Demi-frères (part.3)
- Je crois qu'il faut qu'on parle, dit-il en murmurant.
Je tends le bras derrière lui et fais claquer ma porte pour qu'on soit juste tous les deux, isolés du reste de la maison. Nous nous regardons et nous savons d'avance ce qui va se produire. Je m'approche de lui, encore plus si c'est possible, et nos nez se frôlent doucement, accélérant nos respirations.
- Harry...
- Tu ne m'appelles pas Harold pour une fois ? Dis-je en souriant en coin.
- Je ne veux pas gâcher ce moment avec ta mauvaise humeur... Dit-il en souriant et me regardant d'un air malicieux.
- Ma mauvaise humeur ? Dis-je en penchant ma tête et frôlant nos lèvres, la frustration s'installant dans la pièce.
- Oui, tu as un sale caractère... Dit-il en se reculant et créant un vide entre nous.
Il recule jusqu'au bord de son lit et il continue de me regarder. Je m'avance jusqu'à lui et il se mord la lèvre inférieure en me fixant. Je sens la frustration en moi devenir de plus en plus intense et je le pousse sur le lit. Il retombe sur le dos, les coudes s'aidant à relever son buste pour m'offrir un regard tout sauf innocent. Je m'avance vers lui et je pose mon bassin contre le sien. Un doux gémissement s'échappe de ses lèvres et je sens mon estomac me picoter.
- Tu trouves que j'ai un sale caractère alors ? Tu t'es vu ? Une vraie diva... Dis-je en ne le lâchant pas des yeux.
- Je n'ai pas dit le contraire... Je sais que je peux être une vraie garce parfois... Dit-il en me provocant.
Je fonds sur ses lèvres et il répond à mon baiser sauvagement, tirant sur les petits cheveux de ma nuque. Un soupir d'aise s'échappe de mes lèvres et ses cuisses remontent contre mes hanches. Nos lèvres se dévorent, l'air commence à nous manquer mais aucun de nous deux ne veut arrêter ce baiser. Je donne un coup de bassin et un gémissement s'échappe de ses lèvres, faisant durcir mon érection déjà bien présente.
- T'es une putain de garce... Dis-je en reprenant mon souffle et le regardant dans les yeux.
- Et toi un putain de gay refoulé... Dit-il en en narguant.
Je fonce dans son cou et mords la peau délicate qui s'offre à moi. Ses soupirs d'aise à mon oreille me pousse à descendre ses clavicules et laisser des marques plus ou moins visibles sur son corps. Je sens son bassin se relever contre le mien, me faisant frissonner et lorsque je suis sir le point d'enlever un premier vêtement, son téléphone sonne. Il me repousse tout sauf délicatement et je reste un peu hébété par son acte.
- T'es sérieux là ?! Lui dis-je en le voyant décrocher et se relever pour s'éclipser hors de sa propre chambre.
Je reste sur le cul par la situation. Il vient de décrocher son téléphone alors qu'on était quand même dans un moment intime... Je me relève et décide de retrouver dans ma chambre, vexé par son comportement. Lorsque je sors dans le couloir, je passe la porte de la salle de bain laissée entrouverte et j'entends ce qu'il dit au téléphone.
- Oui... Non c'est moi qui suis désolé Adam... Il faut que je t'avoue quelque chose...
Je me stoppe et même si écouter aux portes n'est pas très glorieux, l'espoir dans ma poitrine me pousse à entendre ce qu'il va dire.
- J'ai eu un débordement avec quelqu'un... Je ne sais pas vraiment pourquoi je te dis ça, peut-être parce que je veux te faire souffrir comme tu l'as fait quand tu as couché avec elle mais... Non je sais que tu... Oui tu es désolé je sais... Mais le truc c'est que je n'arrive pas à te sortir de ma tête...
Sans vraiment savoir pourquoi je sens mon coeur se compresser dans ma poitrine et même si une petite voix dans ma tête me dit de ne pas rester là et d'entrer dans ma chambre, mes jambes n'obéissent pas.
- Tu... Malgré cette erreur je n'arrive pas à ne pas penser à toi... Je ne sais pas si je peux te pardonner entièrement mais je veux essayer de surmonter ça avec toi... Puis du coup je ne suis plus tout blanc non plus... Non ce n'était rien... J'ai voulu voir si j'arrivais à passer outre mais non... Je t'aime Adam...
J'entends sa voix trembler et moi ce sont mes jambes qui maintenant tremblent. Alors comme ça il s'est foutu de ma gueule ?! J'étais un coup d'essai pour voir s'il pouvait baiser ailleurs sans penser à ce connard ?
