Blind date - 1

Installées confortablement dans un café, Hermione et Pansy, amies depuis leur dernière année à Poudlard, discutaient des récents potins ensemble. Hermione n'avait jamais été très intéressée par les rumeurs — souvent fausses — qui circulaient, mais Pansy avait finit par la convaincre qu'on pouvait y trouver un certain divertissement.

Cet après-midi-là cependant, la conversation était sérieuse. En effet, les deux filles parlaient des couples parmi leurs amis et la conclusion était assez déprimante. Outre Ginny et Luna ainsi que Blaise et Théo qui filaient le parfait amour, pour les autres, c'était soit mariés au célibat, soit divorcés. Elles s'étaient mises d'accord pour remédier à la situation, en commençant par les idiots qui leur servaient de meilleurs amis.

☽☽☽

La guerre était terminée depuis sept ans, sept longues années pendant lesquelles Harry avait eu l'impression de nager dans un brouillard un peu flou. Il était d'abord devenu auror, puisque cela semblait être ce que tout le monde attendait de lui. En quatre ans à peine, il avait été nommé auror en chef, une première pour quelqu'un d'aussi jeune. Toutefois, ce titre ne convenait apparemment plus puisqu'on insistait récemment pour qu'il devienne le futur ministre de la magie. La presse n'avait jamais cessé de parler de ses prouesses pendant la guerre et il commençait à en avoir marre. Les gens ne pouvaient-ils pas passer à autre chose? Il était fatigué et son travail l'ennuyait profondément. La vie de héros que décrivait la gazette ne pouvait être plus éloignée de la réalité.

Après une journée particulièrement déprimante durant laquelle Harry avait dû commencer à apprendre les tâches de ministre (ce qui consistait majoritairement à trier de la paperasse et faire des discours vides de sens), Hermione et Ron étaient venus manger chez lui. La présence de ses amis lui avait fait beaucoup de bien, même si elle n'était pas parvenue à chasser toute sa mauvaise humeur qui s'accumulait. Le voyant aussi silencieux et morose, sa meilleure amie avait déclaré, avec un ton qu'on ne devait pas contredire, qu'elle lui organiserait un blind date la semaine suivante. Il avait protesté mollement pendant quelques minutes avant de soupirer, vaincu.

— Est-ce que je peux au moins savoir si ce sera un garçon ou une fille? avait-il osé demander, les yeux suppliants.

— Un garçon, un très joli en plus.

Hermione ajouta aussi que puisque sa popularité insupportable amenait la presse à colporter toutes sortes de rumeurs sur sa vie amoureuse, le garçon arriverait chez lui par cheminée afin de ne pas être vu.

— Euh, il y a aussi autre chose, murmura la brune. Je veux pas qu'il se serve de cette opportunité pour, tu sais, vendre des informations sur toi ou un truc comme ça. Alors... il pourra pas te voir. Ça va être un véritable blind date.

— Hein? Et moi, est-ce que j'pourrai le voir?

— Oui, sinon ça risque d'être un peu difficile. En fait, le but c'est qu'on va pas lui dire que t'es Harry Potter, le grand sauveur. On veut d'abord vérifier s'il s'intéresse à toi en tant que personne. T'as eu tellement de problème avec les fans excessifs ces dernières années, je veux surtout pas empirer la situation.

— Je comprends... même si c'est un peu, intense. Et lui, ça le dérangera pas?

— Si ça le dérange tant que ça, c'est que c'est pas la bonne personne. En tout cas, laisse-moi m'occuper de tous les détails. Sois prêt samedi prochain à dix-neuf heures et habille-toi bien.

— Mais il pourra même pas me voir!

— Peu importe! J'veux que tu fasses des efforts. Tu vis comme un morse échoué depuis trop longtemps.

— C'est pas très sympa ça Mione, lui dit Ron qui avait écouté tout l'échange sans dire un mot.

— Fais attention où j'te case un blind date à toi aussi.

— C'est bon, j'ai rien dit!

La semaine passa à une lenteur d'escargot handicapé. Harry fut forcé de faire un discours interminable sur le progrès d'après guerre et d'autres trucs terriblement ennuyeux. Il avait demandé à Ron de prendre du polynectar et de le faire à sa place, mais son ami avait refusé en lui rappelant que faire ce genre de choses ne l'aiderait pas du tout, au contraire. Il se coucha tôt vendredi, afin d'avoir le temps de cuisiner un bon repas pour le lendemain. Le brun n'était peut-être pas particulièrement doué dans beaucoup de disciplines, or la cuisine était une activité qui lui plaisait. Vers dix-sept heures, il mit le tout au four et se dirigea vers la douche. Il avait prévu de mettre une chemise et un pantalon propre, décidant que la cravate était de trop. De toute façon, le garçon ne le verrait même pas! Il espérait, malgré cela, que ce rendez-vous se déroulerait bien. Hermione avait raison; il était célibataire et seul depuis trop longtemps.

