met un peu de temps à venir et le débit n'est pas très fort.
- Okay, merci, je vais me débrouiller.
Une fois sous l'eau chaude, ma douleur me rappelle à l'ordre. J'ai vraiment eu de la chance que la balle se soit logée à cet endroit. J'ai toujours eu de la chance quand j'y pense. La balle que j'ai prise dans la cuisse il y a des années n'a laissé qu'une cicatrice. L'attaque au couteau que j'ai subi à mes 20 ans n'était qu'une coupure superficielle. Et il y a eu toutes les autres fois où j'ai essuyé des tirs sans jamais être touché.
Mais combien de temps va durer cette chance ?
Je m'essuie rapidement en sortant de la douche et enfile un boxer et un short de sport. Je garde le tee-shirt à la main et retourne au salon.
Le regard d'Harry me détaille peut-être un peu trop longtemps mais j'ai bien trop hâte d'avaler les antidouleurs qu'il me tend pour y prêter réellement attention. Il m'attendait assis sur une chaise donc je décide de m'asseoir sur la table pour le laisser me soigner car c'est une position bien plus pratique. Il se place debout devant moi et applique du désinfectant sur une compresse.
- Ça va peut-être piquer un peu.
- Ne t'inquiète pas, j'ai vu pire.
Il désinfecte minutieusement et avec grande précaution la plaie par balle.
- La personne qui t'a fait les points de suture avait des problèmes de vue ? Pouffe-t-il en recouvrant la plaie avec une compresse propre.
- Je n'ai pas vraiment pu me faire soigner par des professionnels alors j'ai fait avec.
- Tu es sûr que ça a bien été désinfecter avant ?
- Oui, le gars savait quand même ce qu'il faisait.
- J'espère, marmonne-t-il.
Il fait tenir les compresses avec du ruban adhésif hypoallergénique puis contemple son œuvre.
- Voilà !
- Merci Harry.
- De rien.
Du fait qu'il n'est plus concentré sur ma blessure mais sur mon visage maintenant, je remarque que nous sommes proches. Je vois les détails de son visage et l'air sérieux sur son visage.
- Qu'est-ce que tu vas faire une fois rentré ? A Londres, je veux dire.
- La police et les médias se seront certainement calmés vis-à-vis des fusillades qui ont éclaté un peu partout et donc je pourrais reprendre mes affaires en continuant à faire profils bas pendant un temps.
- Et Zayn ?
- Zayn se démerde tout seul et fera bien ce qu'il veut du territoire de McNelly.
Il hoche la tête et fuit mon regard de longues secondes avant de replanter son regard émeraude dans le mien.
- Je crois que j'ai compris, m'annonce-t-il.
- Compris quoi ?
- Pourquoi tu as décidé de t'impliquer dans le conflit entre Zayn et McNelly. Je me suis rappelé certaines choses aujourd'hui et j'ai aussi fait le lien entre d'autres.
- Je ne suis pas sûr de comprendre de quoi tu parles.
- Zayn voulait faire affaire avec toi pour avoir des armes, c'était ça qu'il voulait de toi, je m'en souviens maintenant. Mais tu ne voulais pas, ou du moins tu hésitais. C'est pour ça qu'il m'a envoyé chez toi, pour te faire prendre une décision. Et visiblement tu l'as prise. Zayn a eu les armes, je le sais maintenant, et toi tu m'as eu moi alors...
- Alors quoi ? Je lance sans le quitter des yeux.
- Je pense que tu as accepté de vendre les armes à Zayn à condition de pouvoir m'avoir et me rendre ma liberté. En d'autres mots, je pense que tu as accepté de t'impliquer dans cette guerre qui t'a valu te de te faire tirer dessus, juste pour pouvoir me rendre ma liberté.
Son regard est déterminé et perçant. Il a compris tout seul ce que j'avais fait alors que je n'avais pas prévu de lui en parler.
- Et alors ? Et si c'était le cas ?
- Et alors ?! S'agace-t-il.
Il s'avance soudainement près de mon visage, très près, sans quitter son air affreusement sérieux et déterminé.
- Louis Tomlinson, tu n'as pas intérêt à remettre ta vie en danger pour moi, est-ce bien clair ?
- Pourquoi ? Tu ne penses pas le mériter ? Je rétorque, sans me laisser impressionner.
- Ça n'a rien à voir, je ne veux juste pas...Il est hors de question qu'il t'arrive quelque chose par ma faute, d'accord ? Je ne me le pardonnerais jamais. Tu as fait plus pour moi que n'importe qui sur cette terre alors même qu'on se connaissait à peine et donc, je ne veux pas être la cause de mauvaises choses qui arrivent dans ta vie, m'explique-t-il la voix chargée d'émotions.
Il baisse sa tête et je la relève doucement vers moi.
- Harry...Tu ne me dois rien.
- Tu ne comprends pas Louis.
Il pose sa main droite sur mon torse nu pour se tenir contre moi. Nous sommes désormais dangereusement proches.
- Qu'est-ce que je ne comprends pas ? Je lui demande doucement en venant malgré moi caresser délicatement sa joue.
- Je...Tu...
Il s'arrête quand ma main quitte sa joue et s'empresse de la rattraper pour la replacer. Il pose ensuite sa main sur la mienne pour m'empêcher de l'enlever à nouveau.
Il me fixe ensuite de ses yeux tremblants et je sens mes barrières s'écrouler une à une. Il ne peut pas me regarder comme ça...
Ses lèvres se rapprochent doucement des miennes et alors que je suis prêt à céder, une étincelle de lucidité persiste. Je viens alors poser ma main libre sur son autre joue pour prendre son visage en coupe et le stopper dans son mouvement.
- Harry...Il faut...Je vais rentrer, d'accord ? C'est mieux ainsi. Je ne veux pas, enfin, tu ne dois pas gâcher la vie que tu t'es construite ici à cause de moi. Tu as Cole, avec lui tu découvres enfin ce que c'est d'avoir une relation amoureuse saine et simple. Il faut que tu comprennes que j'appartiens à ton passé Harry. Ta vie est à New York maintenant alors que la mienne est à Londres.
Il se recule doucement de moi et hoche la tête en fuyant mon regard.
- Je t'appelle un taxi ?
- Oui, s'il-te-plaît.
Il prend son téléphone alors que j'enfile le tee-shirt qu'il m'avait donné. J'enfile également des chaussettes et termine par mes chaussures.
- Un taxi t'attendra dans 10 minutes environ.
- Très bien, merci.
Alors que j'ouvre la porte, il me retient par l'avant-bras.
- Tu viendras me voir quand même demain soir avec Niall ? Je vais chanter dans un bar très côté.
- Oui, évidemment.
- Très bien, à demain Louis.
- A demain Harry.
