Os Larry où Lottie se blesse avant une compétition importante de patinage artistique et où Louis, hockeyeur, se retrouve à la remplacer, devant s'entraîner avec Harry, son partenaire un peu trop séduisant.

Un OS sur le hockey m'avait été suggéré il y a pas mal de temps et j'avais été fortement inspirée il y a deux ans je crois par une série Netflix (je ne sais plus le nom mais dedans la frère fait du hocket et sa soeur du patinage). J'avais donc commencé l'écriture d'un OS, j'avais même écrit presque 19 000 mots mais plus j'écrivais pour clôturer l'histoire, moins elle me plaisait, alors je l'ai complètement laissé aux oubliettes 😅 Mais j'ai eu un retour d'inspiration  il y a quelques semaines et j'ai décidé de retravailler l'histoire pour la rendre plus potable. J'espère donc qu'elle vous plaira ! Le titre vient justement d'une série de téléfilms sur le thème du patinage que j'avais beaucoup aimé !

D'ailleurs comme vous pouvez le voir, l'histoire est une nouvelle fois très longue et je l'ai découpé en deux pour rendre la lecture plus fluide et digeste. La deuxième partie sera postée dans la foulée pour que vous n'ayez pas à attendre.

Environ 11 000 mots

Bonne lecture ! 📖☺️

LOUIS POV

J'avance à toute allure sur la glace, déplaçant le palet avec moi en y donnant des coups de crosse. Je fixe le goal avant de jeter un coup d'œil à droite puis à gauche. Parmi le brouhaha de voix, de cries et de bruits de patins glissant sur la patinoire, je discerne la voix de Niall à ma droite alors qu'il me fait un signe de la main. Il est démarqué alors je n'hésite pas et lui envoie le palet d'un coup rapide. Il l'intercepte, feinte en l'envoyant immédiatement à Liam près de lui alors que l'attention des joueurs était encore centrée sur lui. Alors qu'il se fait pousser violemment conte les vitres qui entourent le terrain, Liam avance à la vitesse de l'éclair et tire le palet qui entre dans le but sans que Zayn, le gardien, n'ai pu l'arrêter.

Nous hurlons en nous jetant dans les bras les uns des autres, fiers de nous.

- C'était super les gars ! S'écrie le coach en tapant dans ses mains. On va s'arrêter là, c'est bientôt l'heure.

Nous nous faisons rapidement des accolades entre joueurs. C'était un simple entraînement, les deux équipes étant constituées de mes coéquipiers. J'ai eu de la chance d'être tombé avec Liam et Niall, ce sont mes plus proches amis avec Zayn dans l'équipe dont Liam est d'ailleurs le capitaine.

Je retire mon casque en me dirigeant vers la sortie de la patinoire et je rejoins les vestiaires avec les autres, commençant à retirer mes patins quand le coach nous rejoint.

- Super entraînement aujourd'hui ! Ce que j'ai vu m'a beaucoup plu. Payne, Horan et Tomlinson, vous formez un sacré trio les gars.

Nous sourions, fières de nous, avant que mon poing ne vienne rencontrer celui de Niall puis de Liam. Je prends ensuite mon temps pour prendre ma douche, ce qui fait que je suis le dernier à rester.

- On t'attends Tommo ? Me glisse Niall avant de partir.

- Non, allez-y. Partez sans moi.

- Ok. À demain alors !

- A plus, Nialler.

Je me rince correctement puis je me sèche et m'habille, enfilant un sweat vert et un short en jean. Je mets ensuite mes Vans, attrape mon sac et retourne vers la patinoire. Je m'avance doucement mais je reste en retrait pour ne pas être vu. Je m'adosse contre le mur sur le côté des tribunes.

Après notre entraînement, il y a celui du club de patinage artistique de l'université. Nous partageons la patinoire mais pas les vestiaires. Ma sœur fait partie de l'équipe, elle y est entrée en début d'année, en entrant à l'université. Moi c'est déjà ma troisième et dernière année. Personne n'est cependant au courant que ma sœur est dans l'équipe de patinage artistique, tout comme personne dans son équipe sait que son frère est dans l'équipe de hockey. L'animosité entre nos deux équipes est très grande et remonte déjà à des années. C'est presque une tradition pour nos deux équipes de se détester, préférant se focaliser sur leurs différences plutôt que sur leur amour de la glace.

Sur le campus, les hockeyeurs se moquent des patineurs et patineuses artistiques et de leur apparence alors qu'eux nous prennent pour des brutes stupides qui ne savent que crier et se pousser pour taper dans un morceau de caoutchouc. C'est pourquoi nous avons préféré garder notre lien pour nous. Ça ne n'empêche pas cependant d'assister à certains de ses entraînements et de l'attendre pour rentrer à la maison.

Je la regarde s'élancer gracieusement sur la glace avec les autres patineurs. Ma soeur a décidé depuis toujours de patiner en binôme et mon regard dévie justement sur le binôme de ma sœur, Harry, qui est en dernier année, comme moi.

Il est éblouissant quand il est sur la glace, on ne voit que lui. Je comprends pourquoi il est le partenaire de Lottie, ils sont tous les deux solaires et ils attirent les regards sur eux. Mais Harry attire particulièrement mon regard, surtout cette année. Il est au meilleur de sa forme, absolument sublime et envoûtant quand il entre sur la glace dans ses tenues moulantes et flamboyantes.

Ça lui vaut beaucoup de moqueries de la part des gars de mon équipe, mais il se défend toujours et n'a jamais cessé de les porter. Il est confiant et fier de qui il est, je le respecte beaucoup pour ça. Moi je ne vois pas les choses pareilles. Je suis gay, je l'assume, mais je me refuse à le crier sur tous les toits. Ni ma famille, ni mes amis ne sont au courant parce que je ne suis pas pour les coming out, je n'ai pas à annoncer que je suis gay, les hétéros n'ont pas à le faire eux. Avec mes coéquipiers c'est différent, je n'ose même pas imaginer ce qu'ils pourraient me faire subir s'ils le savaient. L'homosexualité reste toujours tabou dans le sport malgré les changements de mentalité de ces dernières années.

Concernant ma famille, je ne crains pas la réaction que pourrait avoir mes parents et ma sœur, c'est juste que je n'ai jamais eu de relations sérieuses. Je n'ai jamais assez tenu à un gars pour me montrer avec lui.

Je continue à les regarder un long moment, hypnotisé par le ballet gracieux qu'ils forment. Il ne faut pas se méprendre, je ne veux pas être patineur artistique, j'admire juste leur travail que je respecte énormément. Et j'aime aussi énormément regarder Harry dans ses jolies tenues....

Quand l'entraînement touche à sa fin, je sors de la patinoire et attends dans un coin du parking que Lottie sorte à son tour. Je finis par la voir sortir, saluer ses amis et marcher seule vers l'arrêt de bus. Je la rattrape en trottinant et me place à côté d'elle.

- Salut ! Je lance tout près de son oreille.

Elle sursaute et pose sa main sur son coeur.

- Bon sang Lou, tu m'as fait peur !

- C'était mon but, je lui réponds en riant.

- Tu m'as attendu ou tu avais quelque chose à faire ?

- Je t'ai attendu, j'ai même vu une bonne partie de ton entraînement, c'était super.

- Merci ! D'ailleurs je suis trop contente, notre coach vient de nous dire qu'on va participer à une compétition inter-universitaire ! Ça n'a pas l'air dingue dit comme ça mais Harry m'a dit que c'était important car ça signe le début des compétitions et c'est à ce moment que les nouveaux binômes sont présentés, surtout qu'il y a une grande concurrence entre les trois universités qui participent. C'est donc un moyen d'en mettre plein la vue aux autres.

- C'est cool, ça ne te stresse pas trop ?

- Un peu, mais j'ai déjà participé à des compétitions avant donc je vais gérer.

- Je n'en doute pas.

Je lui tends mon poing et dans la foulée, le sien s'écrase doucement contre. Au même moment, notre bus apparaît au bout de la rue et nous entrons dedans peu de temps après.

*

*

Le coup de sifflet du coach sonne comme un soulagement à mes oreilles. Nous sommes vendredi, c'est la veille des vacances d'octobre et je commence à être vraiment épuisé entre les cours et les entraînements.

- On se fait une sortie ce soir les gars ? Propose Niall dans les vestiaires. Pour fêter les vacances !

J'acquiesce en même temps que tout le monde puis je regarde rapidement mon téléphone. Il est un peu plus de 18 heures et je n'ai pas à attendre ma sœur car elle n'avait pas d'entraînement aujourd'hui. Je fronce les sourcils en voyant un message de mon père et un autre de ma mère.

Papa : Hey Lou, juste pour te prévenir que nous sommes actuellement aux urgences avec Lottie, elle s'est blessée en allant à la patinoire de la ville mais butée comme elle est, elle a mis du temps avant d'accepter qu'on l'amène à l'hôpital.