À plusieurs kilomètres de là, dans un petit appartement, Pansy aidait Drago à se préparer. Le blond avait beau prétendre le contraire, il était nerveux! Il devait rencontrer un inconnu aujourd'hui et non seulement il ignorait tout de lui, mais en plus, il ne pourrait même pas le voir! Sa meilleure amie lui avait dit de lui faire confiance et il essayait de son mieux de ne pas douter d'elle. Pansy connaissait assez bien ses goûts, puis dans le pire des cas, il ne s'agissait que d'une soirée. Il pouvait toujours dire qu'il n'était pas intéressé si cela se passait mal.

Après avoir enfilé le costume le plus chic que contenait sa garde-robe, un ensemble blanc et bleu clair, Drago avait consciencieusement brossé ses longs cheveux. Pansy avait insisté pour lui mettre du baume à lèvres ainsi qu'une fine chaîne en argent autour du cou. Elle disait que ça le rendait infiniment plus sexy. Il en doutait, bien qu'il ne la contredît pas. Il ne fallait jamais la contredire; c'était une règle qu'il avait appris à la dure, avec le temps.

Finalement, alors qu'il était prêt à partir, son amie lui attacha un bandeau noir autour des yeux. Il repoussa la sensation étrange qui le prit sur le moment. Le blond avait accepté d'aller à un blind date; il ne s'était pas attendu à ce que soit littéralement ça. Dans tous les cas, sa vie amoureuse était inexistante depuis sa naissance et il devait admettre qu'il n'était pas contre l'idée de rencontrer quelqu'un. Un dernier coup d'œil sur sa personne et Pansy jugea qu'il n'était pas trop moche. Elle le poussa donc dans la cheminée et il cria l'adresse d'une voix claire. Il ne pouvait plus reculer maintenant.

Dix-huit heures cinquante. Harry tournait en rond depuis une heure dans son immense appartement. Son stress l'avait pressé et il s'était retrouvé prêt beaucoup trop en avance. Il sursauta quand la cheminée recracha un sorcier aux cheveux blond platine. Ses yeux étaient recouverts d'un bandeau noir et il regardait un peu partout autour de lui comme si ça pouvait vraiment l'aider à se repérer. Il épousseta religieusement les restes de poussières de cheminée qui avaient eu le malheur de s'accrocher à son costume. Harry se précipita pour l'accueillir et sa mâchoire se décrocha sous la surprise. Devant lui se tenait Drago Malefoy, totalement inconscient du fait qu'il se trouvait dans la maison de son ancien ennemi.

— Bonjour? murmura-t-il en direction de son hôte, légèrement incertain du bon comportement à adopter.

Le brun réagit aussitôt.

— Bonjour, bienvenue.

Il s'empara des doigts de porcelaine de son invité et posa un baiser délicat sur le dessus. Ce dernier rougit d'embarras.

— Je peux te débarrasser de ta veste? proposa ensuite Harry, déployant toute la politesse et les manières qu'il avait apprises.

— Euh, oui. Merci... monsieur.

Harry se figea à l'entente du dernier mot, alors qu'une chaleur inattendue se logeait dans son ventre. Il n'allait pas survivre si Drago devait l'appeler monsieur toute la soirée, en plus de porter un bandeau qui lui cachait la vue. C'était trop... Ça semblait trop inapproprié pour être normal. Devant la gêne évidente de son invité, il se reprit et tendit le bras pour le guider jusqu'à la petite table qu'il avait préparé. Une bouteille de vin trônait au centre et les couverts avaient été soigneusement placés. Le brun n'y connaissait rien en vin, mais on lui avait recommandé celui-là qui se mariait (supposément) bien avec des pâtes. Il espérait que Drago l'aime.

— Tiens, tu peux t'asseoir ici. Je te sers un peu de vin?

— S'il-vous-plaît.

Harry le fit tout en prenant le temps d'admirer à quel point son ancien camarade de classe était beau ce soir. Le temps avait été très clément avec lui, ça c'était sûr. Ses traits altiers et sa posture exemplaire trahissaient ses origines nobles. Quant à ses fines lèvres roses et brillantes, elles ne semblaient que demander d'être embrassées encore et encore. Il posa la coupe pleine dans la main droite du blond, puis toussota.