*
*
Niall me récupère en bas de mon hôtel et nous prenons la route du bar où Harry chante ce soir.
- Alors, vous avez passé la journée ensemble Harry et toi hier ?
- Oui, il a insisté pour être mon guide touristique.
- Donc ça va vous deux ?
Je tourne la tête d'un coup vers Niall et fronce les sourcils.
- Pourquoi tu demandes ça ? Pourquoi ça n'irait pas ?
- C'est toi qui craignais que ça se passe mal, se défend-il.
- Harry ne m'en veut pas et on a pu bien discuter lui et moi.
- C'est génial alors.
- Il m'a même parlé de ton loft dans l'Upper East Side, je lance pour plaisanter.
- Je te signale que tu aurais pu profiter de mon superbe loft si tu avais accepté de dormir chez moi ! Glousse-t-il.
- Je ne savais juste pas que tu gagnais si bien ta vie.
- Eh bien si, et tout est légal si tu veux savoir. C'est agréable de gagner honnêtement sa vie. Quand je pense à tout ce que mon père ou mon oncle ont dû faire pour réussir à gagner autant d'argent...
- Je suis super content pour toi. Mais tu oublis quand même un petit détail...L'argent qui t'a permis de t'installer à New York et d'investir vient de moi.
- Lalala je n'entends rien. Je ne t'écoute pas !
- Et tu sais bien d'où provient mon argent, j'insiste pour le taquiner.
- Qu'est-ce que tu dis ? Je n'entends rien.
- Plus sérieusement Niall, je suis hyper content pour toi et merci de tout ce que tu fais pour Harry.
- Pas de soucis, mec, ça me fait plaisir. Harry est un gars bien.
Mon ami finit par se garer près du bar et nous entrons pour rejoindre notre table réservée. L'endroit n'est pas grand et il y a une petite scène avec un micro et un piano.
- C'est un piano bar ultra branché, m'explique l'irlandais. C'est une grosse opportunité pour Harry.
J'acquiesce et commande rapidement une boisson que je bois un peu trop rapidement. Je suis perturbé depuis hier. Harry et moi nous sommes dit beaucoup de choses, des choses que je ne pensais jamais dire. Il y a eu ce rapprochement aussi et le fait que même après un an et demi, Harry a toujours cet effet sur moi. Je ne peux pas rester longtemps, je ne sais pas si venir ici était une bonne idée. Il doit vivre sa vie et je ne dois pas en faire partie.
Le bouclé apparaît d'ailleurs subitement à notre table, un grand sourire aux lèvres, dans un costume beige sublime.
- Vous êtes là.
- Pile à l'heure, lui répond Niall en levant son verre de Guinness.
- Je suis super content que vous soyez là, je suis un peu nerveux et il y a pas mal de monde.
- Tu vas tout déchirer, je lui rétorque sans hésitation. Tu es né pour chanter et briller sur scène, c'est en toi.
- Merci Louis. Il fait que j'y aille.
Il monte directement sur scène depuis la salle et s'installe derrière le piano.
- Bonsoir tout le monde, lance-t-il d'une voix rauque et joyeuse. Je suis Harry Styles et j'ai pour mission de vous faire passer une excellente soirée. Je vous jouerai des reprises de chansons connues mais aussi des compositions personnelles qui j'espère vous plairont.
Il commence avec une reprise d'un classique, Piano Man, de Billy Joel. Les clients du bar sont immédiatement emballés et sous le charme.
Il chante à nouveau sa chanson, Treat People with Kindness, réussissant à enflammer la salle avec juste sa voix et le piano. Il enchaîne sur quelques reprises, entre lesquelles il parle avec les clients du bar, s'amuse avec eux et boit quelques cocktails payés justement par les clients. Harry est un vrai showman une fois sur scène, ce qui peut contraster avec son tempérament calme et presque timide que je lui ai découvert récemment.
- Ma dernière chanson pour vous ce soir est une composition. Eh oui, encore une ! Elle s'intitule Adore You, et c'est la première fois que je la chante devant un public.
Je remue mon cocktail alors qu'il commence à chanter. Cependant les paroles attirent rapidement mon attention.
- I get so lost inside your eyes. Would you believe it? You don't have to say you love me. You don't have to say nothing. You don't have to say you're mine. Oh, honey. I'd walk through fire for you. Just let me adore you. Like it's the only thing I'll ever do. Like it's the only thing I'll ever do.
Le reste des paroles est plutôt répétitif et certains passages n'ont évidemment aucun rapport avec moi « rainbow paradise », « strawberry lipstick » ou encore « brown skin », mais je ne peux pas empêcher de me sentir concerné par cette chanson, surtout quand il me regarde régulièrement droit dans les yeux.
J'ai déjà vu Harry chanter un certain nombre de fois et souvent j'ai eu l'impression qu'il ne chantait que pour moi, ses yeux perdus dans les miens. Mais c'est la première fois qu'il me chante une chanson qu'il a potentiellement écrite pour moi.
Il veut ma mort...
Il revient à notre table après avoir salué son public, le sourire aux lèvres et la démarche...pas très droite.
- Les cocktails ici sont vraiment délicieux, glousse-t-il en s'asseyant sur la chaise juste à côté de moi.
- Oui, en même temps tu viens juste d'en picoler trois, s'esclaffe Niall. Louis aussi s'est laissé aller. Ce n'est pas normal que je sois à la traine !
Plusieurs clients viennent à notre table féliciter Harry et lui parler. Il reçoit plusieurs invitations à rejoindre d'autres tables mais il refuse toujours. Je pourrais me sentir agacé par toutes ces personnes mais c'est sur ma cuisse à moi que se trouve sa main.
Je devrais le repousser, arrêter ça et l'encourager à aller voir d'autres personnes, mais je me suis enfilé deux cocktails et une pinte et je ne veux pas qu'il s'en aille.
Quand les clients commencent à laisser Harry tranquille, les amis de Niall arrivent enfin. Il m'avait parler d'eux et m'avait prévenu qu'ils viendraient car il voulait absolument que je les rencontre. Il y a Shawn, un jeune chef d'entreprise, Lewis, un chef cuisiner et Anne-Marie, la patronne d'un club en vogue. Ils semblent tous ravis de me rencontrer.
- Le fameux Louis ! S'écrie Lewis.
Tiens, cette phrase m'est familière...Niall et Harry semblent beaucoup parler de moi à leurs proches.
- En chair et en os, répond Harry à ma place en serrant ma cuisse sous la table. Maintenant que vous êtes là on peut aller ailleurs !
- Quoi ? Je demande.
- Mon club est à deux rues d'ici, explique Anne-Marie. On n'a pas pu voir la prestation d'Harry mais on sait qu'il a dû assurer et on doit fêter ça dans un endroit un peu plus...festif, vous ne pensez pas ?
