Un Monde Parfait (KamuKoma)
KamuKoma/Saiouma
Comme chaque matin, Nagito s’étira après s’être levé de son lit. Il était un adolescent, tout ce qu’il y avait de plus banal, passionné de lecture. Son auteur favori, Hajime Hinata, avait écrit une certaine série de livre : ‘Un Monde parfait’ racontant l’histoire de Chiaki Nanami, une elfe infiltrée dans le monde des humains, avant que celui-ci ne soit envahi par les Démons. Son passé sera révélé plus tard dans la série : cette attaque des Démons était prévue par les elfes, qui avaient envoyé une élue parmi les leurs pour contrer leur armée.
Elle rencontrera bientôt leur leader : Izuru Kamukura. Il avait de très longs cheveux noirs, des yeux rouges perçants et un charisme incroyable. Il était froid en apparence et ne ressentait absolument rien. Il était d’ailleurs le personnage le plus apprécié après Chiaki, la préférée de tous les lecteurs.
Nagito soupira avant de reposer le fameux livre qu’il tenait entre les mains. Il adorait vraiment les livres qu’Hajime Hinata écrivait. Le style d’écriture était absolument digne des plus grands auteurs, et l’histoire était magnifiquement bien construite. Peut-être qu’il n’était qu’un fan aimant bien trop ses livres préférés, mais pour l’instant, il n’était qu’un lecteur parmi les autres. Nagito réalisa alors qu’il devait se préparer pour aller au lycée auquel il étudiait.
Il enfila des vêtements en vitesse et avala son petit-déjeuner rapidement, avant de courir sur le chemin. En passant devant certains de ses camarades, Nagito les salua et fila silencieusement s’asseoir à sa place, près de son meilleur ami, Kazuichi Soda. Kazuichi était un garçon énergétique, qui aimait aussi les livres, mais surtout pour une certaine amie de la protagoniste, Sonia Nevermind.
« Hey Nagito, comment ça va ? » demanda Kazuichi avec son énergie habituelle
« Super, et toi, Sprite ? »
Sprite était un surnom que Nagito avait lui-même trouvé pour son ami, en référence à son nom de famille assez étonnant. Kazuichi sourit avant de sortir ses cahiers, l’air tout excité. Nagito comprenait totalement la raison de la joie de l’autre. Un nouveau livre de Hajime sortait ce soir, séance tenante, et les deux amis comptaient bien se rendre en librairie juste après les cours. Celle qu’ils fréquentaient habituellement avait pour réputation d’obtenir les livres sortant extrêmement rapidement.
La journée se passa sans encombre, excepté les cours ennuyeux qui ponctuaient la vie ordinaire des deux garçons. Il ne s’agissait que de huit heures sur les centaines de milliers qu’ils avaient vécu, mais elles leur paraissaient les plus longues de leur vie. En attendant la fin des cours, Nagito essaya tant bien que mal de s’occuper. Que ce soit en jouant avec ses affaires ou quoi que ce soit qui passait, rien n’était vraiment passionnant. Cependant rien ne le serait vraiment tant qu’ils n’auraient pas obtenu leur fameux livre, celui qu’ils attendaient le plus.
La fin des cours arriva lentement mais sûrement, avec l’excitation de Nagito et Kazuichi. A mesure que les minutes passaient. Et, enfin, la cloche sonna, annonçant la course promise vers la librairie habituelle. Nagito rangea rapidement ses affaires avant de détaler en direction de l’endroit où il avait eu le plus envie d’aller pendant les vingt-quatre dernières heures.
Il arriva alors avant Kazuichi, qui était sans doute resté en plan devant la porte de la salle de classe. Même si ce dernier en avait l’habitude, ce n’était quand même pas une raison pour l’abandonner à son triste sort. Nagito sourit bêtement à cette pensée. Il se dirigea vers le rayon contenant le livre désiré en pensant au pauvre Sprite qui n’était pas encore arrivé.
Il posa son livre sur la caisse, regardant le regard du gérant qui s’illumina à son arrivée. Il était vrai que les deux se connaissaient depuis longtemps, et qu’ils avaient eu le temps de beaucoup discuter sur la littérature. Après avoir remercié le gérant pour le service, Nagito décida de rentrer chez lui, après avoir envoyé un message à son ami.
En arrivant dans son petit appartement, il posa ses affaires et ouvrit le livre. Il lut ainsi pendant quelques heures, avant de se rendre compte qu’il était déjà vingt-deux heures. Il avait encore été tellement absorbé par l’un des livres de Hajime qu’il en avait sapé son repas du soir et ses devoirs. Pour le coup, ça allait devoir attendre. Il était extrêmement fatigué et avait grandement besoin de sommeil. Il se changea alors en vêtements plus confortables et partit se jeter sur son lit. La journée avait été épuisante, et il n’attendait que de pouvoir reprendre sa lecture le lendemain, en pleine forme.
Une chaleur étrange enveloppa Nagito. Quand il entrouvrit les yeux, ce qu’il aperçut fut du feu. Des flammes l’entourant de toutes parts. C’était drôlement réaliste pour un rêve. Il décida de rester dans sa position quoi qu’inconfortable. Le crépitement autour de lui parut très fort. Et surtout la chaleur étouffante ne l’aidait pas à être très à l’aise. Ce mystérieux rêve semblait étrange. Pourtant, il semblait trop… réaliste ? Décidant d’ouvrir ses yeux une bonne fois pour toute, pour se situer, Nagito commença à se relever.
Son intuition était bonne. Il était installé sur des morceaux de roches plates, entouré de flammes. Il était impossible que ce soit vrai. La vision toujours embrumée dû au réveil soudain, Nagito se mit à chanceler à travers un chemin non enflammé. Enfin à l’abris du feu, l’adolescent commença à vraiment se réveiller. Quand tout son esprit lui fut enfin revenu, il décida de se situer en observant ses alentours. Il semblait se trouver dans une forêt, au vu des arbres l’entourant. L’herbe sur laquelle il marchait était aussi carbonisée, signe que le feu était déjà passé par là.
Un courant d’air ébouriffa les cheveux de Nagito. En observant l’endroit d’où il venait, il aperçut un bâtiment délabré, manquant de son toit. Etant clairement effrayé par cette demeure, le protagoniste décida d’aller dans la direction… opposée. Il avait vu trop de films d’horreur pour oser s’approcher de ce qui s’apparentait à des environnements pouvant renfermer des choses terrifiantes.
Le courant d’air mena ensuite Nagito au bord d’une falaise, où il faillit tomber. Après s’être réceptionné tant bien que mal, il essaya d’observer le paysage s’ouvrant alors à lui. Derrière lui se trouvait toujours les flammes dévorant les arbres. Tout en bas de la falaise se trouvait une ville en proie aux flammes. Un immense bâtiment en fond se découvrait à l’horizon. La tour était noire et semblait encore intacte. Elle avait une forme cylindrique, et semblait haute de quelques dizaines d’étages. Elle semblait étrangement familière.
La ville en contrebas semblait aussi proche d’un certain souvenir de Nagito, cependant, il n’arrivait pas à mettre la main sur ce qui s’apparentait à quelque chose qui y ressemblait. Etudier la situation plus en profondeur restait la meilleure solution. Deux parties de la ville se différenciaient. Une partie traditionnelle, avec une ambiance plutôt ‘vieille’, et une autre moderne, au vu des bâtiments plutôt récents.
C’est à ce moment que Nagito se rendit compte d’où il était. La cité devant lui ressemblait bien à la cité d’Everline, une ville fictionnelle présente dans le livre ‘Un Monde parfait’ d’Hajime Hinata. Cette ville n’avait pas tenu longtemps avant de céder aux Démons, faute de moyens financiers et militaires. Il s’agissait d’un point stratégique, car elle représentait le centre culturel du pays. Le dirigeant des Démons, Izuru Kamukura, avait rapidement pris le contrôle de tout ce qui passait, sans personne pour l’aider. Depuis, il en avait fait son repère, et y avait installé l’autorité totale de son peuple. Si Everline n’avait pas tenu, c’était aussi à cause de la nouveauté de la situation. Aucun humain n’avait rencontré de Démon auparavant.
Aller dans cette fameuse ville serait du suicide. Nagito se ferait repérer en un rien de temps, et personne ne viendrait le sauver. Tous les anciens habitants avaient soit été massacrés, soit gardés en otage on-ne-sait-où. Du haut de la falaise où il se situait, Nagito chercha à se remémorer la carte présente sur les premières pages des livres d’Hajime. La ville la plus proche, Chessmine, était à quelques heures de marche à vol d’oiseau. C’était, certes la solution la plus courte, mais aussi la plus dangereuse. Depuis le début de l’invasion des Démons, le chemin menant à Chessmine avait été piégé, même si ses habitants ne craignaient rien à l’immédiat : plusieurs montagnes séparaient les villes. Les conditions météorologiques des pics de pierre étaient aussi plus qu’handicapantes : des tempêtes de neige permanentes soufflaient sur les hauteurs, et des éboulements rendaient la traversée impossible pour quelqu’un de normal n’ayant aucune expérience en survie.
Chessmine n’était donc pas la meilleure solution. La prochaine ville envisageable se trouvait à quelques jours de marche, si on traversait un grand désert aride sans presque aucune solution pour s’abreuver ou même se nourrir. Pour éviter ce désert, il fallait faire un immense détour qui rajoutait quelques semaines de marche, sans aucune garantie de pouvoir trouver de quoi survivre.
Pour l’instant, l’option la plus sûre était Hayley, la ville de l’espoir, seul rempart de l’humanité, mais aussi extrêmement éloignée d’Everline. Nagito soupira en sentant déjà les dizaines de kilomètres dans ses jambes qui n’avaient pas l’habitude de marcher. Même s’il ne s’agissait que d’un rêve, s’il arrivait à sentir la chaleur, il sentirait sûrement la douleur ou quoi que ce soit qui pourrait être associé à la réalité. De plus, comme si la situation n’était pas assez tendue, Hayley se trouvait derrière Everline, de là où le protagoniste se trouvait.
Nagito, décidant de se mettre immédiatement en marche, se retourna et commença à se déplacer grâce à la carte mentale qu’il avait faite à partir de celle des livres. Les arbres s’enchainaient encore et encore. Pour faire le détour d’Everline, Nagito avait envisagé deux à trois jours. En plus du fait qu’il fallait survivre, le protagoniste devrait aussi faire attention à ne pas trop s’approcher d’Everline, sous peine de se faire attraper par des Démons ou leurs alliés.
Monter à un arbre pourrait se révéler une bonne idée, si seulement il n’y avait pas de feu pour le bloquer. De plus, l’escalade n’était pas quelque chose que Nagito appréciait. Principalement parce qu’il n’était pas assez fort pour soulever son propre poids. Certes, le sport était aussi l’une des matières préférées mais il n’était pas prêt pour une séance d’entraînement en précipitation.