Maman : Coucou mon chéri, nous sommes rentrés des urgences, ta sœur s'est foulée sévèrement la cheville et ne pourra pas patiner pendant près d'un mois. Elle est très mal...

- Merde ! Je lance. Désolé les gars mais finalement ce soir ça sera sans moi, j'ai un souci à la maison, je dois rentrer.

Je n'attends pas de réponses et file sous la douche. Je suis pour une fois le premier à sortir des vestiaires et je rejoins le parking en courant. Je suis heureux d'être venu en voiture aujourd'hui, je n'ai pas à attendre le bus.

Vingt minutes plus tard, je me gare devant chez moi et rentre en trombe. Je découvre ma sœur sur le canapé, sa cheville bandée étendue et ses yeux rouges et bouffis par ses pleurs.

- Mon dieu, Lottie !

Je viens la prendre dans mes bras et j'embrasse tendrement sa tempe. Elle renifle en me serrant contre elle puis je m'agenouille face à elle pour lui parler.

- Je sais que ma question est stupide, mais...est-ce que ça va ?

- J'essaye de voir le positif et je me dis qu'au moins ce n'est pas cassé, dit-elle faiblement.

- Comment s'est arrivé ?

- Je voulais tester une figure en dehors de mes entraînements, un triple axel, alors que je maîtrise à peine le double...Quelle imbécile ! Je me suis mal réceptionnée et ma cheville s'est tordue...Au début je pensais que ce n'était rien de grave mais en quittant la patinoire j'arrivais à peine poser mon pied au sol alors j'ai fini par laisser papa et maman m'emmener à l'hôpital quand ils sont venus me chercher.

- Merde...Les parents sont où d'ailleurs ?

- Papa est à la pharmacie pour me chercher des anti-douleurs et maman est partie nous chercher des pizzas pour ce soir, en espérant que ça me remonte le moral...

- Ils t'ont laissé seule ?!

- Non, marmonne-t-elle.

La seconde d'après j'entends des pas qui viennent de la cuisine et se dirigent vers nous. Je lève la tête et découvre Harry, tenant un petit sac repli de glaçons dans sa main. Mais qu'est-ce que...

- Harry...Harry a insisté pour rester avec moi.

Je vois également de l'étonnement dans les traits de Harry. Il ne s'attendait alors définitivement à me voir ici.

- Tu te souviens que je t'avais dit que j'avais un grand frère ? Lui dit doucement ma sœur.

- Tu aurais quand même me dire qui il était, marmonne Harry en avançant vers ma sœur pour déposer le sachet sur sa cheville.

- C'est mon grand frère, voilà qui il est, insiste Lottie.

- Oui, et un hockeyeur. Tu sais, ceux qui s'amusent à nous humilier à chaque fois qu'ils nous croisent, lance-t-il avec sarcasme.

- Vous nous le rendez bien non ? Je ne compte plus les bruits de singe que j'entends quand je passe près d'un groupe de patineurs. Et puis je ne participe pas vraiment à ces conneries.

- Rire des insultes de tes coéquipiers ou ne pas leur demander d'arrêter, c'est cautionner ce qu'ils font.

Il se redresse et me fixe avec un regard dur. Je sais que mes coéquipiers sont particulièrement méchants envers Harry. Il est celui qui est le plus souvent la cible de leurs moqueries et je comprends qu'il a dû se sentir blessé plus d'une fois malgré le fait qu'il essaye de toujours garder la tête haute face à eux.

- N'empêche que moi je ne m'en suis jamais pris à toi, je rétorque un peu sur la défensive et honteux. Ma sœur patine et mon père aussi patine, alors jamais je ne manquerais de respect à ce que vous faites.

- Tu respectes ce qu'on fait mais tu caches quand même le fait que ta sœur fait partie de l'équipe ?

- Les garçons, stop. Cette décision, on l'a prise à deux Harry. Louis ne veut pas que des patineurs s'en prennent à moi car mon frère est hockeyeur et moi je ne veux pas qu'il se fasse embêter par ses amis parce que je suis patineuse. Qu'on le veuille ou non, cette barrière existe entre nous sur le campus mais à la maison, il est le meilleur des grands frères.

- Donc tu ne dois rien dire, je lui dis.

- Je ne dirais rien, car moi je suis un bon ami.

Ces histoires de rivalité m'énervent beaucoup et je ne veux pas que Lottie devienne une cible comme mes parents l'ont été plus jeunes. Ma mère était hockeyeuse professionnelle, c'est elle qui m'a transmis sa passion pour ce sport, mais elle ne m'a jamais caché à quel point ça a été dur pour elle en tant que femme de percer dans le milieu. Elle subissait beaucoup de moqueries et d'humiliations de la part des joueurs masculins. La passion de Lottie elle lui vient de notre père qui était patineur en individuel. Ses amis se moquaient de lui et il a beaucoup souffert du regard des gens.

Je ne veux pas que Lottie vive la même chose, même si ce n'est pas pour les mêmes raisons. Quand on pratique un sport, la pression est déjà énorme et je ne veux pas qu'elle s'inquiète du regard des autres, tout ça parce que son frère est « un macaque qui patine derrière un bout de plastique » ou parce qu'elle porte des costumes moulants à paillettes.

Mes parents reviennent peu de temps après, les bras remplis de médicaments et de pizzas.

- Allez, à table les enfants ! Lance ma mère. Et merci d'être resté avec elle, Harry.

- Tu vas voir Lottie, quand tu auras pris tes médicaments et que tu auras le ventre plein, ça ira déjà mieux, la rassure mon père.

*

*

Je rentre à la maison le lendemain dans l'après-midi après avoir passé du temps chez Liam avec Niall et Zayn. Ma sœur m'a envoyé un message en me disant qu'elle voulait me parler rapidement d'un truc important alors je suis rentré dans la foulée.

- Hey papa, je lui lance en le voyant dans la cuisine. Lottie est où ?

- Dans sa chambre, elle t'attend.

- Elle t'a dit quelque chose ? Je m'étonne. C'est grave ?

- Non, ne t'inquiète pas, juste...reste ouvert d'esprit Lou, d'accord ? Prends le temps de réfléchir avant de lui donner ta réponse.

Je fronce les sourcils, un peu perdu, mais je ne pose pas de questions supplémentaires, préférant aller voir Charlotte directement. Je toque doucement à sa porte puis entre.

- Merci d'être venu si vite Lou.

- J'ai cru comprendre que c'était important.

- Oui ça l'est, pour moi du moins. J'ai réfléchi pratiquement toute la nuit et toute la matinée avec papa.

- Je t'écoute, je lui dis en m'asseyant près d'elle.

- Je ne peux pas me permettre de louper la compétition universitaire dans deux mois, elle est très importante pour moi et je ne peux pas lâcher Harry. J'ai une chance immense d'être sa partenaire sachant qu'il est en dernière année.

- Il ne peut pas trouver une autre partenaire en attendant ?

- Justement non, nous sommes quatre filles et quatre garçons et les patineurs qui concourent en individuel ont déjà leurs propres compétitions à gérer. Il n'y a donc aucun patineur de disponible dans l'immédiat pour s'entraîner avec Harry en attendant que je sois sur pied.

- Papa ne pourrait pas l'aider lui ?

Charlotte se met à rire et je ne suis pas sûr de ce que j'ai dit de mal.

- Papa pourrait dépanner une ou deux fois peut-être mais il faut à Harry quelqu'un de plus léger et petit que lui...Je me suis creusée la tête tu sais. J'ai cherché parmi tous les patineurs que je connais pour trouver quelqu'un plus petit et léger que Harry...

Elle me fixe et je comprends alors de qui elle parle : moi. Je suis bouche bée, complètement.

- Mais Lottie je...Je suis un mec et puis moi mon truc c'est le hockey !

- Le fait que tu sois un garçon n'est peut-être pas idéal mais tu restes plus petit et léger qu'Harry. Et puis ne dis pas n'importe quoi. Tu as été mon premier partenaire de patinage Lou et avant que tu n'entres dans l'équipe de hockey de l'université, on en faisait encore de temps en temps toi et moi. Tu connais les bases et les sauts. Tu étais même plutôt doué, papa a été triste quand tu t'es finalement tourné vers le hockey.

- Oui mais j'ai pas pratiqué depuis super longtemps Lottie. Je pense pas être celui qu'il vous faut. En plus Harry ne m'aime pas, ça ne va pas le faire.

- J'en ai déjà parlé avec lui, il est okay si toi tu l'es. Comprends bien Lou que tu es ma seule option, alors si, tu es celui qu'il nous faut car sans toi on se retrouve bredouille.

- Mais...et toi ?

