L'Intendance (2)
Thorn contemplait la femme qui était en train de le réprimander.
Cela ne lui arrivait pas souvent. Il voulait dire, de se faire disputer.
Une fois adultes les hommes se dissimulent sous les sarcasmes, les faux sourires et l'ironie.
Plus personne ne dit vraiment ce qu'il a sur le cœur.
Et c'était encore plus vrai pour lui, car toute la cour le craignait et le détestait en même temps.
Pourtant, elle, elle se fâchait contre lui sans prendre compte des titres, des hiérarchies et de tout ce qui le faisait se tenir à l'écart des autres en temps normal. Et ça le perturbait.
Un peu plus que cela même.
Ophélie dût le remarquer, car elle interrompit sa série d'insultes.
Ou peut-être qu'elle attendait juste des explications, sur le fait qu'il venait de lui transmettre un télégramme de sa famille affolée et sans nouvelles depuis plusieurs mois.
« - Ce n'est pas moi qui ai malencontreusement égaré toutes ces lettres, maugréa-t-il.
- Alors qui s'amuse à intercepter notre courrier ? »
Elle avait l'air vraiment fâchée, et cela le rendait nerveux. Son pouce ne finissait plus de jouer avec le couvercle de la montre à gousset.
« Je l'ignore, mais cette personne est douée. Le contrôle des voies postales compte parmi les attributions de ma fonction. Sans ce télégramme, je n'aurais jamais été alerté de ces disparitions »
Un nouveau claquement de montre, puis le silence.
Cet entrevu devenait de plus en plus désagréable.
« - Me donnez vous la permission de le lire ?
- Je n'en suis pas le propriétaire. Vous n'avez pas à me demander la permission.
- Vous l'avez touché en dernier. Je ne peux pas faire autrement que vous lire au passage. »
Ah. Oui, effectivement. C'était un peu contrariant. Thorn n'était pas vraiment du genre à se préoccuper du regard qu'elle porterait sur ses pensées, mais qui aurait envie qu'on lise dans son esprit ?
« Le cachet du télégramme est authentique. Je doute que ce soit un faux, si c'est ce qui vous inquiète. »
Thorn posa ses yeux sur elle. Il ne lui prêtait pas des intentions mauvaises, elle n'était pas assez futée pour ça. Toutefois, l'idée qu'elle puisse accéder à ses pensées le mettait mal à l'aise.
Autant lui faire passer l'envie de vérifier l'authenticité de cette lettre.
« À moins évidemment que ce soit ma parole que vous remettiez en cause. Ne chercheriez vous pas plutôt à me lire moi ? »
Ophélie secoua la tête.
« Vous me surestimez. Un liseur ne pénètre pas la psychologie profonde des gens. Ce que je peux capter, c'est un état d'esprit passager, ce que vous avez vu, entendu, ressenti au moment de manipuler l'objet, mais je vous assure que ça reste superficiel. »
Thorn pesa le pour et le contre jusqu'à ce qu'elle le fasse trancher sur la question.
« - Quelqu'un joue avec ma correspondance, soupira-t-elle, je ne peux plus courir le risque de me faire manipuler.
- Vous avez ma permission.
Il avait rangé la montre, mais ses longs doigts continuait de la tourner et la retourner dans sa poche.
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