Notre secret - Vkook

Voici ma participation au concours d'OS organisé par tahkyo et JuliaArmyBts ^^
J'avais déjà l'idée en tête depuis un petit moment, et j'hésitais entre plusieurs pairings, mais ça sera finalement un Vkook :D

Le titre, Notre Secret, et le pairing, Vkook, étaient imposés, de même qu'une phrase à intégrer à l'histoire. La mienne était :
"Je n'en peux plus ! J'arrête !! Ça ne m'intéresse plus !"

Voyons ce que tout ça donne :3

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● Notre Secret [Vkook]
- 1 partie
- 5300 mots

"C'était notre secret malsain, notre crime, c'était la seule chose qui apaisait mon coeur meurtri... À moins que ça ne soit justement ce qui me tuait à petit feu..."

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Il embrassa mon dos dans l'obscurité, ses mains caressaient mes hanches qu'il ramenait contre lui encore et encore, me faisant atteindre les étoiles.
Mais je ne devais pas faire de bruit, je le savais, pas un son ne devait passer la barrière de mes lèvres, peu importe à quel point j'avais envie de crier et d'évacuer tout ce que je ressentais.

Je le sentais arriver à ses limites, je le connaissais par coeur, depuis le temps...
Je me mordis plus fort les lèvres et crispai les mains sur mes draps sombres, laissant une larme rouler le long de ma joue.

Je soupirai dans mon coussin quand le plaisir devint finalement trop fort et me libérai sur le lit en le sentant faire de même derrière moi.

Je m'efforçai alors de reprendre ma respiration, lentement, en appréciant la sensation de ses doigts s'attardant sur ma peau, me faisant frissonner en me caressant tendrement.
Il s'assit finalement sur le bord du lit et je laissai retomber mon bassin sur le matelas, les jambes tremblantes.

Ça y est, le rêve était terminé.

Il alluma une cigarette et commença à la fumer devant la petite fenêtre qui donnait directement sur le lit.
Je ne bougeai pas, gardant le visage dans l'oreiller bien que ce soit parfaitement inutile. Même si j'avais relevé la tête, je n'aurais pas pu le voir...

Je l'écoutai se rhabiller en silence et se diriger vers la porte de ma chambre, puis l'ouvrir. Je le suivis mentalement passer celle de l'entrée, sortir de l'appartement, puis partir...
Alors seulement je me redressai, le coeur au bord des lèvres, et tendis la main vers la lampe posée sur la table de chevet, allumant la lumière à nouveau.

J'avais la gorge serrée et les yeux humides, mais je connaissais très bien les règles, et rien ne pouvait les changer.

Pas de bruit, pas de lumière, pas de gestes déplacés.
Pour qu'il puisse s'imaginer quelqu'un d'autre.

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J'avais rencontré Taehyung un peu plus de deux ans plus tôt, lors de ma première journée de cours dans une petite fac artistique de Seoul, en filière chant.

Lorsque notre professeur, monsieur Choi, nous avait tous réunis en cercle au milieu de la grande salle vitrée qui allait devenir notre deuxième chez nous au fil des années, il s'était retrouvé juste en face de moi et nos yeux s'étaient croisés pendant une seconde.
Je me souvenais avoir pensé que c'était la plus belle personne que j'aie jamais rencontrée. Dans le petit village paumé d'où je venais, on croisait peu de personnes comme lui.

Les premiers mois, je n'avais pas osé m'approcher de lui, encore moins lui adresser la parole.
Il était assez populaire, bien qu'il ne semble pas spécialement chercher à l'être. Il était plutôt du genre social butterfly, alors que j'étais satisfait de mes deux ou trois amis et qu'être avec plus de monde me faisait paniquer.

Je restais surtout avec Jimin, qui venait du même village que moi aux abords de Busan, et je discutais un peu avec Seokjin, un élève de quelques années au dessus dans la même filière que nous.
J'observais donc Taehyung de loin. Le garçon n'était qu'une pensée agréable pour moi, mais un peu irréaliste.

Jusqu'au jour où, en milieu d'année, monsieur Choi avait décidé de nous mettre en binôme, pensant que nos voix s'accorderaient.
Nous avions alors commencé à parler, un peu ralentis par ma timidité, mais j'avais découvert qui il était réellement.
Dès lors, je m'étais totalement retrouvé pris au piège.