Alors qu’il réfléchissait tranquillement du haut de sa falaise, Nagito entendit un bruit de branche se brisant. En sursautant, il regarda derrière lui. Personne n’était là, aucun animal ou quoi que ce soit. Mais il y avait forcément quelque chose qui n’allait pas. Cette branche n’aurait pas pu se briser seule, même si elle était tombée d’un arbre. Nagito se dit qu’il ferait mieux de bouger, avant qu’une chose lui tombe dessus et qu’il ne puisse plus rien faire. Décidant de repasser près de l’ancienne maison délabrée, ressemblant à un bâtiment mentionné dans les livres d’Hajime.
Des bruits de feuille tombant sur le sol inquiétèrent Nagito de plus en plus. La poursuite durait depuis plusieurs minutes maintenant. Le protagoniste n’avait encore pas vu la personne qui le suivait. Pour l’instant, il ne courait pas encore. Il préférait garder son énergie au cas-où ou le poursuivant le rattraperait et aurais de mauvaises intentions. Nagito commença à courir quand il entendit des bruits de pas se rapprocher de lui. Et, lors d’un virage, il perdit l’équilibre, et comme par hasard, il tomba dans un ravin se trouvant là pour on-ne-sait quelle raison. Il se retrouva avec les pieds au-dessus de la tête, bref, une position qui le mettait très peu en valeur.
Nagito essaya tant bien que mal de se relever. Quand il finit enfin par y arriver, il aperçut une forme noire devant lui. La personne se trouvant devant lui, malgré le fait que Nagito ne puisse voir son visage, semblait extrêmement imposante. L’aura autour de l’inconnu était extrêmement pesante, si bien que Nagito resta figé sur place, regardant le sol sans oser lever les yeux.
« N’ose pas faire le moindre mouvement. » l’avertit une voix monotone, désintéressée
Nagito, sous le coup de la peur, se mit à trembler. Il était malheureusement tombé sur un Démon. Plus qu’à prier pour qu’il ne s’agisse que d’un rêve. Son interlocuteur se baissa jusqu’à ce que Nagito puisse voir son visage. C’est alors qu’il réalisa enfin à quel point la situation dans laquelle il se trouvait était bien plus délicate que ce qu’il pensait. Deux yeux rouge sang se posèrent sur lui, presque recouverts par de longs cheveux noirs épais. Nagito était tombé sur la personne qu’il aurait désiré ne jamais rencontrer : Izuru Kamukura, le ‘Démon Suprême’.
« Tu es bien intriguant… Pour quelle raison as-tu décidé de venir traîner par ici si tu savais que cette ville était sous mon contrôle ? » Demanda Izuru
Nagito n’osa même pas répondre, la peur ayant fini de le paralyser complètement. Izuru, semblant ennuyé, se releva et pris Nagito par le bras, ce qui eut l’effet de le ramener à la réalité. Le Démon le regarda, voulant lui faire comprendre que le protagoniste devait le suivre. Après s’être restabilisé, Nagito suivit Izuru à travers le chemin déblayé entre les flammes.
Voyant qu’Izuru partait sans un regard derrière lui, Nagito lui emboita le pas, ne sachant toujours pas ce que l’autre voulait. Pourquoi un Démon choisirait Nagito de toutes les personnes du monde pour quelque chose ? Surtout s’il s’agissait du Démon Suprême. Ces questions eurent pour effet de faire stresser le jeune garçon encore plus. Il ne savait pas ce qu’Izuru lui voulait, où il l’emmenait, et ce qu’il ferait de lui une fois leur destination atteinte. Pour l’instant, seul le silence régnait – souvent interrompu par le bruit des feuilles crispantes sur lesquelles les deux garçons marchaient.
La forêt laissa bientôt place à la bordure de la ville d’Everline. Une bonne dizaine de Démons basiques gardaient le grand portail menant à la partie moderne de la ville. Izuru n’eut même pas besoin de jeter un regard aux gardes pour que ceux-ci les laissent passer, non sans un regard douteux en direction de Nagito.
La ville, dont des fumées s’échappaient, semblait bien moins détruite que ce qui était décrit dans les livres. En fait, ce que Nagito voyait était loin de la ville en proie aux flammes depuis le début de l’histoire. Les bâtiments avaient, certes, en grande partie été détruits, mais pas l’ombre d’une flamme était visible, et les immeubles semblaient avoir été ne serait-ce qu’un peu reconstruits. Est-ce que les Démons vivaient en une sorte de société ? Cela pourrait bien être le cas, étant donné que leur mode de vie n’était jamais mentionné dans les livres. Le seul rôle qu’ils occupaient était celui des méchants de l’histoire, et cela était bien regrettable.
Au centre d’Everline (qui était une ville en forme de cercle) se trouvait l’immense tour que Nagito avait aperçu. Il s’agissait du Centre Culturel du pays, regroupant des dizaines d’œuvres d’art plus précieuses les unes que les autres, et surtout le siège de la Commission Culturelle, qui d’ordinaire s’occupait d’organiser chaque cérémonie faisant partie de celles officielles.
La Commission Culturelle était l’une des quatre Commissions du pays, chacune ayant sa spécialité : la Commission Militaire s’occupait d’organiser les armées, former les soldats et gérer les alliances et les guerres, la Commission Financière gérait les fonds du pays, les banques et tout ce qui s’approchait du milieu des finances. La Commission Politique, quant à elle, s’occupait de diriger le pays, prendre des décisions importantes et du grand public. Ces quatre Commissions existaient depuis extrêmement longtemps et se complémentaient. En voir une tomber avait été un immense choc pour tout le pays.
A mesure qu’Izuru menait Nagito vers la tour, ce dernier essaya de se remémorer au moins un passage des livres qui ressemblait à sa situation actuelle, ou du moins s’y rapprochait le plus. Malheureusement, il eut beau creuser dans sa mémoire, en fouiller chaque recoin, il ne trouva rien qui pourrait l’aider. Au final, il abandonna cette idée. Elle lui prenait trop de temps et il ne pourrait que paniquer encore plus quand il devrait apprendre la vérité sur ce qui l’attendait.
Les portes automatiques de la tour d’Everline furent bientôt juste devant Nagito. A travers elles, il pouvait apercevoir l’intérieur du bâtiment, qui semblait étrangement bien conservé comparé au reste de la ville. Les bureaux étaient toujours intacts, les fenêtres avaient, en grande majorité, été sauvegardées, et la structure restait intacte.
Les portes s’ouvrant révélèrent un univers totalement différent de ce que Nagito pensait. Les Démons avaient pris totalement possession de l’endroit, certes, mais certains discutaient, d’autres jouaient ensemble, et une grande majorité de petits couraient partout. L’arrivée soudaine d'Izuru surprit les habitants de la tour, qui les laissèrent passer, apparemment surpris de la présence de Nagito.
Le Démon Suprême invita le protagoniste à monter dans l’ascenseur -qui, par surprise, marchait toujours- d’un signe de tête. N’ayant d’autre choix qu'obéir, Nagito entra dans la petite pièce sans se poser de question et se positionna à côté de son hôte. La montée se fit dans le silence. Parfois, Nagito jetait un coup d’œil à Izuru, qui ne semblait pas avoir de réaction, ni même de problème avec cela.
Lorsque l’ascenseur s’arrêta enfin, les deux garçons traversèrent un couloir et arrivèrent dans une salle vaste, dont le centre était occupé par un bureau immense, et dont les murs étaient tapissés d’immenses bibliothèques et de tableaux tous plus somptueux les uns que les autres. Le sol était couvert d’un tapis rouge et léger, et une immense baie vitrée donnait une vue magnifique sur la ville en contrebas.
Izuru fit signe à Nagito de s’asseoir sur l’un des canapés présents dans la salle, avant de s’installer au bureau. Il en sortit des feuilles de papier, sur lesquelles était écrit quelques choses, mais surtout des plans ressemblant étrangement à ceux des villes environnantes. Nagito en déduit qu’il s’agissait de plans d’invasion, ce qui ne l’aida pas à se calmer. (Hey)
« Pas besoin de paniquer. Je ne te veux aucun mal. » assura Izuru en regardant les papiers qu’il tenait en main « Je ne veux qu’une chose de toi… »
Il ferma les yeux une seconde et posa ce qu’il tenait sur le grand bureau. Il s’approcha ensuite de Nagito, forçant ce dernier à reculer après s’être levé du canapé. Plus l’un avançait, plus l’autre reculait. Ce manège dura jusqu’à ce que Nagito arrive à se cogner dans un mur. Quel imbécile tu es. Se dit-il.
Izuru s’approcha alors jusqu’à ce qu’il puisse se pencher sur le jeune garçon. Il l’observa pendant au moins deux bonnes minutes avant de se relever. Nagito le remercia silencieusement, étant donné que la position dans laquelle ils étaient se trouvait plutôt… gênante. Le Démon, ne semblant pas être dérangé par cela, s’en retourna à son bureau. Il en sortit, cette fois, un stylo et commença à noter des choses.
« Quel âge as-tu ? » demanda soudainement Izuru
« Euh… dix-huit ans… » balbutia Nagito
« Ta taille ? »
« Cent quatre-vingts centimètres… »
Izuru passa donc une bonne heure à poser toutes sortes de questions au protagoniste. Une fois cela fini, il posa son stylo et les feuilles qu’il avait utilisé. Il posa une nouvelle fois son regard sur Nagito, avant de fermer les yeux, l’air concentré. Il était probablement en pleine réflexion.
« J’aimerais que tu restes à mes côtés pour m’assister dans mes tâches. » déclara Izuru, après un petit moment de silence.
Nagito écarquilla les yeux. Pourquoi était-ce lui que l’antagoniste avait choisi, de toutes les personnes pouvant exister ? Un humain, et qui plus est un adolescent tout à fait ordinaire. Il n’avait rien de particulier, et pourtant est-ce qu’Izuru décelait quelque chose en lui ? Nagito en doutait fortement.
« Qu’est-ce qu’il se passe si je refuse ? » demanda Nagito
« J’ordonne aux gardes de te tuer sur le champ. »
La réponse de l’autre fut claire et précise. C’était soit accepter l’offre d’un Démon, soit mourir. D’un autre côté, Nagito ne savait toujours pas s’il ne s’agissait que d’un rêve beaucoup trop réaliste. S’il prenait le risque de refuser, qui sait si sa vraie vie était en danger ? Pour l’instant, il préféra prendre des précautions et s’assurer qu’il puisse survivre.
« J’accepte… » soupira Nagito. Après tout, il ne savait toujours pas ce qui était le mieux
Izuru lâcha ce qui s’apparentait à un soupir de ‘soulagement’ (même s’il n’y avait aucune chance que cela en soit bien un), probablement était-il heureux d’avoir quelqu’un sur qui compter ? Il fallait cependant voir la vérité d’en face. Le Démon ne montrait jamais ses émotions, s’il en avait bien.