- Let's go ! Lance Niall, visiblement emballé par l'idée.
Je suis donc le mouvement et nous marchons une dizaine de minutes, enfin plutôt 5 minutes avec autant d'attente aux différents passages piétons, pour arriver au club d'Anne-Marie. Lewis m'a tenu compagnie tout le trajet. C'est un garçon très marrant qui me fait beaucoup penser à Niall sur certains points.
La musique résonne déjà de l'extérieur et un certain nombre de personnes font la queue dans l'espoir de pouvoir entrer. Etant en compagnie de la propriétaire, nous ne faisons évidemment pas la queue. Le vigile nous laisse entrer et au fur et à mesure que nous avançons dans le club, de nombreuses personnes saluent la jolie blonde.
Elle nous conduit dans une partie dont l'accès est contrôlé par un autre vigile et nous nous retrouvons sur une grande banquette ronde où trône déjà 6 coupes de champagne. Alors que Lewis s'apprête à se glisser à côté de moi, Harry le retient et prend sa place à côté de moi.
- Salut, me chuchote Harry avec un grand sourire.
Sa main atterrit rapidement sur mon genou sous la table et je me tourne vers lui en lui lançant un regard surpris.
- Qu'est-ce que tu fais Harry ?
- Rien.
- Ta main.
- Elle te dérange ?
- Oui.
- Elle ne te dérangeait pas tout à l'heure, rétorque-t-il en rapprochant son visage du mien.
- A quoi tu joues Harry ?
- A rien. Absolument rien du tout, répond-il avec sincérité.
Je suis complètement confus et Harry reste constamment collé à moi. Alors que nous parlons, sa main monte et descend sur ma cuisse ou bien il tapote dessus au rythme de la musique. Quand il rit aux éclats, sa tête roule sur mon épaule. Et si personne n'y fait attention, Niall nous lance parfois de drôles de regards.
- Harry, franchement, qu'est-ce que tu me fais là ? Pense à Cole, ne gâche pas ce que tu as construit avec lui, je lui glisse alors que les autres parlent de business et de gros sous.
- Je ne gâche rien du tout, rétorque-t-il dans le creux de mon oreille. C'est toi qui n'as pas compris ce que je t'ai dit hier Louis. Tu ne comprends pas ce que je ressens vraiment.
- Dans ce cas explique-moi, car je suis complètement perdu.
Mes yeux sont désormais face aux siens. Nous sommes face à face mais assez proches pour pouvoir nous entendre malgré les autres et la musique.
- J'essaye Louis, j'essaye de tout mon être d'avoir une vie normale ici mais c'est dur. Je ne peux pas oublier et complètement mettre de côté ce que j'ai vécu à Londres. Ça fait partie de qui je suis que je le veuille ou non. Je ne peux pas voir été une prostituée pendant des années à Londres et devenir soudainement un chanteur à la vie parfaite à New York.
- Tu es en train de me dire que ta vie ne te convient pas ici ?
- Ce qui ne me convient pas c'est de n'avoir personne à qui parler. Quand j'ai compris que tu n'avais pas tout dit sur moi à Niall, j'ai préféré me taire aussi. Il a fait une croix sur la mafia, ce n'est plus son monde, je ne sais pas s'il aurait compris. Et puis je ne voulais pas que sa vision de moi change. Il n'y a que toi et Zayn qui savez vraiment.
- Cole...
- ...ne comprendrait pas. Il vient d'une bonne famille bien rangée. Il partirait en courant s'il savait. Mais le pire, c'est que je crois que ça ne me dérangerait même pas...
- Quoi ?
- Qu'il s'en aille. Je ne suis pas amoureux de lui et je crois que ce n'est pas ce que je veux.
- Qui ne voudrait pas de quelqu'un comme Cole ? Il est beau, riche, intelligent, sympa et attentionné.
- Quelqu'un qui a eu l'habitude de se faire culbuter tous les jours pendant des années et qui ne sait pas ce qu'est le romantisme, dit-il en me regardant droit dans les yeux.
Je suis perplexe, c'est une autre chose que je n'avais pas anticipé en l'envoyant ici : les séquelles de sa vie de prostituée.
- Le sexe, Louis, le sexe, chuchote-t-il au creux de mon oreille. Je ne sais plus quoi faire pour me combler. Avec Cole, c'est trop...doux.
- Peut-être...peut-être que tu n'as pas encore trouvé ce qui te convenait, je dis, perturbé par la chaleur qui naît dans mon bas ventre.
- Oh Louis, si tu savais. J'ai tout essayé. J'ai couché avec d'autres gars en plus de Cole mais même ça ce n'était pas suffisant. J'ai aussi compris que de me faire baiser par des inconnus qui ne savent rien de moi ne me convient pas non plus, ça me rappelle trop ce que j'ai vécu avant de devenir le favori le Zayn. Je me suis tournée vers des clubs BDSM mais être attaché et traité comme un soumis m'a rappelé de mauvaises choses aussi. J'ai même eu un sugar daddy mais il me traitait comme un jouet sexuel tout en me couvrant de cadeau. Je me sentais toujours comme une traînée...
J'ai la bouche sèche et le cœur qui palpite, il n'a pas le droit de me dire tout ça. Il ne peut pas me dire qu'il s'est tapé la moitié de la ville et qu'il n'est toujours pas comblé.
- Peut-être qu'il te faut juste plusieurs partenaires à la fois, je finis par lui dire.
- Je veux qu'on me respecte quand on couche avec moi, qu'on me fasse jouir comme je le veux sans juger les goûts particuliers que j'ai développé à cause de mon passé. Mais je ne trouve pas un gars comme ça, un gars comme toi, capable de me mettre à genoux juste en posant ses yeux moi et qui sait déjà ce que j'ai vécu...
Ses lèvres frôlent le lobe de mon oreille alors que sa main se referme un peu trop haut sur ma cuisse. Je pousse malgré moi un bruit semblable à un couinement qui attire l'attention des autres personnes à table.
- Ça va ? S'inquiète Shawn.
- Oui, je...je me suis cogné contre le pied central de la table.
- Je lui disais combien j'avais été payé ce soir pour jouer au piano bar et ça l'a vraiment surpris, ajoute Harry.
- C'est vrai que vous faites vos petites messes basses depuis tout à l'heure, on veut participer à votre conversation nous aussi, nous taquine Anne-Marie.
- On parlait juste des choses que j'ai découvertes sur New York, rien de bien intéressant, je leur dis.
- Qu'est-ce que tu as préféré ? Demande Lewis.
- L'Empire State Building, sans hésiter.
- Pour une première fois, je peux comprendre. Ça fait son effet, explique Shawn.
