Apology - Seokjin

Je suis désolé, je suis tellement désolé mon amour...

On s'aimait, on s'aimait tellement, alors pourquoi ? Pourquoi ces disputes incessantes, pourquoi ces cris et ces larmes ? Pourquoi ?

J'avais l'impression de courir, tu sais, de courir de toutes mes forces sans jamais m'arrêter, de te courir après. Quand on ne se voyait pas je n'avais de cesse de penser à toi, à ton visage, à ton sourire, à la courbe de tes yeux. Et quand on se disputait, je te cherchais, sans m'arrêter, je fouillais chaque recoin de cette ville jusqu'à te retrouver, pour m'excuser, m'expliquer, repartir comme avant.

Nous nous sommes disputés tellement violemment, ce jour-là. Je ne saurais même plus te dire pourquoi. Encore une raison stupide, sûrement, comme d'habitude.

Ca faisait des heures que je tournais en voiture, ton air torturé me hantait, ta bouche crispée sous la colère, tes dents mordant tes lèvres pour te faire ravaler ta peine, tes yeux larmoyants.

Et j'ai fini par te retrouver, tu te souviens ? Bien sûr que tu te souviens. Il aurait tellement mieux valu que je ne te retrouve jamais...

Tu étais au port, tu marchais lentement sur le quai, les mains dans les poches de ton sweat, mon sweat, celui que je t'avais donné. Tu avais la tête basse, tu semblais perdue dans tes pensées, tes cheveux longs flottaient autour de toi, bercés par la brise.

Alors je me suis garé, j'ai arrêté la voiture, n'importe où. Tu ne me croiras probablement pas, mais j'ai mis du temps avant de te rejoindre, tu sais. J'hésitais tellement, peut-être aurais-tu préféré ne pas me revoir, pas tout de suite. J'aurais dû m'arrêter à cette pensée, je n'aurais pas du venir. Jamais. J'ai longuement réfléchi, mon cœur. Qu'allais-je te dire, comment t'aborder ?

La nuit était en train de tomber, il faisait froid dehors, surtout au bord de l'océan, je m'inquiétais pour toi. Et cette brume qui se levait, épaisse fumée blanche à l'apparence surréaliste.

Et toi qui ne cessais de marcher. Je ne suis pas venu te parler tout de suite. Tu ne savais pas que j'étais là, tu étais trop profondément plongée dans ta réflexion. A quoi pensais-tu ? A moi ? A nous ?

Je me suis contenté de te suivre un moment, je t'admirais de dos, je veillais sur toi. Et tu as fini par quitté le port, tu es allée sur ce pont, ce pont désert, la lumière des immeubles de la ville le parsemait de points de lumière jaune.

Et puis tu es arrivée à ta voiture, tu t'es installée au volant, et je n'ai plus résisté. Je ne pouvais pas, tu comprends ? Je ne pouvais pas te laisser partir.

Si j'avais su... Si seulement j'avais su...

J'ai cogné à ta vitre, tu m'as regardé, tu as refusé de la descendre, alors je t'ai dit tout ce que j'avais sur le cœur, tu m'entendais, je le sais, je te voyais.

Mais tu ne l'as pas ouverte, tu t'es contentée de fixer loin devant toi, comme si je n'étais pas là.

Ca m'a blessé, ça m'a énervé, j'ai prononcé des mots que je n'aurais jamais dû dire. Je l'ai su alors qu'ils quittaient ma bouche, s'échappaient par mes lèvres ouvertes, mais c'était trop tard, ils avaient déjà gagnés tes oreilles.

Elle tournait dans ta tête à toi aussi, hein, cette dispute qui avait fait que tu t'es enfuie ?

J'étais en colère, terriblement en colère contre toi, mais tu refusais de me laisser tranquille, tu m'as suivi, tu m'as attrapé par la chemise, tu m'as retourné, tu m'as secoué. Tu criais, je me suis dégagé sèchement, les larmes dévalaient tes joues alors que tu m'adressais ces reproches de ta voix tremblante, brisée. Je t'avais plaqué contre ce poteau, je t'avais adressé tous ces mots si durs et si tranchants.

Et quand tu es partie, c'est moi qui ai fini par te suivre.

C'était comme ça entre nous, ce jeu continuel et permanent du chat et de la souris. C'était comme une course sous la pluie, notre couple était un combat, un combat contre nous-mêmes et pour nous-mêmes.

Tu l'as reconnu, n'est-ce-pas, ce pont ? C'est pour ça que tu es allée là, ce soir-là ? Ce pont où je courrais de toutes mes forces pour m'échapper, et où tu courrais de toutes tes forces pour me rattraper.