Izuru fit signe à Nagito de s’approcher, ce que celui-ci fit, tremblant un peu. Il se décolla du mur sur lequel il était toujours appuyé, et marcha en direction du bureau au centre de la salle.
« Ton poignet. » dit Izuru une fois le protagoniste arrivé à sa hauteur
Toujours hésitant, Nagito tendit ce qu’Izuru voulait voir, non sans se demander ce qu’il allait lui arriver. Le Démon prit une grande inspiration, et d’un coup, il plaça sa main sur le bas de l’avant-bras du jeune garçon. Tout de suite, ce dernier sentit une vive brûlure à l’endroit où le Démon le tenait. Il avait tellement mal qu’il retint un cri en se serrant les dents de toutes ses forces. La douleur se faisait de plus en plus intense à mesure que le temps passait. Les minutes, les secondes n’importaient plus, car elles s’emmêlaient dans l’esprit de l’adolescent.
Enfin tout s’arrêta. Le calme revint et Izuru lâcha le bras de Nagito. En regardant ce dernier, le protagoniste aperçut une marque noire ayant la forme d’un dragon. La marque était circulaire et semblait comme vivante. Le dragon avait deux grandes ailes repliées, des dents et des griffes aiguisées, et une immense queue complétant le reste du cercle. Le tout était assez effrayant à regarder.
« Tu peux partir. » annonça Izuru « Je t’ai déjà réservé une chambre aménagée au dixième étage. Si tu croises un Démon, montre-lui la marque. »
Nagito se demanda comment il avait fait pour faire passer la demande, étant donné qu’il n’avait fait que regarder des papiers pendant toute la durée de leur présence dans cette salle. Cela importait peu en fait. Nagito sortit de l’espace confiné, soulagé qu’il soit toujours vivant à l’instant même. Après avoir ouvert la porte, il se fit accueillir par les deux gardes, se penchant comme pour lui faire une révérence. Le protagoniste le remercia du regard, et partit vers l’ascenseur au bout du couloir. Une fois monté à l’intérieur, il appuya sur le bouton désignant le dixième étage et attendit patiemment. Descendre plusieurs dizaines d’étages sans aucune compagnie était tout de suite plus long qu’avant. Quand les portes s’ouvrirent enfin, il sortit dans un grand couloir, comportant plusieurs portes différenciées par des numéros. En s’avançant dans ce vaste espace linéaire, Nagito aperçut une petite forme courir vers lui, la tête tournée vers un point derrière elle.
« Haha ! Attrape-moi Shumaï ! » furent les derniers mots que la personne prononça avant de se cogner dans le protagoniste
Il se trouvait que la petite forme était un jeune garçon, probablement d’un mètre cinquante ou soixante. Il avait de courts cheveux noirs virant au violet sur la fin et portait un uniforme blanc. La personne derrière courut pour se pencher vers l’étrange garçon, sans doute pour vérifier s’il allait bien. Il avait des cheveux bleu foncé, de la couleur du plumage d’un corbeau, et avait un uniforme noir.
« Aïeuh, ça va pas ? » demanda celui à terre, le ton plein de reproches
« Kokichi, c’est toi qui lui as foncé dedans… » soupira l’autre avant de relever la tête vers Nagito « Au fait, je m’appelle Shuichi Saihara, je suis membre de l’équipe d’enquête. Et cette tête de mule… » dit-il avant de prendre l’autre par l’oreille « C’est Kokichi Ouma, en apprentissage pour rejoindre l’équipe des éclaireurs. »
« Nagito Komaeda, enchanté… » balbutia le protagoniste avant de tendre la main vers les deux par terre
Kokichi sembla le regarder comme pour le juger, puis accepta l’aide, alors que Shuichi le tira vers le haut. Le garçon se glissa derrière le dos du protagoniste et sauta sur ses épaules, faisant tomber Nagito sur le sol. Kokichi s’assit ensuite sur lui, peu conscient que même si Nagito n’était pas fort physiquement, il pouvait se relever avec un peu d’efforts. Kokichi ne pesait pas tant que ça.
« Mais qu’est-ce qu’un humain fait ici au juste ? » demanda le plus petit en prenant un ton menaçant
Shuichi leva la tête, surpris de ce que Kokichi avait dit. Il regarda Nagito dans les yeux. Ses pupilles prirent la forme de losanges, similaire à celles d’un chat. Puis, son air devint plus renfermé.
« Tu es au courant qu’on peut te repérer facilement ? Comment tu as fait pour entrer dans la ville ? » demanda Shuichi
Nagito déglutit bruyamment et se décida à montrer la marque qu’il avait acquis plus tôt. Tout de suite après l’avoir vue, Kokichi sauta quasiment au plafond. L’expression noire sur le visage de Shuichi s’évapora comme neige au soleil. Ses deux yeux redevinrent normaux, alors qu’il tira Kokichi en arrière. Les deux étaient visiblement ‘désolés’ d’avoir dérangé Nagito. La marque signifiait elle une forme de supériorité ?
« Ahhh donc tu es celui qu’Izuru a chois- » commença Kokichi avant de se faire interrompre par Shuichi, qui lui avait frappé l’arrière de la tête.
« Chut, Kichi, tu vois bien qu’il ne sait pas ce que c’est. »
Nagito leur lança un regard confus, comme pour essayer d’obtenir des réponses. La seule chose qu’il obtint fut le regard soutenu de Shuichi, semblant dire : ‘tu le sauras en temps venu’. Finalement, les deux garçons firent leurs au revoir à Nagito, et repartirent de leur côté, après avoir indiqué que la chambre préparée pour le protagoniste était au bout du couloir, juste avant la vitre de verre séparant les deux parties de cet étage.
En s’approchant de la fameuse séparation décrite par Shuichi, il aperçut une grande porte blanche, probablement celle qui était sa chambre. Quand il ouvrit cette porte, il vit une vaste salle, au milieu de laquelle se trouvait un lit qui avait l’air confortable. Les murs étaient couverts de tapisseries, et une énorme fenêtre recouvrait le mur arrondit de la pièce. La vue était parfaite, si bien que Nagito resta quelques minutes à l’admirer. Une fois cela fini, il se tourna vers une table dans un coin de la pièce. Elle ressemblait à une sorte de bureau, mais aussi une table à manger. Etrange combinaison, se dit Nagito. Un pot à stylos et un tas de feuilles de papier étaient posées dessus.
A l’autre bout de la pièce se trouvait aussi une salle de bain, tout à fait normale, si on ignorait la taille disproportionnée de la baignoire et de l’armoire à serviettes. L’eau arrivant atteignait rapidement la température voulue, et la puissance désirée. Bien évidemment, une porte à part reliait cette salle aux toilettes, aussi normaux que la pièce précédente. Même s’il le voulait, Nagito ne trouverait rien à redire sur cet appartement de luxe.
Dans la pièce principale se trouvait une immense armoire, remplie d’habits divers rappelant ceux que les Démons portaient. Ils y avaient probablement été importés de là d’où ils venaient. Sur le lit était posé une note : ‘Le diner est à dix-neuf heure trente. Ne soyez pas en retard et venez habillé correctement.’
En regardant la pendule accrochée au mur, Nagito remarqua qu’il était actuellement dix-neuf heures pile, ce qui lui laissait trente minutes pour se préparer. En faisant le tour du contenu de l’armoire présentée plus tôt, le protagoniste remarqua que la majorité des vêtements étaient d’importantes pièces, sans doute des habits de luxe. Etrange pour juste un humain. Il y trouva aussi les uniformes de Kokichi et Shuichi, version raffinée. Nagito devina qu’il s’agissait d’uniformes de plus hauts gradés que les deux garçons, étant donné leur apparence jeune. Soudainement, Nagito entendit quelqu’un toquer à la porte.
« Heyyy, l’humain, j’peux entrer ? »
Le protagoniste reconnut tout de suite la voix enfantine de Kokichi, qui manquait grandement de discrétion.
« Bien sûr, tu peux venir. » répondit Nagito
Immédiatement après avoir dit cela, Kokichi entra en défonçant presque la porte. Nagito le regarda la remettre bien en place, abasourdi par la scène qui se déroulait devant ses yeux. A moins qu’éclaireur ne désigne autre chose qu’une équipe s’infiltrant dans le camp adverse pour récupérer des informations, il n’avait aucune idée de comment Kokichi avait été accepté en tant qu’apprenti. Malgré tout cela, le petit Démon réussit à remettre la porte où elle était censée être et à se faufiler près de Nagito, l’air de rien.
« Bon, je suis venu pour t’aider à choisir un des milliers de vêtements qui se trouve dans ton armoire pour le dîner dont tu as sans doute déjà entendu parler. » déclara Kokichi rapidement
Cela faisait une bonne dizaine de minutes que les deux n’arrivaient pas à se décider sur la tenue que Nagito devrait porter. Kokichi voulait absolument le voir dans un ensemble professionnel, et Nagito voulait quelque chose de décontracté. Le principal argument de la tête de raisin (comme l’avait surnommé Nagito) était qu’Izuru appréciait plus les tenues professionnelles. Enfin, ‘appréciait’… Disons que c’est le genre qu’il trouve le moins ennuyeux.
« Hey, tires pas cette tronche, j’suis sûr qu’Izuru aimerais que tu viennes avec ça ! » dit Kokichi en montrant une énième tenue qui ne plaisait pas au protagoniste
« D’ailleurs, pourquoi je devrais forcément lui plaire ? » demanda soudainement Nagito
Kokichi arrêta de chercher dans l’armoire. Il regarda le protagoniste comme s’il avait dit la chose la plus idiote du monde. Et il le dévisagea pendant un bon moment avant de reprendre la parole, l’air toujours ahurit.
« C’est bien la première fois que je le vois aussi ouvert. D’habitude il fait attention à personne. Forcément on s’inquiète. Il est très jeune et il doit déjà assurer la relève de sa mère, c’est-à-dire la plus grande cheffe que notre peuple ait jamais connu. » expliqua Kokichi « Donc si tu veux mon avis, c’est mieux qu’il puisse se reposer sur quelqu’un pour une fois qu’il ne doit pas tout faire tout seul. T’es peut-être le seul qui puisse y arriver, ça se voit qu’il a flashé sur toi. »
Le reste de la séance habillage ne dura pas longtemps. Nagito était trop choqué pour refuser la tenue que Kokichi avait trouvé le plus adapté de toutes. Finalement, il s’en sortait avec une chemise blanche, une cravate, une veste noire longue et un pantalon élégant de la même couleur que la veste. L’ensemble donnait un style formel, bien adapté à un dîner officiel.