Nous commençons donc une conversation dans laquelle Harry et moi sommes désormais inclus. Sa main baladeuse jusqu'à maintenant plutôt chaste ne s'attarde désormais qu'entre mes cuisses. Après tout ce que je viens d'entendre, je ne retiens pas ma main de se faufiler sous sa chemise pour taquiner la peau nue de ses hanches. La vie d'Harry ici n'est pas idyllique, elle ne peut pas l'être à cause de son passé et il ne veut pas qu'elle le soit.
Je sens la chair de poule qui le traverse sous mes doigts. Il est sensible ici, je m'en souviens. Il soupire doucement de plaisir et laisse tomber sa tête sur mon épaule.
- Oh Hazzy est fatigué, se moque gentiment Lewis.
- Plutôt oui...
- On peut aller danser un peu si tu veux, ça va te réveiller. Et puis tu es toujours le premier sur la piste d'habitude, dit Niall en nous regardant tour à tour.
- Bonne idée, confirme le bouclé.
Tout le monde se lève et alors que j'hésite, Harry ne me laisse pas le choix et me tire par la main.
- Je ne danse pas Harry, je le préviens.
- Tout le monde danse, Louis.
Le coin VIP a sa propre petite piste où se déhanche déjà un bon nombre de personnes. Anne-Marie nous mène directement au cœur de la foule et Harry enroule sans attendre ses bras autour de moi. Je vois les regards en coin de Niall mais je décide de les ignorer pour l'instant.
- Pourquoi tu ne m'as pas parlé plus tôt de tout ça ? Enfin, hier du coup.
- Parce que j'ai trop l'habitude de faire semblant, à part quand je suis sur scène. Et j'ai simplement mis un peu de temps à me rappeler qu'avec toi je n'ai pas besoin de faire semblant...
- Je suis sûr qu'avec un peu de temps, tu pourrais l'avoir ta vie normale et heureuse.
- Ça fait presque deux ans Louis. Et puis ma vie est normale, je n'ai juste pas la même définition du bonheur que la plupart des gens.
- Et c'est quoi ta définition du bonheur ?
- Chanter, danser, m'amuser, rire, faire l'amour, encore et encore...Je ne veux pas de rendez-vous romantiques au restaurant, je ne veux pas qu'on me sorte le grand jeu, je veux juste de la passion et d'une personne qui m'en fait ressentir.
- Pourtant je suis sûr que tu pourrais être un grand romantique, je lui dis en riant.
- Tu crois ?
- Il faut simplement que tu tombes amoureux Harry, je lui dis sincèrement.
- Je ne sais pas si ça m'arrivera un jour, je ne sais pas si j'en suis capable...
- Il faut juste que tu trouves la bonne personne.
- Si je tombe amoureux un jour et que je deviens romantique, tu seras le premier que je mettrai au courant, glousse-t-il. Et puis qui sait, peut-être que toi aussi ça t'arrivera un jour.
- L'amour n'a pas sa place dans la mafia, tu le sais bien.
- Oui, je sais.
Il reste silencieux de longues secondes, dansant simplement contre moi. Sa bouche se rapproche cependant de mon oreille, annonçant la disparition complète de mes dernières barrières.
- Mais le sexe, Louis, le sexe a bien sa place non ?
*
*
Avec un sourire des plus coquins qu'il ne réserve habituellement qu'à son public quand il est sur scène, il me pousse sur le fauteuil de ma chambre d'hôtel. Je me retrouve assis alors qu'il retire lentement la veste de son costume. C'est ensuite au tour de sa chemise, bouton par bouton. Je ne perds pas une miette du spectacle.
Je mordille ma lèvre quand il enlève son pantalon et ne se retrouve qu'en boxer face à moi. Son sexe est déjà bien dressé sous le tissu. Il se débarrasse très lentement du sous-vêtement et une fois nu, je pensais qu'il viendrait vers moi, mais il se dirige à la place sur le lit. Il grimpe dessus tel un félin sans me lâcher des yeux.
Ma main atterrit toute seule sur la bosse qui déforme mon jean et son regard dévie dans la foulée.
- Touche-toi et je le ferais aussi, je lui souffle.
Il fouille alors dans son petit sac à main et en sort du lubrifiant et un préservatif. Il récupère le petit tube mais laisse la protection pour plus tard.
A genou, je le regarde glisser directement deux doigts en lui. Bon sang, il a clairement l'habitude de se toucher...De mon côté, je déboutonne et repousse mon jean pour avoir accès à mon boxer.
- Je veux la voir, geint-il, je veux la voir.
Je repousse alors mon pantalon et mon boxer à mes chevilles pour exposer mon sexe que je caresse. Il gémit en se mordant la lèvre alors que nous nous dévorons des yeux.
Il change finalement de position, s'allongeant sur le dos et écartant les cuisses. La position est cependant moins pratique pour lui et je cède. Je me lève, me débarrasse de mon jean et de mon boxer puis de mon tee-shirt et m'approche du lit. Je repousse sa main et remplace ses doigts par les miens. Il se cambre immédiatement alors que je les enfonce profondément avant de les écarter.
- Louis, murmure-t-il en fermant les yeux.
- Regarde-moi, je lui souffle en avançant mon visage près du sien.
Il ouvre ses yeux alors que nos lèvres se frôlent et il est le premier à avancer ses lèvres, m'embrassant langoureusement. Mes doigts se plient en lui sans vraiment faire attention et vu la réaction de son corps, je comprends que j'ai touché son point de plaisir.
Je m'écarte, lui laissant le temps de se calmer et de respirer, et j'en profite pour enfiler le préservatif. Il se redresse pour venir m'embrasser, sa langue jouant avec la mienne. Ses mains accrochent mes cheveux pour m'attirer toujours plus près alors qu'il s'aide de son torse pour me retourner et me faire allonger sur le lit. Il s'assoit dans la foulée sur mes cuisses et caresse mon torse avant de se pencher.
Au lieu d'embrasser mes lèvres, il embrasse le pourtour de mon pansement. Il dévie sa trajectoire vers mon torse, ma gorge, ma mâchoire et enfin mes lèvres.
Ma main gauche sur sa hanche, je guide mon membre de ma main droite contre son entrée et le laisse se glisser à son rythme.
Malgré l'urgence de nos mouvements, j'ai pourtant l'impression que ce moment dure encore et encore. Il me chevauche avec passion et précision alors que mes doigts lacèrent son dos et ses fesses. Nos baisers son brouillons, chaotiques.
Je suis le premier à jouir malgré moi et il se retire alors de moi, tombant à mes côtés. Je prends à peine le temps de reprendre mes esprits que mon visage s'enfouit entre ses cuisses et dévore son entrée rouge et étirée. Il ne tarde pas à jouir dans un long gémissement en emprisonnant ma tête entre ses cuisses musclées.
