Drago regrettait. Il regrettait tellement! Comment avait-il pu proposer une chose pareille? Alors qu'onze heure se rapprochait dangereusement, il ne pouvait qu'espérer que Potter change d'idée et ne vienne pas. Toucher ses jambes..! Il rougit juste à l'imaginer. Valait mille fois mieux affronter Pansy que Potter. Il avait mal choisit son camp.

Harry regrettait. Oh oui, il regrettait terriblement! Comment avait-il pu se faire avoir par un coup aussi bas! Et puis, Malefoy ne tiendrait probablement pas sa promesse. Il s'était fait avoir comme un débutant.

Onze heures tapante... il devait se décider: planter un lapin au joli blond ou y aller et risquer à la fois une journée extrêmement gênante et... et quoi? Il ne savait même pas ce qui était pire: que Drago ne tienne pas sa promesse et ne se moque de lui, ou qu'il tienne sa promesse et qu'Harry ne renforce encore davantage sa réputation de pervers qui avait déjà fait le tour de Poudlard en une semaine? Après tout, rien n'empêchait Malefoy d'aller le dire à toute l'école ni même d'empirer les faits. Il soupira longuement, puis se décida à aller rejoindre l'agaçant petit serpent. Il pourrait toujours lui dire après qu'il avait changé d'idée pour cette histoire de jupe.

— Tu es en retard Potter, pesta le blond lorsqu'il le rejoignit finalement.

— D'à peine quelques minutes! Bon, on y va ou pas?

Drago fit une drôle de grimace, les dents serrées et les sourcils froncés de dégoût avant d'hocher la tête avec peu d'enthousiasme. Harry ne put s'empêcher de pousser un énième soupir. La journée s'annonçait longue en plus d'être gênante, quand soudain, des petits doigts fins se glissèrent dans sa main et l'agrippèrent d'une poigne confiante. C'était feint naturellement, car à l'intérieur il sifflait comme une bouilloire qu'on avait oublié d'éteindre.

Ils passèrent la journée ainsi, à déambuler dans les rues de Pré-au-Lard en se tenant la main sous les yeux ahuris de presque tous les élèves qu'ils croisaient. Ils allèrent chez Honeydukes et Zonko, arrêtèrent également dans une boutique que le brun ne connaissait pas afin d'acheter quelques vêtements hors de prix pour Malefoy.

Lorsque la faim se mit à les tenailler, ils optèrent d'un commun accord de se rendre aux Trois Balais où ils pourraient aussi commander de la bière au beurre. Le serpentard ronchonna parce que celle-ci n'était pas réellement alcoolisée. Harry en profita pour proposer innocemment que lorsque l'année scolaire serait terminée, ils pourraient aller dans un vrai bar. Le « ensemble » était sous-entendu, mais le blond se contenta de lui lancer un regard confus. Somme toute, sur le plan conversationnel, ils avaient assez peu échangé et le gryffondor sentit le peu d'espoir qui lui restait lui échapper. Alors Malefoy n'était pas du tout intéressé par lui...

— Drago? Je commence à être un peu fatigué, tu veux rentrer?

— Okay...

L'air décontracté de Potter le fit trembler d'appréhension. Est-ce que c'était maintenant le fameux moment..? Chaque fibre de son corps se tendit lorsqu'ils quittèrent les Trois Balais. Le brun tenta d'instaurer une conversation banale sur le chemin du retour, mais ses réponses monosyllabiques le découragèrent rapidement. Il laissa tomber; le silence les enveloppa jusqu'à ce que le château ne soit plus qu'à quelques mètres devant eux.

Lorsqu'il entrèrent, Harry ne trouva pas la force de dire quoi que ce soit et voulut simplement se diriger vers la tour gryffondor; or, le blond l'attrapa fermement par le poignet et le tira vers les cachots. Le cœur de ce dernier commençait à s'activer un peu trop vite et il espérait que le bruit de leurs pas couvrirai celui des battements effrénés dans sa poitrine. Ils croisèrent de rares serpentards dans les couloir qui leur jetèrent de drôles de regards. Ce fut pire quand ils passèrent par la salle commune pour monter aux dortoirs. Les chuchotements autour d'eux se faisaient de moins en moins discrets.

Drago fit tout son possible pour les ignorer, mais une pensée refusait de le quitter: qu'allait-on raconter dans la grande salle le lendemain? Il pouvait parier qu'une rumeur qu'il avait couché avec Potter se répandrait comme une traînée de poudre. Merlin, et dire que tout ça était la conséquence d'un simple pari perdu!

— Sinon, pourquoi t'es plus avec Weasley fille? demanda-t-il alors en se rappelant la raison précise pour laquelle il avait perdu son pari.

Ils entrèrent dans le dortoir vide et d'un coup de baguette, Malefoy verrouilla la porte derrière eux.

— J'aime bien le roux, mais récemment, j'ai découvert que je préférais le blond.

Il s'étouffa avec sa salive sous les yeux amusés du stupide gryffondor.