- Je regarderais nos vidéos d'entraînements en boucle pour connaître notre enchaînement par coeur et je t'aiderais dans tes entraînements pour rester dans le bain jusqu'à être complètement rétablie.

Je reste silencieux alors que je suis complètement perdu. Je joue au hockey, ça occupe déjà tout mon temps en plus des cours, surtout que je suis en dernière année.

- Lou, je sais que tu es occupé et que ce n'est plus trop ton truc mais tu es mon dernier espoir, je ne te le demanderais pas si j'avais une autre solution. C'est toi ou...rien du tout.

J'ouvre ma bouche pour répondre mais je ne sais même pas quoi dire. Je me souviens alors ce que m'a dit mon père sur le fait de rester ouvert d'esprit et de réfléchir. Je crois qu'il faut surtout que je garde à l'esprit que ma sœur a besoin de moi et que j'ai la capacité de l'aider. Oui je sais patiner, je suis plus petit et léger que son partenaire, et en soit j'ai le temps aussi car je n'ai plus d'entraînements de hockey pendant les vacances. Et si je vois vraiment les choses du bon côté, je me dis que ça me permettrait de rester sur mes patins pendant les vacances.

- Mon dieu Lottie, je lance en soupirant. Dis-toi bien que je fais ça pour toi...

- Attends, ça veut dire oui ? S'écrie-t-elle.

Je hoche la tête et elle me saute dessus pour me prendre dans ses bras mais elle se recule ne gémissant de douleur.

- Merde, mon pied, j'ai bougé trop vite.

Je me moque gentiment d'elle et elle me frappe le bras en faisant la moue.

- C'est pas drôle abruti...

- M'insulte pas ou je change d'avis, je la taquine.

- Ah non, tu as dit oui alors maintenant tu ne peux plus revenir en arrière !

- Bien sûr que si.

- Non !

- Si.

- Non.

- Si

- Non.

*

*

Le lendemain, à 10 heures pile, je rejoins ma sœur...dans notre sous-sol. Je dois dire que je suis assez perplexe, je m'attendais à ce qu'on aille à la patinoire du campus qui reste ouverte même pendant les vacances.

En descendant je découvre ma sœur assise sur une chaise avec sa béquille près d'elle et Harry est là aussi, vêtu d'un simple jogging. Je dois dire que je suis étonné. Je le vois d'habitude en tenues moulantes ou en habits assez chics mais là il est en jogging et...ça lui va vraiment bien.

- Je suis là, j'annonce doucement. Mais je dois avouer que je ne comprends pas ce qu'on fait ici.

- Avant d'attaquer sur la patinoire, on s'est dit qu'il vaudrait mieux déjà étudier notre enchaînement sans patins, m'explique Lottie.

- Si vous voulez.

Harry commence par me donner son téléphone pour que je puisse visionner l'enchaînement. Ils sont doués, vraiment. J'étudie attentivement chaque mouvement même si je sais d'avance que ça sera difficile de les reproduire, surtout si je dois effectuer la partie de ma sœur.

- Je ne vais pas te demander de faire un Axel ou un Salchow comme Lottie mais j'aurais besoin de toi pour les figures et les enchaînements en couple.

- Ouais, okay, je réponds peu sûr de moi.

- Tu pèses combien ?

- 65 kilos.

- D'accord, on a dix kilos d'écart. Je tenterais les porter sur la glace avec de l'élan. Aujourd'hui on va se contenter de t'apprendre les grandes lignes de la chorégraphie.

Je hoche la tête et Charlotte lance la musique, tout sourire. Qu'est-ce que je ne ferais pas pour elle !

*

*

- Bon sang, Louis ! Râle le bouclé quand je fais échouer un énième saut.

Je soupire en m'éloignant un peu sur mes patins. Pour une première séance à la patinoire, ce n'est pas glorieux.

- On va essayer à nouveau, me dit-il.

- Juste deux minutes okay ? Je veux souffler un peu.

Quand je m'avance vers Lottie et mon père dans les gradins je ne manque pas leur mine déçue.

- J'ai l'impression que tu fais aucun effort, boude ma sœur. Je sais de ce que tu es capable sur des patins mais là...

- Je ne suis pas à l'aise...

- Avec quoi ? Me demande mon père.

- Je ne sais pas...Avec le fait d'être soulevé et le fait de tomber aussi, je dirais.

- Donc tu n'as pas confiance en moi, lance Harry dans mon dos.

Ce n'est pas une question, c'est une affirmation. Je me tourne vers lui et tombe sur son regard sérieux et pourtant légèrement blessé.

- Pourquoi tu as peur ? Parce que je suis une tafiole en collants trop faible pour te soutenir ?

- Quoi ? Non, ça n'a rien à voir ! Je fais presque 15 kilos de plus que Charlotte, mais je ne crois pas que tu le réalises en fait. Et puis je n'aime pas être en l'air, mes pieds sont bien mieux sur la glace !

- Je crois qu'on va arrêter pour aujourd'hui, propose mon père. On n'arrivera à rien avec cet état d'esprit.

Il repart vers la voiture en aidant ma sœur alors que Harry et moi nous dirigeons vers les vestiaires. Quand je sors de ma cabine de douche, propre et habillé, je le vois assis sur un banc en train de mettre ses chaussures. Mon père a raison, dans notre état d'esprit actuel, on n'arrivera à rien.

- T'as raison, je n'ai pas confiance en toi, je lui lance directement en me postant devant lui. Pas parce que tu es un patineur et que je te trouve faible mais parce que toi et moi on ne se connaît pas et qu'on pèse à peine dix kilos d'écart. À moins que tu sois Hulk ou Superman, oui, j'ai un doute sur le fait que tu puisses me soulever. Et au cas où tu l'aurais oublié, je ne suis pas patineur artistique. Je sais patiner, oui, mais je suis surtout à l'aise avec la vitesse et une crosse dans les mains. Je veux aider Lottie, vraiment, et t'aider toi aussi par la même occasion, mais n'oublie pas que je ne suis pas ma sœur et que je n'ai pas fait de patinage artistique depuis super longtemps.

Il ouvre la bouche mais ne dit rien. Quand je réalise qu'il compte rester silencieux, je prends mon sac et pars rejoindre mon père et ma sœur sur le parking.

Harry m'a peut-être envouté de loin sur ses patins et avec ses tenues pailletées mais son caractère, c'est une autre histoire !

*

*

Le lendemain matin mon père nous dépose Charlotte et moi à la patinoire que nous avons réservé pour deux heures. Je me mets rapidement en tenue dans les vestiaires, c'est-à-dire en simple jogging, puis je m'élance sur la patinoire. Je fais quelques tours de chauffes en attendant Harry qui arrive finalement en tenue moulante.

Je ne peux me retenir de le détailler de haut en bas rapidement pour admirer son corps élancé et musclé. Il s'étire également en faisant des tours de la patinoire puis nous nous rejoignons au centre.

- On va commencer doucement aujourd'hui, m'explique-t-il calmement d'un ton plus doux que les derniers jours. On va faire la choré sans aucun saut puis on les travaillera de manière individuelle.

- D'accord.

Il s'élance d'abord seul car l'enchaînement débute par une chorégraphie solo. Je le regarde presque voler sur la glace avec grâce et légèreté. Je ne le quitte pas des yeux et me souviens seulement au dernier moment que je dois me placer à un endroit précis. Je me déplace alors rapidement jusqu'au centre de la patinoire et il me rejoint peu de temps après.

Le regard sérieux et concentré, il attrape ma main et je fais mon possible pour suivre la chorégraphie à la lettre. Nous nous élançons vers l'avant et nous nous détachons pour partir chacun de notre côté. Nous nous rejoignons dans la foulée de l'autre côté de la glace et nous sommes supposés faire une figure que nous passons volontairement.

Nos mains sont censées s'attraper et nous devons tourner les mains liées, seulement j'ai pris trop d'élan et mes mains n'arrivent pas se lier à celles d'Harry. Je tombe en arrière en glissant sur plusieurs mètres. J'entends Lottie lâcher un petit cri et Harry se précipite vers moi.

- Tu vas bien ? Me dit-il avec inquiétude.

- J'en ai vu d'autre, je réponds avec un petit rire.

Il me tend alors sa main et m'aide à me relever.

- Avec mon élan et mes mains moites, c'est complètement ma faute, pardon, je lui dis en grimaçant.

- C'est pas grave, c'est vrai que tu as patiné trop vite pour me rejoindre, tu peux prendre ton temps. Tu as trop pris de vitesse et l'élan t'a éloigné de moi.

- Oui, tu as raison. Je vais aller moins vite.

Nous recommençons et cette fois je vais moins vite et nos mains restent accrochées. Nous continuons la chorégraphie et je rate juste le final, quand je dois glisser et qu'il me rattrape de ses bras. Je m'écroule comme une baleine au sol et cette fois ma sœur n'est pas inquiète, elle est morte de rire.