Pourquoi en plus d'avoir un visage douloureusement magnifique, avait-il fallu qu'il soit gentil, doux et attentionné ?
Nous étions devenus amis, mais j'étais tombé amoureux à une vitesse presque effarante.
J'aurais pu lui dire, j'aurais pu essayer d'être celui vers qui cette douceur et cette attention se tourneraient, mais il les avaient déjà offertes à Hyejin, une fille qui n'était pas de l'école.
Et je n'avais aucune envie de m'immiscer dans quoi que ce soit à l'époque...

Découvrir qu'il était en couple m'avait pas mal secoué, mais j'étais au moins heureux de pouvoir être son ami.
Tout ce que je demandais, c'était pouvoir passer du temps avec lui, pouvoir être moi.

Mais même ça, je ne le pouvais pas complètement...
Si je voulais rester avec lui, je devais supporter les blagues homophobes que lui et ses amis se racontaient régulièrement.
Seul avec moi, il n'avait jamais une parole déplacée, mais avec eux, c'était une autre histoire...

Tout cela avait duré un an, une année plutôt frustrante, pendant laquelle je m'étais rapproché de lui sans pouvoir me défaire de cette impression qu'il serait toujours hors d'atteinte, qu'il manquerait toujours quelque chose.
Une année pendant laquelle il m'avait présenté tous ses amis et même sa copine, qui, pour mon plus grand désespoir, était adorable...

Et puis au milieu de la seconde année, il avait commencé à se confier à moi, plus régulièrement qu'avant.
Et à une soirée un peu arrosée, il m'avait avoué qu'il aimait Hyejin mais qu'il s'ennuyait avec elle, sur le plan physique, qu'il ne savait pas si elle était vraiment la bonne personne pour lui de ce côté-là.

C'était là que notre arrangement avait commencé, que nous avions commencé à partager ce secret honteux, que j'avais commencé à me détester...
Mais j'étais incapable de dire non, je l'avais toujours été.
Je satisfaisais ses désirs depuis des mois, il m'utilisait pour faire tout ce qu'il aurait voulu faire avec Hyejin, l'imaginant à ma place.

Il n'était jamais violent. J'ignorais si j'aurais préféré qu'il le soit.
J'aurais sans doute réussi à le détester dans ce cas-là, mais je n'aurais tout de même pas réussi à le repousser et je me serais senti encore plus sale.
Faire ça dans le dos de Hyejin me rendait malade, me laisser toucher aussi intimement par quelqu'un qui ne pourrait jamais me rendre mes sentiments me rendait malade, et pire que tout, le fait que j'en veuille toujours plus me rendait malade...

Mais j'aimais qu'il me touche, j'aimais qu'il vienne chez moi et qu'il me laisse parfois entrevoir son corps avant d'éteindre la lumière, j'aimais sentir son odeur sur mon lit, son goût sous ma langue...
J'aimais tout de lui, autant que je détestais devoir faire comme si de rien était à l'école, que je détestais l'entendre cracher sur les gays avec ses amis toute la journée, que je détestais l'entendre partir dans la pénombre...

Mais je n'aurais jamais la force de tout arrêter...
Comment dire non à la personne qui faisait chavirer votre coeur ? Comment dire non à la personne qui vous avait tant confié, et avec qui vous vous sentiez si bien...?

- Jungkook ? lança Jimin, l'air inquiet. Ça ne va pas ?

Je clignai plusieurs fois des yeux pour faire disparaître l'image de ma petite chambre étudiante de mon esprit et faire revenir celle de la cafétéria et de mon plateau encore plein.
Hier soir, Taehyung avait dû partir très tôt pour emmener Hyejin au cinéma pour leurs "bientôt deux ans de relation", alors aujourd'hui, date de ce fameux anniversaire, je n'avais plus vraiment goût à rien.

J'avais même demandé à Jimin si nous pouvions manger à part pour cette fois, parce que je me voyais mal écouter mon "ami" raconter sa soirée à toute la tablée et faire semblant de m'y intéresser.

- Si si... tentai-je de le rassurer en plantant mes baguettes dans une petite boîte en carton au hasard et en prenant une bouchée. Ça va très bien...

Je devais bien admettre que mon enthousiasme n'était pas flagrant, mais je n'avais pas la motivation de donner le change, et de toute manière, Jimin était habitué à mes sautes d'humeur depuis quelques mois.

Il garda les yeux posés sur moi un moment, comme pour s'assurer que j'allais bien manger, puis se reconcentra sur son propre repas et sur l'écran de son téléphone, sûrement occupé à envoyer des textos à un mec dont je ne connaissais pas le nom.