— Pardon?! s'écria-t-il d'une petite voix aiguë qui fit fondre Harry.

Embarrasser son ancien ennemi était hors de tout doute, une activité qu'il trouvait follement palpitante. Il en profita pour s'asseoir sur un des lits, qu'il soupçonna fortement être celui de Malefoy, car c'était le mieux fait.

— Donc... tu vas mettre une jupe ou pas finalement? T'es pas obligé, hein? se sentit-il obligé de préciser. Je peux juste partir maintenant et on oublie tout ça.

Le serpentard considéra cette option un instant. Si Potter partait maintenant, il n'y aurait pas de rumeur comme quoi ils avaient couché ensemble et il aurait accompli le gage de Pansy jusqu'au bout... Toutefois, sa fierté de Malefoy l'empêchait de revenir sur sa parole. Quand on promettait quelque chose, revenir dessus était lâche. Et Drago avait déjà été suffisamment lâche dans sa vie.

— Non, s'entendit-il répondre. Reste ici.

Il s'empara de la jupe que Pansy lui avait si gentiment prêtée et partit s'enfermer dans les toilettes. Il prit plusieurs respiration pour s'inventer un courage qu'il n'avait assurément pas, enfila le vêtement beaucoup trop court à son goût et ressortit sans oser jeter un seul regard vers Harry.

Celui-ci se sentit virer la même couleur que Drago, soit un rouge écarlate assez prononcé. La jupe lui allait toujours aussi bien, épousant sensuellement la forme de ses hanches et révélant ses longues jambes minces et pâles. Cette fois pourtant, il la portait juste pour lui et cette pensée attisait beaucoup trop son désir pour qu'il ne puisse garder son calme.

Timidement, le blond s'approcha et vint s'asseoir à côté de son ancien ennemi, proche, si proche que leurs cuisses se touchaient. Harry eut l'impression que son corps allait prendre en feu avec cette proximité. Il pouvait même entendre leurs pouls, tout aussi rapides l'un que l'autre.

— Aller vas-y, lâcha Malefoy, l'air pressé d'en finir.

— Hein?

Agacé, il attrapa la main du gryffondor et la posa brusquement sur sa jambe dénudée.

— Je tiens mes promesses, expliqua-t-il toujours sans regarder le brun.

Ce dernier laissa traîner doucement ses doigts sur la peau infiniment douce, puis murmura l'air dépité:

— J'ai déjà une réputation de pervers; ça va pas s'améliorer...

— Je vais pas le dire à toute l'école! s'indigna Drago.

Il se figea soudainement alors que la main d'Harry remonta le long de sa hanche par dessus la jupe et poursuivit jusqu'à son visage qu'il prit dans le creux de sa paume avec douceur. Il se mit paniquer. Qu'est-ce qui était en train de se produire..?! Potter se pencha vers lui, l'obligeant à reculer pour éviter son regard mille fois trop vert.

— Est-ce que je peux t'embrasser, demanda-t-il, son souffle à quelques centimètres à peine de ses lèvres.

Le serpentard détourna la tête, ayant l'impression qu'une tornade venait de se déclencher dans son ventre. Il voulait dire non; il devait dire non! Mais il pouvait respirer l'odeur d'Harry qui n'était étonnement pas si désagréable et il se sentait emprisonné, acculé, à moitié allongé ainsi sous le gryffondor. Certainement, ça aurait dû le répugner... pourtant, ça l'excitait un peu.

— Je ne le dirai pas au reste de l'école, ajouta le stupide balafré en se mettant à jouer avec ses cheveux dans une tentative ridicule de le rassurer.

Il était un Malefoy, il n'avait pas besoin d'être rassuré!

— Okay...

Merlin, pourquoi j'ai accepté!? s'affola-t-il intérieurement juste avant que leurs lèvres n'entrent en collision. Aussitôt, son corps s'électrisa de surprise, avant de se détendre subitement, séduit malgré lui par le baiser du brun. Ça demeura chaste; quelques petites pressions douces contre ses lèvres auxquelles il répondit malgré lui. Ce n'était vraiment pas si désagréable que ça... vraiment pas du tout.

Ravi que son joli blond ait répondu à son baiser, Harry ne put s'empêcher de le surplomber un peu plus, sa main gauche s'égarant vers la cuisse laiteuse qui l'attendait. Il approfondit l'échange, tirant un gémissement à Drago qui le repoussa alors doucement.

— Harry..!

Celui-ci déposa un énième baiser au creux de son cou.

— Est-ce que j'ai la permission de t'embrasser encore une prochaine fois? s'enquit-il en chuchotant comme s'il s'agissait d'un secret.

Le serpentard s'agita sous lui tandis que ses joues se coloraient d'une teinte plus foncée.

— Si tu veux...

Le brun s'humecta les lèvres lentement, goûtant la saveur de celles de Drago qui s'y trouvaient encore.

— Mmh, tu peux être sûr que j'en ai toujours très envie, avoua-t-il, l'air taquin avant de se jeter à nouveau sur les deux jolies lèvres roses du blond.