- Ce final était parfait ! Crie-t-elle au loin avec taquinerie.

Je lui réponds par un doigt d'honneur et Harry rigole aussi avant de m'aider à me relever.

- Tu es trop crispé, me dit-il.

- Je sais, je lui rétorque. Je ne suis pas à l'aise, j'ai l'impression de ressembler à un pantin ridicule quand j'essaye d'avoir l'air gracieux et détendu.

- Pourtant tu as déjà fait du patinage artistique, non ?

- Oui, mais ça fait longtemps. Je me sens...rouillé.

- Je comprends. On poursuit quand même ? Il nous reste une petite heure.

- Oui, on va tester les figures maintenant.

Je m'étire grossièrement puis je me place face à lui. Nous réessayons le porter de la dernière fois. Je dois prendre de l'élan et Harry doit me porter et me replacer à côté de lui. L'élan et l'impulsion que je vais prendre conteront autant que la force d'Harry, je l'ai seulement compris après une explication de Lottie. Je m'élance, ses mains agrippent mes hanches et je prends une impulsion. Je me retrouve alors quelques secondes au-dessus du sol puis je retouche la glace. C'était tremblant et maladroit mais bien mieux que nos premiers essais !

D'ailleurs Harry ne m'en tient pas rigueur et nous testons les autres figures et sauts. Je ne m'en sors étonnement pas trop mal et Harry et ma sœur semblent fiers de moi.

- C'était super Lou ! Me félicite-t-elle en tapant des mains.

- C'est vrai que ce n'était pas si mal pour une première vraie répétition, me lance Harry avec un sourire en coin.

Je souris et lui tape doucement l'épaule. Harry se dirige ensuite vers la sortie mais moi je reste sur la glace.

- Tu ne viens pas Lou ? Me demande Lottie prête à partir.

- Je pense rester, la patinoire est réservée pour encore un quart d'heure et j'aimerais...taquiner un peu le palet.

- J'espère que ce n'est pas un nom de code pour quelque chose d'obscène, plaisante le bouclé.

Je pouffe de rire et secoue la tête de droite à gauche.

- Non, c'est juste honteux d'être ici et de ne pas m'entraîner un peu au hockey.

- Moi j'y vais, Lola vient me chercher, explique ma sœur.

- D'accord, fais bien attention.

- T'inquiète.

Elle part en boitillant avec sa béquille et alors que je pensais que Harry allait partir aussi, il fait demi-tour et me rejoint.

- Qu'est-ce que tu fais ? Je m'étonne.

- Je veux voir le grand Louis Tomlinson s'entraîner, dit-il.

- Tu ne sais même pas si je joue bien.

- Tu es dans l'équipe, ça suffit à me convaincre.

Je vais rapidement jusqu'à la réserve et attrape deux crosses et un palet. En revenant sur la glace, je lui tends la deuxième et il me fixe, étonné.

- Tu ne veux pas essayer ? Je lui demande avec un petit air de défi. Je me remets au patinage artistique pour toi et ma sœur alors tu pourrais voir ce que ça fait de jouer au hockey. Si des macaques sans cervelles peuvent jouer, tu le peux aussi.

- Okay, murmure-t-il en récupérant la crosse.

- C'est parti alors !

Je jette le palet entre nous et laisse le bouclé taper un peu dedans pour se familiariser avec le geste.

- Voilà, maintenant tu fais pareil mais en avançant vers le but.

Il écarquille les yeux mais s'élance doucement. Je me retiens de rire en le voyant avancer à deux à l'heure pour être sûr de ne pas perdre le palet. Je l'invite ensuite à revenir vers moi et je récupère le palet.

- Maintenant je vais aller vers le but et tu vas essayer de me voler le palet et de m'en empêcher.

Il acquiesce et j'avance alors avec le palet. Je me déplace rapidement en gardant le palet. J'avance de plus en plus et il recule sans réussir à me le prendre. Je finis par le contourner et foncer comme une fusée pour aller marquer. Quand je me retourne, il me fixe la bouche ouverte.

- Comment tu...Wow la vitesse de tes mouvements étaient incroyables et pourtant tu n'as pas perdu le palet !

- C'est une question d'entraînement et de techniques, je lui réponds simplement. Car aussi inimaginable que cela puisse paraître, le hockey nécessite d'acquérir des techniques et des stratégies.

Il pince les lèvres en baissant légèrement la tête.

- Je n'ai rien contre le hockey, tu sais, m'avoue-t-il doucement en relevant son regard vers moi. Je ne connais presque rien dessus pour être honnête.

- Je ne comprends pas...

- Ce sont certains hockeyeurs de ton équipe que je hais et dénigre, autant qu'ils me haïssent et me dénigrent.

- Tu sais, ces insultes ce ne sont pas...Enfin ils trouvent ça drôle mais ce n'est pas vraiment contre toi.

- Pourtant ça fait mal, tranche-t-il les yeux brillants. Ça fait mal d'être insulté à cause de qui on est et de ce qu'on aime faire.

C'est à mon tour de baisser honteusement le regard, car même si je n'ai jamais insulté Harry, je ne l'ai jamais défendu non plus.

- Tu es un grand patineur Harry, tu le sais, ne les laisse pas te blesser et te faire douter. Et concernant les insultes homophobes, ne t'inquiète pas, je suis bien placé pour savoir que tous les patineurs artistiques ne sont pas gays, je tente de plaisanter et de détendre l'atmosphère. Sinon je ne serais pas là. Un homme peut être raffiné et élégant tout en étant hétéro.

- C'est ça le problème Louis, dit-t-il avec un sourire légèrement triste. Si j'étais hétéro, me faire insulter de tafiole me passerait bien au-dessus, mais ce n'est pas le cas, je me sens concerné et visé par toutes ces insultes.

Il me fixe les yeux brillants, attendant une réaction quelconque de ma part. Donc Harry n'est pas hétérosexuel...

- Tu t'attends à quoi ? À ce que je parte en courant ? Que je te menace de t'arracher la main si tu essayes de me tripoter durant nos entraînements ? Ça n'arrivera pas. Mais si ça te perturbe de patiner avec un gars aussi irrésistible que moi, je comprendrais, tu sais...

Je lui dis cela évidement avec humour et entendre son rire mon soulage.

- Je te raccompagne ? Me propose-t-il finalement.

- Je vais prendre le bus, il y a une ligne directe jusqu'à chez moi.

- Ça ne me dérange pas tu sais. On pourrait même...Enfin...Il y a le pub de mes parents sur la route. On pourrait s'y arrêter pour manger un bout et après je te ramènerais.

- Tes parents possèdent un pub ? Je m'étonne.

- Ouais, ma sœur est au service, mon père en cuisine et ma mère au bar. C'est une affaire de famille.

Je dois dire que sa proposition me surprend. Oui il a été plus patient et sympa avec moi aujourd'hui, mais de là à me proposer de déjeuner avec lui au pub de ses parents...A moins que...Je lui ai reproché l'autre jour qu'on ne se connaissait pas lui et moi et que je ne lui faisais pas confiance. Ferait-il un pas vers moi pour qu'on apprenne à se connaître ?

- Eh bien...Ouais, ouais. Pourquoi pas. Je commence à avoir faim. Mes parents sont au boulot et Lottie est avec sa copine de toute façon.

Après nous être changé, nous nous mettons en route. Dans sa voiture, l'ambiance est un peu étrange. Nous ne parlons pas, ni lui, ni moi. C'est la même chose quand nous nous installons à table. C'est sa sœur qui nous indique une table et nous donne le menu, un grand sourire aux lèvres.

- Ta sœur a l'air sympa, je lui dis pour essayer de lancer la discussion.

- C'est le meilleur des sœurs, rétorque-t-il avec un sourire lumineux.

- Vous vivez dans quel coin de la ville ?

- Mes parents vivent dans la banlieue, plutôt loin du campus, donc je vis dans une résidence universitaire, pas loin de la patinoire en plus. Ma sœur elle à un appart en ville avec son compagnon.

- Oh donc tu ne vis plus avec tes parents ?

- Non. Mais ça me plaît bien de vivre sur le campus. Je peux être à la patinoire en un rien de temps.

- C'est vrai que ça doit être top. Moi j'ai à peu près 30 minutes de voiture à faire.

- Je sais ouais, j'ai déjà ramené Lottie quelques fois. Mais votre quartier est vraiment sympa.

- On peut pas tout avoir, je réponds en riant.

- Ouais, on peut pas tout avoir, confirme-t-il avec un sourire.

*

*

Quelques jours et entraînements plus tard....

- On te voit plus Tommo, boude Niall à travers l'écran.

- Je suis pas mal occupé, je vous l'ai dit. Des affaires de famille.

- Nous aussi on est ta famille, marmonne Zayn derrière lui.