Jimin n'était pas envahissant, il ne cherchait pas à savoir à tout prix ce que cachaient mes traits fermés quand j'allais mal, et il attendait que j'aie envie d'en parler, ce qui arrivait rarement. Mais au moins, je savais que quand j'en avais besoin, il était là pour m'écouter.

Je n'avais jamais osé lui parler de notre secret, à Taehyung et moi. D'abord parce que c'était immoral et que je n'avais pas envie de voir de dégoût dans ses yeux d'ordinaire si bienveillants...
Ensuite, parce qu'il n'aimait pas Tae et sa bande, les trouvant bien trop fermés d'esprit.
Il n'arrêtait pas de me dire qu'en tant qu'homosexuel, je n'aurais pas dû non plus avoir envie de traîner avec eux, et il avait raison bien sûr...

Seulement, quand Taehyung et moi étions seuls, en dehors des moments où nous nous retrouvions dans le noir, j'étais heureux. Je me sentais bien.
Il était beaucoup plus naturel, plus détendu, il se forçait moins à sourire et, par conséquent, quand il le faisait, il était d'autant plus magnifique à mes yeux.
Si supporter sa bande d'amis et la mauvaise influence qu'ils pouvaient parfois avoir sur lui était la condition pour pouvoir être auprès de lui, j'étais prêt à l'endurer.

J'allais bientôt terminer mon plat principal lorsque mon téléphone vibra dans ma poche.
J'attrapai l'objet d'une main et continuai à manger de l'autre, essayant de ne pas trop me renfrogner en voyant le message s'afficher.

• Tae : On peut se voir chez toi ce soir ?

Cette phrase pouvait paraître anodine pour deux amis, mais nous savions tous les deux ce qu'elle signifiait, et elle revenait de plus en plus souvent ces derniers temps.
Tout allait pourtant très bien avec Hyejin... Il paraissait toujours assez pressé de partir la retrouver quand il me quittait. Alors pourquoi... ? Pourquoi ses visites devenaient de plus en plus fréquentes ?

Je n'osais pas lui poser ces questions, de peur que cela ne s'arrête du jour au lendemain.
J'étais pitoyable.
J'aurais dû souhaiter que tout s'arrête, et voilà que j'en étais dépendant, comme un toxico qui aurait besoin de sa dose quotidienne, tout en sachant que la drogue le détruisait à petit feu.
Mais le sevrage semblait impossible, bien trop douloureux à encaisser.

Kim Taehyung était devenu ma drogue, et il suivait à la lettre la définition.
Il contrôlait mes humeurs, me rendait nerveux et sensible, avait des effets dévastateurs sur mon corps et mon cerveau, mais arrêter de le voir me ferait tellement mal...

Alors, d'une main tremblante, comme un type en manque, je tapai encore la même réponse :

• Jungkook : À quelle heure tu veux passer ?

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Lorsqu'il arriva, je l'attendais déjà dans ma chambre, ayant juste eu à appuyer sur l'interphone, comme à chaque fois.
Il entra dans la petite pièce, amenant avec lui cette légère odeur de cigarette qui, sans que je puisse me l'expliquer, était presque agréable sur lui.
Je le regardai du coin de l'oeil refermer la porte derrière lui et s'avancer dans la pièce.

- Faudra que je reparte vite, déclara-t-il simplement en enlevant sa veste dans un geste souple. Hyejin rentre dans une heure à l'appart.

Comme à chaque fois qu'il prononçait le nom de cette fille tout en s'apprêtant à me faire sien, mon coeur se serra.
Est ce qu'il se rendait au moins compte du mal qu'il me faisait... ?

- C'est cette histoire des deux ans tu comprends...? Elle veut m'avoir avec elle.

Est-ce qu'il se rendait compte qu'il y a deux ans, c'était également notre rencontre ? Ou du moins le début de notre collaboration, et donc de notre amitié. Est-ce qu'il se rendait compte qu'il gâchait tout en jouant avec moi de cette façon ?

- Puisque c'est si important pour vous, qu'est-ce que tu fous là avec moi ?

Il se retourna vers moi, l'air surpris, et je baissai immédiatement les yeux, serrant mes mains entre elles, aussi choqué par moi-même qu'il l'était.
D'habitude je ne disais rien, ayant trop peur de déraper, comme maintenant. J'encaissais en silence, ne me plaignant jamais de rien.

