Demi-frères (Last part)
Encore une fois, le silence règne dans la pièce. Décidément, quelqu'un là-haut s'amuse à jouer au roi du silence avec nous...
La scène qui se présente sous les yeux de ma mère ne laisse pas de place à l'imagination. En effet, nous sommes à moitié nus, l'un contre l'autre, les lèvres encore rouges et humides après nous être embrassés. Il serait impensable de tenter de se justifier ou de faire croire à un malentendu à ce stade...
- Maman je...
- Chut.
Je sens Louis se tendre sous moi et je tente de ne pas pleurer. Rien ne pouvait être plus horrible que ça. J'ai l'impression que tout mon monde vient de s'écrouler et que d'une minute à l'autre je vais suffoquer ou me noyer intérieurement dans mes larmes. Je n'ose pas cligner des yeux, de peur que tout se casse la figure.
Ma mère s'avance doucement vers nous, sans détourner les yeux des miens. Au bout d'un moment, je me détache du corps de Louis et je détourne enfin les yeux de ceux de ma mère. Mon coeur loupe un battement lorsque je vois son visage crispé, ses yeux baissés et je sens qu'il est lui aussi sur le point de pleurer. Avec mes doigts, dans un mouvement le plus doux que je puisse effectuer dans cette situation, je relève son menton pour capter ses orbes bleues. Je lui sourie doucement, comme pour lui dire que tout ira bien même si je suis loin d'en être sûr.
Je me détache de son corps et je nous couvre avec le drap immaculé. Je relève les yeux vers ceux de mère, toujours ronds et écarquillés.
- Maman je...
- Pourquoi...?
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi je n'ai rien vu... ?
Je ne m'attendais pas à ce qu'elle pose cette question. Je m'attendais plutôt à des cris, du dégoût, à ce qu'elle appelle Mark mais non. Elle semble juste triste... ?
- Anne...
Ses yeux se posent sur Louis et il remonte le drap sur son corps, tentant de le cacher, comme s'il avait honte de celui-ci.
- Oui... ?
- Je... Je ne voulais pas te décevoir...
- Me décevoir ? Mais Louis je ne suis pas du tout déçue...
À ses mots, nous nous regardons avec Louis, ne comprenant pas trop où elle veut en venir.
- Du moins, je ne suis pas déçue de vous, mais de moi. De ne pas avoir vu que vous étiez malheureux, que vous aviez besoin l'un de l'autre de... De "cette" façon...
- Tu n'es pas... Fâchée ? Ou dégoûtée ? Demande-t-il, d'une petite voix.
- Pourquoi devrais-je l'être ? Dit-elle en s'agenouillant devant lui.
- Bah parce qu'on est en quelques sorte demi-frères... ? Que c'est pas très moral...
- Louis. Écoute-moi mon grand. Comme tu dis, vous êtes "demi" frères et encore, pas au niveau juridique. Vous n'avez pas de lien de sang. Je vous avoue que dire que je ne suis pas un peu perturbée serait vous mentir mais... Un silence marque son discours. Pfiou... Toute cette situation est complètement folle...
- Maman...
- Si c'est comme ça que vous êtes heureux alors moi ça me va. Dit-elle, de but en blanc.
Je sens la pression s'échapper de mes pores et l'envie de pleurer me reprend, sauf que cette fois-ci, c'est de soulagement. Ma mère se relève et nous enlace. Nous restons encore une fois un peu troublés de cette situation, surtout sachant que nous ne sommes pas très habillés sous le drap fin nous couvrant. Après cela, elle quitte la chambre, nous laissant dans ce silence que nous connaissons bien à présent.
- Je...
- Je...
Nous nous regardons d'un coup et nous nous sourions doucement.
- On descend ?
- Non je ne veux pas voir mon père, dit-il en se rhabillant sous mes yeux gourmands.
- Tu sais qu'on devra bien l'affronter un jour non ? Dis-je en me rhabillant à mon tour.
- Je sais mais...
- Lou'... La situation peut difficilement être pire. Ma mère vient de nous surprendre sur le point de coucher ensemble alors...
Il pouffe doucement et approuve. Nous nous dirigeons vers le salon où les parents s'enlacent, encore une fois en silence.
- Hum hum...
Les parents se détachent l'un de l'autre et Mark se précipite vers Louis. Je le sens se tendre à mes côtés mais il se calme et se met à pleurer lorsque son père le sert dans ses bras en lui répétant en litanie de le pardonner pour son geste.
- Ça va papa... Dit-il en reniflant.
Son père l'embrasse sur le front et ils se sourient. Ma mère arrive vers eux et me regarde.