Kokichi partit aussi se changer, étant donné qu’il avait amené sa propre tenue qui traînait devant la porte depuis qu’il était arrivé. Il ressortit avec un haut blanc rayé, une chemise blanche aussi, peu visible cependant et un bas blanc crème, le tout avec des gants en dentelle claire. Le contraste avec ses cheveux rendait le tout convenant. Il avait révélé plus tôt dans la soirée qu’il aimait Shuichi depuis qu’ils avaient commencé leur apprentissage, et qu’il savait que ses sentiments étaient réciproques, mais qu’il n’osait pas déclarer sa flamme. Il avait donc choisi cette soirée pour tenter le coup, mais voulait tout de même que Nagito reste en soutien émotionnel, au cas-où les choses tourneraient mal, et si ce dernier n’était pas trop occupé avec Izuru et les formalités des invités qui le rencontreraient.
Ce que Nagito appréciait le plus à propos de la société des Démons est qu’ils ne discriminaient personne, contrairement aux humains. Toutes les espèces de Démons avaient leur place, et chacun s’occupait de ce qu’il savait faire le mieux. Certes, les inégalités existaient, mais elles restaient bien moins creusées que celles de la société humaine. Aucune de ces choses-là n’étaient énoncées dans le livre.
Quand enfin l’heure de se diriger vers la grande salle qui servait de restaurant approcha, les deux garçons quittèrent la chambre et prirent l’ascenseur. Nagito essayait de rester calme, alors que Kokichi paniquait littéralement, répétant plusieurs façons de se confesser à Shuichi. Le protagoniste arriva quand même à rigoler devant l’air angoissé de Kokichi, qui ne manqua rien pour le lui reprocher.
L’ascenseur s’arrêta enfin au rez-de-chaussée après ce qui sembla être une éternité. La salle d’accueil avait bien changé depuis que Nagito y était passé la première fois. Des dizaines de décorations avaient été installées, et tout avait été aménagé pour recevoir plein de monde. D’ailleurs, plusieurs Démons étaient déjà présents un peu partout, mais surtout devant des portes dans un coin de la pièce, semblant mener au restaurant. Nagito avait d’ailleurs l’impression que tout le monde avait été invité, même ceux qui n’avaient pas le moyen de s’acheter des vêtements élégants. La solidarité de ce peuple étonna Nagito, très peu habitué à voir cela.
« Ohé, ça va tous les deux ? »
Shuichi arrivait vers eux en courant. Kokichi se raidit un instant puis reprit son calme habituel. Le garçon aux cheveux bleu foncé portait un ensemble noir qui lui allait à ravir. Pas étonnant que Kokichi soit tombé amoureux de lui.
« Super, et toi Shumaï ? On s’est fait beau à ce que je vois ! »
Shuichi rigola devant le ton enfantin de son ami (sans doute très prochainement petit ami) et lui donna une pichenette sur le nez. La scène qui se déroulait devant les yeux de Nagito lui fit oublier que ces personnes n’étaient pas humaines. Qu’importe en fait. Être humain ou Démon, peu importe tant que l’on peut bien s’entendre.
Après que Shuichi ait fini de calmer Kokichi (ce qui ne fut pas une mince affaire), les trois se rendirent dans la queue en direction de la cantine. Il ne leur fallut pas longtemps avant de pouvoir entrer dans la salle. Cette dernière était immense, et le presque-silence du hall de la tour fit bientôt place au bruit des dizaines – voir des centaines – de discussions des gens présents dans la salle. Chaque catégorie et espèce de Démons se mélangeaient dans cette simple salle, dont le milieu avait été aménagé en piste de danse.
Les voix se mêlaient si bien qu’on pourrait croire que tout le monde chantait en cœur. Finalement, quelle espèce entre les Démons et les humains était la plus mélangée et sans altercations constantes ? Nagito en vint à regretter cet endroit si tout cela n’était qu’un rêve.
Les trois garçons se jetèrent sur le buffet bien rempli, proposant toutes sortes de mets. La majorité étaient composées d’ingrédients que Nagito ne connaissait pas, en provenance des Enfers (d’où venaient les Démons) et d’autres venaient du monde humain. Décidant de goûter un peu à tout, Nagito demandait quand même conseil à Kokichi et Shuichi, pour éviter de tomber sur quelque chose de mauvais pour lui.
A un certain moment de la soirée, Kokichi demanda à Shuichi s’ils pouvaient aller parler seuls, en lançant un dernier regard à Nagito. Ce dernier lui en renvoya un signifiant ‘bonne chance’, avant de regarder les deux disparaître dans la foule. Il était maintenant seul au milieu de centaines de gens qu’il ne connaissait pas, et qui n’étaient même pas humains (même si cela ne disait rien sur leur sort). Nagito se sentit débile tout d’un coup. Il aurait dû prévoir cela. Malgré tout, il n’avait rien prévu et ne put qu’attendre bêtement devant une grande table, un verre d’eau à la main. Soudain, une jeune Démone aux longs cheveux violets apparut. Elle portait une robe longue, blanche et violette claire, et semblait vouloir attirer l’attention de Nagito.
« V- vous êtes bien N- Nagito ? » demanda-t-elle en balbutiant
« C’est bien moi. » confirma ce dernier
La jeune fille sembla soupirer se soulagement avant de pointer une estrade du doigt, timidement.
« M- monsieur Kamukura vous attend l- là-bas, i- il a voulu att- attendre avant de v- vous appeler. »
Après avoir remercié la Démone nerveuse, il se dirigea vers la grande estrade, sur laquelle personne n’était présent. En montant dessus, il découvrit un rideau rouge, semblant cacher une autre partie de la pièce. Après avoir passé la tête à travers, il découvrit Izuru, assis à une table, semblant attendre patiemment. Nagito prit l’initiative de s’asseoir en face de lui, sur la seule chaise qui était libre à cette table.
« Comment se déroule ta soirée ? J’ai vu que tu avais sympathisé avec les deux apprentis… Kokichi et Shuichi, pas vrai ? » demanda Izuru, l’air désintéressé comme toujours
« Oui, ce sont les seuls que j’ai rencontré, avec vous évidemment… » répondit Nagito
Izuru ne fit que soupirer avant de lui dire de ne pas le vouvoyer. Le protagoniste s’excusa, avant que l’autre ne lui dise qu’il pouvait aller retrouver ses deux amis, qui étaient apparemment revenus, et de revenir ici après la fête. Nagito le remercia avant de s’éclipser vers la salle principale.
Il retrouva ses deux amis Démons après s’être perdu une bonne dizaine de fois dans la foule abondante. Kokichi était rouge comme une tomate, pareil que Shuichi, qui le tenait dans ses bras. Visiblement, le garçon aux cheveux bleus avait accepté la confession, au grand bonheur de tête de raisin qui souriait paisiblement dans ses bras.
Le reste de la soirée se passa à merveille, et Nagito appris même que la jeune fille qui était venu le voir plutôt était l’infirmière en cheffe des Démons, Mikan Tsumiki. Aux côtés de Kokichi et Shuichi, il fit plein de connaissances, notamment parmi les plus jeunes recrues de l’armée des Démons. Tous avaient l’air impressionnés par la simple vue de la marque noire, toujours sur l’avant-bras de Nagito.
Après quelques bonnes heures d’amusement, Nagito en vint à se demander ce qu’Izuru avait fait pendant tout ce temps. Il avait vu quelques personnes rentrer dans la salle où il se trouvait, mais personne n’était resté très longtemps. Il avait dû s’ennuyer fortement pendant ce temps. Quand l’heure de dire au revoir à ses deux amis arriva, il était presque quatre heures du matin. Nagito se dirigea en vitesse vers le rideau rouge pour trouver… Izuru endormi sur la table. Ses longs cheveux noirs retombant sur son visage paisible donnaient un air charmant à la scène. Bien qu’il ne montre jamais une seule émotion habituellement, le voir aussi décontracté était simplement magnifique. La protagoniste se demanda quelle réaction auraient Shuichi et Kokichi s’ils découvraient qu’il avait eu le privilège de voir Izuru Kamukura de ce jour ? Ils seraient sans doute si choqués que leurs mâchoires tomberaient jusqu’au sol.
Bougeant sa chaise à côté du Démon Suprême encore endormi, Nagito s’assit et passa sa main dans les cheveux longs de l’autre. Ils étaient étonnamment soyeux et doux, si bien qu’il resta à lui caresser la tête pendant plusieurs minutes. Puis Izuru remua et ouvrit lentement les yeux. Il n’avait pas l’air d’être dérangé par Nagito, qui pensait qu’il le tuerait s’il apprenait cela.
Au final, Izuru se leva après quelques instants en la compagnie de Nagito et lui dit qu’il allait se coucher. Le protagoniste hocha la tête et suivit l’autre jusqu’à l’ascenseur. Il laissa le Démon au dixième étage, s’en allant vers sa chambre. Izuru se contenta d’un signe de tête pour lui dire bonne nuit avant que les portes de l’ascenseur ne se referment.
En entrant dans la grande pièce qui servait maintenant de chambre à Nagito, ce dernier se changea en une tenue plus décontractée et se jeta sur son lit. Les évènements d’aujourd’hui défilèrent devant ses yeux, à toute vitesse. Il avait découvert la société solidaire des Démons, il s’était fait deux bons amis, et il avait surtout passé quelques minutes à jouer avec les cheveux du Démon Suprême. A cette pensée, il enfouit son visage dans un oreiller, trop gêné pour admettre ce qu’il avait fait. Le sommeil le rattrapa bientôt.
Les rayons du soleil perçant à travers la fenêtre fut ce qui réveilla Nagito. En regardant l’horloge, il vit qu’il était déjà midi. Le déjeuner était censé être dans trente minutes. En se frottant les yeux, il se leva, s’étira, et se dirigea vers la salle de bain. Il avait grandement besoin d’une douche, et de coiffer ses cheveux, qui étaient en bazar total après cette nuit.
Une fois habillé correctement, Nagito sortit de sa chambre avant de croiser Kokichi dans le couloir. Il semblait attendre devant la porte numérotée ‘11037’. Il s’agissait sûrement de la chambre de Shuichi, où il ne serait pas planté là, un bouquet de fleurs noires à la main. Malgré son uniforme bien normal, il semblait prêt pour le ‘plus grand évènement de sa vie’, c’est-à-dire son premier rendez-vous. Nagito n’avait jamais expériencé de relation amoureuse avant, alors il ne comprenait pas l’excitation que l’autre ressentait, ni ce désir ardent de vouloir tout rendre parfait. Il ne pouvait qu’essayer de s’imaginer ce qui arrivait à l’autre.
Décidant de ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas, Nagito passa son chemin, priant pour que tout se passe bien entre les deux. Il se fraya un chemin jusqu’à la cantine, dont il connaissait maintenant l’emplacement. A peine arrivé, il se fit accueillir par une serveuse aux cheveux rouge clair et courts. Elle indiqua la table où était installé Izuru à Nagito, puis repartit à l’entrée, pour parler à d’autres arrivants.