Je ne lui avais jamais parlé sur un ton aussi dur et sec, jamais je n'avais osé m'élever ainsi contre lui, de peur de le perdre.
Mais qu'est ce que je pouvais bien perdre de toute manière... ?
Un ami ? Taehyung ne pouvait plus être nommé ainsi depuis un moment. Un amant ? Je n'étais rien d'autre qu'un jouet arrangeant pour lui, bien moins cher qu'une poupée gonflable, et plus vrai que nature.

Je n'avais rien à perdre, alors pourquoi ça faisait aussi mal de le voir me regarder avec cette expression fermée ?

- Qu'est ce qui se passe ? demanda-t-il d'une voix neutre qui me fit enrager.

Comment pouvait-il être aussi calme ? Ne pas voir que j'étais en train d'imploser devant lui ?

- Qu'est ce qui se passe... ? répétai-je en laissant échapper un éclat de rire nerveux. Tu te demandes ce qui se passe ?

Est-ce qu'il s'en préoccupait seulement ou est-ce qu'il s'inquiétait juste de ne plus m'avoir à sa disposition à l'avenir ?
Je n'arrivais pas à savoir, j'étais complètement perdu, j'avais l'impression de ne pas connaître la personne qui se trouvait devant moi.

- Il se passe que je suis un être humain ! finis-je par lâcher, laissant exploser ce que j'avais sur le coeur depuis trop longtemps. Que j'ai des sentiments et que tu joues avec pour te soulager, tu me dégoûtes !

Cette fois son visage avait réagi. Il avait l'air alarmé...
M'entendre crier à m'en déchirer la gorge l'avait visiblement choqué, mais maintenant que j'étais lancé, je n'arrivais plus à m'arrêter.

- Tu passes ton temps à m'expliquer à quel point Hyejin compte pour toi mais regarde la réalité en face : tu la trompes, et le fait que tu penses à elle en le faisant ne change rien ! Est-ce que tu t'es une seule fois demandé ce qu'elle ressentirait en apprenant ce qu'on fait ? Non... Est-ce que tu t'es déjà demandé ce que Moi je ressentais ?

Rien que le fait de penser qu'il se doutait sans doute de mes sentiments pour lui et était venu vers moi pour en profiter de cette façon me donnait envie de hurler.

Un goût salé envahit ma bouche, me signalant que j'étais en train de pleurer, et pas qu'un peu.
Taehyung fit un pas en avant mais je levai les bras pour l'arrêter, la brûlure dans ma poitrine m'obligeant à faire une pause dans mon flot de paroles.

J'étais en train de tout anéantir, j'étais en train de me sevrer de la façon la plus brutale qui soit.
J'avais envie de me jeter à ses pieds pour le supplier de tout oublier et de m'autoriser à lui faire plaisir à nouveau, je voulais continuer d'être sa marionnette, peu importe la douleur, je voulais m'arrêter mais j'avais sous-estimé la violence de ce qui dormait au fond de moi et je n'étais même plus en mesure de le faire.
La douleur avait pris le dessus, elle gagnait par KO, mais je ne pouvais pas m'empêcher de pleurer en pensant que c'était très certainement la dernière fois que je le voyais d'aussi près.

- J'en peux plus ! J'arrête !! Ça ne m'intéresse plus ! Je... Je ne veux plus être un jouet...

Ma voix faiblit enfin, de même que ma fureur. J'avais l'impression d'être horriblement vide. Encore plus quand je pensais à ce qu'allait être ma vie après ça, sans lui...
Est-ce que c'était ce que ressentait un héroïnomane en entrant en désintox ? Avant même que le manque survienne, ce désespoir dû à l'appréhension de la souffrance à venir ?

Il ne bougea pas. Taehyung resta complètement figé, n'essayant ni de tendre une main vers moi, ni de s'expliquer.

- Va-t-en... parvins-je à souffler au milieu de mes sanglots anarchiques et de mes mains masquant de leur mieux mon visage.

Il resta planté là encore une seconde avant d'obéir, faisant finalement demi-tour pour repartir.
Quand la porte d'entrée se referma dans un léger claquement familier, je me laissai tomber sur le flanc, laissant ma peine s'évacuer sans plus chercher à la retenir.

Je savais que je venais sûrement de prendre l'une des meilleures décisions de toute ma vie.
Mais j'avais bien trop mal pour me féliciter.

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Il avait fallu qu'il oublie sa veste.