Ses muscles finissent par se détendre et je n'arrive pas quitter son corps des yeux quand il étire son corps nu sur le lit en poussant un petit gémissement satisfait.
En ouvrant à nouveau les yeux, ses billes vertes tombent droit dans les miennes et il sourit.
- C'était vraiment pas mal comme premier round, dit-il avec un sourire en coin alors qu'il repousse les quelques mèches sur mon front collées par la sueur.
Je me mets à rire et il se joint rapidement à moi.
*
*
Je me réveille d'un coup après avoir entendu le bruit d'un coup de feu. Le cœur battant, je regarde partout autour de moi et me calme peu à peu en réalisant que je suis à New York, dans le petit appartement de Harry, et que tout va bien.
La place à côté de moi est vide mais je vois rapidement un bouclé complètement nu arriver dans la chambre en buvant de grandes gorgées d'eau. Je ne suis pas surpris, ça fait quelques jours maintenant que Harry m'a forcé à quitter mon hôtel pour venir dormir chez lui, enfin dormir est un bien grand mot. Mais il voulait vraiment qu'on passe du temps ensemble avant que je ne reparte ce soir.
Il grimace en s'asseyant sur le bord du lit alors qu'une marque rouge est bien visible sur sa hanche gauche.
- Tu fais une drôle de tête, tout va bien ? S'inquiète-t-il.
Il me tend sa bouteille d'eau que je m'empresse de terminer, reprenant mes esprits.
- C'était juste un mauvais rêve.
- Oh...Si tu veux je peux t'aider à oublier ce vilain cauchemar...
Je n'ai pas la force de dire non alors qu'il est déjà en train de glisser sous les draps. Ses mains caressent délicatement mes cuisses puis sa langue vient sans prévenir glisser sur toute ma longueur.
Je rejette la tête en arrière en gémissant alors que Harry repousse complètement la couverture pour pouvoir me prendre en bouche. Je caresse ses boucles et tire légèrement dessus quand il me prend entièrement. Harry est très très doué pour les gorges profondes...
Il alterne son rythme, la profondeur et dévie parfois sur mes testicules. Quand je suis au bord du précipice, je sens d'un coup un doigt glissant passer la barrière de mon entrée et s'enfoncer en moi. J'écarquille les yeux en jouissant d'un coup sans même pouvoir prévenir.
En ouvrant les yeux, je découvre le visage de Harry, couvert de mon sperme, alors qu'il a un sourire coquin.
- J'étais sûr que ça te plairait. Si tu veux on pourrait essayer de...
- Oh putain ! Merde, je vais gerber !
Le bouclé et moi nous tournons d'un coup vers la voix en question qui n'est autre que celle de Niall, qui se cache les yeux en se mettant dos à nous.
- Bordel, ça m'apprendra à m'inquiéter !
- Niall...commence Harry.
- Tu me parleras quand tu n'auras plus le sperme de mon meilleur pote sur la tronche okay !
Au lieu d'être gêné, Harry se retient de rire en se souvenant qu'il a ma semence sur le visage. Il se nettoie le visage alors que j'enfile un boxer. L'irlandais ose enfin nous regarder à nouveau quand Harry a enfin enfilé lui aussi un sous-vêtement.
- Vous m'expliquez ? Enfin j'aurais dû m'en douter vu vos comportements durant la soirée au club de Anne-Marie mais de là à donner très peu de nouvelles plusieurs jours !
- Pardon, on...
- Basait comme des lapins ? Alors que Harry a un mec et une toute nouvelle vie ici à New York ? Nouvelle vie que tu as toi-même souhaitée pour lui ?!
- Ni...
- Ne réagit pas comme si Louis m'avait forcé à faire quelque chose que je ne voulais pas, me défend Harry.
- Je...Je ne vous comprends pas les gars ! Vous chiez sur tous vos principes en faisant ça !
Harry et moi nous regardons, comme pour chercher quoi lui dire et comment le faire.
- Niall, il faut qu'on parle toi et moi. Louis va sortir nous prendre de quoi petit-déjeuner le temps que je t'explique ce que tu dois savoir. Il ne t'a pas tout dit sur moi.
Perdu et perplexe à la fois, il finit par acquiescer et j'enfile alors rapidement un short et un tee-shirt avant de partir pour la boulangerie du coin.
Alors que je prends la route de la boulangerie près de chez Harry, les mots de Niall me reviennent sans cesse en tête « Vous chiez sur tous vos principes en faisant ça ». Harry devait refaire sa vie et je devais m'assurer de loin qu'il allait bien. Je ne pensais à aucun moment coucher avec lui. Mais je n'attendais pas non plus de telles confidences de sa part ! Je n'avais pas pensé au fait qu'il ne pouvait pas oublier tout ce qu'il avait vécu à Londres et recommencer une vie parfaite ici. Arghhhh...
Et puis pourquoi j'ai accepté de rester chez lui et pas à mon hôtel ? Ça complique tout. Je vais partir ce soir ! Demain matin, je serai à Londres, dans ma villa, tout seul. On avait passé une seule nuit ensemble et je m'en souvenais encore un an et demi plus tard. Aujourd'hui ça fait quatre jours, comment je vais digérer tout ça ?
Et pourquoi je me prends autant la tête ? Ça ne me ressemble pas ! Harry me déstabilise beaucoup trop depuis la première fois que j'ai posé les yeux sur lui. J'ai participé à une guerre de mafias pour lui, je me suis fait tirer dessus et j'ai dû quitter Londres. Mon business en pâtit. Il faut que je me ressaisisse putain !
C'est fini les conneries. L'effet qu'il a sur moi s'arrête maintenant.
J'avale d'un coup le reste du café que j'ai commandé, sentant à peine la brûlure dans ma gorge. Je retourne à l'appartement en montant les marches trois par trois et dépose les viennoiseries françaises sur la table de la cuisine.
Niall et Harry me regardant un peu étonnés mais ils semblent avoir fini leur conversation.
- Harry était une prostituée du pakistanais alors ?
- Oui, je réponds simplement en cherchant mes quelques affaires qui traînent dans la salle de bain.
- Et donc tu...Attends tu fais quoi là ?
- Je range mes affaires, ça ne se voit pas ?
- Ton vol est à 20h ce soir.
- Je vais prendre celui de 13h30 au final.
- Quoi ? Pourquoi ? Demande soudainement Harry en se levant du canapé.
- Il faut que je retourne à Londres. Je me suis éloigné trop longtemps.
- Mais...
- C'est mieux comme ça. Merci pour tout Niall et merci pour l'hébergement Harry. Essaye d'être heureux avec Cole.
Son visage se décompose mais je n'y prête pas attention. Je ferme ma valise ouverte sur le sol de sa chambre et repart aussi vite que je suis venu.
