*Dans cet OS, les parents d'Harry ont survécu et il n'y a pas de seconde guerre;)
/!\Edit: Cet OS est maintenant disponible en version audio (lien en commentaire:))
Les lumières de la salle faiblissent jusqu'à s'éteindre complètement. La salle accueille les étudiants en musique avec un tonnerre d'applaudissements qu'Harry et ses parents alimentent avec ferveur. D'un mouvement prompt, la cheffe d'orchestre lève sa baguette — pour une fois, il ne s'agit pas d'une baguette magique — et la musique obéit à sa commande, s'élève dans une harmonie parfaite, envahit la pièce de son écho salvateur.
Du haut de ses dix ans, Harry Potter n'a que rarement entendu de la musique classique; il ne s'y connait pas réellement. Mais quand les grands mouvements synchronisés des violonistes débutent une chorégraphie apprise par cœur, il est happé. Son regard balaie la scène avec avidité, captant la silhouette fine et pâle d'un des musiciens.
Le garçon est assis plus loin des autres. Il n'est ni violoniste ni pianiste ni même percussionniste. Non, c'est un harpiste. Son corps frêle et jeune paraît d'autant plus fragile aux côtés d'un instrument qui fait deux fois sa taille. Néanmoins, ses petits doigts habiles caressent les cordes de la harpe avec grâce, avec confiance, avec féerie. Il joue les notes comme une fée sautillerait d'une pierre à l'autre aux abords d'un lac, se suspendant dans les airs une micro seconde entre chaque bond, lui assurant une danse d'une fluidité sans pareille.
Bientôt, le premier morceau s'éteint aussi vite qu'il a pris vie et le joli garçon entame un solo, charmant l'assistance de son talent. Les gens l'ignorent, mais c'est son père qui, en faisant de généreux dons à l'école de musique, lui assure toute l'attention de sa professeure et quelques avantages par rapport à ses camarades. D'ailleurs, ceux-ci sont tous plus âgés que lui et ne lui adressent que peu la parole. Il se tient parmi eux tel un véritable prince des glaces, riche et adulé, mais froid et solitaire.
Le brun est captivé par l'art de Drago, sans savoir pourquoi. Les notes d'abord discrètes et tranquilles de la harpe lui font penser à de minuscules flocons de neige qui valsent au ralentit, comme dans Casse-Noisette. Puis la mélodie s'égaye comme l'envol d'une nuée de papillons dans une clairière paisible. Une tempête dans un verre d'eau.
Le solo se termine et l'orchestre reprend ensemble, illuminant des tas d'autres paysages dans l'esprit en ébullition d'Harry. Il demeure toutefois particulièrement fasciné par le harpiste blond qui pince doucement ses cordes avec amour, une petite moue de concentration s'étirant sur ses lèvres fines. Le concert ne dure pas très longtemps, les élèves arrivant rapidement à court de morceaux à jouer. Ils se lèvent alors d'un seul mouvement et s'inclinent dans le brouhaha des acclamations.
Dans le public, Narcissa et Lucius rayonnent de fierté pour leur jeune fils unique et un peu plus loin, un enfant aux boucles brunes indomptables trépigne de joie. Lily a un sourire amusé; ce n'était pas une si mauvaise idée finalement de faire découvrir la musique classique à leur fils, n'est-ce pas, James? semble vouloir dire son œillade appuyée en direction de son mari. Ce dernier hausse les épaules; vaut mieux ne jamais contredire une femme.
Dès que Drago quitte la scène pour aller rejoindre ses parents, il se fait apostropher entre temps par un garçon aux yeux beaucoup trop verts qui semble avoir son âge. Une mèche folle se soulève sur son front tandis qu'il secoue nonchalamment la tête et la cicatrice en forme d'éclair trahit son identité. Le blond écarquille les yeux d'admiration. Il a devant lui l'enfant qui a vaincu Voldemort lorsqu'il n'avait qu'un an.
— Salut! J'ai vraiment aimé le concert, surtout ton solo, rougit Harry en se triturant les doigts de gêne.
— Oh, merci, balbutie le jeune musicien et c'est à son tour de virer cramoisi. T'es Harry Potter?
— Oui... mais on s'en fou! Toi, comment tu t'appelles?
— Malefoy, répond-il avec fierté. Drago Malefoy, enchanté.
Il lui tend la main et le brun la serre avec un grand sourire.
— T'as quel âge? Tu vas à Poudlard l'année prochaine?
— Oui j'y vais; j'ai dix ans!
— Moi aussi! On pourrait être amis?
L'autre garçon jette un regard incertain vers Lucius.
— Bien sûr, à condition que tu sois riche.
— Quoi?!
Drago sent qu'il vient de faire une gaffe; il baisse la tête et donne un coup de pied dans le vide.
— Laisse tomber... j'espère que tu vas être à serpentard. Moi, c'est là que j'vais aller.