- Tu as qu'à me dire que je te manque, ça sera plus simple Malik.

Il grogne en détournant le regard et ça me fait rire. Je discute encore un peu avec Liam et Niall et je raccroche pour découvrir ma sœur qui me fixe, assise au bar de la cuisine avec un drôle de sourire. Elle se lève ensuite et s'avance pour se placer près de moi. Elle recommence peu à peu à marcher sans béquille maintenant.

- Dis-moi Lou...

- Oui ?

- Est-ce que parfois Harry te parle de moi durant vos entraînements ?

Je hausse un sourcil en la regardant.

- Eh bien oui, tu es sa partenaire, c'est normal.

- Enfin je veux dire, est-ce que parfois il parle de moi comme plus qu'une partenaire ? Demande-t-elle, les joues rosies.

Mon coeur se serre légèrement et une sensation plutôt désagréable se propage dans mon ventre. Je sais que j'ai dit qu'il avait un sale caractère, mais en fait je me suis trompé à son sujet. Harry est quelqu'un de bien.

- Eh bien...Non. Quand on parle de toi c'est toujours par rapport au patinage.

Et c'est la vérité, Harry l'apprécie beaucoup mais il ne m'a jamais laissé entendre qu'il l'aimait comme plus qu'une amie. Sait-elle au moins que Harry n'est pas hétéro ?

- Lottie est-ce que tu sais que...Enfin que Harry...

- Est bi ? Oui, je le sais très bien. Attends, il a un gars c'est ça ?

- Non, enfin je ne sais pas. On ne parle pas de ça.

- Dans ce cas tu pourrais essayer de...tâter le terrain ? De parler de moi et de voir ce qu'il te dit ? Ou bien d'essayer de voir s'il a quelqu'un en vue ou dans sa vie ?

- Euh...Je...Oui, si tu veux.

Bon sang, qu'est-ce que je suis en train de faire ? Mais bon, je lui ai dit que je le ferais, alors ça sera fait.

*

*

- Hey, je lance doucement en arrivant dans les vestiaires.

- Salut Louis, dit-il en lassant ses patins.

Il m'attend le temps que je chausse à mon tour mes patins et nous arrivons ensemble sur la glace. Nous commençons par faire quelques tours de la patinoire pour nous échauffer et alors que nous restons relativement côte à côté, je me mets à accélérer pour le doubler. Il ne dit rien mais accélère à son tour pour me dépasser. Amusé par ce jeu naissant, j'accélère une bonne fois pour toute et le devance complètement.

- Louis ! Se plaint-il. Ce n'est pas du jeu !

Il s'élance à ma poursuite mais je fais tout pour rester loin de lui. Je ris à gorge déployée en le voyant galérer et il rit lui aussi en continuant à me poursuivre. Cependant, à force de regarder vers l'arrière pour l'observer, je perds un peu mes repères spatiaux et manque de percuter la bordure, ce qui me ralentit et me déséquilibre. Quelques secondes plus tard à peine, je me retrouve plaqué contre cette même bordure par le corps musclé d'un grand bouclé.

- C'est comme ça que vous faites au hockey non ? Dit-il d'un ton taquin.

- Oui, ça nous arrive oui.

Je tente de paraître normal et confiant mais son corps pressé contre le mien me brouille un peu l'esprit. Heureusement il s'éloigne mais seulement pour attraper ma main et me tirer avec lui vers le centre de la patinoire.

- Tu es prêt ? On essaye l'enchaînement complet avec les figures à deux ?

Je hoche la tête et nous nous élançons. Je le laisse faire sa partie puis nous nous rejoignons et l'enchaînement débute. C'est encore maladroit de ma part mais je lui permets au moins de réaliser la chorégraphie dans des conditions à peu près normales.

- C'est très bien Louis, tu t'améliores très vite et tu as presque mémorisé parfaitement l'enchaînement.

- Merci.

- Mais tu es toujours un peu crispé. Pourquoi tu ne te laisses pas complètement aller ?

- Je crois que je réfléchis trop. J'ai tellement peur de mal faire que j'arrive pas lâcher prise.

- Tu veux dire que c'est l'enchaînement qui te bloque ?

- Je pense ouais. Au hockey c'est de l'instinct, rien n'est orchestré à l'avance, alors apprendre toute une chorégraphie...

- Et si...Tu me montrais comment tu patines ? Comme ça, à « l'instinct », sans chorégraphie.

- Comme quand j'étais plus jeune, je lance avec un petit rire.

- Oui vas-y, montre-moi comme le jeune Louis patinait.

Il s'éloigne pour lancer une musique et je m'élance sur la glace. Je suis d'abord nerveux, car ça fait longtemps que je n'ai plus patiné pour moi. Mais ensuite je ferme les yeux et je me permets enfin de me laisser aller. Je me revois patiner avec mon père, puis avec ma sœur, ce sont des souvenirs heureux, des souvenirs qui me font du bien. Il n'y avait pas de barrières entre le hockey et le patinage, je pouvais faire tout ce que je voulais. J'étais libre...

J'effectue un premier saut, un axel, parfaitement exécuté avec une réception également parfaite. Je continue en ouvrant les yeux, tournant vers la droite pour anticiper le virage et j'effectue un Salchow. Je ris, euphorique, alors que la réception est une nouvelle fois impeccable. Je débute ensuite une section plus artistique où je tourne sur moi-même, bouge mes bras, ma tête, glisse, accélère, avant de m'arrêter, complètement essoufflé, pas loin de Harry.

Quand je relève la tête vers lui, je le découvre en train de me fixer, un air ébahi sur le visage.

- Louis, c'était...Incroyable. Tu étais incroyable.

- N'abuse pas non plus, je réponds, gêné et flatté à la fois par son compliment et sa façon de me regarder.

- Tu es sûr que tu préfères le hockey ? Demande-t-il en plaisantant.

- J'en suis même certain. C'était génial comme sensation, parce que j'étais libre de mes mouvements. Les codes, les choré et les compétitions, non merci.

- Je comprends, c'est dommage, répond-il avec un sourire.

Nous prenons ensuite le chemin des vestiaires, nous nous douchons et en sortant, alors que nous rassemblons nos affaires, je vois que Harry semble un peu nerveux, comme s'il voulait dire quelque chose mais n'osait pas.

- Un problème Harry ?

- Non, c'est juste...Je pensais à quelque chose mais c'est stupide.

- J'écoute quand même.

- Il y a cette fête d'Halloween chez un ami et j'aimerais bien que tu viennes.

- Et en quoi c'est stupide ? Je lui demande en riant.

- Eh bien cet ami est un patineur et il y aura probablement tous les patineurs et patineuses du campus à la fête. Charlotte est invitée elle aussi d'ailleurs.

- Ah...

- Oui, je sais c'est stupide, mais je pensais que comme c'est une soirée costumée, tu pourrais éventuellement passer inaperçu...

- Je sais pas trop Harry.

- T'inquiète je comprends. Je sais même pas pourquoi j'ai demandé. On se voit lundi pour la reprise.

Il prend ensuite son sac et s'en va rapidement, me laissant un peu hébété dans les vestiaires. Est-ce qu'il voulait que j'y aille...avec lui ? Comme une sorte de...rendez-vous ?

Je secoue la tête d'un coup. Non, il voulait certainement être seulement sympa avec moi, rien de plus. Et puis je ne dois pas oublier Charlotte, je lui ai fait une promesse.

*

*

- Charlotte, je suis désolée mais je ne préfère pas.

- Mais maman j'ai 18 ans !

- Oui mais tu es blessée, tu devrais te reposer au lieu d'aller faire la fête. Et puis qui sait ce qui peut arriver.

- Tu sous-entends quoi au juste ? Il n'y aura que des amis à moi à cette fête, je serais en sécurité et je ferais attention sur l'alcool.

- Elle a raison maman, elle ne craint rien. Harry sera là et ses amis aussi.

Je vois que mes parents hésitent encore. Ils sont peut-être un peu trop protecteurs, surtout que Lottie a 18 ans, mais il est vrai que ma sœur a tendance à beaucoup se laisser aller quand elle fait la fête. Elle s'est calmée depuis un incident qui a eu lieu l'année dernière mais là elle ne marche toujours pas correctement et elle prend des médicaments qui ne font pas bon ménage avec l'alcool.

- Si je vais avec elle, vous êtes prêts à dire oui ? Je lance sans trop réfléchir.

- Si tu es avec elle, alors d'accord, répond mon père. Mais on compte sur toi, Lou.

- Ne vous en faites pas, je garderais un œil sur elle.

- C'est réglé alors, conclue ma mère. Si Louis y va, tu peux aller avec lui.

Ma mère récupère ensuite ses affaires et nous embrasse avant de partir au travail avec mon père comme chauffeur. A peine partis, Lottie me saute dessus pour me faire un câlin.