Il était absolument hors de question pour moi de la garder, mais la jeter n'était pas possible non plus, il aurait de toute manière fini par revenir vers moi pour me la demander, et je savais que lui parler à nouveau me ferait bien trop de mal.
Pour me sevrer, je devais me tenir loin de toute tentation.

J'avais donc amené sa veste avec moi ce matin, même si la toucher et sentir cette douce odeur de parfum pour homme et de cigarette me chatouiller les sens me donnait envie de crier.
J'avais eu peur de le croiser mais je tombai sur celui que je cherchais sans avoir aperçu son visage une seule fois dans les couloirs de la faculté.

- Jindae hyung !

En entendant ma voix, l'étudiant se retourna et posa les yeux sur moi avec un sourire.

- Jungkook ! Tu cherches Tae ? On l'a pas encore vu ce matin.

Je secouai doucement la tête et lui tendis la veste en retenant de mon mieux les tremblements de mes mains.

- Tu auras plus de chance de le croiser que moi aujourd'hui, on a pas chant ensemble, tu pourrais lui rendre ça ?

Jindae attrapa le vêtement et me lança un clin d'oeil. Il ne fit aucune remarque, habitué comme le reste de la bande à ce que Taehyung vienne "jouer" chez moi, même s'il était sûrement loin de se douter du genre de jeu que nous pratiquions.

- Je le ferai. Vous avez dû bien vous éclater, c'était une journée spéciale d'après ce que j'ai compris.

Je fronçai légèrement les sourcils, me mettant sur la défensive.

- Comment ça ?

- Bah, je l'ai entendu parler de fêter les deux ans de quelques chose au téléphone avant hier, comme ça fait justement deux ans que t'as commencé à traîner avec nous, j'ai supposé que c'était lié à toi.

Il le faisait exprès ou quoi ? Comment avait-il pu penser à ça en premier... ?

- Hyung... soufflai-je, pratiquement abasourdi. C'était de Hyejin qu'il parlait.

Ce fut au tour des sourcils de Jindae de se froncer d'incompréhension. Il avait l'air aussi perdu que moi sur ce coup là et je commençais à me sentir mal à l'aise.
Est-ce que j'avais dit quelque chose de travers... ? C'était bien pour éviter ce genre de situation que je ne discutais jamais avec les amis de Taehyung quand il n'était pas là, et que j'avais tendance à fuir les groupes...

- Mais Tae et Hyejin ne sont plus ensemble depuis au moins...

Jindae se mit à compter rapidement sur ses doigts avant de brandir sa main devant mon visage.

- Depuis au moins six mois, voir plus !

Quoi... ?
Pourquoi Taehyung serait allé raconter à ses amis qu'il avait quitté Hyejin ? Ça n'avait aucun sens... Pourquoi vouloir cacher sa relation à sa bande ?

- Elle l'aurait largué il y a six mois, et je serais pas au courant ? demandai-je en haussant un sourcil, peu convaincu. Jindae devait faire erreur, c'était la seule explication que je voyais.

- Non, c'est lui qui l'a plaquée. D'ailleurs il avait l'air chamboulé, il nous a dit qu'il voulait plus en parler, ou en tout cas le moins possible. C'est vrai que t'étais pas là quand il nous l'a annoncé mais je pensais qu'il te l'avait dit...

Mais... Dans l'hypothèse où la version sortie à Jindae et les autres était la bonne, comment avais-je pu passer des mois sans me rendre compte de rien ? Nous en avions forcément parlé tous ensemble, les autres avaient bien dû laisser échapper le nom de Hyejin devant moi, ou...

C'est là que je réalisai que la seule personne à me parler d'elle était Taehyung. Les autres ne la mentionnaient pas, et je traînais bien trop peu avec eux en solitaire pour que le sujet soit venu sur le tapis.
Avant aujourd'hui.

- Mais... Pourquoi... ? pensai-je tout haut.

- Je sais, moi aussi je les trouvais adorable ensemble. Mais qu'est ce que tu veux... Taehyung avait craqué sur quelqu'un d'autre, ce genre de choses ça se contrôle pas.

J'avalai lentement ma salive, me forçant à respirer pour tout remettre dans l'ordre.
Finalement ça ne changeait rien, non ?
Il était possible que Taehyung n'ait pas trompé sa copine avec moi, ou en tout cas pas autant que je l'aurais cru, soit. Mais s'il avait continué d'en imaginer une autre que Hyejin à ma place, le résultat restait le même...?