En arrivant à la certaine table à laquelle était installé Izuru, Nagito s’assit, en même temps de dire ‘bonjour’ à son hôte. Ce dernier lui demanda s’il avait bien dormi, ce à quoi Nagito répondit que oui. Le déjeuner fut bientôt servi. Les plats des deux étaient assez différents. Celui d’Izuru était composé d’aliments inconnus, alors que celui de Nagito était un simple steak avec un peu de salade et des tomates.
Le repas fut bientôt entièrement avalé par Nagito, qui s’étonna de voir Izuru plus détendu que la première fois qu’ils s’étaient vus. Commençait-il à ressentir de l’affection pour Nagito ? Cela était peu probable.
Le plus étonnant restait que la cuisine était impeccable, chose surprenante, vu le peu de temps que les Démons avaient passé dans le monde des humains. Le gout était aussi à la hauteur de l’apparence du plat. La viande fondait dans la bouche de Nagito, si bien qu’il aurait pu croire avoir mordu un nuage.
Le dessert fut aussi délicieux : il s’agissait de beignets décorés en forme de lotus. Une couche de sucre glace recouvrait tout le long, assez fine pour que les belles couleurs vertes et roses soient visibles. Inutile de dire que le tout était délicieux.
Une fois que les deux garçons eurent fini leur repas, ils se levèrent de leur chaise. Izuru demanda alors à Nagito d’aller se changer en une tenue plus confortable, car il avait prévu d’aller chasser en forêt cette après-midi. Après être revenu dans sa chambre, Nagito se mit à fouiller dans la même armoire que la dernière fois. Il trouva un ensemble plutôt confortable, vert foncé, qui lui permettrait de se cacher facilement dans les taillis. Il y avait tellement de choix que Nagito avait dû éliminer qu’il s’y perdrait presque.
Sur le chemin du hall de la tour, plutôt calme après la grande soirée organisée hier, le protagoniste en vint à se demander ce qui était arrivé à Kokichi et Shuichi. D’un autre côté, il le saurait peut-être demain, et il ne voulait pas les déranger en plein rendez-vous. Les chances que tout se passe bien pour les deux jeunes Démons étaient élevées, sachant que leurs sentiments étaient réciproques. Nagito décida donc qu’il n’avait aucun souci à se faire. Le temps que le protagoniste se laisse dériver dans ses pensées, il ne se rendit pas compte qu’il était arrivé juste devant Izuru. Ce dernier portait un ensemble noir, comme à son habitude, et avait arrangé ses longs cheveux en une imposante queue de cheval.
Sans dire un mot, le Démon sortit de la tour, bientôt suivit par Nagito. En passant à travers la ville, le protagoniste aperçut des voûtes de fumées de toutes part – les mêmes qu’il avait vu le jour de son arrivée. Elles étaient causées par de nombreuses marmites, dans lesquelles mijotaient divers ingrédients. Les habitants avaient tous l’air heureux, comme s’ils préparaient une grande fête. Certains passaient à côté des deux garçons, transportant des caisses contenant des décorations tel des drapeaux en tout genre, des guirlandes, et ce qui s’apparentait à du matériel utilisé dans l’organisation de fêtes. D’autres, en revanche, portaient des aliments venant des deux mondes. Aucun doute maintenant : les Démons savaient s’adapter plus que rapidement à un nouvel environnement. L’ambiance était d’ailleurs plus qu’heureuse. Nagito eut l’impression que cette scène lui rappelait quelque chose, mais quoi ? Impossible de le dire.
Les habitants saluaient leur chef et Nagito quand ces deux-là passaient. Izuru n’en avait pas grand-chose à faire, contrairement à l’autre qui semblait assez gêné par les acclamations du public. Il n’avait effectivement pas l’habitude d’être au centre de l’attention. La traversée de la ville se passa bien, si on oubliait l’air extrêmement gêné de Nagito, et les soupirs d’Izuru.
Quand les deux furent enfin arrivés à la limite de la ville, les grandes portes s’ouvrirent une nouvelle fois devant eux, les laissant s’aventurer en dehors de l’enceinte qui était formée par les murailles d’Everline. La forêt entourant la ville ne se trouvait qu’à quelques pas, si bien que les deux n’eurent besoin que de très peu de temps pour y arriver. Une fois que la terre plate eut laissé place à l’herbe florissante de la région, quoique carbonisée dû aux flammes l’ayant dévoré, Izuru se stoppa net, manquant de peu de se cogner dans Nagito. Il prit un instant pour inspirer, expirer, puis tendit le bras, l’air de pointer quelque chose. Juste à côté de lui, une petite forme sphérique noire se forma, se transformant vite en une pointe acérée. Quand Izuru ferma sa main, d’un geste sec, la pointe fila et se planta directement dans le ventre du cerf qui passait par là, laissant le sang frais gicler sur le sol couvert de feuilles mortes.
Ebahi par ce qu’il venait de voir, Nagito resta choqué pendant quelques secondes. Izuru avait des pouvoirs originaires du monde des Démons, il le savait très bien, mais combien exactement ? Quelle était l’utilité de chacun d’entre eux ? Lorsque le Démon retira la pointe du ventre de l’animal, il s’approcha de Nagito et lui tendit.
« Elle se fichera dans ta cible peu importe l’angle de tir. Je pars de mon côté, toi du tiens. »
Sur ces mots, Izuru partit seul du côté gauche. Toujours un peu abasourdi, Nagito serra la pointe. Il n’avait jamais tué quoi que ce soit, sauf peut-être des insectes, mais sans faire exprès. Il savait bien que retirer la vie de quelqu’un ou quelque chose demandait une sorte de courage que seuls quelques personnes avaient. Lui, en revanche, n’était pas sûr d’être dans la capacité d’ôter une vie aussi facilement que l’autre. Mais d’un autre côté, qui sait ce qui arriverait s’il décevait le Démon Suprême ? Sa vie ne tenait déjà qu’à un fil, bien assez petit à son goût. Nagito décida donc qu’il fallait bien réussir à passer cette épreuve. Il serra la pointe, toujours couverte de sang, et déglutit. Puis il partit dans la direction opposée à celle empruntée par Izuru.
Prenant garde à faire le moins de bruit possible pour ne pas effrayer les animaux sauvages, Nagito marchait à pas doux depuis quelques minutes maintenant. Il n’avait vu aucun signe de vie, cela en était presque effrayant. Il fallait cependant être réaliste : Nagito n’avait aucune expérience en chasse et, même s’il essayait, il n’était sans doute pas très discret…
Après avoir passé encore quelques temps à chercher une unique forme de vie autre que botanique, Nagito s’assit dans les taillis, ayant finalement repéré un sanglier. Prenant le temps d’observer la pointe, Nagito sentit un petit pincement au cœur. Il n’avait définitivement pas envie de tuer cette pauvre bête qui n’avait rien demandé. Cela dit, il n’avait pas non plus envie de subir le courroux d’un Démon. Alors il prit son courage (et la pointe) à deux mains, ferma les yeux, et lança cette dernière. Si elle pouvait effectivement arriver dans sa cible même si elle n'était pas tirée correctement, alors il n’y aurait aucun souci, pas vrai ?
C’est en entendant le dernier cri de l’animal que Nagito sût que la pointe l’avait touché. En rouvrant les yeux, il vit le sanglier couché sur le sol, transpercé par la fameuse arme. Nagito se laissa envahir par le doute. Il avait franchi le pas. Qui sait s’il allait réussir à continuer sa ‘chasse’ ? Il prit un instant pour se calmer, et sortit la pointe de l’abdomen de la créature, se retrouvant aspergé d’un liquide chaud et épais, tout en fermant les yeux. Une fois qu’il s’assura qu’il ne regardait plus la créature, il rouvrit les paupières, espérant que ceci n’allait pas arriver à chaque fois.
Le sentiment que quelque chose n’allait pas hanta Nagito toute l’après-midi. Fait étrange, étant donné qu’il n’avait aucune raison de s’inquiéter, du moins c’est ce qu’il pensait. Peut-être que cette scène en ville lui avait rappelé un certain passage dans un des livres d’Hajime ? La mémoire lui faisait défaut au pire moment, on pourrait le dire.
D’un coup, la réalisation frappa Nagito comme un bloc de béton. Il se trouvait dans la timeline du deuxième livre, dans lequel les humains et donc Chiaki avaient fait du repérage chez les Démons un jour étrangement calme, alors que plusieurs colonnes de fumées s’échappaient de la ville, tout ça pour lancer l’assaut le soir même. La bataille avait été sanglante, et le seul but de tout cela était de réduire au maximum les effectifs du camp adverse. Si les humains s’étaient repliés, c’était car Izuru était revenu en plein milieu de la soirée, après que le massacre avait été effectué. Personne n’avait la moindre chance contre le dirigeant des Démons, alors pour éviter des pertes plus que considérables, Chiaki avait ordonné aux soldats de battre en retraite.
Il fallait qu’il arrive à trouver Izuru le plus vite possible. Nagito s’était déjà bien attaché aux Démons, et voir un peuple aussi souder se faire décimer n’était pas ce qu’il voulait. De plus, Kokichi avait l’air de dire qu’Izuru tenait bien plus à son peuple qu’il ne le laissait paraitre. Dans ce cas, s’il rentrait et voyait une scène d’horreur, aucun doute qu’il serait dévasté. Se mettant à courir à travers la forêt si paisible, Nagito essaya de repérer le Démon. Il retourna à la clairière où les deux s’étaient quittés et espéra qu’il tomberait bientôt sur lui. La forêt aux abords d’Everline était immense, si bien que s’il n’arrivait pas à avoir de la chance sur ce coup-là, la cité des Démons subirait de bien plus grandes pertes que Nagito le voulait.
Au détour d’un buisson, le protagoniste failli avoir la peur de sa vie quand la silhouette d’Izuru apparu devant ses yeux, soudainement. Ce dernier était accroché à une branche, à l’envers, ce qui faisait que ses longs cheveux touchaient le sol.
« Puis-je connaître la raison pour laquelle tu faisais tant de bruit ? » demanda-t-il
Ce n’est qu’après avoir expliqué la situation – sans parler des livres et de l’autre monde – qu’Izuru eut l’air de se rendre compte de la situation. Son air s’endurcit, et il partit immédiatement en direction de la ville. Nagito n’eut d’autre choix que de le suivre, en courant, car l’autre était bien rapide. Cela pouvait se comprendre d’ailleurs. A mesure que les arbres défilaient, des cris pouvaient se faire entendre au loin. Et tout semblait venir de la ville. Les humains n’avaient-ils pas lancé l’assaut plus tard dans les livres ?
