Tu es vivant
N.D.A. : Bonne lecture.
- - - - -
Je suis si heureux. Plus encore que l'annulation des examens lors de ma quatrième année, plus encore que de voir Ombrage prise au dépourvu d'une de nos farces, plus encore que de voir maman finir par capituler et accepter notre choix de carrière avec Georgie. Cette fille, cette incroyable fille, est capable de faire de moi l'homme le plus heureux du monde. Je me sens si serein avec elle, si léger, et j'ai tellement envie de prendre soin d'elle. Je veux qu'il ne lui arrive rien, ça m'a toujours fait mal de la voir contrarié ou, pire, blessée. J'ai toujours bien aimé Harry, c'est un garçon sympathique, mais parfois je lui offrirais bien mon poing en guise de représailles pour causer tant de soucis à Hermione.
Hermione... Je viens d'embrasser Hermione. Je viens, en quelque sorte, d'officialiser notre couple. Cela fait des mois que je lui donne clins d'œil sur sourire, que je propose mon aide pour tout ce dont elle peut avoir besoin. J'ai lu des livres pour elle, j'ai assisté à mes cours pour elle, j'ai arrêté d'avoir des retenus pour elle. Devant tant d'efforts, elle n'a pu que constater ma bonne foi. Mais surtout, nos moments en solitaire où rien ne pouvait contredire ce qu'il se passait entre nous. C'est vrai qu'il n'est pas facile de passer après Viktor Krum, mais je crois bien qu'elle m'a offert des sourires plus convaincants qu'elle ne lui en a fait. Je ne veux pas me jeter des fleurs, mais Hermione est tombé amoureuse de moi !
Nous venons juste de nous séparer. Nous venons de nous embrasser, de nous sourire et je me serais bien moqué gentiment du rougissement de ses joues si les miennes ne s'étaient pas trouvées dans le même état. J'ai l'impression de flotter. Plus encore que le baiser en lui-même, c'est tout ce qu'il signifie qui me met dans cet état.
Je me dirige vers mon dortoir, je n'ai pas cours, et je compte plus ou moins lire mon manuel de potion. Je sais très bien que je ne serais pas concentré. Je m'imagine garder ce secret pour moi jusqu'au lendemain matin et raconter en une phrase ce qu'il s'est passé à l'instant à mon frère. Je souhaite garder les détails pour moi, il comprendra. Je sais aussi que je vais guetter l'entrée de la Grande Salle lors du dîner et que je ne vais pas cesser de lancer des regards et des sourires à ma petite amie. Je suis déjà pressé de la revoir même si je me sens capable de patienter deux heures. Et mon étourderie me fait percuter quelqu'un.
J'ai à peine le temps de me reculer pour m'excuser que la personne en face de moi me prend dans ses bras.
« Fred... »
Avant même de reconnaître la voix, c'est l'odeur qui m'indique l'identité de la personne. Un énorme sourire se forme sur mes lèvres malgré moi :
« Je te manque déjà ? »
Hermione se recule et je remarque qu'elle ne porte pas les mêmes vêtements qu'à l'instant. Elle porte un pull trop grand pour elle et un pantalon qui lui fait des jambes superbes. C'est la première fois que je vois ces vêtements. Mais le plus étrange, c'est elle. Son visage semble plus... vieux. Elle n'en est que plus belle, il n'y a aucun doute là-dessus, même si elle resplendirait sûrement encore plus si elle souriait. Mais ses yeux son tristes et j'ai l'impression que ce sentiment l'a noyé pendant des années.
« Hermione, tu... »
Elle semble soudainement alertée. Elle observe les alentours, comme paniqué. Elle me prend alors la main et m'entraîne vers un passage secret, celui qui se trouve derrière la statue de Gregory le Hautain. Ce matin encore j'étais persuadé qu'elle n'en connaissait pas l'existence. A peine sommes-nous enfermés que ses mains s'emparent de mon visage et elle m'embrasse. C'est un baisser étrange mais passionné. Hermione semble avide, elle donne à cet échange une impression de nécessité. Ses lèvres sont un peu abîmées, mais au fur à mesure que les miennes les caresse, elles semblent guérir. Quand on se sépare, je remarque qu'elle est un peu plus grande de quelques centimètres. Elle porte une main à sa bouche, elle a les larmes aux yeux.