- Vous devriez lui dire.
Je me tends à ses mots.
Je ne sais pas ce que Louis pense et je ne sais pas s'il voulait avouer à son père notre relation dans l'immédiat. J'en veux à ma mère de nous mettre au pied du mur et de nous imposer indirectement d'avouer nos sentiments, notre relation.
- Me dire quoi ? Louis ?
Et c'est le retour de notre bon vieil ami : le silence.
- Mark... Tu devrais t'asseoir... Dit ma mère.
Je lis l'inquiétude sur le visage de Mark et l'angoisse monte.
Comment va t-il réagir ? Et s'il nous trouve dégueulasses ? S'il pense que c'est immoral ?
Je me place aux côtés de Louis pour le protéger au cas où cela tournerait mal. Mark finit par s'asseoir sur le canapé, toujours en nous regardant, l'angoisse se peignant de plus en plus sur son visage.
- Papa...
Les épaules de Louis se tendent et je lui prends la main pour le soutenir. Les yeux de Mark se posent instantanément sur nos mains liées et ses sourcils se froncent.
- Harry et moi... Commence Louis.
- On est ensemble, dis-je, complétant les propos de Louis.
Comme vous vous l'attendiez, encore une fois notre meilleur ami prend place dans le salon pour la seconde fois aujourd'hui : le silence règne en maître.
- Ensemble... Ensemble ?
Nous hochons la tête et Mark repose ses yeux sur nos mains enlacées. Ma mère s'approche de nous et pose sa main sur l'épaule de Louis, comme signe de son soutien.
- Anne... Tu... Tu savais ? Dit-il, complètement déboussolé.
- Je l'ai appris il y a quelques minutes.
- Comment ?
Louis et moi baissons la tête, honteux, repensant au moment où ma mère nous a surpris. Mark semble comprendre et baisse la tête en se la prenant dans les mains. Sa réaction est nettement moins engageante que celle de ma mère et cela me tend. Je n'arrive pas à prévoir sa réaction, je n'arrive pas non plus à savoir comment Louis va réagir.
Après quelques minutes, Mark se lève, prend sa veste et sort de la maison sans ajouter un mot. Ma mère nous prend dans ses bras et nous murmure que tout ira bien, que l'on ne doit pas s'inquiéter. Elle repart vers la cuisine et nous ne savons pas quoi faire avec Louis. Nous finissons par nous poser sur le canapé, Louis entre mes jambes en lui faisant des papouilles, tentant de calmer son inquiétude.
Vers 19h, Mark rentre sans dire un mot et se dirige directement vers la cuisine, où se trouve ma mère.
- Anne...
- Mark, où étais-tu ?! Est-ce que tu vas bien ?! Dit ma mère, inquiète.
- Je crois que ça va oui... J'ai énormément réfléchi à propos de... De tout ça.
- Je comprends que ça puisse t'inquiéter mais il faut se dire que nos garçons sont heureux.
- Je sais... Mais j'avais d'autres projets... Pour nous...
- Comment ça ?
- Je voulais... Je voulais que tu deviennes ma femme Anne... Je voulais te voir dans une robe blanche, avancer jusqu'à l'autel pour me dire oui... Mais... si nous devenons mari et femme alors ce sera bien plus compliqué pour les garçons...
- Tu voulais me demander en mariage ? Dit-elle, la voix serrée.
À ces mots nous nous regardons avec Louis. Nos coeurs battent rapidement, bien trop rapidement pour que l'on reste calme. Nous nous levons et nous nous dirigeons vers la cuisine.
- Vous allez vous marier ? Demande Louis, d'une petite voix.
- Louis... Commence Mark.
- Je ne veux pas que vous vous sacrifiez pour nous. Tu as déjà beaucoup sacrifier pour moi papa...
- Louis. Écoute moi. Anne et moi n'avons pas besoin d'une signature sur un bout de papier de la Mairie pour nous prouver que l'on s'aime. Anne je t'aime énormément, tu es mon rayon de soleil tous les jours, dit-il en regardant Anne. Mais j'aime mon fils d'une force inestimable et je ferai tout pour son bonheur. Même si je dois sacrifier une partie du mien.
Je vois une larme couler sur la joue de Louis et je m'approche de lui dans son dos pour l'enlacer. Ma mère s'approche de Mark et l'embrasse doucement au coin des lèvres.
- Je suis fière de toi... Et de vous les garçons, dit-elle, les larmes aux yeux.
Les parents nous ouvrent les bras et nous nous réfugions dedans sans attendre, heureux d'être étreints et soutenus.
*FIN*
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