- Merci Lou ! C'est trop génial ! Mais tu sais qu'il y aura plein de patineurs à cette fête ?

- Je trouverais un costume pour passer inaperçu.

- Et puis on peut demander à El si elle veut venir ! Comme ça tu connaîtras quelqu'un.

- Oui, c'est une bonne idée. Elle ne dira pas non à une fête !

- Je sens que cette soirée va être trop géniale !

*

*

Eleanor se gare pas loin de la maison des parents d'Alex, l'ami patineur de Lottie et d'Harry, et nous sortons vêtus de nos costumes. El a décidé de se déguiser en Catwoman. Elle a revêtu des habits en cuir moulant et a mis un serre-tête avec des oreilles de chats ainsi qu'un masque noir tout simple acheté à la dernière minute. Lottie elle avait prévu le coup et porte un sublime costume de sorcière qui n'a rien à voir avec ceux acheté 20 livres dans le commerce. Moi je porte mon vieux costume de Spiderman. C'est un peu la honte qu'il m'aille encore après toutes ces années mais en même temps il est parfait pour que je puisse aller incognito à cette fête car on ne peut voir que mes yeux.

Nous entrons sans sonner, la porte étant ouverte et de nombreux invités étant déjà présents. Ce n'est pas une giga fête non plus. Nous ne sommes pas plus d'une trentaine je dirais, réparti dans le salon.

- Salut Lottie, salut les gars, nous lance Alex déguisé en pharaon. Faites comme chez vous, allez vous servir un verre et manger des trucs. Amusez-vous bien !

Il ne cherche même pas à savoir qui nous sommes mais il lance tout de même un regard charmeur à Eleanor avant de repartir vers un groupe.

- C'est bon si je vous laisse ? Demande ma sœur. Des amies à moi sont juste là-bas.

- Evidemment, on est assez grands pour se débrouiller sans toi !

- A plus alors !

Eleanor se rapproche de moi et attrape mon bras. Nous balayons la salle du regard et ma meilleure amie rit doucement.

- Ce n'est pas une fête de hockeyeurs mais ils savent visiblement s'amuser.

C'est vrai que tout le monde discute et rit. Certains dansent, d'autres jouent à des jeux vidéo ou d'alcool et il y a une très bonne ambiance. En allant au buffet, c'est moi qui ris en découvrant tous les snacks sains et légers. Il est vrai que les patineurs artistiques tiennent la ligne. Leur apparence et leur condition physique est à la base de leur discipline sportive. Je suppose donc que s'ils se permettent de boire, ils ne peuvent pas en plus se permettre de manger gras.

Je me prends une bière alors qu'Eleanor préfère un Coca. En me penchant pour attraper une tomate cerise, j'ai la bonne surprise de découvrir Harry, déguisé en Pierrot, juste à côté de moi en train de se servir un punch de couleur rouge sang.

- Vous devriez essayer ce punch, nous dit-il. C'est une tuerie, sans mauvais jeux de mot. Il n'est ni trop fort, ni trop sucré.

Je souris sous mon masque en comprenant qu'il ne m'a pas reconnu. En même temps comment le pourrait-il ?

- Je promets de le goûter après ma bière, je lui réponds malicieusement.

Il se redresse d'un coup et me fixe avec un air de surprise totale collé au visage.

- Louis ?

- En chair et en toile, Pierrot.

Son air étonné se transforme en sourire puis ce sourire se fane légèrement quand son regard se pose sur Eleanor.

- Salut Harry, j'ai beaucoup entendu parler de toi, lui dit-elle avec entrain.

- Salut, répond-il en retrouvant son sourire.

- C'est Eleanor, ma petite amie.

Je réalise trop tard ma bêtise. J'ai tellement l'habitude de présenter Eleanor comme ma petite amie à mes coéquipiers que c'est sorti tout seul. Je me fige en me mettant une claque mentale. Je pourrais démentir mais j'aurais l'air de quoi ?

- Oh...Ravi de te rencontrer Eleanor.

- De même Harry.

- Je vais vous laisser du coup, dit-il en récupérant son verre de punch.

- Non, t'es pas ob...

- A plus, me lance -t-il avec un léger sourire avant de s'éloigner.

Je le regarde s'éloigner comme un con avant de soupirer en râlant.

- Je suis vraiment un gros débile !

- Pourquoi tu lui as dit ça ? C'est pas un de tes coéquipiers pourtant.

- J'ai...paniqué, je sais pas ! C'est sorti tout seul !

- Ah ça c'est sûr que ce beau brun tu ne vas pas le niquer, pouffe-t-elle.

Je recrache ma gorgée de bière en la fixant, choqué.

- Eh, parle mieux !

- Donc tu ne démens pas vouloir lui enlever son joli costume ?

- Je...Parle moins fort okay ? Ouais Harry me plaît, beaucoup même, mais il plaît aussi à Lottie et je lui ai promis de voir si elle lui plaît.

- T'es dans de beaux draps mon petit Lou, surtout que Harry craque aussi pour toi.

- Tu crois ? Non, non, je ne veux pas savoir, ça n'a pas d'importance, ma mission ce soir c'est de savoir s'il est intéressé par ma sœur, pas par moi.

- Bonne chance alors, Spiderman ! Je vais danser un peu, préviens-moi quand ta mission sera accomplie.

Elle me plante comme un con, en même temps c'est ce que je suis. Je me rabats sur ma bière en regardant autour de moi. Je vois Harry partir seul vers ce que je pense être la cuisine et je décide de le suivre après avoir reposé ma bouteille. Dos à moi, il prend un verre et le remplit à l'évier.

- Tu passes déjà à l'eau ? Je lance pour plaisanter.

Il se tourne d'un coup, semblant étonné de me voir.

- Non, je bois juste un peu d'eau entre chaque verre d'alcool, pour rester hydrater et boire moins du coup.

- Bonne idée, je dois avouer que moi je ne le fais pas.

- Tu devrais.

- Certainement, ouais. Tu me passes ton verre ?

Avec un petit sourire aux lèvres, il remplit son verre et me le tend. Je m'approche et commence à le boire en m'adossant au plan de travail, juste à côté de lui.

- Tu t'amuses bien ? Je lui demande.

- Oui, surtout que j'adore Halloween.

- Je vois ça, je lui dis en détaillant son costume. Tu as mis le paquet.

- Tu aimes ?

- C'est très joli oui, et j'aime bien les petites perles sur ton visage.

J'approche d'ailleurs doucement ma main de son menton pour tourner légèrement sa tête et mieux voir. Du fard rose entoure les perles et comme deux d'entre elles sont sur ses joues, on croirait qu'il porte du blush. Ça le rend affreusement adorable.

- Est-ce que tu as mis aussi un peu de rouge à lèvres ? Je demande en remarquant ses lèvres un peu plus rosées et étrangement assorties à son fard rose.

- Peut-être bien, avoue-t-il presque honteusement.

- Eh bien ça aussi c'est très joli.

Mon pouce glisse de sa mâchoire jusqu'à son menton, juste en dessous de sa lèvre inférieure et à cet instant, j'aimerais pouvoir les embrasser, les dévorer, jusqu'à ce que ses lèvres rosées deviennent rouges et gonflés.

Mais je ne le fais pas, à la place je sursaute quand j'entends quelqu'un ouvrir la porte du frigo derrière moi.

- Eh les gars ! Nous lance Alex en refermant la porte. Vous vous amusez j'espère ?

- Ouais.

- Grave.

- Super ! C'est tout ce que je voulais savoir.

Il retourne gaiement au salon et je pouffe de rire.

- Je crois que ton ami est obsédé par le fait qu'on s'amuse à sa fête.

- Disons que l'année derrière, sa fête a fait un gros bide et depuis il veut absolument rattraper le coup.

- Ah je comprends mieux alors, je réponds en riant.

Nous retournons ensuite au salon et je vois Charlotte regarder Eleanor cartonner à Just Dance. Je croise rapidement le regard de ma sœur qui me fait un signe de la main avant de reporter son attention sur ma meilleure amie.

- Tu veux danser ? Me demande-t-il.

- Oui, allons-y.

Nous rejoignons la piste improvisée au milieu du salon où des chansons électro passent. Mais alors que je tente de m'approcher de lui, un gars déguisé en Dracula sort de nulle part.

- Hey Haz, enfin sur la piste ? J'adore ton costume.

Sans aucune gêne, il glisse sa main sur la hanche du bouclé.

- Marc, rétorque simplement Harry en repoussant doucement sa main. Tu vas bien ?

- Bien mieux depuis que je t'ai vu, glousse-t-il. Et toi ?

- Ça va bien. J'étais sur le point de danser avec Louis.

- Louis ? Répète le gars.

- Louis, je lance en levant la main.

Il fait alors seulement attention à moi et m'étudie de la tête au pied.