— Je vais chercher les assiettes dans la cuisine, je reviens. Euh, j'ai fait des pâtes carbonara, ça te conviens?

— C'est parfait. Le vin est excellent d'ailleurs. C'est un vin français, non?

— Oui, bredouilla-t-il, surpris que Malefoy parvienne à identifier la provenance d'un vin uniquement par son goût. Je suis content qu'il te plaise. En espérant que je te plaise aussi, pensa-t-il, avant de disparaître dans la cuisine.

Harry n'était pas au bout de ses surprises. Drago s'était mis à manger sans aucune difficulté, retrouvant facilement son verre du bout des doigts. Il n'avait rien renversé et semblait toujours savoir où se trouvaient ses couverts. Harry en vint à soupçonner qu'il voyait depuis le départ et qu'il se moquait de lui, mais ce n'était que sa grâce naturelle. Après quelques minutes de silence, le blond parla enfin.

— Hum, vu que c'est une blind date, est-ce que, euh, on doit se dire nos noms ou pas?

Le brun eut un moment d'hésitation. Son prénom était assez commun, mais Drago était intelligent et ferait le lien. Il essaya de dévier la conversation pour voir s'il finirait par oublier la question.

— Je sais déjà qui tu es, avoua-t-il. On a beaucoup parlé de ta famille depuis... tu sais.

Il vit son interlocuteur remuer sur la chaise. Ses joues se colorèrent d'une teinte rosée; il était adorable. Jamais Harry n'aurait imaginé penser ça de Malefoy, et pourtant...

— Et ça ne te dérange pas de savoir que, pendant la guerre...

— Non, le coupa-t-il et il était sincère. Je n'aime pas parler de ça de toute façon.

— Moi non plus, sourit alors Drago.

Il terminèrent de manger en parlant de leur travail respectif. Harry se contenta de dire qu'il était auror, même si techniquement ce n'était plus le cas. Quant au blond, il parla longuement de son métier de brasseur de potions.

— On est une petite compagnie et on brasse des potions soit pour des particuliers, pour Sainte-Mangouste, pour le ministère et même pour Poudlard, expliqua-t-il gaiement. On est une belle équipe et notre compagnie fonctionne bien alors j'aime beaucoup travailler là.

Son enthousiasme fit sourire Harry.

— C'est cool, j'achèterai là-bas si jamais j'ai besoin.

La bouteille de vin était maintenant presque vide et son effet sur eux rendait la conversation plus fluide et agréable. Harry débarrassa la table au ralenti, se demandant sérieusement ce qu'il devait faire ensuite.

— Hum, Drago voudrais-tu...

Il s'interrompit soudainement, se trouvant stupide. Malefoy se tendit à l'entente de son prénom avant de baisser la tête, dissimulant sa gêne.

— Laisse tomber.

Si le rendez-vous se déroulait bien, il avait prévu de proposer à son invité de regarder un film, mais avec un bandeau sur les yeux, ce n'était pas vraiment possible. Il doutait également que Drago apprécie ce genre de divertissement moldu.

— Qu'est-ce que tu allais dire? insista pourtant ce dernier.

— Oh euh... je voulais te proposer un film, rigola Harry nerveusement.

— C'est une bonne idée... je veux bien.

— Oh, okay. Viens alors.

Harry prit délicatement la main de Drago dans la sienne et le guida jusqu'au salon où un grand sofa et une télévision étaient installés. Ils s'assirent tout près l'un de l'autre et le brun faillit rougir en sentant leurs cuisses pressées ensemble. Tout cela paraissait bien trop intime, surtout que, Malefoy n'avait toujours pas lâché sa main.

— Hum, qu'est-ce que tu veux... écouter?

Il avait compris que le blond n'avait pas l'intention d'enlever le bandeau.

— Mets ce que tu veux, ça me dérange pas.

Il appuya ensuite sa tête sur son épaule et se mit à glisser doucement ses doigts contre sa paume dans un mouvement lent et circulaire. Harry sentit son corps se réchauffer brutalement. Est-ce que... Drago flirtait avec lui? Il démarra un film aléatoire, mais n'y porta pas attention, se concentrant sur l'adorable garçon blond contre lui.

— Viens ici, murmura-t-il.

