Partie III - Dans le bain

Dans la bibliothèque du Manoir Malefoy, Drago essayait toutes sortes de sortilèges sur Harry afin de découvrir de quel genre de malédiction il aurait pu être victime. Après plus d'une heure, elle était épuisée magiquement et les résultats étaient étranges. En effet, étranges, car ils indiquaient que seulement une partie du sortilège était de la magie noire et que le reste semblait être de la magie ancienne. La jeune fille avait de nombreuses connaissances sur le sujet, mais n'avait jamais entendu parler d'une malédiction qui transforme les gens en loup définitivement. Et puisqu'Harry n'était ni un loup-garou ni un animagius, il était difficile de savoir comment il s'était retrouvé dans cette forme.

Elle se leva alors, chancelante, et prit son petit carnet de notes.

— J'dois parler avec Granger, souffla-t-elle en se passant une main dans les cheveux afin de les coiffer un minimum.

Elle adorait sa nouvelle baguette, mais tous ces sortilèges compliqués ne lui avait pas rendu la tâche facile. Quand elle tenta de quitter la bibliothèque, son loup se glissa devant elle en grognant. Il lui bloquait le passage. La jeune fille haussa un sourcil ahuri, avant de mettre ses mains sur ses hanches, penchant la tête sur le côté, mi-amusée mi-agacée.

— Tu veux pas que je parte? s'enquit-elle, mais sa question était réthorique. Ah, je comprends, tu veux rester poilu et puant pour le reste de ta vie!

Interloqué, il renifla ses pattes, cherchant la fameuse odeur nauséabonde dont elle parlait.

— En général, on sent pas notre propre odeur. Mais j'peux te le dire moi, tu sens le chien mouillé.

— Wouf!

— Ah, donc tu veux redevenir humain? J'vais devoir continuer mes recherches, dommage.

Harry se poussa alors pour la laisser passer, laissant tout de même échapper un faible grognement.

— Sois pas triste, j'vais appeler Weasley.

Elle attendit avec son loup le temps que le roux arrive, puis après une dernière caresse derrière les oreilles, elle laissa les deux hommes ensemble pour aller rejoindre Hermione dans la grande bibliothèque sorcière de Londres.

L'endroit était immense, pour ne pas dire gigantesque. Elle avait presque mal à la tête juste à imaginer devoir poursuivre ses recherches ici. Au Manoir au moins, les volumes lui étaient familiers; elle connaissait leur système de rangement par cœur et c'était vingt fois plus petit!

Heureusement, lorsqu'elle arriva, la brune lui fit de grands mouvements de bras et elle put la repérer facilement au deuxième étage. Elle emprunta le large escalier en colimaçon et trouva Hermione penchée au-dessus d'une dizaine d'énormes volumes qui devaient faire facilement cinq kilos chaque. Ses cheveux étaient si emmêlés que Drago avait honte pour elle. D'un discret informulé, elle leur jeta un sort pour les lisser, mais ce ne fut pas très efficace.

— Malefoy! Alors, tes tests de ce matin? J'ai répertorié plusieurs livres qui pourraient nous aider.

— Oui... je vois ça, on en a pour un mois entier à tous les lire!

— Mais non, à deux ça va aller plus vite.

Elles se mirent donc au boulot, concentrant leurs recherches sur la magie ancienne et comment elle pouvait être jumelée à la magie noire. Par les grandes fenêtres de la bibliothèque, les filles voyaient le soleil baisser de plus en plus vite, mais elles n'avaient aucune piste pour la malédiction. La blonde finit par s'endormir la tête dans un livre et Hermione jugea qu'elles avaient assez travaillé pour aujourd'hui. De toute façon, la bibliothèque fermait bientôt. Elles empruntèrent les livres qu'elles n'avaient pas eu le temps de consulter et rentrèrent.

Le lendemain, ce fut une journée bien similaire, mais elles s'installèrent au Manoir pour continuer leurs recherches, au grand plaisir d'Harry. Vers vingt-trois heures, les garçons trouvèrent à nouveau les filles endormies dans leurs bouquins et le loup émit un grondement désapprobateur. Ron s'occupa de faire rentrer Hermione qui balbutia quelques mots sur la magie ancienne lorsqu'elle se réveilla.