Derrière ton volant, tes larmes s'étaient remises à couler, tu n'arrivais pas à t'arrêter de pleurer.

T'aimer, tu sais, c'était un peu comme me battre contre le monde entier, chaque jour, comme avancer contre le sens de la marche, lutter, lutter toujours plus.

Mais ça en valait la peine. Ca en valait chaque minute, chaque seconde de souffrance. Tu en valais la peine. Mais tu aurais mieux fait de ne jamais me rencontrer, jamais me connaître. Oui, vraiment, tu aurais mieux fait, mon cœur.

Tu t'es mise à crier dans cette voiture, à me hurler de te laisser tranquille, et tu as démarré, tu t'es lentement éloignée.

Et moi je suis resté là comme un con, les bras ballants, à te regarder partit, comme un naufragé, perdu.

Tu te souviens de cette fois où tu es venue me prendre dans tes bras, dans mon dos, après une dispute ? Je t'ai repoussée, je suis parti.

Si tu savais comme j'aimerais revenir en arrière, me retourner, attraper tendrement ton visage entre mes mains et poser mes lèvres contre les tiennes, si douces.

Alors que la voiture s'en allait peu à peu, je te revoyais me courir après, désespérément, sur cette même route, tentant vainement de me rattraper, je me revoyais, moi, mes pieds s'abattant en rythme sur le bitume, mes jambes m'éloignant toujours plus de toi, accélérant encore.

Je revoyais cette fois où tu me suppliais de te laisser entrer, derrière cette vitre, cette fois où je t'ai demandé de partir et où tu m'as frappé, cette fois où je t'ai secouée, toi plaquée contre ce poteau, alors que tu me criais de te lâcher.

Toutes ces fois où tu m'as supplié de rester et où je t'ai demandé de partir, toutes ces fois où tu m'as dit que tu ne voulais plus me voir et où je t'ai imploré de ne pas me quitter.

Nos larmes, nos pleurs, nos cris, nos lamentations.

Toutes ces fois où je me suis détourné alors que j'aurais du rester à tes côtés.

Ces fois om tu es revenue vers moi alors que tu aurais du partir le plus loin possible.

J'ai fini par reprendre mes esprits, tu m'as vu dans tes rétroviseurs n'est ce pas, courir comme un taré après ta voiture ? Je ne t'ai pas rattrapée ce jour-là.

Et peu à peu, le souvenir de ta main dans la mienne disparait.

Et me voilà aujourd'hui, je suis revenu, encore une fois. Les fleurs m'entourent, la senteur des roses, tes préférées, m'enivre. Je suis là, assis sur cette pierre, à regarder le vide.

Est-ce ta main qui vient de passer devant mes yeux ? Est-ce un mirage ? Es-tu vraiment là, en train de danser, vêtue d'une longue robe blanche, qui flotte autour de toi ? Bien sûr que c'est un rêve. Alors je me lève, je vais partir, tu ne m'en veux pas, d'accord ? Je reviendrais mon amour, encore une fois, encore des dizaines de fois. Je reviendrais toujours, tu as ma parole. Alors laisse-moi tourner le dos à te dernière demeure, laisse-moi m'en aller. Je ne peux pas, pourquoi suis-je suis faible ? Je me rassois sur cette pierre, j'ai l'impression de te sentir, de sentir ta présence, dans mon dos. Pourtant je suis seul, tellement et désespérément seul, mais je préfère imaginer que tu es vraiment là, en train de danser, les bras tendus, si gracieuse.

Les souvenirs m'assaillent, encore une fois, ils me tourmentent, me détruisent de l'intérieur, c'est comme si tous nos bons moments disparaissent pour ne me laisser que nos disputes.

Alors je m'abandonne à l'illusion, je me relève doucement, et je te regarde, si belle dans ta robe, tes longs cheveux cascadant sur tes épaules.

N'aie pas peur, je vais m'approcher de toi, je vais prendre ta main, laisse-toi faire. Laisse-moi te prendre dans mes bras. C'est toi, c'est vraiment toi ? La douceur de tes mèches sous mes mains, ton odeur, je deviens fou.

Tu glisses tes doigts dans les miens et tu m'attires avec toi, et tu t'allonges sur cette pierre, me présentant ton dos, tes yeux se ferment, et tu te figes à nouveau pour l'éternité.

Attends un peu, juste quelques instants. Je t'en prie.

Et dans ce cimetière, je viens me coller à toi, je me baisse et j'attrape délicatement, avec toute ma tendresse, ton épaule, je pose ma tête sur la tienne et j'enfouis mon nez dans ton cou, inspirant ta délicieuse odeur.

Parce que je ne peux pas croire que tu sois partie, laisse-moi t'étreindre, rester avec toi, pour l'éternité.

Seokjin

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