- Pourquoi il n'en parle jamais... ?

- Ça aussi c'est un sujet sensible apparemment. Taehyung déteste parler de sa vie sentimentale tu sais, alors on évite tous de mettre ça sur le tapis. On sait juste que la nouvelle élue de son coeur chante très bien, donc si tu veux mener l'enquête, je te conseille de commencer par votre classe de chant.

Il me donna une tape sur l'épaule et à ce moment précis, une voix héla son nom à l'autre bout du couloir.
Il me salua alors et se retourna vers son propriétaire, s'apprêtant à s'en aller, mais je l'arrêtai en attrapant la veste qui était toujours entre ses mains.

- Hyung... Je... Je vais essayer de le trouver moi même. Je crois qu'il me doit une petite conversation.

Jindae me céda volontiers le vêtement avant de s'éloigner avec un petit signe de la main.

- Ça marche Jungkook. Si je le croise je lui dirai que tu le cherches !

Je le regardai s'éloigner, restant planté là au beau milieu du couloir, devant les toilettes pour hommes.
Je savais que si je voulais me sevrer définitivement, je devais d'abord mettre au clair cette histoire tordue. Autrement, je ne pourrais pas m'empêcher d'y penser.

Mais Taehyung n'était nulle part.
J'eus beau le chercher toute la journée, retourner voir Jindae, rien à faire, il était absent.
J'avais songé à ne pas venir moi aussi ce matin, mais j'avais fini par me préparer, souhaitant en finir au plus vite avec tout ce qui le concernait de près ou de loin, donc cette veste.
Peut-être que lui avait eu trop honte pour montrer son visage en cours aujourd'hui.

Sur le chemin du retour, le vêtement sombre toujours calé sous le bras, j'envoyai un message que je n'aurais jamais cru taper un jour :

• Jungkook : On peut se voir chez moi ce soir ?

Je mis en veille mon écran d'une main fébrile avant de m'avancer vers mon immeuble et ouvrir la porte du bas, me glissant à l'intérieur.
J'avais espéré en finir hier, mais ce soir, c'était la bonne.

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Le message était finalement resté sans réponse, alors j'avais fini par somnoler devant mon minuscule écran de télévision à force d'attendre.

Peut être que j'aurais dû préciser pourquoi je voulais le voir.
Je me sentais stupide à présent, mon message semblait l'inviter à recommencer notre relation malsaine, alors que je voulais y mettre un terme correctement.
Mais maintenant il était trop tard pour rectifier. Vu l'heure, il devait dormir.

Je ne m'attendais plus à le voir aujourd'hui. C'est pourquoi la sonnerie forte et nasillarde de l'interphone résonnant dans mon salon me fit sursauter aussi violemment, me prenant complètement au dépourvu et manquant de me faire tomber du canapé.

Il n'était quand même pas venu en plein milieu de la nuit ?

Je me levai en hâte pour attraper mon interphone, m'attendant à peu près autant à effectivement tomber sur Taehyung que sur un gars bourré de la résidence universitaire.
Cela arrivait parfois... Ils avaient du mal à faire rentrer leur clé sans la serrure alors ils appelaient à l'aide une âme charitable.

Je décrochai et posai le combiné sur mon oreille, hésitant.

- Jungkook... ? crachota l'interphone. Je t'ai entendu décrocher Jungkook s'il te plaît...

Il avait rarement eu la voix tremblante avec moi, il avait toujours parut maître de ses émotions en toute circonstances, mais je savais que c'était lui.

- Taehyung, j'ai une question à te poser.

Autant y aller directement.

- Vas-y... souffla-t-il après un bref silence.

- À qui tu penses quand tu es avec moi ?

- À toi Jungkook... C'est quoi cette question ?

- Non, je veux dire quand tu es ici avec moi, quand la lumière est éteinte.

Nouveau silence.
J'aurais aimé pouvoir voir son visage, interpréter son expression. Cette attente sans aucun indice était absolument insupportable et je manquai de raccrocher, la pression commençant à me faire monter les larmes aux yeux.

- Je pense à toi Jungkook.

Je raccrochai par accident en retenant un hoquet de stupeur, appuyant sur le bouton de fin d'appel que j'avais sous le pouce depuis le début de la conversation en crispant un peu trop ma main droite.
Réalisant ce que je venais de faire, j'écrasai à de multiple reprises celui de l'ouverture de la porte, espérant qu'il comprendrait le message.