Je recule doucement et me retourne pour descendre les escaliers. Je vais dans la cuisine et mes yeux me piquent, je sais ce que cela signifie mais je ne veux pas me l'avouer. J'ai déjà eu du mal avec Karen mais là c'est trop. Il me fait mal et il le fait exprès. Je pouffe amèrement en réalisant que oui, il disait vrai quand il disait qu'il était une garce... Je prends ma veste, la bouteille de vodka qui traine au frigo et sors de la maison.
- Tu sors chéri ? Me demande ma mère mais je ne prends même pas le temps de répondre que je suis déjà dehors, en bas du portillon.
J'hère dans la rue depuis presque deux heures maintenant et j'ai éteins mon téléphone après les nombreux messages de ma mère et de Mark me demandant où j'étais et si je rentrais après. À dire vrai, je ne sais pas, je ne sais plus, tout ce que je sais c'est que j'ai mal et que je veux qu'il ait mal. Dans quelques jours les parents partent en vacances et un plan machiavélique se schématise dans ma tête. Je bois la dernière gorgée de Vodka et balance la bouteille dans une benne. J'arrive dans une ruelle un peu sombre et je marche, les mains dans les poches, essayant d'échapper au froid même si l'alcool dans mes veines m'aident à ne pas trop ressenti celui-ci.
- Tu cherches quelque chose chéri ? Me demande une dame peu habillée, que je devine être une travailleuse du sexe.
- Tout dépend de ce que tu as, dis-je en me rapprochant d'elle, en tanguant un peu.
- J'ai tout ce que tu veux mon chou, et toi tu cherches quoi exactement ?
- Je veux faire souffrir mon demi-frère... Dis-je en continuant de m'approcher d'elle.
- Oh, euh et bien ce n'est pas une demande habituelle, dit-elle en fronçant les sourcils, enfin je crois.
- Ce connard a un copain et il me fait du rentre dedans.... Tu le crois ça ?!
- Chaton je crois que tu devrais t'asseoir tu tangues beaucoup, dit-elle en me tenant l'épaule doucement.
Elle m'aide à m'asseoir et elle s'éloigne un peu.
- Du coup je lui ai sauté dessus car il est sexy tu vois, mais quand on avait enfin passer aux choses sérieuses son putain de connard a appelé et il a décroché !
J'entends vaguement ses pas revenir vers moi et elle me tend une bouteille.
- Tiens, c'est de l'eau, tu sembles en avoir besoin...
Je la regarde et prends doucement la bouteille entre mes mains. J'approche le goulot de ma bouche et bois une gorgée. L'eau coule contre ma gorge et calme la brûlure de la vodka.
- Tu as quel âge chéri ?
- C'est important ? Lui dis-je en lui rendant la bouteille.
- Tu ne devrais pas trainer aussi tard le soir et surtout dans cet état, tu pourrais faire des mauvaises rencontres...
J'hausse les épaules, à dire vrai je m'en fous complètement, je n'ai pas envie de rentrer chez moi, je veux juste être loin de lui.
- Ça va un peu mieux ? Me demande-t-elle.
- Je crois que je suis gay.
- Ha bah ce n'est pas de chance pour moi, me dit-elle en me poussant par l'épaule en rigolant doucement.
Je pouffe avec elle et regarde en face de nous, la rue déserte et noire.
- Pourquoi tu es là ? Je lui demande, sans même penser une seule seconde que c'est très indiscret.
- Je dois nourrir mon fils et mon travail de jour ne me permet pas de lui offrir tout ce dont il a besoin...
Je fronce les sourcils et tourne mon visage vers elle. C'est à ce moment-là que je me rends compte qu'elle doit avoir la trentaine, pas plus.
- Tu as un fils ?
- Oui, il a deux ans et demi maintenant, dit-elle en souriant.
- Et tu fais la pute ?
Je vois qu'elle n'est pas choquée par mes propos et c'est plutôt moi qui suis choqué d'avoir balancé ça comme ça.
- Tu sais je ne l'ai pas choisi, c'est juste le seul moyen que j'ai trouvé pour avoir de l'argent facilement, j'aurai pu vendre de la drogue mais c'est illégal.
- Se prostituer n'est pas illégal ? Dis-je en tournant ma tête vers elle.
- Plus depuis un certain temps, en fait maintenant c'est le client qui est dans l'illégalité.
- Tu travailles dans quoi le jour ?
- Je suis employée ménagère dans un orphelinat de la banlieue...
- Et comment tu en es arrivée là ?
Un petit silence s'installe et je me rend compte que mes questions sont totalement indiscrètes et qu'elle n'a pas forcément envie de m'en parler. Je m'apprête à lui dire qu'elle n'a pas à répondre lorsqu'elle lâche ces quelques mots.