— Oh non, je devais pas m'endormir. Je devais noter... à la page 592, il y avait un passage...

— C'est bon, tu feras ça demain Mione, lui murmura le roux. Tiens j'ai mis un signet, tu perdras pas ta page.

Elle le remercia et il quittèrent par la cheminée.

Harry n'osa pas réveiller sa belle endormie et se coucha à ses pieds. Il se concentra et parvint à mettre magiquement une couverture sur les épaules de la blonde. Rapidement, ils plongea lui aussi dans le sommeil.

Ce n'est que vers deux heures du matin qu'un mal de cou réveilla Drago. Confuse, elle observa d'abord le loup à ses pieds, puis la couverture qui la tenait au chaud. Finalement, ses yeux se posèrent sur la page de son livre qui était restée ouverte sur ses genoux.

Le sortilège de la Belle et la Bête

La Belle et la Bête est un des classiques souvent oublié parmi les sortilèges de magie ancienne et permet de punir quelqu'un en le transformant en bête sauvage. Le seul moyen de contrer le sortilège, comme pour beaucoup de malédictions de ce type, est un amour sincère, exprimé avant une date fatidique, définie par la personne qui lance le sortilège. Passé ce moment, il est presqu'impossible de se débarrasser d'une telle malédiction, à moins d'utiliser de puissants sortilèges de magie noire qui sont souvent très dangereux.

Elle se redressa, soudainement bien réveillée, puis jeta un coup d'œil à Potter. Non, valait mieux ne pas lui donner de faux espoirs. Elle en discuterait d'abord avec ses amis. Avant d'aller se coucher, elle réveilla son loup pour qu'il puisse la suivre jusque dans son lit, essayant de ne pas trop réfléchir à pourquoi elle faisait ça. Enveloppée dans l'étreinte chaude d'Harry, elle dormait toujours plus paisiblement.

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Quand elle papillonna enfin des paupières, bien des heures plus tard, Drago réalisa que ses rideaux avaient été fermés et qu'ainsi, elle ne s'était pas réveillée à son heure habituelle. Un bref sort de temps marmonné d'une voix pâteuse lui apprit qu'il était midi. Elle écarquilla les yeux, n'arrivant pas à se rappeler la dernière fois qu'elle avait autant dormi. Ce devait être la faute de ce stupide Potter, pensa-t-elle, vaguement agacée.

Elle prit sa robe de chambre pour se couvrir un peu, car la température était assez fraîche pour un mois de novembre, puis se dirigea lentement vers la cuisine. Par les fenêtres, elle aperçut la pluie battante qui tombait du ciel.

— Salut Malefoy! J'ai continué les recherches ce matin et j'ai trouvé quelque chose d'intéressant.

— Euh... salut. Oui, moi aussi je dois te montrer un truc.

La jeune fille se fit couler un café avant d'aller voir Hermione pour écouter ce qu'elle avait à lui dire. Elle lui parla ensuite du sortilège de la Belle et la Bête qu'elle avait trouvé la veille et le regard de la brune s'illumina.

— Montre-moi le livre, je veux voir!

Elles étaient plongées dans une analyse complexe des différentes malédictions quand la porte menant à la cour s'ouvrit brusquement pour laisser entrer un loup trempé de la pointe des oreilles jusqu'à la pointe de la queue. Les poils de Drago s'hérissèrent sur ses bras tandis qu'elle prenait connaissance des taches de boue qui maculaient désormais le plancher impeccable de son beau Manoir. Elle vit rouge et se mit à lancer toutes sortes de sorts nettoyants et séchants en même temps.

Quant à Harry, dès qu'il l'aperçut, il poussa un jappement de bonheur et se précipita vers elle, sautant sur elle pour lui lécher le cou avec enthousiasme. La blonde poussa un petit cri de surprise, puis perdit l'équilibre et tomba vers l'arrière sur un grand coussin moelleux qui venait d'apparaître mystérieusement. Un coup de Potter assurément!