Je me rapproche un peu plus d'elle, posant mes mains sur sa taille. Je fais passer mon pouce sur sa joue, attristé de la voir dans cet état.
« Hermione, qu'est-ce qu'il se passe ? »
Je suis un peu perdu, mais la voir ainsi me désempare totalement. Plus que tout, je veux savoir ce qui la rend si triste et je veux tenter d'y remédier.
« Hermy... »
Je crois que c'est le mot de trop car un sanglot éclate soudainement. Ses genoux rejoignent le sol et je m'assois à ses côtés. Je la prends dans mes bras alors qu'elle s'agrippe à mon dos et me sert fort contre elle. Hermione pleure et ça me déchire le cœur.
« Tu m'as tellement manqué... »
Sa voix est complètement écorchée par ses larmes. Je ne comprends pas pourquoi elle me dit ça.
« Je suis là, ne t'en fais pas... »
Un nouveau sanglot éclate, ce qui me fait penser que j'ai dû dire une bêtise. Je ne peux pas dire que mon premier jour en tant que petit ami soit un franc succès.
« Il était si mal que ça, notre premier baiser ? »
Je viens de tenter une plaisanterie, je réussis à la faire sourire. Elle commence même à rire mais son rire se mélange à sa tristesse et la voilà de nouveau en train de pleurer.
« Hermione... »
Elle pose son visage dans mon cou. Je sens ses larmes contre ma peau et cela me fait un effet bizarre. Personne n'avait jamais pleuré à cet endroit, la sensation n'est pas désagréable, ce qui est désagréable c'est de savoir qu'elle pleure et que je ne réussis pas à sécher ses larmes.
« Hermione, dis-moi ce qu'il y a. »
Elle prend quelques minutes à calmer sa respiration. Ses cheveux sont attachés dans un chignon décoiffé, je ne l'avais jamais vu ainsi. Elle se recule et ses yeux brillent encore de toute la tristesse du monde. Elle essuie ses joues avec sa manche et elle finit par me regarder. Je sens que c'est dur pour elle de ne pas continuer à pleurer, mais elle a finalement la force de retenir ses sanglots pour me parler.
« Je ne devrais pas être ici. »
Sa respiration fait quelques sursauts, dû à sa crise de larmes. Mes mains ne la lâchent pas, je veux qu'elle sache que je suis là pour elle. C'est aussi pour ça que je décide de ne pas l'interrompre.
« Fred, c'est tellement dur sans toi. »
J'ai très envie de protester mais elle se met à parler sans s'arrêter. Je n'ai jamais su comment elle faisait. Elle est capable de déblatérer toute une thèse, avec argument et contre argument, sans reprendre sa respiration une seule fois.
« J'aurais tellement aimé que tu sois plus égoïste. J'aurais tellement aimé que tu te sois trouvé ailleurs. Je sais que je prends trop de risques en venant ici mais c'est trop dur sans toi. Comment je peux faire, Fred ? Comment tu ferais si tu venais à perdre la personne qui t'est le plus cher au monde ? »
Ses yeux se détachent des miens. Elle pleure de nouveau et se blottit dans mes bras. Je la serre contre moi, le regard perdu dans le vide, la bouche légèrement ouverte. Je ne sais pas exactement ce que tout cela signifie, mais ce n'est pas agréable. Ce n'est pas agréable du tout de voir Hermy dans cet état. Je ne peux rien faire, j'ai vraiment l'impression que je ne peux rien faire, et pourtant je sais qu'elle est venue jusqu'ici parce qu'elle savait que je pouvais l'aider. Je ne sais pas exactement d'où elle vient, mais je sais qu'Hermione n'aurait jamais prit autant de risques si elle ne comptait pas sur moi en cet instant précis. Pourtant, le sentiment d'impuissance est bien présent et j'ai l'impression de n'avoir jamais connu une aussi grande douleur.