Alors que les deux avançaient à grande vitesse vers la grande ville, ils s’interrompirent en voyant Kokichi se diriger vers eux, boitant, blessé à la jambe et au bras gauche. Derrière lui se trouvait une troupe de cinq soldats de l’armée d’Hayley, la ville qui servait de dernier rempart à l’humanité, et qui était devenue le QG de Chiaki. L’air suppliant, Kokichi s’écroula devant les deux garçons, probablement trop fatigué par le voyage qu’il avait dû accomplir et la perte de sang. Izuru fit un geste avec son bras, et, d’un coup, les soldats se retrouvèrent coupés en deux. Les cinq humains tombèrent sur le sol en un bruit sourd, alors que Nagito s’approcha du jeune Démon blessé.
« Sh- Shumaï est t- toujours là-bas… » arriva à articuler Kokichi avant de s’évanouir
Toujours avec l’apprenti éclaireur dans les bras, Nagito parvint à le mettre sur son dos et à le porter jusqu’à ce que les trois arrivent à l’entrée d’Everline, défoncée par les dizaines de millier de soldats qui s’engouffraient par l’ouverture. Izuru n’attendit pas plus longtemps et déploya deux grandes ailes noires de forme d’oiseau, et s’envola vers le champ de bataille. Nagito quant à lui, se retrouva seul avec un Kokichi blessé perdant une grande quantité de sang, ce qui était très dangereux. Malgré le fait qu’il ait peu d’expérience en médecine, le protagoniste savait qu’il fallait enrouler la blessure dans du tissu, et le tenir fermement attaché.
Alors qu’il se préparait à retirer son haut, Nagito vit Mikan, l’infirmière des Démons, courir vers lui, une malle à la main. Elle trébucha malheureusement sur une branche avant de s’étaler de tout son long sur le sol, laissant échapper la malle. Après qu’elle se soit relevée en vitesse, Mikan récupéra ce qu’elle tenait et s’approcha de Kokichi. Une fois avoir ouvert l’étrange sac, une panoplie d’objets étranges, servant sans doute à la médecine des Démons, se révélèrent devant les yeux du protagoniste.
« P- pardon… » sanglota-t-elle « M- monsieur Kamukura m’a de- demandé de venir aider… »
Elle sortit bientôt un flacon contenant un étrange liquide bleu clair et l’étala sur un mouchoir sortit d’un compartiment spécial du sac. Une fois le bout du tissu imbibé du liquide, Mikan le passa doucement sur le bras de Kokichi. Lorsqu’elle le retira, la blessure de ce dernier avait totalement disparu, sans laisser aucune trace. Nagito retint un cri de surprise, alors que l’infirmière replongeait le mouchoir dans la bouteille. Une fois qu’elle l’eut passé sur la blessure à la jambe de l’apprenti, elle remit tout ce qu’elle avait sorti de la malle en vitesse avant de détaler vers une autre entrée de la ville. Chose étrange, elle disparu au milieu de la muraille. Il s’agissait sans doute d’un passage secret, que les Démons utilisaient en dernier recours, et facilement pour ne pas se faire repérer.
Dans l’immédiat, aller se réfugier dans la ville n’était sûrement pas une bonne idée, mais rester à découvert à l’orée de la forêt était pire. Nagito en déduit que la meilleure façon pour lui de survivre en attendant qu’Izuru règle le problème était de monter dans un arbre et rester caché.
En faisant en sorte de ne pas se faire repérer, Nagito traîna Kokichi – toujours inconscient – à travers les taillis. Il étudia ensuite les arbres l’entourant, jusqu’à en trouver un parfait. Son tronc était parfaitement couvert par des centaines de feuilles, et les branches étaient basses et faciles à escalader. Une fois s’être assuré que Kokichi resterait bien accroché à son dos, Nagito commença sa montée de l’arbre. Le protagoniste ne put se reposer que quand il fut sûr qu’aucun des deux ne tomberait, et qu’ils étaient bien cachés. L’ironie de la situation était que quelques secondes plus tard, une troupe de soldats humains passa à côté d’eux. Si Nagito n’avait pas eu l’initiative de se cacher, qui sait ce qui aurait pu lui arriver ?
Quand Kokichi se réveilla, les cris avaient déjà cessé. Nagito était resté dans l’arbre par simple mesure de précaution. Voyant que le rescapé allait bien mieux, les deux descendirent alors de l’arbre et se dirigèrent vers la ville, bien trop apeurés par l’image du peuple des Démons totalement exterminé. Voyant cependant que quelques soldats humains sortaient en courant de la ville par les grandes portes, les deux garçons se regardèrent et rigolèrent en voyant ces humains se ramasser sur le sol, bientôt poursuivis par des membres de l’armée des Démons.
Néanmoins, Nagito savait que Kokichi devait sûrement se faire un sang d’encre pour Shuichi, alors les deux partirent à sa recherche. En traversant la ville, Nagito fut anéanti par le spectacle qui s’offrait à eux : le sang tachait presque chaque centimètre carré du sol. Des dizaines de cadavres, humains et Démons confondus, trainaient au sol, et les blessés étaient nombreux. Des habitants tenaient des corps de défunts dans leurs bras en pleurant.
Nagito, absolument horrifié par cette scène morbide, ferma les yeux de toutes ses forces, et agrippa le bras de Kokichi. Ce dernier, l’air aussi dérangé que Nagito, se mit à courir dans les rues, sans oublier le protagoniste, à qui il laissait un peu de répit. Au détour d’une ruelle, ils faillirent se faire renverser par Mikan, qui leur indiqua que Shuichi allait très bien, et qu’il n’avait presque aucune blessure à faire traiter. Kokichi soupira de soulagement et s’avança dans la direction que l’infirmière lui avait indiquée.
C’est en voyant les deux amoureux se jeter dans les bras de l’autre que Nagito sentit un sentiment de bonheur. Il était heureux que les deux aient pu se retrouver, sains et saufs, dans un contexte aussi meurtrier que la guerre. Le cas de Nagito était plus compliqué. Est-ce qu’Izuru partageait cette joie, ou était-il dévasté et haineux envers les humains ? Est-ce qu’à un moment, il arriverait à montrer ses émotions au lieu de se concentrer uniquement sur son but de devenir le meilleur chef des Démons, juste après sa mère ? Nagito semblait être le seul qui pouvait régler cela. Peut-être que la marque qu’Izuru lui avait laissé était un signe de ce changement ? De plus, le fait que le peuple entier des Démons était en train de faire la fête quasiment deux jours de suite devait forcément avoir quelque chose à faire avec cela, non ?
Pour l’instant, il devait trouver ce dernier. Qui sait où il aurait pu aller, après tout. En s’approchant de Shuichi et Kokichi, les deux maintenant un peu plus calmes, il leur demanda s’ils avaient aperçu Izuru, ce à quoi Shuichi répondit qu’il était devant les portes principales de la ville, et qu’il surveillait les alentours, pour voir si ne serait-ce qu’un seul humain revenait.
Par conséquent, il ne fallait pas s’en faire pour lui, car vu sa puissance, il n’aurait aucun mal à se défendre en cas de problème. Nagito n’en doutait pas une seconde après avoir lu tout ce qu’il avait fait.
Décidant quand même qu’il serait plus judicieux d’aller vérifier lui-même, Nagito repartit dans le sens inverse, cherchant cette fois à accéder aux portes principales de la ville. En passant devant les bâtiments détruits par l’attaque des humains, le protagoniste se mit à réfléchir. D’accord, les Démons envahissaient les humains. Mais jusque-là, ils n’avaient pris qu’une ville. Et de ce qu’il avait vu, le peuple des Enfers était loin de la société anarchiste que les humains imaginaient.
En arrivant devant les imposantes portes qui faisaient l’entrée d’Everline, Nagito aperçut Izuru, assis en hauteur sur la muraille. Après qu’il ait demandé aux gardes le moyen de se rendre là-haut (qui était un simple escalier près des portes), le protagoniste vint rejoindre le Démon en haut.
La vue sur les paysages du monde était magnifique. Les arbres de la forêt laissaient place aux montagnes marrons derrière lesquelles se situait la ville minière, Chessmine. De l’autre côté, un champ de verdure bordait l’horizon. Il s’agissait du chemin en direction d’Hayley. On pouvait y voir une ligne noire mouvante s’y déplacer, sans doute les soldats humains qui rentraient chez eux. Nagito s’approcha d’Izuru et s’assit à côté de lui, contemplant le paysage au loin. Le soleil couchant rendait la scène encore plus belle.
« Merci. »
Nagito tourna la tête vers son interlocuteur, étonné d’entendre ce simple mot sortir de sa bouche. Ce dernier lui rendit un regard amical, et surtout un léger sourire. Trop choqué pour réaliser ce qui se passait, le protagoniste ne bougea pas d’un pouce quand Izuru quitta sa place pour s’envoler vers la tour. Le Démon Suprême m’a remercié… Puis il m’a souri ? Les pensées de Nagito ne pouvaient que dévier sur ce sujet, si bien qu’il ne se rendit pas compte que deux personnes étaient arrivées.
« Bah alors, Nagito, t’es tout rouge ! »
La voix de Kokichi retentit si près de l’oreille du protagoniste qu’il failli tomber, après avoir presque sauté trois mètres de haut sous le coup de la surprise. Il ne se rappelait pas avoir rougi pourtant…
« Eh bien… C’est compliqué… » balbutia Nagito
Kokichi n’en manqua rien pour se moquer de lui, en lui disant qu’il ressemblait plus à une tomate qu’à un humain, alors que Shuichi rigolait doucement à côté d’eux. Le protagoniste ne dit pourtant rien de ce qui lui était arrivé avec Izuru, de peur que cette ‘conversation’ doive rester secrète. Néanmoins, il arriva quand même à calmer Kokichi (qui se moquait toujours) et le convaincre de rentrer dans sa chambre située dans la grande tour, qui, étonnement, n’avait pas été amochée. Peut-être était-ce pour conserver le patrimoine culturel du pays ? C’était sans doute le cas.
Arrivant dans le grand hall quoiqu’un peu en bazar, le trio de garçons se dirigea vers l’ascenseur, qui fonctionnait toujours, miraculeusement. En arrivant au dixième étage, Shuichi et Nagito souhaitèrent bonne nuit à Kokichi, qui habitait un étage plus haut. En marchant dans les couloirs, les deux rigolèrent en se rappelant la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Mais quand Nagito demanda à quoi servait réellement la marque qu’il avait sur le poignet, l’autre ne lui répondit que ‘s’il ne te l’as pas dit, ce n’est pas à moi de le faire.’
Après s’être séparé de son ami, Nagito retourna dans sa chambre. Tout était bien heureusement en ordre, à part quelques objets qui étaient tombé de la table de chevet. Si le dîner était à dix-neuf heure trente, comme la dernière fois, alors cela lui laissait une bonne heure avant de devoir se préparer. Le protagoniste décida donc de faire une sieste dans son lit. La journée d’aujourd’hui avait été épuisante.
