La Secte (Chap. 2)
* Point de vue Harry Styles *
- Styles ! Viens voir deux minutes on a du nouveau sur l'affaire Williams.
J'entends Johnson me crier cette phrase de l'autre côté du bureau et je me précipite vers celui-ci. Cela fait trop de temps que les disparitions s'enchaînent dans la ville et que nous n'avançons pas sur cette enquête. J'arrive dans le bureau de mon collègue et m'accoude pour regarder le dossier qu'il est en train de lire.
- Regarde ! Hier soir, Laura se baladait dans le district de St Charles et elle a rencontré un homme qui lui a proposé de l'aider. Au début elle n'avait pas fait le rapprochement mais au fur et à mesure, elle a comprit qu'il correspondait parfaitement à la description du suspect que Julie avait établi. Afin d'en savoir un peu plus, Laura a joué le jeu et il lui a donné cette carte.
Il me donne la carte en question et je l'observe de près, attentivement. "Quod lux oritur in te" était inscrit au recto. La carte était simple, avec un fond bleu et une bulle comme image de fond. Au dos de celle-ci, rien n'était inscrit.
- Tu as cherché à savoir ce que cela voulait dire ?
- Évidemment pour qui me prends-tu et apparemment c'est du latin et ça veut dire "que la lumière nait en toi" ou quelque chose du genre.
- Il lui a juste donné cette carte ? dis-je, tentant de reconstituer la scène dans mon esprit.
- Ouais. Dit-il en tournant sur sa chaise.
- Et comment on sait que ça pourrait être lui ? demandais-je, incertain.
- Julie l'a rencontré au même endroit la semaine dernière et il lui a donné exactement la même carte. On en a déduit que cela pourrait être le coin où il repère ses proies et les approche.
Effectivement, on pourrait avoir trouvé le lieu des disparitions. Cela pourrait être un grand pas pour l'enquête.
- Est-ce que Julie ou Laura ont parlé d'une particularité physique ? Une odeur ? Un tatouage qui nous permettrait de l'identifier ? Elles ont pu faire un portrait robot ?
- Non rien de tout cela... Oh, si, la seule chose qu'elles ont trouvées c'est qu'il avait une voix particulière. Et pour ce qui est du portrait robot, elles ont juste dit qu'il était presque irréel et qu'elle ne pouvait pas décrire son visage, ce qui est vraiment étrange.
Une voix particulière ? Presque irréel ?
- Comment ça ?
- Il était " envoutant" si je reprends leurs mots... dit-il, un peu dans le vague.
Je fronce les sourcils. On avait peut-être trouvé le terrain de chasse de notre suspect mais il fallait le vérifier. Les disparitions allaient peut-être s'arrêter si on réussissait à l'appréhender.
- Bon, va falloir que j'agisse. Il faut que j'y aille ce soir, dis-je de but-en-blanc.
- Harry... Je sais que tu es un enquêteur particulièrement doué sur le terrain mais jusqu'à présent, ce sont des femmes qui ont été portées disparues. Qu'est-ce qui te fait dire qu'il va s'arrêter pour un homme ? me dit Johnson, en levant un sourcil, sceptique.
- Il semble s'en prendre à des âmes perdues. On va lui en offrir une sur un plateau, dis-je, un sourire sournois en coin, mettant en place un stratagème pour le faire tomber.
Vers 22h, Johnson est dans la voiture, en planque, à quelques rues de ma position. Je porte un vieux jogging, mes cheveux sont en désordre et de fausses cernes ornent mon visage. Merci le maquillage. Pour terminer mon look ultra soigné, j'ai enfilé une paire de basket déchirées que l'on a pris aux affaires oubliées du commissariat. Je vérifie que le micro placé sous mon marcel soit invisible et fonctionnel. Une fois prêt, je commence à marcher, la tête baissée dans les rues du district St Charles. Je ralentis le pas à chaque fois que je croise quelqu'un mais rien, notre suspect ne semble pas être là ce soir. Je croise la route d'une femme de petite vertu, perdue et je la suis du regard. Les métiers de la nuit sont rudes.
- Styles ? Tu vois quelque chose ?
Je renifle et réponds par la négative. Je me retourne soudainement lorsque je n'entends plus les talons de la jeune femme claquer au sol. Où est-elle passée ? Elle était là il n'y a pas une seconde et là, elle semble s'être envolée. J'écarquille les yeux en comprenant que notre suspect a dû l'emporter et je retourne rapidement sur mes pas. Je la vois au bout de la rue discuter avec un homme grand, blond et portant une sorte de sceptre. Un sceptre ? Je me stoppe net en voyant la scène, comme hypnotisé par l'Homme en question. J'entends sa voix de loin et il parle d'une grande lumière. Je m'avance vers lui et nos regards se croisent. J'écarquille les yeux face à lui et continue d'avancer. Sa beauté est flagrante mais imparfaite. Son sourire sonne faux et ses yeux, trop bleus pour être naturels me sondent d'une manière qui me glace le dos et me réchauffe à la fois.
- Bonsoir... dis-je, tremblant.
- Bonsoir, as-tu besoin d'aide ? me demande-t-il en ne me quittant pas des yeux.
- Je cherche... je... dis-je, incapable de prononcer la fin de ma phrase, envoûté par le son de sa voix.