J'avais encore beaucoup trop de choses à dire !

J'ouvris moi même ma porte d'entrée et soupirai bruyamment de soulagement en entendant des pas dans le couloir après une minute ou deux.
Seulement, quand il apparut dans mon champ de vision, le soulagement n'était plus tout à fait l'émotion dominante dans ma tête.

Il avait les cheveux et les épaules mouillés, et le regard triste.

- Jindae m'a dit que vous aviez parlé, déclara-t-il en venant se poster devant moi, les yeux baissés sur ses pieds.

Nous y étions... C'était la grande conversation tant attendue.

- Je voulais te rendre ça.

Je lui balançai sa veste dans les mains, l'ayant toujours dans les bras puisque je m'étais endormi devant la télé en la déposant sur moi comme une couverture.

Il jeta un bref coup d'oeil à la veste, ne semblant pas y porter grand intérêt. Il n'était donc pas venu pour ça.

- Je te le redemande encore une fois, et t'as intérêt à me dire la vérité. À qui tu pensais ? À Hyejin ? A cette autre fille ? Vas pas croire que tu pourras m'amadouer comme ça et me faire oublier tes petites remarques bien senties sur les "tafioles" dans mon genre...

Mon dieu comme je détestais ces mots, surtout quand ils sortaient de sa bouche. Mais je n'inventais rien, je les avais déjà entendus plusieurs fois.

- Jungkook... Hier ça faisait deux ans qu'on s'était adressé la parole pour la première fois.

- Change pas de sujet !

- Laisse moi finir...

Et voilà que les larmes recommençaient à gêner ma vision, ne demandant qu'à sortir pour couler sur mon visage.
Je les retins comme je pus, devant finalement le laisser parler.

- Je voulais vraiment pouvoir être honnête avec toi mais j'ai encore paniqué et j'ai tout foutu en l'air... Hier soir je voulais te le dire... Que celui que j'imagine dans le noir, c'est toi. Que j'ai quitté Hyejin, depuis longtemps, parce que même avec elle, dans la lumière, alors que je n'avais pas encore le droit de le toucher, celui que j'imaginais, c'était toi.

Il venait de flinguer tous mes efforts pour ravaler mes larmes... Je sentis mes yeux brûler et mon nez rougir instantanément.

- Mais pourquoi t'as fait toute cette merde alors... ? soufflai-je tout bas. L'histoire de la lumière, du bruit, de Hyejin... ?

C'était un fantasme détraqué ? Ça le faisait tripper de faire semblant de m'utiliser comme ça pendant tout ce temps ? Ça l'amusait de me briser le coeur... ?

- J'ai... J'ai toujours été plus ou moins attiré par les hommes, mais j'en avais jamais touché un... J'ai grandi dans une famille où les gens comme toi, et visiblement comme moi, sont considérés comme anormaux, contre nature. J'avais peur, j'avais honte aussi. J'arrivais pas à m'avouer que je pouvais y prendre du plaisir, alors le dire à voix haute... C'était au dessus de mes forces. J'ai essayé hier, mais c'est resté coincé, ça voulait pas sortir... Alors je t'ai blessé, encore, et je suis désolé.

Alors c'était aussi con que ça ?
Il s'agissait seulement d'une question d'assumer ou non sa bisexualité ?
Il m'avait fait tellement de mal juste parce que dire qu'il tenait vraiment à moi lui aurait écorché la bouche ? Parce que ses copains de la fac, ou son père, auraient pu l'apprendre et lui tourner le dos ?
Est-ce qu'il avait conscience d'à quel point je m'étais senti sale et plus bas que terre, coupable envers une fille qui ne faisait même plus partie de sa vie ?

J'allais lui en donner un aperçu lorsqu'il reprit la parole :

- Hier j'ai vraiment réalisé à quel point je t'avais fait souffrir en agissant comme un lâche. Avant, tu ne disais rien, alors je pouvais juste me convaincre que les choses t'allaient comme ça... Je me suis dit qu'il valait mieux pour toi que je m'éloigne, pour que tu puisses vivre une relation normale avec quelqu'un qui n'aurait pas peur de te dire ce qu'il ressent, mais dès que je me suis parti, dès que j'ai fermé la porte, je me suis senti mal... J'ai réalisé que j'avais même gâché jusqu'à notre amitié et que j'allais plus te revoir et j'ai... J'étais pas prêt à ça... Peu importe à quel point c'est égoïste je sais que j'arriverai pas à rester loin de toi. C'est comme une drogue Jungkook... j'en ai besoin, j'ai besoin de toi.