- Salut...Louis.

- Salut...Marc, je suppose.

- C'est bien mon prénom oui. Par contre je ne suis pas sûr d'avoir déjà entendu parler de toi.

- Il m'aide à me préparer à une compétition le temps que Charlotte se remette complètement de sa blessure. Il m'a vraiment sauvé la mise, intervient Harry.

- Pour être tout à fait honnête, je ne crois pas avoir déjà entendu parler de toi moi non plus.

- Tu ne lui as jamais parlé de moi ? Demande Marc à Harry.

- Pourquoi est-ce que je devrais parler de mon ex-petit-ami ?

Harry est clairement gêné et je me recule peu à peu pour les laisser régler leurs affaires. Je me retrouve au milieu d'un groupe et je me mêle à eux pour danser. Quelques minutes plus tard, je sens une main sur mon épaule. Sachant à qui elle appartient, je me tourne gaiement vers lui et tombe sur une mine triste, assortie à son costume.

- Tout va bien ? Je lui demande.

Je dois m'approcher de lui et me pencher à son oreille pour me faire entendre.

- Oui, ça va. Je suis vraiment désolé pour Marc et son comportement.

- C'est ton ex-copain c'est ça ?

- Oui mais il a beaucoup de mal à l'accepter. J'ai rompu avec lui quand je suis entré à la fac. Lui a été accepté ailleurs et je ne voulais pas continuer à cause de la distance. Mais il cherche le moindre prétexte pour me voir et m'approcher, je ne sais même pas comment il savait que j'étais là ce soir. J'essaye de lui faire comprendre gentiment de passer à autre chose et de me laisser tranquille mais il n'a pas l'air de vouloir comprendre.

- Si un jour il dépasse les bornes et continue à te toucher et t'approcher contre ton gré, appelle-moi et ça sera réglé en deux secondes.

- Tu vas faire quoi ? Le coincer dans une toile ? Glousse-t-il en posant ses mains sur mes épaules pour nous faire danser.

- Non, ça c'est trop gentil. Je l'assommerai avec ma crosse plutôt, je réponds en posant mes mains sur ses hanches en retour.

- De quelle crosse on parle exactement ? Me murmure-t-il en se retenant de rire.

- Non mais ! Eleanor et toi vous faites la paire ce soir ! Même si en soit c'est un compliment...

Son sourire se fane légèrement mais persiste tout de même.

- Vous semblez très proches et complices tous les deux.

- Oui, c'est vrai.

Il a raison, Eleanor est ma meilleure amie, ma personne favorite sur cette terre qui a compris par elle-même mon homosexualité et qui ne m'a jamais laissé tomber et je ne peux pas lui mentir là-dessus.

- J'envie un peu votre relation tu sais.

- Donc tu n'as personne en ce moment ?

On y est, c'est le moment de tenir ma promesse.

- Non, je n'ai personne, mais en même temps je dédie tout mon temps au patinage donc c'est dur de trouver quelqu'un.

- Dans ce cas le mieux ça serait d'être avec quelqu'un que tu vois...souvent. Comme quelqu'un de ton équipe.

- J'ai mis un point d'honneur à ne pas sortir avec d'autres patineurs. Je sais que c'est bien de sortir avec quelqu'un qui connaît et comprend ma passion mais je ne veux pas que toute ma vie tourne autour du patinage ou bien ruiner mon intérêt pour ma discipline si jamais quelque chose venait à mal se passer avec ma petite-amie ou mon petit-ami qui fait aussi du patin à glace.

- Je comprends, mais les sentiments ne se contrôlent pas, tu pourrais tomber pour un autre patineur...c'est peut-être même le cas ?

Je suis tellement nul pour ce genre de choses, c'est pas possible ! Je suis un gars plutôt franc et brute de pomme alors quand je dois être subtil, c'est une catastrophe.

- Je ne suis pas sûr de comprendre où tu veux en venir Louis, me dit-il en fronçant les sourcils.

- Je voulais savoir...Enfin toi et Lottie...Tu aimerais quelque chose avec elle ? Le fait qu'elle soit ta partenaire mis à part évidement.

Il recule d'un pas, comme choqué, et se détache de moi.

- Tu penses que ta sœur me plaît ?

- Non, je veux juste savoir si c'est le cas.

- Mais pourquoi ? Insiste-t-il, perdu.

- S'il-te-plaît Harry, j'essaye juste d'être un bon grand frère...

- Donc c'est Lottie qui t'a demandé de te rapprocher de moi pour savoir si elle me plaisait ?

Cette fois il semble même blessé, pourtant il se trompe complètement.

- Non, non, ce n'est pas ça ! Ce qui se passe entre nous n'a rien à voir avec ma sœur ! Enfin à part le fait qu'on se connaisse parce qu'elle s'est blessée à la cheville.

- Je crois que je dois prendre l'air.

Je le regarde s'éloigner et passer la porte avant de décider de le suivre. L'air frais me fait du bien ainsi que de m'éloigner de la musique devenue forte. Je repère Harry assis sur le banc devant la maison.

- Harry, je ne suis pas sûr de comprendre ce que j'ai fait de mal...Charlotte m'a parlé du béguin qu'elle avait pour toi et m'a demandé de savoir si c'était réciproque, j'aurais dû faire quoi ? Je lui dis doucement en m'asseyant à côté de lui.

- Tu as raison, rétorque-t-il en soupirant longuement. Tu n'as rien fait de mal, c'est moi qui...Je ne sais pas pourquoi j'ai réagi comme ça ou même pensé que tu t'étais seulement rapproché de moi pour ça.

Il passe ses mains sur son visage en soupirant à nouveau. Je pose ma main sur son dos et le caresse doucement.

- Ça va ? Tu veux que j'aille te chercher un peu d'eau ?

- Non, ça va aller, merci.

Nous restons ensuite silencieux un long moment, jusqu'à ce que Harry décide de parler.

- Tu crois qu'elle va m'en vouloir ?

- Qui ? Ma sœur ? Pourquoi elle t'en voudrait ?

- De ne pas pouvoir lui retourner ses sentiments. Partenaire ou pas, je l'adore, mais plutôt comme une sœur, rien de plus.

- Ça la rendra triste, évidemment, mais je pense qu'elle saura faire la part des choses. Après tu n'étais pas sensé tout savoir. Mon rôle c'était de savoir si elle te plaisait et lui dire pour qu'elle sache si elle pouvait tenter le coup avec toi ou pas. Mais je suis nul et pas subtil alors...C'est certainement à moi qu'elle en voudra.

- Tu n'as rien fait de mal Louis, comme tu l'as dit, tu voulais juste être un bon grand frère.

Il me dit ça en posant enfin ses yeux sur moi. Son regard semble triste, mais il est aussi doux et bienveillant et il me donne à nouveau envie de l'embrasser. Ma respiration s'accélère un peu et mon masque devient finalement gênant alors je l'enlève d'un coup et je vais soudainement mieux.

- Ne t'inquiète pas Harry, tu ne perdras pas Lottie.

- Oui, Lottie, répète-t-il tout bas.

Il reste perdu dans ses pensées plusieurs secondes avant de se lever d'un coup.

- Bon, on y retourne ? Je commence à avoir un peu soif ! Lance-t-il.

- Et moi j'ai un punch à goûter, alors c'est parti !

Je remets mon masque et nous retournons à l'intérieur pour continuer à faire la fête.

*

*

Je rentre de l'université après ma journée de reprise maintenant que les vacances sont finies. Je n'ai pas revu Harry depuis la fête d'Halloween vendredi mais nous devons nous revoir demain, avant mon entraînement de hockey.

Mes parents ne sont pas encore rentrés du travail mais Lottie est déjà là, ses cours se sont terminés avant les miens.

- Je suis rentré Lottie !

Cependant, seul des reniflements me répondent et je m'inquiète tout de suite. Je m'empresse d'aller au salon d'où provienne ses bruits. Je découvre alors ma sœur allongée sur le canapé, les yeux bouffis.

- Qu'est-ce qui passe ? Tu t'es à nouveau fait mal ?

- Non...

- Qu'est-ce qui se passe alors ?

- Harry m'a raccompagné tout à l'heure, il m'a dit qu'il voulait me parler.

Oh non.

- Et il...il t'a dit quoi ?

- Qu'il m'aimait beaucoup mais que j'étais comme une sœur à ses yeux, qu'il n'y avait rien de romantique et que de toute façon il a toujours mis un point d'honneur à ne pas sortir avec ses partenaires de patinage car ça pouvait tout gâcher.

- Oh non Lottie je suis désolé...

- Pourquoi tu lui as dit que je t'avais demandé de te renseigner sur ses sentiments envers moi ? Je voulais juste que tu me dises si j'avais une chance ou non et si c'était non, rien n'aurait changé. Mais là, c'était humiliant de le voir prendre des pincettes pour me mettre un râteau, c'est tout ce que je voulais éviter.