- Ce que tu cherches n'est pas sain pour toi. Je capte une obscure part dans ton être. Permets moi de te demander qui t'a fait souffrir ? dit-il en s'approchant tel un prédateur.
- Ma femme... Enfin, mon ex-femme... dis-je, incapable de lui mentir.
- Oh, je comprends la douleur que les êtres humains peuvent engendrer à leurs semblables. Mais je sais comment tu peux te débarrasser de cette douleur, comment la faire disparaître...
- Comment ? Dis-je, à l'affût de ses paroles.
- Rejoins-moi, rejoins-nous au sein de la Bulle.
- La Bulle ? dit la jeune prostituée.
- Oui, la Bulle, l'espace protégé dans votre être existe ici, dans le monde réel. La Bulle protectrice est présente pour venir sauver les âmes en perte, celles qui ne savent plus comment sortir de ce calvaire qu'est la vie brutale et violente. Chacun de nous a les clés pour se protéger dans ce lieu. Ce soir, vous êtes libres de tendre la main et de saisir les clés de ce lieu avec moi, de venir avec moi pour être sauvés.
- Comment... ?
- Solaris, la lumière en vous et en chacun de nous existe. Il lutte sans cesse contre les démons qui nous enferment dans la tristesse et le desespoir et il compte sur nous. Il compte sur vous pour l'aider dans sa lutte pour vous sauver. Rejoignez-nous, rejoignez Solaris, je suis son fils, Loris.
Il nous regarde et s'incline devant nous, comme s'il était à notre service. Le sceptre qu'il tient en main se met à scintiller, à briller et cela semble presque irréel.
- Je viens avec vous Loris... dit la prostituée, comme déconnectée du réel. Il lui prend la main et instinctivement je la lui saisis.
Il me regarde de son regard bleu et profond en attendant une remarque.
- Loris, puis-je... ?
Il me sourit et il nous guide vers une sorte de forêt proche du district St Charles. Le silence de la nuit est bientôt remplacé par une douce mélodie, une sorte de berceuse qu'il murmure. Sa voix est douce, chaude et rassurante. Les bois deviennent noirs et l'obscurité prend place, glaçant les alentours.
- Solaris, guide-nous dans notre chemin et mène nous à la Bulle.
Le sceptre s'illumine et des sortes de fragments se mettent à illuminer nos pas. Cela semble complètement magique et j'ai du mal à comprendre ce qu'il se passe sous mes yeux.
- Solaris nous guide dans la nuit noire et nous rassure. Il est là pour nous et nous nous devons d'être là pour lui. Ces poussières d'étoiles illuminent la route sacrée vers la Bulle protectrice et vous serez sauvés.
Il m'est maintenant impossible de me situer dans ces bois. Dans mes souvenirs, nous aurions dû atterrir sur la route départementale juste derrière mais non, nous continuons de marcher encore et encore, les heures semblent s'écouler comme du sable dans un sablier et mes chevilles commencent à fatiguer. Loris lui, semble flotter à chaque pas et la jeune femme a mes côtés le suis comme son ombre.
Après ce qui semble être des heures de marche, nous nous arrêtons net. Loris se retourne vers nous et nous éclaire de son sceptre. Il arrête de fredonner et le silence du crépuscule prend place.
- Êtes-vous prêts à accéder à la Bulle ? Êtes-vous prêt à faire ce voyage sans retour ?
- Oui Loris... dit la jeune femme.
- Oui... dis-je.
- Une fois au sein de la Bulle, promettez-moi de bien agir et de respecter la volonté de Solaris.
- Sa volonté ?
- Quand vous rentrerez dans la Bulle, vous deviendrez alors chacun une Lune. Vous devrez prouver votre courage et votre détermination en passant le Sceau. Une fois le Sceau passé, vous deviendrez une Étoile pour toi ma chère Anna, et un Astre pour toi Harry.
- Mais comment...? dis-je avec torpeur.
- Je connais vos noms ? Rien n'échappe à Solaris, dit-il en souriant.
Un frisson me parcourt l'échine. Comment savait-il ?
Les premiers rayons de soleil apparaissent dans le dos de Loris, il se décale et sous mes yeux, un bâtiment rond, en verre nous fait face.
- Bienvenue à la Bulle mes chères Lunes, dit-il en s'écartant pour nous laisser avancer.
Nous marchons dans l'herbe fraiche de la rosée et deux femmes viennent nous ouvrir une porte de la Bulle. Elles nous enlacent et enlacent Loris également. Elle nous mènent en silence et les couloirs sont remplis d'enfants plus ou moins âgés, portant les mêmes vêtements que Loris mais dans différents tons. Ils rigolent. Ils sont tous blonds, plus ou moins cendrés. Leurs rires emplissent la première pièce et mon regard tombe sur un groupe d'adolescents. Ils sont plus calmes et écoutent un homme qui doit leur faire une sorte d'enseignement.
Nous arrivons dans une salle obscure et on nous attribue tous les deux une de ces fameuses tenues, mais grise, à l'image de la Lune. On me dirige vers une sorte de salle souterraine pour me changer et une fois la porte fermée derrière moi, je me redresse, jette la tenue au sol et réponds enfin à Johnson, avec un sourire espiègle :
- Il n'y a vu que du feu.
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