J'aurais dû faire ça bien avant.
*
*
*
- Oh mon dieu ! S'écrit Oli. Matez-moi cette paire de seins !
Je ne prends même pas la peine de regarder la fille en question, trop absorber par le liquide doré que je fais tourner dans mon verre. Le mouvement a quelque chose d'hypnotisant au point où je n'écoute plus la conversation de mes deux amis.
- Oh Lou je te parle ! M'interpelle Cal. Putain mais t'es relou depuis ton retour de New York !
- Relou et bizarre, renchérit Oli. T'as complètement la tête ailleurs.
J'ouvre la bouche pour parler mais Cal m'arrête de suite.
- Si tu nous sors encore l'excuse du décalage horaire mec, je t'en fou une. Ça fait deux semaines que t'es rentré.
- J'ai besoin d'air.
Je les entends souffler et râler mais je m'en fiche pas mal. Mon verre en main, je sors par la porte de service, me retrouvant seul dans la fraîcheur de la nuit. Mais au lieu de ressentir une bouffée d'air frais, j'ai l'impression au contraire que mes poumons se bloquent et freinent ma respiration.
- Putain !
Cal et Oli ont raison, je suis plus le même depuis mon retour. Je pensais qu'en quittant New York tout redeviendrait pareil, comme avant. Mais j'ai cette sensation qui me tore constamment les tripes. J'ai cette impression qu'être à Londres n'est pas...réel. Comme si j'étais un plein rêve et que j'allais à tout moment me réveiller.
A New York, dans le lit de Harry...
- PUTAIN ! Je hurle plus fort en jetant mon verre contre le mur.
Mon homme de main qui garde la porte s'empresse de l'ouvrir pour voir si tout va bien et je le rassure d'un signe de la main.
Comment c'est possible d'avoir l'impression de ne plus appartenir à l'endroit où on a grandi, où on a tout construit ?
Pourquoi ce satané bouclé me manque ? Pourquoi je voudrais qu'il soit là ?
Comme d'habitude, pour calmer mon esprit en ébullition, je décide de retourner à l'intérieur et d'aller droit vers le bar, prenant cette fois la bouteille entière de whisky, sans m'embêter avec un verre.
*
*
Il est 14h, je suis assis dans l'un de mes bars, baigné de lumière. Avec mon départ, j'ai pas mal de paperasse à rattraper. Ça fait quelques jours que j'ai arrêté la boisson et que je peux donc enfin me mettre au travail. Toutes ces sensations et ces questionnements qui me mettaient la tête à l'envers ont disparu, laissant désormais place à un énorme vide, que le travail aide un peu à remplir.
La porte est ouverte pour laisser entrer la chaleur mais le bar est fermé, ouvrant à 17h seulement. La barista nettoie tranquillement le comptoir et prépare le service du soir, me permettant de travailler dans une ambiance plutôt calme et agréable.
J'attends soudainement des voix au niveau de la porteet des ombres cachent le soleil qui illuminait la pièce.
- Désolée mais nous sommes fermés, revenez à 17h si vous voulez, leur dit la barista alors que je reste concentré sur ma tâche.
- On ne vient pas pour boire quelque chose, annonce une femme, la voix un peu vacillante. Quelqu'un nous a dit que Louis Tomlinson était ici. Est-ce possible de le voir ?
Par curiosité, et avec méfiance, je lève la tête pour découvrir une femme accompagnée d'un homme et de deux jeunes femmes. Je me lève, prêt à les congédier, mais la femme tourne la tête vers moi en suivant le regard de mon employée et je me décompose alors sur place.
Je reconnais ces yeux doux et brillants, parce que j'ai grandi en les regardant.
Incapable de parler, ses yeux se baignent de larmes alors qu'elle apporte ses mains à son visage, sous le choc.
- Ce jeune homme n'a pas menti...Bredouille-t-elle enfin.
Mon regard balaie alors le visage des personnes qui l'accompagnent et je crois mourir sur place.
- Est-ce que tu nous reconnais ? Demande doucement l'homme en serrant la femme en pleur contre lui.
Je n'arrive tout simplement pas parler malgré tous mes efforts. Ma gorge est nouée alors je me contente d'hocher doucement la tête.
Dans la foulée, la jeune femme blonde se précipite vers moi et me serre contre elle en sanglotant.
- Louis, je n'arrive pas y croire...
Je suis trop surpris pour réagir et lui rendre son étreinte. Personne n'a eu un tel geste envers moi depuis...depuis que mon père est venu me chercher.
Face à mon manque de réaction, elle se détache et me regarde alors avec ses grands yeux bleus humides de larmes.
- Tu...Tu ne sais pas qui je suis ?
Je me souviens encore très bien du jour où elle est née. Je l'ai prise dans mes bras comme si elle était la chose la plus précieuse au monde et je ne voulais plus la lâcher. Je me souviens de ma joie quand j'ai découvert des semaines plus tard ses jolis bleus, encore plus clairs que les miens.
Elle est devenue si belle, si grande...
- Lottie...
Son surnom quitte mes lèvres dans un murmure alors que j'efface du bout des doigts des larmes qui roulaient sur sa joue.
Ses pleurs redoublent alors qu'elle s'écroule contre moi. Cette fois je l'entoure immédiatement de mes bras. Mon regard tombe alors sur ma mère, mon beau-père et ma deuxième sœur, Félicité. J'ai l'impression de voir des fantômes d'une autre vie.
Ma mère finit par s'approcher doucement, presque tremblante. Charlotte s'écarte et ma mère m serre longuement dans ses bras à son tour.
- Mon fils...Mon petit garçon...
Elle se recule pour pouvoir m'observer sous toutes les coutures.
- Ton père, il...Il t'a bien traité ? Il a été gentil avec toi ?
A l'époque, je lui avais simplement laissé une lettre pour tout lui expliquer. Elle devait comprendre que je n'avais pas le choix et que leurs vies étaient en jeu.
- Oui.
- Le jeune homme que j'ai vu il...il m'a dit qu'il était mort. Est-ce que c'est vrai ?
- Il y a des années, oui.
- Mon dieu, tu t'es retrouvé tout seul...
Elle pose sa main chaude et réconfortante sur ma joue et je pourrais pleurer juste à cause de cette sensation.
- Et si on s'asseyait pour parler un peu ? Propose-t-elle.
*
*
Je regarde encore et encore le petit post-it entre mes doigts en souriant. Il s'agit de l'adresse de ma mère ainsi que les numéros de téléphone de toute ma famille.
Hier, quand nous nous sommes assis tous ensemble pour parler dans mon bar, j'ai pleuré comme un gamin. Je leur ai tout raconté sur moi, sans rien omettre. Je ne voulais pas mentir, embellir la réalité. Je ne suis pas quelqu'un de bien. Mais au lieu d'être horrifié, ma mère a insulté mon père de tous les noms pour m'avoir fait subir tout ça et s'en est voulu de ne pas avoir su me protéger de lui.
