blurry ; m.chan
[SKZ + MINCHAN]
— ANGST, 2019.
Trois heures du matin, l'obscurité nocturne englobait l'entièreté du paysage citadin. Les armatures des buildings craquaient sous leur travail constant, les bambins dormaient, leurs parents tentaient tant bien que mal d'avoir une nuit complète et d'autres observaient le plafond de leurs chambres, la tête pleine de questions et le coeur étrangement vide.
Le centre ville était muet. De temps en temps animé d'un cri d'étudiant ou du vrombissement d'une mobylette passagère. De haut bâtiments regardaient le sol de leurs airs supérieurs, attendant patiemment que le soleil d'automne daigne pointer le bout de son nez d'insolent. Certains immeubles étaient ornés de larges panneaux LED qui vantaient les effets d'un produit cosmétique quelconque ou les mérites d'une compagnie d'assurance dirigée par des patrons tous plus véreux les uns que les autres.
Les lumières blanches de ces horribles luminaires éclairaient de nombreuses chambres, empêchant bien des habitants de dormir à poings fermés. Si bien que parfois, on n'avait même pas besoin d'allumer une lampe de chevet afin de pouvoir lire ou observer les traits d'une autre personne.
Cependant, Minho l'avait allumée : la lumière.
Assis sur son propre coté du lit, son torse reposant contre le l'encadrement de bois sombre et ses jambes recouvertes du drap gris clair qui ornait le matelas, il observait la silhouette du jeune homme vêtu d'un simple jogging noir qui lui tournait le dos.
Chan avait l'air tout aussi honteux que brisé. Ses épaules se retrouvaient délicatement affaissées tandis que son regard se tenait baissé vers le sol. Le noiraud avait les mains jointes et ses doigts entrelacés. Ses coudes reposaient mollement contre ses genoux largement écartés sur lesquels il laissait reposer la totalité de son poids loin d'être plume.
Le jeune homme n'avait jamais été bien grand ; cependant, pas une seule fois n'avait-il paru si fragile aux yeux de Minho, son petit ami d'un an et demi.
Un silence de mort régnait, frôlant les murs de sa force particulière tout en observant la mine perdue du plus jeune. Ce dernier ne savait pas où se mettre tout autant abasourdi qu'écoeuré par ce qui venait tout juste d'être dit. Minho espérait avoir mal entendu, avoir imaginé les mots qui avaient été articulés un peu plus tôt mais il savait parfaitement que c'était peine perdue.
Alors il se taisait ; cherchant quoi dire, quoi faire, quoi penser mais rien ne lui venait. Certes Chan avait paru étrange ces dernières semaines. Le noiraud avait été distrait, secret et étrangement taiseux tout au long des jours précédents. Son sourire était là, bien qu'un tantinet plus terne qu'à l'habituelle. Minho pensait qu'il était simplement fatigué ou que son cher et tendre avait un coup de blues, quelque chose de normal pour un jeune homme de son âge.
Cependant, jamais n'aurait-il imaginé cela.
La journée avait été bonne, fructueuse même, puisque les chiffres d'affaire de l'entreprise du brun ne faisaient que s'agrandir. Minho était fier de lui et de ses accomplissements, prêt à fêter la bonne nouvelle aux cotés du noiraud qui ne lui apportait que du bonheur.
Le brunet se voyait déjà le marier, s'imaginait la bague au doigt et pensait même investir dans la pierre. Il voulait offrir un chez soi plus confortable à son amant, qu'ils vivent ensemble sous le toit d'une jolie petite villa située en périphérie de la ville trop animée. Il voulait quelque chose qui les changerait de cet appartement presque spartiate tant il était étroit et peu commode.
Mais tout cela se retrouvait désormais envolé. C'était loin, détruit, piétiné, enfoui six pieds sous terre et Minho ne savait pas vraiment si il devait se sentir triste à ce propos.
Il avait juste voulu que Chan lui fasse l'amour. Le brun le lui avait demandé gentiment, il l'avait regardé de ses grands yeux de biche et même appâté à l'aide de caresses qu'il savait délicieuses. Minho était parvenu à le déshabiller. Il l'avait eu sous lui, s'était assis sur ses hanches et apprêté à glisser sur sa virilité avant que Chan ne l'arrête brusquement.
L'air effrayé, le noiraud avait débité des mots lourds et gris ; des mots qui avaient transpercé le coeur du brunet et retourné son esprit déjà trop plein.
« Je t'ai trompé. J'ai couché avec Changbin. » avait dit Chan.