— Comment tu peux être aussi sûr?! Moi mes parents sont allés à gryffondor.
Les deux enfants continuent de discuter et leurs parents finissent par les rejoindre. Lily entame une conversation polie avec Lucius. Narcissa et James demeurent en retrait.
— Maman! s'exclame alors Harry tout enjoué. Regarde c'est Drago, mon nouvel ami!
La rousse le salue avec douceur. Embarrassé d'être mis en avant ainsi, le blond se colle sur la jambe de son père qui lui pose une main sur l'épaule avec autorité.
— Il va être l'heure de rentrer, dit-il en jetant un coup d'œil à sa montre.
La déception sur le visage des deux plus jeunes est immanquable. Constatant leur désarroi, c'est Narcissa qui brise le silence cette fois:
— On devrait inviter les Potter, propose-t-elle.
Et aucun parent ne serait assez cruel pour détruire les étoiles qui se sont allumées dans les yeux argentés et émeraudes à cette idée. Ils acceptent tous un peu à contrecœur et Drago commence déjà à décrire sa chambre et ses jouets à Harry qui s'en émerveille avant même d'arriver à leur destination. Lorsque la façade immense du manoir se dresse finalement devant lui, il est bouche bée de stupéfaction et s'exclame:
— Tu vis dans un château! Tu vis dans un château et tu me l'as même pas dis!
Il sautille dans tous les sens et Lily doit le ramener à l'ordre.
— C'est pas un château, c'est un manoir, précise le petit aristocrate d'un ton supérieur.
Il monte les escaliers, posément, suivi par la tornade brune à ses côtés, jusqu'à la pièce qui lui sert de chambre. Harry en tombe des nues.
— Mais... mais c'est presque aussi grand que ma maison!
Bien qu'aisés, Lily et James préfèrent vivre en banlieue dans une maison tout à fait ordinaire afin d'offrir à leur fils l'enfance la plus épanouie qui soit. Drago croise les bras de fierté. Ses autres amis ne sont pas impressionnés par son manoir habituellement, puisque la majorité d'entre eux en possède un également.
— Oh, c'est ta harpe! Joue-moi encore quelque chose, s'il te plaît!
L'adorable faciès de son nouvel ami s'éclaire à cette demande qu'il ne peut décemment refuser. Il redresse son dos dans une posture parfaitement noble et s'installe sur le petit tabouret face à son instrument. Il se met ensuite à jouer un morceau qu'il a appris auparavant. Le brun se laisse emporter par la mélodie et s'installe sur le lit de son hôte pour mieux apprécier la musique magnifique qui emplit ses oreilles. Il finit par s'endormir, bercé par les notes de la harpe.
☽☽☽
Dix ans plus tard
Allongé sur le dos dans le lit de Drago, Harry écoute son amant qui pince sensuellement les cordes de sa harpe. Il a énormément grandi et l'instrument est plus adapté à sa taille qu'avant. Néanmoins, malgré la maturité qu'il a pris, la délicatesse de ses traits et la finesse de son corps hypnotisent encore autant l'autre homme, comme l'effet de la lumière sur les insectes. Les deux émeraudes scintillantes ne le quittent pas une seule seconde, à son grand bonheur. Le blond n'a jamais cessé d'aimer l'attention sur lui, surtout quand elle provient de quelqu'un en particulier.
Le morceau se termine maladroitement et il s'excuse:
— Ça fait longtemps que j'ai pas pratiqué.
— T'étais parfait, contredit Harry. T'es toujours parfait.
Il rougit légèrement et se relève de son tabouret afin de rejoindre son amant dans le lit. Sans pudeur, il enfourche ses hanches qu'il chevauche désormais avec envie. Il laisse remonter ses doigts le long du torse nu face à lui. Leur nuit agitée de la veille ne l'a pas calmé, au contraire. Le petit sourire en coin du brun lui apprend qu'il a les mêmes pensées.
Tandis que les larges mains de son compagnon agrippent sa taille avec possessivité, Drago se penche au ralentit vers lui, laisse passer le bout de sa langue sur les lèvres rosées avec une fausse nervosité. Son manège l'amuse un moment, mais il l'abandonne rapidement afin d'embrasser finalement Harry. Le baiser s'éternise longtemps, aucun d'eux ne voulant le briser en premier. Ils se sentent déjà tout émoustillés et leurs bassins commencent à onduler instinctivement.
Le brun s'impatiente; il retourne brusquement son joli blond sur le matelas et le surplombe sans cacher sa satisfaction.
— Je vais te faire chanter comme tu fais chanter ta harpe, susurre-t-il contre la nuque pâle.
La promesse plaît follement à Drago. Il plisse les yeux, malicieux.
— Ah oui? J'espère que tu joues aussi bien que moi, le taquine-t-il.
Ils se jaugent un instant du regard, puis se jettent à nouveau l'un sur l'autre avec passion. La conclusion est sans équivoque: Harry est un excellent musicien du corps.
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