Un combat à mener
La chaumière aux coquillages. Le lieu était paisible et l'air était frais. Cet endroit des Cornouailles lui faisait du bien. Hermione avait besoin de calme après ce qu'ils venaient de traverser. Ses amis, ainsi que Bill et Fleur, demeuraient aux petits soins avec elle, tout en lui laissant suffisamment d'air, bien sûr. La jeune femme profitait de ces quelques jours pour reprendre sa respiration, mais rien ne le lui permettait vraiment. Elle ne guérissait que physiquement.
La jeune Gryffondor se trouvait dans la chambre qui lui avait était attribué. Elle observait les vagues s'échouer sur le rivage, leur écume se distinguant d'une manière fascinante de l'ensemble. Elle aimait cet endroit, bien qu'elle ne s'imaginât pas une seule seconde pouvoir y vivre toute sa vie. Le calme lui était nécessaire mais, elle devait bien se l'avouer, elle s'était habituée au bruit. Ses pensées divaguèrent rapidement et, ce fût en toute logique par diverses associations d'idées, qu'elle se mit à rêver de ses parents. Elle se demandait ce qu'ils pouvaient bien faire en cet instant, s'ils se portaient tous les deux comme il faut. Elle savait très bien que si elle ne faisait rien, il lui faudrait moins de quelques secondes pour se mettre à pleurer. Toutes ses épreuves lui avaient rendu la vie dure, mais regarder derrière soi après tant d'actions restait sans doute l'étape la plus difficile. Et soudain, comme tombé du ciel, de légers coups frappèrent contre sa porte.
La jeune femme n'avait aucun moyen de voir à travers les murs, mais elle savait. Elle ne pourrait jamais l'expliquer, mais elle savait. La poignée s'abaissa, le battant s'ouvrit légèrement, et il apparut alors. Il lui fallut moins de cinq pas pour le rejoindre et, bien que cela peut sembler rapide à n'importe quel spectateur, ce fût pour elle une éternité. Elle sauta à son cou et il la prit dans ses bras sans une once d'hésitation. Son visage dans son cou, quelque chose se déboucha alors en elle et elle eut l'impression de pouvoir respirer. Cela faisait bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé.
« Hermione...
-Fred... »
Plusieurs minutes s'écoulèrent ainsi, dans le seul silence ponctué de leur respiration. Et, à l'inverse, des spectateurs trouveraient cela longs, mais pour eux-mêmes le temps semblait se jouer d'eux. Ils se serrèrent si fort l'un contre l'autre que c'était par miracle qu'ils pouvaient encore chacun respirer. Quand ils prirent du recul, assez pour se regarder mais pas suffisamment pour ne plus être dans les bras l'un de l'autre, ils s'embrassèrent. Hermione sentit alors ces sensations familières, elle se savait à présent chez elle.
« Comment tu te sens ? »
Elle avait voulu lui poser la même question mais, une fois n'est pas coutume, le rouquin l'avait pris de vitesse.
« Ça va beaucoup mieux maintenant que tu es là. »
Il la serra un peu plus contre lui, approchant son visage du sien simplement pour pouvoir la sentir près de lui. Fred faisait ça régulièrement avant, lorsqu'ils avaient encore l'occasion de passer plus de temps ensemble.
« Tu m'as tellement manqué. »
Hermione l'embrassa et ils allèrent tous les deux s'asseoir sur le lit. Ils se prenaient naturellement la main, dégustant le plaisir de retrouver l'autre.
« Et toi, comment tu te sens ?
-Pour la première fois de ma vie : complètement impuissant.
-Ta radio est utile pour beaucoup. »
Fred haussa les épaules et la prit dans ses bras.
« J'aimerais tellement être avec toi. »
Hermione s'en voulait de le laisser ainsi. Seul, il se trouvait en proie à la peur de la perdre, de ne plus jamais la revoir, de ne plus jamais la serrer dans ses bras. Et sans avoir une chance de pouvoir faire quelque chose pour empêcher ça. Elle savait qu'à sa place elle ne le supporterait pas.
« Tu m'as énormément manqué, comme toi seul peux le savoir, mais tu sais que tu ne peux pas venir. »
Ses mots lui écorchaient la gorge, cependant Hermione préférait lui infliger cela plutôt que de l'imaginer courir les risques qu'elle prenait avec ses amis.
« Je pourrais être utile, je pourrais...
-Fred, tu sais comme moi que ce n'est pas ton rôle. »
Elle s'était redressée, ils se regardaient dans les yeux. Fred baissa alors le regard, le porta à son bras et releva délicatement sa manche. Hermione voulut l'en empêcher mais il insista. Elle jeta un regard au mur, mécontente, et quand elle revint vers lui, elle s'aperçut qu'il serrait les mâchoires. Il passa alors ses doigts sur les lettres à peine cicatrisées. La sensation n'était pas agréable mais elle ne ressentait aucune douleur. Ensuite, il releva les yeux vers elle. Hermione savait ce que voulait dire son regard. Mais elle savait aussi qu'il ne la ferait pas changer d'avis.
« C'est exactement pour t'éviter de recevoir la même chose que je ne veux pas que tu viennes.
-Hermy...
-Non, Fred ! Je sais que c'est injuste de ma part de te demander ça, et je sais qu'en situation inverse moi-même je ne t'écouterais pas et te rejoindrais. Mais je ne te laisse pas le choix. Il est hors de question que je te laisse connaître... ça. »
A sa plus grande surprise, il ne répondit rien. A la place, il délaissa son bras, ne rabaissant pas même la manche, et prit son visage entre ses mains. Il approcha alors leur front et il ferma les yeux. Hermione les garda ouvert. Elle voulait voir son visage, encore. Elle voulait, encore, mémoriser chacun de ses traits. Elle voulait se souvenir de lui à jamais, encrer dans son esprit chaque grain de sa peau, chaque petit pli, chaque tâche de rousseur. Elle voulait pouvoir le faire apparaître dans ses rêves, même si cela la faisait pleurer. Ce manque-là avait était l'une des choses les plus insupportables à gérer.
« Je me battrais pour toi.
-Fred...
-Hermy, je me battrais pour toi quand le moment sera venu. »
Il fermait toujours les yeux.
« Je vais te laisser partir une fois encore. Tu sais bien que ce n'est pas de bon cœur. Mais je t'en prie, je t'en supplie, reviens-moi vivante. »
Elle l'embrassa alors pour ne pas lui répondre. Hermione ne faisait jamais de promesse qu'elle n'était pas sûre de pouvoir tenir. Et alors qu'une perle salée coulait sur chacune de leurs joues, quelqu'un frappa à la porte pour annoncer le nouveau plan et la date de départ. Ils avaient tous les deux les yeux fermés, car c'était plus facile pour eux de ne pas voir la détresse chez l'autre. Il était plus facile pour eux de ne pas y faire face de cette manière. Même si, ils le savaient, le départ n'en serait que plus douloureux.
Fin
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