Hier soir, pour la première fois depuis longtemps, je me suis senti honteux de ce que je fais et je me suis rappelé qu'il y avait tout un monde en dehors de la mafia. La vie a tellement plus à offrir. Mon père m'a enfermé dans son monde mais je ne suis pas lui, rien ne m'oblige à suivre ses pas. Il est mort et sa menace envers ma famille est morte avec lui.
Pendant longtemps, j'ai cru ne pas avoir le choix de ma vie, je la croyais toute tracée au point de ne même pas réfléchir à d'autres options. Mais je ne suis pas seul, mon père n'est pas ma seule famille. Je peux compter sur d'autres personnes qui ont été là pour moi, qui m'ont aimé et m'aiment toujours même si je ne faisais plus parti de leur vie. Des personnes qui m'ont ouvert les yeux sur le fait que ma vie pourrait être complètement différente...si je le voulais.
Je suis sortie de mes pensées par mon téléphone qui vibre. Je regarde le message qui provient de Zayn.
Zayn : Bouge ton cul et rejoins moi dans mon bar, je te paye un verre.
Zayn : Ce n'est pas une question alors pas besoin de réfléchir. Je t'attends.
Mais qu'est-ce qu'il me veut ? Depuis la guerre qui a éclaté, nous ne nous sommes plus vraiment parlé. Je lui ai fait comprendre qu'il devait se démerder à partir de maintenant.
Cependant, je suis intrigué alors je me lève et préviens mes hommes de préparer ma voiture.
Quand j'arrive, le lieu est plus calme que d'habitude, en même temps il n'est que 17h. Un serveur me conduit jusqu'à Zayn et je me décompose en voyant qu'il n'est pas seul. Je suis encore plus déconcerté quand je vois Zayn rire aux éclats avec...Harry.
Suis-je ne train d'halluciner ?
- Ah Louis tu es là ! Viens donc t'asseoir ! Me lance Zayn.
Je m'avance et Harry n'est pas surpris le moins du monde me voir.
- Regarde qui est là, poursuit-il. On se remémorait le bon vieux en t'attendant.
Le bon vieux temps. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez lui ?
- Harry, je dis simplement en m'asseyant sur un fauteuil près d'eux.
- Salut Louis.
- Je dois dire que tu as été un sacré cachotier, me dit le pakistanais. Je te demande de me laisser voir Harry de temps en temps et toi tu l'envoie sur un autre continent !
- Il méritait mieux que la vie que tu lui offrais et tu le sais.
- Oh mais je ne dis pas le contraire, je pensais juste que tu...profiterais un peu de l'avoir que pour toi, si tu vois ce que je veux dire, glousse-t-il.
Je fronce les sourcils.
- Ne fais pas cette tête, je savais très bien que tu convoitais Harry. Il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer.
- Je sais bien que tu l'avais compris, tu l'as envoyé chez moi pour me convaincre de te vendre des armes.
- C'est vrai. Mais à ce moment tu ne pouvais que toucher avec les yeux.
Je fronce à nouveau les sourcils. Il est sénile ou quoi ? Il a envoyé Harry me soudoyer avec du sexe et là il ne semble pas savoir qu'on a couché ensemble. Je regarde alors le bouclé pour peut-être trouver une réponse silencieuse à ma question et je le découvre en train de sourire en coin.
Zayn ne serait vraiment pas au courant ?
Le reste de ce moment au bar est tout aussi irréel. Zayn et Harry discutent tranquillement de la nouvelle vie du bouclé mais ils se remémorent aussi des moments vécus ensemble. Je suis plus spectateur qu'autre chose mais je suis aussi perdu. Ils parlent de Niall, mais où est-il ?
De nombreuses questions émergent et je veux juste que Zayn disparaisse pour pouvoir les poser au bouclé.
Harry finit éventuellement par se lever et signaler qu'il doit y aller. Je commençais à perdre patience.
- C'était sympa de se revoir tous les trois, ricane Zayn.
Cet enfoiré savait très bien que ce moment serait forcément gênant pour moi et ça l'a fait jubiler visiblement.
Je suis Harry à l'extérieur presque en courant et il se met tranquillement à déambuler dans la rue animée où se trouve le bar de Zayn.
- Harry !
Il continue à marcher doucement, les mains dans les poches et je cours à nouveau pour le rattraper.
- Harry, attends !
- Je ne suis pas en train de courir pour m'échapper si ? Dit-il en regardant droit devant lui. Je t'écoute.
- Est-ce que...Niall est avec toi ?
- Oui, il est venu à Londres avec moi. Mais il a préféré ne pas venir. Il avait peur de vouloir t'en mettre une s'il te voyait.
Okay, je ne l'ai peut-être pas volé celle-là. Parmi toutes les questions que j'ai en tête, je pose la première qui me vient à l'esprit.
- Est-ce que c'est toi qui a contacté ma famille ?
- Non, c'est Niall. Il pensait que ça pourrait peut-être te faire du bien
- Eh bien il a eu raison.
- Ah oui ? Demande le bouclé, surpris.
- Je crois que ça m'a remis un peu les idées en place.
- Je suis content alors, me dit-il avec un sourire.
Nous marchons quelques mètres dans le silence avant que ma curiosité ne reprenne le dessus.
- Pourquoi vous êtes là ?
- On a réalisé que ça faisait longtemps qu'on n'était pas été en Angleterre et on s'est dit que ça pourrait être sympa.
- Et c'est tout ? Je demande avec un peu d'espoir.
Harry s'arrête alors de marcher et me fait enfin face. Il me regarde attentivement et je suis soulagé de ne pas voir de colère dans ses jolis yeux.
- Non, maintenant que tu le dis, il y a bien autre chose.
- Ah oui ? C'est quoi ?
- Je suis là parce que je t'ai fait une promesse.
- Une promesse ? Quelle promesse ?
- Oh tu ne t'en souviens pas.
Il se remet ne marche alors que je commence à perdre patience.
- Tu vas arrêter les mystères à la fin ! D'ailleurs en parlant de mystères, pourquoi Zayn ne sait même pas qu'on a couché ensemble ? C'est bien lui qui t'a envoyé non ?
- Zayn m'a bien envoyé mais...je n'avais pas carte blanche cette nuit-là. Il m'avait d'ailleurs interdit de coucher avec toi.
- Quoi ?! Mais pourquoi tu l'as fait alors ?!
- Parce que j'en avais envie ! Pour une fois je voulais pouvoir décider moi-même à qui donner mon corps. Je te voulais et je t'ai eu.