Au même moment, Ron entra à son tour avec un parapluie et vêtu d'un imperméable. Sous son regard stupéfait, il trouva Drago et Harry dans une très drôle de position et Hermione qui riait à gorge déployée. Elle riait tant qu'elle commençait à pleurer sans pouvoir s'en empêcher. Elle qui était si sérieuse, le nez toujours dans un livre pour telle ou telle raison, riait désormais aux larmes. Autant dire que ce genre de scène n'arrivait pas très souvent.

— Potter! hurla alors Malefoy d'une voix beaucoup trop aiguë. Pousse-toi!

Ses joues avaient pris la couleur d'un coquelicot, tandis qu'Harry cachait sa tête dans le creux de son cou en gémissant doucement sans pour autant la laisser tranquille. Hermione commençait à se calmer, le corps encore légèrement secoué de soubresauts occasionnels.

— Oh mon dieu! T'aurais dû voir ça Ron!

— Arrête de parler et viens m'aider! hurla Drago. Tu vois pas que j'me fait sauvagement attaquer!

— Mmh mmh sauvagement attaquer, sourit Hermione avec l'air quelqu'un qui savait quelque chose qu'elle ignorait. En fait, j'pense qu'on va vous laisser. On va repasser plus tard.

Ron, qui avait été trop choqué pour dire le moindre mot, se contenta d'hocher la tête docilement. Il jeta un dernier coup d'œil aux deux sur le sol, rougit légèrement et s'enfuit presque de la pièce.

En furie d'être ignorée de la sorte, la blonde repoussa le loup de toutes ses forces et se releva alors pour le surplomber. Oh, elle était très en colère.

— Toi, espèce de malpropre! Je vais t'apprendre les bonnes manières!

Il baissa piteusement la tête comme s'il avait le moindre remord. Quel jeu d'acteur! D'un coup de baguette, elle le fit léviter derrière elle jusqu'au bain qui avait déjà commencé à se remplir magiquement d'eau chaude. Elle le fit ensuite redescendre dans la baignoire et lança un sortilège préventif afin d'empêcher les éclaboussures de mouiller toute la salle de bain. Un sourire machiavélique éclaira son visage.

— C'est l'heure du bain, vilain chien!

La jeune fille vida presque la moitié d'un contenant rempli de savon parfumé à la lavande et sortit également une petite brosse pour laver Harry. Elle releva les manches de sa robe de chambre et se mit au travail, en commençant par la tête. En frottant vigoureusement ses longs poils crasseux, elle fit exprès de laisser couler du savon dans les yeux trop verts qui la fixaient sans honte. Sa petite vengeance personnelle. Potter secoua la tête pour chasser le savon de ses yeux, mais ne se plaignit pas. Au contraire, il appréciait le traitement. Il appréciait surtout la vision que Drago offrait: les joues rougies de colère et le décolleté plongeant de sa petite nuisette au niveau de ses yeux.

La blonde finit par remarquer le regard insistant de son loup et, par la même occasion, son habillement révélateur. Elle rougit encore plus, puis dévisagea Harry avec colère.

— Pervers!

Insulté, il tira sur la robe de chambre de la jeune fille et la fit tomber face première dans le bain. Trempée et d'autant plus furieuse, la jeune fille ne savait même plus quelle insulte suffisamment puissante diriger vers ce stupide gryffondor. Pour aggraver son cas, le loup laissa échapper un drôle de son qui ressemblait à ne pas s'y méprendre à un rire. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase.

— J'te jure que tu vas dormir sur le tapis, ce soir! le menaça-t-elle.

Cependant, à l'heure venue, elle ne put tenir sa promesse. Dès qu'elle ferma les yeux, son loup sauta dans le lit et vint se blottir contre son dos. Elle n'eut pas la force de repousser.

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Le lendemain, alors qu'Harry se dégourdissait les pattes avec Ron sous la pluie — encore cette satanée pluie qui faisait des marres de boue partout! — Drago et Hermione eurent une conversation sérieuse et légèrement gênante.