Depuis, aucune voix ne s'était élevée. L'aîné, honteux, tournait le dos à son cher et tendre tandis que ce dernier essayait de comprendre. Minho ne savait point quel pas il avait fait de travers. Il ne savait pas ce qui clochait chez lui ou si il avait lui même poussé Chan à commettre cette chose dont il préférait taire le nom.
Il ne pouvait cependant pas en rester là. Minho avait envie de savoir, il voulait comprendre les agissements de son amant. Le jeune homme connaissait Chan, il savait tout de sa personne ; de son parfum de glace préféré à sa phobie la plus envahissante. Minho connaissait son noiraud sur le bout de ses doigts. C'était comme si il l'avait fait, comme si il avait façonné l'homme parfois nommé Christopher de ses propres paumes maladroites.
Voilà pourquoi jamais il n'aurait pu l'imaginer lui faire cela. Jamais son Chan n'aurait pu le poignarder dans le dos d'une telle façon. Minho en était persuadé.
« Pourquoi ? » demanda simplement le cadet.
À l'entente de cette question, le principal intéressé soupira lourdement. Le noiraud laissa ses poumons se vider lentement avant de les remplir à nouveau de l'air désormais chaud qui embaumait l'espace restreint de la chambre à coucher. Chan ne savait pas si il pouvait faire confiance à sa voix en ce moment même ; cette dernière pouvait craquer à tout moment et loin de lui était l'envie de pleurer. Vu ce qu'il avait fait, le noiraud n'en avait tout simplement pas le droit.
Alors il ne dit rien, se contentant de fermer les yeux.
Minho se pinça alors les lèvres, laissant ses pupilles tremblantes se diriger vers le plafond. Il n'avait plus tellement envie de regarder l'autre. Se mordillant délicatement la lippe inférieure, le brunet réfléchit à la tournure de son interrogation suivante. Voulait-il avoir l'air attristé, déconfit ou désespéré ?
Toujours aussi secoué, Minho ne savait pas vraiment comment aborder la chose.
« Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? » prononça-t-il, sa voix calme et posée.
Chan entrouvrit les yeux et avec douceur, il secoua lentement la tête, ses cheveux tendrement bouclés se balançant au rythme des mouvements dessinés. Ce simple geste ne suffit pas à l'autre jeune homme qui serra les dents avant d'abattre le plat de sa main contre le matelas aux draps défaits.
« Répond moi ! – cingla Minho – Qu'est ce qu'il à de plus que moi ?!
- Rien ! » cria son interlocuteur.
Un peu pris de court, le brunet cligna rapidement des paupières en observant le dos parfaitement dessiné de son petit ami. Ce dernier s'était un peu redressé, observant désormais le mur qui se trouvait face à lui. Puis, il s'affaissa à nouveau, laissant son regard probablement morne glisser à la rencontre de la moquette pâle qui recouvrait l'entièreté des sols de l'appartement.
« Il a rien de plus que toi. Absolument rien. »
Minho n'y comprenait rien. Sa respiration s'accélérant petit à petit, il glissa ses doigts sur ses tempes avant d'y exercer quelques massages brouillons qui ne faisaient qu'accentuer le semblant de mal de tête qui commençait à l'avaler.
« Alors pourquoi ? »
Dix secondes s'écoulèrent, puis vingt autres et Minho commença à perdre patience.
« Parce que j'avais peur. » s'enquit Chan.
Un autre silence flotta, silence durant lequel le brunet fronça les sourcils et sentit ses entrailles se contracter d'une façon peu agréable. Ses mains de mirent à trembler, ses yeux s'embuèrent légèrement mais aucune larme ne coula, ni sa voix ne trembla quand il parla à nouveau.
« Je ne comprends pas.
- J'avais peur que tu te lasses de moi. »
C'était comme si tout l'air contenu dans les poumons du brun venait de disparaître.
« Ton père ne m'aime pas. Il me déteste, il sait très bien que tu peux faire mieux et trouver autre chose qu'un étudiant raté sans diplôme et incapable de compléter ses études. Il veut que tu te trouves un type bien, quelqu'un qui bosse et qui se fait masse thune. »
La tête de Minho tournait et Chan s'étouffait dans ses sanglots éclairs.
« Au bout d'un moment je me suis dit qu'il avait raison et, en effet, il est loin d'avoir tort. Tu peux pas te montrer avec quelqu'un comme moi à tes cotés. Tu peux pas te contenter d'une enflure pareille. J'avais peur que tu me largues. J'étais malade à l'idée de te voir me laisser tomber pour un autre plus grand, plus beau, plus couronné de succès, et je le suis toujours d'ailleurs. »
La nuit continuait à avancer, les autres dormaient tandis que Minho et Chan se faisaient du mal dans leur coin.