- Si Zayn l'avait découvert, il te l'aurait fait payer !
- Mais il ne l'a pas su.
- Mais si ça avait été le cas ?
- Ça n'aurait rien changé, je ne regrette rien. Si j'en suis là aujourd'hui c'est grâce à cette nuit.
- Je croyais que ta vie à New York n'était pas si parfaite ? Que le fantôme de ta vie ici ne te lâchait jamais et te pesait ? Mais ce n'est peut-être plus le cas vu que tu étais content de te rappeler ta vie de prostituée avec Zayn, je lance malgré moi.
Il s'arrête et soupire. Il pose sur moi un regard légèrement contrarié et la seule chose à laquelle je peux penser c'est à quel point il est beau.
- J'arrête les mystères si tu arrêtes de te comporter comme un con à chaque fois qu'une situation t'échappe.
- Je te demande pardon ?
- Tu as l'habitude de tout contrôler, que tout se passe comme tu le veux mais quand ce n'est pas le cas, tu te comportes comme un vrai con. Tu es parti comme un voleur de New York parce que tu n'avais plus le contrôle sur ce qui se passait entre nous. Là, me voir discuter avec Zayn ne t'a pas plu et tu te montres blessant. C'est ce que tu fais.
Il a raison, malheureusement. Je pars en vrille quand je sens que je n'ai pas le contrôle de ce qui se passe.
- Oui, c'est vrai, mais je ne veux plus être comme ça. Je vais essayer d'arrêter alors. Maintenant tu peux me dire quelle promesse tu m'as faite et pourquoi elle t'a amené ici.
- Quand on était au bar ensemble, avec Niall et ses amis, et qu'on dansait, je t'ai dit que si je tombais amoureux un jour et que je devenais romantique, tu serais le premier que je mettrais au courant.
Je me rappelle ce moment et mon cœur se serre désagréablement.
- Tu as rencontré quelqu'un ?
- Oui. Et oui ma vie à New York n'est pas parfaite, oui je ne pourrais jamais oublier mon passé de prostituée mais oui, j'arrive tout de même à voir tout ça positivement, à discuter avec Zayn et je ne veux que rien ne change, même ta fuite précipitée, parce que sinon, je n'aurais pas compris que j'étais déjà amoureux.
- De Zayn ?
- De toi abruti. Je suis amoureux de toi et visiblement assez romantique pour faire le trajet jusqu'ici juste pour pouvoir te voir et te le dire, au risque de faire face à un mur. Parce que l'amour n'existe pas dans la mafia, tu as été clair là-dessus.
- Sauf que j'emmerde la mafia.
- Quoi ?
- J'emmerde mon père et toute la mafia, je répète.
Dans la foulée, j'agrippe sa nuque et l'attire contre moi pour l'embrasser. Dans ma poitrine, mon cœur continue à se serrer, il se serre fort, mais au lieu d'éclater et de rendre ma poitrine douloureuse, il se relâche et la libère enfin d'un poids étouffant. Mon cœur revient enfin à la normale depuis mon départ.
Ses mains se placent dans mon dos et il m'attire encore plus contre lui, sans lâcher mes lèvres.
*
Le corps d'Harry roule contre le mien alors que mes draps sont encore chauds et moites de nos ébats.
Nous sommes directement rentrés chez moi après le baiser et nous avons laissé nos corps parler. Cette fois, au lieu de nier nos sentiments, nos cœurs étaient enfin en harmonie avec nos corps.
- Alors comme ça tu emmerdes la mafia ? Me demande-t-il d'une voix rauque et basse.
- Oui, complètement.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu me dises ça honnêtement. Je pensais que tu allais m'envoyer me faire voir.
- Tu as fait tout ce chemin en pensant que je te mettrais un vent ?
- Oui, mais je devais te le dire, je te l'avais promis.
- A vrai dire, le Louis d'il y a une ou deux semaines en arrière t'aurait peut-être envoyé te faire voir...
- Qu'est-ce qui a changé depuis ?
- J'ai retrouvé ma famille et j'ai compris que la mafia n'avait pas à dicter ma vie si je ne le voulais pas. Ma vie ne se limite pas à ça.
- Alors...
- Alors je n'ai pas arrêté de penser à toi depuis que je suis rentré.
- Et donc ?
- J'ai envie de t'avoir à mes côtés. Je veux essayer...d'avoir une relation sérieuse avec toi.
Il me serre plus fort contre lui et embrasse mon épaule.
- Je ne veux pas tout gâcher mais...on habite sur deux continents différents Louis.
- Tu n'as entendu quand j'ai dit que j'emmerdais la mafia ?
- Mais ta famille...
- ...pourra facilement rester en contact moi. Il y a le téléphone, les réseaux sociaux et les avions.
- Avec la réputation et les connexions que je me suis faites à New York, je pourrais aussi facilement trouver du travail à Londres, tu sais ? Je ne veux pas que tu te retrouves loin de ta famille alors que tu viens à peine de les retrouver.
- Oui, mais il y aura toujours ma mafia et les flics à Londres.
- Oui mais on emmerde la mafia non ?
Je hausse les épaules en riant et en caressant doucement sa hanche.
- On en discutera plus tard avec Niall, je propose. Il a toujours envie de me frapper tu penses ?
- Non, je pense que c'est bon maintenant, glousse-t-il.
- Tant mieux, je ne pourrais rien faire sans ses conseils.
- Peu importe l'endroit, je veux juste pouvoir être avec toi Louis. Ces dernières semaines ont été les pires pour moi. Je croyais devenir fou.
- Moi aussi je devenais dingue. Je ne veux plus que tu sois loin de moi désormais...
- Promets-le-moi.
- Je te le promets.
- Je veux que tu me le promettes en me regardant dans les yeux.
Je tourne alors ma tête vers lui alors qu'il se recule légèrement pour permettre à nos regards de s'encrer l'un dans l'autre. En plongeant dans ses billes vertes, je me demande comment j'ai fait pour ne pas réaliser plus tôt. Moi aussi je suis amoureux, même complètement accro.
Mon index vient retracer doucement le contour de son œil et je souris doucement.
- Quand je vois ces yeux, je suis prêt à te promettre le monde entier Harry.
Et je crois que c'est le cas depuis la toute première fois où nos regards se sont croisés...
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Voilà la fin de cet OS. Cette fois je vous laisse imaginer seul la suite car le happy end est certain et donc j'aimerai vos avis : Team NY ou Team Londres ?
Dans quelle ville seraient-ils le plus heureux selon vous ?
Merci d'être toujours aussi nombreux et fidèles, il y a déjà plus de 2 000 vues pour In Your Eyes, vous êtes les meilleurs !
Vos petits commentaires font aussi toujours autant plaisir 😁
Bel été à tous, profitez bien ! ☀️💙💚
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