L'intendance

La journée se terminait, quand l'intendant du Pôle entendit des bruits semblables à des coups contre une porte. Cela venait de la salle d'attente de son bureau. Encore un aristocrate venu se plaindre de choses dérisoires ?
Thorn avait mieux à faire. Il se concentra sur les derniers dossiers qu'il avait à traiter avant le lendemain, mais le bruit ne cessait pas, et comme pour l'énerver, des cris étaient venus s'ajouter. Dans un dernier tic-tac de montre agacé, il se dirigea vers la cause de son dérangement.

« Et bien que vous arrive-t-il ? »
Le secrétaire lui répondit piteusement :
« Oh, monsieur est descendu ? Que monsieur ne se dérange pas, ce n'est qu'un petit malotru dont je m'en vais botter le train »
Thorn passa la tête dans l'entrebaillement de la porte, qui était décidément trop petite pour lui, pour découvrir un valet aux cheveux noirs et aux traits effacés à l'air contrarié.
Ah oui. Bien sûr. Ophélie. Il l'avait presque oubliée. Façon de parler, il n'oubliait jamais rien.
« C'est le coursier de ma tante, grinça-t-il. »
Thorn eut presque pitié du secrétaire qui se décomposa dans une série interminable d'excuses et de « monsieur ». Il indiqua d'un mouvement de menton au valet qui attendait toujours devant la porte de le suivre, puis régla les dernières formalités avec le secrétaire qui finit par se retirer.

Après une longue montée dans l'ascenseur qui conduisait à l'intendance, accompagné d'un silence pesant et des raclements de gorge d'Ophélie, la cabine s'arrêta.
Thorn entra dans son bureau, et referma la porte derrière lui.
« Vous pouvez vous exprimer sans crainte ici »
Il débarrassa de sa veste, et porta son regard sur la silhouette qui se collait son nez sur la vitre de l'unique fenêtre de la pièce.
Thorn songea qu'il allait devoir la désinfecter après.
Il arpenta la pièce pour rejoindre son bureau. Il était froid, austère, comme lui. Comme son cœur. C'est du moins ce qu'il pensait avant de rencontrer cette petite animiste qui avait le don de le perturber. Un peu plus que cela même.

« Sur quoi donne cette fenêtre ? » Thorn sursauta.
Sa petite voix l'avait tiré de ses réflexions. Il reprit ses esprits avant de répondre :
« - Le dehors.
   - Le véritable dehors ?
   - En personne.
Il la regarda se percher sur le canapé comme une petite fille et
regarder avec émerveillement à travers la vitre.
« Depuis quand n'ai je pas vu le ciel ? »
Elle avait pensé à voix haute.
Il retint un sourire, et resta silencieux pour ne pas l'embarrasser. Tiens, depuis quand faisait il attention aux autres, comme ça ?

La sonnerie stridente du téléphone de l'intendance brisa ce tableau paisible. Thorn fronça les sourcils, décrocha, et entendit à l'autre bout du fil la voix nasillarde d'un fonctionnaire qui voulait le prévenir d'une réunion qui serait avancée. Il raccrocha après une couche de politesse pour cacher ce qu'il pensait vraiment de lui. Ce que les gens pensaient vraiment de lui. Le bâtard, le pestiféré qui n'avait pas sa place à la cour.
Une petite main posa le sceau, qu'il avait délibérément oublié pour provoquer une rencontre, devant lui. Il ne leva pas la tête pour la regarder en face.
« Votre initiative n'a pas enchanté votre tante »
Après un raclement de gorge, la voix continua :
« Et pour être tout à fait franche, je ne l'ai pas tellement appréciée non plus. N'aurait-il pas été plus simple de téléphoner au Clairdelune ? »
L'intendant daigna enfin relever son grand nez vers la voix.
« Les lignes de la Citacielle ne sont pas sûres. Et puis, ce n'est pas à ma tante que je voulais parler. »
« Dans ce cas, je vous écoute »
Thorn aurai pu tout lui expliquer et mettre fin à cet entrevu inconfortable, mais il pris son temps. Juste... savourer l'instant.

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Plus de 600 mots waaw ^_^
Je suis trop fière de moi.
Juste pour préciser, l'œuvre originale est de Christelle Dabos.
Je sais pas si vous avez repéré le chapitre, c'est dans le tome 1 quand Ophélie est au Clairdelune (désolée si c'était ambigu) du pdv de thorn !!
Je vais sûrement faire une partie 2 sur le même chapitre mais pas pour tout de suite UnU.

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