- Je suis désolé, vraiment, j'ai merdé, mais je pensais pas qu'il te parlerait de ça.

- Donc tu savais que je l'intéressais pas et tu m'as rien dit ?

- Je...

Ouais j'ai vraiment merdé.

- Désolé, vraiment, j'y pensé plus. Entre le contre-coup de la fête et la rentrée, j'avais la tête ailleurs.

- Quand je t'avais demandé de te renseigner pour moi, tu aurais pu dire non.

- Je voulais vraiment t'aider Lottie...

- Pourtant tu as fait tout le contraire, me répond-elle les larmes aux yeux.

- Sur une échelle de 1 à 10 tu m'en veux à quel point ? Je lui demande, effrayé par sa réponse.

- 6, mais quand je pense à tout ce que tu as fait pour moi ces derniers temps, entre le patinage et la fête d'Halloween, c'est plus 2. Mais parfois ça remonte à 6...

- Pourquoi ça remonte à 6 ?

- Ça remonte quand je me dis qu'Harry en pince peut-être pour toi...

Je suis pris d'un élan de panique qui se transforme en pétillement de bonheur dans mon ventre. J'ai déjà eu quelques doutes moi aussi sur le fait que le bouclé ressentait un truc pour moi, mais rien de concret.

- P-pourquoi tu te dis ça ?

- A la fête, il n'avait d'yeux que pour toi et je crois même l'avoir vu te mater plusieurs fois dans ton costume moulant.

Un sourire malicieux étire soudainement mes lèvres ce qui lui fait froncer les sourcils d'incompréhension.

- Ah Charlotte...Tu as vu ce corps un petit peu ? Je lui en me désignant. C'est normal de regarder un chef d'œuvre pareil. D'ailleurs je suis sûr que tout le monde à cette fête me matait, je suis trop beau pour que ça n'arrive pas.

- Mon dieu ce qu'il ne faut pas entendre ! Lance-t-elle en pouffant de rire malgré ses larmes. T'es bête Lou...

- Mais tu m'aimes ?

- Oui, abruti.

- Tu me détestes à quel point là ?

- 3, rétorque-t-elle en faisant une petite moue. Mais je te le ferais savoir quand ça redescendra à zéro.

- Ça me va.

Je lui souris doucement et embrasse sa tempe avant de m'en aller dans ma chambre. J'ai déjà du travail à faire pour mes cours.

*

*

Arrivé aux vestiaires, je me dépêche car je suis un peu en retard. Nous n'avons pu avoir la patinoire que pour une heure maintenant que tous les entraînements reprennent. C'est difficile de trouver un créneau où nous sommes libres tous les deux.

- Pardon Harry ! Je lance en débarquant sur la glace. Mon prof nous a retenu !

Je le rejoins rapidement, légèrement essoufflé.

- Tu es là, rétorque-t-il avec soulagement.

- Pourquoi tu parais surpris ? Je m'étonne.

- Je pensais que...peut-être...tu ne viendrais pas.

- Et pourquoi ça ?

- Tu sais...à cause de hier, avec Lottie. Elle était mal quand je l'ai laissé, je sais que je l'ai blessé et je pensais que tu m'en voudrais pour ça.

- En fait c'est à moi qu'elle en veut, je lui réponds en riant. Je te l'avais dit, elle comprend que tu ne ressentes pas la même chose mais elle m'en veut à moi de t'avoir tout dit et de ne pas l'avoir prévenu que tu ne ressentais rien pour elle.

- Pourquoi tu ne lui as pas dit d'ailleurs ?

- Disons que ça m'était sorti de la tête, à chaque fois que je pensais à la fête, tout ce qui me venait à l'esprit c'était toi et moi en train de danser et hurler les paroles de Don't Stop Me Now.

Je ris et il se met à rire aussi, semblant bien moins nerveux.

- Bon on s'entraîne ou pas ? Je lui dis malicieusement en m'élançant sur la glace.

Il hoche la tête mais alors que je croyais cette histoire avec Charlotte réglée, Harry agit un peu bizarrement durant l'heure. Il se montre un peu distrait mais aussi un peu distant avec moi. Est-ce que lui aussi m'en veut pour quelque chose ?

Je n'ai cependant pas le temps de lui demander car je dois me dépêcher de rejoindre le vestiaire des patineurs pour prendre mes affaires et rejoindre ensuite le vestiaire des hockeyeurs. Quelques-uns de mes coéquipiers sont déjà là et j'entre comme si de rien n'était. Je me sens déjà fatigué et je me demande comment je vais tenir durant mes deux heures d'entraînement mais je n'ai pas le choix. Les seuls créneaux où Harry et moi sommes disponibles sont le lundi de 15h à 16h avant mon entraînement et le vendredi de 15h à 17h avant mon entraînement de hockey de 17h à 19h.

Harry a l'habitude de s'entraîner au moins 8 heures par semaine et comme il n'a pas de partenaire, ça ne sert à rien qu'il aille à tous ses entraînements. Je crois qu'il n'y va que deux heures pour recevoir des conseils de sa coach et pour répéter ses sauts en solo. Je ne peux qu'assurer 3 heures par semaine alors je ne peux vraiment pas le lâcher, même si ça sera très dur pour moi d'enchaîner le patinage et le hockey.

*

*

Je tape dans le palet mais il atterrit à côté du but, je soupire et m'éloigne pour laisser la place à Niall. Lundi j'ai réussi à gérer, mais ce soir je suis à bout, je le sens.

- Tomlinson, aboie mon coach alors que l'entraînement touche à sa fin.

- Oui, coach ?

- C'était quoi ça ? Tu n'étais pas concentré et tu as vraiment fait n'importe quoi tout du long !

- Je suis un peu crevé, coach.

- Tu as eu deux semaines de vacances, il te faut quoi de plus ?

- Rien, coach. C'est juste que...je suis pas mal occupé. Je dois m'occuper de quelque chose d'important mais ça s'arrête vendredi prochain, je vous le promets. C'est juste une mauvaise passe.

- Rien de grave au moins ? S'inquiète-t-il soudainement.

- Juste une affaire de famille à régler.

- D'accord. Mais lundi dans deux semaines, je te veux opérationnel et au taquet car sinon je te mettrais un coup de crosse dans le derrière, c'est clair ?

Je ris alors qu'il me met un petit coup dans l'épaule.

- Très clair coach !

Je rejoins finalement les vestiaires et soupire de bonheur quand mon corps se fait recouvrir d'eau chaude.

- Qu'est-ce qui t'es arrivé Tommo ? Tu as vraiment fait de la merde aujourd'hui ! Me lance Liam d'un ton taquin.

- Je suis juste crevé, rien de bien grave. Je serais bientôt à nouveau sur pied.

Je suis encore une fois le dernier à quitter les vestiaires. Il fait déjà nuit dehors et plus froid que d'habitude. Je commence à marcher vers le bus en soupirant alors que le parking est désert. Les hockeyeurs sont les seuls à rester si tard les vendredis soirs.

- Louis !

Je dois vraiment être fatigué car je suis persuadé d'avoir entendu la voix de Harry à l'instant.

- Louis, tu vas où comme ça ?

Je me retourne et le vois trottiner vers moi. Au moins je ne perds pas la boule.

- Je vais vers l'arrêt de bus. Et toi, tu ne devrais pas être chez toi ?

- Je suis resté pour voir ton entraînement. Tu avais l'air épuisé et ça m'inquiétait un peu. Quand je vois ton état de fatigue, je comprends que j'avais raison. Je suis soulagé que tu ne repartes pas en voiture mais je ne veux pas te laisser prendre le bus non plus. Quelque chose me dit que tu vas t'endormir dedans et que tu vas rater ton arrêt.

- Je vais très bien.

- Non, et ça se voit. Je vais te raccompagner en voiture, mais la semaine prochaine, lundi et vendredi tu viens dormir dans ma chambre étudiante. Ça sera bien plus pratique pour toi.

Je m'apprête à refuser mais il me devance.

- Et si jamais tu hésites, sache que je ne prendrais pas non comme réponse. J'insisterai jusqu'à ce que tu dises oui.

- Tu es vicieux, je lui réponds en pouffant de rire. De toute façon tu vas me kidnapper si je dis non alors autant être consentant. J'en parlerais juste avec mes parents d'abord, même si ça ne devrait pas poser de problèmes.

Il esquisse un sourire victorieux et j'ai la soudaine envie de l'embrasser pour le retirer de son visage. Je veux aussi me blottir contre lui et m'endormir bercer par son odeur et ses caresses.

Ouais, je suis quand même sérieusement fatigué...

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C'est la fin de la première partie, dites moi ce que vous en pensez et vos pronostics pour la suite avant d'aller lire la deuxième et dernière partie ! 😁