Talkin' To The Moon - Jungkook

Qui suis-je ? Où vais-je ? A quoi bon ?

Non, ce n'est pas une dissertation de philo que je suis en train de rédiger.

Non, c'est ce que je me demande en boucle, à chaque instant, sans pouvoir m'en empêcher.

A quoi bon vivre, à quoi bon rester là, à attendre la mort ? A quoi je sers ?

Pourquoi les humains me font autant penser à une fourmilière chaotique, pourquoi j'ai l'impression qu'ils passent leur temps à courir dans un sens puis dans un autre, sans but, en vain ?

Et moi je suis là, à me poser toutes ces questions, une nouvelle fois, à contempler la nuit, assis sur cette butte de terre.

Pourquoi se faire des amis ? Par peur de la solitude ?

Mais pouvons-nous vraiment lutter contre la solitude ? Je veux dire, quoi que l'on fasse, peu importe de qui l'on s'entoure, notre coeur bat seul. Au fond de moi, je sais que l'humain est un être sociable, en conflit permanent avec sa nature propre, sa nature de solitaire.

Le vent fait bruisser les feuilles des arbres, j'aime ce son, il est doux et réconfortant.

Les lamentations du vent sont belles. Quand je suis d'humeur rêveuse, j'imagine qu'à travers son doux murmure, il confie son amour à sens unique pour les étoiles, qu'il n'atteindra jamais.

Le vent est tactile, vous savez, il est câlin. Lui aussi, il n'aime pas être seul. C'est pourquoi il vient vous caresser, il cherche le contact, il vous réconforte, vous montre qu'il est là.

Sur Terre c'est peut-être bien le vent le plus triste. Parce que si lui peut vous toucher, vous, jamais vous ne l'atteindrez. Il est immatériel, il n'est qu'un rêve chantant et caressant.

Mais moi je l'admire. Parce que malgré tout il est toujours là. Si certains jours il se repose, jamais il ne cessera de souffler. Il continuera toujours de persévérer, et pourtant, jamais il n'aura ce qu'il veut.

Peut-être bien qu'on est un peu comme ça, nous aussi, les humains. On s'active dans tous les sens, mais on aura jamais ce qu'on veut. Parce qu'on ne sait même pas ce vers quoi on tend. La richesse ? Le bonheur ? L'amour ? La vie éternelle ? La paix ?

Et puis mes professeurs ils sont là, à me demander quelles études je veux faire, vers quelle profession je souhaite me diriger.

Mais je laisse ces questions à mes camarades de classe. Je les laisse se demander s'ils ont pris la bonne décision, s'ils réussiront, de quoi sera fait leur demain.

Je me sens étranger à tout ça. Je suis bien loin d'eux.

Parce que je préfère le goût des fraises à la crème sur ma langue que me demander quel salaire je toucherais. Parce que je préfère chercher la grande ourse dans le ciel d'une nuit d'été que remplir des dossiers d'admission. Parce que je préfère me délecter de l'odeur des pins que de me mêler à cette vaine société.

Mais n'est-ce pas moi qui suis vain ? N'est-ce pas vous qui avez raison ? Qui suis-je pour le dire, pour le savoir ?

On dit souvent que l'être humain ne sait pas faire preuve de modestie alors qu'en réalité il n'est comparable qu'à un grain de sable perdu dans l'immensité d'une plage dorée.

Je ne suis pas d'accord.

Les grains de sable sont rugueux, ils sont durs, mais dans cette plage dorée, ils se sont rassemblés à plusieurs dizaines de milliards, et ils forment une unité lisse, homogène.

Nous ne sommes qu'à peine sept milliards mais il n'existe pas un ensemble plus disparate que celui que nous formons.

Peut-être que cela nous rend atypique, que cela nous procure une autre forme de beauté, qui n'est qu'à nous.

Je ne sais pas.

Face à toutes ces questions, moi, je préfère rester là, dans cette froide nuit, assis sur ma botte de terre.

A parler à la lune.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top