— Malefoy... commença doucement la brune d'un ton incertain. J'dois te dire quelque chose.

Cette dernière se pinça l'arrête du nez. Elle avait l'étrange pressentiment qu'elle n'allait pas aimer ce qu'elle allait entendre.

— Je t'écoute, fit-elle néanmoins l'effort.

— Ce dont Harry est victime, c'est probablement le sortilège de la Belle et la Bête.

— Oui, je suis pas mal sûre aussi.

— Et bien, ça veut dire que quelqu'un doit tomber amoureux de lui pour vaincre la malédiction.

— Tu penses pas... à moi j'espère?!

Le sourire contrit de Granger lui confirma qu'elle avait eu raison.

— En sixième année, poursuivit-elle, il avait une genre d'obsession pour toi... c'était plutôt un crush en fait. Ça s'était un peu atténué avec tout ce qui s'est passé après, mais j'suis sûre qu'il a encore de l'intérêt pour toi, on va dire ça comme ça.

La blonde soupira à s'en fendre l'âme.

— Tu veux que j'sauve Potter.

— Il peut pas sérieusement rester un loup pour toujours.

— Et Ginny? Il l'aimait non?

La grimace qu'elle lui fit était une réponse suffisante.

— Drago, dit alors la brune, utilisant pour prénom pour la première fois. Ça doit être sincère, si tu veux vaincre le maléfice.

Les jours qui suivirent cette conversation parurent tous sous un jour nouveau à son regard. La façon dont Harry la suivait partout et ne voulait pas qu'elle le quitte. Même Ron et Hermione se firent moins présents, les laissant souvent tous les deux. Personne n'était au courant de la situation de Potter, excepté la famille Weasley, ainsi, personne ne venait harceler la jeune fille pour avoir des nouvelles du sauveur. Plusieurs articles paraissent encore, basés sur de simples suppositions, mais il était préférable que son statut de loup reste un secret pour le moment, du moins jusqu'à ce que la malédiction soit levée.

Lorsque la pluie les laissa enfin tranquille, Drago en profita pour aller prendre une longue marche avec Harry. La journée était fraîche mais ensoleillée et le terrain du Manoir était si vaste qu'ils n'avaient même pas besoin de le quitter. La blonde regrettait le vert de la pelouse et les couleurs des fleurs de l'été. Après une heure de marche, ils finirent par s'arrêter sur un banc, près d'un petit lac. Son loup posa la tête sur ses genoux et elle lui gratta l'arrière des oreilles.

— Qu'est-ce que tu penses de moi? demanda-t-elle alors et il redressa la tête et les oreilles pour la regarder.

Pour toute réponse, elle reçut un coup de langue sur la joue et ce qui ressemblait à un sourire. Elle soupira. L'impossibilité de communiquer devenait de plus en plus restreignante.

— Mmh sinon... Potter, t'as fait quoi avec euh, t'sais, ceux qui ont essayé, euh... de me tuer..?

Son loup montra les dents et grogna, l'air menaçant.

— Tu les as... tués?

Il secoua la tête, mais montra à nouveau les dents.

— J'pense que j'ai compris, soupira-t-elle avec soulagement. Merci...

Cette question l'avait préoccupée ces derniers temps, mais désormais elle pouvait sûrement arrêter de s'inquiéter pour des hommes qui avaient probablement été trop gravement blessés pour retenter quoi que ce soit.

Lorsqu'ils se relevèrent du banc, Harry trottina devant elle et barbouilla dans la terre. Elle voulut le réprimander, car il allait encore être tout sale, mais c'était un cœur qu'il avait dessiné. Elle rougit et fit mine de ne pas l'avoir aperçu.

— Tu vas encore devoir prendre un bain en arrivant, l'avertit-elle d'une voix qu'elle avait souhaité autoritaire.

Il se contenta de se coller sur sa jambe. Il aimait bien les bains avec Drago. Surtout quand elle tombait la tête première dans l'eau, pensa-t-il avec amusement.