Il attrapa ses hanches et le hissa sur ses genoux, essayant de paraître parfaitement sûr de lui. Si Drago voulait flirter, il allait répondre. Celui-ci entoura d'ailleurs ses bras autour de ses épaules, puis enfouit doucement son nez dans son cou. Il pouvait sentir son parfum. Harry remonta une main jusqu'aux mèches claires qui s'écoulaient dans le dos du blond et les caressa tendrement s'imprégnant de leur texture soyeuse.

— J'aime tes cheveux, laissa-t-il échapper.

Le film continuait de jouer, indifférent à leurs rapprochements. Drago lui redemanda son nom une seconde fois, l'air timide. Le brun ne pouvait décemment pas lui refuser encore. Il lui jeta néanmoins un tout petit sort de confusion. Avec tous ses fans qui l'espionnaient à tout bout de champ, Harry était devenu maître dans l'art de jeter des sorts de confusion afin que les gens ne puisse pas le reconnaître. Il se sentait un peu mal de faire ça à Drago, mais il avait trop peur que celui-ci ne s'enfuisse sinon.

— C'est Harry, dit-il alors, en continuant les caresses dans ses cheveux.

— Harry... répéta doucement Malefoy. Merci de me l'avoir dit.

— Est-ce que, euh, tu comptes revenir une prochaine fois?

— Si tu m'invites, susurra le blond, taquin.

— Je t'invite. La semaine prochaine, même heure?

— Je serai là. Est-ce que c'est l'heure que je parte?

— Comme tu veux, mais tu peux rester... jusqu'à demain matin si tu veux.

Drago rougit subitement. Son hôte venait de laisser entendre qu'il voulait passer la nuit avec lui. Ce n'était toutefois pas dans ses plans de base. Jamais dès la première nuit, comme on dit.

— Et si on commençait par s'embrasser, mmh? chuchota-t-il tout contre l'oreille d'Harry.

Il en avait désespérément envie, même s'il ne voyait pas l'homme sur lequel il était assis et que ce dernier était peut-être extrêmement moche. Cela lui tira un sourire. Glissant ses doigts sur le visage qui lui faisait face, Drago y découvrit une peau lisse, une barbe de quelques jours et une paire de lunettes. Il retira ces dernières, puis ce fut Harry qui initia leur premier baiser. Un gémissement aigu lui échappa quand le brun glissa voluptueusement sa langue contre la sienne, l'embrassant lentement mais profondément. Il s'accrocha désespérément, répondant à chaque baiser, s'éloignant un instant pour respirer avant de revenir à nouveau. Il poussa un bref cri lorsqu'Harry le renversa soudainement sur le sofa, le surplombant sans l'écraser. Ses lèvres continuèrent d'épouser les siennes à merveille, dans un échange ardent qui dura longtemps. À bout de souffle, le blond finit par repousser doucement le brun. Celui-ci laissa traîner le bout de ses doigts sur la bouche encore humide de Drago, admirant à quel point il était magnifique. Il faudrait qu'il pense à remercier Hermione pour ça.

Enlacés dans une étreinte intime, ils restèrent ainsi un moment, écoutant simplement le cœur de l'autre battre et leurs respirations qui ralentissaient. Ils étaient tout deux excités, mais préféraient ne rien initier dans ce sens. Tout à coup, l'épais silence parut gênant à Harry et il ressentit le besoin de dire quelque chose pour le combler:

— Hum, tu... tu vas enlever le bandeau finalement ou pas?

La chaleur de Drago l'enveloppait encore divinement et il ne voulait pas qu'il parte.

— Tu voudrais que je l'enlève? demanda ce dernier, un charmant sourire étirant ses lèvres encore gonflées du baiser.

— Et bien, euh, pas nécessairement...

Le blond haussa les épaules.

— Je le garde alors. Viens ici.

Il attira Harry dans une étreinte très peu amicale, les installant sur les coussins moelleux. Il déposa aussi quelques légers baisers sur son visage.

— Et si on restait comme ça jusqu'à demain? susurra-t-il d'une voix beaucoup trop aguicheuse pour le bien commun.

— Tu ne veux pas aller dans la chambre..? Pour dormir?

— Je suis trop bien, je veux pas bouger, marmonna-t-il le nez enfoui dans la chemise du brun.

— D'accord.

Ils s'échangèrent donc des baisers, des caresses appuyées et des murmures doux dans l'oreille jusqu'à ce que le sommeil finissent par les emporter dans une bulle hors du temps.

Au petit matin, Harry était à nouveau seul et terriblement déçu. Il avait espéré se réveiller enveloppé dans les bras de son joli blond.

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