- Mon petit ami de l'époque a abusé de moi et il est parti. Je me suis rendu compte que j'étais enceinte trop tard et j'ai dû garder Lysandre. Je n'ai pas voulu le garder alors j'ai fait des démarches pour ne pas avoir de lien avec cet enfant. Puis j'ai trouvé ce boulot et quand j'ai vu tous ces enfants sans parents j'ai pris conscience de mon erreur. Je ne pouvais pas infliger ça à mon fils tu comprends ? Alors j'ai tout fait pour le reprendre. Ça a été fastidieux car tu te rends bien compte que mon activité professionnelle est tout sauf recommandé pour élever un enfant alors que mon "métier" de nuit me rapporte bien plus que celui de jour...
- Je suis désolé que tu subisses ça..., dis-je complètement dessaoulé par ses propos.
- Tu sais, l'important c'est Lysandre. S'il est heureux alors je suis heureuse, dit-elle en souriant.
Je reste abasourdi par la force de cette femme et je me trouve con à être triste pour un gars qui n'en vaut pas la peine. Quand un homme arrive dans le coin de la rue, je me relève et elle aussi. Je la remercie pour l'eau et elle me sourit avant de s'avancer vers l'homme. Je m'éloigne et j'entends ces quelques mots qui me font prendre conscience de la dure réalité :
- Tu cherches quelque chose chéri ?
Après avoir marché pendant presque une demi-heure, j'arrive sur la place et je m'assois dos au mur, en face de la fontaine. Mes parents partent dans deux jours, Nous serons tous les deux avec Louis, du moins s'il ne va pas chez Monsieur Connard. Si lui n'est pas à la maison, alors je pourrais éventuellement ramener des amies à moi pour m'amuser non ? Après tout, moi aussi je suis libre de faire ce que je veux non ?
C'est sur cette idée que je me relève et retourne vers chez moi, le froid s'infiltrant entre les couches de mes vêtements. Je repasse vers la petite ruelle mais je ne vois ni la femme ni l'homme de tout à l'heure. Je remonte la rue sombre et après presque deux heures de marches j'arrive devant notre portillon. J'entre dans la maison et me déchausse pour ne pas faire de bruit. En avançant dans le salon, je vois ma mère allongée sur le canapé, endormie et je la couvre avec un petit plaid pour ne pas qu'elle ait froid. J'embrasse son front tendrement et je monte dans ma chambre. La maison est calme et silencieuse. Allongé dans mon lit, je n'ai même pas le temps de me rendre compte de quoi que ce soit que mes yeux se ferment d'eux-mêmes, me plongeant dans un sommeil profond.
Je me réveille quelques heures après quand des petits coups se font entendre contre ma porte. Ma mère entre doucement et s'assoit sur le bas de mon lit.
- Chéri ? Est-ce-que ça va ? Tu es parti précipitamment hier soir...
Je me relève et me tourne vers elle.
- Je ne voulais pas t'inquiété je suis désolé... J'avais besoin de prendre l'air...
- Écoute Harry, je sais qu'entre Louis et toi c'est assez tendu...
Tu n'imagines même pas à quel point maman...
- Mais il faut bien que vous fassiez des efforts chacun de votre côté pour essayer de vous entendre... Ça semblait aller mieux ces temps-ci non ?
Je hausse les épaules en baissant la tête.
- Je...
Je relève la tête vers ma mère et vois qu'elle a les larmes aux yeux. Je me précipite vers elle pour la serrer dans mes bras. Je déteste la savoir triste alors la voir pleurer est une torture pour moi.
- Maman...
- Je suis désolée mon coeur... Je sais que ça a été vite tout ça mais je voulais juste que tu trouves un cadre familiale sain et stable...
- Je sais maman...
- Je suis désolée de t'infliger ça, je vois bien que ça ne va pas...
- Maman je te promets que ça va, Mark est génial, je l'aime vraiment beaucoup, et Louis... Et bien... Ça viendra avec le temps...
Elle passe ses mains dans mes boucles et je sens ses larmes contre mon cou ce qui me brise le coeur. Ma mère est une femme forte et je l'ai toujours vu se débrouiller pour que je ne manque de rien même si parfois elle devait se priver de certaines choses. Je repense à la femme de cette nuit et je comprends à quel point certaines personnes sont prêtes à se sacrifier pour le bonheur des autres.
C'est à ce moment-là que je comprends une chose fondamentale pour la situation que je vie. Je dois être prêt à me sacrifier, sacrifier mes sentiments si c'est ce qui Lui permettra de trouver le bonheur, même si c'est dans les bras de Monsieur Connard.
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