En étant sûr de se réveiller à dix-neuf heures pile, Nagito ouvrit les yeux. La pendule de sa chambre indiquait dix-huit heures quarante. Il lui restait donc un peu de temps avant de devoir se rendre au restaurant… Une idée lui traversa l’esprit, d’un coup. Et s’il s’habillait maintenant et rendait visite à Izuru ? Il avait bien vu que le Démon s’était énormément ouvert à lui ces derniers temps, alors mieux valait continuer sur cette lancée, non ? Et puis voir Izuru sourire avait suffit à faire manquer un battement de cœur à Nagito. C’est vrai que cela rendait bien mieux sur son visage.
Après avoir fait son choix parmi les dizaines de costumes dans son armoire, Nagito décida de remettre celui qu’il portait à la grande fête d’hier. Après avoir rajouté des gants noirs au tout, car cela lui convenait mieux, Nagito se coiffa et partit en direction de l’ascenseur. Le dernier étage était sa destination. La montée prit plus de temps que Nagito ne l’avait prévu. Evidemment, il se demandait parfois ce qui le conduisait à faire certains choix. Mais bon, il était sur le chemin, alors autant continuer au lieu de rebrousser chemin.
Quand l’adolescent arriva enfin au terme de son long périple en ascenseur, les portes s’ouvrirent comme la dernière fois, et révélèrent l’immense porte du bureau du chef des Démons. Nagito toqua deux fois à la porte, pour signaler sa présence. Peu de temps après, Izuru lui répondit.
« Entrez. »
Une fois la porte ouverte, Nagito se glissa dans la pièce et referma l’entrée. Il remarqua qu’Izuru eut l’air surpris de le voir ici. Immédiatement, ce dernier le pria de s’asseoir sur l’un des canapés dans la salle. Ironiquement, Nagito choisit le même que celui sur lequel il s’était assis la première fois qu’il était arrivé ici. Le Démon, lui, choisit de se poser en face de son invité. Il lui servit ce qui s’apparentait à du café et s’installa bien confortablement.
« Y a-t-il une raison particulière pour laquelle tu venais me voir ? » demanda Izuru
« Aucune, je venais juste pour parler. »
Le Démon eut une nouvelle fois l’air surpris, même s’il ne s’agissait que d’une fraction de seconde. Une question vint soudain à l’esprit de Nagito, mais était-ce judicieux de la poser ? Il ne voulait certainement pas perdre la sympathie du Démon… Mais d’un autre côté, cela l’aiderait à mieux le comprendre… S’il expliquait cela, Izuru accepterait de répondre, non ?
« Je me posais une question… » commença Nagito, après avoir apporté la tasse de café à ses lèvres « Pourquoi tu ne montres jamais tes émotions ? »
Le garçon sentit que quelque chose n’allait pas dans ce qu’il avait dit quand Izuru baissa les yeux, l’air sombre. Il allait d’ailleurs s’excuser, quand le Démon le stoppa net.
« Ma mère était la meilleure cheffe que les Démons n’aient jamais pu avoir. Cependant, elle était aussi très généreuse, et a fondé notre code d’honneur. C’était la meilleure mère qui puisse exister… » le Démon conclut cette dernière phrase avec un ton de nostalgie « Elle est malheureusement morte quand j’avais douze ans. Un Démon Supérieur l’a tuée alors qu’elle essayait de s’interposer dans un conflit. C’est avec le stress de mes nouvelles fonctions que j’ai appris à grandir. Apporter l’honneur à mon peuple était la priorité. Si je m’encombrais de sentiments factices, cela serait bien plus dur. J’ai donc décidé de tout enfouir dès que j’ai pris la relève de ma mère. »
Nagito resta bouche-bée. Izuru, lui, avait simplement baissé la tête, ne montrant pas son visage à l’autre. Cependant, Nagito était sûr qu’il ressentait toujours les émotions, même s’il avait pensé les avoir supprimées. Après tout, ces choses-là ne pouvaient pas disparaitre à jamais, pas vrai ? Sentant que la situation devenait assez gênante comme ça, Nagito préféra passer à un autre sujet.
« Et pourquoi m’avoir choisi moi de toutes les personnes du monde… ? »
« Ce jour-là, j’en avais eu assez de tout garder à l’intérieur. J’avais donc décidé de trouver quelqu’un à qui tout confier le plus rapidement possible, et tu es apparu. »
Donc, finalement, le fait que l’humain soit toujours vivant maintenant était un gros coup de chance… Rien de bien extraordinaire, il avait été stupide de penser qu’il avait vraiment quelque chose de spécial que le grand Démon aurait pu repérer. Il espérait que cela lui serve de leçon pour plus tard. De toute façon, il semblait que les deux aient appris à s’apprécier dans une courte période de temps, alors au final, est-ce que Nagito n’était pas le choix le plus judicieux, ou est-ce qu’il commençait juste à prendre la grosse tête ?
Finalement, l’heure du dîner arriva bien assez tôt. Quand les deux descendirent au restaurant, il n’y avait pas encore beaucoup de monde, à part Kokichi et Shuichi. Les deux adressèrent un léger signe de tête à Nagito, la tête de raisin semblant plus le féliciter d’avoir voulu se rapprocher d’Izuru. Le protagoniste lui tira la langue avant de s’asseoir avec son hôte. La soirée se passa merveilleusement bien, si on oubliait que Kokichi avait essayé de piquer de la nourriture à Shuichi, qui l’avait poursuivi avant de l’enchaîner à sa chaise. Le pauvre petit garçon n’arrêta pas de se plaindre avant que l’autre le détache, toujours méfiant. Quant à Izuru et Nagito, les deux passèrent une bonne soirée aussi. Comme au déjeuner, la nourriture était excellente. Parfois, Nagito essayait tant bien que mal de faire ressortir les émotions de son interlocuteur, sans grand succès. Le seul changement qu’il obtint fut de la confusion quand il parla à Izuru des livres, puis déclara qu’il avait simplement inventé cette histoire. Cependant, Izuru semblait être méfiant depuis que Nagito lui avait évoqué l’autre monde. Peut-être se doutait-il de quelque chose ? Pour l’instant, mieux valait faire attention à ce qu’il disait… Cela pourrait se retourner contre le protagoniste.
Une simple heure après être entrés dans le restaurant, Nagito partit de son côté après avoir souhaité bonne nuit à Izuru, et retourna dans sa chambre. Alors qu’il traversait le couloir de l’étage, une forme sombre lui sauta dessus, si bien qu’il perdit l’équilibre et tomba sur les fesses.
« Ça c’est pour avoir dit que j’étais pas discret. » la voix de Kokichi surgit de derrière Nagito
« Mais j’ai jamais dit que… » fit-il avant de s’interrompre. Est-ce que les Démons savaient lire dans les pensées ?
« Bingo, bullseyes, right on the fucking money. » marmonna Kokichi
Nagito se sentit débile. S’il était vrai que les Démons avaient plusieurs pouvoirs, comment n’avait-il pas prévu celui-là ? Et puis il avait sans doute dit des choses gênantes dans ses pensées, qui savait ce qu’Izuru avait entendu ? A cette simple idée, Nagito se transforma – encore une fois – en une tomate, sous les moqueries de Kokichi. Le protagoniste se leva juste et partit vers sa chambre, toujours troublé d’avoir appris cela. Il fallait désormais surveiller son langage, mais aussi ses pensées… N’existerait-il pas un moyen d’empêcher les autres d’accéder à ce qu’il avait dans la tête ? Quand bien même il y en aurait un, Nagito n’aurait jamais le courage de le demander à Izuru.
Quand il arriva enfin dans sa chambre – toujours agressé par la voix de Kokichi – Nagito partit se changer et se jeta sur son lit. Il voulait évacuer tout le stress d’aujourd’hui le plus vite possible, si bien qu’il s’endormit presque aussitôt.
Le lendemain matin, Nagito se réveilla, l’esprit encore embrumé par le sommeil. Il n’avait pas encore ouvert les yeux. D’ailleurs, il sentait une source de chaleur à côté de lui. Était-il revenu dans le temps ? Cela semblait peu probable, car il sentait la douceur du matelas encore sous lui. Pourtant, il ne voyait pas ce qui pourrait être si chaud en dehors des couvertures le recouvrant. Un poids pesait également sur lui.
Quand il se décida enfin à ouvrir les yeux, il aperçut Kokichi, étalé sur lui, l’air très éveillé. Il le regarda, l’air malin, pensant avoir fait la meilleure blague de sa vie. Nagito le prit juste par le bras et le balança en dehors du lit. Ce dernier atterrit sur le sol avec un petit bruit de douleur. Il se frotta le derrière et lança un regard noir à Nagito. Le protagoniste lui répondit par un éclat de rire. C’est alors que Shuichi déboula dans la salle, l’air énervé. Kokichi hurla de peur avant de se précipiter vers sa seule voie de sortie, la porte d’entrée, avant de se faire attraper l’oreille par son petit-ami et traîner dans le couloir.
Nagito ne put qu’admirer cette scène ridicule en ayant l’air ébahi. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer, ou alors son cerveau n’arrivait pas à marcher. Pour l’instant, il allait juste essayer d’expliquer la scène d’il y a quelques secondes en se disant que Kokichi cherchait juste à l’embêter, comme toujours.
C’est en faisant l’ordre dans ses pensées que le protagoniste se rendit compte qu’il avait apprécié son séjour dans ce monde, et qu’il avait même l’impression d’y être resté plus longtemps que trois jours. Cela semblait idiot, mais il avait bien envie de rester et d’apprendre à connaitre chacun de ses nouveaux amis plus en détail.
Le temps que Nagito passa à réfléchir passa si vite qu’il ne se rendit même pas compte qu’il était bientôt l’heure d’aller au restaurant. En enfilant un costume noir choisit au hasard, le protagoniste courut dans la salle de bain se préparer, et quand il eut fini tous ses préparatifs, il se dépêcha d’aller à l’ascenseur et sélectionner le rez-de-chaussée. Quand il arriva enfin en bas de la tour, il fila annoncer sa présence à l’hôtesse, qui le renvoya à la même table qu’hier soir. Comme prévu, Izuru l’attendait là, un air ennuyé. Il avait dû attendre un peu de temps avant que Nagito n’arrive, donc ce dernier comprenait très bien ce que le Démon pouvait ressentir (ayant vécu la même chose).