« Hermione, je suis là pour toi. »
Elle commence à vouloir reculer et protester. J'en profite pour planter mon regard dans le sien et, mes mains sur ses bras pour être certain qu'elle ne se détourne pas, je continue :
« Je tiens à toi plus que tu ne peux l'imaginer, et je sais que je compte pour toi aussi. Je vais faire attention à moi, mais par-dessus tout je vais prendre soin de toi.
-Fred...
-Je t'aime Hermione. Je t'aime comme un dingue. Tu me rends si heureux. Et je sais que je peux te rendre heureuse. C'est suffisant, tu ne trouves pas ? »
Ses larmes menacent encore de couler. Néanmoins, rien ne se passe.
« Je ne sais pas ce qui va se passer par la suite, et au fond peu importe. Le plus important c'est l'instant présent. Je t'aime Hermione, et je ne cesserais pas de te le redire. Je sais que tu es forte, et ça ne va pas m'empêcher de te rendre un peu plus... légère. Je veux réussir à rendre tes pensées plus joyeuses, moins responsables. Je veux réussir à te détendre.
-Et tu as réussi. »
Elle se blottit de nouveau dans mes bras.
« J'avais simplement oublié. »
Je souris. Hermione me donne chaud au cœur. J'ai réussi quelque chose, quelque chose qui me tient à cœur, et je ressens maintenant de la fierté. Elle se décale de nouveau et sort sa baguette magique. Je l'observe, elle la pointe vers moi.
« Merci Fred. Pour tout ce que tu m'as donné. Je ne cesserais jamais de t'aimer, moi aussi. »
Je souris mais malgré moi mes larmes menacent de couler. Je sais ce que tout cela signifie, je l'ai su dès qu'elle a commencé à parler. Je ne voulais simplement pas y croire. Je ne veux pas croire que ce que nous vivons elle et moi puisse s'arrêter un jour. Mais je sais que j'avais une raison de faire ce que j'ai fait, cela rend la chose un peu plus supportable. Cependant, je sais aussi que je ne pourrais pas continuer à vivre comme ça, en sachant ce qui nous attend. Je ne pourrais jamais profiter pleinement de nos moments sans penser à Hermione en pleure, avec des cernes aussi marqués sous les yeux, avec ses mains qui s'agrippent autant à moi. Alors c'est pour ça que je lui en suis reconnaissant. Reconnaissant de ce qu'elle s'apprête à faire.
Je m'apprête à lui dire combien je l'aime, je m'apprête à lui dire mille et une belle phrase sortie tout droit de mon cœur pour lui insuffler du courage, mais je n'en ai pas le temps. Elle a prononcé sa formule et je sens déjà les souvenirs qui s'évaporent. C'est une drôle de sensation. Je sais qu'elle... Qu'est-ce que je fais là ?
Je regarde autour de moi. Je me trouve dans le passage secret de Gregory le Hautain. Je suis tellement étourdit par mon baiser avec Hermione que j'en viens à me tromper de chemin. Je sors du passage secret. Heureusement que personne ne m'a vu, George m'en aurait voulu. Ça me fait penser que j'emmènerais peut-être Hermione ici ce soir, pour lui faire découvrir ce petit coin secret. J'espère qu'elle aimera.
Je me sens d'un seul coup observé et je me retourne. Le Hautain me toise et je comprends que j'ai intérêt à retourner dans mon dortoir si je ne veux pas finir fou avant le dîner. Je suis souvent tête en l'air, mais je n'ai jamais été aussi distrait. Hermione possède un très grand pouvoir sur moi. J'espère tellement pouvoir la rendre heureuse le plus longtemps possible. Et je sais que c'est possible.
Fin
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top