« J'avais pas envie de me retrouver comme un con. Je voulais pas être surpris ou même continuer à être dans tes pattes comme ça. J'ai couché avec Changbin et maintenant t'as une raison valable de me jeter. Je suis un lâche doublé d'un enfoiré et je m'en veux d'avoir fait ça. Tu ne le méritais pas. »
À cet instant, le noiraud dû faire une pause. Il eut besoin de pleurer plus fort, de laisser ses larmes couler le long de ses joues rouges de gêne et Minho ne fit rien pour venir les essuyer.
« Je suis amoureux de toi. Je sais pas ce qui m'a pris » conclut Chan, à bout de force.
De l'autre coté du lit, le brun acquiesça lentement. Il opina du chef pendant quelques secondes tandis que son cher et tendre tentait tant bien que mal de retrouver son souffle perdu.
« Je t'aime aussi. s'enquit Minho
- Arrête. gémit l'aîné.
- Je ne peux pas dire que je comprends ton raisonnement mais je ne t'en veux pas. J'arrive pas à croire que les envies de mon père aient pu te pousser à faire ça. J'arrive pas à m'imaginer que tu aies plus pensé à lui qu'à moi. Tu aurais pu m'en parler, on aurait pu trouver une solution et faire en sorte que tout fonctionne. Tu as préféré détruire les choses à ta façon et c'est tant pis pour moi. C'est tant pis pour nous. Sache juste que plus jamais je ne pourrai te faire confiance. »
Minho avait toujours su que le plus vieux manquait cruellement de confiance en lui. Il savait qu'il était sous pression en permanence, que les idéaux inatteignables de son géniteur le hantaient depuis des mois et qu'il faisait de son mieux pour passer au dessus. Le cadet faisait tout son possible pour apaiser les nerfs à vif de son amant, il essayait de lui faire comprendre qu'il n'aimait que lui et que jamais cela ne changerait.
Tout ça pour rien, pensa Minho.
« C'est terminé, Chan. » murmura finalement le brun.
L'autre répondit par l'affirmative, acquiesçant lentement tout en retenant les quelconques sanglots qui tentaient de se frayer un passage au gré de son pharynx. Il fit de son mieux pour ne pas flancher à nouveau, pour ne pas inspirer pitié ou tout autre chose qu'il détestait tout autant.
Heurté, Minho ne lui adressa plus un seul regard, se contentant d'observer les plis imprimés au gré des draps qui couvraient toujours ses cuisses nues.
« Sors de chez moi. » souffla-t-il.
Le coeur lourd, Chan s'exécuta. Le jeune homme se redressa, attrapa un t shirt qui trainait là et l'enfila avant de se diriger vers la porte menant au couloir qui déversait toutes les autres pièces de l'appartement. Il ne dit mot en ouvrant le battant. La seule chose que Christopher fit fut d'adresser un unique regard à son désormais ancien amant, chose qu'il regretta instantanément.
Minho était quelqu'un d'expressif, un jeune adulte facile à lire et aux yeux pétillants de malice. Là maintenant, il n'était que l'ombre de lui même et Chan avait envie de mourir à l'idée que tout cela était de sa faute et rien que la sienne.
Le brun ne leva pas le regard quand la silhouette de son aîné disparut ni ne cilla quand il entendit claquer la porte d'entrée. Minho se contenta de longuement soupirer. Il laissa ses yeux se fermer et les torrents de larmes creuser ses joues délicatement bombées.
C'était flou ; tout était flou autour de lui. Que ce soit sa vision altérée par les perles salées ou le désordre sans nom qu'était son esprit. Chan était flou, ce que Minho avait vu aujourd'hui était bien loin de l'homme à qui son aîné l'avait pourtant habitué.
C'était flou et Minho voulait que ça s'arrête. Il voulait que son coeur arrête d'hurler, que son estomac cesse de se tordre et qu'il se vide rapidement de toutes ces larmes qui le faisaient tant souffrir. Ses pleurs se réverbéraient contre les fines parois de sa chambre, heurtant son crâne à vif et décuplant la puissance de ses sanglots déjà pathétiques.
Le jeune homme pleura pendant des heures, si bien que le soleil commençait doucement à se lever quand il se retrouva enfin allongé en plein milieu de son matelas trop large, trop faible pour lutter contre le sommeil qui l'accablait d'une force impressionnante.
Commençant enfin à s'assoupir, Minho espéra ne jamais se réveiller.
[. . .]
je vous promets que mon prochain minchan sera un fluff
faut que j'arrête de les accabler d'angst
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