Après que les deux eurent fini leur repas, ils se dirigèrent vers l’entrée de la tour. Izuru avait juste prévu de se balader en ville, car les habitants n’avaient pas renoncé à leur fête, qui était prévue pour le jour même. Quand les deux sortirent du bâtiment, toutes les rues avaient été dégagées, et l’ambiance festive avait repris le dessus, même si certains pleuraient toujours leur amour ou parent perdu. Plusieurs stands avaient ouvert, la majorité étant sur le thème de la cuisine, d’autres étaient plus… raffinés. Certains proposaient de disséquer des animaux du monde des humains (ce furent ceux que Nagito ne regarda pas), tandis que d’autres vendaient toutes sortes de choses sur le thème du fait main.
Les deux passèrent du temps à explorer le festival. Ils allaient tantôt à un stand que Nagito voulait absolument voir, tantôt à celui qu’Izuru trouvait le moins ennuyeux. C’était cependant une bonne expérience car midi approcha plus vite que chacun aurait pu concevoir. Le matin cependant, Mikan était venue vers Nagito, demandant à lui parler seule à seul. Ce dernier avait accepté, laissant Izuru indifférent dans las rues. Mikan l’amena jusqu’à une ruelle où personne ne se trouvait, l’air apeuré (un peu comme toujours).
« E- est-ce que t- tu aurais des c- conseils pour un rendez-vous a- avec une humaine… ? » demanda-t-elle, l’air craintif
Nagito la dévisagea comme si elle avait dit une chose incroyable. Mikan était amoureuse d’une fille, une humaine qui plus est ? Il failli tomber de surprise. Le protagoniste lui dit juste d’être elle-même et de ne pas mentir, et s’en retourna à la rue principale où l’attendait Izuru. À part cela, Nagito réussi à convaincre Izuru de leur prendre un kimono chacun et de le porter pour la cérémonie en fin de journée. Cela lui rappellerait au moins un peu les traditions du Japon. Le Démon avait fini par accepter, de contrecœur, après avoir vu Nagito le supplier en pleine rue. Les habitants les avaient d’ailleurs tous dévisagés, abasourdis par la scène qui se déroulait devant eux.
Au final, Nagito s’en était tiré avec un kimono vert foncé, et Izuru en avait pris un noir. Il avait aussi arrangé ses cheveux en une haute queue de cheval, parsemée de mini tresses. Évidemment, le tout lui allait à ravir, mais il n’allait pas l’admettre si facilement.
Les deux se baladèrent le reste de l’après-midi, sans oublier de passer par quelques dizaines de stands. Nagito réussit même à apercevoir un semblant de sourire de la part d'Izuru quand il s’était réjoui sur le fait qu’il avait réussi à éclater trois ballons avec une reproduction d’arc. Un autre moment mémorable fut quand Izuru réussi sans difficulté à toucher un ballon à plus de cinquante mètres avec un seul arc comme arme. Cela devenait une raison de plus de ne pas l’énerver…
Enfin le soir arriva. Izuru et Nagito s’étaient assis sur la grande muraille qui protégeait la ville, assez proches, et regardaient le coucher de soleil, magnifique encore cette soirée. Les deux restèrent comme ça pendant plusieurs minutes, à ne rien dire. Puis, l’heure du repas arriva. Aujourd’hui, ils avaient décidé de manger dans un restaurant en ville, assez proche de la tour. Il s’agissait d’une entreprise familiale assez connue chez les Démons. La façade était faite de plantes en tous genres, et les tables étaient en bois. Une atmosphère de sérénité y régnait, si bien que Nagito s'y sentit à l’aise très peu de temps après leur arrivée.
Le dîne dura pas mal de temps, même si Nagito et Izuru ne discutaient pas vraiment. Le repas était quelque chose d’assez traditionnel, se mélangeant bien avec les kimonos des deux garçons. Évidemment, il ne s’agissait pas du même menu que dans les restaurants traditionnels japonais avaient, mais cela restait assez délicieux.
La nuit arriva bientôt, laissant les deux garçons quasiment seuls dans les rues maintenant désertes de la ville. Ils retournaient à la tour principale d'Everline, où ils auraient le droit à une bonne nuit de repos après une journée longue et épuisante. C’est seulement après qu’il se soit changé et lavé que Nagito se jeta dans son lit, repensant à cette journée. Il avait passé de très bons moments avec Izuru, et s’était vraiment pris d’affection pour lui. En laissant ses pensées dériver sur Kokichi et Shuichi, Nagito réalisa enfin quelque chose. Est-ce qu’il aimait le Démon Suprême ?
La question vint à son esprit en moins de temps qu’il n’en faudrait à Kokichi pour lui sauter dessus. À cette seule pensée, Nagito se sentit devenir rouge. Il ne pouvait pas tomber amoureux si facilement ? Il avait toujours entendu dire que l’Amour avec un grand A arrivait sans prévenir, qu’il s’installait sans rien demander. Était-ce le cas actuellement ? Ou est-ce que Nagito se faisait des idées ? Pourrait-il avoir le courage de demander au Démon... ? Sûrement pas… c’est pas d’ailleurs en baignant dans le doute que Nagito réussit à s’endormir.
Le bruit répétitif et presque douloureux d’un réveil fut la première chose qui accueillit Nagito. Quand ce dernier ouvrit les yeux, la vue encore réduite par le réveil soudain, il aperçut qu’il était revenu… dans sa chambre d’étudiant… ? En regardant autour de lui pour voir s’il ne rêvait pas, Nagito se rendit compte avec horreur que tout ce qu’il avait vécu n’était qu’un rêve. Alors ses aventures avec Izuru, ses deux amis du monde des Démons… tout cela avait été inventé par son cerveau… ? Impossible… Tout cela avait l’air si réel.
Il décida quand même de regarder son poignet. Quelle ne fut pas sa surprise quand il se rendit compte que le dragon noir se trouvait toujours là. Il regarda la marque, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Cela était bien un signe que tout était réel, pas vrai ? Alors que faisait-il là et pourquoi-
Le son d’une alarme venant de son téléphone sortit Nagito de ses pensées. Il était censé avoir cours aujourd’hui encore… il regarda le dernier livre d'Hajime en soupirant. Qui sait s’il retournerait pas dans le monde des livres quand il s’endormirait ce soir-là ? Se levant faiblement, Nagito prit son courage à deux mains et essaya de se rassurer en se disant qu’il s’agissait d’un mauvais rêve dans un bon rêve. Il n’était pas prêt à affronter cette journée de cours, mais il devait y aller.
Après s’être changé, cette fois avec des vêtements normaux, Nagito partit à l’école. La journée fut plus qu’ennuyeuse. Le fait de revoir Kazuichi ne l’aida pas à se détendre. Il resta toute la durée de son séjour à l’école silencieux, perdu dans ses pensées. Il n’arrivait pas à dire si tout n’était qu’un rêve, ou s’il avait bien vécu trois jours en l’espace d’une nuit.
N’ayant d’autre choix que de rester avec des questions non répondues en tête, Nagito préféra se concentrer sur les bons moments qu’il avait passé là-bas. Il avait eu la chance de tomber sur Izuru quand celui-ci avait voulu arrêter de retenir ses émotions, rencontrer deux adorables Démons, certes, un peu idiots sur les bords, mais très sympathique, avait goûté à de la cuisine de luxe, participé à une fête absolument géniale, mais surtout, et c’était le plus important, il avait pu voir Izuru sourire deux fois. Cela resterait un souvenir inoubliable pour Nagito, rêve ou pas.
Quant à la guerre qu’il avait pu apercevoir, elle l’avait aussi fait réaliser certaines choses, notamment le fait qu’il ne voulait plus jamais voire de batailles, mais aussi que la solidarité des Démons était bien plus forte que ce qu’il pensait… En parlant de solidarité… Il n’avait jamais vu un peuple aussi soudé, et peu importe ce que les autres diraient, il ne regretterait jamais autant quelque chose de sa vie.
Le soir arriva bien trop lentement pour Nagito. Il avait surtout hâte de voir s’il arriverait à replonger dans le monde des livres d’Hajime. Il ne savait même pas si cela était bien possible. A trop réfléchir à ce qu’il pensait faire s’il n’arrivait pas à revoir les habitants d’Everline, Nagito ne se rendit même pas compte que Kazuichi lui parlait.
« Heyy ! Tu sais qu’Hajime fait des dédicaces spéciales ce soir dans notre librairie habituelle ? Ça n’a été annoncé que ce matin ! »
Nagito leva la tête en voyant l’air excité de son meilleur ami. Après tout, s’il rencontrait l’auteur des livres, peut-être qu’il réussirait à comprendre ce qui lui était arrivé ? Le protagoniste mit cette idée de côté immédiatement. Hajime le prendrait pour un fou, c’est tout. Il était simplement dans la situation la plus compliquée qu’il ait eu à vivre… Peut-être que s’il en parlait à Kazuichi…
« Bon, on y va ? » demanda ce dernier « On va être en retard ! »
Une fois arrivés à la librairie à laquelle ils avaient l’habitude d’aller, Nagito et Kazuichi se surprirent eux-mêmes en voyant le nombre de gens en file devant le magasin. Il fallait pourtant s’y attendre. La série de livres était très populaire au Japon, c’est pourquoi autant de monde se disputaient pour avoir la première place.
Après une bonne heure d’attente, Nagito et Kazuichi purent enfin entrer dans la pièce où Hajime faisait ses dédicaces. Nagito avait eu le temps de réfléchir à ce qu’il allait possiblement lui demander, mais il avait aussi fait en sorte que ça ne soit pas trop évident qu’il était allé dans le monde fictionnel de l’auteur.
C’est en voyant le jeune garçon brun assis en tailleurs sur la chaise devant la table servant à signer les livres qu’une chose frappa Nagito. Izuru et Hajime avaient exactement le même visage, si on oubliait que les yeux d’Hajime étaient verts-gris, et non rouges. Kazuichi s’approcha sans peur de l’auteur qui les accueillit avec un sourire. Nagito, lui, resta en retrait dans la pièce, trop choqué par la découverte qu’il venait de faire.
Après avoir fait signer son livre, Kazuichi poussa Nagito, gêné, vers l’auteur. Ce dernier rigola devant le protagoniste qui s’énervait contre son ami. Finalement, c’est en tremblant presque que Nagito donna son édition du livre à Hajime. Ce dernier le signa rapidement avant de le refermer, un sourire doux toujours imprimé sur le visage.
« Merci d’avoir lu mes livres, ça me fait chaud au cœur. » déclara Hajime
Kazuichi était sur le point de s’évanouir quand Nagito le traina hors de la salle. C’est en quittant la pièce que Nagito entendit l’auteur murmurer une certaine chose…
« Il est vrai que j’ai basé l’apparence d’Izuru sur moi-même… »
Ce fut la dernière chose que Nagito entendit avant que d’autres personnes n’entrent dans la salle.
Merci d’avoir lu !
13795 mots, c'était censé être une rédaction de français mais au final je me suis un peu emportée... j'aimais bien l'histoire en fait :P
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