Comme une drogue...
Toute ma métaphore se cassait la figure. La drogue n'était pas censée être en manque du drogué, ce n'était pas comme ça que ça marchait.
Taehyung était encore plus vicieux que l'héroïne, il était là, à un mètre de moi, m'assurant qu'il était en manque lui aussi...
Comment avoir le courage de se sevrer après ça... ?

- Tu dis rien ? demanda-t-il d'une petite voix en triturant la manche de sa veste.

J'observai une goutte tomber de ses cheveux bruns, n'arrivant pas à savoir ce que je voulais.
Il était en train de me dire tout ce que je n'avais osé imaginer que dans mes rêves, mais est-ce que je devais vraiment oublier tout ce que j'avais ressenti durant ces derniers mois ?

Seulement... Il avait eu le courage de venir me voir ce soir, malgré tout ce qui dans son esprit semblait s'opposer à cette idée. Et il avait raison, je n'avais jamais rien dit, jamais protesté, jamais montré que la situation me faisait du mal...

Il était prêt à... Prêt à quoi au juste... ?

- Qu'est ce que tu veux ? Qu'est ce que tu espères en me disant ça maintenant ?

- J'aimerais que tu me pardonnes, que tu me laisses une chance...

- Une chance de quoi ? Ta famille et tes amis te tourneraient tous le dos si tu osaid ne serait-ce que me tenir la main devant eux, non ?

Je voyais déjà la chose venir...
Même si j'acceptais de lui pardonner, tout cela allait rester notre secret.
Il semblerait peut-être m'aimer ici, à l'abri de cette chambre, mais pas à la fac, ni dans la rue... Il n'y avait pas d'avenir pour un couple pareil, et trop de place pour le doute.

- S'ils me tournent le dos pour si peu... A- Alors je n'ai pas besoin d'eux.

Il avait essayé de se donner un air assuré, et la sincérité brillait dans ses yeux, mais j'y avais aussi vu de la peur l'espace d'un instant.
Il était terrorisé à l'idée de tout perdre, et pourtant il se tenait là devant moi, attendant une réponse positive.
Cette fois c'était lui qui ressemblait à une petite chose fragile qui avait besoin d'être rassurée.

Je tendis donc la main vers lui, effleurant ses doigts avant de les accrocher plus fermement, chose que je n'avais encore jamais faite auparavant.
Pourtant dieu sait que j'avais eu envie de tenir sa main, de nombreuses fois.

J'aurais dû être plus fort, lui faire regretter tout ce qu'il m'avait fait subir.
Mais j'étais toujours aussi faible quand ça le concernait...

- Je crois... que je pourrai te pardonner.

Ma main fut alors tirée en avant et je me retrouvai plaqué sur des vêtements encore humides, puis entouré de bras dont le soulagement était palpable.

Les restes de mes larmes allèrent se mélanger à l'eau de pluie sur son épaule et je souris contre sa veste, frissonnant autant à cause du froid du pallier que de cette sensation nouvelle d'être étreint et de recevoir directement son affection.

- Jungkook... ?

- Hm ?

- Laisse moi te faire l'amour avec la lumière cette nuit, s'il te plaît...

Ma poitrine fut secouée par les chocs anarchiques provenant de mon coeur qui avait brusquement accéléré sa course.
J'étais presque sûr qu'il pouvait les sentir, vu notre proximité.

Je relevai doucement ma tête vers lui avec les yeux humides et un léger sourire collé aux lèvres.
Les siennes furent légèrement humidifiées par le bout de sa langue avant qu'il ne se penche sur mon visage et ne les fasse effleurer ma bouche.
Mon sourire cessa finalement bien vite et mes yeux se fermèrent, mon coeur semblant toujours avoir ce besoin vital de sortir de ma cage thoracique.

Notre premier baiser fut doux et chaste, un peu tremblant même, mais il en promettait de nombreux autres, et c'était tout ce que je demandais. Tout ce que je n'avais jamais osé demander.

Après cette promesse silencieuse, toujours enveloppé par ses bras, je me perdis dans ses yeux qui ne regardaient enfin que moi, sans aucune ambiguïté.

- D'accord.

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Un grand merci aux organisatrices du concours pour m'avoir permis d'écrire ce petit OS :3

J'espère qu'il vous aura plu :p

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